Le Choix des autres by Tiiki
Summary:

Phineas Nigellus Black voulait que ses petits-enfants fassent honneur à leur sang et perpétuent le nom ou — à défaut — la renommée de la famille. La grand-tante Elladora ne voulait pas être couverte de ridicule. Sirius et Hester Black auraient bien voulu que leur cadette ait un mariage aussi réussi que celui d’Arcturus. Melania Black, née MacMillan, voulait avoir un fils… et espérait que sa belle-sœur, Lycoris Black, fasse bientôt de même.

Mais Lycoris, elle, que voulait-elle ? Oh, trois fois rien : Irma Crabbe, la femme promise à son cousin. Et la liberté.


Koh-Lanta, l'île des HPFiens (7ème épreuve de confort)


Categories: Romance (Slash), Tranches de vie Characters: Famille Black
Genres: Femslash/Yuri, Romance/Amour, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Lemon soft
Challenges: Aucun
Series: Concours, Koh-Lanta, l'île des HPFiens, Koh LanTiiki
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 1641 Read: 898 Published: 19/08/2021 Updated: 19/08/2021
Story Notes:

Bonjour à tous et à toutes ! Ceci est un OS écrit pour la septième et dernière épreuve de confort (textes fanfiction) de Koh-Lant'HPF, organisée par Catie et Omicronn.

Je vous laisse le petit arbre généalogique des Black si vous aviez besoin de vous le remettre en tête. Ce texte se passe en 1922. Au moment de cette histoire, Pollux a dix ans. Lycoris et Irma, dix-huit/dix-neuf.

AVERTISSEMENT : contenu à caractère sexuel / lemon soft



Épreuve 7 - Confort - Artistiquement vôtre


Consignes :
- Vous devrez choisir un.e peintre célèbre (j'ai choisi Frida Kahlo) et incorporer à votre texte au moins 5 éléments relatifs à sa vie (cf. notes de fin)
- Entre 500 et 2000 mots (1533 sur la base de ce compteur)

Contraintes personnelles (choix libre) :
- Sentimentalisme (2) : Insérer (au moins) trois sentiments différents (cf. notes de fin)
- Sensibilité (3) : Insérer (au moins) trois verbes de chaque sens (cf. notes de fin)

Chapitre unique by Tiiki

« Tu sens tellement bon… »

Son cœur cognait à l’intérieur de sa poitrine. Son odeur la rendait folle. Elle frôlait sa peau avec adoration, humant son parfum capiteux de vanille mêlé de transpiration, tremblant sous l’effet de l’excitation. Elle battait tant bien que mal des jambes pour se défaire du drap qui collait à sa peau. L’autre femme soupirait d’aise sous ses caresses ; elle pouvait même percevoir un timide grognement grossir au fond de sa gorge. Il n’y avait rien au monde dont elle se délectait plus que des lèvres d’Irma. Elle les goûtait et les savourait toujours avec avidité et tendresse, puis remontait vers cette autre zone plus sensible… Elle sentait Irma vibrer sous les assauts répétés de sa langue ; elle ondulait contre sa bouche et commençait à resserrer les cuisses autour d’elle. Lycoris alla chercher sa main libre et la serra entre ses doigts, comme pour l’accompagner dans sa jouissance. Ses muscles se tendirent soudain et elle tressaillit, poussant une myriade de petits cris aigus… avant d’abandonner le dernier d’entre eux au silence.

Il leur fallut un moment pour reprendre leurs esprits. Irma gardait les paupières closes, l’esprit vide, caressant amoureusement la chevelure de la brune qui s’était allongée paresseusement sur son ventre nu.

« C’était… génial », lâcha-t-elle en un murmure.

Lycoris remonta sa tête vers celle d’Irma alors que celle-ci basculait sur le flanc. Elle chercha d'abord sa nuque puis déposa un baiser tendre contre ses lèvres, admirant la délicatesse de ses traits, dessinant en même l’une de ses clavicules de son index, effleurant de sa main libre les fines cicatrices dans le bas de son dos.

​ « Viens… On s’en va. On quitte tout. »

​ Les mots s’étaient frayé un chemin entre ses lèvres. Maintenant qu’elle les avait prononcés, tout paraissait si simple ! Malheureusement, Irma ne semblait pas être du même avis :

​ « Partir ? Pourquoi ?
— Pour toi. Pour nous. »

​ Son ancienne camarade poussa un long soupir, s’extirpant de son étreinte.

​ « Je vais me marier, Cora. »

​ Lycoris sentait le sang et la colère battre dans ses tempes.

​ « Et ça ne te révolte pas, toi ? s’écria-t-elle comme un animal blessé. Être promise à un parfait inconnu ? »

​ Irma haussa les épaules.

​ « Le choix ne m’appartient pas. Et ce n’est pas un inconnu, c’est ton cousin. Je n’ai pas à me plaindre de la situation, je suppose. Au moins, je ne vais pas épouser un homme de vingt-et-un ans mon aîné.
— Pollux n’est même pas à Poudlard ! Tu vas littéralement épouser un morveux !
— Un Black, objecta Irma. Et huit ans d’écart, c’est raisonnable… Le temps qu’il sorte de l’école…
— Et si le choix t’appartenait ? l’interrompit-elle.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Et si – imagine un instant, arrête de penser à tes parents, arrête de penser, Irma, je t’en prie ! – et si on pliait bagages, on falsifiait nos noms, nos dates de naissance, nos identités… si on fuyait loin, sans se retourner ? »

​ Irma éclata de rire.

​ « Tu es totalement folle. Tu t’écoutes parler des fois ? Tu nous imagines vraiment, toutes les deux, en fugitives ?
— Et pourquoi pas ? répliqua Lycoris, le rose aux joues. Allons aux États-Unis, au Mexique… en France peut-être, maintenant que la Guerre est finie ! Rien ne peut nous arrêter ! »

​ Elle se plaça sur les coudes, dévisageant sa compagne à la recherche d’un enthousiasme semblable au sien.

​ « Hum… l'argent peut-être ?
— Nous avons nos dots, pour commencer. Et puis nous pourrions travailler !
— Travailler ?
— Tu es douée, tu as obtenu des notes brillantes à tes ASPIC. Tu pourrais apprendre la médecine. Est-ce que tu n’as pas toujours rêvé de devenir Médicomage ? »

​ Elle ne répondit pas. Pas immédiatement, du moins.

​ « Et toi ?
— Moi ?
— Ton rêve !
— Mon seul rêve c’est d’être avec toi. »

​ Une larme dévala discrètement la joue droite d’Irma Crabbe.

​ « On vivrait dans une maison bleue, continua-t-elle d’une voix rêveuse, bleue comme le ciel et comme tes yeux. On la peindrait de nos mains et il ferait chaud. Et on s’embrasserait, et on s’embraserait, et on s’étreindrait, et on ne s’éteindrait pas, jamais. Il y aurait du bleu partout. Dans les commissures de tes lèvres, sur mes joues, sous tes doigts, sous les miens, sur ma poitrine, contre tes omoplates, entre tes cuisses… »

​ Elle se rapprocha de son oreille et glissa, sur un ton qui ne laissait nulle place à l’imagination :

​ « Partout.
— Arrête ! gémit Irma.
— Est-ce que c’est vraiment la vie que nous voulons ? reprit Lycoris avec douceur.
— Arrête…
— Nous enfermer dans un mariage, dans un foyer, dans ces corsets qui nous compriment et qui nous empêchent de respirer. Subir notre vie et la violence peut-être. Subir, toujours. Être réduites à notre condition de femmes… D'épouses… Avoir une plâtrée d’enfants pour satisfaire deux patriarches qui ne passeront peut-être même pas l’hiver et une vieille folle qui décapite les Elfes. Enchaîner les couches et les fausses couches, comme Melania le fait depuis cinq ans, et espérer, prier pour un héritier mâle afin qu’il ne vive jamais notre vie ? Trouver du réconfort dans les bras d’autres hommes et d’autres femmes. Ne jamais être heureuses, ne jamais être nous ?
— Je suis heureuse avec toi.
— Ça me TUE de t’entendre dire ça. »

​ Les yeux d’Irma s’arrondirent sous le choc. Elle la regardait sans comprendre.

​ « Ça te TUE de m’entendre dire que cette vie me convient ? Tu préférerais que je sois MALHEUREUSE ?
— Peut-être. »

Son cœur s’était gorgé de regrets à peine les mots avaient passé ses lèvres.

« Je suis désolée. Je ne le pensais p…
— Si, Lycoris, tu le pensais ! Mais si tu essayais un peu de te mettre à ma place, tu verrais que c’est le seul avenir que je peux envisager. Papa et maman ne sont pas aux petits soins derrière moi, mais peut-être que j’aurais dû être malade, enfant, ça aurait arrangé les choses ?!
— Là c’est toi qui es cruelle.
— Je ne voulais pas l’être, je te le promets. Pardon. Je te présente mes excuses. Mes mots ont dépassé ma pensée. »

​ Elle semblait sincère. Elle tremblait comme une feuille. Merlin, que ça faisait mal…

​ « Ça va… soupira Lycoris. Je crois que j’ai dépassé les bornes, moi aussi. C'est juste que… Je me sens juste incapable de jouer un rôle toute ma vie.
— Un rôle ? balbutia l'autre.
— Tu dis être heureuse, mais as-tu vraiment l’impression de pouvoir être toi-même ?
— Moi-même ? Je ne suis jamais autant moi-même que quand je suis avec toi, mais… ce serait me trahir que de prétendre que la femme promise à ton cher cousin est une autre. Elle est tout autant moi, et je l’accepte.
— N’as-tu pas l’impression de te trahir, ainsi ?
— Pas vraiment. C’est un peu comme s’il y avait deux Irmas. La figure publique, et la figure privée. Le personnage, et la personne derrière. C’est comme si j’avais deux cœurs : un pour ma famille, et un pour toi.
— Où est le cœur qui devrait battre pour toi et toi seule ?
— C’est celui que je t’ai donné.
— Alors reprends-le, je n’en veux pas !
— Tu ne veux pas de mon amour ? s’étonna Irma.
— Je veux que tu sois libre.
— Mais je ne veux pas de ta liberté, Cora ! Je me fiche de devenir Médicomage. Je me fiche de voyager. Je me fiche de vivre dans une maison noire, ou dans une maison bleue… Je veux faire honneur aux Crabbe. Je veux être une épouse convenable. Je veux avoir des enfants, plein d’enfants, et qu’on soit fier de moi. Je me fiche d’épouser un homme que je n’aimerai pas et qui ne m’aimera pas ; il prendra des maîtresses et je ferai de même. Et alors ? Nos propres parents ne font-ils pas ainsi ? Tant que nous restons discrètes, personne ne s’opposera à…
— Moi je ne veux pas de cette vie-là ! Je ne veux pas te voir aux bras d’un autre. La simple idée de t’imaginer avec lui me rend malade !
— Et pourtant tu devras te faire à l’idée. Tu devrais te faire à l'idée. C’est mon choix.
— C’est leur choix ! s'étrangla la brune.
— C’est du pareil au même.
— C’est injuste.
— Au contraire, c’est la juste chose à faire. C’est ma juste place. »

​ Lycoris lui murmura alors, la voix chargée de sanglots, que sa juste place était à ses côtés, dans ses bras… N'y tenant plus, Irma l’embrassa à pleine bouche, se cramponnant à ses lèvres comme si sa vie en dépendait.

​ Il était quatre heures du matin. La chambre embaumait le sexe et le désespoir. Elles jouèrent encore longtemps aux montagnes russes sur leurs monts de Vénus, se perdant dans les vallées de leurs deux corps. C’était tout ce qu’il leur restait encore.

End Notes:

Sentiments : 1. colère 2. enthousiasme 3. désespoir

Verbes :
- ouïe : percevoir, écouter, entendre
- vue : dévisager, regarder, admirer
- goût : se délecter, goûter, savourer
- toucher : frôler, serrer, caresser
- odorat : sentir, humer, embaumer

Éléments de la vie de Frida Kahlo (dans l'ordre d'apparition dans le texte). Je me suis principalement servie de sa page Wikipedia (dans le cas contraire, la source de l'information sera précisée) :

1. En 1946, FK est opérée de la colonne vertébrale, ce qui lui laisse deux immenses cicatrices dans le dos (Irma a des cicatrices dans le dos, même si elles ne sont pas forcément issues d'une opération chirurgicale...)
2. En 1929, FK épouse (volontairement) Diego Rivera, célèbre peintre mural mexicain, de vingt-et-un ans son aîné (Irma est soulagée de ne pas être forcée à épouser un illustre inconnu qui aurait vingt-et-un ans de plus qu'elle)
3. En 1922, FK falsifie sa date de naissance en 7 juillet 1910, année du début de la révolution mexicaine (Lycoris propose de falsifier leurs dates de naissance dans leur fuite)
4. Dans les années 1930, alors que les nazis sont au pouvoir en Allemagne, FK change son prénom pour « Frieda » ("Frieden" signifie "la paix" en allemand) (Lycoris propose de falsifier leurs noms dans leur fuite)
5. FK est mexicaine, elle a vécu un temps aux États-Unis avec DG, et a également visité la France pour la grande exposition sur le Mexique de 1939 (Lycoris évoque la possibilité de fuir dans un des trois pays)
6. FK a suivi un temps des études de médecine (source) (Le rêve d'Irma est d'être Médicomage)
7. Pour la maison bleue, rien à voir avec San Francisco (pour ceux ou celles qui connaîtraient mon amour de la chanson) ! FK est née et a vécu dans la maison de ses parents dite « Maison bleue » (« Casa azul »). Cette maison est d'ailleurs devenu l'actuel musée Frida Kahlo. (Lycoris rêve de peindre et d'aménager une maison qui serait à toutes les deux, et qui serait bleue)
8. En 1925, FK est victime d'un très grave accident de bus. Durant sa convalescence, elle sera contrainte de porter un corset de plâtre durant près de neuf mois. (Lycoris se plaint des corsets qu'on fait porter aux dames)
9. Malheureusement, FK fait deux fausses couches (Melania, la belle-sœur de Lycoris, a fait plusieurs fausses couches au cours des précédentes années)
10. FK était ouvertement bisexuelle (Lycoris sous-entend qu'elle l'est quand elle parle de "trouver du réconfort dans les bras d’autres hommes et d’autres femmes")
11. Avant son accident de bus, FK avait déjà une santé très fragile. Elle souffrait notamment de poliomyélite. (Il est fait allusion au fait que Lycoris a été gravement malade, enfant. Irma pense que c'est une des raisons pour lesquelles ses parents sont si indulgents avec elle et ne la pressent pas, contrairement à elle, à se marier.)
12. Un parallèle est également fait entre le tableau Les Deux Fridas (1939) et Les Deux Irmas (Irma explique qu'elle se considère comme deux personnes réunies en une, et qu'un de ses cœurs est dévoué à sa famille tandis qu'elle dédie l'autre à son amour pour Lycoris)
13. Tout au long de sa vie, FK a eu de nombreux amants (et amantes) comme Leon Trotsky, Nickolas Muray, Jacqueline Lamba… DG faisait un peu la même chose de son côté… il l'a même trompée avec sa propre sœur pour tout vous dire (Il est communément admis dans la communauté Sang-Pur (au moins dans ce texte) que les époux et épouses ont une multitude d'amants. Irma suppose qu'elle et Pollux feront de même, suggérant du même coup que Lycoris devrait en faire autant)



Je crois que c'est tout. Merci d'être arrivé.e jusque-là ! J'espère que la lecture vous aura plu. N'hésitez pas à laisser une trace de votre passage si le cœur vous en dit.
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