Sectus Semper by Toopil
Ancienne histoire coup de coeurSummary:

Sectus Semper, « toujours coupé ». C’était le titre de ce minuscule livre sur lequel Harry était tombé par hasard dans cette librairie. Une histoire qui, racontée à travers de petits poèmes, l’amènera à réaliser ce à côté de quoi il était passé.

 

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Vois donc qui je suis

 

Mais ne me regarde pas

 

Avec tes vrais yeux

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Categories: Après Poudlard Characters: Drago Malefoy, Harry Potter, Hermione Granger
Genres: Poésie, Romance/Amour, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 1764 Read: 775 Published: 04/02/2022 Updated: 04/02/2022
Story Notes:

Petit OS que j'ai beaucoup hésité à poster, ne sachant pas bien ce qu'il valait. Alors n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

C'est la première fois que j'utilise le style poétique. J'ai repris le principe des haïkus, mais je précise que je n'ai absolument pas respecté tous les règles et les traditions de ce style littéraire. Ne m'en voulez donc pas trop si vous êtes des fans du genre !

Le livre by Toopil

Harry courait. Il aurait été incapable de dire depuis combien de temps, ni s’il avait croisé des personnes sur son chemin. Ses pensées n’étaient tournées que vers la destination qu’il recherchait. Serré fermement dans sa main, il tenait un petit livre vert émeraude. C’est à cause de lui qu’il courait.

 

Il était tombé sur ce minuscule ouvrage alors qu’il accompagnait Hermione chez Fleury et Bott. Il naviguait aléatoirement dans les rayons de la boutique poussiéreuse, lorsque son regard avait été attiré par ce petit livre perdu au milieu d’énormes romans et manuels en tout genre. Il était resté figé sur place. Perdus sur la couverture vide de l’ouvrage se dressaient deux uniques mots écrits à l’encre dorée, dont on aurait pu hésiter s’il s’agissait du titre ou du nom de l’auteur : Sectus Semper. La ressemblance troublante avec le nom du sortilège de son ancien professeur de potion ne pouvait être une coïncidence. Harry s’empara du livre et dépensa le gallion et les trois noises qu’il coûtait, avant de le fourrer dans sa poche. Pour une raison qu’il ne sut pas très bien expliquer sur le moment, il ne parla pas de sa trouvaille à Hermione lorsqu’elle le rejoignit les bras chargés d’encyclopédies.

Une fois rentré chez lui, il n’avait pas pris le temps d’enlever ses chaussures et s’était jeté sur son canapé pour étudier son intriguant achat. En l’ouvrant, il avait immédiatement été surpris par son contenu. Il s’agissait vraisemblablement d’un recueil de poèmes. Sur chacune des pages, trois petites lignes solitaires s’étalaient en remplissant avec difficulté l’espace blanc qui leur était dédié.

 

Toujours en train de courir, Harry se souvenait parfaitement de chacun de ces poèmes, qu’il avait lus quelques minutes plus tôt.

 

La soie est partout

Les richesses semblent fières

Sur leurs broderies

 

Il avait d’abord eu un sourire moqueur en lisant ces quelques vers un peu saugrenus. Le ton des poèmes changea cependant rapidement, ne lui donnant plus l’occasion de sourire.

 

Les livres m'entourent

La lumière tamisée

Les adultes crient

 

Où sont donc les âmes ?

La solitude m’escorte

Ils m'évitent encore

 

Les longs murs s'étirent

La lumière semble grise

Tout comme la vie

 

Un sifflement vif

Les images qui défilent

Un nouveau départ

 

Le sable s'écoule

Le château reste le même

Assis, je m'ennuie

 

Harry n’avait pu s’empêcher de penser à Poudlard à l’évocation du mot « château ». Il avait conclu que l’auteur ou l’autrice devait être un ancien élève de l’école, ce qui n’était pas une déduction très risquée étant donné que c’était le cas de la plupart des sorciers des Îles Britanniques.

 

Tous leurs mots m'agressent

Même sans les écouter

Pourquoi parlent-ils ?

 

D'où provient-elle donc ?

Pour quelle raison est-elle née ?

Cette haine en moi

 

Je suis impuissant

Face à mon corps qui vomit

Je ne peux rien faire

 

Mon être se tort

Ta présence me débecte

Tu n'es qu'un poison

 

Que cela s’arrête !

Cette pensée sans fondement

Qui m’est apparue

 

Ma tête assaillie

La foule poursuit sa vie

Faut-il que je lutte ?

 

La lumière danse

Dans cette salle de bal

Toi aussi tu danses

 

Mes armes retombent

Cette idée est à présent

Tout autour de moi

 

Je ne te hais plus

Ou peut-être encore un peu

Je n’ose le voir

 

Quelle en est la cause ?

Est-ce la faute de tes yeux ?

Quelle punition !

 

Vois donc qui je suis

Mais ne me regarde pas

Avec tes vrais yeux

 

Les poèmes qui avaient suivi avaient rendu la lecture de Harry beaucoup plus sérieuse. Il avait visualisé un adolescent, un garçon visiblement, dont le mal-être était palpable. Sans doute le style littéraire incitait-il à amplifier les choses, mais la relation entre le protagoniste à qui l’auteur semblait s’adresser et l’auteur lui-même provoqua un sentiment de malaise à Harry. Quelque chose d’ambigu, de perturbant, d'éprouvant. Ce ne fut cependant rien face aux pages suivantes.

 

Je ne peux mentir

Mes os sont toujours gelés

D'avoir vu la Mort

 

Ses grandes mains pâles

Et si la peau n'est pas chaude

Le cœur ne l'est pas

 

Un frisson glacé avait parcouru l’échine de Harry en lisant ces mots. Lui, plus que quiconque, n’aurait pas pu ne pas reconnaître Voldemort derrière cette description. Qui que soit cet auteur, Harry avait eu la profonde conviction qu’il avait forcément croisé la route du mage noir pour pouvoir écrire ces lignes. C’est donc avec une appréhension tremblante qu’il avait poursuivi sa lecture.

 

Entre tous les êtres

N'y avait-il donc personne ?

Pourquoi est-ce moi ?

 

La Mort me prend tout

Mais ça ne suffisait pas

J'ai donné mon bras

 

Elles sont si nombreuses

Qui aurait pu le savoir

Mes larmes versées

 

Sans le voir venir

Ignorant avoir eu chaud

Le froid s'insinue

 

Arrête-moi donc !

Car mon corps s'est recousu

Je ne suis pas mort

 

C’est à ce moment-là que Harry avait compris. Il savait qui était l’auteur derrière ces poèmes. La seule personne à part lui-même à avoir assisté au sortilège Sectumsempra, dont le titre du livre était définitivement inspiré. Celui qui avait côtoyé de près Voldemort, qui lui avait donné son bras. Celui qui avait passé son adolescence à cracher sa haine. Celui qui vivait entouré de soies et de broderies. Celui qu’il avait failli tuer il y a plusieurs années. Drago Malefoy. Fébrile, il avait rapidement parcouru à nouveau toutes les premières pages du livre, chacun des poèmes prenant alors un sens bien plus précis, bien plus concret. Sa gorge s’était nouée. Quelque chose au sein de ces lignes avait fait naître une pensée en lui. Une intuition qu’il avait cherché à confirmer en finissant sa lecture.

Et c’est cette pensée qui faisait qu’il courait à présent, recherchant désespérément l’énorme bâtisse dans laquelle lui et ses amis avaient été enfermés des années auparavant : le manoir des Malefoy. Essoufflé, il parcourait le petit village du sud du Wiltshire dans lequel les Rafleurs l’avaient entraîné la dernière fois, essayant de toutes ses forces de rassembler tous les souvenirs qui pourraient lui être utiles pour cela.

 

Je ferme les yeux

Je ne pourrai plus dormir

Son corps tombe encore

 

Le souvenir de Dumbledore basculant à travers la fenêtre de la tour d’astronomie s’imposa à Harry qui tournait en dérapant dans une ruelle faiblement éclairée.

 

Couché dans mon lit

Si mon corps pouvait pourrir

Moi je chanterais

 

Ils tournent toujours

Les patins et leurs ficelles

Et parmi eux, moi

 

La peur m'a quitté

Mais je ne peux me réjouir

L'espoir l'a suivi

 

Et lorsque l'espoir

Eut décidé de partir

Je partais aussi

 

Harry était à présent hors d’haleine. Un point de côté lui vrillait les côtes tandis qu’il atteignait les endroits les plus reculés du village.

 

Le feu qui m'entoure

Mais je ne vois pas les flammes

Seulement ta main

 

Harry ferma les yeux un instant. Si Drago parlait bien de l’incendie de la Salle du Demande, alors la personne à qui il s’adressait depuis le début ne pouvait être que… Il secoua la tête en reprenant sa course tant bien que mal. Trop de souvenirs douloureux l’avaient submergé à la lecture de ces poèmes. Des choses qu’il avait essayé d’enfouir au plus profond de lui. Des espoirs qu’il s’était méthodiquement acharné à détruire, convaincu qu’ils lui feraient plus de mal que de bien. Mais il n’avait rien réussi à détruire du tout.

 

La Mort est partie

Et dans les fleurs de printemps

Commence ma vie

 

Le temps englué

Les âmes seules qui passent

Et moi immobile

 

Fallait-il lutter

Si le futur est autant

Semblable au passé ?

 

N'est-elle pas partie ?

Pourquoi la vois-je toujours ?

La Mort me pourchasse

 

Surgissant un jour

Me hantant de cette flamme

Ton fantôme est là

 

Tu n’as jamais su

Nos mondes sont différents

Pourquoi te le dire ?

 

Une douleur sourde, sans aucun lien avec son point de côté, avait recommencé à lui broyer les entrailles. Une douleur qui s’était ravivée à la lecture de ce minuscule livre et qui l’avait d’abord paralysé de stupeur et de doutes, avant de le faire se lever d’un bond, transplaner et commencer à courir. Un désir ardent, pénible, impossible à assouvir, qui était toujours resté là, tapis dans l’ombre de ses pensées jour après jour. Quelque chose qu’il avait renoncé à exprimer, après avoir essuyé des remarques acerbes de ses amis qui n’avaient jamais compris.

Au loin, une immense bâtisse sombre commençait à se dessiner parmi les collines. Harry accéléra encore sa course.

 

Adieu cette corde

Je ne peux plus m'y résoudre

Ce feu me maintien

 

Il atteignit enfin le portail en fer forgé et l’ouvrit d’un puissant coup de baguette sans s'arrêter de courir.

 

Je ne te vois plus

Depuis ma magie s'essouffle

Ainsi que mon air

 

Il arriva devant la grande porte en chêne de la demeure et s’appuya un instant sur ses cuisses pour reprendre sa respiration. Sans laisser le temps à son courage de s’enfuir, il toqua à la porte d’un geste frénétique. Les secondes qui suivirent lui parurent être des heures. Seuls son souffle saccadé et le sang battant à ses oreilles pouvaient lui assurer que le temps ne s’était pas arrêté.

 

Je resterai seul

Un rocher dans le torrent

Figé dans le temps

 

Soudain, la porte s’ouvrit. Devant lui se tenait à présent Drago Malefoy, dont l’expression de sidération fit revenir Harry à ses esprits.

-        C’est toi qui as écrit ça ? demanda-t-il précipitamment en tenant le petit livre émeraude sous les yeux du blond.

La surprise de Drago se changea aussitôt en terreur. Il tenta visiblement de balbutier quelque chose mais sa mâchoire se contenta de s’ouvrir et de se fermer à plusieurs reprises sans émettre le moindre son.

-        C’est toi ? répéta Harry un peu plus doucement.

Manifestement incapable d’utiliser sa voix, Drago finit par acquiescer en hochant la tête. Harry déglutit. Il fallait qu’il soit sûr.

-        Et… C’est de moi dont tu parles ?

Nouveau hochement de tête. Alors, lentement, très lentement, Harry laissa tomber le livre. Il s’avança d’un pas vers Drago sans le quitter des yeux. Il leva sa main et caressa doucement la joue du blond. Puis, tout aussi doucement, il vint déposer un baiser sur ses lèvres. Des larmes brillantes coulèrent sur les joues pâles de Drago qui, semblant enfin réaliser ce qui se passait, étreignit Harry contre lui de toutes ses forces, comme s’il réapprenait à respirer.

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