Le chant des partisans by Bloo
Ancienne histoire coup de coeurSummary:

ColdSpraY


Bien sourds étaient les cris de ce pays que l'on enchaînait, en ce début d'année scolaire. Car si le monde sorcier tout entier tremblait, ils étaient peu nombreux les amis répondant à l'appel. La terreur faisait bien plus écho au sein de populations terrifiées que le courage qui leur était demandé. Du moins, en apparence.

Parce que, déjà, la Résistance s'organisait.

Categories: Durant Poudlard, Résistance, Epoque de Harry Characters: Armée de Dumbledore
Genres: Aventure/Action, Guerre, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: We Were There
Chapters: 7 Completed: Non Word count: 8098 Read: 7330 Published: 02/05/2013 Updated: 26/12/2014
Story Notes:
Les personnes appartiennent à J.K Rowling.

Cette histoire est basée sur la chanson Le chant des partisans d'Anna Marly, hymne de la Résistance durant la seconde guerre mondiale. Elle comptera 18 chapitres qui feront chacun 1000 mots.

1. Justin Finch-Fletchley by Bloo

2. Seamus Finnigan by Bloo

3. Alicia Spinnet by Bloo

4. Padma Patil by Bloo

5. Lee Jordan by Bloo

6. Cho Chang by Bloo

7. Katie Bell by Bloo

Justin Finch-Fletchley by Bloo
Author's Notes:
Voilà donc le premier chapitre de cette histoire consacrée à l'Armée de Dumbledore. Chaque chapitre correspond à une phrase de la chanson (d'où les 18 chapitres prévus, parce que je n'ai pas encore écrit tout ça ! XD).

Bonne lecture !

Cette journée aurait dû être une belle journée, peut-être même une magnifique journée. Les jours de rentrée avaient toujours été synonymes de félicité pour Justin. Seulement, jusqu’à présent, les jours de rentrée, il avait été autorisé à les vivre. Ce qui cette année, n’était plus le cas.

Oh ! Il n’avait qu’à fermer les yeux pour s’imaginer cette si parfaite journée qui ne se déroulerait jamais que dans son imagination ! Il se serait levé aux aurores le matin, fébrile, et aurait agacé ses parents en tournant en rond dans la maison jusqu’à ce que vienne l’heure de partir pour le gare. Puis, après avoir laissé ses parents le serrer dans leurs bras en protestant gentiment pour la forme, il aurait regagné un compartiment rempli de Poufsouffle, un compartiment rempli d’amis. Ces amis, ses amis, lui auraient demandé comment s’étaient déroulées ses vacances malgré les nombreuses lettres qu’ils s’étaient échangé. Puis ils auraient commencé à discuter de leur futur emploi du temps, de ce qu’ils allaient bien pouvoir faire lors des sorties à Pré-au-Lard, et peut-être auraient-ils abordé le sujet qui fâche, le sujet que personne ne voudrait entendre. Peut-être auraient-ils parlé de la guerre. Mais cela n’aurait pas duré longtemps, parce que Justin et ses amis préféraient voir le bon côté des choses. Il y avait la guerre, certes, mais Poudlard était toujours là, et dans le pire des cas, l’Armée de Dumbledore pourrait reprendre du service. Ils l’auraient dit sans trop y croire, d’ailleurs, convaincu que rien ne pouvait leur arriver tant qu’ils seraient dans le vieux château.

Et ils se seraient bien trompés.

Justin n’ira pas à la gare cette année. Justin n’enlacera pas ses parents devant le train cette année. Justin ne verra pas ses amis cette année. Et Justin ne retournera pas à Poudlard cette année.

Parce que Justin est Né-Moldu. Et cette année, il ne fait plus très bon d’être Né-Moldu. Bien sûr, Justin avait déjà eu à subir des insultes ou des moqueries de la part des Serpentard. Il avait même été pétrifié lors de sa deuxième année à cause de ses origines Moldues. Mais à part cette année-là, il n’avait jamais eu réellement peur. Il n’avait jamais été terrifié. En tout cas, pas comme il l’était à cet instant. Pas comme il était terrifié, littéralement terrifié, alors qu’il arpentait seul les landes du nord de l’Angleterre depuis plusieurs heures déjà, sans savoir où aller.

Il n’avait pas attendu que le Ministère lui envoie une invitation pour décamper. Alors qu’il rangeait des affaires dans sa chambre quelques jours avant la rentrée, caressant encore l’illusion qu’il allait retourner à Poudlard, il avait reçu un message de Ginny lui annonçant que le Ministère était tombé. Et peu de temps après, un message de Dean qui expliquait qu’il avait dû s’en aller après avoir reçu une convocation de la part du Ministère, mais qu’il était sain et sauf. Alors Justin était partit à son tour. Il n’avait pas pris le temps de dire au revoir à ses parents. Ça aurait été trop difficile et, il n’aurait pas été sûr de pouvoir partir après ça. D’ailleurs, ses parents auraient tout fait pour le garder près d’eux : ils n’auraient pas compris. Il n’avait pas été assez idiot pour leur raconter ce qu’il se passait dans son monde, pour leur raconter la peur, pour leur raconter la guerre, pour leur raconter la mort du directeur de son école. Non, il n’avait rien dit, il avait tout gardé pour lui. Comme il le faisait depuis bon nombre d’années, déjà, comme il le faisait depuis qu’il avait compris que ses parents ne pourraient pas comprendre la situation dans le monde sorcier -et que quand bien même ils le pourraient, ils ne voudraient pas la comprendre.

Le seul petit problème auquel Justin n’avait pas pensé, était qu’il n’avait aucun endroit où aller. Qu’il ne connaissait personne qui pourrait l’héberger, et qu’il ne savait absolument pas où il pourrait bien se cacher. Tout ce qu’il avait sur lui était sa baguette, que Merlin soit loué il pouvait utiliser librement depuis quatre mois -date à laquelle il avait atteint sa majorité-, ainsi qu’un petit sac de voyage qu’il avait agrandi à l’intérieur à l’aide d’un sortilège pour caser des vêtements chauds. Rien d’autre. Pas même une tente, et encore moins quelque chose à manger.

Alors Justin soupira et Justin se laissa tomber. Ses jambes ne le portaient plus de toute façon, depuis quatre heures qu’il marchait. Il espéra que ses parents comprendraient le mot qu’il leur avait laissé et n’appelleraient pas la police -inutile d’attirer l’attention sur son cas. Il espéra aussi que les Mangemorts n’auraient pas l’idée de se rendre chez lui et de s’en prendre à ses parents. Cette simple pensée le faisait frémir.

Sans qu’il ne puisse rien faire, Justin sentit les larmes couler le long de ses joues, les dévaler comme elles auraient dévalé un torrent, et il n’essayait pas de le retenir et ni-même de les essuyer. Il avait peur, il avait froid, il avait faim, mais surtout, il avait peur. Il avait peur et il savait, il savait qu’à partir de cet instant, il aurait toujours peur. Toujours jusqu’à ce que la guerre se termine. Et la simple perspective de devoir vivre avec cette sensation au creux du ventre pendant de longs mois encore au minimum ne fit qu’accroître ses larmes. En cet instant, il aurait simplement voulu ne pas être un sorcier. Être un Moldu, être un garçon normal, qui aurait fait sa rentrée dans un lycée sans avoir d’autres soucis que de sortir avec la fille de ses rêves.

Il aurait voulu ne pas être là, assis seul sur une colline au beau milieu de nulle part, à contempler les oiseaux noirs haut dans le ciel et à écouter leurs cris. Leurs cris qui, pour lui, avaient toujours été annonciateurs de peine, de douleur, de mort. Leurs cris qu’il aurait voulu ne plus entendre.

 

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

End Notes:
Merci d'avoir lu !
La phrase en italique à la fin est le début du Chant des partisans.

Et n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans une petite review ! :D
Seamus Finnigan by Bloo
Author's Notes:
Deuxième chapitre publié ce 8 mai. Vous avez l'intention de suivre les commémorations vous ? Il y aura "Le chant des partisans" bien sûr.

Bonne lecture !

Il y avait encore deux semaines, Seamus discutait tranquillement avec Dean autour d’une bonne bière. De filles, bien sûr. Les regards que Seamus lançaient à Lavande n’avaient pas échappé à son ami. Quant à lui, il savait depuis longtemps que Dean avait un faible pour Parvati. Leur vie était alors simple, malgré la peur qui les habitait assez souvent, la peur qui habitait chaque étudiant de Poudlard depuis la mort de Dumbledore. Oh, ils avaient toujours eu un peu peur, leur scolarité n’avait pas été des plus reposantes et chaque année avait amené son lot de dangers, mais dans l’ensemble, ils avaient vécu une adolescence normale. Les après-midi sous les arbres du parc en compagnie de Lavande et Parvati, les baignades dans le lac, les jeux dans la neige en hiver, les histoires de cœur et les paris sur les futurs couples. Une vie d’adolescents. Il y avait encore deux semaines.

Mais deux semaines étaient passées, et tout était terminé. Il n’y avait plus de discussion de filles. Il ne pouvait plus y en avoir de toute façon, puisqu’il n’y avait plus de Dean autorisé à se rendre à Poudlard non plus. Il n’y avait plus d’après-midi sous les arbres du parc, remplacés par des après-midi en retenue. Il n’y avait plus de baignade dans le lac, cette activité étant réservée aux seuls élèves modèles de Serpentard. Et Seamus savait très bien que, quand l’hiver viendrait, il n’y aurait probablement pas de jeux dans la neige non plus. Il serait en retenue de toute façon, enchaîné dans les cachots ou, peut-être même, en train d’être torturé.

Seamus aurait pu ne rien dire. Il aurait pu baisser les yeux, suivre silencieusement les ordres de Carrow, se soumettre comme le faisait la plupart des élèves. C’était d’ailleurs ce qu’il avait eu l’intention de faire au début. Mais cette volonté de soumission avait vite été remplacé pas de la colère, par de la haine même, et ce dès le premier soir. Le discours des Carrow avait été horrible, certes. Celui de Rogue, pire encore. Mais ce n’était pas pour ça que Seamus avait déchanté. Non, ce qui l’avait réellement mis en rage, ça avait été de pénétrer dans son dortoir. Cinq lits. Trois vides. Et, au milieu de la pièce, seul Neville qui le regardait, l’air aussi perdu que lui.

Alors il ne pouvait pas y avoir de paix. Les Carrow, Rogue, les Mangemorts, et Voldemort lui-même, ils n’obtiendraient pas ce qu’ils voulaient. Seamus ne resterait pas à Poudlard toute sa vie. Il savait bien que dès la fin de l’année, il foutrait le camp. En essayant de retrouver Dean, d’abord. Il n’était pas fou : si à la fin de l’année Voldemort était toujours vivant, alors il n’y aurait plus d’espoir. Mais, au moins le temps d’une année scolaire, Seamus voulait se battre, refuser de se soumettre, ne pas faire partie de ses élèves qui craignent, qui refoulent leurs idées, leurs opinions, parce qu’ils ont peur.

Neville lui avait demandé de ne pas juger les autres : la peur est un sentiment humain, et il est normal d’en éprouver. C’est d’autant plus normal d’en éprouver, même, quand on voit des élèves se faire torturer. Ginny, la première, en avait fait les frais, pour avoir craché au visage d’un des Carrow alors que celui-ci lui demandait si elle savait où était Harry. Endoloris. Le sort avait été lancé, avec froideur, et Ginny s’était effondrée au sol. Sans crier. Sa fierté était encore plus forte que sa douleur à ce moment-là. Mais même sans hurler, Ginny avait effrayé les autres élèves. Personne n’avait eu envie de subir la même chose.

Mais Seamus ne pouvait pas comprendre. Il était habité par la rage, par la haine, il voulait faire le plus de mal possible aux Carrow, il souhaitait même leur mort. Ses parents lui avaient toujours dit qu’il ne fallait jamais souhaiter la mort de quelqu’un, aussi méchant soit-il : personne ne mérite la mort. Mais Seamus n’était pas d’accord. Il était certain que si les Carrow venaient à mourir sous ses yeux, il en serait immensément heureux, il en rirait même, probablement. Et puis, mourir, c’était bien peu cher payé pour ce que faisaient les Carrow. Les moqueries, la torture psychologique des élèves qui n’étaient pas Sang-Pur, et la torture tout court pour ceux qui osaient se rebeller.

Tôt ou tard, la haine le quitterait. Tôt ou tard, la peur l’habiterait. Il le savait bien. Il le savait bien qu’il ne pourrait être un guerrier toute sa vie, ni même quelques mois, que ce n’était pas lui et qu’au final, il préférait être quelqu’un de sympathique, le bon ami qui raconte des blagues et est toujours attentif aux confidences de ses proches. Mais il ne pouvait pas être sympathique. Pas pour le moment. Pas alors que Dean était dehors, alors qu’Harry était dehors, alors que Ron était dehors -il n’était pas complètement idiot, il se doutait bien que Ron n’était pas malade-, pas alors qu’Hermione était dehors, pas alors que l’Armée de Dumbledore pleurait ses membres qui n’étaient pas revenu. Même ceux dont ils étaient moins proches lui manquaient. Que faisait Justin en cet instant ? Où se trouvait Colin en ce moment ?

Par colère, par haine, peut-être, mais surtout pour eux, sûrement, Seamus avait hurlé un juron à l’intention d’Alecto quand cette dernière avait commencé son cours d’Etudes des Moldus, comme elle appelait ça. Et, par colère, par haine, peut-être, mais surtout pour eux, sûrement, Seamus avait catégoriquement refusé de s’excuser. Même quand elle lui avait dit de venir dans son bureau le soir-même. Et que s’il ne le faisait pas, elle viendrait le chercher.

Il pouvait voir le hochement de tête presque imperceptible de Neville, le visage inquiet de Lavande qui en même temps lui souriait faiblement, Parvati qui dévisageait Alecto avec une méchanceté que Seamus n’avait jamais lu dans son regard. Mais il ne pouvait croiser le regard de Dean.

 

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?

End Notes:
Merci d'avoir lu, et merci pour vos reviews !

N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de Seamus ! :)
Alicia Spinnet by Bloo
Author's Notes:
Bonne lecture !

Le ciel grondait dehors, mais il était loin d’être le seul. Assise sur une vieille balançoire à l’orée d’une forêt, Alicia sentait bouillonner en elle la rage de ne pouvoir rien faire.

Naïvement, stupidement même, peut-être, elle avait cru que tout irait bien pour sa famille. Que ça, au moins, personne ne pourrait le lui prendre. Qu’elle ne devrait pas vivre dans la clandestinité comme Katie, qui avait dû s’enfuir avec ses parents. Elle avait cru aussi qu’elle n’aurait jamais de problèmes, qu’elle n’aurait pas à changer de maison presque chaque jour comme Angelina, qui suivait Fred et George dans leurs activités clandestines. Non, elle, elle avait été bien sage. Elle avait été bien sage au détriment de ses convictions. Bien sûr qu’elle aurait voulu se battre, bien sûr qu’elle aurait voulu se révolter, bien sûr qu’elle aurait voulu faire partie des résistants de la première heure. Mais voilà, Alicia avait une famille, un travail, Alicia avait même un fiancé. Et Alicia n’avait pas voulu tout foutre en l’air.

Mais en dépit de son renoncement à agir, en dépit de sa tranquillité depuis le début de la guerre, Alicia ne serait finalement pas épargnée. Quelle sotte ! Elle aurait dû s’en douter pourtant. Sa mère était une sorcière. Pas une Sang-Pur, certes, mais sa famille était sorcière depuis plusieurs générations déjà. Mais son père, lui, n’était qu’un Moldu. Oh, Alicia adorait son père, elle se moquait bien qu’il soit Moldu ou pas, elle avait même pensé que c’était une chance, au début de la guerre, qu’il soit Moldu plutôt que Né-Moldu : comme elle s’était méprise. Cela n’avait rien d’une chance. Non seulement il avait été arrêté, mais sa mère l’avait été également. En épousant un Moldu, elle avait fait honte à la communauté sorcière. Bien plus encore que si elle avait épousé un Né-Moldu.

Et c’était bien le désespoir qui faisait couler les larmes sur les joues d’Alicia. Le désespoir d’être rentrée tranquillement chez elle, le soir, comme elle le faisait tous les soirs, et d’avoir trouvé la maison vide avec un simple mot que sa mère avait pu laisser précipitamment. Le désespoir de ne pas s’être battu, d’avoir préféré se taire quitte à ne plus pouvoir se regarder en face dans un miroir, et tout ceci pour rien. Rien, rien, rien. Alicia avait eu honte d’elle, Alicia s’en était voulue, et maintenant, à part davantage de honte encore, elle n’avait plus rien.

Assise sur la balançoire, elle pouvait voir, en bas de la petite colline, la grande demeure familiale qui avait toujours été si remplie et si joyeuse. Ses parents aimants, les travailleurs, les nombreux cousins et cousines toujours là pendant l’été. Avoir un père agriculteur avait en effet bon nombre d’avantages pour une enfant. Les ouvriers agricoles de son père la chouchoutaient, lui offrant des bonbons, et lorsque ses cousins venaient, leurs parties de jeux pouvaient durer des heures dans l’immense exploitation. Mais voilà que la grande ferme était vide, que son maître n’y était plus, que seule restait sa fille désabusée.

C’en était trop. Alicia avait bien voulu se taire, ignorer soigneusement du regard les journaux parlant de Rogue, nommé Directeur à Poudlard. Elle avait bien voulu ravaler sa salive et ne rien dire quand son patron ouvertement favorable au nouveau régime lui avait fait subir un interrogatoire sur sa participation à l’Armée de Dumbledore lorsqu’elle était encore étudiante. Elle avait même menti, affirmé qu’elle regrettait cette période de sa vie et avait compris, depuis, qu’il valait mieux se conformer aux règles et que ce n’était certainement pas un gang d’adolescents qui allaient changer les choses. Mais là, elle ne pouvait plus faire celle qui ne voyait pas, pas plus qu’elle ne pouvait mentir. Sa famille était arrêtée, et son patron pourrait bien lui dire tout ce qu’il voudrait, elle était certaine que ce n’était aucunement mérité.

Sa première décision fut de retourner vers la grande ferme en essayant de ne pas laisser le souvenir de ses parents l’envahir. Elle devait juste attraper un bout de parchemin et une plume, écrire « Je démissionne ! » et l’envoyer immédiatement à son patron. Elle n’avait aucun regret. Ce n’était même pas comme si son travail était intéressant, de plus. Elle avait pourtant pensé qu’elle s’amuserait bien, dans une entreprise qui fabriquait des balais, mais ça, c’était avant de devenir une simple ouvrière chargée de trier les pièces à leur arrivée.

Sa deuxième décision fut de devenir Auror. Oh, pas tout de suite, évidemment. Mais quand la guerre serait terminée -parce qu’elle se terminerait forcément un jour-, Alicia se promit qu’elle deviendrait Auror. Et peut-être même que, ce jour-là, elle pourrait de nouveau se regarder en face.

Sa troisième et dernière décision, fut d’entrer à compter de ce jour dans la clandestinité. Elle n’avait plus vraiment le choix, de toute façon. Sa lettre de démission envoyée, ses parents arrêtés, elle serait forcément considérée comme suspecte. Alors elle se cacherait. Et chaque jour, elle lancerait des sortilèges sur les maisons Moldues près desquelles elle passerait. Comme elle l’avait entendu à Potterville.

Et c’est avec ironie, en riant même, de ces rires jaunes et désabusés, qu’Alicia eut une dernière pensée pour son patron avait de prendre à son tour la poudre d’escampette. A ce patron lui disant qu’elle n’était qu’une petite ouvrière, qu’elle ne pouvait de toute façon rien faire, que personne ne l’écouterait ni ne la suivrait jamais. Oh oui, elle en riait bien Alicia désormais. Si ce patron savait qu’à Poudlard, de simples adolescents partisans d’un monde meilleur se battaient chaque jour, si ce patron savait qu’en Angleterre, des sorciers à peine plus âgés qu’elle risquaient leur vie chaque jour pour diffuser leurs idées, si ce patron savait que son père, simple paysan, se battrait jusqu’au bout et ne se laisserait jamais soumettre par ceux qui l’avaient arrêté, si son patron savait qu’elle, la simple ouvrière, allait désormais se battre… il en rirait probablement. Mais rira bien qui rira le dernier.

 

Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.

End Notes:
Merci d'avoir lu !

Une petite review pour me dire ce que vous en avez pensé :) ?
Padma Patil by Bloo
Author's Notes:
J'ai eu beaucoup de mal avec ce chapitre, et je ne sais toujours pas vraiment si j'en suis satisfaite.

Bonne lecture quand même !

Padma n’avait jamais frappé personne, pas même un abruti. Peut-être pour une question d’éducation, peut-être pour les valeurs qu’on lui avait inculquées, peu importe, Padma n’avait jamais frappé personne.

Pourtant, Merlin savait comme elle en avait envie. Nombreuses étaient les personnes qui avaient croisé son chemin et à qui elle aurait volontiers fait goûter de ses poings. La première personne, étonnement, était Parvati. Qu’on se le dise, Padma adorait littéralement sa sœur jumelle et avait vécu comme un déchirement de n’être pas dans la même maison qu’elle, mais elle pouvait être agaçante Parvati, quand elle le voulait. Et notamment quand elle lui volait ses poupées alors qu’elle, Padma, n’avait rien demandé. Oh oui, elle l’aurait bien giflé à ce moment-là. Mais voilà, leurs parents étaient avec elle et il ne fallait pas frapper quelqu’un : c’était mal, elle l’avait bien compris même si elle ne savait pas exactement pourquoi.

Ensuite il y avait eu ce garçon, Mark, un joli nom d’ailleurs, un nom de ceux que Padma aimait bien en tout cas. Mais voilà, le prénom de Mark était bien la seule chose que Padma appréciait chez lui. Et lui aussi, elle aurait bien aimé le taper au moins une fois. Se moquer d’elle dans la cour de récréation alors qu’elle ne lui avait strictement rien fait, cela n’avait aucun sens. Mais voilà, la maîtresse était avec elle et il ne fallait pas frapper quelqu’un : c’était mal, elle l’avait bien compris même si elle ne savait toujours pas exactement pourquoi.

Padma secoua la tête. Elle détestait cette fichue habitude qu’elle avait de se réfugier dans ses souvenirs dès que la situation devenait trop compliquée à ses yeux et qu’elle ne voyait guère d’autre échappatoire possible. Elle ne pouvait plus se permettre d’agir ainsi. Aujourd’hui, il n’y avait ni parents à côté d’elle, ni maîtresse à côté d’elle. Il y avait bien des professeurs, oui, des professeurs qui craignaient pour la vie de leurs élèves. Pas par paranoïa, mais par réalisme. Des professeurs qui ne pouvaient pas faire grand-chose pour eux, s’ils voulaient avoir une chance de rester dans l’établissement pour pouvoir, peut-être, être utile un jour. Alors c’était aux élèves d’agir. Il fallait bien quelqu’un pour le faire.

Oui, il fallait bien quelqu’un. Mais alors que sa mission était sur le point de réussir, Padma se demandait pourquoi il avait fallu elle. Pourquoi on ne lui avait pas préféré quelqu’un d’autre, pourquoi Seamus ne le faisait pas par exemple, lui qui bouillonnait de rage depuis le début de l’année scolaire. Ou alors Neville, si injustement puni la veille. Et même, pourquoi pas Parvati.

Tout cela n’avait aucun sens. Elle était Padma Patil, elle l’était mais n’avait jamais été Parvati Patil. Aux yeux de tous peut-être. La nuance était difficile à saisir, la ressemblance physique bien trop frappante, mais Padma n’était pas sa sœur et Padma n’avait pas son courage. Padma était calme, réfléchie, intelligente, mais Padma ne fonçait certainement pas tête baissée dans la bataille comme l’aurait fait Parvati, comme l’aurait fait un Gryffondor.

- Padma, qu’est-ce que tu fous !

Terry, bien sûr. Les membres de l’AD étaient pleins d’espérance, mais pas complètement fous. Padma n’avait pas été véritablement seule, personne ne l’était jamais. Terry avait été chargé de veiller sur elle de loin, d’être prêt à intervenir si cela tournait mal. Et en cet instant, tout tournait mal. Padma se tenait bien droite, sa baguette vissée dans le creux de sa main mais le regard vide, complètement absent. Et elle regardait comme hypnotisée le corps stupéfixié à ses pieds.

- Padma ! dit Terry à voix basse. Allez, dépêche-toi !

- Je ne peux pas.

- Quoi ?

- Je ne peux pas !

- Comment ça ? Tu as vu ce qu’ils ont fait à Luna la dernière fois ? Bien sûr que si que tu peux le faire !

- C’est n’importe quoi ! Tout ça c’est n’importe quoi ! s’écria brusquement Padma, pas à voix basse elle.

En un instant, Terry se retrouva près d’elle et colla sa main chaude contre sa bouche, l’empêchant d’émettre le moindre nouveau son. Mais Padma se débattait, Padma hurlait en silence, griffait, mordait, se débattait. Au fond, elle n’avait jamais rien demandé de tout cela. Elle voulait participer à l’AD, elle voulait aider, oui, bien sûr, mais jamais elle n’avait demandé à faire ce genre de chose. Et elle ne pouvait décemment pas regarder une seconde de plus le corps du Serpentard stupéfixié à ses pieds en se demandant si oui ou non il fallait appliquer les sortilèges.

Elle avait bien vu l’état de Luna le matin même, au petit-déjeuner. Elle avait bien vu que les Serpentard qui l’avaient pris à parti ne l’avaient pas épargné, et évidemment qu’elle avait senti la colère et même la haine l’envahir. Mais torturer quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas, un Serpentard anonyme, qui peut-être n’avait jamais rien demandé non plus, elle ne pouvait pas le faire non plus.

C’était mal. Elle l’avait bien compris, et elle savait exactement pourquoi. La torture de Luna l’avait affligée, celle du Serpentard affligerait d’autres personnes, et ainsi jamais rien ne s’arrêterait. Elle n’était pas comme eux. Et sentant l’emprise de Terry sur elle se relâcher légèrement, elle cessa de hurler pour simplement murmurer :

- Je n’ai jamais frappé personne…

Alors elle laissa Terry s’éloigner d’elle et la contempler un instant, la lueur dans ses yeux étant à mi-chemin entre l’admiration et la colère. Elle ne put rien faire quand il donna brusquement un coup de pied dans le visage du Serpentard inconnu, lui cassant certainement le nez. De toute façon, elle ne pouvait pas en vouloir à Terry. Une part d’elle-même aurait voulu frapper, taper, blesser, faire du mal, mais elle ne pouvait définitivement pas le faire.

Ce soir, le Serpentard connaîtrait la douleur puis tout rentrerait dans l’ordre. Et elle, Padma, écouterait un Terry en larmes lui dire qu’il n’en pouvait plus d’être comme cela. Elle pleurerait même elle aussi.

 

Ce soir, l’ennemi, connaîtra le goût du sang, et les larmes.

End Notes:
Merci d'avoir lu !

Le but, c'était surtout de montrer qu'il n'y a jamais un camp tout blanc et un camp tout noir. Je pense que l'AD a certainement fait des choses pas très glorieuses, parce que c'est la guerre et que c'est comme ça. Mais il y a aussi des gens qui osent dire non, qui osent pointer du doigt les problèmes, comme Padma, et c'est ça qui au final fait la différence, je pense.
Lee Jordan by Bloo
Author's Notes:
Il n'y a même pas d'excuses pour le délai entre le quatrième chapitre et le cinquième, j'ai juste pris troooop de temps. Promis, je vais essayer de faire mieux pour le prochain.

Ce chapitre sera je pense le moins "triste, horrible, tragique etc" du recueil.

Bonne lecture !

Au départ, ça n’avait été qu’une simple phrase lancée au détour d’une conversation peu sérieuse. Un peu au hasard, pas vraiment réfléchie. Et puis, la phrase avait refait surface une deuxième fois, entre deux Bierraubeures qui justifiaient le fait qu’on l’oublie une fois de retour à la maison. Mans quand la phrase avait été prononcée une troisième fois, ils n’avaient plus été capables de faire comme s’ils ne l’avaient pas entendu.

Et si on faisait quelque chose ?

Alors ils avaient réfléchi, se demandant ce qu’ils pouvaient bien faire, à leur portée. Ils n’avaient pas leurs entrées au Ministère, les jumeaux faisaient partie d’une famille d’emblée suspecte aux yeux du régime et lui avait déjà du mal à gagner de quoi manger chaque jour. Avec de tels handicaps, il ne leur paraissait pas possible de faire quelque chose de réellement utile. Mais Lee connaissait trop bien les jumeaux pour savoir qu’impossible ne faisait pas partie de leur vocabulaire. A peine quelques jours plus tard, une partie des bénéfices qu’ils réalisaient à la boutique disparaissait mystérieusement dans les poches de quelques sorciers, à l’arrière de la boutique. Des Nés-Moldus recherchés.

Mais lui n’avait ni les moyens des jumeaux, ni leur ingéniosité. Oh, il les avait souvent aidés dans leurs blagues et leurs expéditions nocturnes, il leur avait soufflé plus d’une idée pour la boutique, mais il savait bien qu’il ne leur arrivait pas à la cheville dans le domaine de l’originalité, de l’inventivité. Ou du moins, il le croyait.

Sa famille était sorcière, il ne s’inquiétait pas pour cela. Mais il y avait cette cousine un peu éloignée, qui était Cracmol. Il savait qu’elle ne quittait jamais la maison et étudiait par correspondance, autrement dit qu’elle ne risquait pas grand-chose : encore aurait-il fallu que les Mangemorts aient connaissance de son existence. Mais il se dit, sans trop savoir pourquoi, qu’elle aurait peut-être quelque chose à lui apprendre, quelque chose qu’elle aurait appris dans les livres Moldus. Après tout, si Voldemort et ses sbires méprisaient les Moldus, ce n’était pas son cas à lui.

Il ne s’était pas trompé. Elle lui avait longuement parlé, lorsqu’il lui avait décrit ce qu’il recherchait, un peu maladroitement. Il n’était pas certain d’avoir tout compris, mais il avait retenu l’essentiel. Et désormais, il savait ce qu’il allait faire. Des années plus tôt, un Français (il faudrait qu’il le dise à Fleur, plus tard, même si elle était mariée il avait toujours un faible pour elle) avait ainsi redonné espoir à tout un peuple. Cela avait pris du temps, apparemment, mais il avait gagné finalement. C’était un bon présage, même si Lee n’était pas superstitieux, ou pas trop. Mais un bon présage, un peu d’espoir, ça ne fait jamais de mal en temps de guerre.

Il allait créer un nouveau Radio Londres.

Au début, il ne leur en avait pas parlé, aux jumeaux. Il pensait même que c’était un peu bête, son idée, que ça ne marcherait pas, qu’il n’arriverait jamais à animer une émission de radio tout seul et encore moins à faire suffisamment d’audiences. Mais il n’avait pas pu s’empêcher de leur en parler, finalement. Parce que pour une fois, c’était lui qui avait une idée, même si elle n’était pas formidable et n’aboutirait jamais.

- Donc, tu veux faire une radio comme lui, c’est ça ? avait demandé George après les explications de Lee.

- C’est ça.

- N’empêche, faudra dire à Ron que le football n’est pas si méprisable. Si c’est un goal qui a fait gagner la guerre, ça montre bien qu’ils font des choses bien même s’ils ne volent pas !

- C’est pas un goal, c’est de Gaulle, c’est son nom de famille, abruti.

- C’est bizarre. Tu connais des gens qui s’appellent Souaffle toi ?

- Ça ne s’écrit pas pa… laisse tomber, on s’en fout un peu de toute façon. L’important c’est : vous en pensez quoi ?

Les jumeaux échangèrent alors un regard que Lee connaissait bien. Une petite lueur y brillait, comme lorsqu’ils s’apprêtaient à faire une farce. Mais leur sourire en coin était plus visible encore.

- Elle est géniale ton idée Lee !

- Sérieux ? Mais vous avez une idée de la façon dont on va monter ça ?

- Ça ne doit pas être bien compliqué, le goal a réussi sans la magie !

- Et si personne ne nous écoute ?

- On touchera forcément des gens.

- Mais si c’est seulement quelques sorciers ?

- Ça vaut toujours mieux que pas de sorcier du tout.

Lee avait encore protesté quelques secondes, pour la forme, et aussi parce qu’il n’en revenait toujours pas d’avoir pu souffler aux jumeaux une telle idée. Lui qui depuis la sortie de Poudlard peinait à trouver un emploi stable et ne rédigeait que de petits articles de presse occasionnellement, voilà qu’il allait devenir un résistant. Et mieux encore, le chef de la première et unique radio clandestine.

Après cela, les choses étaient allées très vite. Lee s’était vite rendu compte qu’il n’était effectivement pas difficile de mettre en place une radio. Ce qui lui avait posé plus de problèmes était de trouver suffisamment d’intervenants et de sujets pour tenir une émission entière. Kingsley lui avait soufflé l’idée du mot de passe pour sécuriser au maximum, mais Lee avait objecté qu’au début, il faudrait que les gens puissent écouter sans mot de passe. C’était un risque à prendre, et il était prêt à le faire. D’ailleurs, il veillerait à ne faire intervenir qu’un nombre très réduit de personnes tant que leur radio ne serait pas dissimulée.

Lee avait longtemps rêvé d’être un journaliste, sans jamais avoir la sensation d’en être un depuis la fin de sa scolarité. Mais lorsque les premiers échos sur son émission lui parvinrent, et lorsque quelqu’un lui envoya même un message parlant de « Radio Potter », qui donna plus tard naissance à Potterveille, il sut qu’il avait enfin réussi à faire quelque chose d’utile : réunir tous les résistants du pays qui s’étaient cru isolés.

 

Montez de la mine, descendez des collines, camarade !

End Notes:
Merci d'avoir lu !

J'espère que vous avez apprécié, c'est le premier chapitre sur ce ton là et ce sera probablement l'un des seuls. Dîtes-moi ce que vous en avez pensé ! :)
Cho Chang by Bloo
Author's Notes:
Lalilalaaaaaaa... non mais qu'est-ce que c'est que ces tomates ?

Plus sérieusement, je sais que je suis sérieusement en retard dans cette histoire (mais ce n'est pas la seule, même si ok c'est pas vraiment une excuse en fait, même pas du tout...), mais maintenant que j'ai pratiquement fini (à quatre drabbles près !) mes cadeaux de Noël, je devrais avoir plus de temps à y consacrer !

Bonne lecture !

- Ça va comme ça, petite ?

- C’est très bien.

L’homme n’ajouta rien, il n’était pas bavard et elle le savait, c’était même en partie pour cela qu’elle s’était attardée ici plus qu’elle ne l’aurait dû.

Tandis qu’elle avalait le liquide bouillant que l’homme avait versé dans sa tasse, Cho se dit qu’il était vraiment temps pour elle de s’en aller. La dernière fois qu’elle était restée cachée aussi longtemps au même endroit, elle s’était retrouvée avec une bande de Rafleurs aux trousses et avait bien failli gagner un aller simple pour Azkaban.

En ces temps de guerre, il ne faisait pas bon s’être ouvertement déclaré contre le régime. Cho l’avait bien appris à ses dépens.

Oh ! bien sûr, elle s’était doutée du sort qui lui serait réservé, elle avait mesuré la dangerosité de son acte. Mais cela lui avait paru être une bonne idée, un moyen de montrer à tous, en plein milieu de l’atrium du Ministère, que la Résistance existait et que des gens l’avaient choisie. Désormais, cela lui paraissait juste avoir été la pire idée de sa vie -pire encore que d’avoir fait confiance à Marietta en sixième année.

- Dans la grange, petite, dit tout à coup le fermier sur un ton parfaitement calme.

Cho acquiesça, elle connaissait la procédure. Hors de question de se mettre à hurler puis de s’enfuir précipitamment. D’un simple mouvement de baguette, elle fit disparaître son bol avant de se diriger vers le grenier, qui permettait de rejoindre la grange, sans accélérer le pas. Des bruits de course précipitée attireraient immédiatement l’attention.

Quand elle s’enfouit sous un épais tas de foin, Cho ne put cependant empêcher son cœur de battre un peu plus vite que d’habitude. Elle ne s’inquiétait pas vraiment pour elle -elle était bien dissimulée et sa baguette devrait la protéger contre des Rafleurs pas forcément très doués. Le fermier en revanche risquait gros. Il faisait partie de ces Moldus qui, ayant de la famille sorcière, étaient au courant de la situation catastrophique dans le monde sorcier et avaient mis à disposition leur maison pour tous les fugitifs. Seulement, pour les Rafleurs, il n’était jamais qu’un Moldu et ceux-ci pouvaient décider de lui ôter la vie si l’idée leur effleurait l’esprit ne serait-ce qu’un instant.

Un hurlement aigu la fit brusquement sursauter, et c’est en portant instinctivement sa main à la poche de sa veste que Cho se rendit compte qu’elle avait oublié sa baguette dans la cuisine.

- Par les glandes de Merlin ! s’exclama-t-elle tout bas.

A peine quelques instants plus tard, un nouveau hurlement vint confirmer ce à quoi elle pensait : les gens qui étaient au-dessus n’étaient probablement pas des Rafleurs. Ceux-ci ne torturaient pratiquement jamais leurs victimes et pour cause, il aurait fallu que l’idée de les interroger pour obtenir des informations leur traverse l’esprit.

- Merde, merde, merde !

Fouillant frénétiquement dans la paille à la recherche de quoi que ce soit qui aurait pu lui permettre de venir en aide à son hôte, Cho ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux et la culpabilité de lui envahir l’esprit.

Que lui était-il passé par la tête ce jour-là au Ministère ? Pourquoi n’avait-elle pas pu simplement se taire ? Certes, elle avait prononcé tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas, et peut-être même redonné une lueur d’espoir à quelques personnes. Mais à quoi servait-elle, maintenant qu’elle était une fugitive ? Elle était inutile. Pire, elle mettait en danger la vie d’autres personnes, et l’une d’elles allait probablement mourir d’ici quelques instants par sa faute. Si elle était restée au Ministère, elle aurait pu œuvrer pour la Résistance, accéder à des dossiers ou les égarer judicieusement pour épargner des innocents. En agissant comme elle l’avait fait, elle avait effectivement ajouté un nom à la liste des opposants au régime, mais elle n’avait plus rien fait d’utile depuis.

Elle avait fait preuve de la témérité des Gryffondor plutôt de mettre en pratique les qualités que sa maison lui avait pourtant inculquées.

- Avada Kedavra !

Cho ne cria pas, mais les mots lui firent comme un trou béant à la place du cœur. Et, très vite, des images qu’elle aurait préféré ne plus jamais revoir lui revinrent en mémoire.

Ce n’était pas le brave homme qu’elle imaginait gisant sur le sol de sa cuisine. C’était Cédric, le visage pâle, les yeux grand ouverts dans la mort.

- Allez, on se tire.

- Mais, nos informat…

- On s’est un peu trop amusé avec celui-ci. Ceux qui se cachaient ici ont dû avoir tout le temps de fuir.

Seules quelques bribes de conversation parvinrent encore jusqu’à Cho avant que des pas ne se fassent entendre. Les bourreaux qui avaient investi la maison s’en allait maintenant et n’y laissait que la mort. Parce qu’elle-même, elle n’était plus vraiment sûre d’être bien vivante.

Et puis ses doigts l’effleurèrent. Elle sentit le métal froid contre la paume de sa main, et elle n’eut aucun mal à deviner de quoi il pouvait bien s’agir. Il lui en avait parlé une fois, du fait qu’il cachait des armes dans sa grange. Au cas où, comme il le disait -et le fait de devoir employer le passé lui serra un peu plus le cœur. Il était mort, il était mort alors qu’il n’avait rien fait d’autre que de venir en aide à une pauvre fille comme elle, et maintenant elle avait ses meurtriers dans son champ de vision, qui repartaient vers la forêt et lui tournaient le dos. Ce serait si facile. Elle pourrait le faire, elle pourrait leur ôter la vie comme ils avaient ôté celle de son hôte, et sans même risquer de perdre la sienne.

Mais elle ne pouvait pas.

Parce qu’elle avait vu la mort un soir d’été. Parce qu’elle l’avait vue dansant dans ses yeux grands ouverts. Et parce qu’elle avait haï, de tout son être, les responsables de ce meurtre.

Elle ne pouvait pas être ceux qui l’avaient tué.

 

Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.

End Notes:
Merci d'avoir lu !

Alors, en général j'évite de trop m'étaler à la fin de mes textes mais là je veux juste revenir sur deux choses :

- Quand Cho pense qu'elle aurait mieux fait de rester au Ministère. Je ne critique SURTOUT PAS les gens qui, sous la France de Vichy pour prendre un exemple "local", ont refusé de continuer à travailler pour des services ou des administrations aux mains du régime et de sa collaboration, et je pense qu'il faut un grand courage pour oser s'afficher ainsi. Mais je dis aussi que ceux qui ont fait bon gré mal gré et sont restés, en cachant leurs opinions, ont eu leur rôle à jouer aussi et que des papiers judicieusement égaré par un fonctionnaire qui joue "double jeu" ont pu sauver la vie de personnes recherchées. C'est quelque chose que j'avais envie d'évoquer ici parce que quand on parle Résistance, on s'imagine plus souvent les actions "spectaculaires" type sabotage ou attentats, et moins les actions certes moins épiques et qui pourtant peuvent aussi sauver des vies.

- Sur Cho elle-même. Ce chapitre ressemble trop à celui sur Padma à mon goût, mais je voulais vraiment montrer que Cho, contrairement à Padma, ce n'est pas au nom de principes qu'elle ne peut se résoudre à tuer, c'est parce qu'elle est encore sacrément traumatisée par l'assassinat de Cédric. En fait, je l'imagine comme quelqu'un d'encore très mal dans sa peau et qui se laisse dominer par ses émotions. Même si je pense que d'ici à la Bataille de Poudlard, elle aura réussi à passer outre, c'est cet aspect là que j'ai voulu évoquer ici, pour éviter de ne présenter que des bons petits héros, et un peu par opposition au prochain chapitre.

Voilà, désolée pour ce blabla, donnez-moi vos avis j'ai vraiment un énooorme doute sur ce chapitre !
Katie Bell by Bloo
Author's Notes:
Je sais, ça fait très longtemps. J'ai eu la joie d'être accepté à Sciences Po, mais le plus dur était alors loin d'être fait puisque cette école, le campus de Dijon en tout cas, demande vraiment beaucoup de travail. C'est ultra intéressant, mais prenant. Heureusement, je suis en vacances et j'ai aussi fini par prendre le rythme. Je pense reprendre donc une publication un peu plus régulière.

Bonne lecture !

- Et tu te souviens, cette horrible façon dont Oliver a apostrophé Harry lors de ce match ?

- Oh oui, c’était à propos de qui déjà ?

- Cho, c’était Cho ! Il lui a carrément dit de la faire tomber de son balai s’il le fallait !

- Dire que peu après, elle et Harry ont eu une histoire…

- Oui, ça paraît loin tout ça, maintenant.

Alicia et Katie reposèrent leurs chopes respectives. Si elles avaient refusé, par fierté nationale, de l’admettre devant Seamus, elles devaient reconnaître que les bières irlandaises se défendaient plutôt bien elles aussi. A peine le jeune homme était-il reparti chez lui, ses parents voulant profiter de sa présence pour les fêtes, qu’elles s’étaient empressées de commander deux nouvelles chopes.

C’était autant un moyen de profiter du faible coût des bières chez les Moldus que d’oublier que pour elles, Noël ne se célèbrerait pas en famille cette année-là.

- Je reviens, dit Katie avoir vidé sa quatrième chope. J’ai besoin de prendre l’air deux minutes.

- Tu m’excuseras mais je préfère t’attendre là. Il fait un froid de canard dehors.

Katie haussa les épaules. Elle savait qu’Alicia en avait vu d’autres depuis qu’elle avait dû prendre la fuite, mais pour une fois qu’elle était et en sécurité, et à l’abri du froid, elle préférait en profiter.

Les choses n’étaient pas aussi compliquées pour Katie. Son grand-oncle habitait en Irlande, c’était d’ailleurs ainsi qu’elle avait pu contacter Seamus pour avoir des renseignements précis sur ce qui se passait à Poudlard. Elle ne dormait presque jamais chez lui, une consigne de sécurité élémentaire qu’on lui avait enseigné et ce même s’ils n’étaient pas ici en Angleterre, mais il avait tout un réseau d’amis qu’il mettait à contribution pour loger sa nièce. Il refusait en revanche catégoriquement d’en faire de même pour Alicia. C’était trop dangereux, Alicia était officiellement recherchée au contraire de Katie et puis, son grand-oncle n’était pas particulièrement engagé dans la guerre. S’il aidait Katie, c’était davantage par sens de la famille qu’au nom de quelconques idéaux. C’était bon pour les jeunes, les idéaux, qu’il disait. Lui passait son tour pour cette fois-là.

Katie prit une profonde inspiration. La neige ne tombait plus, ce n’était pas comme tout à l’heure lorsqu’elle les avait surpris, Alicia, Seamus et elle. Mais l’air était plus glacé encore que quelques heures auparavant et il lui sembla qu’une tonne de fumée blanche s’échappait de ses lèvres lorsqu’elle souffla doucement.

Demain, à défaut de passer Noël dans sa famille, Katie allait arpenter le pays ou du moins autant de régions qu’elle le pourrait afin de jeter des sortilèges de protection sur les maisons Moldues. D’après l’Ordre, ou du moins ce qu’il en restait, les Mangemorts prévoiraient une attaque pour le réveillon, les Moldus étant particulièrement vulnérables à ce moment. Des rumeurs circulaient en tout cas au Ministère et même si rien ne devait finalement arriver, protéger les maisons Moldues ne serait pas vain. Sans qu’il n’y ait régulièrement d’attaques de grandes ampleurs, les disparations inquiétantes augmentant chez ceux-ci et tout un roulement avait été mis en place par l’Ordre pour protéger le plus de maisons possibles. Depuis des mois, Katie parcourait son pays, découvrant des contrées dont elle n’avait jamais soupçonné l’existence. Cela n’avait rien d’une partie de plaisir, surtout connaissant la raison pour laquelle elle voyageait ainsi, mais Katie s’imaginait que c’en était un, de voyage. Elle ne disait pas « Je traverse le pays », mais « J’explore le pays ». Comme si c’était volontaire, comme si elle en aurait fait de même sans Voldemort.

- Excusez-moi.

La voix était rauque. Katie se retourna, son regard sombre se planta dans les yeux plus sombres encore de son interlocuteur. A vue d’œil, elle lui donnait une cinquantaine d’années. Un homme, à peine plus grand qu’elle mais beaucoup plus large.

Katie se souvenait, lorsqu’elle voulait devenir Auror. Elle savait qu’il lui faudrait apprendre à décrire une personne au premier coup d’œil et pensait n’en être jamais capable. C’était au moins une chose que la résistance lui avait appris. Peut-être pourrait-elle finalement postuler au bureau des Aurors, si tout cela se terminait un jour.

- Vous avez du feu ?

La voix était trop rauque. Katie l’avait déjà entendue quelque part, elle en était certaine. Et cela ne lui rappelait pas vraiment de bons souvenirs.

L’inconnu esquissa un geste, tendit sa main vers elle. Katie se bénit alors d’avoir emporté sa baguette avec elle puisque l’instant d’après, il lui jetait un sortilège.

- Stupéfix ! s’exclama-t-elle.

Le sort manqua sa cible, l’homme se déplaçait vite malgré son imposante carrure. Elle était presque certaine de reconnaître en lui le Rafleur qui avait failli attraper Alicia quelques semaines auparavant. C’était elle déjà qui l’avait maîtrisé, son amie ayant pensé à lui envoyer un Patronus. Elle pensait alors qu’il n’avait pas eu le temps de voir son visage et qu’elle n’était pas recherchée comme l’était Alicia.

Apparemment, elle s’était trompée.

Un nouveau sort la frôla de peu et un éclat de lumière verte se fracassa contre un des murs de l’auberge. Le Rafleur poussa un juron et Katie profita de sa brève inattention pour le désarmer. Elle s’apprêtait à le pétrifier lorsque, sans baguette, il se jeta violemment sur elle, la faisant tomber à terre. Avec horreur, elle réalisa qu’il tenait un couteau dans ses mains et que la lame se rapprochait dangereusement de son cœur.

L’espace d’une seconde, elle se remémora sa conversation sur Olivier avec Alicia. Olivier qui les faisait tant travailler, Olivier qu’elle bénissait maintenant qu’à la seule force de ses bras, elle réussissait à repousser le Rafleur. Animée d’un fol instinct de survie, elle retourna la lame et c’est dans le ventre de son adversaire qu’elle se planta.

Alors Katie réalisa.

Le sang sur ses mains.

Sur son chemisier blanc.

Sur les mains de l’homme qui tremblaient encore.

Elle avait tué un homme.

C’était la première fois.

 

Ohé, les tueurs, à la balle et au couteau, tuez vite !

End Notes:
Merci d'avoir lu !

Ici je n'ai pas voulu m'intéresser aux conséquences de l'acte, ça risquait de trop se répéter avec les chapitres de Padma et Cho. C'est davantage ce qui peut pousser à commettre ce genre d'acte.

C'est aussi un peu plus léger comme chapitre (bon, seulement au début certes !) pour trancher un peu d'avec les précédents.

J'espère que vous avez apprécié en tout cas, n'hésitez pas à me laisser vos impressions ! :)
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