C’est très intéressant de voir le portrait nuancé que tu fais d’une asexualité qui ne relève pas du dégoût ou de la peur, qui n’est pas décrite comme d’origine traumatique, qui n’omet pas réellement la sexualité, pas la sexualité intime, entre soi et soi, et qui n’omet même pas complètement la sexualité partagée, tant qu’elle est négociée et consentie et désirée, pas pour elle-même, mais à la recherche d’un but précis, ici celui de concevoir un enfant.

Le personnage de Luna me paraît très approprié à cette représentation. Comme le dit très justement ton texte à travers les yeux de Rolf, il y a chez Luna, à la fois si évaporée et clairvoyante, un mélange de proximité et de distance, et je trouve que cela se prête très bien à ce que tu nous montres ici, cette sensualité, cette liberté, cette spontanéité, cette tendresse, mais aussi la protection d’un pré carré intérieur qui ne lui appartient qu’à elle. L’amour de Rolf, ce n’est pas, comme souvent dans les représentations normatives d’amour hétérosexuel, une question de conquête et de possession, mais une question de compréhension et d’acceptation.

Le tour de force de ce texte, c’est justement de parvenir à livrer quelque chose de si léger, lumineux et poétique, sur un sujet qui, lorsqu’il est traité, à tendance à l’être sous l’angle du mal-être (pas que je sois contre les représentations graves, au contraire, mais la pluralité est importante et, ayant moi-même un penchant prononcé pour le sombre, je ne peux qu’admirer la variété de points de vue et de registres auxquels tu donnes voix dans tes textes).

Réponse de l'auteur:

Bonsoir Josy !

J'espère que tu ne m'en voudras pas de le dire ainsi, mais je ne suis pas totalement d'accord avec toi sur le début de ta review, parce que je trouve qu'au contraire c'est beaucoup plus facile (et donc moins intéressant) de décrire une asexualité qui ne nie pas l'existence d'une sexualité pour la personne, plutôt qu'une asexualité où l'envie est absolument inexistante (ce qui est le cas de "mon" Charlie). Justement parce que dans ce dernier cas, on peut se figurer que ça vient d'un dégoût, ou de la peur, ou d'une origine traumatique, ce qui doit exister, je le pense aussi, mais c'est quand même bien plus rare de se figurer qu'il n'y a juste... rien ^^. Juste aucun désir, aucune envie, rien du tout, et de le vivre totalement bien. Au contraire c'est tellement plus facile pour les personnes concernées de ne plus se casser la tête à chercher à mettre une égalité entre les deux ^^

Si je l'ai fait c'est malgré tout pour explorer le spectre ace dans un registre qui ne m'est pas du tout familier, dans la mesure où si tu lis bien entre les lignes, pour moi c'est un peu dur d'écrire un lemon ^^ en tout cas un lemon qui corresponde à quelque chose de concevable pour moi ^^

Cependant nous sommes totalement d'accord sur les sur-représentations mauvaises et normatives de l'hétérosexualité, et que c'est intéressant de traiter les sujets en général sous plusieurs angles, avec de la nuance, parce que rien n'est binaire. Et puis cela permet de varier le ton des textes aussi ; je suis comme toi assez portée sur des choses sombres, en tout cas lourdes, mais je n'oublie jamais que le bonheur c'est important, alors j'y pense, à intégrer des bouts de bonheur dans mon univers !

Merci beaucoup, oh la la, tous ces compliments je ne les mérite pas ♥

Piti