1er septembre 1971 - Quai 9 3/4 -11h
« Et n’oublie pas de nous écrire. »
Lily hocha vivement la tête en se serrant une dernière fois contre son père. Puis, avec un sourire triste pour sa mère, elle ramassa sa petite valise verte et se précipita vers la locomotive rouge. Le sifflement strident du contrôleur la fit sursauter.
Les enfants et les adolescents montèrent dans le train et peu à peu, le quai se vida, laissant apparaitre les petites soeurs et les petits frères, les parents et la famille, la main tendue, parfois les yeux embués. Lily essuya une larme qui coulait doucement le long de sa joue. Elle s’arrêta devant l’une des portières et se retourna vers sa famille. Sa mère, qui essayait de sourire à travers ses pleurs. Son père, le visage rayonnant. Sa soeur. Qui ne la regardait même pas. Lily retint à grand peine un sanglot et se détourna du visage de Tunie, fixé avec dégout sur une petite fille et son chat noir.
« Tu veux de l’aide ? »
Lily tourna vivement la tête vers la personne qui lui parlait. Plus grand qu’elle, les cheveux bruns plus longs que ceux de la plupart des garçons, il affichait un petit sourire, la main posé sur une immense valise noire. Lily hocha la tête en essayant de cacher ses larmes.
« Merci, souffla-t-elle tandis qu’il hissait son bagage à l’intérieur.
- Pas de quoi. »
Et en clin d’oeil, il fut partit. Lily resta un instant à observer l’endroit où il avait disparut, les sourcils froncés. Elle l’avait remarqué sur le quai, un peu plus tôt. C’était sa mère qui avait attirée son attention, avec son immense robe noire, son grand chapeau et ses talons qui claquaient sèchement contre le sol de pierre. Lily préférait largement les jolies robes à fleur de sa mère, et ses cheveux qui tombaient gracieusement sur ses épaules, pas comme ceux serrés en une coiffure complexe de cette femme.
Avec un soupir, la petite attrapa sa valise par sa poignée et la tira machinalement le long des compartiments. Elle n’arrivait pas à s’enlever de la tête le visage crispé et l’air horrifié de sa soeur. Elle ne pouvait pas oublier les paroles, amères et méchantes, qu’elle lui avait jetées au visage.
« Une école spéciale pour les monstres. Heureusement qu’on vous sépare des gens normaux. Monstres ! »Lily laissa échapper un sanglot et plaqua une main contre sa bouche. Les yeux embués, elle ouvrit au hasard l’une des portes vitrées.
Quatre visages se tournèrent vers elle, et elle rougit.
« Je… Je peux… »
L’un des garçons hocha la tête et elle le remercia rapidement. Elle eu tout juste le temps d’apercevoir ses lunettes rondes et ses cheveux en bataille, avant de se laisser tomber le plus loin possible, près de la fenêtre.
« Ça ne va pas ? »
Lily adressa un semblant de sourire au garçon qui lui avait parlé. Il avait des cheveux blonds cendrés et un air inquiet sur le visage. En face de lui, elle reconnut celui qui l’avait aidé à monter sa valise dans le train.
« Ça va. »
Puis elle tourna son visage ruisselant vers la vitre, et les jeunes garçons ne s’intéressèrent plus à elle.
***Doucement, le train s’ébranla. Avec un grand sourire, James jeta un regard au paysage qui commençait à défiler au dehors. Il partait pour Poudlard. Enfin ! Il n’arrivait pas à croire que dans quelques heures, il serait dans le château, pour de vrai, et pas dans un de ses nombreux rêves. Sa vie commençait maintenant.
« Il vaut mieux être à Serpentard. »James détourna vivement la tête pour fixer son regard sur la personne qui venait de prononcer ces mots absurdes. Il ne l’avait pas vu entrer. Petit, maigre, des cheveux gras qui lui pendaient sur les épaules et des cernes sous les yeux, il n’avait vraiment pas bonne mine.
« Serpentard ? » Répéta-t-il.
Dans un même mouvement, le garçon et la fille qui était entré en pleurant tournèrent la tête vers lui. Ses yeux étaient encore rouges, mais ses joues étaient sèches.
« Qui a envie d’être un Serpentard ? Moi, je préférerais quitter l’école, pas toi ? »James se tourna vers Sirius et fut surprit de constater que celui-ci ne souriait plus.
« Toute ma famille était à Serpentard.
- Nom de nom ! Et moi qui croyais que tu étais quelqu’un de bien !
- Peut-être que je ferai une entorse à la tradition. Où veux-tu être, si tu as le choix ? »Avec un sourire fier, James fit mine de soulever une épée invisible.
« Si vous allez à Gryffondor, vous rejoindrez les courageux ! Comme mon père. »Le garçon aux cheveux gras émit un petit bruit désagréable, et James se tourna vers lui.
« Ça te pose un problème ?
- Non. Si tu préfères le biceps à l’intellect…
- Et toi, où compte tu aller, étant donné que tu n’as ni l’un ni l’autre ? » Intervint Sirius d’un ton méprisant.
James éclata de rire en regardant la fillette se lever d’un bond, apparemment furieuse.
« Viens, Severus, on va changer de compartiment.
- Oooooooh… »James tendit une jambe en avant pour faire tomber le garçon, mais il évita habilement le piège et sortit sans se retourner.
« A bientôt, Servilus ! » Lança Sirius d’une voix amusée.
James rit à nouveau et se laissa tomber en arrière sur la banquette. Une tâche de couleur attira son regard. La fillette avait oublié sa petite valise verte.
« Comme ses yeux », remarqua-t-il.
Il espéra qu’elle repasserait avec Servilus, qu’ils puissent rire un peu. Elle lui avait parut plutôt sympa, quand elle était arrivée, mais elle n’était pas assez marrante à son goût.
En tous cas, une chose était sûre. Malgré ses ancêtres vert et argent, Sirius était définitivement quelqu’un de bien.