Les Secrets du passé by Chrisjedusor
Summary:

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Image Warner Bros, HP2 et Photoshoot Emmy Rossum ( Manathan magazine)

« Vous connaissez tous sur le bout des doigts l'histoire d'Harry Potter.

Vous connaissez celle de Lord Voldemort et de sa montée fulgurante au pouvoir.

Oubliez tout cela car en vérité rien de tout cela ne s'est passé de la façon dont ces livres moldus dépeignent le monde des sorciers. Vous voulez la vraie version des faits ? Alors vous allez être surpris de savoir à quel point on vous a menti.
De un Tom Riddle n'a jamais été seul à l'orphelinat.

De deux on a tout fait pour le dépeindre uniquement comme un monstre.

De trois des Prophéties bien plus anciennes ont été désignées afin de stabiliser le bien et le mal.

De quatre ajoutez à l'équation de nombreuses personnes qui ont eut leur rôle durant la grande Guerre.

Oh oui... les journalistes ont tout simplement menti afin de mieux faire passer les atrocités de notre dernière Guerre .

Croyez-moi j'en ai été la première concernée.

Je suis Amélia Phelps Riddle et je rassemble actuellement dans un livre bibliographique un ensemble d'événements vécus et ou appris par des concours de circonstances.. des faits que j'appellerais aujourd'hui les nombreux secrets du passé, de mon passé. » 

Publication à mon rythme


Categories: Durant Poudlard, Univers Alternatifs, Epoque de Harry Characters: Harry Potter, Personnage original (OC), Tom Jedusor/Voldemort
Genres: Angoisse/Suspense, Aventure/Action
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: L'univers Alternatif : Les secrets du passé
Chapters: 47 Completed: Non Word count: 274144 Read: 10895 Published: 16/09/2019 Updated: 09/12/2023
Story Notes:

Cette fanfiction fait partie d' un univers totalement alternatif qui est composé de plusieurs histoires. 37 chapitres sont déja écrit, sans compter les os complémentaires, et est postée sur d'autres plateformes.

Celle-ci étant la principale, j'espère que vous l'apprécierez, bonne lecture, Chris

1. Prologue : Les Secrets du passé by Chrisjedusor

2. chapitre 1 Partie 1 : Un été en pente douce by Chrisjedusor

3. Chapitre 1 partie 2 : Un été en pente douce by Chrisjedusor

4. Chapitre 2 : Une matinée inoubliable by Chrisjedusor

5. Chapitre 3 : Saint-Mangouste by Chrisjedusor

6. Chapitre 4 : La Prophétie by Chrisjedusor

7. Chapitre 5 : Le Chemin de Traverse by Chrisjedusor

8. Chapitre 6:La marque des Ténèbres by Chrisjedusor

9. Chapitre 7: Poudlard Express by Chrisjedusor

10. chapitre 8 : Poudlard by Chrisjedusor

11. Chapitre 9 : un banquet prévenant by Chrisjedusor

12. Chapitre 10: Une entrevue houleuse by Chrisjedusor

13. Chapitre 11 : Une rentrée mouvementée by Chrisjedusor

14. Chapitre 12 : Les Cours à Poudlard by Chrisjedusor

15. Chapitre 13 : Les souvenirs by Chrisjedusor

16. Chapitre 14 : Pranking time by Chrisjedusor

17. Chapitre 15 : Duel de Quidditch entre ennemis by Chrisjedusor

18. Chapitre 16 : Décadence et excuses by Chrisjedusor

19. Chapitre 17: Une audience disciplinaire haute en couleur partie 1/2 by Chrisjedusor

20. Chapitre 17: Une audience disciplinaire haute en couleur partie 2/2 by Chrisjedusor

21. Chapitre 18 : Vérités ( 1/3) by Chrisjedusor

22. Chapitre 18 vérités (2/3) by Chrisjedusor

23. Chapitre 18 vérités (3/3) by Chrisjedusor

24. Chapitre 19 :Désolation et incompréhension by Chrisjedusor

25. Chapitre 20 : Vision mortelle by Chrisjedusor

26. Chapitre 21 : Oubliette by Chrisjedusor

27. Chapitre 22 : Esprits brumeux et horcruxes by Chrisjedusor

28. Chapitre 23: La priorité absolue (1/2) by Chrisjedusor

29. Chapitre 23: La priorité absolue (2/2) by Chrisjedusor

30. Chapitre 24 : Des retrouvailles glaciales by Chrisjedusor

31. Chapitre 25 : Un rêve étrange by Chrisjedusor

32. Chapitre 26 : Conflits intérieurs by Chrisjedusor

33. Chapitre 27: Une adolescente bornée by Chrisjedusor

34. Chapitre 28: Le courage d'une Moldue by Chrisjedusor

35. Chapitre 29 : Une sortie Sulfureuse à Pré-au-lard partie 1/2 by Chrisjedusor

36. Chapitre 29 : Une sortie Sulfureuse à Pré-au-lard partie 2/2 by Chrisjedusor

37. Chapitre 30: Kidnappée by Chrisjedusor

38. Chapitre 31: Entre la vie et la mort by Chrisjedusor

39. Chapitre 32: Le début des vacances de L'Enfer ou Réunion de famille partie 1/2 by Chrisjedusor

40. Chapitre 32: Le début des vacances de L'Enfer ou Réunion de famille partie 2/2 by Chrisjedusor

41. Chapitre 33 : Face à face partie 1/2 by Chrisjedusor

42. Chapitre 33 : Face à face partie 2/2 by Chrisjedusor

43. Chapitre 34: Dépit by Chrisjedusor

44. Chapitre 35 : une mission de sauvetage ....sanglante. by Chrisjedusor

45. Chapitre 36 : L'irrespect de l'enfant rebelle by Chrisjedusor

46. Chapitre 37 : L'horcruxe indésiré by Chrisjedusor

47. Chapitre 38 : La deuxième élue by Chrisjedusor

Prologue : Les Secrets du passé by Chrisjedusor

- Avada Kedavra !


Les dix dernières secondes qui avaient suivi ces paroles annonciatrices de malheur se déroulèrent dans une atmosphère des plus sulfureuses. Au ralenti, l'adolescente blessée s'était retournée brusquement vers le jet de couleur émeraude qui se dirigeait trop rapidement vers son destinataire, le percutant en pleine poitrine.


Positionnée au-dessus de la balustrade, elle se figea brusquement d'horreur, les yeux imbibés par l'image effroyable que ses deux rétines venaient d'enregistrer, elle fixa la victime paralysée d'effroi. Le regard de l'homme s'était figé sous la surprise, le sourire moqueur qu'il abordait précédemment face à son adversaire ne s'était d'ailleurs pas totalement effacé. Son corps glissa doucereusement vers l'arcade de pierre présente derrière lui, et l'étrange voile qui la recouvrait ne bougea que sur le coup de son passage.


L'enfant, dont la gorge était maintenant sèche et brûlante, ne vit même pas le sortilège bleu électrique qui frôla son oreille, trop occupée à regarder l'endroit où l'homme venait de disparaître. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front alors que ses membres refusaient toujours de la faire bouger, ses yeux restèrent écarquillés un long moment là où l'adulte venait de recevoir un ultime sortilège. Impossible, songea-t-elle alors que son cerveau refusait d'enregistrer l'information. Les détonations des sortilèges lui paraissaient loin, trop loin, tel un rêve dont on ne pouvait se réveiller.


Des hurlements. Un cri de rage. Elle vit son ami d'enfance, se trouvant à quelques mètres du lieu du crime et maintenu par un autre individu d'une poigne puissante, qui tentait de se débattre sans succès apparent. Avec un rire strident, moqueur, la tortionnaire chantonna des paroles qui permirent à l'enfant de sortir de sa léthargie.


- J'ai tué Sirius Black, j'ai tué Sirius Black !


Elle vit la femme se frayer un chemin vers la sortie. Rapidement, elle commença à courir en direction de cette dernière, tenant d'une poigne ferme sa baguette avec la soudaine intention de la neutraliser. Elle envoya valser un Mangemort qui avait tenté de lui barrer le chemin ; ce dernier tomba par-dessus la rambarde où elle se trouvait après qu'elle eut lancé un Stupéfix bien placé.


- J'ai tué Sirius Black, j'ai tué Sirius Black !


La Mangemort jeta un œil par-dessus son épaule, et un sourire narquois étira sa bouche à la vue de l'enfant qu'elle avait blessé quelques minutes plus tôt - probablement bien touché à l'estomac lors du duel qui avait précédé, au vu de la couleur rougeâtre qui imbibait son pull - alors que cette dernière la poursuivait courageusement dans une course effrénée tout en évitant de nombreux sortilèges qui lui étaient destinés.


- J'ai tué Sirius Black, j'ai tué Sirius Black !

Une sensation de fureur traversa le corps entier de l'enfant, recouvrant même la souffrance que son estomac lui procurait depuis que l'adulte devant elle l'avait grièvement blessée avec l'aide de deux de ses collègues. Et moi je vais te tuer, Lestrange ! Songea la jeune fille alors qu'une lueur écarlate s'emparait de ses yeux, habituellement si rieurs, à cette pensée malsaine.


- Amélia ! AMÉLIA, NON !
- Qu'est-ce que tu fabriques, EMMY ? REVIENS !


Deux voix. Andrew et Hermione. Les deux seules personnes qui arrivaient toujours à relativiser les situations les plus désespérantes, ils avaient tenté de calmer le jeu depuis leur arrivée au Département des Mystères. Depuis l'écoute de cette Prophétie qui l'avait complètement brisée moralement. Elle aurait pu les écouter, elle aurait pu arrêter cette course-poursuite et rejoindre le reste de ses amis maintenant protégés par les Aurors, seulement, cette femme venait non seulement de tuer le parrain de son meilleur ami, mais en plus elle aurait également pu mettre fin à sa vie quelques minutes auparavant en la blessant comme elle l'avait fait. Non, Amélia ne pouvait laisser passer cela.


L'adrénaline qui parcourait vigoureusement sa chair la déconnecta de la réalité, son esprit était embrouillé par une multitude de sentiments contradictoires alors que ses yeux étaient rivés sur la chevelure noire et emmêlée de Bellatrix. Celle-ci traversa l'embrasure d'une porte que l'enfant n'atteignit jamais. Elle avait bien commencé à lever sa baguette en tentant désespérément de cibler du mieux qu'elle le pouvait, malgré la distance qui la séparait encore de la Mangemort, mais après avoir enjambé des Mangemorts ligotés auprès de cette fameuse arcade, un homme l'attrapa fermement et la colla contre lui.


À la vue de l'individu, la lueur écarlate qui s'était installée dans ses yeux se fit plus pétillante. Menteur. Manipulateur. Seuls ces mots résonnaient dans l'esprit de l'enfant. La Prophétie qu'ils avaient récupéré bourdonnait encore distinctement dans ses oreilles, son cœur se serra douloureusement, elle se sentait trahie et très en colère.


- Vous ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Menteur ! Manipulateur ! cria Amélia.


Avec une force qui la dépassait, certainement due à l'adrénaline, elle réussit à se défaire de l'étreinte qu'exerçait l'adulte sur sa personne. Maintenant à une distance raisonnable, elle tourna son regard vers l'homme d'âge mur, affublé d'yeux bleus derrière des lunettes en demi-lune, qui la fixait, affligé, et les yeux brillants de larmes.


- Est-ce vrai ? Cette Prophétie, est-ce vrai ? chuchota une première fois Amélia, incertaine.


Le vieil homme à la longue barbe blanche continua de la regarder avec tristesse, ce qui eut pour effet d'accentuer la fureur de l'adolescente. D'un geste brusque, elle pointa sa baguette droit sur la poitrine de l'adulte qui portait une robe de sorcier de couleur pourpre. D'un geste tremblant, elle chancela, la douleur qui provenait de sa blessure enflammait maintenant tout son buste. Cette soirée était un horrible cauchemar qui allait rapidement se terminer, elle se réveillerait dans son dortoir à Poudlard et tout irait pour le mieux ! songea l'enfant déboussolée.


- Baisse ta baguette, Amélia ! Tu ne veux blesser personne. Tu es en colère et je le comprends, nous en reparlerons, mais pour l'instant tu es grièvement blessée et il faut t'emmener à Saint-Mangouste. Le sortilège que tu as reçu semble s'attaquer tout doucement à tes organes vitaux, laisse les Aurors s'occuper de toi.

-  Je m'en fiche d'être blessée ! cracha-t-elle à nouveau. Maintenant.... RÉPONDEZ-MOI ! EST-CE VRAI ? ET CESSEZ DE ME REGARDER AVEC CET AIR DE PITIÉ !

Elle ne sentait pas la douleur telle qu'elle aurait du certainement la sentir... et c'était vrai, l'adrénaline du moment devait sans doute camoufler ce qui était pourtant en train de la faire saigner, un enchantement, douloureux sur le moment, qu'avait prononcé Bellatrix. Dévor... Dévar... Dévorium ? Certainement un puissant sortilège de magie noir qui devait être traité rapidement, mais comment le vieil homme pouvait-il être déjà au courant de ce qui l'avait frappée ? Il venait d'arriver de nulle part, songea Amélia, malgré tout confuse.


- Je ne me répéterai pas, Amélia, baisse cette baguette !

- JE VEUX DES RÉPONSES ! hurla-t-elle, furieuse, en guise de réplique.

Une veine palpita soudainement sous sa tempe alors que l'envie meurtrière qu'elle éprouvait se décuplait. La respiration saccadée, elle s'apprêtait à lancer un sortilège quand quelqu'un derrière elle tenta de la désarmer. Rapidement, avant qu'elle ne puisse voir qui était l'auteur de cette traîtrise, Albus Dumbledore profita de ce moment de confusion pour la désarmer lui-même. Sa baguette retomba quelques mètres plus loin dans un éclat sonore.


- Dumbledore, Dumbledore ! ricana une voix forte. Par Merlin, qu'as-tu fais espèce de vieux fou ? Comment as-tu osé ? Quand les maîtres apprendront ça ! Donne-lui ses réponses, je suis sûr que sa réaction risquerait d'être intéressante... Enfin... (la personne s'arrêta en fronçant les sourcils) il est vrai que Bellatrix ne t'as pas raté ! remarqua soudainement l'adulte en analysant le sang sur les vêtements de l'enfant. Tue-le ma chérie, il te ment, il te manipule, tu n'es...


Amélia, qui se retrouvait sans arme, fixait maintenant l'endroit où se retrouvaient pratiquement tous les Mangemorts présents, attachés à des fils invisibles. En effet, les détonations étaient moins présentes, et la confrontation prenait fin. Cependant, une femme se délectait de la situation. Un air fou était plaqué sur son visage, et elle analysait l'enfant sous tous les angles, vivement intéressée par cette jeune personne qui avait tenté une demi-heure plus tôt de l'amadouer pour que son petit groupe d'amis puisse s'enfuir de la Salle des Prophéties. Les autres Mangemorts se demandaient certainement ce que Doréa Clanders, bras droit de Lady Voldemort, voulait à l'enfant. Cependant, Dumbledore s'empressa de lui jeter un sortilège de mutisme qui la fit rapidement taire.


-MAIS LAISSEZ DONC PARLER CETTE FEMME PROFESSEUR ! AU MOINS, ELLE SEMBLE SAVOIR DES CHOSES ! hurla Amélia. VOUS NE...


Trop occupée à déverser sa colère, elle ne vit de nouveau pas les deux sortilèges qui la frappèrent de plein fouet de plusieurs côtés. Ses membres se collèrent contre elle tels de la glu avant qu'elle ne soit pétrifiée sur place et ne tombe à la renverse. Elle se retrouva donc incapable du moindre mouvement, ne sachant plus bouger ni ses jambes ni ses bras. Elle se contenta de regarder son directeur qui venait de se placer à sa hauteur alors que de ses yeux bleus coulait une larme qui traversa sa longue barbe argentée.


- Je suis désolé, Amélia, mais au vu de l'état de colère où tu es, il était préférable que l'on te pétrifie. Nous en reparlerons une fois que tu seras remise sur pied, sache juste que je suis sincèrement désolé. Je vais devoir poursuivre Harry, il semble qu'il est pu fuir ce cher Remus et poursuivre Bellatrix à ta place, soupira Dumbledore. L'un comme l'autre, trop impulsifs, murmura-t-il pour lui-même.


Des Aurors, dont Tonks, étaient arrivés pour la prendre en charge. Maintenant qu'elle était immobilisée, elle pouvait sentir une violente douleur s'abattre sur son estomac.

Elle s'en fichait, cette journée était la pire de toute son existence.

chapitre 1 Partie 1 : Un été en pente douce by Chrisjedusor
Author's Notes:

Merci pour vos lectures, voici la première partie du chapitre 1.

 

17 Privet Drive,  juillet 1996


La pluie tombait au-dessus du ciel anglais en cet après-midi d'été. Le temps maussade qui s'était installé sur le pays depuis le début du mois de juillet ne semblait vouloir s'améliorer. Le météorologue avait  annoncé, le jour précédent, des possibles orages qui traverseraient probablement encore le pays ; ce qui n'arrangeait pas les enfants en vacances scolaires qui se languissaient de sortir de chez eux. Dans une chambre d'une des maisons bien alignées de Privet Drive, une adolescente était assoupie, assise sur une chaise, la tête posée de travers sur un bureau de travail. Ce dernier était éclairé par une petite lampe éclaircissant le meuble encombré d'objets différents ; dont certains auraient pu rendre dubitative la plus sceptique des personnes. 

L'adolescente tenait dans l'une de ses mains une plume qui tanguait dangereusement vers le sol ; l'encrier présent sur le bureau qui heureusement était presque vide - était d'ailleurs tombé à la renverse ; salissant le parchemin que l'enfant avait commencé avant de s'endormir . Dans son sommeil, elle avait retourné son visage, plaquant ainsi sa joue sur l'encre encore fraîche du document.

La pièce aurait pu être qualifiée d'une chambre d'adolescente de tout ce qui avait des plus ordinaires. Cependant, en jetant un coup d'œil rapide, on pouvait rapidement se rendre compte que les posters ornant les murs tapissés d'un brun marron étaient des plus étranges. En effet, chose anormale, les caractères représentés sur les images semblaient bouger d'une conscience qui leur était propre. Des individus volaient sur des balais- apparemment dénommés les Faucons de Falmouth- d'après l'un des posters où le nom de l'équipe éclaboussait des nuages de feu de par leurs lettres-. Un groupe de chanteurs appelé les bizzar'sisters se mouvait également d'une image à l'autre comme si cela était la chose la plus naturelle au monde.

De multiples parchemins, des bouquins aux noms curieux tels que sortilèges et contre-sort niveau cinq ou encore les dragons de Roumanie étaient négligemment ouverts sur son plan de travail. Un paquet de bonbons à moitié entamé de dragées de Bertie crochue - d'après le nom inscrit sur l'emballage - était composé de multiples dragées de couleurs différentes.

La seule chose régulière était sa garde-robe positionnée sur sa droite, juste à côté de sa porte d'entrée, et le petit lit d'une personne présent derrière elle... mais même la grosse couette de couleur rouge pale variant même sur l'orange qui faisait office de garniture n'était pas dans les normes, car un grand Faucon entouré d'une couronne de feu déployait fièrement -dans tous les sens du terme - ses ailes.

L'enfant gémit dans son sommeil au moment où un éclair zébra le ciel éclairant la chambre d'une brève lueur, et ce malgré les rideaux de velours pourtant refermés sur la petite fenêtre qui ne la réveilla pas pour autant. Ce qui ne fut pas le cas de l'animal - un hibou aux yeux bleus et aux plumages noirs - présent dans une petite cage positionnée sur un petit meuble en hauteur à côté de la fenêtre qui hulula de mécontentement avant de picorer quelques graines au fond de sa cage.

Une femme entrouvrit soudainement la porte, faisant ainsi brièvement craquer le bois qui la composait. Toujours habillée de ses vêtements réglementaires d'hôpitaux, Catherine Phelps née Johnson venait de rentrer du travail. D'un œil rapide, elle jaugea le capharnaüm qu'était la chambre de sa fille, résignée. Elle se rendit rapidement compte qu'un de ses pieds était posé sur un ...grimoire. Elle ne s'habituerait décidément jamais à toutes ces choses magiques entourant pourtant le quotidien de son aînée, songea-t-elle pensive.


Son regard tomba rapidement sur le corps assoupi de sa fille. Elle soupira ; Amélia tombait de fatigue et s'était certainement encore forcée à rester éveillée par crainte de faire des cauchemars. Catherine était de moins en moins rassurée par le monde des sorciers car sa fille se mettait tout le temps dans en danger depuis son entrée dans cette école de sorciers. Elle ne comptait plus le nombre de fois où son mari et elle-même avaient reçu des lettres écrites par le directeur en personne. La dernière fois lui restait d'ailleurs en travers de la gorge, ; Amélia avait dû d'urgence être prise en charge dans un hôpital sorcier Saint-mango... Saint- mangouste se rectifia-t-elle intérieurement... et elle, en bonne moldue, ne pouvait rien faire ; elle qui pratiquait pourtant la médecine ne pouvait rien faire pour son enfant mis à part être présente à ses côtés.

Elle s'approcha du petit bureau en ramassant par la même occasion des robes de sorciers enchevêtrées à terre. Ces dernières étaient positionnées un bric-à-brac à côté d'une malle posée contre le devant de son lit. Elle les reposa délicatement sur ce dernier, se souvenant qu'Amélia lui avait d'ailleurs dit qu'il lui en faudrait certainement des nouvelles cette année. Des cravates aux couleurs vertes et argents, des chemisiers, pantalons, jupes d'uniformes, capes de sorciers et des vêtements de sa garde - robe (non-sorcier) se retrouvaient mélangés au milieu de son lit. Elle avait certainement dû commencer sa valise cet après-midi, ne put s'empêcher de penser Catherine.

L'adulte ne voulait pas lui couper le sommeil. Sa fille semblait si apaisée qu'elle faillit la laisser comme cela sans prendre la peine de la faire souper. Cependant, Amélia lui aurait certainement fait la tête car Harry devait venir la chercher à la maison, au grand plaisir de la famille Dursley qui exaspérait de plus en plus Catherine au fur et à mesure des années écoulées.

Les enfants s'étaient mis en tête d'aller faire un tour en métro après le repas. Elle n'avait pu refuser, ils avaient besoin de prendre l'air tous les deux et sa fille avait eu tendance ces dernières semaines à se renfermer sur elle-même. C'était donc ravie qu'elle les envoyait faire un petit tour. Seulement, avec tout ce qui se passait, elle n'était pas rassurée pour autant. Marcus n'avait rien dit, mais il n'était pas tellement d'accord qu'ils sortent en soirée malgré le fait qu'ils soient maintenant tous deux des adolescents. D'un geste tendre, elle caressa les cheveux ébènes de son enfant ce qui la fit brièvement bouger avant de papillonner et d'entrouvrir ses deux iris fatiguées.

 -Mmmh ! grogna l'adolescente. Maman ? Tu es rentrée ?  marmonna-t-elle les yeux soudainement à moitié ouverts. Oh non ! souffla-t-elle, je me suis endormie.
-Je vois ça chérie, remarqua-t-elle avec tendresse. Cela t'a fait du bien ?

La belle brune se redressa doucement sur son siège. Les yeux toujours a mis-clos avant de s'étirer les bras endoloris à cause de la position dans laquelle elle se trouvait précédemment. Catherine haussa les sourcils, sa fille ne dormait plus énormément depuis le jour où elle avait appris son adoption et cette autre chose -dont Amélia maintenait sous silence - qui lui échappait encore complètement et semblait lui saper le moral.

 -En fait, j'ai plutôt bien dormi pour une fois, répondit Amélia, soulagée.
-J'espère que tu n'as pas encore pris une de ces potions surpuissantes qui apaise la douleur et qui a pour effet secondaire de te faire dormir à tous moments ? lança Catherine soupçonneuse, j'ai très bien écouté ce qu'ont dit tes médecins sorciers, tu ne dois la prendre qu'en cas d'extrême nécessité à partir de maintenant...
 -Maman ! soupira Amélia en passant une main dans ses cheveux ébènes. Bien sûr que non !

Catherine plissa les yeux avec méfiance vis-à-vis des dires de l'enfant. Sa fille n'en faisait qu'à sa tête avec les médicaments qu'elle devait encore prendre pour le moment, à cause de ce groupe de criminels qui avaient failli nuire à la vie de sa petite fille, il y avait un peu plus d'un mois. Elle jaugea le visage fatigué de sa fille. Amélia avait toujours eu une peau pâle, cependant Catherine y distinguait maintenant deux petites poches mauves en dessous de ses yeux si envoûtants.

Les yeux d'Amélia avaient toujours été très expressifs, d'une couleur particulière, une variance entre l'émeraude et l'azur, dont il était parfois d'ailleurs difficile de distinguer ses émotions. Mais Catherine connaissait bien Amélia et à cet instant précis, sa fille tentait le regard doux accompagné du sourire sincère qui aurait pu berner n'importe laquelle des personnes y compris son père, mais pour elle, cela signifiait simplement qu'elle tentait de lui mentir.

 -Amélia ? répéta-t-elle un peu plus durement. N'essaie même pas de me tromper en me regardant droit dans les yeux qui plus est, jeune fille. Je ne suis peut-être qu'une simple moldue, mais je n'ai pas besoin de pouvoirs magiques pour savoir quand tu essaies de me leurrer. Je suis ta mère et je te connais par cœur.

Amélia détestait le ton que sa mère employait à son égard. Au fond d'elle, elle aurait voulu répliquer que non, elle n'était pas sa mère biologique, que maintenant tout était différent depuis qu'elle avait découvert cette vérité au sein du ministère de la magie. Mais elle ne pouvait pas !  Car malgré tout, elle était sa mère, et ce, peu importe le sang qui coulait dans ses veines. Cette femme avait pris soin d'elle toute sa vie et...elle s'en voulait encore du "pétage de plomb" en plein hôpital quand elle avait accusé ses parents de lui avoir omis ce petit détail la concernant. Elle se souvenait des pleurs de sa mère et de son père. Oui, elle s'en voulait encore énormément.

 -D'accord, j'ai pris la moitié de la potion, accorda Amélia, mais Maman, j'avais vraiment mal à l'estomac, je te le jure.

Amélia souffrait de sa blessure encore en voie de guérison. Les médecins l'avaient soignée à point nommé. Ce sortilège aurait pu être néfaste et s'étaler telles des métastases d'après les médicomages. Catherine se détendit, puis embrassa sa fille sur le front avant de sourire, amusée devant la tâche d'encre qui se trouvait sur la joue de sa fille.

 -J'aime beaucoup ton nouveau style ma puce, ricana-t-elle en pointant du doigt sa joue, tu veux lancer une nouvelle mode chez les sorciers ?
- Ça va Maman ! grogna Amélia alors qu'elle se levait de la chaise. Je vais aller prendre une douche de toute façon rien de tel pour se réveiller et se détendre, lança Amélia en essayant vainement de rassembler les affaires de son bureau. Je peux bien recommencer la lettre pour Hermione et Élisabeth, lança-t-elle lassée en remarquant les éclats d'encres sur le parchemin entamé, elles ne cessent de me répéter de ne pas faire trop d'effort... Plus on grandit, plus j'ai l'impression que... quand elles seront mères, elles te ressembleront.
-Dois-je prendre cela comme un affront ? remarqua sa mère un sourire ironique plaqué sur son visage.
 - Non Maman, tu es très bien comme cela, sourit Amélia. C'est juste que j'aimerais que mes deux meilleures amies agissent comme mes meilleures amies justement et non comme... deux Mamans poules qui s'inquiètent du moindre de mes mouvements depuis ...depuis ce jour au ministère de la magie, lança-t-elle, la voix brisée.
-Chérie, souffla Catherine en la prenant dans ses bras. Tout va bien se passer. Je sais que tu ne veux pas parler de tout cela et que tu ne veux pas me dire de quelle façon tu as appris ton adoption, mais ce que je sais, c'est que ton père et moi aurions dû t'en parler, et non repousser l'échéance à chaque fois.
 
Elle prit le menton de sa fille entre ses mains de façon à ce qu'elle puisse la regarder dans les yeux. 
 
-Je t'aime, et ce, depuis le jour où je t'ai retrouvée emmitouflée dans cette petite couverture. Je comprends que tu sois en colère, mais si je pouvais savoir ce qui te met dans cet état malgré cela, je pourrais t'aider.

Les yeux brillants de larmes, Amélia posa sa tête contre la poitrine de sa mère. Son réconfort l'aidait d'une manière que Catherine ne comprendrait sans doute jamais. Elle ne pouvait rien dire, pas maintenant, cela était trop frais dans sa tête. Cette confrontation au ministère était décidément trop récente et douloureuse.
 
Ses parents ne savaient rien. D'après les dires de ces derniers, ils l'avaient trouvée sur le perron du dix-sept Privet Drive alors que tous deux étaient de jeunes mariés âgés respectivement de vingt et vingt et un ans. C'était alors qu'ils étaient en plein emménagement dans le quartier, un soir après avoir passé la journée à déballer les cartons, que... la sonnette avait retenti.  C'était sa Mère qui avait ouvert car son Père était à l'époque en stage dans un cabinet d'avocat. Elle avait été surprise de se retrouver face au vide. Elle avait ensuite baissé les yeux sur sa personne emmitouflée dans une petite couverture émeraude, son petit poing tenant fermement un petit nounours contre son petit corps endormi, et tétant une tétine rose.

 -Je t'aime plus que toi, murmura Amélia. Tu ...tu ne peux pas Maman, c'est un tout ! La mort de Sirius, le Parrain d'Harry. Je m'en veux parce qu'on a foncé droit dans un piège sans réfléchir et qu'on s'est fait avoir par les mangemorts, que ceux-dont- ne- doit- pas- prononcer- les- noms avaient certainement tout prévu pour qu'Harry puisse récupérer cette Prophétie, mentit à moitié Amélia, je m'en veux parce qu'on a agi comme des idiots de première classe. On aurait dû écouter Andrew et Hermione et ne pas foncer dans le tas afin de relativiser la situation, de demander de l'aide aux professeurs et non de partir à dos de sombrals... et je m'en veux de ne pas avoir autant d'expérience en magie et que deux mangemorts aient pu me blesser aussi gravement. Je me sens mal parce qu'à cause de ça, je ne pourrais peut-être pas recommencer à jouer au Quidditch maintenant alors que j'adore ça ! Je m'en veux de t'ennuyer avec ça alors que je sais que Papa et toi avez discuté de ne pas me renvoyer à Poudlard cette année afin d'éviter tout contact avec le monde des sorciers qui te fait de plus en plus peur !

Amélia avait besoin de parler, c'était évident. L'adolescente s'était forgé des murs qu'elle ne voulait baisser. L'enfant laissait maintenant couler librement ses larmes, étouffées par toutes ses émotions qui la traversaient. Elle se détacha de sa mère qui abordait à présent une expression confuse.

 -Comment sais-tu cela ? bredouilla Catherine.
-Les murs sont fins dans cette maison. Je me balade beaucoup en pleine nuit, le sommeil ne vient pas vraiment quand je le souhaite pour le moment. Je sais que tu as peur de ce monde, mon monde Maman, mais je retournerai à Poudlard, j'ai besoin d'y être et je...
-Je sais chérie, coupa sa mère, on s'inquiétait juste pour ta sécurité, c'est ce que font les parents ...Tu ne peux pas m'en vouloir de penser cela avec tout ce que l'on apprend chaque année de ce monde si imprévisible, alors que les gens comme moi ne savent rien faire, nous qui sommes des personnes sans défense face à ces mauvais sorciers. Tu peux comprendre que je m'inquiète pour toi ...
-Je sais, soupira Amélia, et je ne t'en veux pas, je comprends vraiment ; mais avec Albus Dumbledore et tous les professeurs à Poudlard, je te jure que c'est l'endroit le plus sûr pour les sorciers de premier cycle en ce moment. Le château est entouré d'une multitude de sortilèges qui ne peuvent être contournés aussi facilement, tu as ma parole.

Amélia enlaça de nouveau sa mère inquiète, et elle essuya les larmes qui s'étaient échappées de ses yeux tout en affichant soudainement un grand sourire victorieux.

 -Je ne suis plus consignée pour avoir été aussi inconsciente ? fit Amélia, une petite moue d'enfant plaquée sur son visage. Je peux récupérer ma baguette ? S'il te plaît, Maman !
-Je t'ai peut-être autorisée à sortir te changer les idées ce soir avec Harry, mais ne profite pas de la situation Amélia Phelps. Je ne changerai pas mon avis concernant ta baguette magique, elle restera sagement dans le tiroir du bureau de ton père et tu n'as pas intérêt à te faufiler pour la récupérer ni même demander à Pyther ou ton frère de le faire à ta place. 
 
Elle s'arrêta en voyant le sourire de sa fille se décomposer brutalement sur son visage. 
 
-C'est pour ton bien ma chérie crois-moi. Tu ne peux pas faire de la magie en dehors de l'école. Tu en as déjà fait les frais avec Harry l'année passée, tu es à cran pour le moment et je n'ai pas envie que ton ministère de la magie te rappelle pour une audience disciplinaire à cause d'une utilisation abusive de la magie.
-Si j'ai utilisé la magie en dehors de l'école l'année passée, c'est parce que des détraqueurs nous attaquaient ici à Privet Drive. Tu sais, ce sont ces monstres qui aiment s'assouvir des plus beaux souvenirs et qui peuvent t'enlever ton âme avec un simple baiser ...que les moldus ne voient pas soi-disant passant ! Et bien, j'ai juste utilisé mon patronus, les membres du Manengamot ne l'ont juste pas compris. Il y avait ce groupe de personnes qui essayait de me rabaisser à chaque fois que je prononçais un mot, on aurait d'ailleurs dit qu'ils ...qu'ils essayaient de me coincer à la moindre de mes paroles ...j'en ai besoin pour me sentir, moi, en sécurité en ces temps qui courent maintenant que...que Lady et Voldemort sont aux mieux de leur forme, Maman. Ils ont tellement de gens sous leur ordre et... ils sont puissants, je ne peux pas vous protéger si quelque chose arrivait si... si je n'ai pas ma baguette !

Catherine soupira, désespérée. Les arguments avancés par sa fille étaient justifiés. Seulement, elle voulait à tout prix éviter que sa fille l'utilise à mauvais escient. Ses émotions n'étaient pas stables et elle n'avait vraiment pas envie que son hyper activité prenne le dessus. Elle connaissait cette enfant trop bien pour savoir qu'elle pouvait faire des gestes irréfléchis à tout moment, dans l'état émotionnel dans lequel elle se trouvait actuellement. En guise de réponse, elle montra du doigt le bazar qu'était la pièce.

-J'en parlerai avec ton père quand il rentrera du cabinet, soupira-t-elle résignée, mais sache que pouvoirs magiques ou non, je suis ta mère et tu es l'enfant donc... ce n'est certainement pas à toi de protéger cette famille ; et ces deux mages noirs et leurs sbires ne commettront plus l'erreur d'attenter à ta vie sans avoir à répondre de leurs actes, lança-t-elle vivement. Maintenant, tu vas me faire le plaisir de ranger cette chambre et de finir ta valise dès que tu auras pris ta douche. Ensuite, je m'occuperai de changer le bandage et d'appliquer ces lotions sur cette cicatrice.
-Merci, merci, merci ! Tu es la meilleure ! sourit Amélia commençant déjà à plier des vêtements, je peux m'occuper de cette blessure Maman. Je n'ai plus dix ans, j'en ai quinze, seize en décembre !
-Bien sûr ma chérie, donne des louanges à ta pauvre mère qui se fera des cheveux gris rapidement avant l'âge, se moqua gentiment Catherine. Il n'y a pas à discuter, je suis médecin je te rappelle et tes guérisseurs comme on les appelle chez vous m'ont bien stipulé qu'il fallait manipuler ces lotions magiques avec précaution !
 
Elle s'arrêta pensive. 
 
- Je vais te laisser te rafraîchir et voir si ton frère a fini par lâcher cette PlayStation 1 qu'il a eue à son anniversaire. Mon Dieu quelle idée d'avoir inventé cette console ! se lamenta-t-elle, désespérée.

 Amélia ricana.

 -Je trouve que c'est une bonne idée, j'aime bien jouer à Crash Bandicoot, et avec Harry on a atteint le niveau supérieur dans Résident Devil. Les zombies n'ont plus de secrets, je te jure rien de tel pour un bon fou rire ! se moqua Amélia, et même Dudley ne l'a pas encore cette console, ça doit le rendre vert de jalousie, songea à voix haute Amélia, qu'Harry puisse essayer ça avant lui.

Catherine roula des yeux.

 - Si tu t'y mets toi aussi, je ne suis pas sortie d'affaire ! soupira-t-elle, ces enfants, marmonna-t-elle alors qu'elle sortait de la chambre sous l'œil amusé d'Amélia qui se hâtait de ranger sa chambre.
- Bon Pyther, tu peux sortir d'en dessous de mes robes de sorcières maintenant. Maman vient de sortir et si elle sait que tu ne restes pas dans le vivarium du salon et que tu arrives à y en sortir, elle va piquer une crise. D'autant plus que sérieusement, tu n'es plus si discrète, pouffa soudainement l'adolescente en remarquant entre deux de ses robes de sorcière, la moitié d'un corps filiforme.

Pour toute réponse, une masse au corps rocailleux et de couleur verdâtre glissa au travers des vêtements avant de se faufiler droit sur sa maîtresse en sifflotant des paroles qui devaient s'avérer incompréhensible pour le commun des mortels. Ce serpent vivait dans cette maison depuis l'âge de ses - presque - onze ans, ; à l'époque où elle l'avait connu, Amélia faisait ses courses pour la première fois sur le chemin de Traverse et elle avait dû supplier ses parents de la lui acheter à l'animalerie en même temps que son hibou, hyper maladroit, Spike. Le serpent qui était un nouveau-né et mal en point lui avait fait de la peine. C'est donc après avoir discuté avec ce dernier qu'elle avait entrepris sa demande auprès de sa famille, et plus particulièrement sa Mère, qui avait été très sceptique sur le sujet.

Elle savait depuis son plus jeune âge- elle devait avoir quatre ans - et ce grâce à une sortie en camping avec ses parents pour les vacances d'été, qu'elle pouvait communiquer avec ces animaux. Cependant, ce n'était qu'à l'âge de six ans lors d'une visite au zoo avec ses camarades de classe de l'école primaire, qu'elle avait de nouveau parlé du phénomène avec insistance à ses parents qui ne la crurent pas sur le moment.

 - J'ai faim ma chère Amélia, je voulais juste te demander de me laisser un peu de viande de côté sans que ta mère ne le remarque, siffla-t-elle.
- Pyther ! soupira-t-elle Tu ne penses qu'à manger, répliqua -t-elle dans le même langage étrange. Évite de sortir comme bon te semble, je n'ai déjà plus ma baguette pour le moment et ce serait bien que tu respectes un peu la vie quotidienne de cette maison !
-Petite sorcière de plus en plus autoritaire ! siffla le serpent amusé. Va te rafraîchir, tu es pâle comme la mort, c'est à en faire peur ma grande !

-Merci pour la comparaison ! Mais tu n'as certainement pas à faire face aux tracas que j'ai en ce moment, grogna Amélia qui préparait des vêtements propres, file dans le vivarium par Merlin ! lança-t-elle en sortant précipitamment de sa chambre pour se diriger vers la salle de bain.

 

                                                        ~*~


17 Privet Drive,  juillet 1996

 
Amélia était plus détendue. Une bonne douche lui avait remis les idées en place. D'un geste las, elle se regarda dans le miroir, le peigne fermement tenu dans sa main gauche prête à en découdre avec une de ses mèches rebelles et bouclées qui vagabondaient sur son front et qu'elle n'avait jamais pu coiffer correctement.

Elle ne s'était jamais vraiment trouvée ni belle ni moche, elle se mettait toujours dans la catégorie des adolescents banaux ni populaire ni impopulaire juste appréciés par leur cercle d'amis et cela lui suffisait. Elle n'avait jamais eu besoin de se mettre en avant comme le faisaient certaines personnes notamment chez les sangs -purs, ces sorciers qui se croyaient souvent plus haut que tout le monde omis certains cas. Comme la famille de son ami Ron, les Weasley qui aux yeux d'Amélia auraient dû obtenir tout ce que certains riches sangs-purs ne méritaient certainement pas. Malgré leur grande pauvreté, Amélia s'était toujours sentie accueillie chaleureusement chez eux. C'est avec grande gentillesse que sa famille leur proposait toujours de les aider d'une quelconque manière, d'autant plus qu'Arthur Weasley, le père de famille, adorait poser de nombreuses questions sur la vie quotidienne des moldus.

L'adolescente soupira en observant son visage pâle. Ses cheveux lui arrivaient aux épaules, de couleurs châtains foncés, certaines mèches rebelles avaient toujours bouclées sur l'avant de son front d'aussi loin qu'elle s'en souvenait. Il faut dire qu'elle ne s'en plaignait pas tellement, car ces derniers mois, des petits intrus appelés boutons avaient commencé à considérer son front comme un emplacement propice à l'acné. Sa figure autrefois un peu plus joufflue dû à l'enfance s'était amincie, prenant une forme qui affinait un peu plus les traits de son visage.

La seule chose qu'Amélia aimait vraiment bien était ses yeux. Elle n'avait jamais compris cette variance de couleurs qui se mouvait dans ses pupilles, cette teinte rare qu'aucun membre de la famille n'avait jamais eue. Elle fronça les sourcils, plissant son nez retroussé par la même occasion. Bien sûr qu'elle n'avait pas cette nuance des yeux d'un membre de la famille Phelps se rappela brutalement son esprit, tu n'es pas vraiment leur fille murmura son inconscient.

 -Emmyyyy ? hurla une voix enfantine derrière la porte de la salle de bain.
 - Oui, Max ? répondit Amélia en sortant de ses pensées, tu as besoin de quelque chose, kiddo ?
- Maman demande si tu as fini, elle veut venir soigner ton ventre ! cria ledit Max pour se faire entendre. Il faut qu'on se fasse une revanche sur le jeu avec les zombies, lança-t-il rapidement.  Dis... tu voudras bien faire une partie après manger avant que tu partes, si Maman veut bien ? 
 
Il y eut un court silence avant que la voix d'enfant reprenne de plus belle.
 
-Maman est au téléphone avec Papa, il nous fait plein de bisous et il a demandé à Maman de te dire de faire attention ce soir quand tu sortiras car il rentrera tard du travail !
 -Maman peut venir, ne put s'empêcher de sourire Amélia à l'écoute de son frère. Pour la partie, aucun problème, promit Amélia, je ne manquerais jamais l'occasion de te mettre la pâtée. Et tu peux dire à Maman qu'elle signale à Papa que je suis toujours prudente ! lança-t-elle avec ironie. 
-D'accord ! répondit son frère joyeusement, hééé, lança soudainement son cadet excité, maintenant que Maman est occupée et qu'on est sûr qu'elle n'écoutera pas, tu pourras me faire remonter avec toi sur ton balai dans le jardin arrière, s'il te plaiiiitttt ? lança Max toujours derrière la porte d'entrée.
- Oui Max, mais tu gardes ça pour toi kiddo. Maman nous tuerait tous les deux si elle le savait, lança-t-elle moqueuse, maintenant descend avant que cela ne devienne suspect !

Amélia étouffa un rire en entendant les pas de son frère s'éloigner frénétiquement d'elle. Elle l'imaginait facétieusement dans le couloir du deuxième étage, un grand sourire plaqué sur le visage alors qu'il descendait les escaliers. Maximilien Phelps était un petit garçon rempli d'énergie, qui malgré tout, pouvait être posé et très studieux, vraiment très studieux. Elle était impressionnée par sa capacité à apprendre. Il adorait cela, ; une fois, quand elle était rentrée de Poudlard l'année précédente, il lui avait exposé la maquette de science qu'il avait dû faire au cours de son année scolaire sur le système solaire. Il avait été réalisé avec une déroutante précision qui l'avait d'ailleurs rendue muette de fierté.

                                                         ~*~


Ils venaient de terminer de souper. Les deux enfants, après avoir demandé l'autorisation à leur mère, s'étaient installés sur le canapé en cuir du salon, devant la petite télévision. Tous deux concentrés avec une attention particulière, ils appuyaient sur les boutons de leur manette avec ardeur. Amélia, le front plissé par la concentration, dégomma un zombie à l'aide d'un pistolet. Son frère lui mettait une sacrée raclé, le gamin avait genre une centaine de points d'avance sur elle.

 -Non, non et non ! s'énerva Amélia, tire dans la tête bon sang, s'agaça-t-elle, pourquoi quand j'appuie sur ce fichu bouton, il ne tire pas, c'est de l'arnaque !
-Tu n'es pas assez rapide, Emmy, lança Max en haussant les épaules. Regarde ça, c'est du tir en plein dans la tête !

Amélia jeta un œil discret à son frère qui affichait désormais un sourire amusé. Elle était sur le point de se faire déchiqueter par un groupe de zombies quand une idée des plus facétieuses lui vint en tête. Amélia cacha soudainement les deux yeux de son frère avant d'appuyer de nouveau sur la petite manette grise qui lui permettait de contrôler le personnage.

Elle adorait passer du temps avec Maximilien, elle qui n'avait plus l'occasion de le voir grandir à cause de Poudlard. Elle profitait toujours de chaque instant qui lui était donné en sa compagnie. Le jeune garçon,, concentré tenta vainement de regarder le petit écran du salon, une moue boudeuse plaquée sur son visage alors que sa sœur continuait de le distraire. Son personnage tomba à terre , pris au piège. Game over.

 - Tu triches ! bouda Maximilien d'une voix enfantine, j'étais en train de gagner !
- On n'a pas déterminé de règles, se moqua Amélia, franchement, je suis sûre que ce serait plus facile de s'occuper des zombies avec une baguette qu'avec des armes à feu. Tiens, tu crois que si je soumets cette brillante idée au département des régulations des jeux magiques, il y aurait moyen de trouver quelque chose en mélangeant cette technologie moldue parce que... avec la magie il y aurait moyen de faire quelque chose de bien non ?
- Ouais ! lança Maximilien intéressé par l'idée, ça serait vraiment super cool, tu crois qu'on pourrait écrire une lettre et envoyer ton hibou, je pourrais l'écrire dis Emmy ? fit Maximilien innocemment, s'il te plaît, je pourrais argumenter. Je suis sûr que les jeunes sorciers a.d.o.r.e.r.a.i.e.n.t non ?
- J'y penserais, fit mine de rien Amélia, attend juste que je sois diplômée et que je puisse y faire quelque chose parce que maintenant, je ne crois pas que les membres ministériels m'accorderaient de l'attention, lâcha-t-elle avec un air conspirateur.

Amélia et Max, complices, se tapèrent dans la main en signe d'approbation. Elle lui fit lâcher la manette et le fit glisser sur le divan de façon à ce que son corps soit étendu sur ses jambes. Elle passa une main dans les cheveux en bataille de son frère avec un sourire. Maximilien était un parfait mélange de ses parents, il avait hérité des yeux gris de leur mère qui étaient cachés derrière une petite paire de lunettes rectangulaires due à une myopie obtenue de Marcus Phelps, d'une petite frimousse ovale qu'Amélia comparait souvent à un petit lutin qu'il avait également hérité de leur mère et des cheveux coupés en brosse blonds foncés tirant sur le brun clair qui eux lui venaient de leur paternel.

 - De fabuleux projets, les enfants, se moqua gentiment Catherine qui venait d'arriver dans le salon, mais pour le moment Maximilien, tu me ranges cette console et tu files te laver et te mettre en pyjama !

Maximilien grogna sous les ricanements moqueurs de sa sœur qui l'aida à tout remettre en place. Catherine, qui avait les bras croisés, était appuyée contre l'embrasure de la porte, l'essuie de vaisselle négligemment posée sur son épaule. Elle regarda ses enfants se charrier alors qu'ils rangeaient la petite table en verre du salon. C'est avec un tendre sourire aux lèvres qu'elle songea que ces deux-là, malgré leurs cinq ans d'écart, lui en avaient fait voir de toutes les couleurs.

Après avoir souhaité une bonne soirée à sa sœur, Maximilien partit se mettre en pyjama. Au moment où Amélia jeta un œil à la réplique de l'horloge du Big ben flanquée au-dessus de la cheminée, la sonnette de la porte d'entrée retentit...
                                                                 

   ~*~


 17 Privet Drive,  juillet 1996

Amélia se précipita vers le corridor, suivie de près par sa mère, et décrocha au vol sa veste en cuir brune du portemanteau. Elle ouvrit la porte d'entrée avec un grand sourire aux lèvres. Amélia était ravie de sortir de chez elle et de pouvoir aller boire quelque chose au Jack'o coffee's, d'autant plus que les voyages en métro lui permettaient de réfléchir plus posément sur certains faits. Cependant, elle resta bêtement coite de stupeur quand elle découvrit qui était debout devant le perron de la maison.

L'enfant se sentit tout d'un coup piquée au vif, mais elle n'en montra rien, sa surprise le cacha tout simplement. La bouche entrouverte, elle fixa d'abord son ami qui abordait un petit sourire d'excuse qui signifiait certainement qu'ils ne passeraient pas une soirée entre eux. Mal à l'aise, le jeune garçon aux cheveux en bataille passa une main dans ses cheveux noirs. Le deuxième individu, elle le reconnut rapidement grâce à sa longue barbe argentée et ses lunettes en demi-lune dont les yeux bleus la fixaient avec intensité.

 - Pro...Professeur ? lança-t-elle avec méfiance.
 - Bonsoir, Amélia, lança-t-il avec bienveillance, madame Phelps, sourit-il à l'adresse de sa mère qui était arrivée derrière elle en fronçant les sourcils, je suis désolé de m'interposer à une heure aussi tardive, puis-je entrer ?
-Bien sûr, lança vivement Catherine soudainement inquiète d'un quelconque problème, je vous en prie professeur Dumbledore... entrez. Mon mari est encore au bureau, dois-je l'appeler ?
-Non Catherine cela ne sera pas nécessaire, intervint avec politesse le vieil homme, je vous remercie de votre hospitalité.
- Que faites-vous ici ? lâcha froidement Amélia. Je ne pense pas avoir fait quelque chose qui nécessite votre présence en plein été ici monsieur, chez moi, insista-t-elle vigoureusement.
-Amélia ! s'offusqua sa mère. Excuse-toi immédiatement, jeune fille. Puis-je savoir à quoi correspond ce ton que tu emploies ?

Amélia était en colère vis-à-vis du vieil homme, les événements qui avaient eu lieu il y avait quelques semaines lui revenaient brutalement dans son esprit. Elle en voulait au vieil homme et cela ne s'apaisait pas. Au contraire, cela ne faisait qu'accentuer l'amertume qu'elle ressentait envers le directeur de Poudlard. Sa mère la fixait durement de ses yeux gris qui n'allaient pas tarder à tourner à l'orage. Amélia ne répondit pas pour autant, indignée que sa mère la reprenne devant Albus Dumbledore.

 -Il sait très bien pourquoi, cracha Amélia vigoureusement. Ne te mêle pas de ça, ça concerne des... des affaires de sorciers et tu n'es qu'une moldue ! intervint durement l'adolescente.
-Amélia, je comprends aisément ta colère, mais... commença calmement Dumbledore.

Le cœur battant soudainement à la chamade, elle eut de nouveau cette saleté d'envie d'utiliser sa baguette magique, sa main la démangeait, mais elle était confisquée et quelle idée de lui avoir pris pour les vacances d'été... si ça se trouve, ses parents en avaient eu la demande par Dumbledore ? Les trois personnes devant elles la regardèrent soudainement bizarrement, mais elle n'y fit pas attention, ses mains tremblaient de fureur, et les deux pots de fleurs qui servaient de décoration à l'entrée explosèrent en mille morceaux s'étalant ainsi sur le carrelage du corridor, ce qui fit sursauter les individus présents. De la magie accidentelle à mon âge ? songea Amélia.

 -Je vais prendre l'air ! souffla-t-elle aussi stupéfaite que les autres.

Elle sentait son corps chauffer au fer. Le regard torve, l'enfant ne vit pas à quel point elle venait de blesser sa mère qui porta sa main à sa poitrine. L'enfant tourna les talons, les poings serrés, avant de sortir rapidement de cette maison. Harry Potter, qui était resté silencieux jusqu'à maintenant, courut après elle sous le regard choqué de sa mère et affligé d'Albus Dumbledore.
                                                      ~*~

29 juillet 1996, Little Whinging, Surrey


Le soleil se couchait derrière les nuages. La pelouse encore humide due à une précédente averse n'empêchait pas les enfants de profiter des vacances d'été malgré le temps ne convenant pas à cette période de l'année. L'adolescente, la tête entre les mains, venait de s'asseoir sur l'une des balançoires du parc, la respiration encore erratique après la course effrénée qu'elle venait de réaliser.

Un ballon éclaboussa soudainement le bas de son jeans, lui faisant brusquement relever la tête à la recherche de la personne responsable de cela, prête à en dire de toutes les couleurs. Alors qu'elle allait commencer à crier des grossièretés, elle s'arrêta brusquement en voyant un petit garçon qui se dirigeait rapidement vers elle, une moue désolée plaquée sur son petit visage. L'adolescente ne put s'empêcher de penser à son propre petit frère qui aimait jouer au football avec ses amis dans ce même parc, ce sport était grandement apprécié par les moldus.

 - Je suis désolé ! lança-t-il d'une voix fluette.
- Ce n'est pas grave, se reprit-elle, J'ai déjà eu pire niveau saleté, ne t'en fais pas !

Elle tenta de lui renvoyer un sourire rassurant, mais certes peu convaincant avant de se pencher en avant. Elle oublia momentanément la douleur encore présente derrière le bandage blanc, placé en dessous de son t-shirt, recouvrant l'entièreté de son estomac, afin qu'elle puisse récupérer le ballon à ses pieds qu'elle tendit rapidement au petit garçon qui le récupéra tout sourire.

 -Merci ! sourit-il. Pourquoi tu grimaces, tu as mal quelque part ? se soucia innocemment l'enfant.

Elle n'avait pu retenir la grimace de douleur que lui avait procuré le simple fait de se plier et cela lui donna de nouveau les larmes aux yeux. Les médecins étaient très clairs, elle devait faire attention aux gestes qu'elle exécutait, car cela ne s'atténuerait qu'avec le temps.

La mangemort qui lui avait donné cette blessure ne l'avait pas ratée. Le service des blessures magiques avait été très efficace, elle était sortie de Saint-mangouste une dizaine de jours auparavant à son grand soulagement. Elle ne supportait guère de rester couchée dans un lit à ne rien faire, son hyperactivité ne l'avait pas aidée, rajouté à tout ce qui s'était passé, elle n'aurait pu contenir plus longtemps la mauvaise humeur qu'elle ressentait depuis l'escapade imprévue au ministère de la magie.

 -Juste un petit coup bleu, rassura-t-elle vaguement, ce n'est pas bien grave.
-D'accord, sourit le petit garçon, hé, mais tu as pleuré ?
 
Amélia fixa le petit moldu aux yeux marrons - qui devait avoir entre six et sept ans - qui la regardait maintenant avec inquiétude. Elle n'eut pas à répondre, la mère de l'enfant, assise sur un banc un peu plus loin, lui fit des signes de la main afin que ce dernier la rejoigne. Le gamin haussa les épaules et lui souhaita, soudainement désintéressé, une bonne soirée avant de rejoindre sa mère.

 -Tu n'aurais pas dû partir comme ça, ta mère est folle d'inquiétude ! remarqua une voix chaude.

Harry s'assit sur le siège libre à ses côtés. La jeune fille regarda le nouvel arrivant, un peu surprise. Le jeune garçon affichait un sourire timide, et nerveusement, il passa une main dans ses cheveux en bataille avant d'analyser soucieusement le visage blafard de son amie. Amélia soupira, elle se doutait qu'il serait directement parti à sa recherche ... il était évident qu'il la connaissait un peu trop bien en la repérant aussi rapidement.

 - J'avais besoin de prendre l'air Harry. Comment m'as-tu trouvé aussi vite ? soupira-t-elle.
- On avait pourtant dit qu'on essayait de ne plus penser à tout cela. Cesse de te ressasser sans cesse ces événements. Pourquoi t'es-tu énervée comme ça ? murmura-t-il doucement. Tu te demandes encore comment ? Dois-je te rappeler que cet endroit n'est pas vraiment une cachette ? On y traîne depuis notre enfance et tu aimes venir ici pour réfléchir, se moqua-t-il gentiment.

 - Ose me dire que ce n'est pas pareil pour toi ? soupira-t-elle une boule à la gorge. Je m'en veux tellement, je n'ai pas été assez rapide je... dés que je m'endors, c'est pour faire des cauchemars qui me donnent froid dans le dos et... enfin, j'ai tellement eu peur qu'à cause de ça notre amitié se brise... et quand j'ai vu le professeur Dumbledore je... je ne sais pas vraiment, j'ai eu une poussée d'adrénaline...
- Je t'ai déjà dit que je ne t'en voulais pas, lança-t-il en la coupant, on a déjà discuté de tout ça, tu ne l'as pas choisi. Entre cela et une amitié de plus de quatorze ans, je pense que j'ai déjà fait mon choix depuis longtemps Amélia.
 
Il se leva en tendant le bras vers son amie.
 
-Allez viens, tu en as assez fait, ta mère n'était pas bien du tout quand je l'ai quitté.
-Oui, j'ai vraiment été ignoble, souffla-t-elle en grimaçant. Mais pourquoi Dumbledore est chez moi ? fit-elle en prenant la main d'Harry qui la releva. S'il est là, c'est qu'il y a une raison, et vu ta tête ce menteur t'en a déjà parlé. 

Harry grimaça. 

 - Figure-toi que je viens de faire ma valise en quatrième vitesse. Il est venu à l'improviste chez les Dursley, je préparais le repas quand il est arrivé.
 
 Il s'arrêta un sourire plaqué sur le visage.
 
-Tu aurais vu la tête d'oncle Vernon, il était prêt à exploser ; et tante Pétunia le connaît apparemment, ils ont déjà communiqué ensemble par courrier, tu ne trouves pas ça bizarre ?
- Ta tante connaît Dumbledore ? lança Amélia septique. Ouais, c'est louche !

Harry hocha vigoureusement la tête.

 -Il veut que je l'aide à faire quelque chose ce soir. Je suis désolé que cette sortie tombe à l'eau.
 
Il grimaça à nouveau.
 
-Il m'emmènera directement au terrier après ça.

Amélia plissa les yeux avec méfiance.

 -Il veut que je vienne avec toi, c'est ça ? C'est pour ça qu'il était chez moi ? ricana Amélia, donc tu pars chez Ron dès ce soir ? lâcha-t-elle avec tristesse.

 Mal à l'aise, Harry baissa les yeux sous l'œil interrogateur de l'enfant.
 
 - Apparemment, tu pourrais aider à faire quelque chose aussi. Il était venu parler avec tes parents pour avoir leur accord et te donner un portoloin. Tu nous rejoindras demain soir au terrier. On reçoit nos résultats des BUSE demain et une surprise attend la famille, il fronça les sourcils, je n'ai pas trop compris cette partie-là, avoua-t-il désolé.
- Une surprise ? lança-t-elle soupçonneuse. Les BUSE, marmonna-t-elle soudainement, je les avais oubliées celles-là !

Bras en dessous dessus, les deux adolescents traversèrent bientôt Wistéria Walks, là où habitait madame Figgs, une dame qui aimait un peu trop les chats à leur goût et qui était par la même occasion une cracmolle qui avait toujours jeté un œil sur Harry. Amélia blêmit soudainement en entendant Harry parler des résultats des BUSE. Elle espérait de tout cœur en avoir assez pour continuer dans la voie qu'elle avait choisie. Cependant, elle supposait facilement qu'elle n'aurait déjà pas réussi divination -examen où elle avait écrit des trucs inventés de toutes pièces - astronomie qu'elle avait laissé en plan, et probablement les potions, dont le professeur l'avait dans le collimateur, et ce malgré les bons commentaires des examinateurs lors des épreuves.

 - Je ne sais pas, répéta Harry, il était très vague, il s'arrêta en grimaçant, ça ne va pas être très glorieux, mais je pourrais certainement faire l'échange avec Andrew non ? nasilla-t-il.
- C'est ça et moi avec Hermione ? se moqua Amélia. Enfin si je comprends bien, Dumbledore a encore l'audace de me demander de l'aide après tout ça ? Amélia roula des yeux. Et bien, il y en a qui ne sont pas culotté, je suis sensée dire oui ? supposa l'adolescente ironiquement.
- Il s'inquiète pour toi, Amélia, soupira-t-il.
- Il m'a menti depuis le début, ma vie n'est qu'un leurre et il s'inquiète pour moi ? contra-t-elle agacée. Ose me dire que tu ne lui en veux pas encore pour Sirius. Et dois-je te rappeler que tu as détruit une bonne partie de son bureau quand on est rentré du ministère ?! Je suis peut-être insomniaque pour le moment, mais tu n'en mènes pas large !

Une douleur encore bien présente s'afficha dans les yeux émeraude de l'adolescent.

 - Je suis désolée, je ne réfléchis décidément pas quand je parle pour le moment.
- Tu es toi, lança Harry calmement, tu as toujours été du genre à dire ce que tu penses et je crois que c'est ta façon d'extérioriser tes émotions, continua-t-il aimablement. Aller, on est arrivé. Pense à t'excuser auprès de ta mère, elle ne mérite vraiment pas ça de ta part.

Elle soupira, le 17 Privet Drive se dressait effectivement devant eux, la nuit était tombée et les lampadaires du quartier étaient maintenant allumés, éclairant ainsi les façades des maisons d'une lueur tamisée. Distraitement, elle toqua à la porte avant d'entendre des pas qui arrivèrent rapidement dans leur direction.

End Notes:

Un potentiel avis ? :)

Chapitre 1 partie 2 : Un été en pente douce by Chrisjedusor
Author's Notes:

Correction Ehililou

Bonne lecture,

Chris :)


Privet Drive, juillet 1996, 22 heures

 

Dés que la porte s'était ouverte sur sa mère, Amélia avait constaté les yeux rougis de cette dernière. Elle s'en voulait, sa famille n'avait pas à supporter ses sautes d'humeurs pourtant omniprésentes depuis quelques mois. Ces dernières de plus en plus régulières commençaient vraiment à lui faire peur. Elle n'avait ressenti aucune honte à lui dire qu'elle n'était qu'une moldue et que cela ne la regardait en rien, elle n'avait pas à dire cela... quel genre d'enfant était-elle pour la traiter comme cela ?
 
Elle ouvrit la bouche dans le but de s'expliquer avant de la refermer aussi vite qu'elle l'avait ouverte. Elle n'avait jamais été très douée pour présenter des excuses. A nouveau elle retenta de parler en vain... il était difficile d'admettre à voix haute ô combien elle avait été odieuse. Pendant ce laps de temps où Amélia tentait vainement de s'excuser, Harry, lui, attendait patiemment derrière elle. Ce dernier fixait le visage blême de Catherine qui était certainement secouée par le ton impérieux que son amie avait utilisé un peu plus tôt dans la soirée.

 -Je... Je... suis... Je suis désolée, bégaya-t-elle soudainement. Je... tu... n'es pas qu'une...qu'une moldue... Tu es ma Maman et je n'ai pas à te parler comme ça, souffla-t-elle d'un coup. Je te demande pardon !

L'enfant se rendit compte que sa voix vacillait dangereusement au fur et à mesure que les paroles sortaient de sa bouche. Les larmes, elles, commençaient à brouiller sa vision. L'adolescente n'eut pas à attendre la réaction de sa mère bien longtemps, car avant qu'elle ne puisse rajouter quoi que ce soit d'autre, Amélia se retrouva coincée contre la poitrine de cette dernière qui la serra fermement contre elle. Puis, Catherine prit avec douceur le visage de sa fille entre ses mains avant de fixer les yeux si captivants de son enfant et de l'embrasser tendrement sur le front.

 - Je te pardonne, soupira-t-elle. Tu n'es pas bien Amélia, je le vois et je le sens quoi que tu puisses m'en dire. Je t'ai élevée et je sais pertinemment que tes réactions sont parfois excessives. Je voudrais que tu en parles avec quelqu'un, même si tu as considéré que tu devais garder certaines choses en toi en pensant que tu devais les enfouir bien profondément pour ne pas t'en souvenir. Mais nous savons, ton père et moi, que cela ne t'apporte que des cauchemars. Je te demande juste d'y réfléchir ma chérie.
- Je vais essayer Maman ! promit-elle à contrecœur.

Elle ne mentait pas, elle essaierait, mais pas maintenant. Elle n'y arriverait pas de toute façon... et si elle devait laisser parler ses émotions... laisser sortir ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même... rien n'en sortirait de bon... en tout cas, pour le moment. Ces dernières semaines, elle avait eue du mal à contrôler le flux de sa magie qui coulait dans ses veines. Elle s'estimait d'ailleurs heureuse que le ministère ne lui envoie pas de lettre pour utilisation abusive de magie en plein monde moldu. Ils devaient certainement considérer que les accidents magiques des sorciers de premier cycle non volontaire - comme elle l'avait fait un peu plus tôt - étaient encore acceptés jusqu'à leurs dix-sept ans. Catherine lâcha sa fille et s'écarta sur le côté en hochant la tête vers le corridor.

 -Bien, entre maintenant. Le professeur Dumbledore vous attend dans le salon ! lança-t-elle. Je crains devoir te rendre ta précieuse baguette magique, jeune fille ! Le professeur Dumbledore voudrait que tu l'accompagnes voir un ancien collègue de travail. Apparemment, tu pourrais le convaincre de revenir à Poudlard, dit-elle en fronçant les sourcils. Bien que je me demande comment deux enfants pourraient l'aider, il reste très mystérieux.
 
Elle haussa les épaules avant d'enchaîner. 
 
-Harry, mon grand, fais-en sorte qu'elle n'utilise sa baguette qu'en cas d'extrême nécessité ! supplia-t-elle. Je te fais confiance pour ça !
-Bien sûr Cathy, tu as ma parole, promit Harry avec sincérité.
 
Il sourit chaleureusement à Catherine, elle, qu'il avait toujours considérée comme une mère. Il avait toujours été accueilli chaleureusement dans cette maison. Contrairement aux Dursley, les Phelps, biens que moldus, s'étaient toujours préoccupés de son bien-être. Ils avaient, selon lui, probablement réalisé tout se qu'aurait dû entreprendre son oncle et sa tante à son égard.

 - J'espère bien, Harry. Amélia, cesse de jubiler veux-tu ? s'amusa sa mère.

Il vit soudainement le sourire discret et probablement victorieux que venait d'afficher son amie d'enfance en se retournant vers lui ce qui n'avait d'ailleurs pas échappé à Catherine. Il savait qu'être privée de sa baguette magique avait été une punition que ses parents lui avaient infligée suite à leur escapade au ministère.

D'ailleurs, Catherine et Marcus l'avaient bien réprimandé lui aussi pour avoir été aussi inconscient. Il frissonna car malgré le sermon, Harry sentait toujours une sorte de chaleur, heureux, qu'on s'intéresse à lui autrement que pour la cicatrice en forme d'éclair qu'il portait sur le front. Bien que l'adulte devant lui l'avait également averti que la prochaine fois qu'une chose pareille se reproduisait, sa propre baguette, actuellement coincé dans son pantalon, viendrait rejoindre celle de sa meilleure amie dans le bureau du père de famille.

 -Je ne jubile pas ! lança Amélia mine de rien.

Ce fut sur ces dernières paroles que le trio entra dans la maison.


                                                           ~*~ 

 Privet Drive, 29 juillet 1996, 22 h 07 heures

Quand ils rentrèrent dans le petit salon, les adolescents remarquèrent que Dumbledore était installé sur le canapé en cuir où deux tasses de thé fumantes étaient d'ailleurs posées sur le meuble en verre du salon. Pour la première fois, Amélia jaugea Dumbledore, le vieil homme ne semblait pas les avoir remarqués. En effet, son frère fraîchement vêtu de son pyjama était assis les jambes croisées à ses côtés et... il semblait accaparer toute l'attention du directeur de Poudlard. Maximilien excité tel une pile électrique lui posait une multitude de questions auxquelles le mage blanc semblait répondre avec bienveillance.

 - On a eu une idée avec ma sœur, continuait son frère enjoué, vous croyez que vous... que vous pouvez y faire quelque chose ? Amélia dit qu'il faudrait en parler avec des gens qui s'occupent des jeux magiques donc on pensait qu'on pourrait mélanger un jeu de notre monde pour que vous puissiez l'améliorer avec de la magie et...

- Maximilien Phelps, ne t'avais-je pas demandé de rester dans ta chambre et de ne pas descendre ?!

Maximilien qui était resté caché sur les premières marches de l'escalier- curieux de voir celui que sa sœur appelait l'un des plus grands sorciers de tous les temps - avait été repéré d'une manière que le petit garçon n'avait pas suspecté quand sa mère était partie ouvrir la porte d'entrée. Le professeur Dumbledore lui avait tout simplement demandé de se joindre à lui. Cela fut tout timide que l'enfant arriva devant lui, d'abord pris de gêne... mais se rattrapant bien vite par son enthousiasme habituel. Le pré- adolescent baissa les yeux en voyant sa mère complètement hébétée alors qu'elle trouvait son fils encore une fois là où elle ne l'avait pas demandé.

 - Je voulais voir à quoi ressemblait Monsieur Dumbledore ! tenta-il de sa voix fluette. Je ne m'en souvenais plus, la dernière fois qu'il était venu j'étais petit et c'était quand Emmy a reçu sa lettre pour Poudlard ! bouda-t-il.
- Cela ne fait rien, intervint le professeur Dumbledore avec amabilité. Vous avez là un petit garçon vif d'esprit, Catherine. Nous re parlerons de cette idée qui semble te tenir à cœur, ajouta-t-il en regardant avec bienveillance le petit garçon qui affichait désormais un grand sourire aux lèvres. Pour le moment, je suis un petit peu pressé par le temps, continua-t-il avec un petit clin d'œil. Mais... je ne t'oublie pas.
- Ne l'encouragez pas professeur, il passerait des heures à vous poser des questions, lança Catherine en roulant les yeux avec lassitude. Maximilien va chercher tes pantoufles, lança-t-elle en le voyant pied nu. Je vais chercher ta baguette Amélia, lança-t-elle à l'adresse de sa fille.

Cette dernière, dont les joues avaient considérablement rosi en entendant son frère parler de cette idée lancée un peu plus tôt dans la soirée, vit brièvement sa mère disparaître du salon avant d'entendre les bruits de pas que provoquait celle-ci en se dirigeant à l'étage. Malgré le malaise évident qu'elle ressentait face au directeur de Poudlard, elle ne pouvait s'empêcher d'exulter. Elle allait récupérer sa baguette magique, elle qui se sentait tellement démunie sans cet objet qui lui prouvait son appartenance au monde des sorciers.

Le silence s'était soudainement installé entre les quatre individus. Maximilien apercevant le malaise grandissant autour de lui ne parlait plus. Pendant ce temps, le professeur Dumbledore s'était levé et lissait sa cape de voyage qui s'était légèrement froissée quand ce dernier s'était assis sur le canapé ; et ce tout en lançant, malgré tout, des regards curieux dans cet environnement moldu. Amélia songea d'ailleurs qu'il était incroyablement décalé avec le décor.

 - Tu sembles avoir eue de brillantes idées en compagnie de ton frère en ce début d'été, commenta soudainement le vieil homme alors qu'une leur malicieuse apparaissait dans ses deux yeux azurs.
- Il semblerait, professeur, répondit avec neutralité Amélia.

Elle s'était promise de se contrôler alors elle tenta de sourire, mais n'arriva qu'à afficher quelque chose qui ressemblait fortement à un rictus. Amélia et Harry se jetèrent un regard en biais au moment où le directeur en pleine réflexion venait de poser ses yeux pour la troisième fois en cette soirée sur le meuble en marbre où on apercevait le vivarium de Pyther, qui semblait d'ailleurs analyser le petit groupe silencieusement avec une attention toute particulière.

 -C'est Pyther ! expliqua maladroitement Amélia. Je...mes parents me l'ont acheté sur le Chemin de Traverse quand j'avais dix ans, elle était une nouveau-née mal en point et...
- Pourquoi penses-tu avoir le besoin de te justifier, Amélia ? interrogea doucereusement Dumbledore.
 - Je...

Elle ne savait pas, peut-être qu'avoir un serpent à la maison -qu'elle ramenait en douce avec elle dans l'école chaque année- pouvait être mal vu par Dumbledore, surtout que le fait d'être fourchelang n'était pas un don spécialement recommandé. Cette capacité qui expliquait beaucoup de choses. Une horrible signification songea-telle en frissonnant.
 
Le temps que tu l'éduques correctement, continua-t-il en la regardant derrière ses lunettes en demi-lune, je ne vois pas où est le problème, confia-t-il avec calme.

Amélia ne put s'empêcher de discerner l'allusion utilisée derrière cette phrase pleine de sous-entendus comme si elle aurait pu l'éduquer, ou plutôt lui demander de faire des choses qu'elle ne devrait pas. Cependant, elle ne le releva pas, il valait mieux se taire. Le directeur ne semblait vouloir s'attarder sur cela à son grand soulagement. Ce dernier s'était arrêté devant la cheminée familiale qui dégageait des veloutées de fumées orange et qui réchauffait la pièce en cet été pourtant glacial. Sur le rebord de l'âtre étaient posées d'innombrables photos moldues comme sorcières.

Le professeur Dumbledore sembla sourire quand il vit une Amélia et un Harry pas plus haut que trois pommes, chaudement habillés, assis au milieu du jardin enneigé de la maison familiale en compagnie d'un homme grand et bien bâti. Construisant probablement le corps d'un futur bonhomme de neige. L'adulte semblait rire des bambins alors que les enfants, eux, grimaçaient devant l'objectif se trouvant devant eux.

 - Ce genre de souvenirs reste remarquablement encré dans la mémoire des parents, commenta-t-il avec douceur. Je regrette sincèrement ne pas t'avoir laissé grandir auprès de cette famille tout à fait charmante, Harry.
- Mais vous ne pouviez pas, lança Harry qui regardait Dumbledore analyser ce qui l'entourait avec un intérêt bienveillant, à cause de la protection de ma tante... vous ne pouviez pas savoir comment se déroulerait ma vie chez eux... Il s'arrêta avec le sourire. De toute manière, ça revient un peu pareil. J'ai passé la plupart du temps dans cette maison... Catherine et Marcus ont fait beaucoup pour moi, ils sont ma famille, monsieur.
-Oh...Harry...

Catherine  avait profité de ce moment pour revenir dans le salon venait d'entendre les dernières paroles de l'adolescent. Cette dernière, émue, se précipita pour l'enlacer avant de passer une main dans les cheveux en bataille du jeune garçon - qui était déjà bien ébouriffé - sous l'œil attentif du mage blanc. Maximilien et sa sœur se jetèrent rapidement un regard amusé. Leur mère pouvait s'émouvoir si facilement.

Cette dernière prit soudainement un air sérieux et presque solennel avant de s'éloigner d'Harry et de se rapprocher de sa fille. L'adolescente se retenait de sourire, elle était presque sûre de recevoir un joli discours de prévention d'ici quelques secondes.

Elle loucha sur la baguette, achetée chez Garrick Ollivenders, six ans auparavant et que sa mère tenait fermement dans sa main droite. Cette baguette qui lui avait permis de se sauver la vie à d'innombrables reprises -26 centimètres, écaille de basilic, bois de noisetier pratique pour les enchantements et la défense contre les forces du mal. Elle se souvenait des paroles du vieux fabricant de baguettes -c'est la baguette qui choisit le sorcier mademoiselle Phelps - et elle en avait essayé des baguettes avant de trouver celle qui la suivrait durant l'entièreté de sa vie. Du moins, elle espérait.

 - En cas d'extrême nécessité, Amélia, lança-t-elle en pointant l'objet vers le torse de son aînée. Je te fais confiance.
- Oui, Maman, promit-elle, je ne me mettrais pas en danger et de toute façon je suis avec le professeur Dumbledore.

Amélia prit la baguette que sa mère lui tendait. Dès que ses doigts touchèrent le bois noir, strié de gris, une sensation de chaleur envahit ses membres faisant frissonner l'entièreté de sa colonne vertébrale. Elle ne s'attarda pas longtemps sur le bien-être et la tranquillité qu'elle ressentait soudainement au sein de sa poitrine car Dumbledore jaugeait la scène et il valait mieux rapidement la coincer dans l'une des boucles de la ceinture de son jeans.

 - Je vous promets de veiller à la sécurité de ces deux jeunes gens, Catherine, lança calmement le vieux mage, mais l'heure se fait tardive, vous saluerez Marcus de ma part. Il est temps d'y aller les enfants.

Les enfants. Ils avaient respectivement quinze ans et presque seize ans pour Harry. Dumbledore l'agaçait profondément avec ses remarques, songea Amélia avant d'entendre les brèves salutations qu'il proférait à sa famille alors qu'ils se dirigeaient vers le hall d'entrée. Maximilien, lui, suivait gaiement le petit groupe sous l'œil mi- exaspéré mi- amusé de sa mère. Il enlaça les deux adolescents en leur demandant de lui raconter tout ce qui se passerait lors de leur sortie.

Ces derniers ne savaient pas encore à quel point le reste de la soirée allait être mouvementé.
 

                                                          ~*~
Surrey , 29 juillet 1996, 22h 59


Alors qu'ils marchaient silencieusement depuis quelques minutes, s'éloignant ainsi des maisons bien alignées de Privet Drive maintenant illuminées par les lampadaires, Amélia se demanda pour la centième fois pourquoi ce menteur de Dumbledore les conviait à venir rendre une visite à un ancien professeur ayant travaillé à Poudlard. Le vieil homme semblait d'ailleurs incroyablement détendu contrairement à l'embarras incessant qu'éprouvaient les deux adolescents marchant de part et d'autre à ses côtés. Après tout, leur dernière visite respective -dans le bureau du directeur pour Harry et à l'hôpital pour Amélia- avait été dans tous les sens du terme explosive. Pourtant, Amélia ne s'en excuserait pas, cela était amplement mérité à ses yeux... Et pourtant, voilà qu'elle se sentait étrangement gênée. Décidément, sa façon de réagir était tellement parsemée de contradictions ces dernières semaines qu'elle ne se comprenant plus elle-même.

 - Je suppose qu'aucun de vous deux n'a son permis de transplanage ? lança le directeur en s'arrêtant brusquement dans un cul-de-sac où se trouvaient deux containers débordant de déchets.

Amélia renifla de dégoût face à l'odeur nauséabonde qui arrivait à ses narines. Question idiote, songea Amélia. D'un, ils n'étaient pas majeurs, et de deux des membres du ministère venaient leur apprendre les bases de cet exercice seulement au cours de la sixième année. Donc oui, aucun des deux n'avait l'autorisation de transplaner. Elle pensa que Dumbledore essayait simplement de casser l'ambiance électrique qui planait autour d'eux.

 - Il ne faut pas avoir dix-sept ans pour passer son permis, monsieur ? demanda Harry, étonné.
 -En effet, approuva Dumbledore. Je vais te demander d'agripper mon bras gauche. Amélia, tu tiendras le bras d'Harry, le droit est un peu vulnérable, une histoire fascinante sans me vanter, mais je ne puis vous la raconter maintenant.

Amélia jeta un regard en biais à Harry en remarquant pour la première fois que la main du directeur était enveloppée d'un gant blanc -trop habituée à l'extravagance de Dumbledore, elle n'avait pas fait attention à ce détail étrange - il venait de l'enlever brièvement afin de leur montrer en quoi sa main était soi-disant fragilisée avant de le remettre rapidement sur son membre. Elle espérait vraiment qu'elle avait réussi à faire disparaître la grimace de dégoût qui était apparue sur son visage, car la main en question était entièrement noire comme si la chair avait été brûlée, et ce, au plus haut degré.

 - Monsieur ? hoqueta Harry. Qu'est-il arrivé à votre main ?
- Pas maintenant, Harry... maintenant... il s'arrêta en voyant les sourcils froncés d'Amélia, dont les yeux étaient immobilisés sur sa main blessée avec une expression qui lui était bien trop familière. Ce n'est pas bien grave, Amélia, commenta-t-il. Maintenant faites ce que je vous ait demandé, s'il vous plaît.
- Cela semble pourtant assez sérieux, professeur, remarqua-t-elle avec force. Qu'est-ce qui a mis votre main dans cet état... un sortilège ? lança-t-elle avec une vive curiosité.
- Pas maintenant, Amélia, répéta-t-il doucereusement. Harry, ma main, Amélia prends celle d'Harry, ordonna-t-il.

Amélia s'exécuta l'esprit en pleine réflexion. Harry prit sa main avec douceur, avant que Dumbledore ne les fasse disparaître. Elle sentit soudainement son corps se faire balancer dans tous les sens. Elle agrippa le bras de son meilleur ami avec plus de fermeté. Elle se souvenait brièvement des explications d'Hermione, ou était-ce Andrew ? Elle ne s'en souvenait plus. En tout cas, l'un deux lui avait raconté qu'on pouvait se faire désarticuler un membre avec ce genre de transport si on n'était pas bien concentré... et elle tenait à arriver entière, songea-t-elle alors que son visage se vidait de toute couleur tandis que la pression exercée sur son corps l'empêchait de respirer correctement.

Tout s'arrêta soudainement, elle lâcha rapidement la main de son ami et se laissa tomber à genoux alors qu'elle inspirait de grandes bouffées d'air frais. Elle sentait le repas qu'elle avait ingurgité lors du souper valser dangereusement dans son estomac, effectuant des allers-retours vers son œsophage. Ne pas vomir, pria-t-elle intérieurement en songeant à la honte que cela lui procurerait. Pas devant Dumbledore.

La sensation donné par le transplanage était tout simplement horrible. La jeune fille avait eu l'impression de sortir d'une attraction moldue où des wagons avaient fait une dizaine de loopings d'affilées... Décidément, autant elle adorait la magie, autant les transports sorciers craignaient de façon mémorable, songea-t-elle en pensant brièvement au magicobus et aux transports en cheminées.

 - Tout va bien ? demanda Dumbledore avec compréhension. Je dois dire que pour un premier transplanage c'est plutôt réussi, beaucoup de personnes vomissent la première fois.
- Franchement Monsieur, je ne vois pas pourquoi ! lança Harry avec ironie.

Amélia fixa le teint tout aussi livide d'Harry avec compassion. Elle prit rapidement la main que ce dernier lui tendait et se remit rapidement sur ses deux pieds, toujours nauséeuse. Elle inspira de nouveau un grand coup. Elle venait de transplaner pour la première fois de sa vie et elle avait détestée ça. Elle en vint à se demander si elle passerait réellement son permis de transplanage en septième année. Elle préférait largement son Firestorm, son balai, qu'elle avait reçu pour ses quinze ans - offert par l'entièreté de son groupe d'amis- et qui lui permettait généralement de se détendre. Elle avait toujours apprécié la sensation de liberté qu'engendrait le fait de voler.

 -Je préfère largement voler sur un balai, grimaça Amélia. Je crois que c'est le meilleur transport existant de notre monde ; les transports moldus sont quand même bien moins intenses, monsieur.
-Je confirme les dires d'Amélia monsieur. Etre en voiture ou en métro c'est vraiment plus tranquille, argumenta Harry.
-Certes, mais nos transports, vous en conviendrez, sont beaucoup plus rapides, sourit-il avec amusement. Bien, venez, nous devons prendre cette route.

Dumbledore partit rapidement dans la direction qu'il leur montrait, obligeant les deux adolescents à la traîne à accélérer le mouvement. Harry demanda rapidement à son amie si elle allait bien et elle s'empressa de répondre par l'affirmative, bien que le teint blafard qu'elle abordait lui faisait certainement perdre toute crédibilité. Ils marchèrent silencieusement pendant quelques minutes passant devant de nombreuses maisonnées endormies, des tavernes, un parc...
 
- Hum, lança Amélia en brisant le silence, où sommes-nous exactement, monsieur ?
- Dans un charmant petit village du nom de Budly Barberton.
- Et en quoi puis-je vous aider ? continua Amélia légèrement agacée. Maman m'a dit que vous aviez besoin de nous pour vous aider à faire revenir un professeur à Poudlard ? Elle n'a pas trop compris non plus, donc... en quoi pouvons-nous vous être utiles ?
- Oh ça..., il réfléchit brièvement avant de répondre. Chacun à votre façon je pense que vous allez être indispensable, continua-t-il vaguement. Tournez à droite.
- Hein ? chuchota Amélia à l'adresse Harry qui marchait à ses côté alors que Dumbledore, lui, accélérait le pas. Qu'est-ce que ça veut dire à ton avis ?
- Aucune idée Emmy, chuchota à son tour Harry, mais je me demande qui on peut aller voir à une heure aussi tardive. Regarde, il est presque minuit.
- Oui, remarqua Amélia en louchant sur les aiguilles d'une horloge flanquée au-dessus d'une église. J'ai reçu une lettre d'Hermione et Élisabeth ce matin, commença-t-elle sur le ton la conversation. Elles n'ont pas osé t'envoyer de lettres à cause de ton oncle et de ta tante donc je sers de coursière ; elles t'embrassent et nous disent de rester prudents, se moqua gentiment l'adolescente. Élisabeth était chez Hermione, apparemment elle a fugué de chez ses mangemorts de parents, elles ont rejoint le terrier il y a trois jours, continua de chuchoter Amélia.
- Elle a osé partir ? fit Harry soulagé. Je suppose qu'on va avoir le droit à tous les détails, mais elle doit faire attention, s'ils la retrouvent, Harry grimaça angoissé à l'idée qu'un de ses amis ait des ennuis.
 - Elle compte partir habiter chez sa tante dès les prochaines vacances... Elle n'a pas directement été chez Andrew, car ses parents auraient directement compris qu'elle avait filé chez son cousin ! D'autant plus que tu sais de qui je veux parler s'intéresseraient de très près à June et à ses qualités de potioniste. Ce n'était pas le moment d'attirer l'attention encore plus sur leur maison. D'après Andrew, sa mère est toujours sur ses gardes, Eli' a écouté certaines conversations de ses parents grâce aux oreilles à rallonges que Fred et George lui ont procurés... Des mangemorts chercheraient à localiser l'emplacement de la maison d'Andrew, mais... ils sont sous Fidélitas donc... seul le gardien du secret peut avouer l'emplacement...
- Par merlin, vraiment ? répondit Harry horrifié. Elle t'a raconté tout ça par lettre ? Ils ont probablement raison avec la brochure que le ministère nous a envoyé, remarqua Harry, même si je crois que ça ne servira pas à grand-chose...
- Je ne te le fais pas dire ! Je rigolais toute seule quand je l'ai reçu, elle s'arrêta en grimaçant. Attends, si toute une famille doit sortir, comment veux-tu ne pas laisser ta maison vide ? Ou je ne sais pas... une qui m'a bien fait rire : si vous voyez la marque des ténèbres au-dessus d'une maison, n'y rentrez pas. Ils ont été les pécher où leurs recommandations ? Celle qui me paraissait la plus plausible est celle qui parle d'instaurer des protections autour de la maison... et encore... Comment on fait si on est mineur et qu'on est le seul sorcier de la famille ? fit Amélia dépitée.
- Comme je dis c'est inutile, approuva Harry. Le truc des inféris m'a par contre donné froid dans le dos...
-Ah oui... qu'on doit faire attention de ne pas se retrouver face à une armée de zombies, elle ricana. Je pense qu'on a un peu d'expérience dans le domaine grâce à la console de mon frère, fit Amélia sur le ton de la plaisanterie.
 
Harry sourit amusé.

 -Si tu le dis ! Il s'arrêta pensif. Je n'en reviens toujours pas que Fudge ai été renvoyé ... lança-t-il soudainement.
-Pas étonnant, les gens ont dû envoyer des centaines et des centaines d'hiboux pour leur montrer à quels points ils étaient indignés. Après tout... toute l'année il nous a rabâché les oreilles que tout allait pour le mieux... et te discréditer face à la vérité... Alors quand il a été confronté à la véracité de tes propos en pleine face, je crois que la population sorcière du pays n'a pas trop apprécié. En espérant que ce Rufus Srigmeour soit meilleur, bougonna Amélia, qu'on ait enfin quelqu'un qui se bouge pour protéger le pays...
-J'ai lu dans la gazette du sorcier qu'il n'avait pas peur des mages noirs, car il avait l'habitude d'en pourchasser, commenta Harry songeur. Il était directeur du bureau des aurors avant...
-Je lis beaucoup de chose exaspérante dans la gazette pour le moment, soupira Amélia. Je crois qu'il ne vaut même plus la lire. Ils ne savent même plus quoi raconter dans ce journal pour rattraper leurs bourdes passées. J'ai adoré l'article que j'ai lu ce matin à propos d'Harry Potter l'élu... Amélia ricana. Tu étais vraiment bien sur la première page du journal. D'ailleurs, je me demande où ils ont été récupérer cette photo parce que je suis presque sûre que c'est Hermione qui l'a prise quand nous étions assis près du lac au printemps dernier quand on sortait de l'examen écrit de sortilèges... elle soupira. Si ça se trouve, les journalistes nous espionnent...
- Ça va, grogna Harry faisant mine de bouder. J'aimerais bien t'y voir toi sur la première page du journal et je me ferais un plaisir de commenter !  se moqua Harry. Hum, oui, ça ne m'étonnerait pas qu'il y ait encore des journalistes comme Rita Skeeter !
-Ouais, mais au moins pour elle, Hermione s'est occupé d'elle, pauvre scarabée, non ? fit ironiquement Amélia. Et dire que depuis ça, je me méfie toujours de ces bestioles. A cause d'elle, je vois des potentiels animagis partout...

Harry ricana.

 -Hey ! bouda Amélia en le frappant à l'épaule. Je te rappelle qu'elle savait des détails qui n'avaient été partagés qu'entre nous ! Parce qu'elle voulait tout savoir de ta vie, Harry James Potter. Imagine-toi... que cette vipère s'est carrément faufilée jusque dans nos dortoirs respectifs pour obtenir des informations. Moi je n'ai pas oublié !
- Je m'imagine très bien, rit Harry. Je me souviens d'une fille en pétard après avoir découvert qu'Hermione ait, elle-même, découvert que c'était une animagus alors qu'elle l'avait réussie à l'enfermer dans un bocal pour la remettre au ministère de la magie. Cette même personne qui... si je me souviens bien, nous a gentiment proposé de l'écraser sous la semelle de sa chaussure... Hum oui je suis sûr que... fit Harry amusé, que tu n'oublies rien !
-Elle l'aurait mérité après les mensonges écrits dans ses articles lors du tournoi des trois sorciers, ou plutôt quatre sorciers dans ton cas... grogna Amélia. ... et je pense... que ça aurait été de toute manière encore trop doux pour sa personne.

Les enfants n'avaient pas remarqué qu'ils avaient commencé à parler à voix haute en oubliant certainement la présence du directeur. Dumbledore ne les avait pas interrompus, alors qu'ils avaient entamé une conversation sérieuse. Cette dernière venait de dériver sur une autre discussion beaucoup plus légère. Il les écoutait d'une oreille discrète, il était toujours intéressant de se mettre à la place des enfants, d'écouter leurs opinions, leurs ressentis face à ce qui les entourait. Il en ressortait souvent de très bonnes réflexions. En les voyant tous les deux si complices, le vieil homme laissa échapper un soupir, le destin pouvait parfois être cruel et leur destinée ne serait probablement pas de tout repos.

 -Loin de moi l'idée de vous interrompre dans cette conversation des plus intéressantes, intervint avec bienveillance Dumbledore, légèrement amusé, mais nous allons devoir monter cette rue en pente et ensuite nous serons arrivés.

Les deux adolescents se figèrent sur place, honteux. Ils avaient tendance à oublier qu'il y avait parfois d'autres personnes ; quand ils commençaient à se taquiner, ils se retrouvaient généralement dans leur petit monde. Dumbledore les regardait au travers de ses lunettes en demi-lune avec douceur. Ils commencèrent à monter la pente alors que leurs deux visages avaient légèrement rosi de gêne. Amélia se donna intérieurement une claque. Le vieux fou n'avait pas à savoir ce genre de détails, surtout ce genre de détails : maintenant il pouvait se faire une note mentale qu'Amélia avait littéralement voulu écraser Rita Skeeter sous son pied... et franchement au vu de sa nouvelle situation, lui donner des raisons qu'elle avait déjà eu des envies de meurtres ne jouait pas en sa faveur.
 
-Je comprends votre inquiétude concernant le nouveau ministre, mais Rufus a des qualités qui permettront de maintenir l'équilibre au sein du ministère. Quant aux journalistes, si quelqu'un tente de vous espionner comme l'a si bien fait cette chère Rita, je ne donne pas cher de sa carrière. Je doute donc qu'écraser une personne sous sa forme d'animagus, et ce sous son pied, ne te soit bénéfique, omis t'attirer des ennuis, Amélia. Il est parfois préférable de prendre sur soi-même. Miss Granger semble d'ailleurs te le rappeler assez souvent.

Amélia avait de plus en plus l'impression que Dumbledore contrôlait ses moindres faits et gestes, comme si elle était apte à faire des choses qui la nuiraient. Elle soupira car elle avait cette étrange sensation d'être étroitement surveillée, et ce bien avant cette découverte au sein même du ministère de la magie. Comme si elle pouvait en quelque sorte être un danger potentiel. Elle savait qu'elle avait toujours eu du mal à contrôler ses pulsions et ses émotions, cependant, ce n'était pas toujours une raison pour lui faire des remarques aux moindres occasions qui se présentaient à lui.

 -Dis-moi Harry, sollicita Dumbledore, ta cicatrice ne t'a pas fait mal ? Tu n'as pas eu de cauchemars ?
-Non, monsieur et j'en suis soulagé ! répondit Harry. Mais je trouve ça étrange, avoua-t-il.
 -Je ne pense pas. Ils ont certainement dû comprendre que cette connexion utilisée contre toi l'année précédente pouvait s'avérer très dangereuse, car à mon avis, tu pourrais voir des choses qu'ils ne voudraient certainement que tu perçoives.


Harry mentait probablement un peu songea Amélia. Il n'avait peut-être plus de douleur à sa cicatrice mais il faisait toujours des cauchemars, bien qu'il soit vrai que ses rêves étaient maintenant dus à sa propre imagination et non à cause de faits détaillés de la réalité, comme ce fut le cas il n'y avait pas si longtemps. Les mages noirs avaient certainement dû comprendre que s'infiltrer dans les pensées du jeune garçon pouvait s'avérer dangereux, comme venait de le dire Dumbledore. Quant à elle, ses cauchemars arrivaient dès qu'elle plongeait dans le sommeil ; autant dire qu'elle n'avait pas eu une nuit complète depuis un petit bout de temps.

 -Et toi Amélia, rien de tout cela ?
-Non, monsieur ! répondit-elle un peu trop précipitamment.

Amélia détourna rapidement le regard. Elle n'avait pas vraiment envie que le directeur fasse un petit tour gratuit dans sa tête... surtout dans l'état émotionnel dans lequel se trouvait son esprit en ce moment. Elle avait vraiment envie que certaines choses restent de l'ordre du privé, comme certaines visions aperçues au cours de ses dernières nuits.
 
-Comment se porte ta blessure ? continua Dumbledore un brin soupçonneux. Catherine m'expliquait justement que tu avais rendez-vous à Saint -Mangouste le premier août pour pratiquer des examens. Avec l'accord de ta mère, j'ai donc pris l'initiative de modifier la date et l'heure du portoloin que je lui ai donné. Je te l'avais préparé pour demain soir, mais au vu de ton rendez-vous et... comme j'ai cru comprendre que ta mère avait bien l'intention d'y assister, il partira donc le deux août à dix-neuf heures, cela sera plus pratique pour ta famille. Bien entendu, la famille Weasley est déjà au courant de ton arrivée.
-Beaucoup mieux, avoua Amélia. J'ai encore des lancements de temps en temps, la blessure se cicatrise, les médicomages m'ont prise en charge à temps. Elle s'arrêta horrifiée. Je vais rater ton anniversaire ? réalisa-t-elle soudainement en se retournant vers Harry. Professeur, je peux toujours m'arranger avec mes parents pour aller à Saint-Mangouste avec les Weasley. Ce sera d'autant plus facile et...
-Ce n'est pas grave, Amélia, interrompit Harry. Je préfère te voir totalement guérie et en pleine forme. Mon anniversaire n'est pas une priorité Emmy, ta santé l'est, il s'arrêta à nouveau. Ce n'est pas un simple sortilège que tu as reçu, ça aurait pu te tuer ! Donc, oui, je crois que ce rendez-vous est très important et... il s'arrêta en la fixant avec ténacité alors qu'elle s'apprêtait à rouspéter, tu ne me feras absolument pas changer d'avis sur le sujet, anticipa-t-il avec dureté. Et puis... je tiens également à ce que tu sois remise pour le Quidditch. J'aime bien avoir des adversaires de niveau, nargua-t-il. Et ... on rattrapera ça si tu y tiens vraiment à cet anniversaire, termina-t-il avec douceur.
-Je te donne raison Harry. Parfois certaines priorités passent devant d'autres, approuva le vieux mage avec sagesse. Nous sommes arriv...

Amélia qui bougonnait intérieurement face à ce concours de circonstances ne vit pas que son meilleur ami s'était brusquement arrêté. Elle se prit le dos du jeune garçon en pleine figure. Sonnée, elle allait répliquer, mais s'abstint de tout commentaire quand elle vit les couleurs de son visage disparaître brusquement. Elle suivit donc le regard de son ami qui lui-même observait ce qui déclenchait le visage horrifié de Dumbledore. Elle se figea subitement d'horreur à son tour en voyant le spectacle qui se dressait maintenant sous ses yeux.

Devant eux, se dressait une allée des plus ordinaires, cependant la porte d'entrée de la maisonnée était au sens propre du terme explosée en deux morceaux distincts.
 
Le cœur d'Amélia tambourina soudainement contre sa cage thoracique avec force alors qu'elle commençait déjà à songer aux pires choses qui avaient pu arriver à ce soi-disant collègue et ami de Dumbledore. Elle vit le vieux mage sortir de sa cape sa propre baguette magique tout en  analysant rapidement autour de lui l'environnement dans lequel ils se trouvaient tous les trois. Mais... la rue était déserte, aucune preuve que des individus indésirables ne soient présents.

 -Sortez vos baguettes tous les deux ! ordonna calmement Dumbledore.
-Mais... commença Harry.
-Je vous autorise à utiliser tous les sortilèges et contre- sorts qui vous viendraient à l'esprit, anticipa Dumbledore. Vous êtes sous ma protection, le ministère n'aura rien à en dire, vous n'aurez pas d'ennuis.

Maman va être ravie. Quand je dis que les ennuies me trouvent toujours, elle ne me croit pas... songea avec ironie Amélia alors qu'elle empoignait sa baguette magique. La jeune fille suivit Dumbledore de près ; ce dernier avait allumé sa baguette d'un lumos et les deux adolescents reproduisirent le même geste vif afin que leurs propres baguettes s'illuminent elles aussi à leur extrémité.

Ils entrèrent dans la maison. Les deux adolescents se jetèrent un regard inquiet avant de suivre le directeur qui pénétra dans un couloir adjacent à d'autres pièces, des traces de pas, probablement laissées par du sang, tachetaient le carrelage étincelant.

Amélia déglutit.

Les mangemorts avaient-ils attaqué cet ancien professeur ? pensa-t-elle. Totalement aux aguets, ils s'introduisirent dans ce qui devait être le salon. Être... parce que tout ce qui se trouvait devant ses yeux était dans un état de destruction totale. La pièce était littéralement ravagée. Les pulsations cardiaques de l'enfant s'accélèrent et elle guetta avec appréhension ce qui l'entourait en vérifiant qu'aucun individu ne sorte soudainement des décombres présents devant eux pour les attaquer.

 -Vous croyez que les agresseurs aient...aient pu emporter le corps ou... bégaya Amélia la gorge brûlante.
-Oh...ne t'en fais pas, je ne pense pas que quelqu'un l'ai emporté, lança Dumbledore calmement.

Amélia le dévisagea en se demandant comment il pouvait rester aussi calme devant le désastre de cette pièce. Le papier à tapissé était arraché, les multiples bibelots se retrouvaient un peu partout éparpillés sur le sol, les meubles qui composaient la pièce étaient quant à eux détruits. Par merlin, du sang semblait littéralement avoir giclé sur les murs. Amélia jeta un regard en biais à Harry ; ce dernier, blême, se tenait à sa hauteur et lui attrapa le bras afin de lui montrer un morceau de la gazette du sorcier coincé entre des décombres.

-Le ministère allemand se joint à l'Angleterre
, lut- elle à voix basse.

Sur la première page se dressait un cliché d'un homme chauve qui serrait inlassablement la main d'un autre homme robuste qu'elle reconnut rapidement comme - et pour avoir lu quelques articles à son sujet- Rufus Srimgeour. Les ministères magiques des autres pays commençaient de nouveau à s'allier ensemble comme ce fut le cas durant la Première Guerre afin de lutter contre ces deux mages noirs qui menaçaient maintenant d'autres pays que l'Angleterre.

 -C'est une bonne chose ! souffla Harry. Tu...

Il ne termina pas sa phrase car quelque chose de chaud et gluant chuta sur son front. Sous l'œil épouvanté d'Amélia, qui venait de pointer sa baguette vers le plafond, une substance douteuse coulait d'un trou béant au-dessus d'eux. Harry voulut toucher son front afin d'essuyer ce qui ressemblait vraisemblablement à du sang, mais n'en eut pas l'occasion. Dumbledore s'approcha de lui et se permit de goûter la substance non identifiée sous les yeux désabusés des adolescents.

 -Du sang de dragon, remarqua-t-il avec simplicité.
 
L'adolescente fronça les sourcils, septique, avant de se rendre compte que son directeur se dirigeait à pas feutré vers un fauteuil. Il se trouvait étrangement en très bon état. Chose qui paraissait anormale dans ce décor digne d'un film moldu aux apparences apocalyptiques. Le vieil homme enfonça brusquement sa baguette dans le fond du fauteuil qui poussa alors un gémissement de douleur. Temps mort, songea Amélia avec stupéfaction, le fauteuil venait de gémir ?

-Ouch !


Les enfants sursautèrent à nouveau, surpris.
 
-Bonsoir Horace, commença Dumbledore.

Amélia et Harry se regardèrent à deux reprises, bouche bée. Le fauteuil venait soudainement de se métamorphoser en une personne de tout à fait normalement constituée. L'homme était plus petit que Dumbledore, bien portant et affublé de petits yeux globuleux qui fixaient d'ailleurs leur directeur d'un œil exaspéré, le tout en se massant son ventre endolori. Là où la baguette avait probablement dû s'enfoncer songea l'adolescente. C'était un fait, elle était impressionnée par les talents en métamorphose de cet homme.
 
-Il était inutile de faire aussi mal, Albus, bougonna-t-il en se redressant. Qu'est-ce qui m'a trahi ?
-Le sang de dragon premièrement et pour finir la marque des Ténèbres, répondit Dumbledore avec calme.
 -Oui...oui bien sûr la marque, grommela-t-il avec déception. Je savais que j'avais oublié quelque chose de primordiale !
- Pourquoi toute cette mise en scène ? interrogea le mage blanc. Tu les attendais ?
- Hum... Les mangemorts oui... oui je les attendais... Cela fait quelques mois qu'ils essayent de me recruter... et tu sais qu'on ne peut dire non bien longtemps à ces gens-là ! Surtout à eux et leurs désirs de pouvoir, insista-t-il. Ce sont des temps de folie, je te le dis, lança-t-il paniqué. Je ne peux rester dans une maison plus d'une semaine ! Les moldus qui vivent ici sont en vacances, je me suis donc installé en attendant, mais pas pour bien longtemps. Nous sommes en sécurité nulle part, expliqua-t-il alarmé.
 -Je vais t'aider à ranger. Il vaut mieux mettre un peu d'ordre dans cette maison, cela pourrait s'avérer suspect pour les moldus.


-Effectivement ! grommela Slughorn qui de toute évidence n'était pas aussi objectif que Dumbledore.

Les adolescents qui étaient restés un cran en arrière par rapport aux deux adultes les regardèrent soudainement se mettre dos à dos alors qu'ils commençaient à réaliser des mouvements complexes avec leur baguette magique. Les meubles se mirent à se raccommoder avant de s'installer à leur place initiale, un lustre se reconstitua soudainement devant eux avant de se placer au-dessus de la tête des adolescents stupéfaits... Alors que l'objet en question illumina instantanément la pièce dans la pénombre, le plafond, les cadres et les multiples garnitures du salon se réparaient d'eux-mêmes. Amélia ne pouvait s'empêcher de sourire devant le phénomène auquel elle assistait, pourtant habituée depuis six ans à ce genre d'anormalité... Mais malgré son expérience, elle trouvait cela toujours aussi fascinant.

 - Voilà qui est mieux ! termina Dumbledore. Les enfants, je vous présente Horace Slughorn ; Horace, je pense que tu n'auras aucun mal à les reconnaître...
- Enchantés, monsieur, bredouillèrent d'une même voix Harry et Amélia qui venaient de ranger leur propre baguette, maintenant qu'aucun danger n'était à l'horizon.

Amélia regarda le vieil homme vêtu d'un peignoir de chambre. Puis elle détourna le visage vers Dumbledore avec méfiance. Elle ne doutait pas que cet homme allait trouver rapidement qui était véritablement Harry, mais...elle ? Il ne pouvait absolument pas la connaître à moins que... Non, il ne pouvait pas, songea Amélia avec crainte alors que son estomac se tordait douloureusement dans ses entrailles. L'ancien professeur sembla plisser ses yeux globuleux alors qu'il les analysait maintenant avec une attention toute particulière.
 
- Oh... oh... Harry Potter, coupa rapidement Slughorn en remarquant pour la première fois les adolescents. Et cette chère amie ? murmura-t-il en fronçant brusquement les sourcils. Non... non tu n'as pas osé me l'amener ici, Albus ? bredouilla -t-il à l'adresse du directeur.
 
L'adolescente regarda le sorcier mettre une main sur son cœur avant de se laisser tomber, chancelant, sur un des canapés fraîchement reconstitués. L'homme la fixait maintenant bouleversé, il la détaillait avec un intérêt qui paraissait un peu trop mal poli au goût de la jeune fille.
 
-Je m'appelle Amélia, monsieur. Amélia Phelps, tenta Amélia en se demandant pourquoi l'adulte se mettait dans un tel état. Je suis ravie de vous rencontrer monsieur. Ce que vous avez fait tout à l'heure était... était vraiment impressionnant.
-Et moi, je m'appelle Armando Dippet, miss Riddle, contra-t-il avec ironie. Aussi polie et charmante que ses parents si ce n'est pas beau n'est-ce pas, Albus ? Cette enfant existe donc réellement et en plus de cela tu l'as sauvée il y a quinze ans. Et moi qui ne voulais pas te croire... il s'arrêta, bouche bée. Donc non seulement tu l'as sauvée d'eux, mais aussi de... non, laisse tomber, cracha-t-il abruptement. Je ne donne pas cher de ce genre d'informations, cela pourrait te porter préjudice mon ami... renifla-t-il dédaigneusement. Je me répète donc pourquoi l'as-tu amenée ici ?

L'adolescente vacilla dangereusement contre Harry qui l'attrapa fermement par la main avant de la lui serrer en signe de réconfort. Son organe vital pulsait violemment en son sein. Cet homme qui la regardait avec tant d'horreur savait qui elle était, tout comme elle l'avait appris il n'y avait pas moins d'un mois. Les mains de l'enfant tremblèrent de fureur et elle se retourna, soudainement irritée, vers le directeur qu'elle pensait responsable de cette annonce. Dumbledore venait de commencer ses explications.
 
-Si je l'ai fait venir, commença calmement Dumbledore, c'est dans l'espoir que tu changes d'avis et reviennes à l'école. On a besoin de toi Horace. Tu le dis toi-même, tu n'es en sécurité nulle part. Ces deux élèves et les autres étudiants de Poudlard ont besoin de sécurité... et tu es largement apte à contribuer à la sûreté de cette école. De plus, je ne pense pas que tu voudrais qu'Amélia ici présente ne tombe entre de mauvaises mains, n'est-ce pas ?
-C'est comme ça que tu comptais me faire changer d'avis ? En m'amenant Harry Potter et la progéniture de... non... mais nom d'un strangulot, il pointa son indexe boudiné vers Dumbledore. Tu veux me tenir responsable de leurs actes, et tu veux que je me porte garant de leur enfant ? En... je ne sais pas, peut-être lui éviter le même parcours, il ricana nerveusement tout en s'essuyant son front dégarni. Tu es insatiable, Albus... Je te le dis, un jour à prendre de tels risques, tu le regretteras. D'ailleurs qu'as-tu fait à ta main ? Pourquoi portes-tu ce gant ? Tes réflexes se perdraient-ils mon ami ?
-Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit calmement Dumbledore. J'ai l'entière confiance d'Amélia et je ne doute pas que le parcours choisi sera des plus élogieux. Tu veux rentrer dans la brigade de la police magique, lança-t-il à l'attention de la jeune fille, d'après ce que j'ai cru comprendre dans les documents concernant les rapports d'orientation que j'ai reçus de la part de vos directeurs de maison après vos BUSE ? Et Harry... auror ? C'est bien, même très bien, louangea-t-il. Oh rien de bien grave, une petite blessure de rien du tout ! assura rapidement Dumbledore en éludant la remarque.
-Oui, monsieur, murmura Harry mal à l'aise face à la situation. Monsieur Slughorn, tenta-t-il maladroitement, Amélia n'est pas responsable de tout cela... Nous... nous avons appris cela qu'au département des mystères. Il y a quelques semaines. Et cela nous a vraiment tous choqué, sans exception. On ne s'y attendait pas vraiment... J'ai...j'ai grandi avec elle, nous avons pratiquement appris... à marcher ensemble. Elle a été élevée par des moldus. Vous semblez connaître Lord Voldemort et Lady Voldemort d'après ce que je crois avoir compris... D'où votre réaction, n'est-ce pas ? Mais monsieur, je vous assure, Amélia est quelqu'un de bien.

Amélia regardait la partie de tennis que se lançaient les deux adultes. Elle n'avait pas répondu à Dumbledore qui avait eu le culot monstre de la faire venir ici, alors que de toute évidence, ce professeur Slughorn savait mettre un nom sur son visage sans même ne l'avoir jamais vue. Émue par l'initiative d'Harry, elle se retint de se jeter dans ses bras alors que le directeur de Poudlard jetait un regard bienveillant au jeune garçon. Amélia remarqua que le corps d'Horace Slughorn avait tressailli quand Harry avait prononcé les noms des mages noirs.

 -Bien... Hum bien, il est vrai que cette petite sortie improvisée a fait le tour des journaux, commenta-t-il ... et si même vous, Harry, lui faites confiance, il se racla la gorge mal à l'aise, je suis... hum désolé, il se racla à nouveau la gorge, pour cet accueil peu chaleureux, miss Riddle, mais ne croyez pas avoir ma confiance. J'ai appris à me méfier grâce à l'expérience et je sais pertinemment à quel point enrôler et manipuler les gens semblent être quelque chose de parfaitement élémentaire dans votre famille... Je n'ai pas été leur professeur pour rien, murmura-t-il pour lui-même.
 
Pour la deuxième fois de la soirée, Amélia entendit prononcer son véritable nom de famille et cela la mettait dans une telle colère qu'elle serra les deux poings si forts que ses doigts blanchissaient à vue d'œil. Elle espérait pouvoir garder la soupape de sécurité qui menaçait d'exploser depuis quelques semaines, verrouillée encore pour quelques temps. Bien qu'elle sente son corps tendu jusqu'à la moelle, elle se surprit elle-même en gardant son sang-froid face à cet homme qui semblait avoir été le professeur de nul autre que Lady et Lord Voldemort en personne. Amélia jeta un œil au mage blanc. Étrangement, elle supposait que Dumbledore avait encore une idée des plus tordues derrière la tête et... elle semblait être un élément de première ligne à cet effet.

 -Je n'ai aucune mauvaises intentions professeur, lâcha brusquement Amélia. Et croyez-moi, ce que j'ai appris ne me fait aucunement plaisir. Ça ne tiendrait qu'à moi, j'aurais très bien pu continuer à penser que j'étais la née-moldue qui avait simplement réussi à se retrouver à Serpentard il y a six ans. J'aurais également très bien pu continuer à penser que si j'y étais, c'est parce que j'étais là à cause de certaines qualités et non à cause du fichu sang qui coule dans mes veines !
 -Serpentard ? Hum oui... évidemment, bredouilla-t-il pour lui-même. Peut-être avez-vous raison. Vous savez, j'étais moi-même le directeur de cette maison, à une certaine époque, commenta-t-il pensif. Je me souviens d'étudiants ayant d'innombrables qualités qui se trouvaient à Serpentard et qui sont devenus des personnes respectables.

-Peut-être monsieur, murmura Amélia, peut-être...

Le silence retomba dans la pièce. Ce fut avec un malaise évident que le professeur Dumbledore brisa le calme qui venait de s'installer entre les quatre individus.
 
- Horace, puis-je te demander d'utiliser les toilettes ? lança le vieil homme.
 -Oui, bien sûr, lança-t-il alors qu'il espérait le voir partir. Au fond du couloir, troisième porte à ta gauche. Mais la réponse est toujours catégoriquement et indéniablement non, Albus. Je ne reviendrais pas !

Dumbledore traversa la pièce et il disparut de la vue des enfants. Slughorn jeta un œil aux adolescents, puis il se leva du divan dans lequel il s'était assis et décida de reprendre rapidement la parole alors qu'il analysait soudainement Harry avec attention.
 
-Vous ressemblez beaucoup à votre père, Harry, lança-t-il calmement. Sauf les yeux vous avez les yeux de votre...
-De ma mère, je sais, répondit Harry las.
 
Amélia ne put s'empêcher d'afficher un rictus moqueur à l'égard de son ami. Ce dernier l'avait tellement entendu qu'il commençait réellement à s'en lasser. Cependant, elle perdit bien vite le sourire qu'elle avait affiché sur son visage quand le sorcier secoua brusquement son index dans sa direction.

 -Si j'étais vous miss Riddle, je ne rigolerais pas... Vous ressemblez tellement à votre père au même âge que cela en est déroutant... C'est d'ailleurs pour cela que j'ai rapidement fait le lien, vous ne pouviez être que du même sang après tout... Enfin, vous avez indéniablement hérité du regard si particulier de votre mère, murmura-t-il, son esprit vagabondant dans de lointains souvenirs, et également de son nez, constata-t-il en l'analysant sous tous les angles l'adolescente.
 -Avec tout mon respect, monsieur, répondit froidement Amélia avec une sérénité qui signalait probablement le calme avant la tempête, je vous demanderais de m'appeler par le nom de famille qui m'a été donnée lors de mon adoption et que portent également ceux qui ont pris soin de ma personne tout au long de ma vie. C'est-à-dire Phelps ! Et deuxièmement, je ne leur ressemble pas, murmura-t-elle la voix tremblante de fureur, je vous interdis de dire cela, est-ce clair ? Vous ne me connaissez pas, je ne veux même plus entendre un seul mot à ce sujet.
-Je n'ai jamais dit que votre intérieur était le même, constata le sorcier, j'ai juste souligné les constatations physiques qui sont pour elles indéniables. Tenez regardez... hum, non pas là ! Venez !

Amélia sentait qu'elle perdait tout doucement le contrôle de ses nerfs. Pour la première fois de sa vie, on lui disait qu'elle ressemblait à quelqu'un et sincèrement, elle aurait pu s'en passer. Avec amertume, elle songea qu'elle aurait dû constater cela bien avant... Après tout, elle n'avait jamais remarqué aucunes traces caractéristiques de ses parents adoptifs sur son propre visage. Elle avait probablement été aveuglée par la vérité, qui pourtant avait été sous ses yeux. Elle avait tellement été choyée que ce genre de constatations lui était passé par-dessus de la tête, jusqu'à ce qu'elle entende cette Prophétie de malheur. La réalité accumulée à d'autres faits en avait d'ailleurs été accablante.
 
Elle regarda Slughorn se diriger vers un petit buffet rempli de photographies avant de se raviser et de s'accroupir pour ouvrir un petit meuble joncher d'objets divers. Il en sortit une petite boite en carton. Le professeur souffla par-dessus afin d'en évacuer une fine couche de poussière. Il l'ouvrit et en sortit ce qui ressemblait vaguement à une photo. Cette dernière semblait d'ailleurs avoir été abîmée. Intentionnellement.
 
-Attendez, j'ai eu la fâcheuse tendance à m'énerver dessus ces derniers temps. Croyez-le ou non, mais ça soulage vraiment, Reparo.

L'adulte lança le sortilège qui permit à la photo de se reconstituer d'elle-même. Comme si cette dernière venait d'être tirée, là à l'instant. L'ancien professeur frissonna quand ses pupilles passèrent momentanément sur l'image avant de la tendre à l'adolescente dont les mains tremblaient dangereusement. Lorsqu'elle prit la photographie entre ses doigts glacés, et dès que ses yeux se posèrent sur l'image animée, son souffle se bloqua et elle en oublia de respirer.

Elle n'arrivait pas à penser correctement face à l'image. La jeune fille ravala sa salive de travers et passa sa langue sur ses lèvres devenues instantanément sèches. Elle ne remarqua même pas Harry qui s'était approché, regardant la photo par-dessus son épaule avec un intérêt non dissimulé, les poings serrés contre son corps.

Non... ses yeux restaient rivés sur ce que ses deux rétines étaient en train d'enregistrer. Avec une expression proche de l'indécence, elle analysa les deux adolescents qui devaient avoir un peu près son âge. Le garçon sur la photo lui ressemblait énormément et cela lui était étrange : le même visage fin, les mêmes traits de son visage se retrouvaient sur le sien. De même que les  mèches de cheveux rebelles qui se retrouvaient sur l'avant de son front. Elle en vint même à remarquer qu'elle avait hérité du même sourire en coin que ce dernier abordait devant l'objectif. Pour finir, elle remarqua qu'un même petit grain de beauté se retrouvait sur sa joue droite. Le genre de détails qu'elle aurait préféré s'abstenir de connaître, songea-t-elle alors qu'elle sentait ses jambes se dérober tout doucement sous elle tellement elle tremblotait de tous ses membres.
 
Le garçon aux yeux noirs de la photo se retournait vers la fille qu'il tenait par l'épaule. Cette dernière d'une beauté rare avait les cheveux noirs et bouclés qui lui arrivaient un peu plus bas que les épaules, ses yeux si semblables aux siens brillaient d'une lueur espiègle alors qu'elle pinçait ses lèvres pulpeuses et se retournait elle aussi vers le garçon aux cheveux ténébreux. Lady et Lord Voldemort... ses géniteurs, songea-t-elle face à la réalité qui se trouvait devant elle.

Elle retourna la photo. Derrière se trouvait une brève inscription : Tom Riddle et Lianna Sauwer novembre 1944, salle de classe du cours de potion. Il lui était facile de prendre le nez retroussé, et les yeux de l'adolescente présente sur la photo et de les remplacer sur le jeune homme à ses côtés. Avec des traits beaucoup plus féminins que ceux du garçon, elle n'avait aucun mal à se faire une image d'elle-même. Elle en attrapait la nausée, un sentiment de répulsion envahit sa chair. Elle se dégoûtait. Comment Harry, qui les avaient vus dans la chambre des Secrets, ne l'avait-il pas remarqué ? Oh bien sûr qu'il avait remarqué des étrangetés, il ne fallait pas être aveugle. Il avait légèrement perdu son sang-froid au ministère en lui balançant qu'il soupçonnait déjà certaines choses bien avant cet évenement. Oui, il aurait peut-être mieux fait d'avouer ses soupçons bien avant qu'ils récupèrent cette saleté de Prophétie, qui leur avait semblé d'ailleurs bien incomplète.
 
-Vous avez raison, murmura-t-elle la gorge nouée, vous avez raison... Je comprends, elle hoqueta de panique, je comprends mieux votre réaction, souffla-t-elle écœurée.
 
C'est Lady et Lord Voldemort ! lança brusquement Harry, quand ils étaient jeunes... c'est eux, constata-t-il inutilement à l'adresse de Slughorn.
 - Cessez de les appeler par ces noms par la barbe de merlin mon garçon, s'offusqua l'adulte. Mais... oui, se sont eux, ou pour moi, ils furent simplement Tom et Lianna, de brillants élèves promus à un bel avenir... Malgré leur statut d'orphelin, ils surprenaient leurs professeurs et donnaient le meilleur d'eux-mêmes. Mais... quel gâchis vraiment... Je n'en reviens toujours pas qu'ils aient aussi mal tournés, il soupira. Ils ont eu le droit à l'étagère vous savez, tous mes anciens élèves préférés rassemblés juste ici... et dire qu'eux aussi faisaient partie de mes chouchous.

Il se rapprocha du buffet où les enfants avaient entre-aperçu, quelques minutes auparavant, les photos qui étaient déposées sur le meuble. L'adolescente, elle, n'aspirait qu'à une chose : retourner rapidement chez elle et prendre en douce une potion censée calmer les douleurs que les médicomages lui avaient prescrite. Cette dernière devrait probablement faire effet sur l'irritation sans nom qu'elle ressentait, et tant pis si sa mère soupçonnait quelque chose. Elle ne tenait pas à faire quelque chose qu'elle regretterait par la suite. Cet homme l'exaspérait au plus haut point, elle aurait deux mots à dire à Dumbledore d'ailleurs...

 -Votre mère faisait également partie de mes chouchous, Harry. Une excellente élève, tout à fait charmante. C'était d'autant plus impressionnant quand on savait qu'elle était une née-moldue. Je lui répétais souvent qu'elle aurait dû appartenir à Serpentard. Regardez, elle est juste ici.

S'en était trop. Voilà qu'il avait des préjugés sur les enfants de moldus. Elle vit Harry grimacer en imaginant certainement sa mère appartenant à cette maison. Lily Evans n'avait certainement pas les qualités requises pour appartenir à Serpentard. D'après ce qu'elle en savait, sa mère était une femme des plus courageuses qui n'avait pas hésité une seconde à se sacrifier pour son enfant. Elle imaginait très mal Lady Voldemort dans ce rôle. Après tout, et selon les dires de Dumbledore, ses géniteurs n'avaient-ils pas voulu l'assassiner en comprenant que sa naissance était une erreur de leur part ?

Harry regarda sa mère entourer d'autres étudiants. En son centre, un professeur Slughorn un peu plus jeune. Les individus présentaient tous un verre devant eux. Harry qui fixait l'image, un petit un air rêveur plaqué sur son visage, se retourna brusquement vers leur possible nouveau professeur quand il l'entendit souligner qu'elle était une née-moldue.

 -Une de nos meilleures amies est une née-moldue et c'est vraiment quelqu'un d'extraordinaire, remarqua Harry avec force à la place d'Amélia qui allait lâcher un commentaire méprisant.

-Oui... continua Amélia durement, et figurez-vous qu'elle est vraiment brillante. C'est l'une des meilleures élèves de l'école, elle m'a sortie du pétrin un nombre incalculable de fois. Je lui dois beaucoup ! Je ne savais pas qu'un professeur pouvait faire des préjugés... aussi rapidement sans prendre la peine de connaître la personne. Oh... surprise, elle s'arrêta ironiquement, une de mes meilleures amies EST née- moldue, cela vous étonne peut-être ? Certainement, après tout, la gamine de deux mages noirs haïssant les moldus et les nés-moldus ça doit être tellement logique pour vous...

-Pas du tout, Amélia, vous faites erreur tous les deux. Bien que j'en sois un peu étonné, je n'en suis pas moins ravi de l'entendre... Et puis, j'ai bien dit qu'elle était une de mes élèves préférées non ? Regardez Barbanas Cuffe de la gazette du sorcier, lui aussi est un né-moldu. Il était également un élève d'exception. Je lui envoie régulièrement mon hibou pour commenter les nouvelles apparaissant dans le journal. Ou... ah oui, il s'arrêta en voyant Harry prendre en main une photo d'un groupe de Serpentard en tenu de Quidditch, Regulus Black. Vous avez du entendre parler de son frère, Sirius Black, mort  il y a quelques semaines. Je les ai tous eu les Black, sauf Sirius. Tous ces anciens élèves présents sur ce buffet avaient tous quelque chose d'exception qui les différenciait. Tenez, voici la capitaine des canons de Chudley, je reçois régulièrement des billets gratuits pour assister à un match. Bien entendu ce n'est trop pas le cas depuis quelques temps...

Amélia faillit faire jaillir sa baguette et la pointer droit sur le torse de cet homme qui n'avait apparemment aucun tact. Elle vit rapidement la lueur de tristesse se propager dans les iris de son ami. Ce sorcier parlait de ses étudiants comme des objets qu'il avait réussi à collectionner au fur et à mesure de ses années en tant que professeur. Comme si ces personnes lui appartenaient de son plein droit. Amélia étira son cou endolori par ses muscles contractés. Pour la deuxième fois en une soirée, elle avait cette idée affreusement tentante d'utiliser sa baguette, sa main la dérangeait effroyablement. Cependant, elle n'en eut pas l'occasion car à sa grande déception, Dumbledore venait de revenir dans la pièce là où la conversation allait probablement dégénérer d'un instant à l'autre.
 
-Il est temps d'y aller, les enfants, lança-t-il calmement en fixant les deux adolescents par-dessus ses lunettes.
 -Quoi ...déjà ? lança Horace qui avait oublié Dumbledore. Tout va bien Albus, tu es resté longuement aux toilettes, dis-moi...
-Il y avait là des magazines moldus très intéressants à lire, avoua-t-il. Bon, je sais reconnaître quand une cause est perdue mon ami, accepta soudainement le vieil homme, et il se fait tard. Je n'ai aucune envie que monsieur et madame Phelps ne m'en veuillent de laisser veiller les enfants à cette heure de la nuit. Poudlard aurait aimé te revoir parmi nous, Horace. Bien entendu, tu y seras toujours le bienvenu.
-Oui...oui bien sûr, il est tard, lança l'ancien professeur, déçu. Et bien au revoir, les enfants, Albus, termina-t-il tout à coup avec nervosité alors qu'ils se préparaient à partir.
-Au revoir répondit Harry.
 -Au revoir ! grinça des dents Amélia qui était à deux doigts de la crise de nerfs.

 

                                                         ~*~

Budly barbeton, juillet 1996, 00h54


Dès qu'elle mit le pied devant le perron de la porte d'entrée, elle inspira profondément afin de se calmer les nerfs. Elle était soulagée que ce professeur ne revienne pas à Poudlard, elle ne pensait pas pouvoir supporter la vanité excessive de l'adulte encore bien longtemps. D'autant plus qu'ils les avaient côtoyés. Oui, c'était très bien comme ça. Cependant, la quiétude qui la traversa fut de courte durée, car à peine avaient-ils tous trois passé les grilles entourant la maison qu'ils virent Slughorn sortir bruyamment, levant le poing vers Dumbledore.
 
-C'est d'accord ! D'accord, j'accepte Dumbledore ! Mais je te préviens, je veux une augmentation et le bureau du professeur Tetenjoy et pas le cagibi que j'avais à l'époque !

Dumbledore se figea, Amélia était presque sûre de distinguer une lueur de victoire se dessiner dans les deux yeux azur du directeur, avant que ce dernier ne se retourne rayonnant vers le sorcier aux allures bien portantes.
 
-Bien, très bien nous nous verrons donc à la rentrée ! sourit-il joyeusement. Au revoir Horace !
-Oui, maintenant que tu le dis ! grogna-t-il.

Le directeur sourit alors qu'ils commencèrent à faire le chemin inverse. Amélia et Harry le suivaient silencieusement. Pour chacun d'entre eux, cette rencontre les avait marqués d'une façon bien différente... Et Harry ne préférait pas demander comment se sentait Amélia. Après tout, il la connaissait assez bien pour se rendre compte à quel point elle était en colère. Elle marchait avec une contraction certaine, la circulation de son sang probablement coupée, constata-t-il en voyant que ses poings étaient fermement serrés contre son corps, une veine palpitait dangereusement au-dessous de sa tempe, mais ce qui marqua le plus Harry c'était la lueur pourpre qui semblait se fondre dans ses yeux si clairs.

 -Je vous remercie ! lança Dumbledore.
 -Pourquoi, monsieur ? Pourquoi nous avoir fait venir ici ? interrogea Harry.
 -Disons que vous êtes le genre de personnes que le professeur Slughorn affectionne particulièrement. Il adore s'entourer de personnes d'exceptions, comme vous l'aurez remarqué, continua Dumbledore. Vous avez réussi à lui montrer les avantages qu'il pouvait obtenir en revenant à l'école. Toi Harry, parce que tu es celui qui a survécu, et toi Amélia, parce que je suis presque certain que malgré ses réticences à ton égard, il sera plus que curieux et ne voudra certainement pas se sentir responsable s'il t'arrivait quelque chose... Je crois que tu l'as également assez surpris dans tes réponses. Donc oui il va être très curieux, mais très méfiant. Quand il reviendra à l'école, il va certainement essayer de vous introduire dans son petit club privé qui inclut des petites soirées qu'il organisait déja autrefois. Je voudrais que vous acceptiez. Parce que je pense sincèrement qu'il détient une information cruciale... Il était donc primordial qu'il revienne à Poudlard.

Le reste de la conversation, Amélia ne l'écouta pas. Si elle comprenait bien, encore une fois, elle était utilisée à des fins personnelles. Elle avait décidément l'impression de ne servir qu'à ça. Elle remarqua pour la première fois qu'elle avait emporté la photographie. Cette dernière était maintenant froissée, fermement tenue dans son poing. Elle ne pouvait la jeter en pleine rue de passants moldu alors elle la fourra rapidement dans la poche de son jeans. Elle s'en occuperait plus tard.
 
-Je crains de vous avoir privés de votre petite soirée, j'en suis navré, commenta Dumbledore. Amélia, je veux te voir dans mon bureau dès la rentrée. Je pense qu'il est temps d'avoir une conversation sérieuse. Ne crois pas que je n'ai pas remarqué à quel point tu retenais tes pulsions de colère devant Horace.
- Je ne suis pas en colère ! ragea pourtant Amélia. Et je ne pense vraiment pas avoir besoin d'une conversation dans votre bureau professeur ! Je vais très bien ! moussa-t-elle.
 -Tu es colère, constata le vieil homme en fixant soigneusement le visage de l'enfant. Cela n'est pas à discuter. De toute manière, tu viendras dans mon bureau, nous avons beaucoup à discuter, que tu le veuilles ou non.
-Vous m'obligez ? siffla l'adolescente. De mieux en mieux ! écuma de rage Amélia.
 - Prends-le comme bon te semble. De toute manière, tu écouteras ce que j'aurais à te dire, fit Dumbledore toujours aussi calmement. Harry, je te sens sur le point de me demander quelque chose ? continua-t-il en se retournant vers le jeune garçon qui s'était mis en retraite, la mine pensif, alors qu'il regardait Amélia s'énerver en silence.
 
Harry qui avait été très pensif durant le chemin du retour hésita à proposer sa requête au sorcier, mais se lança tout de même. Il ne pouvait décidément pas laisser Amélia faire face à ses problèmes seule, elle n'était pas bien et il avait bien l'intention de prendre son rôle de meilleur ami au sérieux. Au moins même si c'était non, il aurait essayé.

 -Oui monsieur, je sais que vous avez envoyé ma malle et Hedwige chez Ron, mais vu les circonstances, je me demandais si vous pouviez m'autoriser à retourner à Privet Drive quelques jours avec Amélia. J'ai la chambre d'ami qui est comme ma propre chambre chez Catherine et Marcus et j'ai même mes propres affaires de toilettes ainsi que des vêtements qu'ils m'ont achetés là-bas. Je voudrais leur demander si ça ne les dérangerait pas de rester quelques jours chez eux. J'aimerais attendre qu'elle assiste à son rendez-vous médical, si vous me l'autorisez, Monsieur. Je ne pense pas qu'Hedwige et ma valise dérangeront les Weasley pour quelques jours.

Dumbledore sourit avec bienveillance alors qu'Amélia, elle, tournait brusquement la tête vers le garçon à lunettes, surprise.
 
-Cela semble être une bonne idée Harry, je te donne mon accord ! sourit chaleureusement le vieux sorcier. Je vais prévenir les Weasley que tu arriveras en même temps qu'Amélia dès que je vous aurais laissés sur Surrey !
- Tu es complètement fou de vouloir rester dans ce quartier encore quelques jours ! Ils t'attendent tous au terrier, j'arrive dans quatre jours ! Et Molly va certainement te faire un gâteau de malade pour ton anniversaire ! hallucina Amélia. Ronald va te le faire payer si tu n'es pas là à temps pour...
-La seule chose de fou, ce serait de te laisser affronter Saint -mangouste sans que je ne sois dans les parages et je suis sûr qu'Hermione, Élisabeth et Andrew seraient étrangement d'accord avec moi, Emmy ! sourit Harry. A moins qu'en fait... tu ne veuilles pas de moi ?
-Bien sûr que si, tu es toujours le bienvenu idiot ! souffla Amélia alors qu'elle comprenait la manœuvre de son ami pour lui faire changer les idées. Tu es complètement insensé, murmura Amélia émue.
-Bien je crois que tout est réglé pour ce soir. Amélia, ma main, Harry, prends sa main. Je vous souhaite une bonne soirée, les enfants. Nous nous reverrons à la rentrée.

Harry prit la main de son amie avec douceur. Ils se regardèrent tous les deux dans les yeux, ils se comprenaient vraiment sans se parler. Aucun des deux ne se sentait vraiment bien à ce moment précis pour diverses raisons toutes aussi sérieuses, mais malgré les multiples coups durs de ces dernières années, ils avaient toujours vécu ça ensemble et... ils affronteraient le futur ensemble. La dernière pensée d'Harry avant qu'il ne se sente secoué dans tous les sens à cause du transplanage le fit sourire en coin. Il venait d'avoir une idée... et il était presque sûr que Marcus et Catherine ne diraient pas non. Après tout... si ça pouvait faire sourire leur fille...

Ce furent sur ces dernières pensées du jeune garçon qu'ils arrivèrent tous deux devant la porte du dix-sept Privet Drive.    

Chapitre 2 : Une matinée inoubliable by Chrisjedusor

 

Chambre d'Amélia, 10h00, juillet 1996

Le corps se trouvait dans une mare de sang. bIl baignait à côté d'un autre cadavre inerte. Il souriait méchamment, car une sensation de pure satisfaction envahissait sa chair et un rire froid sortit de sa bouche alors qu'il pointait sa baguette, droit sur le torse de l'homme se congestionnant dans tous les sens. Une autre personne était  à ses côtés, une capuche noire provenant de sa cape était retroussée contre son visage. La section spéciale paierait, ils les retrouveraient tous un jour. Un par un afin de remonter jusqu'à la source, mais pour l'instant, il leur fallait éliminer cet humain qui se retrouvait devant eux.

 

- Avada Kedavra !



Amélia ouvrit brusquement ses yeux qui venaient d'apercevoir les derniers moments du cauchemar dont elle venait d'être victime pour la XIème fois. Elle était en travers de son lit et ses draps étaient entortillés autour d'elle l'emprisonnant ainsi dans ses propres couvertures. L'adolescente tenta péniblement de réguler sa respiration erratique, en vain. Son corps était trempé de sueur, elle tremblait jusqu'à la moindre des parties de sa chair. Elle revoyait le sortilège fatal, cette couleur émeraude qu'elle venait de faire jaillir sans éprouver aucune pitié. Ce n'était pas vrai, elle ne ferait jamais ça. Son imagination lui jouait d'horribles tours, songea-t-elle tremblante d'horreur.


Elle se redressa avec difficulté sur ses deux coudes, tout en essayant de se dépêtre des draps dans lesquels elle était emmêlée, et essuya les gouttes de sueur qui perlaient sur son front; là où des mèches de cheveux mouillés étaient  collées contre sa peau. L'enfant entendait la maisonnée s'activer de l'autre côté de la porte de sa chambre. Une odeur de pancakes lui traversa soudainement les narines. Elle avait faim et elle avait besoin de reprendre des forces. Son père avait pris quelques jours de congé jusqu'à ce qu'elle quitte le cocon familial, c'est ce que sa mère lui avait dit quand elle fut rentrée de sa petite visite rendue au professeur Horace Slughorn.

Après tout, c'est ce qu'ils désiraient, être présents.

Elle s'en voulait car ils n'avaient pas à adapter leur quotidien en fonction de sa personne.


Avec précaution, elle sortit ses deux jambes tremblotantes de la chaleur de ses draps avant de se baisser et de chercher à tâtons ses pantoufles qui se trouvaient flanquées en dessous de son lit. Elle était fatiguée voire exténuée, les cauchemars ne faisaient qu'empirer... Et parfois elle avait l'étrange sensation de réellement se trouver sur les lieux de ces crimes. Elle frissonna. Elle ne devait plus y penser. Elle ne voulait pas gâcher cette journée qui, et par miracle, semblait être ensoleillée pour la première fois depuis le début des vacances d'été. Enfin, d'après ce qu'elle en apercevait derrière ses rideaux de velours tirés qui laissaient entrevoir des rayons de lumière. Elle se mit debout et expira un grand coup. Et  d'un geste lent, elle se dirigea vers la fenêtre de sa chambre avant d'y ouvrir les rideaux.

Elle fut éblouie par la soudaine luminosité, ce qui l'obligea à plisser les yeux afin de s'habituer à cette lumière vive. Le ciel était d'un bleu limpide. Des vitres de la fenêtre, elle apercevait un groupe d'enfants en pleine courses en vélo. Un des petits garçons passa et roula sur une flaque d'eau qui éclaboussa une vieille dame promenant son labrador. Cette dernière sembla crier quelques mots peu aimables aux enfants qui venaient de disparaître au coin de la rue.

Spike était mécontent. Il hulula sur le meuble en hauteur présent à ses côtés. Elle sourit avant de s'approcher et d'ouvrir la cage. L'animal se précipita auprès de sa maîtresse et nicha son bec au creux de la main qu'elle lui présentait. Elle le caressa calmement alors que soudainement le volatile voulut se frayer un passage hors de sa cage.


- Je ne peux pas te laisser voler dans la maison, Spike, lança Amélia la voix rauque de fatigue, mais je te promets que je te laisserai sortir plus tard. Tu auras quelques lettres à envoyer. Elle s'arrêta dans ses pensées. Je sais que tu te sens emprisonné, comme ça, mais les moldus... tu sais... apercevoir, un hibou en plein jour qui part puis se dirige un peu trop souvent vers notre maison, ça éveillerait les soupçons. Tu pourras bouger autant que tu le voudras à Poudlard.


Elle ferma la cage à contrecœur. Le hibou contrarié lui tourna le dos avant de picorer les graines au fond de sa cage. Elle soupira, avant de jeter un œil au petit réveil moldu qui se trouvait sur la commode. 10h03 d'après ce qu'affichaient les chiffres de couleur rouge. Deux cadres photos étaient d'ailleurs posés de part et d'autre de l'appareil ; l'une était une photo sorcière prise des années auparavant sur le quai de la gare de King Cross et où l'on pouvait distinguer le Poudlard Express, dessinant des panaches de fumée qui virevoltaient  autour d'elle et de ses cinq meilleurs amis souriant devant l'objectif. L'autre était une photo moldue prise lors d'un voyage en Australie. Son père faisait l'idiot avec sa fille alors que sa mère portait son frère alors âgé de quatre ans dans les bras. Devant ces deux cadres, sa baguette, nouvellement récupérée, siégeait fièrement sur le meuble.


Son ventre gargouilla. Elle décida de descendre prendre son petit déjeuner. Ce fut en traînant des pieds qu'elle se dirigea dans le couloir. Elle entendait rire à l'étage inférieur ; son frère et Harry semblaient particulièrement s'amuser en compagnie d'une autre voix grave qu'elle reconnut comme étant celle de son père. Alors qu'un sourire contagieux commençait à poindre le bout de son nez sur son visage fatigué, elle discerna un drôle de bruit provenant de la porte de la salle de bain se trouvant à quelques pas d'elle. Elle s'approcha et comprit que sa mère semblait être malade. En fronçant les sourcils elle toqua à la porte.


- Maman ? Maman est-ce que tout va bien ?

- Chérie ? lança sa mère d'une voix éraillée. Mon ange, tu es réveillée ?

- Finement observée, maman ! lança Amélia appuyée contre la porte. Est-ce que tu vas bien ? s'inquiéta à nouveau l'adolescente.


Pour toute réponse, elle entendit sa mère actionner le bouton de la chasse d'eau avant que le robinet du lavabo ne se mette à couler. Sa mère apparut brusquement devant l'embrasure de la porte, tout en refaisant le nœud du peignoir kaki qu'elle portait sur elle. Elle était bien pâle, remarqua l'enfant alors que cette dernière l'embrassait sur le front. À son tour, Catherine  plissa ses yeux gris en remarquant la mine éreintée de son aînée.


- Ce n'est rien du tout, mon cœur. Probablement une indigestion, lança rapidement l'adulte. Bien que je ne puisse pas dire la même chose de toi, remarqua-t-elle soucieuse.

- J'ai bien dormi, répondit Amélia en  tentant une moue enjouée. Tu as fait les pancakes que toi seule arrives si parfaitement à faire ? continua rapidement l'enfant en espérant éviter un interrogatoire sur son horrible nuit. J'ai super faim, c'est vraiment cool, approuva Amélia gaiement. Mais... toi tu es sûre que tu vas bien ? Tu n'as vraiment pas l'air bien, constata-t-elle, méfiante.

- Tu me sors encore une fois la carte « Je suis en forme alors que ce n'est pas le cas... » Et encore une fois, tu tentes de me mentir, constata Catherine, mécontente. Combien de fois dois-je te dire que je sais comment tu fonctionnes ? Elle  roula les yeux. Mais je vais faire comme si c'était le cas puisque cela ne changera rien à ton attitude incroyablement entêtée, soupira-t-elle. Je t'assure que ce n'est qu'une indigestion, termina-t-elle, pas de quoi en faire un fromage. Mais j'aimerais tout de même la vérité, chérie ! fit-elle avec sérieux.

- D'accord ! s'agaça Amélia, j'ai eu un cauchemar encore, tu es contente ?

- Non, je ne suis pas contente, pas quand mon bébé ne va pas bien. Je suppose que je ne peux pas te demander de quoi tu as rêvé ? continua-t-elle avec tristesse.

- Tu peux, mais je ne te répondrais pas ! souffla sa fille. Et je ne suis plus un bébé,  murmura-t-elle  en laissant échapper une grimace.


Elle frissonna, bien sûr qu'elle ne voulait pas en parler. Comment dire à ses parents qu'elle se voyait tuer des gens et en rire cruellement par la suite ? Elle vit sa mère abandonnée la partie à son plus grand soulagement. Elle aurait bien voulu lire les pensées de cette dernière, car quelque chose la dérangeait, mais elle en fit abstraction. Elle n'utiliserait pas cette capacité de cette façon, elle valait bien mieux que ça. Elle respectait la vie privée des gens.


- Tu seras toujours mon bébé, quel que soit ton âge. Et même âgée de 70 ans tu le seras toujours. Elle s'arrêta dans son monologue. Je vais aller me préparer, j'ai une opération chirurgicale à effectuer aujourd'hui. Quant à toi, va prendre ton petit déjeuner avant que les Pancakes que ta mère sait si bien faire ne disparaissent définitivement dans l'estomac des trois gloutons qui se trouvent en bas. 

- Anh, Maman, sérieusement ? Tu es trop sentimentale !  ricana Amélia.

- Si tu le dis, pouffa sa mère. Va donc rejoindre ton père qui a pris ses vacances. Je prendrais moi aussi quelques jours de congé dès que cette opération sera terminée. De toute manière, il est temps que je prenne les miennes, remarqua-t-elle. Allez, file manger, canaille !


Amélia roula les yeux,et se dirigea vers la rampe d'escalier. Mais alors qu'elle s'apprêtait à descendre, sa mère la retint brusquement sur place.


- Et pour ton information bébé, j'observe toujours  très bien ! Évite de taquiner ta pauvre mère ! se moqua-t-elle avant de ré-entrer dans la salle de bain.


Amélia leva les yeux au ciel, amusée. Son estomac choisit ce moment pour manifester à nouveau son mécontentement alors elle dévala les escaliers et se rendit dans la cuisine prendre un bon petit déjeuner.

 

  ~*~


Cuisine des Phelps, 10h27, juillet 1996 

 

Amélia sentait toujours une sorte de chaleur au creux de sa poitrine quand elle regardait sa famille. Elle s'était arrêtée devant l'entrée de la cuisine afin d'observer brièvement la vue qui s'offrait à elle. Son père était attablé à l'extrémité de la petite table, le New Times posé à côté de sa tasse de café. Marcus Phelps était un homme bien bâti disposant d'un visage plutôt anguleux, sur lequel une barbe naissante commençait à faire son apparition. Ses yeux bleus foncés laissaient apercevoir une lueur malicieuse qu'Amélia n'avait jamais vue disparaître de l'adulte. Ces derniers étaient d'ailleurs cachés par une paire de lunettes rectangulaire qui accentuait le regard espiègle de l'homme.


L'adulte passa une main dans ses cheveux, autrefois totalement blonds foncés tirant sur le brun coupés en brosse, à l'instar de son fils mais qui commençait à grisonner sur les côtés de ses tempes. Marcus se moquait des deux enfants attablés à ses côtés, faisant ressortir les petites ridules qui commençaient doucement à apparaître au coin de ses yeux.


Maximilien et Harry étaient toujours vêtus de leurs pyjamas. Harry répondait négativement à Marcus avant d'engloutir un morceau de pancake remplit de confiture alors que le plus jeune zappait de chaîne en chaîne les programmes de la télévision qui se retrouvait positionnée sur un petit meuble à côté de la cuisinière.


- Bonjour tout le monde !  lança Amélia avec chaleur.

- Bonjour, Schtroumpfette ! lança gaiement son père. Tu as décidé de jouer les belles aux bois dormants aujourd'hui ?

- Salut Emmy !  continua  Maximilien concentré sur le dessin animé.

- Bonjour Emmy ! termina Harry souriant. Bien dormi ?


Amélia se dirigea vers son père qui lui fit son câlin matinal, rituel qu'ils réalisaient tous les deux depuis son plus jeune âge. Marcus ébouriffa les cheveux déjà bien en bataille de sa fille. Schtroumpfette était un surnom unique qu'il n'utilisait qu'avec elle depuis le jour où Amélia, alors âgée de deux ans, était tombée dans le pot de peinture bleu au moment où, à cette époque, son père réalisait encore des travaux dans la maison... Depuis, Marcus n'avait jamais pu oublier le bébé entièrement recouvert de la tête aux pieds de ce bleu électrique et il avait tout de suite fait référence au dessin animé -les Schtroumpfs- avant de lui trouver ce nouveau surnom qu'il utilisait maintenant quotidiennement.


- Je n'ai pas décidé de faire la belle au bois dormant, papa sourit-elle. Oui, Harry, ça va, fit-elle rapidement ne souhaitant pas s'attarder sur le sujet. Il me semble qu'on s'amuse bien sans moi, remarqua-t-elle alors qu'elle embrassait son frère sur la tête et échangea deux bises à son meilleur ami avant de s'asseoir elle-même à côté de ce dernier. J'ai raté quelque chose ?

- Hum, fit mystérieusement son père, absolument pas, jeune fille.


Amélia les regarda tous d'un œil soupçonneux en ayant l'impression qu'elle venait d'interrompre une conversation qu'elle n'aurait jamais dû entendre. Elle prit rapidement une assiette avant de saisir un pancake se trouvant dans le plat principal installé au milieu de la table ovale, et se le tartina de chocolat avant de se servir d'un verre de lait frais. D'un œil suspect, elle analysa son père qui lui renvoyait  un sourire éblouissant, alors que ses yeux brillaient de malice. Elle comprit rapidement ses intentions  car en langage codé, cela signifiait qu'ils allaient faire quelque chose sans que sa mère ne le sache. Elle sourit discrètement, elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il prévoyait quelque chose de démentiel. Comprenant qu'il ne fallait pas en parler à voix haute, sachant que des oreilles indiscrètes pouvaient tout entendre à l'étage, elle décida de ne pas insister et entama la conversation.


- Il raconte quoi dans le New Times, Papa ?

- Rien de bien intéressant, fit-il avec une grimace. Enfinn certainement des répercussions de votre guerre dans le monde moldu, les médias ne comprennent pas trop ce qui se passe. Ces attaques inexpliquées, ou encore ces ouragans qui surviennent de nulle part, ils ont de quoi se tirer les cheveux...  Mais, mange. Ne te tracasse pas de ça maintenant, Kiddo. Je suis sûr qu'il y a des sorciers bien placés qui s'occupent de tout ça.

- Oui, Marcus, intervint Harry. Il y en a... Logiquement la royauté et les ministres moldus sont au courant de notre existence, donc ils doivent sûrement gérer tout ça aussi grâce aux sorciers.


Amélia tourna la tête vers Harry alors qu'elle mâchouillait sa nourriture et elle l'avala brusquement, impressionnée.


- Harry... tu tiens ça d'Hermione ? se moqua-t-elle amusée.


Harry roula les yeux.


- En fait, c'est Andrew qui m'en avait parlé, corrigea-t-il avec un clin d'œil.

 - Ah non, ne commencez pas tous les deux à exclure le vieil homme que je suis de votre petit monde, nargua Marcus. Comme je disais, ne vous préoccupez pas de ça.  Continuons plutôt à manger le délicieux déjeuner que  Cathy  nous a préparé ! approuva-t-il.

- Tu n'es pas vieux, Papa, tu as juste...hum...cinquante ans ? se moqua Amélia.

- Ouiii délicheux ! approuva soudainement Max au même moment alors qu'il s'était détourné d'un dessin animé appelé inspecteur gadget. C'est trop schbonn !


Marcus fit mine de mettre une main sur son cœur outré. En réalité, il aurait trente-huit ans fin du mois de septembre, mais Amélia adorait le taquiner sur le sujet. Maximilien, la bouche pleine, venait d'intervenir pour la première fois et les deux adolescents se jetèrent un regard amusé en songeant que ce gamin pourrait certainement rivaliser avec l'estomac de leur ami Ron Weasley.


- Tu es dégeu Max, commenta sa sœur avec ironie. On ne parle pas la bouche pleine ! fit-elle en imitant la voix de sa mère. Bon okey, maman le fait certainement mieux que moi, grimaça Amélia en voyant Harry et son père rigoler de sa mimique.  

- Évite d'imiter ta mère jeune fille, ce n'est pas bien ! fit mine de la réprimander Marcus. Bien que, chuchota-t-il narquoisement,  c'est exactement ce qu'elle aurait dit.


Éclat de rire général. L'adolescente songea que la matinée allait peut-être se dérouler mieux que ce qu'elle le prévoyait à la base. Une pression se relâchait au creux de sa poitrine. Elle ne changerait pour rien au monde sa vie actuelle. En regardant autour d'elle, elle se dit qu'elle avait tout ce qu'elle désirait et rien n'allait gâcher leur vie familiale.


- Et si vous me racontiez un peu, pourquoi le directeur de Poudlard en personne vous a conviés à venir convaincre un professeur de revenir dans cette école ? Ta mère semblait plutôt surprise hier, alors ? argumenta l'adulte à l'adresse de sa fille.


Amélia sursauta face à cette question. Elle sortit de ses pensées et remarqua que son paternel avait pris un air sérieux qu'il abordait très rarement sur son visage. Elle échangea un regard entendu avec Harry. Ils ne pouvaient raconter l'entièreté de ce qui s'était réellement passé ; elle ne le permettrait pas. Soudainement mal à l'aise, elle tenta de trouver quelque chose de convaincant à raconter, sans succès. Comment expliquer que Dumbledore les avait, en quelque sorte, utilisés pour des raisons bien spécifiques et que cet ancien professeur ne serait probablement jamais revenu s'il n'avait pas su qui ils étaient tous les deux ? L'adolescente essayait de ne plus penser à cette rencontre, qui l'avait énervée au plus haut point. Elle s'était d'ailleurs endormie tard dans la nuit, après en avoir longuement discuté avec son ami qui avait tenté de la rassurer sans grande réussite.


- Ce..., commença Harry.

- Eh ! cria Max en interrompant l'adolescent, regardez ! Harry, Amélia, ça doit être pour vous !


Maximilien, pieds nus, se leva avec brusquerie, envahi par une excitation que les trois autres individus ne comprirent pas tout de suite. L'enfant se dirigea vivement vers la fenêtre se trouvant au-dessus du plan de travail, tout en pointant du doigt, deux points noirs qui n'étaient pas encore identifiables de par leur distance, mais qui grossissaient régulièrement à vu d'oeil.


- Les résultats des BUSE !  murmurèrent d'une même voix les deux sorciers de la maison.


Les deux adolescents se regardèrent brusquement avec horreur avant de se lever précipitamment sous le regard incrédule du père de famille. L'adolescente attrapa la main de son ami. Amélia sentait ses pulsations cardiaques s'accélérer suite à anxiété qu'elle ressentait subitement au creux de sa poitrine. En effet, deux chouettes se posèrent rapidement sur le rebord de la petite fenêtre, tenant entre leurs pattes respectivement, trois enveloppes pour l'une et deux enveloppes pour l'autre. Ils n'eurent pas à ouvrir la fenêtre pour les laisser entrer, Maximilien, excité comme une puce, le fit à leur place.


Amélia aurait certainement taquiné son frère si elle n'avait pas été aussi inquiète. Le petit garçon adorait de près ou de loin tout ce qui touchait à la magie. Lui qui allait à l'école moldue s'ennuyait de sa vie quotidienne. C'était d'ailleurs avec une attention particulière qu'il écoutait toujours les récits de sa sœur et d'Harry, le faisant évader dans ce monde qui ne serait probablement jamais le sien.


Marcus était arrivé aux côtés des trois enfants. Son teint avait légèrement blêmi, mais personne ne le remarqua. D'un geste nerveux, il passa une main dans ses cheveux. A son grand désespoir, il venait de loucher sur les cinq enveloppes alors qu'il s'attentait à n'en voir que quatre arrivées à la maison. L'homme respira bruyamment face à ses constatations. Il n'y croyait pas, pourtant, quelques indices auraient dû lui mettre la puce à l'oreille. Il allait devoir jouer le jeu. Il ne tenait pas à ce qu'ils sachent cela maintenant, même s'il se doutait que cela paraîtrait louche aux yeux des trois enfants.

 

Amélia détacha d'un geste maladroit une première enveloppe qu'elle mit rapidement de coté en comprenant que ce n'était que la liste des fournitures pour l'année d'étude qui allait suivre. Harry s'efforçait également de détacher ses propres lettres, tout aussi soucieux qu'elle ne pouvait l'être. Le petit Max, positionné aux côtés de l'adolescente, tentait de lire le deuxième parchemin que sa sœur venait  de décacheter et de sortir de l'enveloppe assignée à son nom alors que les mains de cette dernière tremblaient dangereusement sous son angoisse. Marcus se reprit alors et régula sa respiration. Tout allait bien se passer. Il décida de tout de même lire par-dessus son épaule et mit une main rassurante sur l'épaule grelottante de sa fille qui s'apaisa à son contact.

 


                                Brevet universel de sorcellerie élémentaire

 

Le candidat est admis s'il obtient                                                

l'une des notes suivantes :                                                                                 

 Optimal (O)                                                                                                     Effort exceptionnel (E)                                                                                           Acceptable (A)     

 

                                                                           Le candidat est recalé s'il obtient                                                                               l'une des notes suivantes :                                                                                                  Désolant (D)                                                                                                             Piètre ( P)                                                                                                                Troll (T)                                                                                                     

 

 

Amélia Liliane Phelps a obtenu :

Astronomie : P
Etude des  Runes : A
Soins aux créatures magiques : A
Sortilège : O
Défense contre les forces du mal : O
Divination : T
Botanique : A
Histoire de la magie : E
Potion : E
Métamorphose : E


Amélia relut à plusieurs reprises le parchemin plissé entre ses doigts devenus moites, se calmant au fur et à mesure qu'elle le relisait avec attention. Elle sentait la pression soudaine qu'elle percevait depuis l'arrivée des hiboux, se relâcher petit à petit. Elle s'en sortait admirablement mieux qu'elle ne l'espérait, beaucoup mieux qu'elle ne l'espérait en fait. Amélia se retint de sourire quand elle relut les deux notes des cours qu'elle avait ratés. Après tout, elle détestait la divination et elle s'était donné un malin plaisir à inventer des réponses plus idiotes les unes que les autres en espérant presque cruellement que cette folle de Trelawney  en avait perdu la tête. L'astronomie n'était pas sa tasse de thé ; les étoiles et tout ce qui les entourait ne l'intéressaient pas vraiment et elle avait plutôt du mal à suivre tout le charabia que racontait le professeur Sinistra.


Un grand sourire orna ses lèvres alors qu'elle passa de nouveau  son doigt devant les deux optimals qu'elle avait obtenues dans ses deux matières de prédilections, ces cours où elle avait d'ailleurs  toujours eu une facilité qui était parfois bien déconcertante. Par merlin, elle avait même réussi à obtenir un acceptable là où ses deux meilleures amies l'avaient forcée... enfin, convaincue lors du choix des options -en troisième année-, que l'étude des Runes pouvait s'avérer très intéressante pour l'avenir quand on maîtrisait cet art.


- J'ai...j'ai deux optimals, réalisa-t-elle à voix basse, j'ai un effort exceptionnel en potion. Par merlin, Harry, tu te rends compte, j'ai un effort exceptionnel en potion ! cria soudainement Amélia avec gaieté.


Amélia avait levé la tête en réalisant soudainement que son père, qui avait lu par-dessus elle, venait de lui ébouriffer les cheveux avec fierté. Elle regarda autour d'elle. Harry souriait à pleine dent lui aussi. Et remarqua, un peu surprise, que sa mère les avait rejoints et avait respecté leur silence jusqu'à ce qu'Amélia n'explose de joie.


- J'ai un effort exceptionnel aussi en potion ! s'écria-t-il ravi. Et un optimal en défense. Tiens ... on échange ! sourit-il.


Amélia prit son parchemin avant de lui présenter le sien et elle lut rapidement les notes de son meilleur ami. Contrairement à elle, il avait réussi à obtenir un acceptable en astronomie et un effort exceptionnel en soins aux créatures magiques. À l'inverse, il avait obtenu un effort exceptionnel alors qu'elle avait un optimal en sortilège. Toutefois, il avait raté l'histoire de la magie.


- Deux optimals Amélia ! sourit Harry avec un clin d'œil. Eh tu vois que tu t'en es bien sortie en Rune ! Haha... Emmy Troll ? S'il te plait, vraiment, tu parlais sérieusement quand tu disais avoir inventé les réponses de l'examen de toute pièce ? se moqua Harry.

- Je suis toujours sérieuse, moi, quand je dis quelque chose.  Je m'en fiche, je ne continuerais pas ça cette année. Et on ne rigole pas, l'élu, tu as raté histoire de la magie et je l'ai réussi, lança-t-elle en faisant mine de bomber le torse. Enfin, j'ai hâte de savoir comment ça s'est passé au terrier. Pour sûre que certaines personnes sont totalement devenues hystériques quand ils ont vu arriver les missives. Je ne cite évidemment aucun nom, ricana l'adolescente.


Harry savait très bien de qui parlait son amie. Hermione Granger et Elisabeth Sharps devaient littéralement avoir rendu fou l'entièreté de la famille Weasley.


- Tu as réussi parce que tu as dupliqué le cours et les notes parfaites d'Hermione, murmura Harry amusé (en sachant que les parents écoutaient) et comme tu as des facilités avec les études quand c'est du par cœur, tu as réussi. Parce qu'entre nous, tu as toujours été la première d'entre nous à t'endormir devant Binns. Ce ne sont pas tes notes qui t'auraient aidée, se moqua  gentiment Harry.

- Ça s'appelle gérer une situation Harry ! Et si tu n'étais pas d'accord, tu n'avais qu'à faire comme moi ! chuchota Amélia afin que lui seul l'entende, un petit air supérieur plaqué sur son visage. Et tu es le seul à savoir ça et... elle me tuerait sur place, si elle le savait. Hermione et Eli n'ont pas arrêté avec ça. Sur le fait que je n'étais pas très assidue et qu'elles ne me donneraient pas leurs notes. J'ai juste pris les devants... Bon d'accord... en douce, j'avoue ! Mais ça a porté ces fruits ! ricana Amélia.


Les deux jeunes adolescents rigolèrent se tapèrent la main en guise de victoire et s'enlacèrent, heureux. Ils avaient réussi leur BUSE. Elle en avait eu 9 et lui 8, ce qui était merveilleux aux yeux des enfants. Les deux parents et le petit garçon n'avaient rien compris à leur conversation secrète et Catherine interrompit leur chuchotement, croyant encore une fois qu'ils avaient oublié leur présence quand ils rentraient dans leur petite bulle personnelle sans faire attention aux autres.


- Des félicitations s'imposent, les enfants ! lança Catherine, souriante.


Sa fille, satisfaite, lui renvoya un sourire éblouissant. Sa mère était fraîchement vêtue afin de se rendre au travail, la mine beaucoup plus colorée qu'elle ne l'était trois quarts d'heure plus tôt. Cependant, l'adolescente distinguait maintenant ses deux iris brillants intensément de larmes, certainement rempli de fierté. Sa mère ne se retint d'ailleurs pas plus longtemps et vint les enserrer tous  les deux avec puissance entre ses bras.

Elle les étouffa pratiquement par la même occasion.


Marcus aurait pouffé de rire face à l'enthousiasme qu'éprouvait sa femme -il était lui aussi très fier- cependant, ses yeux étaient maintenant rivés sur son cadet. Ce dernier venait d'écarquiller les yeux de surprise, en détachant la troisième enveloppe que sa sœur n'avait pas dégagée de la patte du volatile, qui attendait patiemment que l'entièreté de sa course soit remise aux destinataires. La chouette ne tarda d'ailleurs pas à ressortir et s'envoler rapidement, une fois que le jeune garçon eut prit la missive ne contenant nul autre que son nom et son prénom.


- Hé ! Il y a mon nom sur cette enveloppe !  hurla une première fois Max. Regardez ! Il y a mon nom sur cette enveloppe ! répéta-t-il, agité.


Tous les regards convergèrent vers lui et Amélia écarquilla les yeux avec surprise alors qu'Harry clignait ses deux yeux émeraude à plusieurs reprises. Hâtivement, elle rejoignit son frère, hébétée parce qu'il venait de leur lancer à voix haute. Le petit garçon ouvrit avec précipitation la missive alors que les deux adolescents entamaient tous deux la lecture par-dessus son épaule. La bouche de l'adolescente  resta ouverte de stupeur durant quelques secondes en reconnaissant rapidement l'écriture de la sous- directrice de Poudlard.

 
COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE

Directeur : Albus Dumbledore
Commandeur du Grand-Ordre de Merlin

Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers
Cher Mr Phelps,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Mr Phelps, en l'expression de nos sentiments distingués.



Minerva McGonagall,
Directrice-adjointe.



- Tu...tu es...tu es un sorcier !  hallucina Amélia. Par le slip de Salazar Serpentard... tu... Par la barbe de merlin ! continua-t-elle en n'en revenant pas. Max ! Tu. Es. Un. Sorcier ! Tu te rends compte ?


Elle n'en revenait  pas. En fait, pour rester polie, elle était sur les fesses. Son meilleur ami n'en menait pas large non plus, bien que ce dernier semblât réfléchir. Ils n'avaient pas remarqué les regards silencieux que se lançaient maintenant les deux adultes tout à coup pris de nervosité. Amélia sentait une douce chaleur se rependre de part et d'autre de son corps, une fierté sans nom la traversait. Cependant, quelque chose la ramena bien vite à la réalité. Les nés moldus existaient, certes, mais de là à ce qu'elle soit tombée comme par hasard dans une famille moldue qui avait donnée naissance à un futur sorcier, c'était totalement aberrant.


- JE SUIS UN SORCIER ! exulta Max commençant à bouger précipitamment autour de la petite table ronde et de montrer la lettre à ses parents qui restaient figés de stupeur. Maman, Papa regardez ! JE VAIS ALLER A POUDLARD AVEC MA SŒUR ET HARRY !


Amélia distinguait un drôle de lueur dans les yeux de son père. Il était nerveux mais elle ne s'attardait pas trop sur cela, car les larmes coulaient librement sur son visage alors qu'une fierté sans nom émanait de l'homme. Peut-être n'était-ce après tout qu'une coïncidence ? Après tout, ses parents ne disposaient pas de magie. Elle le savait tout simplement, car elle pouvait ressentir les auras des gens. Cependant, il est vrai qu'il y avait quelque chose qui la dérangeait dans celle de son père, mais... elle n'avait jamais su mettre la main sur ce qui la déconcertait dans son aura.


Maximilien ne tenait plus en place. Amélia l'avait brièvement aperçu gigoter dans tous les sens -il se trouvait trente secondes plus tôt dans les bras de ses parents-  avant qu'il ne saute  littéralement dans ses bras. L'adolescente, toujours aussi secouée que son frère face partie des siens,  de son monde, l'étreignît avec force sous l'œil réjoui de son meilleur ami. Les parents rigolèrent avec norvosité. Ils étaient mal à l'aise. Amélia songea que leur anxiété provenait certainement du fait que cette nouvelle leur tombait un peu dessus sans s'y attendre. Elle continua de sourire quand son frère se détacha d'elle pour prendre la liste des fournitures et de la lire à voix haute sous le regard amusé des individus présents. Amélia était sûre d'une chose, il serait un excellent sorcier et elle ferait tout pour qu'il devienne un sorcier accompli.

 

 

    ~*~

 

Flash-back  2 juillet 1991


Amélia était une petite fille âgée de dix ans. Elle était accroupie en compagnie de son petit frère, positionnée devant la petite table en verre du salon, la mine plus au moins concentrée sur un dessin qu'elle réalisait sous le regard attentif de leur mère. Elle-même était assise sur le divan et essayait de lire un roman sans grand succès. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil à l'horloge présente au-dessus de la cheminée avec  appréhension. Ce matin, elle avait reçu un hibou -elle ne s'habituerait décidément jamais à ces étrangetés -qui la prévenait que le directeur de cette école de...de magie...allait venir leur rendre visite afin de faire rentrer sa petite fille dans cet autre monde dont elle avait encore du mal à concevoir l'existence.


La dernière fois qu'elle avait vu ce sorcier, cela datait de l'époque où Amélia n'était encore qu'un bambin de quelques années. Son extravagance n'avait jamais cessé de la marquer qui plus est ! Cependant, ses explications étaient très claires, Amélia n'avait pas a connaitre tout de suite le monde des sorciers. Et l'homme dégageait une aura de puissance qu'elle ne contredirait sûrement jamais. Sa fille aurait toujours besoin d'une attention particulière, pour des raisons qui la dépassait; bien que cela concernait, pour sûr, ses pouvoirs magiques.


- Amélia, chérie ?  Viens ici deux minutes s'il te plait ! l'interrompit sa mère.


L'enfant leva les yeux vers sa mère. Elle était particulièrement angoissée, alors, elle déposa le crayon de couleur qu'elle tenait dans sa main afin de se diriger vers cette dernière, sous l'œil  interrogateur du petit garçon qui reprit rapidement son propre dessin. Catherine ne savait pas comment lui expliquer cela, car après tout, elle n'était pas...elle n'était pas une sorcière. Amélia avait toujours été spéciale, elle le savait dès le moment où on l'avait déposée devant le perron de la maison.


- Oui, maman ? demanda-t-elle d'une voix encore fluette et enfantine.


Catherine l'attira sur ses genoux et caressa ses cheveux ébène en soupirant avec lassitude. L'enfant avait toujours souffert de sa différence à l'école primaire, elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû intervenir auprès des parents d'élèves pour leur rappeler de mieux tenir leurs gamins. L'école venait d'ailleurs de se terminer au grand soulagement de la fillette qui avait une peur bleue de se retrouver parmi ses camarades de classe. Elle ne comprenait pas l'attitude qu'adoptaient ces enfants de son âge. Peut-être avaient-ils pendant tout ce temps senti que sa fille était différente ?


Elle ne comprenait pas, car elle l'avait éduquée comme tout autre enfant. De plus, Amélia avait toujours été très polie et calme, elle ne cherchait pas les problèmes, elle était plutôt solitaire. Le seul ami qu'elle avait était le petit garçon vivant à quelques pâtés de maisons. Harry Potter était un petit garçon aussi solitaire que l'était sa fille et il allait, par ailleurs, dans la même école du quartier.


Ce petit garçon passait beaucoup de temps chez eux. Les Dursley étaient des individus qui l'agaçaient profondément, faignant que le petit Harry n'existait pas. Elle avait déjà eu quelques prises de tête avec Pétunia Dursley à ce sujet, elle qui en avait d'ailleurs toujours que pour le petit garçon blond et joufflu qu'était son fils, Dudley. Dudley Dursley aimait particulièrement embêter sa fille. Elle s'était déjà d'ailleurs permis de réprimander ce garçon en n'ayant rien à faire que les Dursley commencent à jaser et fassent des commérages sur sa famille au sein même du quartier.


- Tu n'iras pas en cinquième primaire en septembre, bébé. Tu vas aller dans une autre école. Papa va revenir avec un monsieur et il va t'expliquer tout cela. Tu es spéciale, mon ange. Tu verras, tu seras à ta place là-bas.

- Spéciale maman ? murmura Amélia. Papa et toi... vous ne voulez plus de moi c'est ça ? commença à gémir l'enfant. Je n'ai pas blessée Samy, tu ne me crois pas ? pleura -t-elle. Il est tombé tout seul, il y a eu du vent et... il est tombé sur l'aquarium et puis... et puis Bruce le poisson... il est mort...et... Ne m'envoie pas chez les fous ! sanglota-t-elle de plus belle. Je ne ferai plus de bêtises, je...

- Amélia, Amélia... Calme-toi ! souffla Catherine. Ce n'est pas ça du tout. Ce n'est pas de ta faute si Samy t'a embêtée en classe. Disons que c'est toi, mais pas toi en même temps. Et puis Samy a juste eu qu'un gros coup et une jolie bosse sur la tête, il n'avait pas à se moquer de toi. Pour Bruce, je t'ai déjà dit que tu n'avais pas à t'en vouloir, chuchota-t-elle, le visage collé contre sa fille. Tu n'es pas responsable de ça, tu ne l'as pas fait exprès, d'accord ? Ton père et moi n'avons pas l'intention de t'envoyer chez les fous...

- Je ne suis pas normale, maman et ils disent... Ils disent que je suis un monstre, bredouilla la fillette. J'ai tué Bruce, le poisson rouge de la classe, je le sais. C'est moi qui a poussé Samy, mais je ne sais pas co...comment !

- Tu es tout ce qui a de plus normale, mon cœur, je te le promets, avec...quelques qualités supplémentaires ! Tu comprendras rapidement chérie, tout va s'éclairer. Tu as ma parole. Tu n'es certainement pas un monstre, souffla-t-elle les yeux humidifiés par ce que l'enfant lui racontait. Ce sont ces enfants, les monstres, pour dire des choses aussi ignobles.

- Emmy ? tenta Max, âgé de cinq ans. Ilavait laissé son dessin en plan en voyant sa sœur pleurer. Pleure pas te plait, lança-t-il. Pourquoi tu dis qu'Emmy est spéciale maman ? interrogea Maximilien avec une curiosité enfantine. Samy, Duckey, ils sont méchants, bredouilla Max ne sachant pas encore prononcé  correctement certains mots. Faut pas pleurer, faut faire comme les grands ! tenta-t-il en essayant de faire sourire sa sœur.


Catherine sourit doucement entre ses dents et lui fit de la place sur son deuxième genou afin d'y faire grimper son cadet.


- Tu es trop curieux, chéri, remarqua sa mère, amusée, mais tu as raison. Les enfants ne sont pas tous gentils et il faut prouver que vous êtes mieux qu'eux, que...vous valez mieux qu'eux.


Maximilien sourit à pleine dent avant de faire un câlin à sa grande sœur. Catherine sourit tendrement en les voyant tous les deux. Elle sortit de cette vue adorable en regrettant de ne pas avoir l'appareil photo à portée de main ; la porte d'entrée venait de claquer et ils entendaient maintenant deux voix dans le corridor. Deux personnes arrivaient vers le petit salon familial. Le premier était Marcus et il embrassa rapidement sa femme et ses enfants sur le front. La deuxième laissa simplement les enfants pantois. L'homme était habillé de manière extravagante, il était grand et mince et abordait une longue barbe argentée. Le petit Max cligna des yeux à plusieurs reprises à l'instar de sa sœur.


- Bonjour Catherine, commença poliment l'autre adulte. Il lui tendit la main alors qu'elle venait  de se lever en maintenant sur place par chacune de ses mains un de ses enfants par l'épaule. Et vous devez être Maximilien et Amélia, sourit aimablement le vieil homme.

- Vous êtes le père Noël ? hallucina Max heureux.


Marcus se retint de rire face à la question de son fils, il s'était accoudé sur le rebord de la cheminée, et fixait la scène avec une grande nervosité. Amélia avait les yeux rougis de larmes et il fronça les sourcils en le remarquant pour la première fois. S'était-il passé quelque chose pendant sa brève absence ? Il n'en demanda cependant rien devant le directeur de Poudlard et il se fit une note mentale de poser la question à la petite Schtroumpfette plus tard.


- Je crains que non, jeune homme, sourit gaiement le vieil homme, amusé par la répartie de l'enfant. Puis-je ? demanda-t-il à l'adresse de Catherine en pointant le divan où les deux enfants venaient de s'asseoir. Cette dernière acquiesça, nerveuse à l'idée des minutes qui allaient suivre. Comment vas-tu, Amélia ? demanda-t-il calmement en lui tendant la main que l'enfant secoua avec méfiance.

-  Euh...bien... Qui...qui êtes-vous monsieur ?

- Je suis le professeur Dumbledore.

Amélia jeta un œil soupçonneux à son père, puis à sa mère. Ils lui souriaient tous d'eux avec bienveillance, alors elle se retourna vers l'homme accoutré comme s'il avait revêtu une tenue spéciale pour Halloween.


- Professeur ? murmura Amélia soudainement prise d'anxiété. Peut-être que sa maman lui mentait après tout, pour qu'elle se laisse faire plus facilement. C'est comme un docteur non ? demanda-t-elle. Tremblante, elle se retourna vers ses parents. Vous croyez vraiment qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec moi ? bégaya-t-elle en reniflant de tristesse. Papa, j'ai promis à maman de ne plus faire de bêtises. Je te promets, je ne ferai...

- Hepepep ! Schtroumpfette ! On se calme, tu vas droit dans le mur, Kiddo. Ce n'est pas ça ! rassura-t-il en se plaçant au côté de sa fille. Tu ne crois pas que tu vas te débarrasser de moi aussi facilement, hein ? se moqua l'homme alors qu'il ébouriffait les cheveux de l'enfant. N'espère même pas, tu m'auras sur le dos jusqu'à ma mort...et même plus !

- Ton papa à raison, approuva Dumbledore qui avait tiqué à la première réaction de l'enfant, lui rappelant bien trop celle d'une autre personne lui ressemblant de façon troublante. Je suis le directeur d'une école appelée Poudlard. Poudlard est une école où des gens comme toi vont car ils disposent de certaines prédispositions, une école de magie. Tu es une sorcière, Amélia... et tout va bien avec toi, ne doute jamais de cela.


Amélia cligna des yeux à plusieurs reprises, peu sûre d'avoir compris ce qu'elle venait d'entendre. Elle avait soudainement une multitude de questions à poser, pourtant... ce genre de chose n'existait pas, n'est-ce pas ? On devait se moquer d'elle.


- Je...je suis une... attendez, quoi ?

- C'est pas gentil de dire qu'Emmy est une sorcière ! s'exclama Max, fâché contre le monsieur à la barbe blanche, c'est méchant !


Maximilien était maintenant collé contre sa sœur en jetant du mieux qu'il le pouvait, du haut de ses cinq ans, un regard noir peu convaincant au vieil homme qui souriait toujours aimablement, alors que sa mère, elle, lui lançait un regard courroucé. Seul son père était de plus en plus amusé par la situation.


- Oh ne t'en fais pas, ce ne sont pas les sorcières, telles que tu le penses, Maximilien. Il y en a des gentilles et des méchantes. Je suis moi-même un sorcier, continua le mage blanc.

- C'est...c'est de la magie que je fais, n'est-ce pas ? murmura brusquement Amélia.

- Qu'est-ce que tu arrives à faire ?

- Quand je suis triste...ou en colère, il se passe des choses, expliqua-t-elle ne voulant dévoiler certaines choses qu'elle avait perçues, mais, elle s'arrêta, soupçonneuse, qu'est-ce qui me prouve que vous me dites la vérité ?


La petite Amélia s'était redressée brusquement avec suspicion en ayant des difficultés à croire les dires de cet homme. Ce genre de choses ne s'avalait pas aussi facilement après tout. Dumbledore avait penché la tête sur le côté et fixa de ses yeux bleus le visage extrêmement familier de l'enfant. D'un geste lent, il sortit une longue baguette, sous le regard fébrile de la fillette et curieux du bambin à ses côtés.

Marcus s'était crispé sous l'œil intrigué de sa femme.


- Avant que je ne te montre cela, afin de t'enlever toutes les suspicions que je lis dans tes yeux, sache que ton ami, Harry, est également un sorcier. Il a reçu une lettre de Poudlard que j'ai confiée à un vieil ami, lui demandant également de se joindre à nous. Cette lettre que je vais te donner avant que je ne parte contient ton acceptation dans l'école ainsi que la liste des fournitures à acheter pour la rentrée.

- Harry aussi est un sorcier ? souffla Amélia, les yeux brillants d'excitation. Maintenant que vous le dites, monsieur, c'est plutôt logique.

Dumbledore s'arrêta sur les yeux de la fillette. L'enfant possédait les yeux de sa vraie mère, mais quelque chose de différent traînait dans son regard, quelque chose que ses parents biologiques n'avaient certainement pas vraiment  eu sur le long terme: De l'Amour. Dumbledore choisit ce moment pour transformer une posture  exposée sur la cheminée en un petit ourson en peluche qu'il donna au petit Maximilien sous les exclamations de stupeur de la petite famille...

Fin du flash-back

    ~*~

 

 

- En fait, commença Harry l'interrompant dans ses pensées, je crois que ton frère a déjà eu deux voire trois accidents magiques, se souvint-il. Rappelle-toi de la fois où l'on soupait et qu'il n'arrivait pas à atteindre le Ketchup. Ce n'était aucun de nous....et  pourtant, la bouteille a voltigé vers lui. Il râlait qu'elle soit de notre côté, on croyait que c'était l'un de nous deux, car nous n'avions que douze ans, donc ça pouvait être nous, puisque nous ne contrôlions pas encore bien notre magie... Mais maintenant que j'y pense, c'est bien possible.

 - Oui, intervint Marcus à la place de sa fille. Maintenant que tu le dis Harry, il en a eu, c'est vrai. Mais ce n'était pas vraiment perceptible puisqu'ils étaient rares, mais c'est cohérent. Nous étions tellement familiarisés à la magie accidentelle quand tu étais plus petite Amélia, que cela nous a totalement passé par-dessus la tête, tant nous étions habitués à ce genre de phénomènes.


Catherine hocha vigoureusement la tête en guise d'approbation. Amélia devait avoir fait plus de magie accidentelle à elle seule que dix bambins sorciers réunis. La mère de famille se souvenait encore de sa fille, âgée de trois ans, voulant manger des sucreries avant le repas, alors qu'elle lui répondait qu'elle attendrait d'avoir souper. Prise d'une crise de colère, les rideaux de la fenêtre du salon avaient, dans tous les sens du terme, pris feu. Il y avait aussi eu cette fois, alors qu'elle devait avoir environ quatre ans, Amélia avait colorié un dessin pour son père alors que ce dernier travaillait dans son bureau à l'étage. La fillette avait couru dans les escaliers, était tombée et s'était faite assez mal à l'un de ses genoux. Le temps que sa mère entende le boum significative d'une chute et qu'elle aperçoive brièvement le genou ouvert de sa fille, celui-ci commençait déjà à se cicatriser sous ses yeux toujours médusés face à la magie.


Ils avaient toujours su ce qu'était Amélia. Après tout, une lettre se tenait avec le bébé qu'ils avaient trouvé devant leur porte, leur annonçant par la même occasion que ses parents sorciers étaient décédés. Ils avaient même eu le droit à la première visite du directeur de Poudlard, quelques semaines après son adoption... Oui, Marcus et Catherine n'avaient jamais douté qu'Amélia disposait de dons exceptionnels. Catherine se souvenait parfaitement du bébé gazouillant joyeusement couchée dans son lit et  s'amusant à faire tourner le mobile de son petit lit toute seule. Elle sourit à cette pensée, oui, Amélia avait eu beaucoup de manifestations magiques.


- Ce qui me fait penser, fit mine d'être triste Catherine, je vais me retrouver... bien seule cette année, les enfants !

- Câlin collectif les gamins, Maman est triste. Nous allons fêter non seulement les résultats de vos BUSE, mais aussi l'entrée du petit bonhomme parmi les sorciers, lança joyeusement Marcus alors que sa femme le fixait du coin de l'œil. Je te jure, on ne fera pas de bêtises Cathy, chérie !


Amélia avait l'impression qu'elle allait se froisser un muscle de la mâchoire tellement elle souriait. Elle avait l'impression de se retrouver dans un rêve... et quel rêve ! Pour une fois que celui-là aurait été des plus agréables, et pourtant cela était la vérité et la réalité. Elle était sur un nuage, elle voulut se pincer mais s'abstint de le faire. Elle était réveillée et elle entendait bien les rires des membres de sa famille résonner avec puissance dans son esprit. Les moldus qui passaient devant le perron de la maison devaient sans doute se demander ce qui se passait au sein de cette dernière. Son frère allait à Poudlard, par merlin ! Quand ses amis apprendraient ça !


Alors qu'elle rejoignait les membres de sa famille dans un câlin collectif, elle s'arrêta dans son élan. Un morceau de parchemin était tombé à terre ainsi que deux écussons; l'un vert et argent et l'autre rouge et or et ils ne les avaient pas remarqués sous l'atmosphère incroyablement radieuse qui envahissait la petite cuisine de la maison familiale des Phelps.

 

Elle écarquilla des yeux avant de s'abaisser, elle ressentit un pincement là où  elle avait été blessée, et les ramassa. Son coeur s'accélera en reconnaissant les écussons de capitaine de Quidditch qu'elle fixait maintenant les yeux brillants d'excitation.

Amélia déplia le morceau de parchemin avec impatience.


En espérant que la surprise t'ait plu, voici l'écusson de capitaine de l'équipe de Serpentard. Maintenant que monsieur Pucey a fini sa scolarité à Poudlard, je me suis permis de te le remettre. Après tout, je pense que tu seras la mieux placée pour gérer les conflits entre les différentes maisons. Bien à toi.


Albus Dumbledore,

Ps : je  crois que tu as rapidement compris à qui tu devais remettre celui de Gryffondor.


Amélia releva la tête un sourire béat coincé sur les lèvres. Cette matinée, elle ne l'oublierait pas de sitôt. Ce genre de moment lui faisait un bien fou et elle en arrivait même à oublier tous les problèmes qui planaient au-dessus de sa tête telle une épée de Damoclès. Dumbledore avait beau lui taper sur les nerfs, il avait décidément le don de la surprendre. C'est avec excitation qu'elle se jeta dans les bras de sa famille avant d'expliquer à Harry qu'il était promu lui aussi capitaine.


Elle allait enfin pouvoir avoir un peu d'autorité dans cette école, elle qui n'avait pas été élue préfète -ce rôle avait été attribué à Élisabeth. Il est vrai qu'elle avait toujours eu quelques problèmes avec l'autorité mais maintenant qu'elle y pensait, Dumbledore n'avait surtout pas voulu lui donner ses responsabilités pour des raisons qu'elle commençait à comprendre. Amélia jubilait d'avance. Draco Malefoy n'allait certainement pas digérer la nouvelle. Après tout, n'était-elle pas déjà devenue attrapeuse suppléante sous les conseils d'Adrian Pucey, qui l'avait vue s'entraîner sur un comète de l'époque ? Il avait été si insistant auprès de Marcus Flint pour lui faire passer les sélections malgré son statut de née-moldue ...


Et maintenant... oui maintenant, elle était à la tête de l'équipe. Draco n'avait jamais supporté qu'en deuxième année, elle lui eut piqué son poste après l'humiliation contre le match Serpentard versus Gryffondor, où des Cognards avaient d'ailleurs été à la poursuite de son meilleur ami. Flint, furibond et dégoûté, l'avait renvoyé de l'équipe. Elle se souvenait de sa fureur et il l'avait prévenue qu'au moindre faux pas, elle serait renvoyée, à l'instar du garçon blond.


À cette époque, elle se taisait. Etant encore très jeune, elle ne disait rien, se contentant de gravir les échelons afin de prouver sa place dans cette maison -elle avait même eu droit à un article dans la partie insolite de la gazette du sorcier quand elle avait été admise à Serpentard en tant que née-moldue. Après tout, elle avait toujours été la sang-de-bourbe de Serpentard. Un sourire narquois étira ses lèvres alors qu'elle se retrouvait coincée contre la chemise blanche de son père. Car cette année beaucoup de choses allaient changer...

 

End Notes:

 

 

Chapitre 3 : Saint-Mangouste by Chrisjedusor

1er août 1996, 11h00, sur la route.


C'était la tête négligemment posée contre la vitre froide de la voiture qu'Amélia ,coincée entre la sangle de sécurité, écoutait distraitement la conversation que ses deux parents partageaient à l'avant du véhicule. À vrai dire, l'adolescente se sentait incroyablement angoissée pour des raisons qu'elle ne saisissait pas... Et pourtant, elle n'avait pas à l'être ; ils se dirigeaient juste tous les trois vers Londres, là où se trouvait l'hôpital Saint-Mangouste. L'adolescente suivait des yeux les nombreux véhicules qui circulaient rapidement devant ses iris, la mine songeuse. Ses pensées dérivaient sur ces trois derniers jour. Ils avaient incontestablement été riches en émotions. 


Amélia avait les paupières lourdes et elle était sûre que si elle osait fermer les yeux, ne serait-ce qu'une seconde, elle s'endormirait pour le reste du trajet. Cependant, pour une fois ses cauchemars n'étaient aucunement responsables de son incroyable fatigue.


Le jour précédent, ils avaient mémorablement fêté l'anniversaire d'Harry. Tout d'abord, l'adolescente avait réveillé ce dernier à l'aide d'une suggestion des plus amusantes, soumise par son paternel, qu'Amélia avait vivement approuvée. C'est avec un sourire facétieux aux lèvres qu'ils avaient donc rempli un seau d'eau froide avant de rentrer en douce dans la chambre et de déplacer silencieusement l'une des mains de l'adolescent vers l'objet. Elle avait été écroulée de rire face à la mine outrée de son ami lors de son réveil. Ce dernier avait rapidement réagi et décidé, à son tour, de se venger en lui courant après, alors qu'elle chantait la phrase idyllique du joyeux anniversaire à travers toute la maisonnée sous les multiples éclats de rire du reste de la famille. 


Il était inutile de dire qu'ils avaient à eux quatre- Catherine étant déjà partie au travail- mis un véritable bazar suite à une bataille d'eau qui avait éclaté en plein milieu de la cuisine familiale. Autant dire qu'ils avaient tout de même pris le soin de tout nettoyer. Amélia n'avait cessé de grogner à voix haute sur la non-utilisation de la magie avant ses dix-sept ans-afin d'effacer toutes preuves suspectes qui pourraient mettre la mère de famille dans la confidence. 


Ensuite, Harry et Amelia avaient entrepris de raconter quelques anecdotes à Maximilien, tout heureux d'en entendre plus sur sa future vie de sorcier, avant qu'Harry n'aperçoive Hérold et Tweety - deux hiboux appartenant à deux de leurs amis - rapportant de multiples lettres dans le but de lui souhaiter un bon anniversaire. Amélia avait attendu de donner son cadeau en soirée alors qu'ils s'étaient tous bien préparés à sortir et sans qu'Harry ne sache qu'ils se rendaient au restaurant pour l'occasion. 


Alors qu'ils rentraient à la maison, son père avait retenu l'adolescent durant quelques minutes dans le corridor, donnant ainsi le temps à Amélia, son frère et sa mère de mettre les cadeaux et le gâteau d'anniversaire au chocolat préparé pour l'occasion au centre de la table de la cuisine. Harry avait ainsi récolé de nombreux présents et d'une nouvelle montre en argent qu'Amélia avait achetée grâce à son argent de poche en compagnie de sa mère en flânant dans une galerie de bijoux londonienne. 


Harry, ému, s'était lancé dans les remerciements avant que les parents ne décident de se retirer pour la soirée et que les trois enfants - avec le consentement des adultes- ne décident que pour terminer cette journée en beauté, il n'y avait rien de tel que de faire une soirée pyjamas, tout en passant la nuit à regarder des films et de manger des sucreries jusqu'au petit matin.
 
- Incroyable les gens ne savent plus conduire de nos jours, on se demanderait s'ils n'ont pas eu leur permis dans des Kinders surprises !  Le clignoteur avant de vous garer... vous connaissez, monsieur ?


Amélia, qui s'apprêtait d'une seconde à l'autre à s'endormir, sortit de ses pensées au moment où son père klaxonna en freinant brusquement devant la voiture d'un moldu. Il avait manifestement quelque peu oublié le Code de la route. L'adolescente aurait probablement souri à la remarque de son père si elle n'avait pas constaté qu'ils étaient arrivés dans la rue où siégeait l'hôpital Saint-Mangouste. 


Elle ferma les yeux en inspirant un grand coup ; un semblant de nausée commençait à apparaître au creux de son estomac. Sa dernière visite dans cet hôpital lui laissait un arrière-goût en travers de la gorge, ce qui n'était pas près de partir aussi facilement qu'elle ne l'espérait. Elle soupira, car elle allait juste voir le médicomage, monsieur Stevens, pensa-t-elle. Ce médecin allait lui faire un dernier check- up et lui donner les résultats des derniers examens pratiqués sur sa personne.


- Laisse tomber Marcus, souffla Catherine. Il y a une place juste devant l'entrée de la bâtisse, gare-toi là, continua-t-elle en reconnaissant l'endroit où elle avait dû venir quelques semaines plutôt, quand ils avaient appris l'admission de leur fille. Chérie, tout va bien ? lança soudainement Catherine en remarquant la mine blafarde de l'adolescente à travers le rétroviseur. 


Amélia tourna le regard vers sa mère qui la jaugeait d'une mine perplexe pendant que Marcus se garait à quelques mètres de l'hôpital. Elle regrettait vraiment que ses parents aient décidé qu'il était préférable qu'Harry attende sagement leur retour à la maison, mais il était vrai qu'ils avaient probablement raison. C'était vraisemblablement mieux que celui qui était maintenant considéré comme l'élu du monde magique ne créée pas d'émeute. Les journalistes adoreraient déblatérer sur cette visite. De plus, Maximilien avait été plutôt ravi de pouvoir éviter leur baby-sitter attitrée depuis la plus tendre enfance, madame Figgs. 


- Angoissée, souffla-t-elle. Je crois que je ne verrais plus jamais les médecins de la même manière. De toute façon, une fois qu'on est près d'y passer, on change facilement d'opinion, elle s'arrêta dans son monologue. Sans t'offenser, maman, tenta-t-elle de taquiner.

- Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, jeune fille, lança Catherine qui fit mine d'être outrée. Tout va bien se passer, tu verras. Tu n'as pas à être angoissée, nous sommes là avec toi ... Et entre nous, la personne qui devrait être nerveuse ici c'est moi. Après tout... imagine ta moldue de mère, qui est sensée avoir un doctorat en médecine, complètement perdue au milieu de ces sorciers... qui, en fait, sont beaucoup plus efficaces avec une baguette magique et des potions, qu'avec nos bistouris et nos scanners ! termina-t-elle en faisant mine de bouder entre ses dents.

- Et Catherine Phelps joue les femmes incomprises ! se moqua Marcus. Entre nous, kiddo, je crois que ta mère veut juste se la jouer... On sait tous les deux qu'elle va être très intéressée par tout ce que ce médicomage va dire concernant la médecine des sorciers, termina-t-il avec un clin d'œil. Mais je suis d'accord pour une chose, no panic. Et, s'il y a un problème, je suis prêt à sortir les poings, pas besoin de baguette magique pour ça.


Alors qu'ils sortaient tous trois de la voiture, Amélia vit sa mère rouler des yeux. Amélia mit les mains dans les poches de sa veste en cuir avant de soupirer laissant ainsi échapper une veloutée de fumée blanche. L'adolescente fronça les sourcils, car elle était sûre que ce phénomène provenait certainement des détraqueurs qui étaient hors contrôle du ministère.  Certaines villes étaient constamment ensevelies sous un épais brouillard, les spécialistes mettaient ça sur le compte d'une grosse dépression climatique. Seuls les sorciers savaient ce qui en découlait réellement. 


- Saleté de parcomètre !  grogna son père. 25 livres sterling pour deux heures ! Ils sont sérieux ? Schtroumpfette ? lança-t-il d'une voix conspiratrice tout en vérifiant les passants qui se pressaient dans la rue, tu ne veux pas utiliser ta baguette magique là-dessus ? fit-il, un sourire malicieux aux lèvres.


Amélia ricana alors que son père récupérait le ticket de stationnement de mauvaise grâce avant de se diriger vers la BMW3 noire, achetée deux ans auparavant chez un concessionnaire. Il le mit bien à l'avant de la vitre et ferma définitivement l'engin à quatre roues. 


- Je voudrais bien t'aider, papa, avoua Amélia amusée, mais maman ne me laisserait pas faire ! termina-t-elle sous l'œil désabusé de cette dernière.

- Certainement pas ! Premièrement, tu n'es majeure dans aucun des deux mondes, et deuxièmement la magie ne signifie pas que tu dois aller au-delà de la loi et même celle moldue... approuva Catherine. Alors Marcus, je te prierais de ne pas mettre de mauvaises idées dans la tête de notre fille ! Maintenant, soyez un peu discret. Je ne sais pas pour vous, mais nous sommes entourés de passants...

- Ce n'est pas drôle ! bougonnèrent le père et la fille en même temps.


Catherine roula à nouveau les yeux. Elle avait parfois l'impression d'avoir un enfant en plus à prendre en charge. Malgré le ciel gris, de nombreux moldus profitaient de ce début de mois d'août. Amélia remarqua un arrêt où les passants se bousculaient pour avoir une place dans un bus rouge anormalement bondé ; des adolescents de l'autre côté du passage piéton, qu'ils venaient de traverser, discutaient bruyamment alors qu'un vieux couple bras en dessus dessous essayait d'avoir le dessus sur ce qu'ils avançaient vis-à-vis de leur conversation. La circulation était quant à elle plutôt dense, les panaches de fumées que dégageaient les véhicules se mélangeaient à la brume qui encerclait la ville. 


Ils arrivèrent devant le bâtiment constitué de briques rouges, qui abritait un magasin dont la pancarte de la façade indiquait Purge et Pionce. L'endroit avait un aspect miteux. Les vitrines présentaient quelques mannequins écaillés,  et les perruques de travers affublés de vêtements étaient démodés. Sur la porte d'entrée était indiquée que le magasin était en rénovation. Alors que la famille analysait à nouveau la façade, son père s'avança vers sa fille avant de lui murmurer que tout allait bien se passer. Il s'approcha enfin d'un des mannequins afin d'être suffisamment près de la vitrine pour pouvoir parler alors qu'une dame d'affaires jetait un regard suspect derrière son épaule en se demandant probablement ce qu'ils fabriquaient tous. Elle haussa rapidement les épaules avant de continuer son chemin. 


-  Hum... nous sommes ici pour le rendez-vous médical de ma fille, Amélia Phelps avec le doct...médicomage Stevens, se reprit-il, nous l'accompagnons !


Le plus laid des mannequins hocha positivement la tête et leva un de ses doigts en plastique dans leur direction les priant d'avancer vers l'immeuble. Marcus passa le bras autour de l'épaule de sa fille avant qu'ils ne se dirigent tous trois vers la vitre et ne disparaissent sans qu'aucun moldu ne remarque quelque chose d'étrange. Ils eurent brièvement tous trois l'impression de recevoir en seau d'eau froide sur leur tête. 


-Je ne m'habituerais décidément jamais à tout ça ! marmonna Catherine en frissonnant. Nous sommes un peu en avance.


Amélia sourit en voyant sa mère  réagir car elle était toujours aussi désabusée après toute ces d'années de découvertes  au sein du monde des sorciers. L'adolescente jeta rapidement un œil autour d'elle, la vitre derrière eux avait disparue laissant place à un large hall d'entrée incroyablement bondé où de nombreux sorciers et sorcières patientaient, assis sur des chaises. Alors que certains paraissaient tout à fait normaux, d'autres portaient d'incroyables difformités. Ainsi, la petite famille remarqua un homme affublé d'un immense cou touchant presque le plafond, une femme qui lisait tranquillement un numéro du Top-sorcières - un magazine de beauté qu'Amélia avait déjà vu entre les mains de sa meilleure amie Élisabeth -  et dont le visage était entièrement coloré en vert et recouvert de cloques. 


- Charmant ! commenta Marcus à voix hauteface à ce spectacle. Rassure-moi ne te chope jamais de maladies typiquement sorcière et ne tente jamais d'expériences qui pourraient mal tourner Kiddo. Pour la tranquillité de ton père !

- Je vais essayer !  se moqua Amélia qui suivit le regard de ce dernier car il fixait maintenant une sorcière se trouvant à l'accueil. A chaque fois qu'elle éternuait, elle crachait du feu, obligeant la guérisseuse derrière le comptoir à se tenir à une distance raisonnable de cette dernière. Je pourrais attraper la variole du dragon par exemple, c'est un virus très contagieux chez nous où encore... ricana l'adolescente.

- Amélia ! fit son père, ne te donne pas de mal pour donner des noms de maladies sorcières à ta mère, elle va vouloir en savoir plus ! grimaça son père. Et... on sera parti pour une discussion sans fin sur la médecine...

- Au moins, si nous en savions plus sur ces maladies, les médecins moldus comme moi pourraient savoir ce qui en découle, Marcus, lança Catherine avec lassitude. Tu ne t'imagines pas à quel point des cas parfois étranges se présentent dans les hôpitaux moldus. D'ailleurs... des gens appelés oblitors se sont présentés il n'y a pas si longtemps pour effacer la mémoire de plusieurs de mes collègues dont le patient... le jour où cet homme avec littéralement une trompe d'éléphant en guise de nez s'est présenté à nous... D'autant plus que j'ai pratiquement dû me battre quand ils ont voulu m'effacer la mienne. Heureusement que j'ai pu justifier que je connaissais cet autre monde !

- Oubliators maman... oubliators et non oblitors, sourit Amélia. Ils se doivent d'intervenir. Imagine la réaction des moldus qui voient tout à coup un truc du genre, ce serait une catastrophe... Le secret magique est de mise sauf pour les familles de nés- moldus.

- Personnellement, je trouve qu'il faudrait que les sorciers se dévoilent aux moldus, après tout, que veux-tu qu'ils vous fassent ? commenta sa mère. On pourrait vivre en communauté... Nous sommes inférieurs, même si ça m'énerve de le dire ainsi, mais c'est la vérité.

- Maman ! lança Amélia, agacée. Tu ne te souviens pas de l'histoire ? Par merlin, je n'en reviens pas ... je vais citer un cours d'histoire du professeur Binns, marmonna-t-elle à elle-même. Tu voudrais voir ta fille sur un bûcher ? Ou mieux, avec les nouvelles technologies moldues avec une balle dans la tête ? Tu te rends compte qu'il y a actuellement une guerre faite par deux tarés qui pensent réellement qu'il faut éradiquer les moldus de la surface de la Terre ? Tu as peut-être raison sur nos pouvoirs, mais ça n'empêcherait pas les moldus de faire la guerre et qu'il y aurait tout compte fait des victimes de notre côté si tu veux mon avis...


Amélia se figea brusquement face à sa constatation. Etait-elle en train de penser de manière implicite que les moldus pourraient être une menace ? Elle frissonna. Bien sûr que non, songea-t-elle, il y avait des bonnes et mauvaises personnes que ce soit chez les sorciers où chez les moldus. Ce n'était pas une raison pour se faire la guerre. Ils étaient maintenant tous trois dans la file d'attende de l'accueil et Amélia constata que la femme qui se trouvait derrière eux - elle devait trentaine d'années et tenait fermement une fillette par la main - s'était retournée vers ses parents. 


- Si je peux me permettre d'intervenir, commenta calmement la femme avec un petit sourire à leur adresse, j'ai déjà pensée qu'il faudrait effectivement que les ministères revoient cette question essentielle. Je travaille au département des lois magiques, expliqua-t-elle en voyant que le père haussait un sourcil interrogateur. Je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter votre conversation. Si j'ai bien compris, elle s'arrêta sur les vêtements typiquement moldus des deux adultes, vous êtes des parents moldus et je comprends vos inquiétudes, mais je ne pense pas, comme votre fille le souligne si bien, qu'avouer le secret magique maintenant soit une très bonne idée. Vu les temps qui courent, la protection des moldus reste notre priorité pour le moment...

Amélia jaugea la femme aux cheveux blonds coupés au carré en fronçant les sourcils. Son visage lui était étrangement familier, vraiment trop familier. La sorcière, se sentant observée, s'attarda sur l'adolescente et écarquilla les yeux de surprise quand elle se rendit compte qui était l'enfant.


- Vous étiez à mon audience disciplinaire, l'année passée, Brittany Clarks, constata froidement Amélia. Vous n'étiez pas d'accord avec madame Bones sur l'abandon des charges ...et vous avez levé votre main pour me condamner, souffla-t-elle. Vous êtes membre du Magenmagot !

- Amélia Phelps ! constata la sorcière en refermant la prise sur la fillette aux yeux bleus qui fixait ses parents avec curiosité, je suppose que vous êtes ici à cause de votre dernière frasque en plein ministère, constata-t-elle en fronçant les sourcils. J'ai entendu dire qu'une mangemort avait failli vous tuer.

- Quoi ? bredouilla Marcus. Kiddo, cette femme était à ton audience ? Vous êtes l'une des personnes qui voulaient condamner ma fille ? Et pour quels motifs, je vous prie... ? Légitime défense ? Ça c'est la meilleure !  cracha-t-il. Vous condamneriez l'enfant que vous tenez par la main ici présente qui... je suppose, est votre fille... ? D'ailleurs, dites-moi miss Clarks, si elle avait utilisé la magie pour se défendre d'une attaque de détraqueurs, qu'auriez-vous fait ? Approuver cette calomnie ! ?


Marcus haussa quelque peu le ton devant la sorcière qui lui faisait face. Fort heureusement, la salle était à peine moins bruyante que la rue où ils se trouvaient quelques minutes auparavant ce qui couvrit la voix grave de l'homme. La fillette se cacha derrière la jambe de sa mère en voyant l'adulte s'énerver sur sa génitrice. Amélia croisa le regard meurtrier que lançait son père à la femme ; de mauvais souvenirs concernant l'audience commençaient à revenir à la surface. Elle sentit la main de sa mère glisser avec réconfort dans la sienne, la pressant avec douceur alors qu'elle constatait que cette dernière n'allait probablement pas tarder à cracher le fond de sa pensée à l'instar de son mari. 


- Oui papa, souffla Amélia, mais ce n'est rien. Laisse tomber, c'est du passé, tenta-t-elle en voyant les poings serrés de l'adulte. On...on va être en retard ! Ce n'est pas important...

- Pas important ? lança froidement Catherine. Vous vouliez condamner ma fille, siffla-t-elle. Je suis donc ravie de rencontrer l'un des membres ministériels, lança-t-elle avec ironie. C'est d'ailleurs admirablement déroutant la façon dont vous avez changé de comportement quand vous avez remarqué qui était Amélia, comme si vous aviez un problème personnel à régler avec elle.

- Ce qui est fait est fait. Il me semble que Cornelius Fudge a de toute manière abandonné les charges quoi que j'ai décidé vis-à-vis d'Harry Potter et de votre fille. Le consensus des membres l'a tout de même emporté en faveur de votre enfant, elle pourra toujours très bien remercier Albus Dumbledore de les avoir sortis de ce pétrin. Et pour répondre à votre question monsieur Phelps, ma fille pourra utiliser sa baguette en cas de véritable urgence. Il me semble que cette histoire était une excuse toute préparée pour justifier l'utilisation de la magie devant le cousin d'Harry Potter.... Des détraqueurs sur Surrey ...vraiment ? !

- Ce n'était pas une excuse !  s'enflamma Amélia. Ils étaient là... et ils étaient trois. Madame Figgs était présente par merlin ! Et vous le savez très bien. Je dois vous rappeler qui se trouvait au ministère il n'y a pas moins de quelques semaines ?  Ces détraqueurs n'étaient déjà plus sous le contrôle du ministère !

- Vous insinuez qu'ils mentaient sans aucune preuve, siffla Marcus. C'est sûr que vous n'étiez pas là quand ils ont ramené Dudley Dursley dans notre salon avant de le ramener chez ses parents, moi j'y étais et je peux vous dire que...

- Et... coupa-t-elle, ironique, en coupant la parole au père de famille. Qui était au ministère miss Phelps ? se moqua-t-elle.

L'adolescente commençait de nouveau à sentir cette sensation de brûlure qui traversait ses veines quand elle se mettait en colère. Sa mère sentit ses doigts se faire broyer par la poigne qu'exerçait maintenant l'enfant. Brittany Clarks ricana entre ses dents après avoir entendu les derniers mots de la jeune serpentard alors que la fillette n'osait toujours pas intervenir dans la conversation houleuse qui se déroulait entre les adultes.

- Oh...je ne sais pas moi, mais peut-être, mmh, fit mine de réfléchir l'adolescente, peut-être que Lady et Lo...

- Ça suffit chérie ! intervint Catherine. C'est à notre tour. Marcus on y va, il n'y a pas besoin de discuter avec cette femme plus longtemps. D'autant plus que la dame à l'accueil semble perdre patience à nous attendre. Au déplaisir de vous revoir, miss Clarks !


Catherine tira sa fille par le bras tout en poussant de son autre main libre son époux qui se retenait vivement d'insulter de tous les noms d'oiseaux possibles la femme. Derrière eux, la petite fille tirait la manche de sa mère en lui demandant pourquoi elle s'était énervée et lui demanda de quoi Amélia parlait. Ils n'entendirent pas la réponse, Catherine poussa père et fille vers l'avant du comptoir évitant ainsi que les nerfs de son aînée ne décident à nouveau de lui jouer des tours.


La guérisseuse - une dame du troisième âge- tapait des doigts sur le comptoir quand ils arrivèrent devant elle.  L'enfant respirait bruyamment sous le regard inquiet de ses parents. Amélia décida de se concentrer sur autre chose, elle en accumulait trop à l'intérieur de son corps. L'adolescente remercia intérieurement sa mère pour avoir coupé court à cette conversation, elle n'avait pas envie de faire une scène devant tous ces sorciers. 


- Bonjour, nous avons rendez-vous avec le docteur Stevens pour onze heures trente... commença Catherine

- Service des pathologies et des sortilèges quatrième étage. Je suppose que c'est pour votre fille, approchez miss... ?

- Amélia Phelps, marmonna-t-elle en tendant sa main alors que la sorcière pointait sa baguette sur son index en murmurant une incantation qui réchauffa la main de l'enfant pour ensuite la pointer vers un morceau de parchemin se retrouvant enseveli dans divers documents importants.

- Hum... faisait partie des gamins au ministère avec Harry Potter, hein. Ils ne t'ont pas loupé à ce que je vois...

- Oui, c'est ça, grogna, Amélia. J'aurais préféré m'en passer !

- Tu peux y aller ! lança-t-elle avec un sourire complaisant. On m'a parlé de toi, tu n'es pas une patiente très docile... Fais attention à toi la prochaine fois.

- Rester clouée pendant deux semaines dans un lit d'hôpital n'était pas vraiment dans mes objectifs de l'été, madame, répondit Amélia avec une pointe d'ironie. Je ferais comme je peux, les ennuis du style semblent venir à moi comme des veracrasses enragés !

- Elle fera tout pour ne plus se retrouver dans cet état !  insista Catherine en roulant des yeux. Nous allons vous laissez continuer votre travail, docteur euh ... ou je ne sais pas trop comment vous nommer par rapport à votre titre, bafouilla la mère de famille, gênée en voyant la sorcière froncer les sourcils. Bonne journée.

-  Docteur, hein ? Ça sonne bien, sourit doucement la sorcière. Je suppose que c'est comme cela que se nomment nos compères de votre côté. Bonne journée à vous aussi, Monsieur, Madame Phelps. 


Le père et la fille, qui lançaient tous deux quelques regards noirs par-dessus leurs épaules durant le temps où Catherine conversait, n'écoutèrent pas la fin de la conversation et suivirent la mère de famille à travers les couloirs de Saint-Mangouste. Cependant, avant qu'ils ne puissent continuer leur chemin, Clarks et son enfant passèrent devant eux pour se rendre à leur tour à l'accueil et Amélia remarqua pour la première fois un détail étrange qui se trouvait sur la cape de la sorcière. En effet, un badge y était brodé discrètement : deux baguettes entrelacées entouraient et englobaient le chiffre 5. En sentant à nouveau le regard de l'adolescente sur sa personne, la femme murmura de nouveau une dernière phrase à voix basse alors qu'ils s'éloignaient à pas rapide du hall d'entrée. 


- Je serais vous, Amélia, je ferais attention à vos arrières... marmonna-t-elle suavement, surtout maintenant que la section est pratiquement sûre de votre véritable identité...

- De quoi tu parles, maman ? demanda d'une voix fluette l'enfant qu'elle tenait par la main.

- Rien d'important Clarisse, je ne veux pas que tu t'approches de cette famille et plus particulièrement de leur soi-disant fille. Cette enfant est une source de danger maintenant allons faire tes vaccins...


~*~


1er Août 1996, 11h 31, salle d'attente, Saint-Mangouste

 
Amélia était maintenant assise dans la salle d'attente  et suivait du regard les sorciers et sorcières vêtus de robes vertes arpentant les couloirs de l'hôpital, les nerfs quelque peu à vif d'avoir rencontré un membre du Magenmagot qui avait voulu la rabaisser sans prendre la peine d'écouter ses justifications.


Elle se souvenait parfaitement de ce groupe de personnes. Ils n'avaient pas collés avec le reste des cols rouges du Magenmagot. Ces membres particuliers dispersés dans la salle étaient vêtus tout de bleu et avaient particulièrement aimé l'enfoncer à la moindre de ses paroles comme si aucunes excuses n'auraient pu justifier ses actes.


Perdue dans ses songes, elle remarqua  sa mère debout devant elle à quelques mètres d'eux. Elle conversait avec un des nombreux cadres présents tout au long du couloir du quatrième étage avec animosité sous le regard quelque peu amusé de son père. Sa mère devait probablement faire étalage de ses connaissances de la médecine moldue. 


- Je t'avais dit que ta mère ne pouvait pas s'empêcher d'en apprendre un peu plus sur tout ça. Tu aurais vu le jour où elle a mis le pied ici, je voyais littéralement un gosse devant ses paquets de Noël, sourit son père en lui donnant un coup d'épaule.

- C'est maman, souffla Amélia, amusée, elle adore ce qu'elle fait et ça ne m'étonne pas qu'elle veuille en apprendre plus, qui ne le voudrait pas ?

- Ne te tracasse pas, tu sais... le jour où elle a su que tu te trouvais ici, elle aurait tous pu les charcuter à coup de bistouri si elle avait eu son matériel à portée de main tellement elle était furax ... et elle l'a été encore plus en sachant qu'elle ne pouvait pas te voir tout de suite ! se souvint gravement son père.

- Tu ne voudrais pas en savoir plus sur la façon dont travaillent les avocats au Magenmagot ? demanda-t-elle intéressée.

- Pas depuis l'année passée, Schtroumpfette ! Il grimaça, et surtout quand je vois les énergumènes qui ont voulu te nuire, grimaça-t-il en songeant à Brittany Clarks.

- Tu aurais voulu assurer ma défense papa, je sais. Tu me l'as répété une centaine de fois, mais tu ne pouvais pas ; et puis... Dumbledore est intervenu au moment opportun donc... même si ça m'agace de le dire, il m'a bien sauvée la mise.

- Pourquoi es-tu si en colère contre Albus Dumbledore, Kiddo ? fit sérieusement Marcus. Cet homme m'a toujours semblé se soucier de toi... nous savons que... il s'arrêta dans ses propos tout en fixant un homme disposant d'un chapeau melon qui venait de rejoindre le cadre où se trouvait la guérisseuse avec qui Catherine discutait avec vivacité, qu'il y a quelque chose que tu ne nous dis pas... et cela m'attriste énormément ... Pourquoi ne veux-tu pas nous expliquer comment as-tu appris ton adoption... ? De quoi as-tu peur ?


L'enfant ne s'attendait pas à ce que son père entame à nouveau cette conversation, là, autour de plusieurs sorciers qui attendaient patiemment leur rendez-vous médical. Elle se crispa, alors que la profonde tristesse qu'elle éprouvait vis-à-vis de cette adoption resurgissait en elle telle la sensation du sortilège qu'elle avait reçu il y avait de cela quelques semaines. D'ailleurs drôle de coïncidence, sa blessure se manifesta par des fourmillements à l'instant où cette pensée traversa son esprit.

- Tu ne comprendrais pas... murmura Amélia.

- Essaie toujours, Kiddo,  tenta son père. De quoi as-tu peur ? De la réaction de ta mère... ? La mienne ?  C'est à nous de nous excuser de ne t'avoir rien dit, nous n'aurions jamais dû attendre et...

- Non je... non... Papa ce n'est pas de votre faute, surtout pas. Mais vous ne comprendriez pas...

- Quoiqu'il arrive, tu sais que nous t'aimons, n'est-ce pas ? Même quand tu es en colère et que tu es probablement prête à faire exploser toute la maison, et ta famille avec, ajouta-t-il en la taquinant. Je ne te force pas, mais j'espère que tu viendras vers ta mère ou moi-même quand tu te sentiras prête.

- Je sais, je vous aime aussi, souffla-t-elle en n'ayant aucune envie de rire à la tentative de blague de l'adulte. 


Amélia se fit une horrible constatation, que s'ils savaient pour sa filiation, ils ne la regarderaient probablement plus avec ce regard rempli de tendresse qu'ils lui réservaient tous deux.  Il y avait de toute manière plusieurs choses qu'elle ne comprenait toujours pas : elle ne saisissait pas comment une chose pareille avait pu lui arriver. Avait-elle autant de poisse que cela ?  Comment les deux mages noirs avaient de toute manière pu engendrer un enfant ? Ils devaient être âgés à ce jour... et surtout pourquoi ?


Oui, pourquoi, était-elle reliée à cette Prophétie ? Pourquoi avait-elle été mise au monde ? Pour le pouvoir. Enfin, c'est ce que Dumbledore lui avait dit le jour où il était venu lui rendre visite et où elle avait cru bon de mettre l'entièreté de la chambre de Saint-mangouste qu'elle occupait sens dessus dessous pour déverser sa colère. Comment une telle chose était tout simplement possible ? Parfois, elle espérait simplement se réveiller dans son dortoir et constater que cette journée-là ne s'était simplement pas encore déroulée, que cela était tout simplement un horrible cauchemar provenant de son imagination. 


- Amélia ? lança soudainement une voix. 


L'adolescente se redressa à l'instar de son père en entendant héler son prénom. Elle reconnut rapidement l'individu par son intonation timide et craintive qu'elle lui avait toujours connu. Le garçon avait un visage joufflu et des cheveux châtain coupés court ; d'un bras, il tenait une femme au visage ovale et aux cheveux courts et blancs vêtue d'un peignoir lilas. L'adolescente déglutit de plus belle, car Neville Londubat s'approchait d'eux en se frayant un passage entre les médicomages et patients... et ce, en compagnie de sa mère. 


Elle avait déjà eu l'occasion de faire la connaissance de sa grand-mère. C'était une femme quelque peu dure avec son petit-fils. Cela s'était produit  le jour où ils étaient tous venus rendre visite à Arthur Weasley, attaqué par le célèbre serpent des Voldemort. Ce fut avec surprise et le tact habituel de Ronald qu'ils avaient découvert ce qui était arrivé à ses parents et ce que, encore une fois, Bellatrix Lestrange avait fait de sa baguette magique. 


- Bonjour Neville, murmura d'une voix faible Amélia. Tu...tu passes de bonnes vacances ?

- Ça va, bredouilla-t-il en rougissant. Je suis venu voir mes parents, tu es là pour...

- Oui à cause de ça, anticipa Amélia comprenant que parler de Bellatrix Lestrange n'était pas forcément une très bonne idée. Tu es avec ta grand-mère ? demanda-t-elle avec politesse.

- Oui, grogna-t-il. Elle est restée avec mon père dans la chambre, j'en profite pour faire marcher maman dans les couloirs !

- Tu as besoin de prendre l'air, comprit l'adolescente. Tu ne devrais pas te laisser faire, Neville. Elle ne fait que de te rabaisser alors que tu vaux beaucoup mieux que ça. Elle ne sait pas la chance qu'elle a de t'avoir comme petit-fils.

- Ce n'est pas ça, bougonna-t-il, au contraire, depuis l'escapade du ministère, elle ne cesse de dire que je suis le digne fils de mon père ! Elle, il s'arrêta rouge pivoine, elle...

- Te colle ? Te dicte ta conduite ?  J'avais cru remarquer qu'elle était légèrement possessive, au vu de ma dernière rencontre avec elle !

Amélia se remémora brièvement d'Augusta Londubat, de son grand sac rouge et de ses vêtements extravagants, de la façon déroutante dont elle avait traité Neville quand sa mère lui avait donné un morceau de papier de Chewing-gum, alors qu'elle lui ordonnait de le jeter à la poubelle. Ils avaient  remarqué qu'il l'avait glissé dans la poche de son pantalon .Elle était attristée pour Neville, il ne méritait pas un tel sort et encore une fois Bellatrix Lestrange était responsable de ces actes. Elle crispa les poings. Il ne fallait pas qu'elle pense à de mauvaises choses, car ses émotions lui jouaient de plus en plus souvent des tours. Une horrible pensée traversa brièvement son esprit. Qui lui donnait les ordres ? Amélia déglutit. Ses...ses quoi au juste... géniteurs le faisaient ? N'est-ce pas ? Voilà qu'elle allait se sentir responsable pour des choses qu'elle n'avait jamais faites. 


- Tu ne me présentes pas, Kiddo ? lança Marcus qui avait écouté attentivement la conversation sans intervenir. Marcus Phelps... le papa du petit monstre juste à mes côtés qui semble... incroyablement pensive d'ailleurs ! lança-t-il en tendant la main au jeune garçon.

- Enchanté Monsieur, fit le jeune garçon en serrant la main que lui présentait l'adulte. Je suis Neville Londubat.

- Il m'aide pour les travaux en botanique, il est vraiment très doué dans ce domaine ! commenta Amélia. Une fois mon bras a touché une plante vénéneuse et il a tout de suite su quoi faire.

- Ah oui... LE Neville. Ravi d'enfin rencontrer celui qui aide ma fille avec ses devoirs et travaux de plantes ! comprit l'adulte. Et toi... qu'est-ce que j'ai dit ? Je ne veux plus te voir dans les urgences de cet hôpital ! se lamenta le père de famille.

- Papa, ça s'appelle des cours de Botanique ! corrigea à nouveau sa fille. 


L'enfant vit le visage ovale du jeune gryffondor - si semblable à celui de sa mère- s'empourprer violemment sous sa gêne. Le jeune garçon était beaucoup moins bavard qu'habituellement, songea l'adolescente. D'ailleurs, elle remarqua qu'il se tenait à une distance raisonnable de cette dernière. Amélia fronça les sourcils alors que la réalité la frappait de plein fouet ; il était au ministère avec elle quelques mois plus tôt et il avait tout entendu de la Prophétie.


Soudainement, elle eut envie de se trouver bien loin d'ici. Elle avait déjà été étonnée qu'il ait osé venir lui adresser la parole, mais ce dernier n'avait pas pipé un mot à ce sujet. Etait-ce une politesse de sa part ? En tout cas, elle le remerciait intérieurement de ne rien dire à propos de cela. Premièrement, ce n'était pas l'endroit idéal et secondement, elle n'avait aucunement envie de rajouter des ennuis supplémentaires à son actif. 


- Tu es pressé de retourner à Poudlard ? demanda d'une voix blanche l'adolescente après ses constatations.

- Assez, avoua Neville, mal à l'aise. Tu penses qu'on pourrait remettre debout l'AD ? Ça pourrait nous aider, tu sais pour la suite ... murmura-t-il.

- L'AD ? Ce n'est pas les cours que tu t'amusais à faire en douce d'une certaine Dolores Ombrage ? interrompit Marcus, désespéré. Hors de question de défier le règlement comme ça, Amélia, prévint-il. Même si j'adore quand tu fais des blagues, ça... ça ne rentre pas dans ces fonctions ! Ne dis surtout pas à ta mère que j'approuve tes blagues !  continua-t-il rapidement en voyant sa fille esquisser un petit sourire.

- Tu as ta réponse, Neville, fit Amélia en roulant des yeux. Et je dois t'avouer que je ne sais pas si cela serait vraiment une bonne idée.

- Tu aimais donner ces cours... Monsieur Phelps, votre fille était un bon professeur ! constata le jeune garçon.

- Je ne doute pas de ses capacités à donner des cours en douce à des élèves, jeune homme ! Je ne veux juste plus qu'elle s'attire des ennuis, je pense qu'elle en a assez fait... et pour les dix prochaines années de sa vie d'ailleurs ! fit-il d'un ton dramatique. 


L'adolescente se rappelait parfaitement de l'idée saugrenue qui était venue à l'esprit de son amie Hermione, l'année précédente, suite aux mésaventures avec leur précédent professeur Dolores Ombrage -une femme qui aimait anormalement le rose et qui se trouvait sous les ordres du ministère afin de s'immiscer dans les affaires de l'école. Elle ne savait plus trop comment elle s'était retrouvée à apprendre des sortilèges dans la salle sur demande à des étudiants provenant de toute les années confondues, mais ce dont elle se souvenait, c'est qu'elle avait failli étrangler cette dernière quand elle avait décidé qu'Harry et elle-même étaient certainement les plus aptes à dispenser ces cours. Les deux voire trois élèves prévus initialement s'étant rapidement transformés en deux salles de classe à son grand désarroi. Cependant - et elle ne l'avouerait pas à voix haute- elle avait vraiment apprécié cette activité extra-scolaire, car cela lui avait permis de se défouler et d'extérioriser son trop-plein de magie. 


- Tu sais quoi... on verra quand on sera à Poudlard !  conclut-elle, amusée, sous le regard exaspéré de son paternel. 


Amélia s'attarda sur la mère de Neville. Elle chantonnait à voix basse des paroles incompréhensibles sans vraiment se rendre compte de ce qui se passait autour d'elle, les yeux dans le vague. Elle tira sur la manche du pull de Neville en ayant probablement marre de rester sur place à ne pas bouger. L'adolescente se fit la réflexion que Neville ressemblait énormément à cette dernière. Derrière Neville -Amélia fronça les sourcils à nouveau-  sa mère était maintenant entourée de véritables médicomages bien vivant et... ils discutaient tous avec entrain. 


- Sérieusement ! souffla Amélia en roulant des yeux en entendant des mots tels que « opération pulmonaire », « recoudre » ou « dialyse et transfusion de sang ». Maman est vraiment en train d'enrouler tous ces guérisseurs autour de son petit doigt ?

-C'est ta mère la dame avec les cheveux auburn ? lança Neville en constatant l'attroupement de médicomages autour de la moldue.

-Il paraîtrait ! lança, mortifiée, l'adolescente. Papa, tu ne crois pas qu'on devrait légèrement intervenir là ?

- Laisse ta mère se fatiguer ma grande, ricana Marcus. Au moins, elle sera tellement excitée par tout ce qu'elle aura appris que tu pourras faire toutes les bêtises possibles qu'elle ne s'en rendra même pas compte !

- C'est vrai que vu comme ça, remarqua Amélia. Quoi qu'elle détecte mes conneries sur 150 km à la ronde alors j'ai des doutes... !

- Je vais vous laisser... Maman ne semble plus vouloir tenir en place, constata Neville, désolé. On se revoit à Poudlard alors ?

- Bien entendu ! approuva Amélia. Et... euh je peux toujours compter sur toi pour te mettre avec moi pour les travaux de groupe en botanique ?

- Ou...oui, fit calmement Neville. Si tu m'aides toujours en sortilèges ?


La jeune fille ricana, amusée. Neville commençait vraiment à avoir de la réplique. Cela changeait du petit garçon ultra craintif qu'elle avait appris à connaitre en première année. Elle hocha la tête et Alice Londubat tira de nouveau sur la manche de son fils. Neville était certainement le plus courageux des Gryffondors qu'elle eut rencontrés. Beaucoup ne lui justifiait pas sa place dans cette maison, mais... Amélia, elle, avait la réponse juste devant ses yeux ; car si quelqu'un plus que quiconque méritait sa place chez les griffons, c'était bien lui. 


- À Poudlard alors, convint-il. Bonne chance pour ton rendez-vous !


Elle le regarda presser gentiment la main de sa génitrice qui ne demandait qu'une chose ne plus rester sur place. Il sourit à Amélia et commença à avancer à petits pas dans le couloir. L'adolescente les suivit du regard durant quelques instants et sourit doucement quand elle entendit le gryffondor donner des encouragements à sa mère. 


- C'est un gentil garçon, approuva soudainement Marcus. C'est donc lui le garçon dont les parents ont été torturés jusqu'à en perdre la raison ? dit-il à voix basse.

- Hum oui, fit Amélia en sortant de ses pensées. Durant la Première Guerre, Franck et Alice Londubat n'ont jamais dit aucunes informations aux mangemorts... Ils sont un exemple à suivre. Vraiment... et par la même occasion, c'est la même personne qui a tué le parrain d'Harry et... qui m'a grièvement blessée, en plus de tous les meurtres dont je ne connais pas l'existence...

- Je te jure que si je me retrouve face à cette femme... grogna-t-il, c'est avec une hache que je l'embrocherais !

- Pas que je doute de toi, papa, fit calmement l'adolescente avec un petit sourire triste, mais tu ne ferais probablement pas le poids face à de tels sorciers.

- Tu veux parier ?  fit-il de mauvaise foi.

- Amélia ? intervint une voix avec un fort accent écossais. J'espère que je ne suis pas trop en retard, tu peux rentrer ! La voix s'arrêta dans son élan. Ah, tu es avec ton père à ce que je vois. Ça tombe... très bien, il y a plusieurs éléments étranges concernant tes résultats qu'il va falloir éclaircir... Totalement étranges vraiment... d'où mon retard d'ailleurs !

- On est avec la mère aussi, lança Marcus avec ironie, mais elle est légèrement occupée avec certains de vos confrères ! Quels éléments étranges, monsieur ? s'inquiéta l'adulte. 


Amélia regarda brusquement le sorcier qui venait d'arriver, chargé de parchemins. Il ouvrit la porte de son cabinet à l'aide de sa jambe -comme tous les autres médecins, il portait un uniforme vert où le badge de Saint-Mangouste scintillait fièrement collé contre son torse : une baguette et un os  qui s'entrecroisaient entre eux. L'adolescente entrevit la moitié du visage soucieux qu'arborait le guérisseur par-dessus la masse de documents... et quelque chose au creux de son estomac lui donna l'horrible sensation que cela ne présageait absolument rien de bon. Au-dessus de lui, se mouvaient d'autres documents, dont des notes de services qui suivaient le moindre de ses mouvements. La jeune fille se demanda pendant une seconde pourquoi le sorcier ne faisait tout simplement pas léviter ce qu'il tenait aussi entre ses bras. 


- Entrez ! répéta-t-il, pressé, en guise de réponse. 


Amélia vit son père rejoindre sa mère. En remarquant que le médicomage Stevens était arrivé, cette dernière s'excusa auprès de ses confrères sorciers avant de la rejoindre à pas vifs. Elle l' entendit sa mère parler avec enthousiasme de la maladie de l'éclabouille dont elle venait d'apprendre l'existence, mais se tut rapidement quand Marcus annonça qu'il y avait apparemment des choses dont il fallait discuter au sujet de leur fille. 


- Comment ça ? balança Catherine en accélérant le pas en passant ainsi rapidement devant son mari. Qu'est-ce qui ne va pas avec notre fille ?  


Amélia pénétra dans la pièce d'une démarche ankylosée, quelque chose dans un coin de son esprit lui susurrait que cela n'avait probablement rien à voir avec sa blessure..


Chapitre 4 : La Prophétie by Chrisjedusor
Author's Notes:

Bonjour, voici la suite des aventures d'Amélia, bonne lecture !

Chris

Cabinet du guerriseur Stevens - 11h34

A la demande du médicomage, elle venait de prendre place sur le siège se situant entre ses deux parents, mais depuis... un silence pesant s'éternisait dans la pièce. L'enfant fixait soucieusement le docteur Stevens et plus particulièrement les rayures qui ornaient actuellement son front plissé, signe que le guérisseur se trouvait en grande réflexion. Il parcourait les multiples parchemins annotés sur son plan de travail avec une telle concentration qu'Amélia se demanda si ce dernier ne les avait pas momentanément oubliés.  
 
Le médicomage Stevens était un homme qui avait probablement dépassé la cinquantaine ; il disposait d'une masse de cheveux qui viraient au poivre et sel et par le passé, ils avaient certainement dû être d'un noir de jais. D'une main, il gratta la petite barbichette recouvrant son menton.

Amélia grimaça face à la contrariété évidente de l'adulte.

Elle fixa  ses deux mains tremblantes posées sur les accoudoirs du siège. Quelque chose n'allait visiblement pas ; elle le sentait. Il y avait ce sentiment persistant de malaise, accentuant d'autant plus l'atmosphère déjà incroyablement tendue autour d'elle. Certaines notes de services virevoltaient encore autour du guérisseur. Elles exécutaient des mouvements anodins, tournant frénétiquement autour du médicomage telles des mouches en attendant impatiemment que ce dernier daigne enfin les lire.

L'endroit ressemblait à un cabinet de médecin des plus ordinaires, à l'exception près de cette touche supplémentaire qui ne donnait aucun doute sur le fait que cet endroit débordait de magie. Ainsi, Amélia regarda la plume à papote qui prenait des notes d'elle-même au côté de James Stevens alors que ce dernier marmonnait à voix basse des mots incompréhensibles pour ses trois autres interlocuteurs. 
 
- Incroyable vraiment, marmonna-t-il. Stupéfiant, bredouilla-t-il. Comment cela peut-il être...
- Je ne voudrais pas paraître impoli, commença Marcus, agacé, mais nous sommes là... devant vous, alors si vous pouviez nous dire ce qui se passe, cela ne serait pas de refus, monsieur...

Marcus Phelps n'avait jamais été d'une nature très patiente et n'avait pu retenir plus longtemps sa langue dans sa poche. Il fixait maintenant le visage creusé du médicomage qui venait de lever ses yeux globuleux vers le père de famille. Pour la première fois, la petite famille remarqua le teint cireux que ce dernier abordait, comme si quelque chose semblait particulièrement l'avoir secoué. Il tourna une première fois son visage vers Catherine avant de poser ses yeux intrigués sur l'adolescente qui se permit de déglutir bruyamment à la vue de ce regard des plus angoissants.

- Bien, commença-t-il avec hésitation. Sachez tout d'abord que les potions ont bien résorbé les blessures et ont restauré les dégâts causés sur le foie de votre fille. Ce n'est pas vraiment le problème présent ici, cela n'a en fait... rien à voir. J'ai...
- Je... suis malade c'est ça ? marmonna Amélia blanche comme un linge.

Catherine tourna brusquement la tête vers sa fille dont le teint n'allait probablement pas tarder à tourner au vert incessamment sous peu. Elle prit systématiquement sa main incroyablement glacée , posée sur l'accoudoir et la pressa doucement au creux de la sienne avant de fixer le médecin avec appréhension. Les guérisseurs représentés dans les tableaux derrière le guérisseur semblaient particulièrement intrigués. Catherine songea d'ailleurs  que le secret médical ne devait certainement pas fonctionner de la même manière dans ce monde.

- Non, non, tu n'es pas malade, répondit rapidement l'homme en voyant l'enfant prit de nervosité. La quantité de tes cellules magiques est incroyablement élevée, mais surtout elles sont très instables. Je sais que tu es adoptée, mais... je ne sais pas comment te dire ça. Il s'arrêta, incertain des paroles à prononcer. Je crois que...
- Ses cellules magiques, coupa Catherine, attentive, je suppose que c'est ce qui définit un sorcier ? continua-t-elle. Pourquoi seraient-elles instables ?  Et qu'insinuez-vous par là !?
- Ses cellules magiques ont été comme... oppressées par de la magie noire, lâcha-t-il de but en blanc, comme si ces dernières, lors du développement du fœtus dans le corps de sa mère biologique, avaient littéralement asphyxié ses organes vitaux. Il s'arrêta à nouveau dans ses pensées.  D'après mes analyses, je dirais avec certitude que sa génitrice la pratiquait de façon régulière... J'ai donc des doutes sur le fait que ses parents, ou du moins la mère, faisaient peut-être partie des mangemorts... ce corpuscule de sorciers, qui travaillent pour ceux-dont-on-ne-doit-ne-pas-prononcer-les-noms..., expliqua-t-il à l'adresse des moldus. J'ai demandé aux autorités du ministère de pouvoir me donner quelconques informations médicales sur ses parents biologiques... s'ils en disposent du moins... Il s'arrêta pour la troisième fois, en pleine réflexion. Grâce aux échantillons de sang de votre fille, nous pourrions éventuellement découvrir leur identité... Cela me permettrait de savoir comment stabiliser sa magie qui semble s'agiter en elle à cause de son déséquilibre...

L'enfant retint le gémissement d'horreur qui faillit s'échapper de ses lèvres juste à temps. Les guérisseurs ne pouvaient pas faire cette demande auprès du ministère. Cela serait une catastrophe, une horrible catastrophe, s'ils apprenaient quelque chose. Et s'ils trouvaient quelque chose d'inscrit dans des archives du ministère que trouveraient-ils ? Que Tom Riddle et Lianna Sauwer avaient certainement l'âge d'être grands-parents et non les parents d'une gamine qui n'avait pas encore atteint ses seize ans. D'autant plus que ces derniers avaient probablement disparu de la surface de la Terre sous ces noms. Les autorités savaient-elles sous quels pseudonymes ils se faisaient appeler aujourd'hui ?

Son corps trembla avec violence. Son rythme cardiaque s'accéléra tellement à ces idées que la jeune fille fut incapable de respirer correctement alors que la crise d'angoisse prenait possession de ses membres ankylosés. Elle n'entendait plus ses parents converser sur cette, quoi au juste, situation ?... Asphyxiée par de la magie noire, cellules magiques instables ?

Par Merlin tout puissant, ses pensées divaguaient dans tous les sens, ces paroles la frappèrent de plein fouet : mère biologique, fœtus... Elle s'était développée dans le corps de Lady Voldemort en personne. Cette révélation, l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre était tout simplement déroutant, terrifiant, effroyable. Si des informations filtraient, elle serait dans des ennuis jusqu'au cou. La mettraient-ils en prison pour ça ?  La jugeraient-ils pour des choses qu'elle n'avait pas commises ? Pouvaient-ils simplement mettre un enfant à Azkaban ? Elle n'avait décidément aucune envie de se retrouver dans une prison de sorciers.

Amélia ferma les yeux alors qu'un violent vertige lui donnait une vision floutée de ce qui l'entourait. Elle se souvenait parfaitement de cette sensation d'horreur qui l'avait accaparée au ministère, de ce sentiment terrifiant qui l'avait traversée quand ses doigts avaient touché cette sphère attrayante, fascinante, de cette voix qui avait prononcé cette Prophétie, la pétrifiant sur place.

Cela avait changé son monde à jamais.


       ~*~

Flash-back Juin 1996


Ils avançaient prudemment vers la porte qui leur faisait face. Précautionneusement, les adolescents passèrent l'embrasure de la porte qui venait de s'ouvrir avec un bruit de tas de ferraille. Des centaines et des centaines d'étagères s'étalaient devant eux à perte de vue. Des sphères étiquetées et rangées luisaient de par la lumière que projetait leur baguette respective. L'endroit était sombre, lugubre, la sensation qu'un danger éminent allait surgir de nulle part était accablante, étouffante.

Amélia passa une main sur son front dégoulinant de sueur alors que son cœur battait frénétiquement contre sa cage thoracique. La vision qui était apparue à Harry l'avait touchée et elle ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi arrivait-elle à obtenir des visions si semblables à celle de son ami depuis cette troisième tâche du Tournoi des trois sorciers ? Cela lui faisait de plus en plus peur. Il y avait quelque chose qui n'allait pas avec elle. Elle se reprit, car elle ne devait pas penser à cela maintenant ! Le parrain d'Harry était en danger et tout ce qui comptait c'était de se sortir rapidement de ce pétrin dans lequel elle était encore mêlée... du moins, une fois Sirius Black retrouvé.

- C'est la rangé 97... c'est celle que j'ai vue... toi aussi non ? souffla Amélia.

Harry tourna la tête vers Amélia et secoua positivement son visage blême de haut en bas. Ils continuèrent à avancer en guettant le moindre bruit suspect. Ils étaient tous deux en tête de groupe, Amélia jeta un œil par-dessus son épaule en jaugeant les neuf autres adolescents qui les suivaient à pas précipités entre les innombrables rangées d'étagères. Elle s'en voulait... et si quelque chose se passait ?  L'excuse qu'ils avaient proférée à l'unanimité, comme quoi l'armée de Dumbledore mis en place contre Ombrage (alias le crapaud rose) ne servait pas à rien et que cela profiterait à tousn'était pas au goût d'Amélia. Mais de toute manière, elle n'avait pas eu d'arguments convaincants afin d'éviter de mettre tout ce monde en danger.

- Il devrait être ici, bredouilla Harry, anxieux, en tournant sur lui-même. Il devrait être ici ! Sirius !
- Harry, souffla une autre voix, tu...
- Non, Hermione, il devrait être ici. Il doit être tout près...

Un piège. Amélia commençait sérieusement à le penser. Elle pointa sa baguette sur Hermione dont les yeux noisette exprimaient une profonde exaspération à leur égard ; elle qui n'avait cessé de proférer que cette situation n'inaugurait absolument rien de bon. Au même titre que la silhouette présente à ses côtés : Andrew Lewis, dont les cheveux noirs coupés courts, toujours impeccablement coiffés avec du gel, partaient maintenant dans tous les sens. Il était incroyablement blasé, comme s'il savait que tout ceci allait tourner en eau de boudin. Amélia était sûre qu'ils s'apprêtaient l'un comme l'autre à les sermonner pour avoir foncé tête baissée, sans réfléchir.

- Eh... mais Harry... Il y a ton nom sur cette sphère et... Amélia..., mais...
 
Amélia tourna brusquement la baguette vers le visage jonché de taches de rousseur de son autre ami. Ce dernier pointait du doigt une sphère lumineuse. Une force envoûtante se dégageait de l'objet en question. Amélia jaugeait maintenant cette sphère comme si une force invisible l'obligeait à prendre en main cette boule. Oui, l'incitant insidieusement à la prendre entre ses doigts....

La jeune femme distingua effectivement le début de son prénom sur l'étiquette. Elle déglutit de plus belle avant de se retourner vers ses amis qui venaient de froncer les sourcils avec une inquiétude non dissimulée. Elle s'approcha fébrilement en tendant son bras droit parcouru de tremblement avant de refermer ses doigts moites contre la petite sphère lumineuse. Elle était hypnotisée, ce qui l'entourait avait disparu. Une  émanation de fumée ainsi qu'une voix fantomatique paraissaient sortirent du globe, résonnant sournoisement, mesquinement dans ses oreilles et... elle en était sûre, également dans celle de ses amis.


Ceux qui ont le pouvoir de vaincre les maîtres des ténèbres approchent...
L'un naîtra lorsque le septième mois mourra et sera marqué comme un égal.
Il aura un pouvoir que ceux-ci ignoreront...
Le secret des maîtres des ténèbres découvert, il devra s'allier à la descendance ou la tuer.
Car celle-ci, née lorsque le douzième mois mourra, devra choisir entre le bien et la facilité.
Aucun des deux élus ne pourra vivre tant que les mages noirs survivront...

Silence de mort. Personne ne bougea ni n'ouvrit la bouche. Calme pesant, angoissant. Choqué, leurre et mensonges, invraisemblance. La respiration d'Amélia s'accéléra si vite qu'elle fut incapable de respirer durant un long moment. Crise d'angoisse. Elle eut l'impression que ses jambes se dérobaient sous elle. Elle fixait maintenant, horrifiée, terrifiée figé et figée d'horreur, l'étiquette de la sphère, ses yeux s'imbibant des images que ces iris enregistraient : Harry J Potter, Amélia L Riddle, Ceux-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-les-noms. Prophétie de janvier 1980.

- Qu'est -ce que... qu'est-ce que... que c'est ? bredouilla-t-elle. Qu'est-ce que... je... qu'est-ce... c'est quoi cette connerie ?!

Elle ne réfléchissait plus convenablement. L'enfant, confuse, n'arrivait pas à aligner une phrase correctement entre ses lèvres. Dix regards l'observaient, ébahis. Tout tournait autour d'elle. L'adolescente crut qu'elle allait s'évanouir. Harry s'approcha avant de prendre brutalement la sphère des mains de son amie. Alors que ses yeux émeraude s'écarquillaient d'horreur et que sa bouche s'entrouvrait de stupéfaction, il posa soudainement son regard sur Amélia avant de fixer de nouveau ce qui semblait sans aucun doute être une Prophétie. Il réitéra cette action à plusieurs reprises, croyant halluciner de plus belle.

- Une Prophétie ne peut être récupérée que par les personnes concernées ! Tu te serais fait projeter avec violence et cette dernière t'aurait sans doute envoyée dans un état critique à Saint-Mangouste si tu n'en étais pas la concernée... De nombreux sortilèges très puissants y sont installés... Si la Prophétie n'avait rien avoir avec toi... il y aurait eu de graves conséquences, articula la voix gémissante d'horreur d'Hermione.
- Ce n'est pas possible... Je ne m'appelle pas Riddle, chuchota-t-elle suffisamment haut pour que les autres puissent l'entendre. C'est...C'est le nom de famille de Lord Voldemort !  continua-t-elle, horrifiée. Je n'ai pas... Mes parents s'appellent Catherine Johnson Phelps et Marcus Phelps, souffla-t-elle. Harry... dis quelque chose... Ne reste pas silencieux ! Après tout, tu le sais toi... tu le sais toi que c'est du délire ? Tu le sais bien que je suis une Phelps... Tu me connais, non ?

Harry était livide, aucun mot ne sortait de sa bouche, son cerveau tournait à plein régime. Le silence autour de l'adolescente était pesant, préoccupant. Elle se retrouvait être le centre d'attention de ses amis.  Les larmes lui montèrent soudainement aux yeux quand elle promena son regard sur l'ensemble de ses camarades présents autour d'elle.

Ginny, la sœur de Ronald, la fixait avec un dégoût qu'elle ne cherchait même pas à dissimuler, ses doigts étaient crispés, coincés sur sa baguette et cette même baguette qui semblait être prête à l'utilisation. Neville la dévisageait, stupéfait, comme si cela était tout simplement d'un ridicule sans nom. Luna l'observait avec indifférence, cependant, Amélia remarqua pour la première fois que sur son visage lunatique s'affichait désormais un air grave qu'on ne lui connaissait pas.

La dernière silhouette était de deux têtes plus petites que son cousin Andrew et ses cheveux étaient d'un roux beaucoup plus clair que ceux des Weasley: Élisabeth la fixait de ses yeux marrons avec gravité, et elle loucha par la même occasion par-dessus ses lunettes. C'était un tic qu'elle faisait quand elle attendait patiemment qu'Amélia avoue qu'elle était responsable d'une blague qu'elle aurait exécutée sur ses camarades de chambré de la maison Serpentard.

- Ce n'est pas possible, chuchota Neville en rompant le silence. Il ricana nerveusement, peu sûr de ses propres paroles. Tu ne peux pas... tu es... quelqu'un de bien...
- Oui c'est ça... ce n'est pas possible !  bredouilla-t-elle d'une voix soudainement devenue aiguë. Neville a raison... c'est d'un ridicule. Hermione Ceux-dont-on-ne-doit -pas-prononcer- les-noms n'ont jamais eu d'enfants, hein Hermione ? Eux ? Ils ne peuvent pas... ce n'est pas... en plus... ils... Ils sont âgés, n'est-ce pas ?  lança-t-elle en espérant une réponse positive.
- Je...je n'ai jamais... je n'ai jamais entendu ni lu une telle chose, je...je ne sais pas Amélia ! murmura cette dernière prise aux dépourvue.
- Andrew... toi, tu dois savoir quelque chose, non ?  renchérit Amélia en se retournant vivement vers le jeune Serdaigle. Hermione et toi... vous savez toujours ce genre d'infos... S'il vous plait ! plaida-t-elle.
- Tout comme Hermione, je ne sais pas Amélia, lança-t-il d'une voix chaude, mais je suis sûr qu'il y a une logique à tout cela, fit-il en tentant de la tranquilliser. Je suis désolé...

Andrew était toujours celui qui relativisait la situation même dans les pires moments. De caractère posé, il avait toujours été un garçon réservé et avait toujours eu les mots adéquats pour dédramatiser et apaiser les gens. De corpulence moyenne, le jeune garçon avait une peau pâle et des yeux chocolat qui, en présence des rayons du soleil, s'éclaircissaient, avoisinant ainsi une couleur se rapprochant plus d'un vert olive.

- Ils ne peuvent pas aimer... Ce sont des assassins, tenta de se rassurer Amélia. Et puis J'AI une famille ! s'exclama-t-elle, ravie de cette constatation irréfutable à ses yeux.
- Pas possible... pas possible, ricana soudainement Ginny. TU LUI RESSEMBLES !  cracha-t-elle. À LUI ... à Tom Riddle... et je peux t'assurer que c'est pourtant clair... très clair !  Et je te dirais même que tu lui ressembles comme deux gouttes d'eau à son âge... Je le sais, siffla-t-elle, je le sais, car quand il m'a possédée en première année, je l'ai vu... Je les ai vus, Lord et Lady Voldemort ! Ils avaient une apparence d'adolescents... tu sais... c'étaient leurs souvenirs... continua-t-elle avec amertume. Je n'avais jamais fait la remarque... mais là, avec tout ça... On était vraiment aveugle par merlin... Surtout maintenant que tu as plus au moins leur âge par rapport à l'apparence qu'ils avaient lorsque je les ai vus... Seize ans... C'est d'autant plus fou, complètement fou... Je suis sûre qu'Harry pense la même chose... et ne t'en a jamais parlé ! Tu n'as jamais remarqué que tu n'avais aucune ressemblance avec tes parents ? Pourtant, excuse-moi Amélia, nargua-t-elle, je n'ai vu ta « famille » que deux fois et je peux te dire que les différences physiques ou caractérielles ne sont pas bien flagrantes, déclara-t-elle avec dégoût.

Ginny parla pour la première fois depuis la révélation de la Prophétie, et exprima ouvertement le fond de sa pensée. Elle leva sa baguette vers Amélia qui écarquilla ses yeux sous la surprise. Bien sûr que plus jeune elle se posait des questions en se demandant pourquoi elle n'avait pas la couleur des cheveux de son père ou ceux de sa mère, pourquoi n'avait-elle pas les yeux gris ou marron, ou encore tout simplement pourquoi ses traits de visage étaient à l'opposé de ces derniers ?

Elle n'était pas adoptée, n'est-ce pas ? Elle refusait que cette pensée ose ne serait-ce qu'effleurer son esprit.

- TU MENS ! hurla-t-elle alors qu'elle sentait son sang chauffer au fer dans ses veines comme pour contredire ses propres paroles. Et baisse cette baguette, tu veux me faire quoi au juste... me... me tuer ? siffla-t-elle. Ce que tu dis n'est qu'un mensonge, ce n'est pas vrai, vous me connaissez assez pour démêler le vrai du faux !
- Ça suffit, Ginny !  hallucina Ronald en baissant brusquement le bras de sa sœur cadette.
- Amélia, tenta soudainement Élisabeth d'une voix étranglée, tu parles le fourchelangue et tu as une facilité déconcertante à t'introduire dans les pensées des gens si tu le souhaites. Tu n'as... on a jamais vraiment réfléchi d'où cela pouvait venir. On ne peut pas parler aux serpents parce qu'on le souhaite, c'est... il y a quelque chose de...de logique à tout ça...

L'adolescente se retourna brusquement vers sa meilleure amie alors qu'une veine commençait à palpiter dangereusement au-dessus de sa tempe. Pourquoi parlait-elle le Fourchelangue ? Pourquoi savait-elle s'introduire si facilement dans l'esprit des gens, manipuler ces derniers et même leurs souvenirs si elle le voulait, faire croire ce que bon lui semblait à qui elle le voulait ? Pourquoi savait-elle déplacer des objets par la pensée ?

Elle respirait de manière erratique. Jamais elle n'avait obtenu de réponses à ses questions et... elle n'avait jamais osé en poser, préférant garder certains faits dans le plus grand secret et de rester dans le déni. Et si...et si elle était vraiment liée à ces criminels, étaient-ce ses grands-parents ? Avait-elle d'autres parents qui...étaient morts, cachés, vivants ? Ou alors tout simplement étaient-ce eux ses véritables parents ? Non c'est impossible ! cria une voix au coin de sa tête, alors qu'elle restait figée et paralysée par le choc.

- Élisabeth ! Harry parle aussi le Fourchelangue ! CE NE SONT QUE DES SALADES !
- On sait pourquoi Harry le parle... Tu-Sais-Qui lui a transféré certains de ses pouvoirs... mais toi, ça n'a jamais... Je veux dire... il y a toujours eu des interrogations... c'est toujours resté un mystère !  intervint à nouveau Hermione, les larmes aux yeux.

Hermione et Élisabeth se complétaient dans leurs explications, et à elles deux, elles venaient de terminer le puzzle qui s'était formé autour de cette Prophétie. Amélia eut un haut-le-cœur, priant intérieurement pour faire un horrible cauchemar, un cauchemar dont elle n'allait probablement pas tarder à se réveiller. Elle espérait de toutes ses forces que son esprit était juste très imaginatif et créatif et qu'il lui jouait juste un horrible tour.

- Dis quelque chose par merlin, Harry !? souffla Amélia, Ne reste pas sil-
- NON !  Amélia, je n'avais jamais fait le lien avant, mais quand on est descendu dans la Chambre des Secrets avec Ron pour sauver Ginny, tu es resté avec lui à cause de l'effondrement. Moi, je n'ai pas réussi à ouvrir l'entrée de la Chambre, quand j'ai essayé, tu t'en souviens ? C'est toi qui l'a ouverte quand tu as à ton tour essayé... Moi, je n'ai pas réussi parce que le véritable héritier était à côté de moi. Je n'ai hérité de cette capacité que parce que Lord Voldemort m'a marqué... et la Chambre, étant quelque chose de magiquement protégée, a en quelque sorte senti ta présence. C'est grâce à toi qu'on y est rentré. Souviens-toi.... qu'en a dit McGonagall quand Hermione lui a posé la question en deuxième année ?
Seul le véritable héritier peut ouvrir cette pièce d'après l'histoire de la Magie. Tu sais, quand je me suis retrouvé face au souvenir de Tom Riddle, je me suis demandé pourquoi tu lui ressemblais autant physiquement... Et tu sais qui était assise sur une pierre derrière lui ? Une jeune fille d'environs seize ans qui se nommait Lianna... Lianna Sauwer... En l'occurrence, on sait qui elle est vraiment aujourd'hui... mais tu sais, ce jour-là... dans la Chambre, elle m'avait regardé avec amusement quand j'essayais de m'échapper des crocs du basilic, pour ensuite me fixer avec dégoût et un ressentiment de haine qui m'a glacé le sang quand j'ai tué le serpent... Et...et tu sais pourquoi cela m'a tant choqué ? Ce n'est pas parce que c'était la version adolescente de Lady Voldemort, non, c'est surtout à cause de ses yeux, son regard.... Tu sais pourquoi ?!
Parce que pendant une fraction de seconde j'ai cru t'apercevoir me regardant avec ses yeux. Oui, elle avait tes yeux... Quand j'ai détruit le journal, ils ont disparu tous les deux... et Ginny s'est réveillée... Je... je ne t'en avais jamais parlé parce que nous deux, on a vécu toute notre vie ensemble. J'ai grandi avec toi, je connais Marcus et Catherine... ton frère... On a eu plein de coups de blues et de fous rires ensemble, alors je me suis dit qu'il valait mieux oublier, que ce n'était qu'une grosse coïncidence. Mais maintenant... avec cette Prophétie... mes soupçons à ton égard se confirment...

Harry qui était d'une pâleur inquiétante venait à son tour de craquer. Son discours tenait debout, vraiment debout, et ce fut à ce moment-là qu'Amélia, livide, faillit régurgiter le dernier repas qu'elle avait avalé. Une colère sans nom la traversa, chauffa soudainement ses muscles au fer. Elle refusait d'y croire, cela était tout simplement invraisemblable, irréelle ! Comment une chose pareille pouvait avoir une once de vérité ? Et pourtant... voilà qu'Harry venait de déblatérer des éléments plus que probants sur ce qu'il avançait.

- VOUS MENTEZ ! JE NE LEUR RESSEMBLE PAS ! QUELLE IDÉE DE PENSER QUE JE PUISSE AVOIR UN LIEN QUELCONQUE AVEC DES MEURTRIERS !  explosa-t-elle. QU'EST-CE QU'IL VOUS PASSE PAR LE CRANE, BORDEL ? JE...
- STOP, AMÉLIA ! s'interposa d'une voix forte Andrew, les mains en signe de réédition d'accord. On est tous K.O. avec cette histoire, mais les gars, on verra ça plus tard !  souffla-t-il en jetant un œil inquiet à son amie dont les yeux semblaient s'imbiber d'une lueur écarlate.

Cette conversation était loin d'être finie. La jeune femme comptait bien riposter, les nerfs à vif.
Cependant, des silhouettes noires firent leurs apparitions de tout côté coupant net aux prochaines vociférations qu'elle allait balancer au milieu de cette salle aux Prophéties. Elles les encerclaient, leur baguette pointée droit sur eux et inconsciemment les adolescents s'étaient regroupés pointant à leur tour leur maigre moyen de défense.

- Je vois... soupira d'une voix doucereuse un mangemort qui retira, d'un geste de la baguette, son masque qui partit dans un éclat de fumée noire permettant ainsi de reconnaître la silhouette de Lucius Malfoy, aristocrate et sang- pur quelque peu coincé -selon les dires d'Amélia- que vous semblez tous bien énervés les enfants. Mais nous ne sommes pas là pour ça. Donne-moi la Prophétie que tu tiens dans ta main, Potter. ordonna-t-il.
- Où est Sirius ? N'approchez pas sinon, je la casse ! lança courageusement Harry.

Les mangemorts qui continuaient d'arriver de toute part éclatèrent de rire. Une femme au visage émacié, vêtue d'une robe noire cintrée près du corps s'approcha à la hauteur de Lucius, un air empli de démence était plaqué sur son visage. Elle ricana d'une voix enfantine et joyeuse, la baguette pointée vers eux.

- Il sait se défendre... le tout petit... bébé... Potter !
- Bellatrix Lestrange ! tonna Neville qui voulût se glisser devant tout le monde afin de faire face à la sorcière, la baguette également prête à être utilisée. Mais Amélia, qui se tenait juste devant lui, le força immédiatement à baisser son bras et stoppa son geste. Ce n'était pas le moment que quelqu'un se blesse. Malgré sa grande confusion, il fallait qu'ils trouvent un moyen de s'en sortir...tous indemne.
- Neville Londubat, je présume ? Comment vont tes parents ? ricana la nouvelle venue.
- Mieux... maintenant qu'ils vont être vengés !  hurla-t-il en relevant son arme. Amélia et Harry se mirent à deux pour obliger le jeune garçon à rester en arrière, le repoussant vers Luna et Hermione alors que Bellatrix Lestrange avait elle aussi levé sa baguette.
- On... se calme. Tout ce que l'on veut, c'est cette Prophétie, Potter. Il serait d'ailleurs vivement temps que tu arrives à faire la différence entre un rêve et la réalité !

Tous les mangemorts présents, qui bouchaient maintenant l'ensemble des issus possibles entre les étagères, éclatèrent dans un fou rire collectif. L'adolescente analysa la situation dangereuse dans laquelle ils se trouvaient. Il leur fallait une solution, au plus vite ! Discrètement, elle essaya de faire passer un message en attrapant le bras d'Andrew avant d'exécuter quelques petites frictions de la baguette pour que ce dernier le répète à l'ensemble de leurs camarades.

- Ne veux-tu pas connaître le secret de ta cicatrice, Potter ? lança d'une voix doucereuse Malfoy senior.
- Pourquoi Lady et Lord Voldemort voulaient me faire prendre cette Prophétie ? répliqua Harry.
- Tu oses, Harry Potter ! siffla une autre voix, puissante, qui semblait étrangement bien plus dangereuse que toutes les personnes réunies autour. Tu es bien trop inconscient, cher enfant, bien trop...
- Il voulait juste voir l'effet que cela ferait, Doréa, argumenta Lucius avec un sourire en coin.

La dénommée Doréa s'approcha d'une démarche féline ; une capuche était retroussée sur son visage cependant, les adolescents distinguaient ses lèvres pulpeuses recourbées dans un rictus malsain. L'aura imposante qui émanait de cette dernière laissait apercevoir une puissance qui n'avait rien de comparable aux autres mangemorts.

- Je serais... curieuse de connaître la raison pour laquelle on vous entendait tous crier à l'autre bout du ministère, fit-elle d'une voix suave en analysant les adolescents devant elle. Oh, qu'est-ce que tu ressembles à Fleamont et Euphémia Potter, chantonna-t-elle.
- Qui sont Fleamont et Euphémia Potter ?  bégaya Harry, pris de cours.
- Hum ! se moqua-t-elle. L'un était, comment dire... ton grand-père, l'autre était, et bien... ta grand-mère... Évidemment ils sont morts depuis longtemps maintenant, mais je... elle s'arrêta en jouant délicatement avec une baguette de couleur ambre entre ses doigts. Je suppose que l'on doit te dire que tu ressembles à James, ironisa-t-elle.
- Nous ne sommes pas là pour parler famille, Doréa !  répliqua Bellatrix, agacée.
- Ma... chère Bellatrix, dois-je te rappeler qui... a l'autorisation, le grade le plus élevé entre toi et moi ? Qui donne les ordres des opérations quand les maîtres ne sont pas là ? Dois-je également te rappeler que...
- Ce n'est pas parce que tu as été à Poudlard en même temps que...
- Que ? Dois-je te rappeler également que tu n'étais qu'un misérable fœtus dans les entrailles de Druella alors que moi...j'étais déjà dans les rangs à cette époque...alors si j'étais toi, j'abaisserais d'un ton à mon égard, prévint-elle dangereusement. D'autant plus que la maîtresse semble particulièrement contre toi ces derniers temps... Tu ne voudrais pas te la mettre à dos, ça pourrait t'être néfaste, n'est-ce pas ?

Bellatrix ne répondit pas. Quelque chose voulut sortir de sa bouche, mais elle s'abstint au dernier moment. Les enfants, éberlués d'un tel échange, fixèrent la scène d'un œil interdit. Cette dernière semblait avoir beaucoup d'importance dans ce corpuscule ; les autres hommes et femmes masqués ne rigolaient d'ailleurs plus, comme si tenter de riposter et d'argumenter en faveur de Bellatrix pouvait s'avérer des plus dangereux.

- Bien ...où en étais-je ? lança-t-elle vivement en se retournant vers les enfants, vous savez... je suis véritablement impressionnée que Potter vous ait tous entraînés dans cette petite virée nocturne en dehors de Poudlard. Combien de règlements de l'école avez-vous brisés en venant ici ? se moqua-t-elle. Ce n'est pas bien, vous risquez d'avoir des problèmes. En fait, vous allez probablement en avoir si vous n'obtempérez pas... Alors Potter, donne-moi cette Prophétie qu'on en finisse. Même si j'aimerais vraiment m'amuser avec vous, je n'ai pas que ça à faire et bavarder avec les sorciers de premier cycle que vous êtes... enfin si l'on peut dire que certains d'entre vous soient considérés comme des sorciers... Je repère les traîtres à leur sang et les sangs de bourbes d'ici...

Amélia examina l'adulte encapuchonnée qui les fixait tous avec intérêt, passant d'abord par Neville -qu'elle détailla de haut en bas, un sourire narquois aux lèvres songeant probablement à l'état pitoyable dans lequel se trouvaient ses parents. Puis, elle s'attarda sur Hermione et Luna, avant de grimacer de dégoût et de détourner à nouveau le visage vers les deux rouquins du groupe et ricana en reconnaissant les deux enfants Weasley.

- Neville...Londubat sans aucun doute, fit-elle d'une voix faussement désolée. Tes parents étaient trop bornés, trop...centrés sur les idées du bien... Ils auraient dû nous rejoindre. C'est ce qui leur a coûté leur état...actuel de démence. Sans cela, ils seraient toujours pleinement en forme à ton coté...  Elle s'arrêta, laissant sa phrase en suspend tout jaugeant maintenant Ronald et sa sœur. Hum vous devez être de la famille de ce cher Septimus Weasley, si je ne m'abuse. Il y a ce petit air de ressemblance, oui...

L'adolescente remarqua qu'Hermione serrait le bras de Neville d'une poigne ferme. Amélia n'aimait pas ce que faisait la mangemort, elle avait l'horrible sensation qu'elle essayait de les prendre à leur propre jeu, comme si elle essayait de les manipuler à sa guise. Elle se souvenait parfaitement de la photo qui avait été publiée dans la Gazette du Sorcier, lors de l'évasion massive d'Azkaban -une sorcière très dangereuse qui selon les rumeurs serait le bras droit de Lady Voldemort. 
 
Elle entendit vaguement l'adulte intervenir à nouveau en prenant cette fois pour cible Andrew. Elle se moqua du fait que sa mère pouvait continuer à se cacher. D'après elle, ils finiraient par la trouver et June Lewis leur serait leur être utile à la cause.

- Ma mère ne rejoindra jamais les mangemorts, siffla Andrew d'une voix calme qui ne correspondait pas à la colère qu'éprouvait le jeune garçon.
- Oh ! s'amusa Doréa. C'est... dommage ! Au moins ton oncle et ta tante ont plus de bon sens... Mais tu sais, avec ce qu'elle est, il sera toujours plus facile de rejoindre le côté obscur. Un monstre reste un monstre après tout ...
- Ce qu'elle est ? cracha soudainement Élisabeth. Ce n'est pas parce que tante June est une louve-garou qu'elle est...un monstre, au contraire. Je ne pourrais pas dire pareil de mes imbéciles de parents !
- Élisabeth...Sharps, constata l'adulte, étonnée. Tes parents doivent être déçus de toi. Traîner avec de telles personnes. Je pensais qu'ils t'avaient mieux éduquée que cela. Les maîtres ne vont pas aimer cela, j'espère que tu en es consciente, lança-t-elle avec gravité.
- Je m'en contrefiche de ce que pensent mes parents, cracha-t-elle, et je n'ai absolument pas peur de vos maîtres !
- C'est que l'on...a du répondant !  s'amusa la mangemort. Ce...n'est pas bien de mentir, Élisabeth, je sens ta peur tout autour de nous, lança-t-elle en pointant un son doigt vers la jeune femme. Fais vraiment attention à ce que tu dis, tu pourrais le regretter !

Amélia en avait assez. Non seulement ils étaient acculés par des sorciers dix fois plus expérimentés qu'eux, mais en plus de cela, la femme aux côtés de Lucius Malfoy et Bellatrix Lestrange tentait de les affaiblir mentalement. D'un geste agacé, elle laissa Neville aux soins d'Hermione avant de passer devant Andrew, tremblant de colère, et se positionna aux côtés d'Harry en ne laissant ainsi pas la possibilité à son amie l'occasion de riposter face à l'adulte.

- Il n'y a pas de quoi... répondre à des personnes comme vous !  cracha Amélia, transpirante de fureur.

Amélia entendit le couinement affolé d'Hermione. Peut-être aurait-elle dû réfléchir avant de se mettre à découvert comme ça, surtout si la femme était si proche d'eux, et surtout après ce qu'elle venait d'entendre... Cependant, elle ne permettait pas qu'on s'en prenne à ses amis alors elle venait d'agir. Elle vit l'adulte se crisper légèrement malgré sa capuche retroussée qui recouvrait son visage. Cette dernière, à l'insu de l'adolescente, venait de froncer les sourcils, effarée, jaugeant pour la première fois, les traits du visage bien trop familier de l'enfant.

-A qui... ai-je l'honneur ? lâcha-t-elle en laissant soudainement tomber le ton malicieux qu'elle employait depuis le début de la conversation.
-Moi ? Pas d'importance vraiment ...vous savez ! ricana-t-elle. Juste une ado qui va calmer vos ardeurs à vous et aux autres tarés qui vous entourent, et ce... d'ici quelques petites secondes ! MAINTENANT ! STUPEFIX !  hurla-t-elle.

Les jets rouge caractéristiques au sortilège fusèrent des baguettes des adolescents à la seconde où Amélia donna le coup d'envoi. Ils partirent tous dans des directions différentes. Amélia commença ainsi à courir à vive allure en heurtant des mangemorts de plein fouet. Ils étaient bien trop nombreux dans le ministère et elle eut des doutes quant à leur chance de s'en sortir. IIs n'avaient que quinze ans après tout, comment pouvaient-ils les battre ?

-SALES GOSSES ! RAMENEZ-MOI CETTE PROPHÉTIE !

Amélia se traita intérieurement de tous les noms. Ils avaient foncé dans le tas s'en réfléchir au fait que cela était probablement un piège. Sirius n'était absolument pas ici et maintenant, ils n'avaient pas moins d'une trentaine de mangemorts à leur trousse. Elle pointa sa baguette sur les sphères, répétant des '' reducto'' à toute vitesse, faisant tomber les étagères derrière elle alors que de multiples traces de fumées noires voltigeaient dans l'air et se dirigeaient rapidement dans sa direction.  La respiration haletante, elle percevait les détonations des multiples sortilèges résonnant dans les couloirs lugubres de cette salle et craignait que l'un d'entre eux ne blesse ses amis. 

Au loin, Amélia discernait également des cris de douleurs. La jeune fille se planqua soudainement derrière une étagère, essoufflée. Elle venait de remarquer l'entrée principale à quelques mètres d'elle. Il fallait qu'ils l'atteignent tous. L'enfant vit Ron et Hermione se rapprocher d'elle dans une course folle et elle en profita pour les attraper tous les deux par l'arrière avant de les coller contre le mur à ses côtés, provoquant ainsi le cri de surprise de la jeune Gryffondor qui résonna dans un éclat sonore autour d'eux.

- C'est moi, calme !  lança Amélia, pressée. Où sont les autres ? murmura-t-elle avec urgence.
- Je ne...je ne sais pas, on s'est perdu de vue, souffla la brune la respiration saccadée.
- On est mort, balança Ron, désespéré. On est complètement mort !  fit celui-ci en couinant d'horreur.
- On va s'en sortir, comme on le fait toujours. Il faut qu'on arrive à revenir sur nos pas... A trois courrez, je vous couvre. Rejoignez la porte, je vais chercher les... PROTEGO !

Elle ne termina jamais sa phrase. Une explosion venait de retentir juste au-dessus d'eux. Le bouclier qu'elle venait de créer les protégea des débris qui ricochèrent sur le sortilège avant de retomber à terre, se fracassant de plus belle. À travers la fumée et le nuage de poussière, ils virent deux mangemorts se ruer vers eux. Ils ne réfléchirent pas plus longtemps et commencèrent à courir vers la porte principale. Cependant, des mangemorts apparurent à nouveau devant eux, les obligeants à faire brusquement demi-tour. Ils continuèrent à courir de plus belle, ne sachant où se diriger. Soudain, Amélia rentra en collision avec deux de ses autres amis -Andrew et Neville- et secouée, elle n'eut pas le temps de reprendre ses esprits. Le jeune Serdaigle les intimida de les suivre tout en lançant des malédictions afin de retarder les sorciers accourant derrière eux.

Des Protego, Confringo, Experliermus, Stupefix ...et malédictions diverses fusèrent de part et d'autre les protégeant des sortilèges impardonnables qui leur étaient destinés. À quelques mètres d'eux se dressait une porte entrouverte et ils se ruèrent vers l'embrasure à pas précipités. Hermione claqua brusquement le battant avant d'haleter un collaporta afin d'en bloquer l'accès aux mangemorts.

Amélia regarda rapidement autour d'elle et... un soulagement sans nom l'accapara quand elle aperçut que le reste de la troupe était réuni dans cette même pièce. L'adolescente se laissa glisser à terre, épuisée par la course effrénée qu'ils venaient de réaliser et, les mains positionnées au creux de ses côtes, elle reprit bruyamment sa respiration.

- On...on...a eu chaud, récupéra-t-elle.
- On est coincé, oui !  cracha Ginny en regardant autour d'elle. C'est quoi cette salle encore ? Tu as peut-être une brillante idée pour nous faire sortir d'ici, Amélia ?
- Écoute, si tu veux t'acharner sur moi, vas-y. Mais je crois qu'il serait préférable qu'on cherche ensemble une solution !  riposta la jeune Serpentarde, agacée.
- Oui, Ginny, prévint son frère, ce n'est pas le moment !

L'adolescente analysa pour la première fois la pièce rectangulaire dans laquelle ils se trouvaient. Cette dernière était vaste et faiblement éclairée. Ils se trouvaient au sommet d'une série de bancs en pierre établis sur plusieurs gradins. En son centre, une étrange arcade ornait l'endroit. Harry s'était déjà approché, sans daigner lui adresser un quelconque regard. Il venait de descendre les premières marches de ce qui ressemblait à un amphithéâtre, la main étroitement serrée contre la Prophétie, et l'autre s'agrippant à sa baguette avec poigne... Aux aguets.

- Je n'ai pas confiance en cet endroit, Harry lâcha Hermione. Trouvons une issue.
- Vous entendez ? murmura Harry. Les voix ? Sirius, c'est toi ?
- Il n'y a pas de voix, Harry ! souffla Élisabeth. J'ai la chair de poule, trembla-t-elle. Je ne la sens pas... mais alors pas du tout !

Amélia ne les écouta pas tout comme Luna. Elles s'étaient également rapprochées du socle de pierre qui paraissait si antique et croulante qu'Amélia se demanda comment cette dernière tenait debout sans aucun soutien. Elle distinguait des chuchotements. On murmurait, l'incitait à se diriger vers la fosse où se tenait l'objet. Elle arriva au côté de son meilleur ami qui tendait l'oreille, sur ses gardes. Un voile ondulait à l'intérieur de l'arcade, une sensation oppressante que quelqu'un se tenait derrière la traversa et... il fallait qu'elle la touche, alors elle leva son bras et...

- Ne touchez pas à ça, les gars, intervint brusquement Andrew en abaissant brusquement le bras d'Amélia. Ne touchez à rien !
- Il y a des gens... là-dedans, souffla Luna.
- Oui... je les entends, affirma Amélia. J'ai vraiment envie de passer ce voile et...
- Il n'y pas de voix, paniqua Hermione. Revenez ici tous les trois !  trancha-t-elle.
 
On chuchotait son prénom d'une voix douce et fascinée, des gens l'appelaient avec insistance  et pourtant...
Elle revint brusquement à la réalité quand elle entendit le ton tranchant que venait d'aborder son amie. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises et croisa le regard brumeux d'Harry et Luna qui se trouvaient de part et d'autre d'elle, et qui semblaient dans le même état hypnotique qu'elle ne le fut. La jeune fille fit une derrière fois le tour s'assurant que rien ne se trouvait derrière cette pierre et, confuse, fut forcée de constater qu'il n'y avait rien. Elle s'éloigna de plusieurs pas de cet objet apparemment imbibé d'une magie qui lui était méconnaissable.
 
- On y va ! souffla-t-elle, consternée. Ne restons pas ici !
- DERRIÈRE MOI TOUS ! beugla soudainement Harry.

Des explosions retentirent soudainement derrière eux. Amélia ne vit pas d'où les mangemorts avaient réussi à se frayer un passage, mais les nuages noirs et vaporeux qui voltigeaient maintenant dans l'air se dirigeaient rapidement droit dans leur direction. Elle n'eut pas le réflexe de se défendre aussi rapidement qu'elle aurait voulue, surprise par cette attaque inopinée. On l'attrapa fermement par les aisselles avant de la coincer sans ménagement contre le corps, sans aucun doute féminin, d'une mangemort... la baguette gentiment pointée contre sa tempe.

- Tu croyais vraiment t'en sortir après avoir osé me berner, chère enfant ?  souffla Doréa au creux de son oreille.

Elle tenta de se débattre, mais l'adulte avait une poigne incroyablement puissante et ferme. Sa baguette était tombée dans un éclat sonore à quelques mètres d'elle et Amélia n'eut d'autre choix que d'analyser ce qui l'entourait. Elle était toujours dans le centre de la fosse, Harry la dévisageait, paniqué, la sphère toujours bien enfermée dans son poing et la baguette maintenant pointée sur la femme qui la maintenait prisonnière... L'homme blond -nul autre que Lucius Malfoy- s'approcha en recourbant ses lèvres dans un sourire faussement désolé.

- Vous croyiez sincèrement avoir eu... une chance contre nous ? fit Lucius, consterné. Vraiment ? Donne-moi cette Prophétie, Potter. Ou regarde tes amis mourir un à un... Je suis sûr que Doréa se chargera avec plaisir de ta sang-de-bourbe et plus vieille amie en premier lieu.

Ils étaient fichus, complètement fichu cette fois. Amélia n'avait jamais songé à la façon dont elle allait mourir, songea-t-elle en perdant espoir. Elle frissonna et remarqua qu'autour d'elle, se trouvait l'ensemble de ses camardes détenus par ces criminels. Ils étaient fichus ! Les mangemorts éclatèrent à nouveau de rire quand Harry marmonna quelque chose comme quoi ils devaient tous les laisser partir... et seulement alors il donnerait la Prophétie. Amélia aurait sans doute roulé des yeux avec ironie si la situation n'était pas aussi catastrophique. Pensait-il sérieusement que ces meurtriers allaient les laisser partir ?

- Tu n'es pas en position de marchander, susurra à nouveau Lucius. Réfléchis vite, Potter. Je ne pourrais pas retenir bien longtemps mes collègues, dont Bellatrix qui ne veut qu'une chose : s'amuser avec ce cher Londubat, fit-il en rougissant de plaisir. Alors... as-tu réfléchi ?
- NE LA DONNE PAS !  cria le concerné.
- Il veut peut-être un exemple, bébé Potter ?  chantonna d'une voix stridente Bellatrix. ENDOLORIS !

Amélia blêmit. Elle ne pouvait voir exactement où se trouvait Neville, mais elle entendait maintenant les cris de douleurs que celui-ci laissait échapper après avoir entendu les paroles débordantes d'excitation de Bellatrix en ayant psalmodié le sortilège impardonnable. Le sortilège fut proféré avec un tel engouement que l'adolescente tenta à nouveau de sortir de la poigne ferme dans lequel elle était tenue en vain afin de l'étriper de ses propres mains.

- Arrêtez ça, s'il vous plait ! pria Harry en tendant brusquement la prophétie, paniqué. Tenez !
- Bien, Potter, susurra Doréa. Très bien, remarqua-t-elle alors que Lucius récupérait la Prophétie. Quant à toi, chuchota-t-elle à l'adresse d'Amélia, je veux ton nom, lança-t-elle suavement. Il y a quelque chose de particulièrement troublant dans ton aura et...
 -Les Aurors et l'Ordre du Phénix !  cracha soudainement furibond un mangemort, en se volatilisant dans l'air.

L'adolescente ne sut ce qui la soulagea le plus, le fait que les renforts étaient arrivés au moment opportun, ou le fait que la femme venait brutalement de la lâcher dans le capharnaüm qui se déroulait brusquement autour d'elle lui permettant d'aller se mettre à couvert. 

Elle plongea à plat ventre à côté d'Harry afin d'éviter la pluie de sortilèges, qui passaient au-dessus de leur tête, rampant par la même occasion vers sa baguette magique qu'elle ne tarda pas à récupérer à son grand soulagement. Au loin, elle distinguait la voix des nouveaux arrivants -dont celle de Sirius. Harry s'apprêtait à l'aider à se remettre debout... mais plusieurs ombres de mangemorts se dessinèrent sur le sol délabré. Elle eut le temps de brièvement lever les yeux avant qu'elle ne roule instinctivement et subitement sur elle-même afin d'éviter les sortilèges qui se dirigeaient rapidement dans sa direction...


Fin du flash-back


~*~


Amélia ne savait plus trop comment elle s'était retrouvée assise sur le fauteuil d'osculation du guérisseur Stevens. Son le T-shirt était ôté et elle se retrouvait uniquement vêtue de son soutien-gorge et d'un linge de corps qu'elle avait pris soin de mettre par-dessus le matin même. Elle se souvenait vaguement avoir été soutenue par son père qui l'avait aidée à s'asseoir. Le médicomage avait dû sortir de la pièce avant de revenir avec une potion à l'allure glauque qu'à présent sa mère, assise à ses côtés, venait de lui faire boire.

- Respire, correctement chérie, souffla Catherine.

Le médicomage réalisait des mouvements complexes de la baguette qu'elle suivait machinalement des yeux en se rendant compte que son corps se détendait de minutes en minutes. Il pointait sa baguette, droit à l'endroit où se trouvait son cœur.  Elle se sentait engourdie, son corps était brûlant et trempé de sueur. À ses côtés, sa mère caressait mécaniquement ses cheveux trempés tout en fixant anxieusement les gestes qu'exécutait médicomage sur sa personne.

- Je...je, bredouilla Amélia, confuse, qu'est-ce qui s'est passé ?
- Tu as fait une crise d'angoisse, fit remarquer le médicomage. Je vois que tu reviens à toi et que la potion fait son effet. Il s'arrêta en enlevant son stéthoscope. Certaines choses semblent énormément te préoccuper, tu as commencé à marmonner des choses incompréhensibles, s'inquiéta-t-il. Je crois qu'il faudrait que tu penses à parler avec quelqu'un, remarqua le guérisseur. Je peux te proposer une de mes collègues, tu te sentirais peut-être mieux et si tu ne veux pas en...
- Je vais bien ! coupa durement Amélia. Où est papa ? demanda l'adolescente à sa mère, la respiration sifflante.
- Il est parti te chercher quelque chose à manger à la cafétéria, chérie, fit sa mère en fronçant les sourcils. Amélia, cela ne peut plus durer, tu te fais du mal, souffla-t-elle. Mon ange, tu viens de me donner une peur bleue. Réfléchis à ce que propose ce médecin, tu préférerais parler à un médecin... moldu...
- Encore moins !  Tu m'imagines essayer de parler en évitant de dire un truc sur notre monde ? s'offusqua Amélia. Sans vous offusquez, monsieur... mais vraiment, je suis juste vraiment fatiguée. Si tout est bon pour cette consultation, j'aimerais juste ...rentrer à la maison, maman.
- Comme tu voudras, Amélia, accorda le médecin avec lassitude. Je vais te chercher quelques potions que je vais te prescrire, je reviens dans quelques instants.
 
Le médecin darda sur elle un regard suspect avant de tourner les talons. L'adolescente suivit l'adulte des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Elle remit silencieusement le t-shirt se trouvant négligemment posé sur le côté et recouvrit rapidement son corps frileux. Elle soupira, agacée, en sentant le regard brûlant d'inquiétude de sa mère dans son dos. 

- Quoi ? lança Amélia, irritée, en se retournant vers elle.
- Te rends tu comptes que...tu viens d'avoir une absence lors de ta crise d'angoisse ?! souffla-t-elle, éberluée. Ça ne peut plus durer, surtout après ce que ce docteur vient de nous raconter, chérie. Il va falloir surveiller ça.
- J'ai paniqué, okay ? Maman, ce n'est rien du tout !  Et je me fiche éperdument de ce que peut dire ce médecin ! siffla Amélia.
- Tu n'étais déjà plus avec nous quand il a continué ses explications, murmura-t-elle. Tes yeux, lança-t-elle tristement, tu...
- Quoi...mes yeux ?  cracha Amélia. Peut-être que je n'avais pas envie d'entendre ce qu'il racontait, peut-être que j'ai fait exprès de faire la sourde d'oreille !
- Ils étaient rouges, souffla Catherine. Ce phénomène... cette lueur écarlate dans ton regard quand tu as ces... sortes de pulsions, quand tes émotions sont sous pression... C'est à cause de tes parents biologiques, je viens de le comprendre. Si cette femme pratiquait avec tant d'ardeur cette magie noire, cela a dû t'affecter d'une quelconque manière et les médicomages l'ont compris.

Amélia se figea sous la surprise.  Elle analysa le visage blême de sa mère avec attention. Cette lueur brillant dans ses yeux, l'enfant la connaissait que trop bien pour l'avoir si souvent remarqué. Cette dernière venait s'en doute de lui sortir la carte ''je suis médecin, je viens de faire un lien important sur une nouvelle pathologie''. Elle voulait lui décocher une remarque cinglante, lui lancer cette même remarque qu'elle avait si mesquinement balancée avec tant de méchanceté le jour précédent afin de la faire taire, cependant rien de tout cela ne sortit. A l'inverse un simple couinement d'horreur s'échappa de sa bouche.

-Quoi ?
    

    ~*~


Dans les couloirs de Saint-Mangouste - 13h02
 
Au même moment, Marcus, profondément ancré dans ses pensées, s'angoissait pour sa fille. Il remontait quatre à quatre à l'étage après avoir psalmodié dans tous les sens que sa fille avait besoin de manger un bout sur le champ, et se cassa pratiquement la voix pour passer devant la queue de sorciers se trouvant devant lui. Il tenait donc un plateau de nourriture fraîchement commandé au présentoir de la cafétéria entre les mains. Voir son enfant dans cet état de détresse, de peur et d'angoisse le rendait malade et il espérait vivement que cette potion venait de faire son effet.

Marcus passa devant l'accueil se dirigeant à toute vitesse vers le petit ascenseur où une femme rondelette se retrouvait avec un nid d'œufs fleurissants dans les cheveux. Cette dernière retint la porte de l'ascenseur afin de le laisser rentrer. Il ne s'aperçut donc pas que le médecin de sa fille était descendu et discutait maintenant devant l'entrée avec deux individus tout vêtu de bleu, aux côtés de la femme qu'il avait failli, une heure plus tôt, secouer dans tous les sens à cause de ses propos déroutants. S'il avait été moins agité par l'état de santé de sa fille, il aurait s'en doute remarquer que ces sorciers venaient de recevoir une pile de dossiers et des fioles de sang appartenant à celle qu'il avait toujours considérée comme son propre bébé...

Chapitre 5 : Le Chemin de Traverse by Chrisjedusor
Author's Notes:

Voici la suite, Joyeuses Fêtes  à tous :)

Chris


Londres, sur la route, 13h31
 
 
- Nous allons faire vos achats scolaires sur le chemin de Traverse. Harry et ton frère vont prendre le métro jusque-là, nous les rejoignons.

Amélia sortit de son mutisme dans lequel elle s'était murée depuis qu'ils étaient sortis de l'hôpital. Et pour cause, elle n'avait aucune envie d'être, une fois encore, le centre d'attention d'une future conversation. Elle se redressa alors qu'elle était littéralement avachie sur le siège arrière du véhicule, la mine renfrognée. Cette visite médicale l'avait exaspérée au plus haut point.
 
Elle venait d'écouter d'une oreille distraite sa mère qui venait d'appeler grâce à son tout nouveau GSM -récente invention moldue très utile selon les dires de Catherine-  sur le téléphone fixe de la maison afin de prévenir le reste de la maisonnée qu'ils seraient sur Surrey dans une demi-heure. Elle venait d'entendre des mots tels que « chemin de Traverse », « métro » ou encore « achats scolaires » à travers le petit appareil.  Le problème, c'est qu'elle n'avait aucune envie de se rendre sur l'allée sorcière aujourd'hui, et... elle avait encore moins envie de parler à qui que ce soit. Elle décida donc de remettre sa moue renfrognée sur son visage et de ne pas répondre à ses parents.
 
- Cesse de ruminer, veux-tu ? continua Catherine en fronçant les sourcils. Vas-tu te décider à parler ?

Amélia lui décocha un regard noir. Son père regarda par dessus du rétroviseur principal et haussa les sourcils avec interrogation. La récente conversation dans le cabinet du guérisseur lui restait au travers de la gorge et elle n'avait décidément aucune envie de se rappeler que ses cellules magiques étaient instables et trop nombreuses, ou encore que la variation de couleur écarlate se mouvant parfois dans ses pupilles lors d'émotion trop intense lui provenait certainement des deux mages noirs. Elle détestait le regard de pitié que sa mère abordait et qu'elle apercevait via le rétroviseur, comme si elle était atteinte d'une maladie incurable qu'elle ne pouvait incontestablement soigner.
 
- Est-ce vous pensez que je pourrais devenir quelqu'un de mauvais ? lâcha-t-elle brusquement du but en blanc. À cause de cette magie noire, vous savez... et si j'étais comme cette femme ?

Ses parents soupirèrent à l'unisson Elle espérait de ton cœur que les médicomages ne diraient rien aux autorités du ministère de la magie d'Angleterre ; cependant, cette histoire de magie noire, qui peut-être était responsable de certaines de ses crises de colère quand elle perdait ses moyens, la rendait malade. Et si après tout... elle devenait comme eux ?  Elle aurait certainement dû répliquer sournoisement que cette femme était bien plus qu'une mangemort, la réaction de ses parents aurait été à son avis mémorable.

- Amélia, souffla Marcus se concentrant sur la route, écoute-moi bien. Si cette femme est vraiment une mangemort et qu'elle a fait des choses peu catholiques tout au long de sa misérable vie, tu n'en es aucunement responsable et TU n'es pas quelqu'un de mauvais. Nous sommes bien placés pour le savoir non ? On fera en sorte de s'occuper de ça, ne t'en fais pas. Nous sommes là.
- Ton père a raison, chérie, continua sa mère. Tu es tout sauf mauvaise. Tu as un grand cœur et tu ne demandes qu'à aider les gens dans le besoin, et... si cela n'est pas suffisant pour te soulager, je peux t'amener un nombre incroyable de personnes qui seraient d'accord avec moi...
- Je suis à Serpentard et je parle le Fourchelangue... la langue des serpents. Si ce n'est pas un mauvais signe, grimaça l'adolescente avec scepticisme. Tu sais, maman, j'avais demandé au choixpeau de ne pas m'envoyer à Serpentard, quand je suis rentrée à Poudlard. Alors, il m'a répliqué que là était ma place et... qu'en gros je ne pouvais rien y faire ! contrecarra Amélia en secouant vivement la tête. Parfois, elle s'arrêta dans ses paroles, parfois, je suis tellement en colère que je n'ai qu'une envie, c'est de faire du mal, c'est... c'est ce que je ressens au fond de moi, déblatéra-t-elle. Vous pensez toujours que je suis quelqu'un de bien ? termina-t-elle avec petit rire jaune.
- Ce n'est pas parce que tu as atterri dans une maison considérée comme étant de mauvaise réputation que tu es une mauvaise personne. Si ce chapeau magique t'a envoyée dans cette maison, c'est que tu dois justement disposer de ces qualités. Rappelle-moi quelles sont-elles, Kiddo ?
- La ruse et l'ambition, marmonna Amélia dans sa barbe.
- Et qui est... justement rusée et ambitieuse dans cette famille, Kiddo ? Moi j'en connais une personnellement et... elle se trouve actuellement vautrée sur la banquette arrière de ma voiture, elle sait parfaitement s'y prendre pour obtenir ce qu'elle veut. De l'ambition ? Elle en a assurément. Rappelle-moi les options de carrière choisies avant tes BUSE ? Et rappelle-moi également tes résultats d'examens en défense contre les forces du mal et en sortilège ?
- Elle veut rentrer dans la police magique du ministère ou devenir professeur en fait, on verra, grogna Amélia en parlant d'elle à la troisième personne à l'instar de son père, et elle a eue deux optimal, content ?
- Exactement ! reprit Catherine avec vivacité, et quant à ton caractère bien trempé, on a tous le droit d'être en colère, chérie. On a tous le droit d'être dans de mauvais jours, cela ne fait pas de toi une mauvaise personne. Tu es quelqu'un de bien à qui il arrive de mauvaises choses. Tu n'es donc pas responsable des actes que tes... parents biologiques ou du moins ceux de ta mère...
- Ils ne sont pas mes parents, murmura Amélia avec dégoût. Les seuls et uniques parents que j'ai se trouvent tous les deux à l'avant de cette voiture. Il n'y a que vous et seulement vous qui avez le droit à ce titre et ce ... à jamais ! termina Amélia avec chaleur.
- Je suis ravi de te l'entendre dire !  lança Marcus un grand sourire aux lèvres. Maintenant souris un peu, Schtroumpfette. Ton frère doit littéralement sautiller sur place en nous attendant ! Je l'imagine déjà, fit-il d'une voix théâtrale. Papa je veux-ci, papa je veux-ça, papa t'as vu ça, je veux aussi un balai comme ma sœur. Oh ce truc il est trop génial, je peux en avoir un ? !  Je vais avoir besoin de ton aide pour calmer ses ardeurs !  se moqua-t-il.
 
Amélia éclata de rire. Elle imaginait facilement son frère presser Harry pour prendre rapidement le métro londonien afin de se rendre dans le petit pub qui permettait à tout sorcier résident en Angleterre de se rendre immédiatement sur le célèbre chemin de Traverse.  Cette pensée lui décrocha un sourire. Son frère méritait après tout que sa première sortie officielle dans l'allée sorcière soit inoubliable.  Elle vit part la même occasion sa mère rouler des yeux alors que son père continuait ses pitreries. Tout n'était pas si désespérant après tout, songea-t-elle. Elle irait tout compte fait faire un tour au magasin de Quidditch et jeter un œil aux nouveaux équipements qui s'accordaient avec son Firestorm qu'elle avait eu l'occasion de voir dans le Quidditch Trends ...
 
- Vous croyez que je pourrais avoir les tous nouveaux gants de protection qui prennent la forme de mon balai pour mes matchs de Quidditch ? Ça permet d'avoir un meilleur contrôle quand il pleut... lança innocemment Amélia. Du coup... vous savez, plus de protection lors de condition climatique intense et donc moins de risque de t...
- Est-ce moi ? coupa Catherine en écoutant sa fille commencer à parler de son sport favori, où tout compte fait, c'est notre fille et non notre fils qui essaye de nous amadouer afin d'obtenir quelque chose ?  se moqua-t-elle en s'adressant à Marcus. Et c'est... qu'elle essaye de nous vendre le produit en plus, se lamenta-t-elle en roulant des yeux. Bien essayée jeune fille, mais tu attendras encore un peu. Ce n'est pas très malin de jouer sur les sentiments mitigés que ta mère éprouve vis-à-vis de ce sport barbare !

Pour toute réponse Marcus lança un clin d'œil complice à sa fille qui éclata à nouveau de rire.

  ~*~

Londres, le Chaudron Baveur, 14h03


La petite famille se dirigeait vers le petit pub que seule Amélia -étant sorcière- pouvait facilement repérer. Les rues étaient étonnamment bondées de moldus et ils eurent d'ailleurs à plusieurs reprises du mal à se frayer un passage sans bousculer au moins une fois un passant, et pour cause, le marché était installé tout au long de la route où s'alignaient divers magasins. Marcus avança tranquillement les mains dans la poche de son pantalon s'estimant heureux que le brouhaha résonnant autour d'eux recouvrait les paroles certainement dénuées de sens de sa fille aux yeux de la population moldue.

En effet, sa femme et son aînée n'avaient pas encore terminé la conversation qu'Amélia avait entamée sur le Quidditch alors qu'ils rentraient de Saint-Mangouste. Il suivait donc les argumentations et contre argumentation de ces dernières, vivement amusé.
 
- Ce n'est pas un sport dangereux, continua fermement Amélia en marchant entre ses deux parents. Si on s'y prend bien, argumenta-t-elle avec vivacité, c'est très libérateur de voler, tu sais. Et ... ça me fait un bien fou !
- Certainement, approuva avec ironie Catherine, comme la fois où une de ces boules vivantes t'a amenée tout droit à l'infirmerie et t'a cassé une jambe par la même occasion ? Je suis tout à fait d'accord sur le fait que cela soit sans danger...
- Ça s'appelle des Cognards, maman, remarqua-t-elle. Et ça peut arriver, ça met du piment dans le jeu... Et puis avec la magie, une jambe cassée est réparée en une nuit, surtout avec madame Pomfresh !  Papa, c'est toi l'avocat ici, tu plaides pour qui ?
- Pour personne, Kiddo. Je ne me mets pas ta mère à dos sur ce coup !  lança-t-il en levant les mains en signe de réédition. Nous sommes arrivés, enfin si ce pub se trouve bien entre ses deux magasins. À moins que vous vouliez continuer ce débat, nous pouvons y rentrer et rejoindre le reste de la patrie...
- Sympas ! grommela Amélia, les mains dans les poches de sa veste.
- Du piment...soupira Catherine en secouant la tête, désespérée. Un jour tu vas vraiment te faire mal, souffla-t-elle pour elle-même.
 
Amélia lui tira la langue et s'intéressa enfin à la façade minuscule et miteuse qui lui faisait face. Le chaudron Baveur était coincé entre une grande librairie et une boutique de disques. Si les moldus ne connaissaient pas l'endroit, ils ne feraient même pas attention. Après tout, des sortilèges repousse-moldus étaient probablement placés sur l'endroit. Du moins, elle le supposait.  À vrai dire, elle ne s'était jamais vraiment posé la question. Un jour, il faudrait qu'elle s'y informe auprès d'Hermione, songea-t-elle pensive. 
 
Elle poussa alors la porte écaillée et pénétra dans la pièce. L'endroit était toujours aussi misérable et pourtant, elle ne put s'empêcher de sourire, car cette taverne avait après tout été le début de sa propre aventure dans ce monde. Elle analysa rapidement ce qui l'entourait : un homme parlait à voix basse auprès de Tom le barman,qui semblait étrangement accablé, des femmes du deuxième âge chuchotaient autour de plusieurs chopes dont elle ne chercha pas à connaître le contenu... Mais malgré l'aspect miteux, l'endroit dégageait quelque chose de chaleureux et... d'apaisant. Cependant, chose inhabituelle, elle remarqua qu'étrangement, les sorciers semblaient bien plus méfiants et moroses que d'habitude. 

Elle vit un serveur redresser les chaises des tables d'un geste de la main avant que ces dernières ne se retournent d'elle-même sur les petites tables en bois, pendant que des produits ménagés continuaient de nettoyer d'eux-mêmes sous l'influence d'un sortilège. Un père de famille tenait d'une poigne ferme son petit garçon, et se rendait vers l'âtre de la cheminée probablement pour effectuer un voyage par poudre de cheminette. Son regard s'attarda enfin sur un groupe d'adolescents qu'elle reconnut avec aisance. Sous la surprise, elle arrêta soudainement son ascension et les fixa avec étonnement, car à quelques mètres d'elle, se trouvaient son frère et Harry, entourés de trois autres personnes qu'elle ne s'attendait pas à voir avant le lendemain.

- On s'est dit que tu aimerais probablement passer cet après-midi sur le chemin de Traverse avec tes amis, lança Marcus mine de rien. Pendant que nous nous occupons de ton frère et tous les trucs chiants, comme aller échanger de l'argent à Gringotts, tu pourras en profiter pour te détendre un peu... Je vais boire quelque chose avec ta mère au bar pour vous laisser le temps de... Il s'arrêta, conspirateur. Tu sais : dire bonjour, les embrassades et tout ça. Je crois que tu préférerais largement que tes parents ne soient pas derrière toi, hum ? se moqua-t-il en ébouriffant les cheveux de l'adolescente.

Elle ne répondit pas. Un sourire contagieux était apparu sur son visage pendant qu'elle écoutait le flot de paroles de son père. Cette après-midi allait tout compte fait se passer mieux qu'elle ne le l'avait prévu... Elle décida alors de s'approcher du groupe d'adolescents qui étaient en grande discussion, sous le regard bien veillant de ses parents qui se dirigèrent à leur tour vers le bar.

Ils ne l'avait pas vue arriver et pour cette raison, elle put tous les observer durant quelque instant en songeant,alors qu'une incroyable sensation de bien-être se répandait tout le long de sa poitrine,à quel point ils lui avaient manqué durant ce dernier mois. Pas qu'elle était en manque d'aventures dangereuses, ça elle s'en passerait bien..., mais vraiment, ils étaient tellement importants à ses yeux qu'elle en oublia momentanément les tourments auxquels elle ne cessait de réfléchir.

- Ne mets pas de mauvaises idées dans la tête de son petit frère... commenta Hermione. En tout cas, toutes mes félicitations pour ton admission, Maximilien. C'est vraiment incroyable que tu sois également un sorcier alors que tes parents sont moldus... Pas que ce soit impossible, mais vue la situation, c'est incroyable... Si tu as besoin d'aide ou quoi que ce soit... tu...
- Et Hermione joue son rôle de préfète à la perfection, coupa Ronald avec amusement. Tu sais Max. Je peux t'appeler, Max ? Si tu veux déjouer les règles de l'école... évite-la surtout. Comme elle est préfète, elle ...
- TU es également préfet, Ronald Weasley ! s'offusqua-t-elle. Et tu devrais peut-être prendre cela un peu plus au sérieux !

Amélia jaugea rapidement ses deux amis avec amusement. Leur chamaillerie quotidienne lui avait décidément aussi manqué. Elle espérait sincèrement qu'ils ouvrent finalement les yeux sur leurs véritables sentiments, car cela était tellement flagrant qu'elle se demandait encore comment ses deux amis ne se rendaient pas compte qu'ils s'aimaient. Élisabeth était assise entre les deux Gryffondor tel un arbitre et suivait leur conversation d'un œil amusé. Amélia songea qu'elle semblait fatiguée, elle faisait distraitement tournoyer sa cuillère se trouvant dans sa tasse de bière au beurre. Harry avait passé un bras autour des épaules de son frère qui semblait étrangement se faire petit autour de tous ses sorciers, mais qui malgré tout, il écoutait d'une oreille curieuse ce qui se passait autour de lui.

- De toute manière, intervint Amélia en se raclant la gorge, s'il doit faire une bêtise et défier le règlement, ce sera en compagnie de sa grande sœur et personne d'autre, termina-t-elle mine de rien un grand sourire aux lèvres. Après tout, je connais assez de préfets dans mon proche entourage pour savoir comment les contourner...
- Emmy ! lança Hermione avec surprise.

Elle entendit  les raclements de chaises autour d'elle et elle se retrouva vite ensevelie dans les bras de la jeune femme qui l'enserra vivement contre elle en guise de salutation, lui bloquant par ailleurs la respiration par son enthousiasme. Elle aurait voulu éclater de rire, mais n'en eut pas l'occasion, car elle se retrouva aussitôt dans les bras d'Élisabeth qui lui fit à son tour une accolade. S'ensuivit alors Ronald qui se permit littéralement de la soulever à quelques centimètres du sol avant de la reposer.

- Par merlin, et... on ose me dire que je n'arrête pas de grandir ! Regarde-toi Ron, se moqua Amélia en l'embrassant sur la joue. Bientôt je vais être ridicule à côté de toi ! sourit-elle un grand sourire aux lèvres.
- Tu ne seras jamais ridicule, Amélia, nargua Ron. Surtout quand tu as ta baguette entre les mains, marmonna celui-ci en rougissant jusqu'aux oreilles.
- Toujours pas digéré ma dernière farce, n'est-ce pas ? se moqua gentiment Amélia. ça me fait plaisir de vous voir ! Je ne m'attendais pas à vous voir ici ! continua-t-elle en se retournant vers les deux filles.
- Nous aussi ça nous fait plaisir te voir ! répondit joyeusement Hermione. Harry nous a dit que vous veniez sur le chemin de Traverse il n'y a pas moins d'une demi-heure. On s'est alors dit que nous allions demander l'autorisation d'y venir, ce que Ron a fait, et nous y voilà avec cette petite surprise !
- C'est réussi, approuva la jeune Serpentarde, mais... comment avez-vous su ça si rapidement ? remarqua Amélia. Ce n'était pas prévu et si tu as envoyé Hedwige, Harry, comment vous...
- Téléphone portable ! coupa calmement Hermione. Mes parents ont réussi à s'en procurer un d'occasion. Cette nouveauté est encore un peu chère, mais ils ont trouvé utile de m'en procurer un pour les appeler plus facilement sur le téléphone de la maison quand je ne suis pas là, et comme, elle s'arrêta, mal à l'aise, nous avons téléphoné chez toi pour savoir si ton rendez-vous s'était bien déroulé et que tu n'étais pas encore là... Elle s'arrêta à nouveau, pensive. Alors comment ça s'est passé d'ailleurs ?
- Cette invention moldue semble se généraliser, remarqua Amélia. Euh... ça s'est très bien passé, fit Amélia en sentant ses joues s'enflammer. Vraiment, insista-t-elle en voyant les yeux de ses amis se plisser -à l'unanimité- avec méfiance.
- Tu mens ! remarqua Élisabeth pour la première fois. Par merlin, sérieusement ? Tu arrives encore à nous mentir droit dans les yeux au bout de six ans ? On connait tes mimiques, Amélia Phelps ! hallucina la rouquine.
- Eli a raison, Amélia, remarqua durement Harry qui les avait laissés se retrouver -son frère suivant calmement l'échange d'un œil interrogateur- Je veux savoir, prévint-il, et tu ne défileras pas ! Tu ne nous auras pas !
- D'accord, soupira Amélia, vaincue, mais plus tard, d'accord, souffla-t-elle en fixant son petit frère. Alors bonhomme, pressé d'aller te procurer ta baguette, hein ? N'oublie pas chez Garrick Ollivander, il n'y a pas mieux, lança-t-elle en s'approchant pour lui ébouriffer les cheveux. J'ai parié avec papa que tu ferais brûler les cheveux d'Ollivander quand tu tiendras une première baguette, alors fais gagner ta sœur. Car à la clé, je vais avoir mes gants de protection que je veux pour le Quidditch... lança-t-elle, victorieuse. Tu peux faire ça ? La formule c'est Incendio, tu retiens ? continua-t-elle sans laisser le temps au petit garçon de répondre. Tourne et abaisse dans l'axe, ensuite tourne de gauche à droite la baguette à deux reprises et fais ça discrètement sur...

Amélia avait pris son frère par l'épaule, expliquant avec enthousiasme sa prochaine bêtise sous l'œil désespéré de ses deux meilleures amies et les rires de Ronald. Elle mima le geste à la parole en sortant sa propre baguette sous l'œil intéressé de Maximilien. Hermione la fixa avec exaspération alors qu'Élisabeth levait les yeux au ciel en se demandant pour la millionième fois où son amie allait pécher des idées pareilles afin d'arriver à ses fins. Harry venait de pâlir dangereusement, car il venait d'apercevoir Catherine debout derrière elle, tapant dangereusement du pied sur le sol. Marcus grimaça avec inquiétude en arrivant à leur côté.

- Amélia ? tenta d'une petite voix le jeune Gryffondor.
- Attends deux secondes Harry, lança-t-elle, concentré dans les explications qu'elle octroyait à son frère. Donc tu comprends ?
- Oui c'est dément !  accorda Maximilien un sourire malicieux aux lèvres alors qu'il tenait maintenant la baguette de sa sœur. J'essaie ?
- Absolument. Tiens, essaie sur le jus de citrouille d'Élisabeth. ça n'aura pas trop d'effet si...
- Amélia ? répéta Harry en couinant d'effroi.
- Quoi Harry ? Tu ne vas pas me dire que tu ne trouves pas cette idée géniale... Je ne dis pas pour les filles, elles ne sont jamais d'accord avec moi... pour ne pas changer... remarqua-t-elle en grognant. Je sens le regard lourd de reproches dans mon dos juste à cet instant... mais Ron et toi sérieusement ?...
- Je crois que ta maman est juste derrière toi, souffla Élisabeth en réprimant un sourire amusé avant qu'Harry ne puisse répondre.
- Quoi ?

Alors que sa main entourait celle de son frère -qui tenait sa baguette pointée sur le verre de son amie- elle se retourna brusquement et croisa le regard orageux et menaçant de sa mère fixé sur sa personne. L'adolescente rangea précipitamment sa baguette dans la boucle de sa ceinture avant de passer le bras autour de son frère, mine de rien, s'octroyant un grand sourire aux lèvres et tenta de feinter un effet de surprise. Elle entendit Hermione marmonner sur le fait qu'au moins une personne arrivait à calmer ses ardeurs sur cette Terre et elle se retint de rouler les yeux avec ironie. Elle s'amusait juste...

- Maman, Papa, vous avez été vite pour boire votre verre au bar ? grimaça Amélia alors que les yeux de sa mère se plissaient en deux fentes. Tiens vous avez bu de la bière au beurre ? Et...
- Amélia Phelps, si vous faites rentrer votre frère dans vos machinations, je vous préviens que la prochaine fois que je confisquerais votre baguette magique vous ne la récupérerez pas avant les vingt prochaines années de votre vie...
- Vingt ans ? répéta Amélia, désabusée. Je ne faisais rien de mal, fit mine de rien l'enfant. J'enseignais un peu à mon frère avant qu'il ne fasse son entrée à Poudlard, pas vrai, Max ?  fit fièrement la jeune femme.

Le petit garçon hocha vivement la tête, mais... il s'arrêta vivement quand sa génitrice lui lança à son tour un regard qui lui fit calmer ses ardeurs. Ronald, accoudé contre une chaise, songea brièvement que cette moldue pourrait certainement rivaliser avec sa mère et il éprouva une profonde sympathie pour son amie. Cependant, il n'osa prendre sa défense et ouvrir la bouche en sachant pertinemment qu'une mère en colère pouvait s'avérer être des plus terribles.

Harry jeta un œil aux parents de son amie. Catherine pouvait s'avérer très persuasive quand elle voulait les punir, mais il songea qu'Amélia avait certainement besoin de cette dernière pour la recadrer. D'autant plus que cela lui faisait après tout du bien d'avoir une figure maternelle qui pouvait lui dicter ce qui était bon. Il s'attarda enfin sur Marcus, celui qui, pour lui, se rapprochait le plus à une figure paternelle. Ce dernier se retenait certainement de rire. Ses propres lèvres se pincèrent à son tour, amusé. Marcus les avait après tout initiés à la farce depuis leur plus tendre enfance et il était raisonnable de penser que sa meilleure amie avait certainement -à force de le fréquenter-  pris certaines de ses qualités autant que certains de ses petits défauts.

- Tu essayais de me doubler dans le pari, Kiddo ? lança Marcus en mettant une main outrée sur son cœur. Quoi que bien tenter pour gagner... remarqua-t-il avec un clin d'œil, et pas si mauvaise l'idée...
- MARCUS ! hallucina Catherine en lui donnant une tape derrière la nuque. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous deux ? Maximilien chéri, n'écoute pas ton père et ta sœur, sois raisonnable...

Harry laissa échapper un éclat rire qu'il ravala rapidement dans sa gorge quand Catherine posa sur lui ses yeux gris scrutateurs. Si cette dernière savait le trois-quarts des choses que sa fille réalisait dans l'enceinte de Poudlard, elle en ferait une attaque cardiaque, songea Harry qui retint une grimace... La preuve, il se souvenait parfaitement de la réaction de Catherine lors de leur sortie imprévue en juin dernier. Il en avait encore des frissons le long de la colonne vertébrale. Il la vit soupirer avec résignation avant de s'attarder sur les trois autres jeunes restés jusque-là silencieux. Les parents les saluèrent aimablement avant d'échanger quelques politesses et banalités.

- Franchement, lança Élisabeth en remontant ses lunettes correctement sur son nez -qui s'était approchée d'Amélia- pour une moldue, j'ai vachement du respect pour elle. Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un arrive à réduire au silence Amélia Phelps. Je devrais peut-être lui demander des conseils... se moqua-t-elle.

Amélia, qui s'était installée sur une chaise -ou plutôt vautrée sur une chaise en bois- entre son frère et Harry, roula des yeux. Sa mère parlait maintenant avec Hermione alors que son père échangeait quelques paroles avec le rouquin de leur bande. Amélia s'attarda sur les cernes qui entouraient les yeux de son amie, Elisabeth. Les dernières lettres échangées n'étaient pas très glorieuses. Élisabeth était quelqu'un qu'Amélia avait en haute estime. Après tout, la jeune femme avait, d'après ce qu'elle en savait, supplié le choixpeau magique en première année afin d'atterrir à Serpentard. En effet, cette dernière devait initialement être prédestinée à atterrir à Poufsouffle d'après les dires du Choixpeau magique... Tout ça pour éviter de se faire 'tuer' par sa grande sœur et ses parents. Et voilà qu'après toutes ses années, elle s'était enfuie du Manoir familial que sa famille composée de riche Sang-Pur possédait.

- Alors, murmura Amélia, comment vas-tu ? souffla-t-elle avec sous-entendu.
- C'est mieux comme ça, Amélia, trancha la jeune femme. Molly m'a hébergée, c'est tout ce dont tu as besoin de savoir. Tu as d'autres tracas que de t'intéresser à mes déboires familiaux. De toute manière je rejoins tante June pour les prochaines vacances...
- Je m'en fiche de mes problèmes, mentit Amélia. Si tu as besoin d'en parler, je suis ta meilleure amie et... je suis là. Harry, Ron Hermione, Andrew et moi on est là, se corrigea-t-elle avec vivacité. Tu as des nouvelles de lui d'ailleurs ? se tracassa-t-elle. Je n'ai reçu aucune lettre depuis, tu sais...

Elle jeta un regard entendu avec Harry. Andrew était caché avec sa mère. Il était certain qu'ils n'auraient de toute manière pas de nouvelles avant leur rentrée à Poudlard. Les déboires familiaux du cousin de sa meilleure amie étaient d'autant plus important qu'Amélia songea qu'ils avaient décidément tous de gros soucis avec lesquels faire face.

June Sharps, devenue Lewis, avait élevé son fils seule. Le père de son ami, qui était moldu, avait été tué par le grand-père maternel en personne durant la Première Guerre. Quant à la tante d'Élisabeth- attaquée par un loup garou alors qu'elle était encore étudiante à Poudlard-  était devenue pour la famille signe de déshonneur, jusqu'à ce qu'ils apprennent que leurs maîtres s'intéressaient de près à elle suite à sa condition et à ses qualités de potioniste.

- Tu sais bien... avec le sortilège de fidélitas, on en sera plus à la rentrée... Et Amélia... et si on parlait de toi d'abord ? contra-t-elle en jetant un œil à Harry qui hocha vigoureusement le visage avant de jeter un œil au petit garçon qui suivait calmement la conversation qui se déroulait entre les adolescents. Comment s'est déroulé ton rendez-vous ?
- Je suis d'accord avec ton amie, intervint d'une voix fluette l'enfant. Ton docteur, il t'a dit quoi ? lança-t-il avec innocence.
- Que j'étais d'une pêche d'Enfer ! se défendit Amélia en lançant un regard noir à son amie, voilà ce qu'il a dit ! claqua-t-elle.
 
Harry allait probablement répliquer à l'instar d''Élisabeth qui venait de soupirer avec lassitude, cependant, ils n'en eurent pas l'occasion. Marcus les intima tous à se rendre vers l'entrée du chemin de Traverse. Elle se leva, ravie d'avoir pu éviter une couche supplémentaire de questionnement, et elle prit avec gaieté son frère par le bras en évitant de songer au fait que l'ensemble de ses amis n'avait cessé de la fixer comme si elle couvrait une maladie grave. Elle soupira à son tour. Après tout, elle supposait qu'une certaine chose qu'elle gardait profondément enfuie allait inévitablement être l'objet de discussion à un moment donné... qu'elle le veuille ou non.


 ~*~

Londres, le chemin de Traverse, 14h17


Amélia s'était dit que marcher sur la célèbre allée sorcière allait certainement lui faire un bien fou, voir toutes ces vitrines colorées, cette foule de sorciers... Tout simplement l'ambiance joyeuse et conviviale qui caractérisait l'endroit. Ce fut donc de bonne foi qu'elle s'était laissée entraîner par le petit groupe dans l'arrière-cour du bar. Elle suivit du regard Hermione qui venait de sortir prestement sa baguette afin d'en tapoter certaines briques à des endroits précis. Élisabeth venait de croiser le visage souriant d'Amélia, dont un bras se trouvait en dessus dessous de celui de son petit frère alors que le mur de pierre devant eux se construisait rapidement en une arcade de pierre. La jeune rouquine grimaça et crut bon d'intervenir afin d'éviter le choc que Ronald, Hermione et elle-même avaient subi une demi-heure plus tôt.
- Je vous préviens, le chemin de Traverse... et bien... il n'est pas... et bien... au mieux de sa splendeur, faute de ter...
- Qu'est-ce qui est arrivé au chemin de Traverse ?! hallucina Harry.
- Mais... Ce n'est pas comme ça le chemin de Traverse ! bredouilla Maximilien avec surprise.
- Nom d'un chien ! jura Marcus en jaugeant la scène devant lui.

Amélia crut effectivement que son cœur allait tomber par terre et ce n'était pas un euphémisme. Elle se figea sous la surprise alors qu'elle mettait les pieds dans la rue sorcière. Les vitrines colorées qui exposaient des grimoires, chaudrons, ingrédients... étaient maintenant placardées d'affiches grandeur nature qui concernaient les recommandations qu'ils avaient tous, au moins reçues une fois en un exemplaire par hiboux postaux. Des affiches de mangemorts recherchés étaient visibles sur de nombreuses vitrines. L'adolescente sentit son frère se rapprocher et se recroqueviller dans ses bras. Le paysage devant elle était simplement cauchemardesque.

Ses yeux venaient de tomber sur l'image de Bellatrix Lestrange qui riait machiavéliquement sur une des nombreuses pancartes. Elle crispa ses poings rageusement, alors qu'inconsciemment, une colère sans nom traversait ses veines. Elle paiera, se promit-elle intérieurement, et elle allait tenir cette promesse, se jura-t-elle alors qu'elle jaugeait une autre affiche placardée où elle n'eut aucun mal à reconnaître l'allure bestiale et dégoûtante de Fenrir Greyback. Tous les deux, rajouta-t-elle pensivement.  

- On fait rapidement vos courses scolaires et on rentre à la maison, les enfants, frissonna Catherine en se retournant vers Max et Amélia. Inutile de s'attarder ici, souffla-t-elle, prise aux dépourvue et surprise, elle aussi, par ce changement de paysage pour le moins inhabituel.
- Le glacier monsieur Fantarome est fermé, Emmy, remarqua Maximilien. Tu sais, celui où tu m'as fait manger la glace avec les mini pépites au chocolat qui lançaient des feux d'artifice et qui chatouillaient dans la bouche, bredouilla-t-il en fixant la devanture de la façade qu'il reconnut facilement.
- Par merlin, souffla Amélia, mais... c'est...
- Horrible, oui, commenta Ronald. En fait, on a peut-être un peu exagéré tout à l'heure, quand on vous a dit qu'on avait l'autorisation de venir vous rendre une petite visite. J'ai demandé à mon grand frère Charlie qui est à la maison, souffla Ron, rouge comme une tomate, Maman et Papa vont être hystériques par contre...
- Par merlin, Ronald, s'exclama Hermione, horrifiée. Tes parents vont nous tuer !  Tu m'as dit qu'ils étaient d'accord !
- Euh... ils n'auraient jamais voulu qu'on vienne voir Harry et Amélia, se justifia-t-il.
- On les aurait vus demain, par Gryffondor !
- Ce n'est pas très intelligent effectivement. J'expliquerais à ta mère que nous étions avec vous quand je la verrais, fit d'une voix maternelle Catherine à l'adresse de Ron. Bien, souffla-t-elle en sortant une petite bourse de son sac, Harry, Amélia, voilà l'argent sorciers qu'il restait à la maison. Ce sera suffisant pour vos uniformes. Tu prends ton frère avec toi, chérie... Votre père et moi, nous allons retirer de l'argent dans le coffre que nous t'avons ouvert, et échanger des livres sterling afin d'ouvrir un coffre au nom de ton frère... On terminera par chercher toutes vos fournitures à tous les trois et... elle s'arrêta en pleine réflexion, quant à vous, que vous faut-il ? lança-t-elle à l'adresse des trois autres adolescents, se retournant vers les concernés.
- Maman nous a déjà emmenés faire nos achats, madame Phelps, expliqua maladroitement Ronald. On peut venir vous aider avec Hermione et Élisabeth. On peut prendre tout le nécessaire à potion pendant que vous allez chez Fleury&Botts, par exemple...
- Excellente idée, jeune homme ! Cela justifiera l'imbécillité que vous avez eu de venir ici avec ces temps de troubles... approuva Marcus en lorgnant toujours un œil stupéfait par la vision qui lui faisait face. On ira plus vite et... on terminera avec ta baguette Maximilien... ensuite on fout le camp d'ici...

Amélia n'écoutait plus la répartition des tâches que sa mère octroyait à chacun. Elle ne cessait de fixer les expressions anxieuses et tourmentées des gens qui marchaient rapidement dans la rue. Personne, omis eux, ne s'arrêtait pour bavarder, tous les sorciers qu'elle croisait du regard étaient par groupe, personne ne semblait se promener seul. Elle suivit du regard une mère de famille dont les enfants avaient certainement l'âge d'aller à Poudlard, cette dernière, accompagnée du père, les pressait... marchant à vive allure... L'adolescente arracha son regard de la scène, soudainement agitée face au ''spectacle'' qui lui faisait face. Pourquoi ressentait-elle tout à coup un sentiment de culpabilité ?

- Je connais ce regard, souffla la voix d'Harry au creux de son oreille sous l'œil dubitative de Max. C'est le regard qui dit : c'est de ma faute. C'est vrai que ce n'est pas très joli tout ça, mais tu n'es pas la responsable, d'accord ? termina-t-il avec tendresse. Aller, lança-t-il vivement, allons voir comment Max porte la tenue de sorcier ! sourit-il dans une tentative de faire rigoler son amie.

Amélia lui renvoya un demi-sourire.

- Faites attention, se tracassa Marcus, et ne perdez pas de temps, d'accord ? On se retrouve tous devant le la vitrine d'Ollivander, disons dans... il s'arrêta en regardant sa montre, trois quarts d'heure...
- D'accord, lança vaguement Amélia alors que sa mère lui remettait en main la bourse d'argent qu'elle attacha rapidement à sa ceinture. On fera attention, ne vous en faites pas !  fit sérieusement l'adolescente.
- Pas d'imprudence, chérie ! crut bon de rajouter Catherine en fixant anxieusement ce qui l'entourait. Fais attention à ton frère...
- Tu as ma parole, maman, promit Amélia.
- Les files sont longues pour atteindre les coffres à Gringotts, monsieur Phelps, intervint gravement Élisabeth. Tout le monde, y compris les parents des nés-moldus, doivent passer par un sortilège de sincérité avant de pouvoir y accéder...
- Bien, disons une heure et quart ! se corrigea-t-il, pensif. Allons-y ! Ne tardons pas !
- Bon, nous on va chercher vos fournitures ! lança Hermione à l'adresse d'Harry et Amélia.

Avant de se séparer, Harry proposa gentiment à Marcus et Catherine d'aller se servir dans le coffre des Potter, ce qu'ils refusèrent catégoriquement avant que le petit groupe finisse enfin par se séparer à contrecœur...

 ~*~

Harry, Amélia et Maximilien venaient de pénétrer dans la petite boutique de madame Guipure. Les trois sorciers discutaient de la future répartition du plus jeune suite à une question que celui-ci avait émise le long du chemin menant au magasin. Les deux adolescents avaient décidé d'un commun accord silencieux de le faire paniquer un peu. Comme eux l'avaient été à son âge. Ils avaient donc entamé une longue explication de ce qui se passerait lors de son arrivée à Poudlard avec... quelques informations complémentaires quelque peu faussées dans le but de faire marcher le petit garçon.

- Vraiment ? paniqua Maximilien. Et... je vais vraiment devoir me battre avec un Dragon ? lança-t-il d'une voix fluette. Vous allez m'aider, s'il vous plait. Emmy, dis, tu vas m'aider ? s'angoissa-t-il.
- Je... ne pourrais pas, mais, elle jeta un regard en coin à Harry, on pourra te passer tous nos livres sur le sujet. La façon dont tu t'y prendras est TRÈS importante, car elle déterminera ta future maison, fit Amélia en se mordant la lèvre inférieure. Tu te souviens de la façon dont tu as battu ton Magyar à Pointe, Harry ? sourit mesquinement l'adolescente à l'adresse du garçon aux yeux verts.

Harry aurait voulu lever les yeux au ciel face à l'allusion de son amie. Après tout, il avait réellement battu un Dragon en quatrième année lors du tournoi qui avait tué Cédric Diggory -un élève de Poufsouffle qui n'avait certainement pas mérité une telle fin. La jeune femme grimaça en songeant à cela. Parfois, elle ferait mieux de tourner sa langue dans sa bouche avant de parler, mais l'adolescent ne sembla pas lui en tenir rigueur, et pour cause, il se contenta de s'accroupir au niveau du jeune garçon et de prendre ses mains entre les siennes une moue faussement désolée sur son visage.

- Je m'en souviens parfaitement. Il sourit. Il me semble que l'on peut avoir un camarade de son âge à ses côtés et ta sœur sait parfaitement monter sur le dos de ce genre de créatures, se moqua-t-il en se souvenant de leur première année et la fois où elle s'était retrouvée sur le dos du Troll des montages s'attaquant à Hermione, mais je te conseille un Pétréficus Totalus pour le figer. C'est vite fait bien fait. Maintenant, je ne sais pas où ce sortilège te mènera, mentit-il, si tu veux être courageux et me rejoindre à Gryffondor, des sortilèges d'attaques seront plus utiles. Fais gaffe à ne pas te retrouver carbonisé pour ton premier jour, Max...

Maximilien blêmit à vue d'œil et fixa par-dessus ses lunettes rectangulaires les deux adolescents lui souriant avec bienveillance, la peur au ventre. Tous sorciers savaient que le sortilège de pétrifixion ne marchait pas sur ces créatures magiques, mais l'enfant du haut de ses onze années ne le savait pas encore... d'où le doux plaisir de le taquiner.

Amélia avait agrandi son sourire quand son meilleur ami fit l'allusion au Troll qui s'était retrouvé dans les toilettes des filles en première année. Cette réminiscence était l'un des souvenirs qu'elle chérissait le plus. Qui pouvait dire avec fierté que des élèves avaient été au-delà de cette guerre ancestrale composant les différentes maisons de Poudlard en devenant tous amis ?

- Je parie tout l'argent que j'ai à Gringotts sur le fait que tu t'en sortiras à merveille, approuva Amélia en lui ébouriffant les cheveux. Après tout, tu es mon frère, tu ne peux donc faire autrement que de réussir.
- Emmy !  grommela l'enfant, râlant qu'elle le décoiffe, vous ne serez alors pas là quand je passerais sur la voie 9 et 10 ? continua-t-il d'une petite voix.
- Je serais là ! contredit Amélia. Pour ma part, je rentrerais quelques jours plus tôt du Terrier. Je ne manquerais pour rien au monde, le premier passage de mon frère sur la voie 9 ¾, ce moment doit rester gravé dans ma mémoire, fit Amélia avec fierté.
- Moi aussi, approuva Harry. On est une famille non ? fit celui-ci avec un clin d'œil. Donc on t'accompagnera et on passera avec toi puisque les moldus ne peuvent pas accéder au quai...

- Ça ne vous ennuie pas, s'enquit Maximilien, gêné, de rentrer plus tôt de chez vos amis... pour moi ?
- Jamais, souffla Amélia. Tu es mon frère et je me dois de t'accompagner dans ce moment de ta vie. C'est mon rôle, ma responsabilité de faire en sorte que tout se passe bien et... t'enlever tout souci de ta tête, termina-t-elle chaudement en l'enlaçant tendrement dans ses bras. Maintenant si tu pouvais finir à Serpentard, pour contredire Harry qui a tenté de t'influencer avec Gryffondor, ce serait vraiment sympa. Donc, et bien... Euh choisis la ruse face à ton Dragon ! déblatéra-t-elle alors qu'elle avait failli lui dire de simplement demander au choixpeau magique de l'y envoyer.
- Je ne comprends pas, pourquoi... on doit se battre avec un Dragon si c'est un chapeau magique qui nous répartit après ? s'interrogea Maximilien. C'est ce que tu m'avais dit non, Amélia ? demanda d'une petite voix Max.
- Tout simplement parce que le choixpeau analysera ta façon d'agir après ce combat et boum tu seras réparti dans une maison, coupa Harry avec sérieux, et pense attaque, approuva Harry qui s'amusait décidément bien. Je t'attendrais à Gryffondor, avec une place toute prête pour toi.
- Mais...Vous n'avez jamais dit à maman et à papa que vous vous étiez battu avec un Dragon quand vous avez été répartis, non ?  fit-il avec suspicion.

Harry et Amélia se regardèrent à nouveau en coin avant de fixer la mine dépitée du petit garçon.

- Sérieusement, Max, quelle aurait été la réaction de maman si je lui avais dit que je m'étais battu avec un Dragon ? se moqua Amélia.
- En colère ? bredouilla-t-il en connaissant parfaitement sa mère.
- Hum... oui j'imagine très bien maman tentée de se rendre en Écosse, trouver le château, et essayer d'y pénétrer malgré les ruines qu'elle pourrait croire apercevoir ! Elle serait encore bien capable de passer au travers des sortilèges repousse-moldus pour étrangler Dumbledore en personne, ricana-t-elle. Donc tu vois pourquoi on n'a rien dit ? Et surtout pourquoi, toi, tu ne dois rien dire à ce sujet ?

Max était maintenant d'une pâleur inquiétante face l'argumentation de sa sœur et il hocha donc mécaniquement le visage. Amélia songea que ce dernier allait lui-même les étrangler tous les deux quand il apprendrait la vérité. Cependant, elle se devait d'inaugurer son entrée dans le monde des sorciers afin que cela lui soit inoubliable. Et puis c'était également une petite revanche personnelle. Ne lui avait-on pas fait le même coup six ans auparavant ?

George et Fred Weasley, les jumeaux farceurs, frères de Ronald, avaient particulièrement aimé répendre cette rumeur lors de son premier voyage dans le Poudlard Express afin de faire paniquer les petits de premières années. Elle en avait été effrayée tout le long du voyage, la peur de se retrouver littéralement en cendre, ne connaissant rien de ce monde si nouveau pour elle et Harry.

- De toute manière, je crois que tu iras à Serdaigle, sourit Amélia. Je ne pense pas que tu termineras à Serpentard. Ce n'est pas possible de toute manière, chuchota Amélia pour elle-même. Ni même Gryffondor, tu es bien trop intelligent !
- Je pense qu'il ira parfaitement bien à Gryffondor, contredit Harry avec vivacité.
- Non ! Je dis qu'il ira à Serdaigle ! Et puis non alors... écoute ce que je t'ai dit tout à l'heure, si tu es rusé et ambitieux, tu seras très bien à mes côtés ! Quoi que les gens puissent penser, il y a des gens, quoi que peu rares c'est vrai je te l'accorde, qui sont très bien là-bas. Et ce serait encore mieux de la peupler de gens bien... donc oui, je t'attends de pied ferme à Serpentard !
- Sérieusement Emmy ? Tu veux qu'il perde la raison autour de tous ces serpents venimeux, en plus de dormir dans vos cachots à donner froid dans le dos ? se moqua gentiment Harry. Viens à Gryffondor, Max, c'est pour ta santé que je te dis ça !
- Je suis à Serpentard Harry Potter, et j'y survis très bien ! argumenta-t-elle.
- Viens à Gryffondor ! Crois-moi !
- Serpentard !
- Gryffondor !
- Vous avez entendu, coupa Maximilien qui suivait des yeux la partie de tennis de ses aînés, il y a des gens dans l'arrière-boutique, sûrement la madame qui fait les uniformes, Harry, Emmy ! On doit se dépêcher, commenta l'enfant. Maman et Papa l'ont dit !

Pris dans leur conversation, ils n'avaient pas remarqué la voix familière pourtant distincte provenant du fond du magasin qui était pourtant à première vue, vide. Maximilien tira le bras de sa sœur coupant net à la tirade qu'Harry et cette dernière argumentaient avec vivacité. Ils avancèrent vers l'arrière-boutique du magasin et se stoppèrent net quand ils aperçurent, derrière une rangée de robes de soirée, une silhouette filiforme bien trop reconnaissable aux yeux des deux sorciers plus âgés qui se dessina soudainement devant eux. Cet individu ne les avait pas remarqués et continuait à monologuer avec une autre personne encore invisible à leurs yeux de par leur distance.

-...ne suis plus un enfant, maman. Je sais faire mes achats seul...

Il y eut une sorte de gloussement permettant facilement aux enfants de reconnaître la voix de madame Guipure.

- Votre mère a raison. Ce ne sont pas des moments à se promener seul dehors...
- Faites attention où vous mettez vos épingles ! répliqua ce dernier agacé.

La silhouette était celle d'un adolescent au visage pointu et aux cheveux d'un blond presque blanc. Il était vêtu d'une robe de soirée marron sur laquelle brillaient des épingles que la femme se trouvant dos à eux -incontestablement madame Guipure- venait d'ajouter sur les ourlets de la robe. Ce dernier venait de se lever d'un tabouret et se dirigea vers un miroir avant de s'admirer dans ce dernier tout en se retournant dans tous les sens avec satisfaction. Maximilien vit sa sœur et Harry crisper leur poing avant que le garçon blond ne se retourne justement vers eux, les apercevant dans le reflet que renvoyait le miroir.

- Si tu te demandes quelle est cette odeur, le balafré et sa sang-de-bourbe de Serpentard viennent d'entrer ici, accompagnés d'un gamin qui, je crois, est un moldu, maman.
- Il n'est pas nécessaire de dire ce genre de chose, protesta madame Guipure en se retournant vers ses nouveaux futurs clients un mètre ruban à la main. Et on ne se bat pas non plus dans ma boutique, jeunes gens !

Amélia et Harry venaient tous deux de sortir leur baguette qu'ils pointaient maintenant sur leur camarade de classe, Draco Malfoy. Le sang à chaud, une petite voix au coin de la tête d'Amélia jubilait, voir cette fouine au moment où ils étaient venus sur le chemin de Traverse était une pure coïncidence, mais peut-être qu'elle pourrait se défouler après tout. Elle en avait décidément bien besoin.

-Allez-y ! Vous voulez vraiment utiliser vos baguettes en dehors de l'école ? ricana Draco. Vous faites du baby-sitting maintenant ? C'est vrai que s'occuper d'un gamin ça doit certainement compléter votre vie de couple !
- Ne me tente pas, Malfoy ! cracha Amélia en ignorant le regard outré de la vendeuse. Tu crois que je n'oserais pas, c'est mal me connaître, le blondinet. Je l'ai fait une fois, je pourrais recommencer, et pour ton info, ce gamin est mon petit frère et tu sais quoi ? ricana Amélia, c'est un sorcier ! jubila l'adolescente. Et oui... il faudrait croire que le gène sorcier a décidé de se développer dans ma famille.
- Par Salazar Serpentard, grimaça ironiquement Draco, un sang-de-bourbe supplémentaire, deux sang-de-bourbe nés de même moldus ? fit celui-ci, étonné. Comment une chose aussi dégoûtante peut-elle arriver... termina-t-il en fronçant les sourcils.
- Hum... je ne sais pas ?  C'est magique ! exulta l'adolescente. Donc, tu fais le top modèle à ce que je vois. T'en pense quoi, Harry ? Il se dandine plutôt bien non ? Ça se marie bien avec la petite fouine qu'il l'est intérieurement...
- D'accord avec toi, ricana Harry qui pointait toujours sa baguette vers l'adolescent. Peut-être que sa nouvelle tenue plaira à Parkinson ou Bulstrode peut-être ?
- Je dirais plus, Parkinson, continua mesquinement Amélia. Je suis sûre qu'elle te trouvera de très jolis nouveaux surnoms avec cette... robe...

Harry gloussa de plaisir à cette suggestion. Maximilien suivait la scène devant lui, ne comprenant pas l'animosité qu'il y avait avec ce garçon blond, et se demandait ce que voulait dire le terme 'sang-de-bourbe' que cet adolescent ne cessait de balancer à tout bout de champ.

- Ferme-là, espèce de sang-de-bourbe !  siffla Draco. Tiens, où sont les autres idiots qui sont habituellement avec vous ? se moqua-t-il
- Cela suffit ! s'exclama madame Guipure. Je ne veux plus entendre cette grossièreté dans ce magasin, les enfants ! Elle regarda par-dessus son épaule. Madame, s'il vous plait...

Narcissa Malfoy apparut alors à son tour. Elle venait de sortir d'une cabine d'essayage tenant une robe de soirée entre les bras. Amélia en oublia pendant quelques instants de respirer. Le visage de l'adulte était pâle et lisse et quelques caractéristiques de sa sœur se retrouvaient sur cette dernière. En dépit de cela, la femme avait également quelques caractéristiques propres à son fils, comme son nez droit et fin et les pommettes creuses que ce dernier abordait également.

- Rangez vos baguettes ! lança-t-elle d'un ton glacial à l'adresse des adolescents. Harry Potter et Amélia Phelps, lança-t-elle en les observant de ses yeux bleus perçants, si vous recommencez à attaquer mon fils, vous aurez de très gros problèmes.
- Vraiment ?  répliqua Harry moqueur. Vous avez l'intention d'aller chercher certains de vos copains mangemorts peut-être ?
- Non ! cracha Amélia, elle va aller chercher sa sœur Bellatrix pour que moi je puisse en finir avec elle ! ricana l'adolescente. Faut dire que votre sœur ne m'a pas ratée, je lui dois donc la pareille. Vous savez... continua-t-elle d'un ton théâtral, un petit séjour à Saint-Mangouste à l'étage des cinglées lui irait particulièrement bien ! Ou encore mieux, dans une tombe... quoi que...ce serait trop gentil pour sa personne...

Madame Guipure poussa un cri perçant et porta la main à son cœur, la mine outragée.

- On ne doit pas accuser... C'est dangereux de proférer de telles accusations. Maintenant rangez ses baguettes, s'il vous plait !  Et... jeune fille, par merlin, cela suffit !

Maximilien, coincé entre les deux adolescents, se faisait tout petit. Il n'aimait pas la tournure des événements se déroulant devant lui. Il jaugea le regard déplaisant que renvoyait l'adulte et... un frisson traversa l'entièreté de sa colonne vertébrale. Cette femme lui faisait vraiment peur.

- Je constate qu'être le chouchou de Dumbledore vous donne l'impression d'être invincible, Harry Potter. Quant à vous, Amélia Phelps, il n'est guère prudent de se croire plus fort, alors que votre statut de sang est au plus bas de l'échelle des sorciers... Surtout en ces temps douteux. Cela pourrait vous porter préjudice et nous savons que cela a failli être le cas, alors je serais vous, je me calmerais.

Amélia sentit quelque chose se tordre au creux de son estomac. Elle se mordit la lèvre inférieure. Quelque chose au fond d'elle-même voulait répondre plus violemment à cette dernière réplique, elle en avait envie. Si la femme savait, songea ironiquement l'enfant, elle en perdrait certainement toute sa prestance de sang-pure avec laquelle, elle la fixait pourtant avec supériorité à l'instant.

- Ou peut-être qu'on devrait vous trouvez facilement, une double cellule en face de celle de votre mari pour que vous puissiez l'accompagniez, cracha à son tour Harry. Le statut de sang d'Amélia est très bien, la menaceriez-vous, madame ?
 
Draco furieux s'élança vers le survivant, mais se prit les pieds dans sa robe trop longue et trébucha. Amélia gloussa de plaisir en le voyant pratiquement s'étaler à même le sol.

- Ne parle pas à ma mère comme ça, Potter !  hurla-t-il.
- Cela n'a pas d'importance, Draco, lança-t-elle en posant ses doigts fins sur son épaule. Potter rejoindra mon petit cousin Sirius avant que je ne retrouve Lucius et... Phelps, en continuant comme cela, terminera rapidement, pour reprendre ses mots, dans sa propre tombe et... à sa suite, tous ces moldus qui constituent sa famille.

Amélia leva plus haut sa baguette magique, furibonde. Ses membres tremblaient de fureur. Personne ne s'en prenait à sa famille. Personne ne les menacerait. Personne. Un reflet écarlate passa soudainement dans ses deux yeux si clairs et l'envie de jeter un sortilège au fils comme à la mère se fit plus oppressante encore. Sa main se crispa contre son arme avec poigne. Elle se sentirait tellement mieux, sa magie crépitait au bout de ses doigts ne demandant qu'une chose, sortir et s'exprimer afin de vider ce flux bouillonnant dans ses veines.

Narcissa sembla l'avoir remarqué et pendant une fraction une seconde son visage, n'exprimant aucune émotion, se figea sous la surprise. Cependant, elle reprit rapidement contenance, jetant un dernier regard troublé à l'enfant.

- Emmy, ce n'est pas grave. Tu vas avoir des ennuis si tu fais de la magie, murmura brusquement Max pour la première fois en tirant sur son bras. S'il te plait...

Madame Guipure, dépassée par les événements, tenta de faire mine de rien en s'occupant de la robe de Draco dans l'espoir de tout arranger. Cependant, elle le blessa avec une aiguille aggravant ainsi la situation, alors que Narcissa fixait toujours suspicieusement Amélia.

- Aie ! Maman, je crois que je ne veux plus de cette robe finalement...
- Tu as raison Draco. Je crois qu'il est préférable que nous nous fournissions ailleurs, déclara-t-elle en faisant tomber le tissu soyeux qu'elle tenait dans ses bras à terre alors que son fils réalisait le même geste après l'avoir enlevé sous le regard indigné de la vendeuse. Nous trouverons bien mieux autre part...

La mère jeta un dernier regard à Amélia. Puis, sortit avec son fils de la boutique. Draco bouscula au passage Maximilien qui tomba à la renverse sous le regard brûlant de fureur et instantanément écarlate de sa sœur qui faillit sortir à la suite de Malfoy afin de l'éventrer vif. Cependant, Harry la retint alors que madame Guipure, mortifiée, ramassait les robes de sorciers. Amélia inspira bruyamment et fit craquer les jointures de ses doigts, les muscles tendus. Une fois légèrement plus calme, elle se retourna  vers son frère assis à même le sol, et lui tendit son bras afin de le relever.

- Tu viens de rencontrer une famille pro sang-pure, expliqua Amélia à l'adresse de son frère alors qu'elle redressait les lunettes de ce dernier, positionnées de travers. Tu verras que des gens pensent que la pureté de sang rend supérieur à toute autre personne.
- C'est un gros mot sang-de-bourde ? murmura-t-il de sa voix d'enfant.
- Sang-de-bourbe, corrigea Harry, et oui, expliqua-t-il à la place de sa sœur dont les mains tremblaient encore dangereusement, signe de colère. Ça désigne les enfants sorciers nés de parents moldus.
- Mais... Emmy, tu pourrais dire que tes vrais parents étaient des sorciers, comme ça, ils ne te traiteront plus de ça... C'est ce que maman t'a dit, non ? Quand elle t'a parlé de la lettre qui était avec toi quand tu as été retrouvée devant la porte de la maison ? souffla-t-il.

Il était étrange que son frère parle de cela. Le petit garçon avait tellement été surpris qu'elle ne soit pas réellement sa sœur qu'il avait lui aussi balancé sa façon de penser envers parents tenant ainsi compagnie à sa sœur dans ses vociférations, les traitants de cachottiers et de menteurs. Il l'avait soutenue et il était resté à son chevet après cette révélation, car comme il lui avait dit, pour lui, elle était sa grande sœur quoi qu'il puisse arriver. Le petit garçon l'avait toujours prise pour modèle et cela ne changerait pour rien au monde.

Amélia ricana. Dumbledore avait joué le parfait crétin. Apparemment, d'après ses parents, une lettre accompagnait son arrivée expliquant son statut de sorcière et le fait que ses parents étaient des sorciers ayant été tués durant cette première guerre, sans révéler qui ils étaient réellement. Ni même s'ils étaient des gentils ou des méchants, pensa-t-elle avec ironie. Elle ne donnait pas chère de leur réaction, s'ils apprenaient -tant ses parents que son frère et... même le reste de la famille, qui ils étaient en vérité. Cela serait probablement un bouleversement digne d'un film moldu à nuance apocalyptique.

- Je suis une Phelps, Max, coupa chaudement Amélia. Donc on est tous les deux dans la même galère, fit-elle avec un demi-sourire alors que sa magie semblait s'apaiser. Et si tu entends une seule personne qui ose ne serait-ce te traiter encore une fois comme ça à Poudlard, tu pourras dire que ta sœur connaît un très bon sortilège pour lui laver la bouche, termina-t-elle avec un clin d'œil en l'enlaçant dans ses bras. Bon maintenant, voyons voir comment te va l'uniforme de Poudlard, petit frère.
- Enfin de sages paroles jeune fille, lança la vendeuse qui les avait silencieusement écoutés jusque-là. Aller, venez ici. Je suppose que vous avez vos raisons, mais évitez des émeutes avec ce genre de famille, les enfants. Cela vaut mieux pour vous. Donc, tenta de sourire la femme d'âge mur, si j'ai bien compris, c'est la première fois pour vous, jeune homme ? lança-t-elle en s'approchant avec ses instruments. Bien allons-y..., s'enquit-elle.


  ~*~

- Tu es tellement beau là-dedans, s'extasia Amélia en souriant à plein dents devant le miroir, les mains posées contre les épaules de son frère, un vrai petit sorcier en herbe. Merci madame, sourit l'adolescente à l'adresse de la vendeuse qui s'occupait de ses propres capes. L'uniforme te va bien, approuva-t-elle. Retourne-toi, je vais te montrer comment faire cette cravate. Je n'ai réussi à la faire qu'au bout de quatre années, expliqua-t-elle. Je soupçonne depuis quelques temps qu'Hermione connaisse un sortilège pour la nouer, je vais penser à lui tirer les vers du nez.

Amélia s'accroupit devant son petit frère, les joues rougies par le flot de compliments que sa sœur lui octroyait. Il jeta un œil à Harry qui leva positivement le pouce alors qu'il attendait lui-même calmement son tour, assis sur un tabouret. Amélia lui expliqua calmement la façon de nouer la cravate n'ayant qu'encore pour seul insigne le logo de Poudlard qui prendrait prochainement la couleur de sa future maison... Une fois la répartition de son frère réalisée.

-...Tu prends cette partie, tu fais un double nœud, tu serres, tu refais un petit nœud et voilà. Tu es impeccable, sourit-elle, émue. Prêt pour aller à Serpentard.
- Ah non, tu ne recommences pas, lança Harry. C'est Gryffondor, Maximilien. Pense courageux et fort ! Et pas vicieux, rusé, ambitieux et manipulateur !

La vendeuse, maintenant occupée à épingler une future robe d'Harry, gloussa, amusée.

- Si vous voulez mon avis, sourit la sorcière replète, je pense que ce jeune homme terminera à Poufsouffle. Pour y avoir été, je reconnais facilement là notre façon d'agir...

Amélia lança un regard en coin à Harry avant de se lever, retroussant les manches trop longues d'une de ses futures chemises le tout en fronçant les sourcils avec scepticisme.

- Qu'est-ce qui vous fait... dire ça ? souffla-t-elle, déconcertée. En toute sincérité, je pense qu'il va finir à Serdaigle, car il est plutôt voire trop intelligent à mon goût. Vous verriez ses résultats scolaires à l'école moldue, c'est ahurissant !
-Je ne doute pas de cela, sourit la vendeuse. Venez vous asseoir que je termine cette cape, vous ne cessez de marcher dessus. Elle s'arrêta. Je ne vais pas révéler les attitudes des Poufsouffle, continua-t-elle. Vous verrez le résultat, miss Phelps, approuva-t-elle alors qu'Amélia s'asseyait sur le deuxième tabouret. Monsieur Phelps, vous pouvez aller vous changer maintenant que j'ai les mesures pour le tout, je vais pouvoir vous en faire plusieurs paires sans trop de problèmes. 

Le petit garçon trottina vers la petite cabine d'essayage après leur avoir octroyé un grand sourire. La cloche d'entrée tinta signe que de nouveaux clients venaient d'arriver. Effectivement, Amélia entendit des voix d'enfants et d'adultes de l'autre côté du magasin et madame Guipure se leva en leur annonçant qu'elle reviendrait dans quelques secondes afin de lui laisser le temps d'aller dire aux clients qu'elle terminait des uniformes d'élèves avant que cela ne soit leur tour.

- Maintenant que ton frère se change, entreprit brusquement Harry, et que nous sommes seuls, je te le dis : n'espère même pas te défiler quand nous rentrons à la maison. Je veux savoir et... je sais qu'il s'est passé quelque chose à l'hôpital. Je le sens, fit Harry.

Amélia soupira.

- Sans blague, souffla-t-elle. Je vais te la faire courte avant que Guipure et mon frère ne reviennent. Clarks du ministère. Magie noire. Lady Voldemort. Cellules magiques instables. Nuance étrange de couleur dans mes yeux lors d'émotion trop forte. Sinon à part ça, je suis guérie de mes blessures. Et j'ai vu Neville à Saint-Mangouste.
- Quoi ? lança-t-il brusquement. C'est quoi ces phrases ? Miss Clarks, celle qui jugeait devant les rangées les plus proches, la femme qui se trouvait au côté d'Amélia Bones du ministère lors de notre audience ? Elle te voulait quoi ? Et c'est quoi ces histoires. Explique-toi... !
- Trop long à expliquer comme ça et voilà mon frère de toute façon ! Et il y a des gens dans ce magasin, je ne vais pas parler de tu sais quoi ici, chuchota-t-elle.

Harry lui jeta le regard qui voulait signifier qu'il ne lâcherait certainement pas l'affaire...


   ~*~ 


Londres, Chemin de Traverse, 14h59


Dès qu'ils mirent tous les trois les pieds en dehors de magasin encombré de paquets, ils virent Ronald et Élisabeth qui arrivèrent rapidement dans leur direction.

- Tes parents sont à l'animalerie, expliqua rapidement Élisabeth à l'adresse d'Amélia, ils nous ont dit de venir chercher ton frère pour qu'il puisse choisir un animal de compagnie. Ils passeront directement chez Ollivander après ça. Quant à toi, elle mit une bourse d'argent sur les boites en carton que tenait Amélia, tu es apparemment autorisée à aller chercher tes gants en cuir au magasin de Quidditch... Enfin ça, c'est ton père qui nous l'a dit, soupira la rouquine, quand ta mère n'écoutait pas donc... je suppose que c'est un coup en douce, expliqua-t-elle en voyant une lueur victorieuse se dessiner dans le regard de son amie. Je crois savoir de qui tu tiens maintenant...
- Ton père est génial, oui. Tu vas avoir les toutes dernières qui permettent de mieux effectuer la feinte de Wronski, fit Ron d'un ton rêveur. Mais moi, je dois d'abord vous amener tous les deux au magasin de Fred et George. Vous verrez, c'est très coloré et ça marche vraiment bien ! C'est une façade multicolore qui se trouve au fond du chemin de Traverse, vous ne pouvez pas la rater ! termina-t-il joyeusement. Et puis, ils ont apparemment besoin de tes conseils pour un produit de farce et attrape, Amélia !
- Ron, soupira Élisabeth, on n'a pas le temps aujourd'hui et elle doit faire ça rapidement. Je n'en reviens pas que je te dise ça sur le dos ta mère. Ton père a voulu me donner un galion qu'il venait d'échanger pour la commission que je viens de faire, hallucina-t-elle. Dépêche-toi si tu ne veux pas que ta mère soupçonne quelque chose... Maximilien, si tu veux bien me suivre, je t'emmène à l'animalerie. Tes parents vont prendre la nourriture pour Spike et..., elle s'arrêta en grimaçant, pour ton maudit serpent !
-Oui ! Je viens ! s'exclama Max, égayé par la perspective.

Amélia afficha un sourire éclatant. Harry leur avait donné l'argent du Tournoi des Trois sorciers et depuis qu'ils étaient partis de l'école en grande pompe l'année précédente, les jumeaux Weasley avaient ouvert leur commerce. Peut-être qu'elle pourrait effectivement allez y faire un tour avec Harry. Après tout, il fallait qu'elle se ravitaille elle-même de nouvelles choses afin d'en faire voir de toute les couleurs à certains de ses camarades de la maison Serpentard. Un sourire malsain aux lèvres, elle ricana quand elle entendit le dégoût prononcé d'Élisabeth pour Pyther.

Son amie en avait une peur bleue, la pauvre. Et enfin... son père venait de lui transférer l'argent nécessaire pour aller se procurer ce nouvel équipement sans qu'elle n'ait besoin de gagner le pari qu'elle avait entreprit avec son père. Elle jubilait.

-Max, va donc avec Eli' et bien sûr pas un mot. Harry et moi, on va avec Ron. Je vais au magasin de Quidditch et puis... il est vraiment temps que j'aille rendre visite à mes collègues de farces, sourit mesquinement Amélia, afin de voir de quoi il en retourne avec ce nouveau magasin.
-Oh non... ! Par les fondateurs de Poudlard... on est tous cuits, soupira Élisabeth. Pourquoi suis-je préfète... ?

Harry ricana. Amélia allait certainement lui donner des cheveux blancs avant l'âge.

-Où est Hermione ? s'enquit-il en souriant de la tête désespérée d'Élisabeth.
-Coincée entre les livres de chez Fleury et Botts, mec, fit ironiquement Ron. Elle nous rejoint au magasin de Fred et George.
-Bien... allons-y Max, fit Élisabeth. J'ai quelques trucs à acheter aussi... que j'ai justement oublié la dernière fois.

Le petit garçon suivit la jeune Serpentarde, et Amélia, avant qu'il ne disparaisse de son champ de vision, lui héla une dernière chose.

- N'OUBLIE PAS DE FAIRE BRÛLER LES CHEVEUX DE CE VIEUX GARRICK. SI JE NE SUIS PAS LA A TEMPS, MAX. JE DOIS TOUJOURS GAGNER MON PARI MÊME SI J'AI CE QUE JE VOULAIS !

Alors que Ron éclatait de rire, Harry, lui, souriait discrètement et songeait qu'Amélia allait tout simplement éclater de joie quand elle apprendrait ce qui l'attendait sur la table de la cuisine. Il était sûr que sortir les tickets de l'enveloppe qu'il avait cachetée lui permettant d'assister à un des matchs de la saison des faucons de Falmouth -équipe qu'elle voulait voir jouer en vrai depuis si longtemps- au mois de décembre, allait littéralement la faire sauter de joie.

Il était décidément ravi que Marcus ait accepté de l'aider pour cette surprise. Ils avaient été chercher les billets ensemble le jour précédent (il avait lu dans le Quidditch Trends que quelqu'un les revendait à un prix quasiment donné). Cette idée lui était venue à l'esprit quand ils étaient revenus de chez Slughorn. Marcus et Catherine, après argumentation, avaient accepté. Cependant, il était tout de même clair qu'il voulait savoir ce qu'il s'était passé à l'hôpital...

Ils rentrèrent donc dans le magasin de Quidditch quasiment dénué de clients -et où Amélia aurait très bien pu y rester des heures. Elle en ressortit victorieuse analysant sa nouvelle acquisition dans tous les sens avant de ranger son nouveau bien. Ron les guida jusqu'à une vitrine nichée entre de nombreuses façades ternes, masquées d'affiches de mangemorts... et autant qu'Harry et Amélia se figèrent par l'éblouissement que cette dernière renvoyait.

- WOW !!! Par merlin !!! s'extasia Amélia.
- Génial, hein ? Maman n'est pas trop d'accord, mais je te jure, tout ce qu'il y a là-dedans est démentiel ! apprit Ron.

Amélia cligna des yeux à plusieurs reprises et effectivement même le peu de passants marchant dans l 'allée ne pouvait s'empêcher de jeter un œil curieux à la façade. En effet, dans la vitrine se trouvaient des objets qui éclataient, clignotaient, bondissaient, hurlaient... Harry et Amélia sentirent leurs yeux s'embuer rien qu'en les observant. Le regard de la jeune fille s'attarda sur une affiche multicolore et... elle éclata de rire à l'instar d'Harry !

        Vous avez peur du couple noir ? 

         Craignez plutôt POUSSE-RIKIKI !

             Le constipateur magique qui vous prendra aux tripes !

- Je rentre dans ce magasin immédiatement, balança Amélia en tenant fermement ses paquets, oubliant certainement qu'elle devait se dépêcher et qu'il était fort probable que sa mère la réprimande dès qu'ils seraient réunis. C'est juste énorme, ils sont géniaux. Je dois voir ça !

Harry était sûr qu'Amélia allait user quelques galions et mornilles en farces et attrapes et que cela ne plairait certainement pas à Catherine. Quand il pénétra à la suite de son amie, ils retrouvèrent Hermione qui les attendait à l'entrée. Le magasin était tout simplement noir de monde...

Chapitre 6:La marque des Ténèbres by Chrisjedusor

Chemin de traverse, Magasin pour sorciers facétieux, 14h07, le 1er Août 1996

- On vient de croiser Ron, Hermione et Harry, lâcha une voix facétieuse. Ils nous ont dit que notre collègue vagabondait actuellement entre nos rangées d'étagères et effectivement voilà notre collaboratrice qui daigne enfin pointer le bout de son nez dans notre fabuleux magasin. Comment va notre Little Amélia ? s'enquit l'individu.
 
Amélia qui analysait consciencieusement la petite boite en carton contenant les constipateurs magiques dont parlait l'affiche plantée sur la vitrine du magasin, releva vivement la tête en entendant la voix et reconnut rapidement les silhouettes filiformes de Fred et George Weasley qui abordaient tous deux des sourires en coin. 
 
Ces derniers avançaient dans sa direction, se frayant un passage entre la masse de clients et les tonnes de boites en carton contenant des produits qui s'empilaient parfois jusqu'au plafond. L'adolescente sourit, elle avait décidément l'art de récolter divers surnoms ridicules. Celui-ci lui avait été attribué par les jumeaux -alors qu'elle était à peine âgée de dix ans- suite à sa petite taille qu'elle abordait encore à l'époque.
 
- ...Vous avez réussi à le commercialiser, fit victorieusement Amélia en guise de réponse tout en jetant un œil par-dessus son épaule vérifiant ainsi qu'Hermione était bien à l'autre bout du magasin, c'est génial... Évidemment, chuchota Amélia, en tant que co-créatrice de cette merveille, je vais prendre un paquet et essayer ces effets dévastateurs, continua-t-elle triomphante. Pas mal trouvée l'affiche publicitaire d'ailleurs ! Elle est très... tape-à-l'œil.  Je dois faire mine de rien, continua-t-elle, dépitée, il y a trop de préfets autour de moi... et ma mère me tuerait sur place si elle savait pour notre petit commerce au sein de Poudlard.
- Bien sûr que non, chère assistante... On te l'offre, commenta Fred avec sérieux. C'est toi qui a trouvé la fusion possible entre les deux sortilèges permettant l'amplification des effets ! continua-t-il. Content qu'elle te plaise, George a trouvé la réplique, fit le jeune adulte en la prenant par l'épaule, un grand sourire ornant ses lèvres fines. Tu sais qu'on compte sur toi pour continuer nos petites affaires à Poudlard maintenant que même Lee n'est plus à l'école ? fit sérieusement le garçon roux. Tu ne nous lâches pas d'accord ? Tu es la relève ! 
- Freddy a raison, continua son jumeau. Ta mère ne doit pas savoir ça, elle est pire que la nôtre. Tu es désormais notre lien avec l'école, c'est à toi de tester les produits non commercialisés qui se trouvent encore dans la planque... On compte sur toi !

Amélia fixa attentivement le visage jonché de taches de rousseur de George. Autant, elle adorait collaborer avec eux dans la création de nouveaux produits facétieux, autant elle ne se sentait pas le courage de reprendre les petites affaires réalisées en douce des préfets. Elle soupira en les voyant si sûrs d'eux, Fred coinçant toujours un bras autour de son épaule n'attendant qu'une chose qu'elle confirme les dires de son frère. Ce dernier remarqua les nombreux paquets d'achats au pied de l'adolescente et jeta un regard approbateur à l'égard de son frère.
 
- Tu es bien chargée ! constata George. Il te faut absolument notre petit sac extension XXL. Suis-nous, nous allons te faire visiter par la même occasion, et on a besoin de toi dans l'arrière-boutique pour une toute nouvelle nouveauté... Tu vas adorer.

Amélia sourit en coin. Elle se laissa entraîner par les jumeaux entre les multitudes de rayons qui défilaient devant ses yeux. L'adolescente en profita pour jeter un œil autour d'elle, l'endroit était bondé. Entre les acheteurs qui tenaient absolument à obtenir des boites à Flemme -choix de confiseries qui rendaient malade-, les nougats Néansang -qui faisait saigner du nez- ou encore les incontournables pastilles de Gerbe -qui faisait vomir-, c'étaient incontestablement les nougats qui partaient le mieux. Ils n'en restaient effectivement qu'une boite en carton. Amélia -toujours encombrée par ses précédents achats- baissa soudainement la tête, évitant ainsi des pétards qui volaient et étincelaient des particules multicolores en passant droit devant elle.
 
Elle vit deux garçons qui devaient être légèrement plus jeune qu'elle. Ces derniers marchaient littéralement sur les murs. Abasourdie, ses yeux se posèrent alors sur deux jeunes qui utilisaient un drôle d'objet permettant de s'auto-électrocuter. Cet endroit était à ses yeux une source phénoménale d'approvisionnement... Des enfants tenaient entre leurs mains des fausses baguettes farceuses qui, pour certaines, se transformaient en caleçon quand on les brandissait, d'autres, les plus chères, permettaient à l'utilisateur d'octroyer des coups sur la tête sur une personne de son choix.
 
Les sorciers que les jumeaux avaient engagés pour conseiller et vendre au comptoir étaient débordés. La jeune femme se fit une note mentale d'y revenir prochainement avec son petit frère. Il devait absolument voir cet endroit dès que possible. Ils arrivèrent dans l'arrière-boutique et Fred la quémanda de les suivre tous les deux. La petite pièce débordait de boites en tout genre. Cette dernière semblait insonorisée ; en effet, le son du brouhaha des clients sensé parvenir jusqu'à eux semblait avoir disparu.

Elle vit George, avec un air incroyablement sérieux plaqué sur son visage, sortir un petit sachet rempli de petites pilules jaunes dans une des boites en carton se trouvant dans le fond du débarras. Le regard d'Amélia s'éclaira de reconnaissance et un sourire contagieux apparut sur ses lèvres alors que le rouquin mettait dans sa paume une de ses petites pilules jaunes.
 
- Je crois que tu as compris, commença solennellement Fred. Maintenant, reste à voir si tu veux que cela ait un effet de contagion autour de la victime ou non.
- Vous êtes des...
- Des génies. On sait Little Amélia, fit fièrement George. Pas facile, mais nous l'avons fait !
 
L'adolescente approuva de la tête. Son idée consistait à rendre honteux certains Serpentards en les rendant incontinent durant l'intégrité d'une journée. Elle jubilait d'avance :  le résultat allait être mémorable. Elle allait parler mais une jeune femme, portant l'uniforme mauve de la boutique, entra dans l'arrière-boutique ne lui permettant pas de formuler les idées qui commençaient à germer dans son esprit pour l'amélioration du produit.
 
- Monsieur et Monsieur Weasley, un client cherche un chapeau antigravité ...

Amélia se fit la réflexion qu'il était étrange de les entendre se faire appeler avec autant de respect. Cela ne semblait pourtant pas les étonner.
 
- Bien, merci Tina. Tu nous excuseras, Amélia, mais les affaires n'attendent pas. On te conseille d'aller faire un tour dans le rayon plus sérieux que nous avons créé pour la sécurité des sorciers, ça peut toujours aider en cas d'urgence. On te laisse le plaisir de découvrir tout ça, mais nos leurres explosifs valent vraiment le détour. Ça se vend comme des petits pains. Tu en jettes une à terre et cela te permet de faire diversion rapidement grâce à une petite explosion, argumenta Fred.
- Bien, bien, d'accord, approuva Amélia en rendant la petite pilule jaune à George. Je pense qu'il devrait y avoir effectivement un petit plus à ce produit. Disons par exemple qu'il faudrait trouver le moyen de le dissoudre dans l'air pour qu'il y ait un effet de contagion, ça serait plus efficace. Elle s'arrêta, pensive. Oui, je vais allez jeter un œil à ce rayon, ça peut être utile.
- Je t'y emmène, fit Fred. Georgy va s'occuper de ce client...


~*~

Ce fut sous le regard scrutateur d'Hermione qu'Amélia rangea la panoplie de produits offerts et achetés, qui se trouvaient étalés sur le comptoir de vente, dans le petit sac en cuir « extension XXL » que Fred lui avait procuré et où elle avait déjà ajouté ses précédents achats, dont ceux d'Harry. Afin que sa mère n'y voie que du feu.

- Je vais faire comme si je n'y voyais rien, soupira Hermione en secouant le visage. J'en viens même à me demander si je ne dois pas t'enlever des points à l'avance, lança-t-elle, désespérée. Parfois je me demande si tu grandiras un jour, Amélia.

Harry et Ron étaient accoudés contre le comptoir, et ricanèrent alors que leur amie lui renvoyait un sourire éblouissant en guise de réponse. Ils sortirent tous les quatre du petit magasin. La jeune serpentarde tenant soigneusement le sac à bandoulière qu'elle passa sous son épaule afin d'être enfin libre de tout mouvement.

- Je suis la plus jeune d'entre vous tous, moi, se moqua Amélia en lui tirant la langue. Et relax, Hermione, il faut bien s'amuser, expliqua-t-elle avec sérieux. M'enlever des points à l'avance, tu es au courant que ce n'est pas possible, j'espère ? fit-elle une moue amusée plaquée sur le visage.
- C'est quand ça t'arrange que tu te considères comme la plus jeune ! grogna la Gryffondor, et Fred et George qui continuent de t'enrôler dans leurs petites affaires...
- Ça va Hermione, intervint Ron. Reconnais au moins que leur magasin met un peu de gaieté, les gens ont bien besoin de rigoler après tout. C'est ce que disent mes frères...
- Peut-être, admit-elle, hésitante. C'est vrai que c'est tout de même incroyable, la moitié des magasins a fermé et cela semble bien fonctionner pour eux...
- Fred et George ont raison, approuva Harry. On doit se dépêcher, nous devons nous rendre rapidement à la boutique d'Olliv...
- Eh regardez ! coupa Ron. Malefoy est sur le chemin de Traverse avec sa mère ?  lança-t-il, surpris, vu qu'il les croisait pour la première fois. Ils ne vous donnent pas l'impression qu'ils ne veulent pas être suivis ?

Amélia tourna brusquement le visage tout comme Harry. Elle crispa les poings avec irritation. Ils avaient assurément décidé de lui gâcher la journée. La mère et le fils avançaient d'un pas vif. Cette dernière jetait des regards par-dessus son épaule avec incertitude, comme si, ils évitaient par tous les moyens de ne pas être suivis. Ils tournèrent dans une petite rue et disparurent brusquement de leur champ de vision.

- Deux fois sur cette même journée, siffla Amélia, effectivement on dirait... Est-ce qu'ils ne se dirigeaient pas vers l'allée des Embrumes ? lança-t-elle en fronçant les sourcils.
- Deux fois sur la même journée ? répéta Hermione. Vous aviez déjà croisé, Malefoy ?
- Chez madame Guipure, expliqua rapidement Harry. Trop long à vous expliquer, anticipa-t-il en voyant ses deux amis sur le point de répliquer. On les suit, pressa-t-il.
- Mais... attendez, cria Hermione. Vous allez vous faire tuer tous les deux, ce n'est pas possible, souffla-t-elle alors qu'elle s'élançait à la suite de ses trois irrécupérables amis.

Amélia n'avait pas attendu la fin de la conversation et s'était déjà élancée à la poursuite des Malefoy. À sa suite, elle endentait les pas lourds de ses compères. Elle sortit instinctivement sa baguette au moment où ils pénétrèrent dans la rue adjacente signifiant le début de cette allée consacrée à la magie noire.

Les rues étaient désertes et ils ne croisèrent que quelques passants à l'allure glauque et peu recommandable sur lesquels ils ne s'attardèrent pas, concentrés sur les silhouettes des Malefoy qu'ils suivaient maintenant discrètement alors que ces derniers avaient ralenti la cadence. Ils restèrent à une distance raisonnable durant quelques minutes et se collèrent soudainement contre un mur lorsque qu'ils virent la mère et le fils rentrer dans un magasin. Harry le reconnut rapidement pour y avoir malencontreusement atterri quelques années plus tôt, suite à une mauvaise manipulation de poudres de cheminette, Barjoy & Beurk.

Ils demeurèrent plaqués derrière le mur car les deux sangs purs regardèrent une dernière fois par-dessus leur épaule avant de pénétrer dans la petite boutique à pas pressé. Malheureusement, les volets des vitres étaient fermés ne laissant ainsi pas l'occasion aux adolescents d'apercevoir ce qu'ils y fabriquaient -ce qui agaça particulièrement Amélia qui jeta rapidement un œil autour d'elle. Elle repéra ainsi que le toit au-dessus de la façade disposait d'une vitre qui leur permettrait certainement de voir discrètement ce qui se passait à l'intérieur même.

- On ne devrait pas être ici et encore moins sans la cape d'invisibilité d'Harry, marmonna Hermione en interrompant la jeune Serpentarde perdue dans ses songes. Amélia, imagine si on te voit ici..., souffla-t-elle. Surtout toi ! Et si ça parvenait aux oreilles de Dumbledore...


Amélia fronça les sourcils devant les sous-entendus de son amie qui la fixait soucieusement. Harry grimaça, car il est vrai qu'ils n'avaient encore une fois pas réfléchi à ce petit détail et apercevoir sa meilleure amie dans cet endroit n'était pas spécialement une très bonne idée. Pourtant, la curiosité les avait encore une fois poussés à défier les règles qu'avaient pourtant imposées les parents de son amie.

- Tu comptes me dénoncer ? fit brusquement la jeune femme. Et arrête de me regarder comme si j'étais malade, bon sang ! Je vais bien et ce n'est pas comme si j'allais m'embarquer avec tout un tas d'objets de magie noire et m'y enfoncer brusquement...
- Bien sûr que non !  Ne raconte pas n'importe quoi ! souffla Hermione, dépitée. Je ne te regarde pas comme si tu étais malade Am...
-Bien sûr que si ! répliqua Amélia, piquée au vif. Vous le faites tous ! Elle secoua la tête. Je suis toujours moi...  Bon laisse tomber, lâcha-t-elle brusquement en changeant volontairement de discussion. Je pense que ce petit muret nous permettrait de monter sur le toit ! Montons-y à la courte échelle. Ron, sors tes oreilles à rallonges que tu as prises en douce à tes frères. Elle s'arrêta en le voyant rougir brusquement. Oui je l'ai vu, tu n'es pas très discret !
-On en rediscutera, Amélia, intervint abruptement Hermione avec défi. Tu ne peux pas continuer à te défiler...
-Oh si je le peux, répondit vaguement la jeune Serpentarde en l'écoutant d'une oreille, et je continuerais à le faire... Maintenant montons et écoutons ce qu'ils racontent...

Hermione s'apprêtait à riposter mais elle ne lui en laissa pas l'occasion. Amélia jeta un dernier regard haineux vis-à-vis des affiches de mangemorts présentes sur le mur de briques en face d'elle. Elle se hâta de s'approcher vers le petit muret qu'elle pointait du doigt, leur permettant d'escalader le toit. La jeune lionne jeta un œil inquisiteur aux deux autres Gryffondor qui grimacèrent à l'unanimité.

Pendant que Ron sortait les oreilles à rallonges et déroulait les longues ficelles, Harry entreprit de faire passer Amélia par ses épaules sans la faire tomber -tâche qui n'était pas forcément évidente- pour la stabiliser, Hermione maintint à son tour Harry. L'adolescente se glissa ainsi sur le toit, après avoir effectué deux tentatives qui lui permettaient de s'accrocher aux tuiles. Essoufflée et couchée sur le chaume, elle tendit son bras afin d'aider le reste de la troupe alors que ses amis effectuaient à leur tour la même opération compliquée. Après quelques minutes, ils se retrouvèrent enfin installés et glissèrent tous les quatre minutieusement vers l'avant, une oreille à rallonge coincée dans leur propre orifice.

- ...savez comment la réparer ?

Il n'y avait aucun sortilège d'impassibilité à la grande satisfaction des adolescents. Ils penchèrent tous les quatre la tête vers l'extrémité des ficelles là où parvenaient clairement les voix appartenant aux deux Malefoy ; comme si la radio avait été allumée juste à leur côté. Amélia analysa  la devanture du magasin. Au milieu des rayons, elle entrapercevait des crânes et de nombreux vieux flacons. Malefoy se trouvait dos à eux, positionné devant une grande armoire noire et glauque. Ce dernier, à en juger par les mouvements de ses mains, parlait avec animation à un individu aux épaules voûtées et aux cheveux huileux : le genre de type que maman et papa adoreraient me voir espionner se moqua intérieurement Amélia.

- Possible, mais... il faudrait que je la voie. Que vous me l'ameniez ici...

Amélia remarqua que l'homme abordait une certaine crainte sur son visage crasseux. Elle fronça les sourcils et tenta de se pencher vers l'avant afin d'avoir un meilleur aperçu. Malefoy était insistant sur le fait que ce dernier devait lui expliquer comment faire sous peine de représailles. Elle le vit toucher calmement cette même armoire travaillée comme si sa vie en dépendait, songea l'adolescente en l'observant minutieusement du regard.

- Qu'est ce qu'il fabrique ? balança Harry.
- Ça ne me semble pas être une visite de courtoisie, continua Amélia, attentive, le front plissé. Je n'aime pas ça du tout. Il y a quelque chose de... pas très net.

Ils continuèrent à épier, concentrés, jusqu'à ce qu'ils aperçoivent Narcissa Malefoy embrasser son fils sur la joue avec tendresse. Draco montra quelques choses du doigt que les adolescents n'aperçurent pas. Ils se déplacèrent sur le côté afin de les garder tous les trois dans leur champ de vision.

- Vous mettrez cela de côté ! Et si vous ne vous attardez pas sur cette tâche comme il se doit et bien... je suis sûr que Fenrir Greyback, un ami de la famille, aimera vous rendre une petite visite. Nous devons y aller...
- Baissez-vous ! ordonna Hermione.

Les quatre adolescents s'aplatirent brusquement sur les tuiles. Barjoy se baissa avec respect vers les deux membres de la famille qui finirent par sortir de la boutique. Ils disparurent rapidement à l'intersection d'une rue laissant les enfants en grande réflexion sur ce qu'ils venaient d'apercevoir. Amélia décala sa jambe endormie par la position dans laquelle elle se trouvait précédemment, jaugeant sans vraiment le distinguer l'écriteau abîmé où se trouvait le nom du magasin.

Il voulait faire intervenir Greyback ? songea-t-elle en réfléchissant avec rapidité. Elle sentit à nouveau la sensation que sa magie instable s'agitait en elle, s'échauffait dans ses veines. Elle grimaça, elle devait rester calme. Ne pas songer au fait que cet être abject et dégoûtant avait participé à son hospitalisation... lui donnant séjour à l'étage des blessés graves. Elle avait certainement eu de la chance qu'elle n'ait pas été griffée par cet être inhumain. Il aurait fallu qu'elle se transforme en plus de cela en un loup-garou une fois par mois et... cela aurait été la petite cerise sur le gâteau.

- De quoi parlaient-ils ? interrogea Ron en réenroulant les oreilles à rallonges.
- Je ne sais pas, souffla Harry. Il veut qu'on répare quelque chose, ça c'est une certitude et il y a cet objet dans la boutique... Vous avez vu ce que c'était ?
- Non, c'était caché par l'armoire..., intervint Hermione. Amélia, es-tu avec nous là ?

Amélia tourna le visage vers Hermione, pensive.

- Je pense qu'on devrait allez jeter un œil dans ce magasin... pas vous ?
- Bonne idée. Restez là, les garçons... On y va. Amélia, viens !
- Que quoi... et mais...

Amélia était étonnée que son amie approuve sa suggestion. Elle suivit Hermione qui avait déjà entrepris de redescendre du toit. L'adolescente songea qu'elle devrait peut-être apprendre à faire de l'escalade, car elle se sentait essoufflée par ses mouvements tordus qu'elle réalisait. Un mois sans Quidditch et sa condition physique en prenait déjà un coup, soupira-t-elle intérieurement. Elle grimaça de douleur, elle avait tendance à oublier sa blessure qui venait de se manifester par des picotements dérangeants alors qu'elle venait de retomber accroupie à terre.

- Qu'est-ce que vous fabriquez ? hallucina brusquement la voix d'Élisabeth. Je ne vous trouvais pas ! Je venais de vous voir disparaître dans cette allée malfamée et... que faisiez-vous sur le toit ? hallucina-t-elle. On ne devrait pas être ici. Tes parents te cherchent Amélia, ils ont fini. S'ils savent que tu es ici... Oh par merlin, paniqua-t-elle.

La tignasse rousse et paniquée d'Élisabeth venait d'apparaître brusquement du petit pont qu'ils avaient utilisé afin d'accéder à la rue. Elle jouait nerveusement avec ses doigts, signe d'une grande nervosité. Élisabeth avait toujours été très expressive et laissait facilement apparaître ses émotions.

Amélia se souvenait parfaitement d'elle éclatant en sanglots lors d'un des cours de Dolores Ombrage alors qu'Harry manifestait son mécontentant quant au fait que la mort de Cédric Diggory était un tragique accident. Élisabeth était pour sûre une fausse Serpentard et pourtant... tellement loyale et courageuse songea Amélia.

- Pour plus d'informations monte sur le toit et interroge les garçons et prends une oreille à rallonge pour écouter la suite des événements, répondit Amélia en ne tiltant toujours pas que ses parents l'attendaient, trop préoccupée par ce qui venait de se passer. On y va Hermione !
- Vas-y Amélia, on te racontera, contredit Hermione, soucieuse. Élisabeth a raison. Harry et toi vous devriez rentrer. On te racontera ça demain. Elle s'arrêta. Harry, descends, si vous ne voulez pas vous faire réprimander... continua-t-elle en sachant que les garçons écoutaient par le biais des oreilles à rallonges.
- Mais...
 - Ta mère va être furieuse, approuva Élisabeth. Je serai toi, je me dépêcherai... Elle s'arrêta. Et que faisiez-vous au juste ?
 
Ronald et Harry descendirent à leur tour. Harry avait la mine dépitée. Ce dernier expliqua rapidement tous les détails depuis leur rencontre au magasin de madame Guipure. Amélia grimaça quand les filles la fusillèrent littéralement du regard pendant que Ronald, lui, laissait échapper un petit rire en imaginant Amélia prête à exploser la tête de Draco Malefoy.

- Ce n'est pas marrant, Ronald. Il ne manquerait plus que tu perdes le contrôle et fasse encore une fois de la magie abusive en dehors de Poudlard, Amélia, fit Hermione avec désapprobation.
- Un peu quand même non ? sourit Ronald.
- Certainement Ron, répliqua Elisabeth, sarcastique. Surtout quand elle recevra une lettre de convocation par le ministère, je suis sûre que tu seras encore très fier de son coup...
- C'est bon, souffla Amélia. Je suis désolée, okey les filles. Ce n'est pas de ma faute si j'ai une maudite instabilité avec mes cellules magiques. Remerciez plutôt Lady et Lord Voldemort, s'il vous plait, s'énerva-t-elle, après tout j'suis leur gosse, il paraîtrait, n'est-ce pas ?  fit-elle avec dérision.

Deux couinements distinctifs : Elisabeth et Ron. Amélia aurait bien voulu ironiser sur la peur de prononcer de stupides noms, mais elle n'en avait pas envie. Elle ne supportait décidément pas de voir cette inquiétude croissante dans leurs yeux. Hermione la frappa derrière la nuque la faisant écarquiller des yeux alors qu'Harry plissait de plus en plus les sourcils.

- J'espère sincèrement pour toi que tu te rends compte de ce que tu viens de dire à voix haute ? s'agaça la jeune Gryffondor. En pleine milieu de l'allée des Embrumes, chuchota-t-elle. Perds-tu la tête ?
- Il y aurait de quoi perdre la raison, répliqua l'héritière de Serpentard avec ironie alors qu'elle sentait des picotements au bout de ses doigts, signe que sa magie se manifestait. Osez dire que vous n'avez pas peur ?

La main d'Hermione rencontra à nouveau le cuir chevelu de la jeune femme. Amélia lui lança un regard noir en se frottant sa nuque devenue douloureuse. Quelque chose au fond d'elle n'aimait absolument pas ce que son amie faisait. Sa magie s'agitait, elle ne devait absolument pas la laisser sortir, elle devait se contrôler, contrôler ses fichus émotions.

- On y est ! souffla Hermione. Je pense que TU as peur, Amélia. N'inverse pas les rôles. Et tu gardes tout en toi... comme à ton habitude... Ça te ferait du bien de parler...
- Nous allons vraiment avoir cette conversation-là, maintenant ? couina Ron en jetant un œil par-dessus ses épaules avec crainte, ayant peur qu'ils ne soient découverts.
- Non, nous avons terminé, répliqua Amélia avec raideur en jaugeant Hermione la mâchoire crispée. Ron, Eli' et toi, allez donc voir ce qui en découle avec ce que Malefoy a mis de côté. Tu as raison sur une chose, je devrais me dépêcher. Ce n'est pas l'endroit idéal pour me voir, lâcha-t-elle avec froideur. Ton statut de miss-je-sais-tout a encore une fois eu raison de toi.

Elle n'attendit pas la réponse et fit brusquement demi-tour, les poings serrés contre son corps. Au fond, elle savait qu'ils avaient raison et elle s'en voulait déjà des paroles qui venaient mesquinement de sortir de ses lèvres. Elle se rendait intérieurement malade. Le quatuor restant se regarda tristement, troublé et impuissant en se demandant réellement s'ils allaient faire face à cet énième problème.

- Tu ne la suis pas ? remarqua Élisabeth d'une voix faible, à l'adresse d'Harry. Tu es celui qui arrive à la calmer.
- Je la connais assez pour savoir que je dois lui laisser quelques minutes seule avec ses pensées, soupira Harry en passant une main dans ses cheveux en bataille. Elle s'en veut déjà, Hermione, continua calmement le Gryffondor en jaugeant les yeux maintenant embués de larmes alors qu'il regardait Ron l'enlacer par l'épaule.
- Je sais, renifla-t-elle. C'est juste... elle essaye d'être forte alors qu'elle ne va pas bien et vous avez senti autour de vous, sa magie qui nous entourait, cette atmosphère ? souffla-t-elle en frissonnant.

Harry les regarda tous les trois avec appréhension et se lança dans les brèves explications qu'Amélia avait lancées une demi-heure plus tôt sous l'écoute attentive de ses amis.

- Ses pouvoirs ont toujours été impressionnants, marmonna Ron, mais je ne comprends pas. Quel est le rapport avec la magie noire ? chuchota-t-il anxieusement.
- Bien sûr que oui, il y a un rapport, souffla Hermione. La magie noire a sûrement eu un impact sur sa magie durant... elle réfléchit rapidement. Elle l'a portée, murmura la jeune lionne d'une voix faible, celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Même si cela me donne envie de vomir en pensant qu'un être comme elle ait pu engendrer un enfant, et surtout notre Amélia..., ils sont eux-mêmes trempés dans la magie noire. Ça a dû avoir des conséquences sur elle.
- Ou tout simplement qu'elle a hérité de certaines de leurs capacités, murmura Élisabeth, et que ce n'est pas facile de contrôler un tel flux magique...

Ils se regardèrent tous les quatre avec compréhension.

- On ne devrait pas s'attarder plus longtemps ici, continua Harry. Allez voir ce que voulait Malefoy dans le magasin, approuva-t-il en apercevant que des individus s'approchait à leur opposé. Je vais y aller, on se voit demain. Ne tardez pas et rentrez rapidement au Terrier.
- Dis-lui que je ne lui en veux p...
- Elle le sait Hermione, souffla-t-il en enlaçant à son tour son amie. Dépêchez-vous surtout.
- Faites attention, mec, fit Ron en le tapant à l'épaule. Et dépêche-toi, toi aussi, si tu ne veux pas de Catherine Phelps sur ton dos. Cette femme agit vraiment comme ta mère parfois, marmonna-t-il.

Cette dernière phrase lui donna un petit sourire aux lèvres. Peut-être qu'il aimait vraiment que quelqu'un comme elle se préoccupe de lui de la sorte.

- Catherine est une bonne mère, lança Harry avec sincérité alors qu'il s'en allait à son tour. À plus tard, les gars.


~*~


Londres, Chemin de Traverse, 15h17
 
Harry trouva Amélia juste à la sortie de l'allée des Embrumes. Elle s'était laissée glisser le long du mur, les genoux repliés sur elle-même. Ses yeux luisaient de larmes et son regard était perdu sur un point invisible. Harry remit ses lunettes rondes correctement sur son nez avant de s'accroupir devant elle tout en l'obligeant calmement à lever le menton vers lui. Elle tremblait et se mordillait la lèvre inférieure, accablée. Ses yeux était variance entre l'azur et l'émeraude  et ils étaient incontestablement hérités de Lianna Sauwer songea Harry. Il reflétaient pourtant une grande douleur.

- J'ai du mal à.... contrôler mes émotions, marmonna Amélia avec honte. Je sais que ça ne date pas de hier, mais plus je vieillis plus... j'ai l'impression que mon flux magique se développe avec mon adolescence, expliqua-t-elle avec maladresse. J'ai l'impression que... que je suis dangereuse, confia Amélia pour la première fois, la gorge serrée.

Il l'attrapa entre ses bras et la berça calmement contre son torse avant de l'embrasser tendrement sur le front.

-Comme dirait Hermione, souffla Harry, ravi qu'elle s'ouvre enfin un peu à lui, durant notre adolescence, nos pouvoirs se développent aussi, mais ça ne fait pas de toi quelqu'un de dangereux...
- Je l'ai blessée n'est-ce pas ? Elle s'arrêta, pensive. Parfois, je ne la mérite vraiment pas comme amie. Après tout ce qu'elle a fait pour moi, toutes les fois où elle m'a sauvé la vie... je...
- Elle ne t'en veut pas, Amélia. Ils sont rentrés chez Barjoy et Beurk et ensuite, ils filent au Terrier. Nous devrions rejoindre tes parents chez Ollivand...
- J'ESPÈRE QUE VOUS AVEZ TOUS LES DEUX UNE TRÈS BONNE EXPLICATION À ME DONNER CETTE FOIS, attaqua une voix forte comme étant celle de Catherine. AVEZ-VOUS LA MOINDRE IDÉE À QUEL POINT NOUS ÉTIONS INQUIETS ? CELA FAIT UNE DEMI-HEURE QUE NOUS VOUS CHERCHONS DANS LES MOINDRES RECOINS DU CHEMIN DE TRAVERSE !

Harry aida rapidement Amélia à se remettre sur pied. Les parents et Maximilien arrivaient rapidement dans leur direction. L'adolescente fut surprise par la fureur de sa mère, et se ratatina pratiquement sur place oubliant instantanément pourquoi elle était assise quelques secondes plus tôt à terre. Les yeux orageux de sa mère étaient si sombres qu'elle ouvrit la bouche à plusieurs reprises afin de s'exprimer sans grand succès. Son père et son habituel air joyeux et souriant avaient une expression sérieuse et autoritaire qu'elle lui voyait rarement, trop rarement. Ils avaient peut-être dépassé les bornes.

Ce dernier tenait de nombreux paquets entre les bras. Maximilien, derrière eux, tenait une petite cage où à l'intérieur se trouvait un petit crapaud qui ne cessait de croasser. Le petit garçon grimaça, ses parents étaient tous les deux en colère, ce qui était de mauvais augures.

- On est désolé, bredouilla Harry en passant nerveusement une main dans ses cheveux. On...on est allé dire bonjour à Fred et George et...
- Nous savons, Harry, continua Marcus, mais vous n'y étiez plus, fit ce dernier avec dureté. Amélia, je suis déçu, je t'avais pourtant demandé de te dépêcher. Je t'ai même fait plaisir et tu ne m'as pas écouté, pourquoi ?
- Tu as quoi, Marcus Phelps ? siffla Catherine. Et où sont vos amis ? continua-t-elle en se retournant vivement vers les adolescents. Êtes-vous si inconscients que cela, nom de dieu, jura-t-elle. Quel âge avez-vous ?  J'attends vos explications, les enfants ! Harry es-tu conscient que des gens te veulent du mal ?  Je n'en ai pas l'impression.

Amélia baissa les yeux avec honte. S'il y avait une chose qu'elle ne supportait pas c'était de décevoir ses parents. Ses gens qui l'avaient élevée et aimée sans condition malgré ses défauts et voilà qu'elle échouait lamentablement au test de la gentille fille obéissante...encore une fois. Visiblement, Harry avait manifestement lui aussi baissé le regard. Amélia ne pouvait leur dire qu'ils étaient en train d'effectuer une opération sulfureuse et interrogeaient un vendeur dans l'allée des embrumes, alors, elle opta pour un simple mensonge tout trouvé au coin de son esprit.

- Ils sont retournés au Terrier, nous les avons raccompagnés au chaudron baveur comme nous avions fini nos achats. C'est tout ce que nous avons fait, mentit-elle avec un aplomb qui la surprenait elle-même. Ils sont repartis par poudre de cheminette et là nous nous apprêtions à vous rejoindre, mais j'ai eu un malaise. C'est pour cela que vous venez de me trouver à terre, j'attendais juste de retrouver mes esprits.

Sa conscience voulait la faire sourire en coin, mais elle s'abstint. Elle avait toujours eu des facilités à tourner les mots à son avantage. Harry venait de lever les yeux avec étonnement. La façon dont elle venait de parler venait de le mettre mal à l'aise, elle lui rappelait un peu trop une certaine personne qu'il avait rencontrée dans la chambre des Secrets. À sa grande surprise, il vit Catherine froncer les sourcils avec inquiétude tout comme Marcus.

- Vraiment ? murmura-t-elle à l'adresse d'Harry.  Oh chérie, pardonne-moi, souffla-t-elle en s'approchant de sa fille. Nous avons eu peur, je n'avais pas à te crier dessus comme cela ...

Amélia jeta un œil en coin à Harry qui approuva  les faux dires de son amie, toujours secoué par le ton manipulateur que cette dernière venait d'utiliser. Il vit Catherine prendre Amélia entre ses deux mains avant de l'embrasser sur le front avec tendresse sous le regard toujours inquisiteur de Marcus.

- Tu ne te sens pas bien ? souffla Catherine en vérifiant d'une main le front de sa fille qui semblait fiévreuse. Il est temps de rentrer à la maison, Marcus. Je crois qu'elle a de la fièvre.

À sa grande surprise, sa peau était en effet brûlante. Amélia ne s'en était pas rendu compte sous le feu de l'action. Elle en vint à se demander si cela avait un rapport avec sa magie qu'elle avait du mal à stabiliser -ce qui était probablement le cas au vu des émotions fortes qu'elle avait récemment éprouvées.

- Allez, Kiddo, on rentre à la maison, approuva Marcus. Tu n'auras qu'à faire une sieste sur le chemin du retour et tu files te coucher dès qu'on rentre.

Ils finirent par sortir du chemin de Traverse et se rendirent là où le véhicule familial était garé avec un Harry Potter qui était décidément bien chamboulé.


 
~*~


 Sur le Chemin du retour vers Surrey, 15h59 
 
Amélia n'arrivait pas à dormir coincée entre Maximilien et Harry, la ceinture de sécurité l'embêtait plus qu'autre chose. Elle préférait plutôt écouter son frère parler avec animation. Sa bonne humeur envahissait l'engin à quatre roues. Entre ses genoux se tenait une petite cage où le petit crapaud, récemment nommé Jimmy, coassait à intervalle régulier. La jeune Serpentarde se demanda pour la énième fois pourquoi il avait choisi cet animal.

Le petit garçon venait de lui tendre avec fierté sa baguette nouvellement acquise chez le célèbre fabricant qu'elle examinait sous toutes les coutures avec un sourire aux lèvres. Il venait de lui répéter avec enthousiasme de quoi elle était faite « bois de houx, vingt-trois centimètres, pratique pour la métamorphose et légèrement flexible ». La couleur de sa baguette abordait un vert pâle qui se mariait avec du marron, lui faisant brièvement songer aux couleurs que l'on retrouvait généralement en pleine nature.

- Je suppose que tu n'as pas réussi à brûler les cheveux de ce vieux Ollivander ? demanda-t-elle tendrement en la lui rendant. Fais-en bonne usage, je suis fière de toi.

Son frère haussa innocemment les épaules alors que sa mère, à l'avant du véhicule, roula des yeux. Ils étaient coincés dans les embouteillages sur le pont Brockdale, chemin qui leur permettait d'atteindre plus rapidement Surrey.

Le temps dehors s'assombrissaient d'après ce qu'apercevait Amélia de sa vitre. De gros nuages encombraient maintenant le ciel alors qu'elle jugeait le fleuve en dessous d'elle avec une étrange appréhension. Sa température corporelle semblait avoir baissé d'un cran, elle se trouvait plus paisible, bien qu'un léger mal de tête se profilait à l'horizon.

- Et bien, il y en a du trafic par ici, remarqua Marcus en tapant frénétiquement les doigts sur le volant. On dirait qu'une tempête arrive droit sur nous...
- Plus vite on rentre à la maison, mieux ce sera, approuva Catherine la mine pâle. On aurait certainement du passer par le centre, nous aurions été plus vite...
- Tu ne te sens pas bien, Cathy ? demanda Harry en remarquant la mine blafarde de l'adulte au travers le rétroviseur.
- Juste des nausées, Harry, je crois que j'ai définitivement attrapé quelque chose.

L'adolescente se redressa en haussant les sourcils.

- Est-ce qu'il y a quelque chose que l'on devrait savoir ? demanda innocemment Amélia. Genre, je ne sais pas moi, ça fait quand même quelques jours que tu as ce genre de nausées inopinées. Tu sais, tu pourrais être enceinte. En plus je ressens comme s'il y avait une deuxième aura autour de toi depuis quelque temps, maman.

Marcus s'étrangla avec sa propre salive en écoutant les paroles de sa fille.

- Tu n'es pas sérieuse, kiddo, n'est-ce pas ?
- Très sérieuse, papa, répliqua Amélia, les yeux étincelants. Alors maman ?
- Chérie, je ne peux pas être enceinte et tu le sais bien, fit gentiment Catherine.
- Si tu le peux. C'est les idiots de médecins moldus qui ont certainement mal fait leur travail en te disant que tu étais stérile. Tu as bien eu Max ! argumenta-t-elle.
- Ton frère est un miracle, chérie, murmura Catherine. Je suis médecin, rappela sa mère en fronçant les sourcils après avoir écouté le ton rempli de dureté que venait d'employer sa fille.
- Tu serais enceinte, Maman ? demanda à son tour Max avec gaieté. Je pourrais être un grand frère moi aussi.
- Arrêtez de vous faire des films, les enfants, sourit calmement l'adulte. Vous... hé mais qu'est-ce que c'est que ça ? lança-t-elle en pointant du doigt quelque chose dans le ciel. On dirait... on dirait qu'une tête de mort apparaît entre les nuages...

Harry et Amélia se redressèrent brusquement sur leur siège et fixèrent ce que la mère de famille pointait du doigt. Le rythme cardiaque de l'adolescente s'accéléra brusquement. L'angoisse apparut rapidement sur les traits de son visage, car devant elle, se dessinait une tête de mort reconnaissable entre toutes. Affublée d'un serpent qui sortait telle une langue de sa bouche, la marque des ténèbres apparaissait de plus en plus distinctement dans le ciel nuageux.

Soudainement, ils aperçurent des étranges formes noires se dessiner dans le ciel. Ce fut à ce moment-là qu'Amélia réalisa ce qui était en train de se dérouler à l'instant même alors qu'elle regardait les veloutées de fumées s'agiter dans tous les sens de part et d'autre du ciel. Ce fut également à ce moment précis que le survivant hurla de douleur en appuyant sa main contre son front devenu atrocement douloureux. Il se rétracta sur lui-même sous les cris de panique du petit garçon se trouvant à ses côtés.

- PAPA, NE RESTE PAS DANS CETTE DIRECTION AVEC CETTE VOITURE ! lança Amélia en hurlant d'horreur. C'EST LEUR MARQUE ! CE SONT LES MANGEMORTS ! PRENDS LE SENS INTERDIT ! PASSE PAR-DESSUS LES BANDES DE SÉCURITÉ ET PRENDS CE PUTAIN DE SENS INTERDIT ! MAINTENANT ! ON NE DOIT PAS RESTER SUR CE PONT ! FONCE, JE VAIS FAIRE EXPLOSER LES BARRIÈRES !

Dans le capharnaüm, Marcus discerna vaguement les hurlements de terreur de sa fille se foutant bien que l'avant de sa voiture soit cabossé par les arrêts de sécurité. Il appuya sur l'accélérateur alors que Catherine, déjà blafarde, venait par la même occasion de régurgiter le dernier repas contre le tableau de bord de son mari. Elle s'était retournée vers ses enfants, la mine alarmée. Elle ne savait comment elle avait réussi à se défaire de la ceinture de sécurité et réussit à se glisser à l'arrière du véhicule avec les trois enfants tentant vainement de stabiliser Harry parcouru d'incontrôlables tremblements.

Amélia, prise d'adrénaline, ouvrit brusquement la fenêtre, et se retrouva face au courant d'air envahissant le véhicule. L'impression que son cœur allait littéralement sortir de sa cage thoracique se fit plus virulente quand elle aperçut les traces de fumées noires se dirigeant rapidement entre les immenses poteaux qui maintenaient l'édifice. Elle sortit son bras, tenant fermement sa baguette en tentant de lamentablement viser les barrières de séparations entre les deux sens opposés.

- BOMBARDA MAXIMA ! hurla-t-elle.

La lumière blanche jaillit de sa baguette avec puissance et lui donna un frisson de bien-être qui parcourut l'entièreté de sa colonne vertébrale. Son corps était  ravi de pouvoir évacuer cette énergie trop encombrante. Ces dernières explosèrent avec puissance, s'éparpillant en mille morceaux sur l'asphalte, laissant apparaître un amas de fumée qui l'aveugla durant un moment.

- AMÉLIA, ATTENTION ! hurla sa mère qui hésitait entre la gratitude, le fait qu'ils se trouvaient dans une situation dangereuse qu'ils n'avaient pas prévu et la peur que son enfant ait encore une fois des ennuis.
- PAS LE MOMENT, MAMAN. PAPA FONCE ! IL FAUT QUE JE FASSE QUELQUE CHOSE POUR TOUS CES GENS. ILS VONT S'ATTAQUER AU PONT ! JE DESCENDS, CONTINUEZ SANS MOI !
- MAMAN, J'AI PEUR !  brailla Maximilien au même moment alors qu'il regardait sa mère s'occuper d'Harry pris de convulsions de plus en plus intenses.
- AMÉLIA, QU'EST-CE QUE TU... RESTES DANS CETTE VOITURE, JEUNE FILLE ! hurla son père de sa voix grave alors qu'il l'apercevait tenter d'ouvrir la portière qu'il verrouilla rapidement. TU NE PEUX RIEN FAIRE À TOI SEULE !

Marcus passa de l'autre côté du pont là où elle venait de dégager un passage, faisant crisser les pneus contre le bitume avec puissance et fit demi-tour. Ils se retrouvèrent alors en sens interdit là où les automobilistes circulaient de manière tout à fait normale. Avec chance peu de voitures y roulaient, à l'inverse de l'autre côté où les véhicules avançaient à pas de mouche. Certains moldus, étonnés du phénomène, sortirent de leur habitacle pour admirer ce spectacle des plus étranges à leurs yeux.

- NE RESTEZ PAS LÀ ! aboya Amélia, le son de sa voix recouvert par le vent alors que son visage était toujours par-dessus la vitre. ALOHOMORA !

Amélia déverrouilla rapidement le véhicule que son père venait de fermer. Catherine, se souvenant de ce que signifiait la formule magique pour en avoir si souvent entendu parler, attrapa fermement sa fille par les aisselles et la colla contre son torse avec force l'obligeant à rester dans la voiture pourtant en mouvement.

Au même moment, Marcus zigzagua entre les automobilistes qui en guise de réponse, klaxonnaient furieusement à son encontre alors que Maximilien, le visage plaqué contre la vitre glacée, venait de laisser tomber la petite cage où se trouvait sa grenouille qui gambadait maintenant dans la voiture. Les yeux brillants de larmes, il observait les fumées noires devenir transparentes et se dématérialiser là où se trouvaient les immenses poteaux en fer du pont.

Le pont vacilla dangereusement. Harry malgré la douleur lancinante sortit sa baguette en essayant de retrouver ses esprits, en vain. Ils étaient là, à observer d'un immeuble en hauteur, savourant cruellement le spectacle qui allait se dérouler devant eux, telle une pièce de théâtre qui allait probablement les amuser : Lady et Lord Voldemort.  

Marcus avait le front dégoulinant de sueur, et faillit faire une embardée puis aller s'encastrer contre une camionnette au moment où il sentit que le pont ondulait dangereusement sous eux. Il y était presque, il devait sauver sa famille de ces criminels. Il ne permettrait pas d'échouer à protéger sa famille de la sorte. Les derniers mètres les séparant de la terre ferme lui parurent si lointain alors qu'il songeait, épouvanté, à tous ses gens coincés qui allaient probablement tomber dans l'eau glaciale du fleuve.

Catherine engloba les trois enfants dans ses bras, et les enserra avec force contre elle. Les larmes aux yeux, elle leur murmura une comptine qu'elle chantait quand ils étaient petits... qu'elle les aimait et qu'ils allaient s'en sortir. Au bord de l'évanouissement, Harry pensa à son incapacité à défendre les membres de ceux qu'il considérait comme sa famille. Maximilien pleurait à gros sanglots et Amélia, maintenue contre la poitrine de sa mère, songea qu'elle ne voulait certainement pas mourir aussi jeune. Pourtant... il semblait que le destin en avait décidé autrement.

- Je t'aime maman, murmura Amélia en fermant douloureusement les yeux. Je vous aime tous, couina-t-elle.
- Je vous aime mes bébés, souffla Catherine avec émotion. Marcus, chéri, tu es mon tout, et ce depuis le jour où je t'ai croisé à faire le pitre pour la première fois dans cette université d'Oxford..., lança-t-elle avec amour.
- J'ai peur, couina Maximilien en se recroquevillant sur les genoux de sa génitrice. On va mourir, pleura-t-il.
-Maman...papa, souffla Harry avec désarroi. Je suis désolé, je ne voulais pas, je...

Harry était également blotti contre Catherine et les appela pour la première fois de ses mots si particuliers, troublant les deux adultes malgré l'émotion palpable autour d'eux. Le jeune Gryffondor, transpirant de sueur et fiévreux, se laissa aller contre cette moldue qui avait en grande partie contribué à son éducation.

Pris d'une dernière poussée d'adrénaline plus virulente, Marcus appuya à nouveau sur le champignon. Ils étaient hors de question qu'ils finissent tous les cinq noyés en suffoquant dans cette vieille carcasse. Le pont commença à céder et les véhicules finirent par tomber, telle de la pluie heurtant violemment la rivière.

Il eut juste le temps de se retrouver sur la terre ferme avant que l'édifice ne se désintègre et chute brutalement dans un assourdissement sonore alors que l'arrière du véhicule faillit y passer, les entraînants possiblement dans la chute... à une milliseconde près... cette fin d'après-midi se serait terminée tout autrement. 

Marcus, sous le choc, se laissa tomber contre le klaxon du volant. Il avait réussi, il les avait sauvés.

- J'aime cette bagnole ! soupira-t-il, épuisé. Ce monde des sorciers commence sérieusement à me sortir par les narines ! Et moi aussi je vous aime, souffla-t-il avec affection en fixant son épouse blafarde par le rétroviseur principal.


~*~


Quelque part sur un gratte-ciel Londonien, 15h10
 
Ils étaient sur cet immeuble leur prodiguant une vue panoramique de cette attaque qu'ils avaient orchestrée. Le résultat était plaisant. À sa grande satisfaction, une bonne quantité de moldus venaient de disparaître de la surface de la Terre. La marque des ténèbres se mouvait dangereusement au-dessus d'eux, saillante. Il la vit tenir fermement sa baguette rouge sang qu'elle faisait rouler entre ses doigts fins. Quelque chose semblait l'avoir dérangée et au travers sa capuche noire retroussée sur son visage, il imaginait facilement ses lèvres pourpres étirées dans un rictus méprisant cependant...

- Viens-tu de sentir cela, Tom ? lança-t-elle d'une voix suave et dotée d'un accent irlandais. Quelqu'un vient de faire de la magie sur ce pont et ce n'était pas nos mangemorts, lança-t-elle, l'air troublé.

Il l'avait senti. oui. Il y avait plusieurs aura de sorciers sur ce pont, une lui faisait un peu trop penser à celle de Potter et si cela s'avérait être exact alors ils avaient eu une incroyable opportunité de le tuer. Cependant, il en doutait fortement. Ce gamin leur mettait trop facilement des bâtons dans les roues. Pour deux des autres, il lui semblait déjà avoir senti ces derniers sur des sorciers de la section spéciale. La quatrième, celle qui avait fait de la magie, était par ailleurs particulièrement troublante...

- Je viens de succinctement ressentir nos auras respectives dans une seule et unique personne, continua Lady Voldemort en fixant de ses yeux rouge sang l'endroit où se trouvait quelque seconde auparavant le pont Brockdale.
- Tu sais que ce n'est pas possible, Lianna, siffla-t-il avec dangerosité.
- Je ne fais que de te dire ce que j'ai ressenti, commenta-t-elle en continuant de jouer méthodiquement avec sa baguette, et au vu de ta réplique, tu l'as également pressenti. Elle s'arrêta de nouveau songeuse. Ce n'est pas normal.

De la fumée et des amas de poussières s'élevaient dans le ciel. Les aurors et la police magique arrivaient sur le lieu du crime au même moments que ces policiers et ambulanciers moldus alors que leurs serviteurs s'évaporaient, eux, du sombre paysage. Le serpent à leur pied enroulait les pans de sa robe sorcier. Il était immense et faisait trois fois la taille d'une cuisse humaine. Tom caressait frénétiquement le corps verdâtre et rocailleux du reptile, songeur, et se concentra sur les auras de ses moldus.

-Hé vous ! Que faites-vous sur cette toiture !? Baissez donc ces capuches !  Vous vous croyez au carnaval ? Et nom de Dieu quelle est cette monstruosité ! L'homme s'arrêta chancelant et sortit quelque chose de sa ceinture avant de l'approcher de sa bouche. Suspects sur le toit, je répète : suspects sur le toit. Certainement dangereux. Un serpent est juste devant moi. Je répète... !

Ils se retournèrent d'un même mouvement. Un jeune moldu dans la trentaine, les cheveux frisés et vêtus d'un uniforme de police moldu, pointait cet objet ridicule qu'ils appelaient arme dans leur direction. Les mains tremblantes, le garçon chancela quand il tenta d'apercevoir les traits de visage des deux individus avant de loucher sur les yeux jaunâtres du serpent à leur pied. Avant de monter à l'étage, ils avaient probablement malencontreusement laissé quelques corps sans vies derrière eux.

L'alarme en retentissait d'ailleurs encore avec puissance.

- Dois-je te laisser ce moldu ? interrogea Voldemort sardonique en se retournant vers sa conjointe.
- VOS MAINS EN L'AIR ! hurla le policier.
- Nos mains en l'air ? susurra Lianna à l'encontre de cet être inférieur. Vraiment ? se moqua-t-elle.  Oh... non laisse plutôt Nagini prendre son dîner avec celui-ci, siffla-t-elle en fourchelangue. J'ai l'impression que nous allons être servis d'ici quelques minutes. Bon appétit, Nagini.

Le serpent s'approcha sinueusement vers le policier. Il tira sur les deux mages noirs qui n'eurent aucun mal à dévier les balles d'un simple geste de la main. Le moldu paniqué tomba à la renverse et tenta de s'échapper en glissant vers l'arrière en évitant inutilement les crocs du serpent qui s'approchait trop rapidement de son corps, en vain. Le serpent l'enroula, l'étouffa avant d'y incruster brutalement ses crocs laissant échapper des jets de sang qui giclèrent avec brutalité sur le sol. L'homme mutilé hurla de douleur avant de mourir sur le coup...
 
Au même moment, le chemin de Traverse fut attaqué et Garrick Ollivander, kidnappé.

Chapitre 7: Poudlard Express by Chrisjedusor

1er Septembre 1996, 9h00, Surrey


La jeune fille laissait la chaleur du soleil matinal picoter son épiderme alors que le vent soufflait doucereusement sur sa peau. D'un geste rapide, elle accéléra sur la pédale. Ressortir son vélo du garage était une bonne idée, la vitesse lui faisait du bien et lui permettait de réfléchir plus posément sur certaines choses. Cela remplaçait d'ailleurs particulièrement bien son balai, actuellement rangé à côté de sa malle. Elle n'avait pas réussi à énormément dormir. Ses cauchemars apparaissaient désormais au minimum une fois par nuit, depuis ce jour où ils avaient pratiquement terminé tous les cinq au fond du fleuve suite à cette attaque inopinée des mangemorts.


Le lendemain, elle avait catégoriquement refusé de partir au Terrier en laissant ainsi sa famille sans défense, trop choquée par les événements de cette journée qui aurait pu signer la mort des personnes qu'elle chérissait le plus au monde. À la place, ses amis étaient venus quelques jours à la maison, angoissés et inquiets par la longue lettre qu'Harry et elle-même avaient envoyée.

Ils en avaient profité et avaient longuement discuté de certaines choses qui la concernaient plus particulièrement. Ronald et Élisabeth avaient d'ailleurs été tout émerveillés de tenter de vivre dans un environnement moldu, posant des questions qui auraient pu paraître des plus ridicules pour le commun des mortels. Ce fut ainsi qu'ils avaient découvert les bienfaits « de la télévision, du téléphone et de l'électricité... » et de biens d'autres choses qui les avaient particulièrement impressionnés.

Amélia descendait la pente avec rapidité, savourant le calme matinal alors qu'elle traversait rapidement Wistéria Walks. Tout le monde devait probablement être réveillé et s'affairer partout dans la maison tout en s'occupant des bagages de dernières minutes qui avaient été oubliés dans les quatre coins de la maison familiale.

Elle avait envie de retourner à Poudlard, de revoir le lieu où elle se sentait chez elle et à sa place ; là où elle n'aurait pas particulièrement besoin de contrôler son flux magique de plus en plus important qui parcourait quotidiennement ses veines. Cependant, la peur de laisser sa famille livrée à elle-même la terrifiait également... Ce qui la laissait dans de profondes réflexions.

Contrôlant son VTT de course qui arpentait la route rocailleuse, elle vit madame Figgs qui nourrissait plusieurs de ses nombreux chats devant le porche de sa porte. L'adulte aux cheveux grisonnant releva le visage en la voyant arriver à une vitesse folle - que sa mère n'approuverait certainement pas.

Elle s'arrêta et mit brusquement un pied au sol en la voyant se diriger vers elle. Ses parents n'adhéreraient certainement pas qu'elle l'ignore, pas après ce qu'elle avait fait pour Harry et elle-même l'année précédente lors de l'audience disciplinaire qui aurait pu lui valoir de nombreux ennuis.
 
- Bonjour, madame Figgs ! lança calmement Amélia avec politesse en louchant sur ses pantoufles écossaises qu'elle portait partout où elle allait. Comment allez-vous ?
- Parfaitement bien, Amélia, répondit-elle d'une voix perçante alors qu'un de ses chats, roux, venait de s'approcher et jouait avec le bas de son jeans. J'espère que tu ne fais pas encore des idioties pour te mettre en danger, jeune fille ? lança-t-elle avec méfiance. Ne retournes-tu pas à Poudlard aujourd'hui ?
- Vous savez très bien que les ennuis me trouvent toujours, miss Figgs, fit Amélia avec un petit air contrit en remarquant qu'un deuxième petit chat tigré jouait avec la roue arrière de son VTT. Effectivement, je retournais justement à la maison pour terminer de mettre mes affaires de dernières minutes dans ma malle.

L'adulte approuva d'un geste de la tête et après quelques autres politesses et banalités avec cette cracmolle. Elle lui rappela une bonne dizaine de fois de faire attention, faisant probablement allusion à l'attaque du pont Brockdale qu'elle avait eu l'occasion de découvrir en long et en large via la gazette des sorciers. Elle repartit sur sa lancée en songeant que cette femme savait probablement depuis longtemps qu'elle était une sorcière.
 
Elle s'arrêta de nouveau quand elle passa dans une rue adjacente, là où un cul-de-sac se dessinait entre deux maisons. Elle venait de remarquer que trois silhouettes, bien trop méconnaissables, importunaient deux adolescents d'environs onze et treize ans. L'un portait un sac à dos rouge et l'autre un cartable qu'il tenait contre lui alors que les agresseurs tentaient de le leur prendre des mains. Après tout, la rentrée scolaire était aussi pour les moldus en ce 1er septembre 1996. C'était certainement le moment idéal pour embêter les autres selon le cousin d'Harry et sa bande d'empotés.
 
Amélia lâcha brusquement son vélo sur le sol, prise d'une colère qu'elle ne comprenait pas vraiment. Elle s'avança vers eux, les poings serrés. Ce sentiment constant qu'elle ressentait, cette impression de changer intérieurement, lui faisait peur. Ses émotions l'étouffaient tellement que sa magie semblait vouloir déborder de plus en plus régulièrement en dehors de son réceptacle.
 
- DUDLEY ! cria Amélia. LACHE-LES IMMÉDIATEMENT !
 
Ledit Dudley se retourna, et lâcha brutalement le petit garçon qu'il tenait entre ses mains. Elles étaient par ailleurs «digne d'une cuisse de jambon». Ce dernier avait des cheveux blonds et bouclés et un visage ovale aux joues potelées, mais son corps volumineux qu'il abordait encore ces dernières années avait changé pour laisser place à une silhouette, certes encore imposante, mais beaucoup plus athlétique depuis qu'il réalisait des compétitions de boxe.
 
L'adolescent était étourdi et empestait l'alcool ajouté à une odeur de cigarette qui fit frémir de dégout les narines d'Amélia. Il semblait suffisamment conscient pour comprendre que la voisine du 17 Privet Drive, aussi monstrueuse que son cousin Harry, était un danger à ne pas se mettre à dos.
 
- On fait moins le malin, une fois que j'arrive Big D, hein ? se moqua la jeune femme. Tu n'en as pas marre de frapper les mômes ? Elle renifla dédaigneusement. Est-ce que maman et papa savent que leur Dudlichounet boit et fume de si bon matin ? ricana-t-elle.
- Ferme-là, Amélia, répondit d'une voix moqueuse Piers à la place de Dudley. Potty n'est pas avec toi ? ricana-t-il. Vous n'êtes pas encore de retour dans votre école pour enfant hyperactif où vous êtes en pension ? Tes parents en ont tellement marre de toi qu'ils t'envoient aussi loin en cours ?  Ils ont dû comprendre à quel point tu étais bizarre, n'est-ce pas ?
 
L'adolescente jaugea les deux petits moldus agressés qui la remercièrent rapidement avant de prendre leur jambe à leur cou, direction de la petite école secondaire de Surrey. Elle reconnut l'un deux comme étant un ami de quartier de son petit frère et les suivit brièvement du regard avant de s'attarder sur Piers Polkiss qui venait d'intervenir pour la première fois.
 
Elle lui jeta un regard glacial. De ses mètres nonante et efflanqués d'une tête de rat qui ne s'était pas arrangé au cours des années, il ne lui faisait absolument plus peur depuis bien longtemps. Elle renifla à nouveau effrontément alors que ses mains tremblaient de plus en plus. Ce n'était pas le moment de se souvenir que ce garçon avait adoré lui maintenir les mains à l'arrière de son dos pendant que Dudley et le reste de la bande tentaient de lui mettre la tête dans les toilettes lors des récréations à l'école moldue quand ils avaient envie de jouer à leur jeu favori : la chasse aux Harry et Amélia.
 
- Contrairement à vous, Polkiss, répondit Amélia en ricanant, je suis une grande fille. Je n'ai pas toujours besoin de me promener en bande. Elle s'arrêta en jubilant avec mesquinerie. T'intéresserais-tu à notre école d'hyperactifs ? se moqua-t-elle. Oh non, mes parents me supportent très bien, ne t'en fais pas pour ça. Ils veulent juste éviter que je me défoule sur vous une bonne fois pour toutes, pas vrai Big D ? Après tout, comme tu dis, je suis hyperactive... ça pourrait être dangereux n'est-ce pas Dudley... Tiens, vous savez qu'un bout de bois ça pouvait faire très... très mal ?
 
Elle arrêta son regard sur les deux derniers garçons de la bande alors qu'elle continuait son monologue. Malcom et Dennis étaient deux types à l'allure baraquée et tout aussi ignobles que Dudley. Elle en gardait également de très mauvais souvenirs. Dudley ne pipait plus un mot, à sa plus grande satisfaction. Ils empestaient tous les quatre l'alcool... et elle les vit d'ailleurs vaciller à plusieurs reprises.
 
- C'est avec ça que l'on te frappe dans ton pensionnat ? ricana d'une voix rauque Dennis. Un grand bout de bois ?

Dennis, Malcolm et Piers éclatèrent de rires. Dudley, à l'inverse, ne riait pas et venait de blêmir à vue d'œil sous le sourire en coin et malsain de la jeune Serpentarde qui ne voulait qu'une chose : leur donner une belle frayeur. Amélia fit mine de montrer l'arrière de son jeans là où elle avait caché sa baguette aux yeux des moldus en tapotant gentiment l'endroit où se trouvait son bien le plus précieux. Le cousin d'Harry se décomposa de plus belle avant de se racler la gorge et de reprendre subitement contenance.
 
- Tu... tu ne peux pas l'utiliser, bredouilla-t-il d'une voix aiguë. Tu aurais des enn...ennuis...
- Vraiment ? se moqua Amélia. Tu sais, je ne suis pas à un petit tour près... Après tout, je l'ai fait l'année passée et il n'y a pas encore moins d'un mois en dehors de l'école. Elle soupira théâtralement. Je ne suis absolument pas à une convocation près de la part des autorités...
- De quoi tu causes, Phelps ? ré attaqua Denis. Dud' ? Qu'est-ce que cette folle raconte ? 

L'adolescente jubila d'un malin plaisir en remarquant la confusion qu'éprouvaient ces larbins. Cependant, il était vrai qu'elle était encore une fois convoquée pour une audience disciplinaire pour avoir -bon sang- sauvé les membres de sa famille. Une longue enquête était ouverte au sein du ministère sur cette attaque, non seulement de mangemorts qui avait détruit le pont Brockdale, mais aussi pour les deux autres attaques simultanées qui, pour une, avait eu lieu dans un gratte-ciel où siégeait une grande société d'affaire. Un véritable carnage avait eu lieu...
 
L'attaque de l'allée sorcière avait, quant à elle, encore un peu plus accru le climat de terreur dans lequel ils se trouvaient tous. De ce fait, Amélia se souvenait parfaitement de l'après-effondrement du pont. Les sorciers étaient arrivés au même moment que les autorités moldus, c'est l'esprit embrumé que l'ensemble des Phelps et Harry avaient dû répondre à quelques questions auprès des aurors et des oubliators qui s'étaient par la suite empressés d'effacer la mémoire de l'ensemble de la population moldue présente sur les lieux du crime.
 
Amélia avait utilisé la magie en dehors de Poudlard, encore une fois, désobéissant pour la deuxième fois de sa vie à ce décret ridicule du ministère qui mettait, sans qu'ils ne s'en rendent compte, les sorciers de premier cycle dans des situations précaires. Cependant, situation exigée, elle n'aurait jamais dû recevoir une lettre de convocation la priant de se rendre au ministère le 29 septembre à onze heures précises afin qu'elle puisse éclairer la situation sur ce qui s'était déroulé en ce jour funeste.

Elle n'était pas la seule à l'être. Elle supposait donc que le fait d'avoir utilisé la magie n'était pas pris en compte, car l'ensemble des Phelps, Harry et quelques sorciers infiltrés dans le monde des moldus avaient été par ailleurs convoqués en tant que témoins de ses attaques qui avaient eu lieu dans les alentours de Londres.
 
- Cela suffit. Les garçons, n'avez-vous pas école ?! lança une voix forte que l'adolescente reconnut rapidement comme étant celle de sa mère.
 
L'ensemble des adolescents se retourna d'un même mouvement. Catherine Phelps arrivait à l'autre bout de la rue, marchant à pas vif, les bras chargés de paquets, et Amélia fronça les sourcils, légèrement surprise en la croyant à la maison. Sa mère était donc sortie de si bon matin ?
 
En grognant pour les trois larbins de Dudley et en soupirant de soulagement de la part de ce dernier, les quatre adolescents s'éloignèrent rapidement, le tout en titubant . Le cousin d'Harry se prit même la poubelle d'un voisin.
 
- C'est de pire en pire, commenta sarcastiquement Amélia en récupérant sans un mot les paquets de course que sa mère tenait dans les bras afin de les attacher à son VTT, ils étaient bourrés et ont attaqué deux gamins avant que je n'intervienne...

Catherine qui regardait les adolescents disparaître au coin de la rue secoua la tête, désabusée. Il était peut-être temps qu'elle discute avec les parents de ses jeunes, bien qu'elle ait la certitude que les Dursley feraient certainement encore une fois les sourds d'oreilles.
 
- Je vois ça, soupira Catherine en caressant doucement les cheveux de son aînée. Il n'empêche que tu es partie encore une fois de la maison sans laisser un mot..., lança-t-elle un peu plus durement. J'espère sincèrement que tu ne comptais pas sérieusement utiliser ta baguette magique ?
- Non, soupira Amélia en commençant à marcher aux côtés de sa mère tout en tenant son VTT. Je voulais juste leur faire peur..., mentit la jeune femme. Tu as été au supermarché ?
- J'ai été au supermarché chercher des œufs pour ton père qui a tenu à cuisiner ce dernier petit déjeuné en famille avant de longs mois..., répondit Catherine, légèrement mélancolique, en ne voulant pas insister sur le fait qu'elle savait parfaitement que sa fille mentait. As-tu tout préparé pour le retour à Poudlard ?
- Tu ne seras pas seule. Je sais que ça va te faire bizarre de ne pas avoir Maximilien qui rentre tous les jours à la maison après ses heures de cours. Elle hocha la tête vers la petite bosse recouverte par le manteau de sa mère. Après tout, un bébé va bientôt arriver au sein de cette famille donc tu auras toujours un de tes enfants avec toi.... Papa qui tente de cuisiner ? se moqua Amélia. Je crois qu'il est meilleur avocat que cuisinier. Tu n'as pas peur qu'il fasse exploser la cuisine ? Eh oui j'ai tout préparé, il ne me reste qu'à descendre tout ça dans le corridor.

Amélia ne savait pas comment prendre le fait que sa mère soit réellement enceinte de trois mois. Cela lui semblait tellement surprenant et dérisoire... L'adolescente se sentait confuse vis-à-vis de cette autre aura entourant maintenant plus solidement celle de sa mère. Grâce à cette capacité, elle se doutait du sexe du bébé -bien qu'elle n'en dise mot.Le sexe ne serait pas perçu par les machines moldus avant un bon mois. Cela la dérangeait, car si cela s'avérait réel, une petite fille allait voir le jour d'ici peu. Elle ne comprenait décidément pas ce sentiment de jalousie qui s'insinuait en elle quand elle y songeait...
 
- Amélia ? Chérie ? interrompit Catherine.
 
Elle revint à la réalité après s'être encrée dans de profondes réflexions. Elle ne s'était pas rendue compte que sa mère venait de la prendre par le bras, elle et son VTT, afin de les ramener sur le trottoir pour céder le passage à un véhicule qui désirait poursuivre son chemin.
 
- Désolée... tu disais ? demanda Amélia prise aux dépourvues.
 
Elle vit les ridules du front de sa mère se plisser, signe qu'elle méditait sur les prochaines paroles qu'elle allait probablement lui sortir d'ici quelques secondes.
 
- À quoi pensais-tu encore ?
- À rien..., répondit hâtivement l'adolescente, contredisant ainsi ses paroles.
- Ce n'est pas vrai..., contredit Catherine en soupirant. Est-ce que... J'ai l'impression que ta voix se fait plus rauque quand on parle du bébé ? Ai-je raison Amélia ?
 
Amélia fit mine d'être outrée.
 
- Bien sûr que non ! s'offensa-t-elle. Je suis très contente que tu puisses agrandir cette famille. Je... Elle chercha autre chose à expliquer qui l'éloignerait de ses véritables songes... je pensais à la photo... tu sais... Celle que tu as trouvée dans la poche de mon jeans en lavant mon linge sale, il y a trois semaines...

L'enfant sut qu'elle avait touché une corde sensible en voyant sa mère plisser ses pupilles grises, intriguée. Elle se souvenait parfaitement de ce jour-là. Amélia aurait dû mettre la photo de Slughorn autre part, et non à la portée de ses parents. Cependant, cette dernière, donnée par l'ancien professeur pour lui prouver certaines ressemblances physiques avec ses géniteurs, était tombée entre les mains de sa mère. À son grand désespoir, ses parents connaissaient maintenant le faciès de ses géniteurs durant leur adolescence.
 
 
Flash-back, un peu plus tôt dans le mois
 
Assise sur le canapé, Amélia tenait entre ses mains le parchemin maintenant froissé arrivé un jour plus tôt qu'elle relisait avec une certaine colère. Elle était encore une fois convoquée au ministère. « Bien que cette fois, elle ne fut pas la seule » la dérangeait. Elle refusait de croiser certaines personnes qui se feraient certainement un malin plaisir afin de trouver quelconques excuses sur sa présence sur ce pont où s'étaient retrouvés ces mangemorts qui avaient, non seulement attenté à sa vie, mais à celle de sa famille et... de ses pauvres gens qui étaient morts lors de cette attaque monstrueuse.
 
Elle était seule avec sa mère, les autres membres de la maison ayant décidé de faire une petite sortie pour se changer les idées. C'était une chose qu'elle n'avait pas voulu faire, préférant simplement passer calmement la journée à la maison. En arrière-plan, elle discernait vaguement le son de la télévision. Au moins elle n'était pas renvoyée de Poudlard ce qui était plutôt bon signe.

Elle releva le visage, pliant rapidement le parchemin du ministère qu'elle fourra négligemment dans la poche de son gilet en entendant les pas de sa mère claquer contre les marches d'escalier. Elle la vit poser la manne de linge propre sur un meuble du corridor avant d'apercevoir que cette dernière tenait quelque chose entre ses mains qu'elle analysait soigneusement entre ses doigts, tout en s'avançant rapidement dans le salon, là où se trouvait son enfant.
 
- Maman ? interrogea Amélia se positionnant à genoux sur le divan en cuir afin de l'apercevoir. Est-ce que ça va ?

Elle pensait que sa mère était encore secouée par ce qui c'était passé sur le pont Brockdale. Après tout, cela était encore tellement frais. Elle n'avait cessé de les surprotéger son frère, Harry et elle-même depuis quelques jours, en rajoutant le fait que ses hormones de femme enceinte prenaient certainement le dessus sur ses émotions. L'enfant ne s'en tracassa donc pas au premier abord.
 
- J'ai...j'ai trouvé cette photo dans la machine à laver, chérie, murmura Catherine en s'asseyant calmement aux côtés de sa fille. Où as-tu eu ça ? Est-ce tes parents ? Tu leur ressembles, continua-t-elle, bouleversée.
 
Un long frisson traversa la colonne vertébrale de l'enfant alors qu'elle reconnaissait la photo «révélatrice» qu'elle avait malencontreusement prise avec elle lors de cette soirée où elle s'était rendue à Budly Barberton avec le directeur de Poudlard. Amélia croisa les yeux scrutateurs de sa mère, avec une moue désolée  plaquée sur son visage avant que ces deux iris ne retombent sur l'image mouvante «légèrement humidifiée par l'eau» où ils se trouvaient devant l'objectif.
 
- Le... le soir où je suis partie avec Dumbledore, le professeur Slughorn, qui va revenir à Poudlard,...il...il les a connus quand ils étaient ses élèves à l'école, souffla Amélia, une boule à la gorge. Il... il m'a montré cette photo que j'ai dû reprendre sans m'en rendre compte...
- Veux-tu en parler, ma chérie ? interrogea calmement Catherine.
- Que veux-tu que je t'en dise ? répliqua Amélia avec une pointe d'amertume. Il n'y a rien à dire.
- Ils sont morts, Amélia, commenta sa mère, et je peux comprendre que tu veuilles en savoir plus sur qui tu es, d'où tu viens, tes origines. Et ils ont l'air. ... charmant. Elle s'arrêta avec un petit sourire aux lèvres. Ton père est tout à fait séduisant, continua-t-elle avec un petit clin d'œil. Je sais de qui tu tiens ce joli visage maintenant, approuva-t-elle en caressant une des joues d'Amélia menant ainsi son geste à la parole. On ne dira rien à ton paternel, on sait toutes les deux qu'il est d'un jaloux... Hum et tu as les yeux de ta mère..., marmonna-t-elle froidement en songeant à la visite effectuée à Saint-Mangouste.
 
L'enfant aurait voulu lui hurler au visage qu'ils n'étaient pas ce qu'elle croyait, qu'ils étaient vivants et certainement pas charmants. Elle en avait eu un aperçu à l'hôpital avec cette conversation par Merlin. Mais rien de tout cela n'effleura ses lèvres qui restèrent fermement closes. Elle fixa sa mère retourner la photographie. Les quelques phrases qui étaient imprimées au dos avaient disparu laissant place à quelques taches d'encre éclaboussées. A son plus grand soulagement. Amélia aurait sûrement dû trouver une explication logique sur la vieillesse de cette image et donc au fait que la date s'y trouvant était plus qu'illogique pour qu'ils puissent être ses parents.
 
- Il n'y a absolument rien à en dire, répliqua encore une fois Amélia en gigotant sur le divan. Comme tu l'as si bien dit, ils sont morts, mentit-elle.

Sa mère allait répliquer, mais le bruit des cliquetis de la porte d'entrée et les voix reconnaissables des membres de sa famille résonnèrent dans le corridor, donnant ainsi la possibilité à l'adolescente de se retirer vivement du canapé afin de les rejoindre rapidement...

Fin du flash-back



Elles étaient arrivées devant le 17 Privet Drive et sa mère reprenait les paquets de course dans ses bras.
 
- Je vois..., commenta soucieusement Catherine. Veux-tu en parler ?
 
Amélia se figea, pensive, avant de hausser les épaules avec nonchalance. Qu'aurait-elle pu répondre ? Heureusement, la porte d'entrée s'ouvrit brusquement sur son petit frère sautillant pratiquement sur place. Il avait dû attendre patiemment leur retour pour  leur ouvrir avec une telle synchronisation.
 
- AH VOUS VOILA ! cria Max joyeusement. Emmy, dépêche-toi ! Tu ne devineras jamais qui est au téléphone avec Papa !  C'est Tante Juliet, dépêche-toi ! Elle voudrait te parler ! DEPECHE-TOI !

Surprise, l'adolescente se renfrogna subitement en marmonnant dans sa barbe. Tante Juliet... Tante Juliet et Oncle Stephano ? Parrain et Marraine... qui n'avaient pas daigné prendre de ses nouvelles durant ses deux mois de vacances. Elle venait de lâcher son vélo sur l'herbe fraiche du jardin. Elle avait effectivement deux mots à dire à ses membres de la famille qui avaient été autrefois si proches d'elle et qui s'étaient éloignés ces deux dernières années pour aller vivre nul autre qu'aux États-Unis. Amélia gardait ça particulièrement au travers de la gorge.
 
- Tiens des revenants..., souffla Amélia, hébétée, j'arrive.
 
 
 

~*~

Amélia tenait le combinée du téléphone accroché sur le mur du corridor et écoutait le flot de paroles que débitait celle qui prétendait être sa Marraine. Comme ça, ils viendraient pour les vacances d'Hiver ? La belle affaire... ils n'avaient pas pu téléphoner avant ni même répondre à ses propres appels ? À d'autres, songea l'adolescente, blasée. Ça prenait à peine cinq minutes un coup de téléphone. Pas le temps de répondre à une lettre qu'elle envoyait une fois par mois via son hibou Spike pour un long trajet rien que pour avoir des nouvelles ? Même par la poste moldus ? C'est ça ! répéta l'enfant pensivement de plus en plus agacée.
 
- Tu sais quel est le problème à mon avis, Marraine ? coupa froidement Amélia, appuyée nonchalamment contre le mur du corridor. Tu ne veux pas avoir affaire à des sorciers dans ta famille, et ne prends pas l'excuse du travail que tu fais avec parrain. C'est complètement ridicule. Je suppose que maintenant que tu sais que mon petit frère en est un aussi, tu vas carrément couper les ponts ? Ça en fait trop pour vous dans les parages ? Tu savais qu'on avait failli tous y passer, il y a quelques semaines ?

Amélia vit son père, présent à ses côtés, lui lancer un regard rempli d'avertissement, signe qu'elle devait tourner sa langue dans sa bouche avant de s'exprimer à nouveau. Elle soupira. Autour d'elle la maisonnée s'activait. Sa mère leur préparait des collations dans la cuisine pour le voyage. Elle remarqua vaguement son frère au-dessus des escaliers avec sa malle, se demandant vainement comment la descendre seul comme un grand, le tout en sautillant toujours sur place à chaque pas qu'il réalisait.
 
Harry était présent au côté du petit garçon, et ricana, amusé, avant de jeter un œil à Amélia. Leurs regards se croisèrent silencieusement avant qu'elle fasse signe d'un geste de la main que Maximilien allait certainement se faire très mal s'il continuait à gigoter comme ça tout en tentant de faire glisser sa valise par palier d'escalier.
 
Marcus resta dubitatif, et voulu rester aux côtés de son aînée afin de contrôler toute parole opportune qui pourrait sortir de sa bouche. Vêtu d'un tablier de cuisine, il venait de terminer le repas du petit déjeuner quelques minutes auparavant avant que le téléphone fixe ne se mette à sonner. Il ne s'attendait certainement à ce que sa sœur refasse surface le jour de la rentrée. Vue la tension qu'il sentait émaner de sa jeune fille, le fait que son cadet allait... -s'il continuait dans ce sens- emporter Harry avec lui dans une chute qui allait sans aucun doute entraîner les malles ne lui semblait pas le risque le plus élevé en cet instant.
 
En soupirant, il se dirigea vers les deux adolescents qui tentaient vainement de se débrouiller seuls, tout en ayant jeté un dernier regard d'avertissement à sa fille lui intimidant silencieusement de rester tranquille et polie avec sa tante. 
 
Il y eut un grésillement de l'autre côté du combiné et la voix fluette d'un enfant en bas âge - probablement sa petite cousine, Fanny, âgée de trois ans qu'elle avait eu l'occasion de ne voir qu'en tant que nourrisson- se fit entendre. Elle perçut la respiration de sa tante s'accélérer et... elle fronça les sourcils, agacée. N'avait-elle donc rien à lui répondre, se souvenait-elle qu'elle avait deux neveux ? Bientôt trois.
 
- Emmy... Je suis désolée ma biche, vraiment. Je te promets que je viendrais rapidement à Londres, c'est compliqué, tu sais. Je ne peux pas t'en dire plus, si nous ne sommes pas venus cet été, ni celui d'avant, c'est pour de très bonnes raisons. Tu nous manques, tu sais. Je pense tous les jours à toi quoi que tu puisses penser et je ne m'éloigne absolument pas de toi parce que tu es une sorcière et que tu fais partie de cet autre monde. Comment peux-tu penser cela ?
 
Amélia imaginait presque les lèvres de sa tante se pincer et elle roula les yeux face aux absurdités qu'elle débitait. L'enfant voulait connaitre ces bonnes raisons, si néanmoins il y en avait. Elle entendait sa cousine, qui était probablement en train de mettre sens dessus-dessous la maison familiale de son oncle et sa tante. Elle soupira à son tour et parla avec une certaine pointe d'ironie dans la voix.
 
- Il s'est passé beaucoup de choses ces dernières semaines... Si vous aviez été présents, vous le sauriez... Après tout, après le coup de l'adoption... Bon sang, j'ai été à l'hôpital et Parrain et toi n'avez pas été foutu de donner un malheureux coup de téléphone ? Même mon grand-père maternel a pris trois fois plus de nouvelles que toi sur deux ans et il ne vit pas à côté de la ville ! Du coup, tu vois, j'ai du mal à faire confiance ces derniers temps. Après tout, vous aussi vous saviez la vérité sur mon compte... Sur ce, je vais devoir te laisser. J'ai un train à prendre. Bonjour à mon parrain que je n'ai encore une fois pas eu le plaisir d'avoir au téléphone et... je crois que ma petite cousine vient de casser quelque chose qui ressemble à du verre... A un de ces jours, Marraine !  

Elle raccrocha sans lui laisser le temps de lui répondre et fit mine d'avoir simplement raccroché avec calme. Elle afficha un petit sourire sur la commissure de ses lèvres afin de berner l'ensemble de la maisonnée, mais elle bouillait intérieurement. Elle avait bien fait de raccrocher, elle ne voulait pas faire de la magie accidentelle et cette conversation devenait trop houleuse pour qu'elle se maîtrise plus longtemps. Sa magie était tellement irrégulière et instable qu'elle lui picotait jusqu'aux doigts de plus en plus fréquemment.
 
Elle regarda les membres de sa famille se dépatouiller dans la descente sinueuse des valises. Utiliser la magie serait bien plus efficace... vivement qu'elle ait dix-sept ans ! Ce qui n'était pourtant pas pour tout de suite, songea l'adolescente avec dépit. Résignée et pensive, elle retroussa ses manches et alla donner un coup de main avant de prendre son dernier petit déjeuner en famille. Il était temps de rentrer à Poudlard.

 ~*~


1er septembre 1996, 10h49, La gare de King Cross, Monde moldu,
 
La gare de King Cross était, comme chaque année, remplie de moldus. Amélia avançait rapidement avec son chariot, ses deux cages, contenant Spike qui hululait de mécontentement, et celle de Pyther soigneusement soumise à un sortilège de désillusion -appliquée à chaque départ de l'école avant son retour dans le monde moldu- étaient positionnées par-dessus sa malle rassemblée autour des nombreux paquets.
 
Pyther sifflait joyeusement des paroles de bien-être,  et se languissant de ses prochaines chasses aux souris au sein de la célèbre école de sorciers sous l'œil désabusé des deux adolescents fourchelangue.
Inutile de dire que leurs bagages attiraient le regard d'innombrables moldus. La grande horloge au-dessus du tableau d'arrivée indiquait qu'ils étaient une dizaine de minutes à l'avance, soit tout juste ce qu'il fallait pour les habituels au revoir difficiles que Catherine allait probablement encore une fois intensifier par des larmes de chagrin.
 
Maximilien et Harry se tenaient de part et d'autre de l'adolescente. Les parents, légèrement en retrait derrière eux, les suivaient avec calme. Le regard d'Amélia tomba sur le visage soudainement pâle et anxieux de son petit frère. Lui qui était si pressé, il ne faisait plus le fier, se remémorant ce que sa sœur et Harry lui avaient raconté comme anecdotes. L'angoisse se lisait maintenant facilement dans ses deux yeux gris.
 
-  Ça va aller, frangin. Ne te tracasse pas, souffla Amélia, amusée.
 
En guise de réponse, il lui lança un regard troublé. Le crapaud de ce dernier coassa dans sa cage, attirant le regard dubitatif de quelques moldus. Au loin, une famille de sorcier venait de disparaitre entre le mur des voies 9 et 10. En arrivant à la hauteur de ce dernier, ils s'arrêtèrent. Amélia croisa les yeux brillants de sa mère, qui tenait son père par le bras. Il était temps de traverser ce moment délicat.
 
- Je déteste ce moment ! gémit Catherine.
 
Elle se jeta brusquement dans les bras des enfants, les engouffrant avec force tous les trois l'un après l'autre contre elle, sous l'œil amusé de Marcus qui ne put s'empêcher de se moquer silencieusement de son épouse. Il venait de rentrer ses mains dans les poches du short militaire qu'il avait opté le matin même, un air nonchalant plaqué sur son visage.
 
- Cathy, tu vas les étouffer ces gosses. Laisse-les respirer !

D'un geste lent, alors qu'elle relâchait Harry d'une longue étreinte -sous les regards amusés d'Amélia et de son frère- elle se retourna vers Marcus en soupirant de lassitude.
 
- Avec tout ce qui s'est passé ces dernières semaines, je pense à avoir gagné le droit de faire plus que m'inquiéter, Marcus Phelps !
- C'est sûr qu'en les tuant par étouffement... tes inquiétudes se dissimuleront très, très vite Cathy chérie !

Elle n'avait pas vraiment tord, songea Amélia, alors que Maximilien et Harry éclataient de rire sous le regard noir de la mère de famille. Son père tentait continuellement de détendre l'atmosphère angoissante dans laquelle se trouvaient les membres de sa famille : en racontant des blagues détachées, ce qui n'était pourtant pas pour rassurer Catherine qui avait à nouveau hésité à les envoyer directement dans le monde des sorciers, là où cette guerre arrivait à son apogée.
 
- Tout va bien se passer, maman. On sera en séc..., commença Amélia.
- En sécurité à Poudlard, comprit Catherine. Je sais, souffla-telle tristement. Aller, viens ici, chérie.

Marcus prit alors Maximilien à part afin de lui donner quelques conseils alors que Catherine prenait par l'épaule les deux autres adolescents avant d'entamer ce que la jeune femme comprit comme étant le discours de prévention annuelle de sa mère. Elle croisa le regard émeraude de son meilleur ami, qui devait certainement penser la même chose car ce dernier se mordait dangereusement la lèvre en se retenant de sourire.
 
- Par pitié... Ne vous mettez pas dans les ennuis, commença-t-elle. Que je n'entende pas parler de troll, de serpent géant, des sorties nocturnes en dehors de l'école ou toute autre activité dangereuse qui vous mettraient en mauvaises postures ! prévint-elle. Ou je vous jure que moldue ou non, les enfants, je viendrais vous chercher tous les deux personnellement à Poudlard... Je vous veux entier et en bonne forme à la fin de cette année scolaire !
- Hum, commença Amélia, ça va être compliquée avec nous, tu sais, continua-t-elle avec une pointe d'ironie. Ça a tendance à nous suivre comme des mouches, les ennuis...
- Je suis sérieuse, Amélia ! Que je ne te retrouve pas dans je-ne-sais-quel-état qui me donnerait un arrêt cardiaque !  lança Catherine avec méfiance. Harry, quelque chose te donne envie de rire, jeune homme ? Je compte sur toi pour éviter de te retrouver face à... Elle s'arrêta avec une pointe d'amertume, ces gens qui tentent par tous les moyens de te tuer...
- Je vais essayer mam... Cathy, fit Harry avec sincérité. Je ne ris pas. C'est juste qu'en fait. Il s'arrêta en voyant l'expression de surprise du visage de l'adulte devant lui. Tu nous dis plus au moins le même discours chaque année, hésita-t-il en passant une main dans ses cheveux noir de jais.
- Harry, qu'est-ce que je t'ai déjà dit sur le sujet dont on a parlé après cet... accident ? fit soudainement d'une voix maternelle l'adulte. Si tu éprouves le besoin de nous nommer ainsi nous en serions très heureux, remarqua-t-elle. Tu fais partie de la famille. Elle s'arrêta, la mine pensive. Ce discours restera de mise... le temps que vous ne vous mettiez plus dans de telles situations sulfureuses...
 
Amélia remarqua que les joues de son meilleur ami s'empourpraient de gêne. Les paroles qui étaient sorties de sa bouche le jour où ils avaient tous failli y passer n'étaient pas passées inaperçu. Depuis, une conversation avait eu lieu, et le jeune garçon avait tout simplement avoué que cela lui était venu naturellement et... qu'il le pensait réellement. Cependant, il avait l'impression, en quelque sorte, de trahir ses propres parents en les appelant par ces mots si précieux. Ce qui le mettait donc mal à l'aise.
 
L'adolescente l'entendit brièvement s'excuser avant qu'elle ne s'éloigne vers son père afin de le laisser converser à son aise avec sa mère. Son paternel l'attendait les bras ouverts et elle s'engouffra directement contre son torse, humant avec bien-être l'odeur de son parfum au chocolat. Maximilien, lui, s'amusait maintenant à faire l'idiot sur le chariot, accoudé contre le rebord de ce dernier, trépignant sur place, avant que leur mère ne le prenne à son tour dans ses bras. Le petit garçon ne tarda pas à laisser échapper quelques larmes. Après tout, c'était la première fois qu'il s'éloignait aussi longtemps du cocon familial.
 
Par-dessus ses lunettes, Amélia distingua les yeux brillants de son père, signe qu'il se retenait de pleurer. D'un geste affectueux, il embrassa le front de sa fille lui caressa la joue. Entre temps, des enfants de moldus commençaient également à arriver et s'amasser devant le mur afin de dires eux aussi, au revoir à leurs parents alors que les familles de sorciers passaient directement sur la voie 9 3/4.
 
- Ready, Kiddo ? souffla-t-il. N'oublies pas de faire pleins de bêtises, mais dans la mesure du raisonnable, Schtroumpfette, approuva Marcus avec un clin d'œil. Prends soin de ton frère et évite de te mettre dans des situations que le pauvre cœur de ton père ne supporterait plus, fit-il en mimant le geste à la parole. Je t'aime et... n'oublie pas d'écrire !
- Je t'aime aussi, Papa, fit Amélia. Et de toute manière, on se voit à la fin du mois pour... l'audience.
 
Elle se détacha à contrecœur. Oui, ils se verraient pour l'audience du 29 septembre. Cela  la tracassait sans qu'elle ne sache réellement pour quelles raisons, puisque cela n'était que de la légitime défense. Ce fut autour d'Harry de se retrouver dans les embrassades de son père. Son frère, les yeux rouges, venait de se positionner devant son chariot alors que sa mère avait finalement laissé libre cours à ses larmes. Elle se dirigea une dernière fois vers sa fille et l'embrassa sur le front. L'enfant serait bien resté encore un peu dans ses bras, dans lesquels elle se sentait tant aimée et protégée, mais l'horloge principale allait contre ses envies.


Il était temps d'y aller.
 
- Allez frérot, surtout tu marches très vite. Tu verras tout va bien se passer. Harry et moi on te suit, lança-t-elle. C'est ton tout premier voyage petit frère, alors fonce !

Devant les voyageurs moldus qui se hâtaient autour de lui, Maximilien prit une grande respiration et jeta un dernier coup d'œil à ses parents qui le fixaient en souriant avant de s'élancer droit dans le mur. Amélia enregistra ce moment dans un coin de sa tête. Il n'avait même pas fermé les yeux, elle le félicitait intérieurement. Elle se souvenait les avoir fermés, elle, lors de sa première traversée.
 
- À toi ! souffla Harry, arrivé à son niveau.
- À moi ! répondit Amélia. Rentrons à Poudlard !
 
Elle jeta un coup d'œil à ses parents, une boule à l'estomac. La crainte de les laisser seuls dans ce monde en guerre lui réapparut brusquement à l'esprit. Ils souriaient, bien qu'elle discernât une certaine crainte dissimulée dans leur regard. Elle inspira un grand coup avant de s'élancer à son tour en hurlant une dernière chose :
 
- Prenez soin du futur bébé ! cria-t-elle. Et envoyez-moi des idées de prénoms !
 
Sur ces dernières phrases, elle s'élança et, bousculée par quelques moldus pressés, elle s'approcha dangereusement du mur. Pas de choc. La locomotive rouge les menant à Poudlard était là, dégageant un amas de fumée qui entourait une foule compacte. La pancarte qui indiquait « Poudlard Express, voie 9 3/4 » siégeait au-dessus de sa tête. Le visage de son petit frère apparut devant ses yeux. Excité comme une puce, il trépignait sur place, ce qui la fit sourire.
 
- Trop cool ce truc pour passer ! T'as vu, je n'ai même pas fermé les yeux ?!
- J'ai vu !  Prêt pour ce voyage ?
 
Le pré-adolescent hocha vivement le visage alors qu'Harry arrivait à leur niveau. Les rumeurs des conversations étaient ponctuées par le bruit des valises qui traînaient sur le quai, mélangé aux hululements des hiboux. Des élèves se retrouvaient, s'embrassaient, se racontaient leurs vacances alors que certains parents donnaient de derniers conseils à leur progéniture. Sous cette atmosphère, Amélia oublia momentanément qu'ils étaient en guerre. 
 
- Ouiiii ! cria Max qui entamait déjà son avancée vers le train. Aller, Harry, Emmy !

Le sifflet du train retentit à ce moment précis. Amélia se fit la réflexion qu'elle n'avait pas remarqué la famille Weasley autour de cette foule compacte. Dommage, elle aurait bien voulu voir les parents. Ils étaient certainement déjà tous dans le Poudlard Express, y compris Andrew, songea-t-elle, pensive. Andrew dont elle n'avait pas eu de nouvelles de tout l'été.
 
- J'en connais un qui est surexcité, lança Harry en laissant échapper un rire. Je crois que je viens de voir Élisabeth dans ce compartiment, continua-t-il en montrant une fenêtre d'un des wagons. Allons- y !
- Il va surtout commencer à paniquer quand on arrivera... J'ai pris quelques galions sur moi pour lui faire goutter quelques sucreries de chez nous ! sourit Amélia. Rejoignons ce compartiment alors !

 

 


 ~*~


1er septembre 1996, 17h02, Poudlard Express
 
L'état du salon familial était dans un état de dévastation totale. Tout était cassé, des morceaux de verres jonchaient le sol habituellement si propre. Ce dernier était maintenant sali par d'innombrables taches de sang se retrouvant un peu partout dans la pièce. Les fenêtres du salon avaient éclaté et un vent glacial s'engouffrait dans ses vêtements alors qu'elle arpentait l'endroit qui l'avait vu grandir.
 
Son organe vital s'accéléra, pulsant avec une telle rapidité que sa respiration se fit erratique. Elle distingua une main amorphe dépassant de l'autre côté du fauteuil et d'un geste lent, elle s'avança, les jambes tremblantes. Un corps sans vie, mutilé, les yeux écarquillés d'horreur, des yeux gris qu'elle reconnaîtrait entre mille se tenait devant elle...
 
- MAMAN !  MAMAN ! REVEILLE-TOI ! MAMANNNNNN ! 

Son cri se répercuta dans le silence pesant qui entourait la pièce. Elle s'effondra secouant le corps sans vie de celle qui l'avait élevée et aimée sans condition, en vain. La luminosité de la pièce s'assombrit brusquement sous les lamentations douloureuses qui s'échappaient de ses lèvres. Ses yeux rougis de larmes tombèrent sur un autre corps à quelques centimètres de sa mère. Non...Non...NON !
 
- PAPA ?! PAPA, NON ! VOUS AVIEZ PROMIS, VOUS AVIEZ PROMIS QUE VOUS NE M'ABANDONNERIEZ PAS, NON !

Enjambant rapidement les débris recouvrant la pièce, Amélia secoua le corps de son père avec véhémence. Un filet de sang tombait de sa bouche et sa barbe de quelques jours en était maculée. De nombreuses blessures s'étalaient sur ses bras... et son visage toujours si rieur était figé dans une expression douloureuse. Amélia s'effondra sur la chemise humidifiée et suintant l'odeur du sang. Ses sanglots se firent de plus en plus puissants et le corps de l'enfant convulsait dangereusement contre celui de son père.
 
- NON...NON...NON...NON...NON !
- Amélia ? tenta une voix monotone.
 
Transpirant de sueur, l'adolescente releva le regard. Elle reconnut Maximilien, accroupi à côté des corps sans vie de leurs parents. À l'exception près, que ce dernier était aussi pâle que la mort. Ses lunettes rectangulaires étaient de travers et brisées, et elle distinguait deux grosses poches mauves en dessous de ses iris, semblables à ceux de leur mère. Il ricana brusquement avec folie.

Ses yeux injectés de sang la regardèrent avec haine.
 
- Tu nous as tués... C'est de ta faute... Tu es un monstre !

Le corps du petit garçon s'évapora dans un amas de poussière, et elle hurla de terreur...

 


~*~


Amélia se réveilla, sa  tête était négligemment posée contre la vitre du compartiment. Encore un cauchemar. Cependant, celui-là était indéniablement sorti de son imagination. Les yeux encore clos, elle frissonna de peur. Elle n'avait tué personne et certainement pas ses parents. Si en plus ses angoisses apparaissaient par le biais de ses rêves, elle n'était pas sortie d'affaire. Des sueurs froides lui traversèrent à nouveau l'échine alors qu'elle y songeait. Elle n'était pas un monstre. Elle remarqua qu'une main tenait fermement la cape de sa robe de sorcière qu'elle avait déjà revêtue. Maximilien avait dû s'endormir à sa suite.


L'adrénaline qui avait parcouru son jeune corps avait après tout du l'épuiser -après avoir fait plus ample connaissance avec ses amis, avoir joué aux bavboules et à la bataille explosive avec les garçons tout en mangeant diverses sucreries dont les déchets étaient maintenant éparpillés dans l'ensemble du compartiment, se reposer un peu durant le voyage n'était pas un luxe.
 
Elle entendit diverses voix inconnues demander à son meilleur ami de se joindre à eux. Amélia comprit facilement qu'il refusait poliment l'invitation. Un claquement de porte retentit et elle entendit le son de la voix exaspérée d'Hermione qui tranchait d'une voix grave à ses meilleurs amis que ces gens étaient des profiteurs et qu'ils ne voulaient que de lui pour la simple raison qu'il était maintenant officiellement considéré comme l'élu.

 
Elle décida de continuer à faire semblant de dormir quand elle entendit son prénom sortir de la bouche de la voix grave et à la fois douce de leur dernier meilleur ami, Andrew. Andrew semblait incroyablement épuisé. C'était le constat qu'elle s'était fait après l'avoir revu lors des embrassades dans le Poudlard Express. Le garçon aux cheveux ténébreux avait, en quelques phrases, expliqué que la situation était toujours aussi précaire qu'en juin dernier, et qu'à part se cacher, sa mère et lui ne pouvaient rien faire.
 
La pleine lune approchait et le garçon était quelque peu anxieux à cette période. Il avait hérité des quelques petits problèmes de fourrure de sa génitrice. Tels que les sens bien plus aiguisés, l'irritabilité ou encore l'envie de manger de la viande rouge. Sa génitrice s'en voulait encore. Andrew Lewis était physiquement la copie conforme de sa mère, excepté la couleur de cheveux noirs, obtenue de son père moldu qu'il n'avait jamais connu. Le jeune garçon était d'une telle douceur que beaucoup de personnes se reposaient sur lui en cas de problème.
 
- Je ne crois pas les gars, retentit la voix de Ron. Qu'est-ce que les Voldemort ferait d'un petit con comme Malfoy ?!
- Hermione l'a vu, Amélia l'a vu ! continua Harry avec ferveur. Et toi aussi, Ron, s'agaça Harry. Et qu'est-ce qu'il aurait fait avec cette armoire dans l'allée des embrumes ?! Si ce n'est que pour faire un truc louche.
- Harry, souffla Hermione, je t'ai dit que je ne savais pas ce que j'avais vu !
- Vous pensez vraiment qu'un truc pareil puisse arriver ? hallucina Élisabeth, les jambes étendues sur son cousin qui écoutait silencieusement la conversation. Vous pensez vraiment qu'il puisse être devenu un...un mangemort ?
- Pourquoi pas ? demanda Andrew, pensif. Ils essaient par tous les moyens de recruter de plus en plus de partisans. Les enfants de mangemorts seraient donc en première ligne de mire. Tu sais bien de quoi on parle, petite cousine, souffla-il avec tristesse.
- C'est Malfoy, répéta Ronald. Un idiot de première classe. Avant que tu ne t'échappes de ton manoir, tu avais entendu quelque chose à ce sujet, Élisabeth ?
- Non, continua Élisabeth, dépitée, j'ai eu beau avoir utilisé des oreilles à rallonges pour espionner mes mangemorts de parents, je n'en sais rien... D'ailleurs si j'avais su, se lamenta-t-elle, si j'étais restée, j'aurais peut-être pu avoir connaissance de cette attaque dont vous avez été victimes avec Amélia, Harry.
- Tu as bien fait de partir, répondit Harry. Arrête de t'en vouloir pour tout et n'importe quoi. Si ça se trouve, tu aurais fini par te retrouver avec cette marque. Tu as bien fait, Eli, tu es en sécurité maintenant. Marcus nous a sorti d'affaire, on s'en est tous sorti indemne, c'est ce qui compte.
- Vous avez encore rendez-vous avec le ministère avec ça, continua-t-elle, désolée. Si ça se trouve ils ne vont pas vous rater cette fois.
- Il y a assez de preuves, fit le jeune Serdaigle, pour dire avec certitude que c'était une véritable attaque de mangemort cette fois ! Ils ne pourront pas le nier ! se moqua-t-il. Avec tout le boucan que ça a fait ! Ils les laisseront tranquille. Que veux- tu que le ministère fasse petite cousine, mmmh ?
- Je ne sais pas, mais je m'inquiète. Il n'y a rien qui va ! Je devrais peut-être allez refaire une ronde, souffla-t-elle subitement. Malefoy n'en a pas encore fait : il reste avec ses camarades de classe et n'en a apparemment rien à faire de ses obligations de préfets, monsieur je me la pète ! Je suis étonnée qu'il n'en profite pas pour brutaliser des premières années. C'est vrai qu'en y repensant ses agissements sont étranges.
- Cela doit probablement lui être bien insipide après...la brigade inquisitoriale, confia Hermione. Je crois qu'on devrait effectivement refaire une ronde avant d'arriver.
- C'est surtout qu'il fait peut-être des choses qu'il ne devrait pas ! continua Harry, borné.
 
Amélia imaginait facilement sa meilleure amie remettre ses lunettes correctement sur ses yeux marron après avoir imité le Serpentard de façon grossière. Son esprit bouillonnait alors qu'elle écoutait l'ensemble de la conversation. Cela était peut-être bien une preuve démontrant le fait que Malefoy avait effectivement des choses bien plus importantes à réaliser, n'est-ce pas ?  Harry n'avait pas tort.
 
- Chut, vous allez finir par réveiller, Amélia et son frère ! s'agaça Hermione alors qu'ils haussaient tous le son. Et...elle a probablement plus besoin de repos que nous tous réunis !
 
La jeune Serpentarde ravala le rire qui allait éclater et sortir de sa gorge. Hermione pouvait tellement être maternelle à son égard. Cela la touchait énormément d'être soutenue de la sorte malgré toutes les périples dont ils avaient eu à faire face. En la revoyant dans le Poudlard Express, elle s'était encore une fois excusée du comportement ignoble qu'elle avait eu à son encontre sur le chemin de Traverse. Ses excuses avaient rapidement été acceptée d'un balayement de la main. La conversation au sein du train avait alors rapidement démarré entre les six amis et le jeune frère d'Amélia.
 
- Pas la peine, fit l'héritière de Serpentard d'une voix mi ensommeillée, mi amusée. Je suis réveillée... et je voudrais aller faire un tour dans le train. Harry, prête-moi ta cape d'invisibilité, s'il te plait.

Elle se redressa sous le regard ahuri de ses amis. Elle détacha son frère, collé contre son torse, et le positionna doucereusement contre la vitre du compartiment lui mettant un petit oreiller derrière la tête. Ce dernier dormait à poings fermés, vêtu de l'uniforme de Poudlard qu'il avait également enfilé avant sa sieste.
 
- Quoi, Hermione ? sourit-elle, amusée, en se retournant vers elle.
 
Alors qu'elle s'étirait les muscles, elle ne put s'empêcher de ricaner face à ces visages méfiants. Devant elle, se trouvaient, Andrew, appuyé contre la vitre glacée du compartiment, Élisabeth, littéralement couchée contre son cousin qui s'était redressé d'un coude et la fixait suspicieusement par-dessus ses lunettes, et Hermione, un bouquin ouvert sur ses genoux -qu'elle ne lisait vraisemblablement plus depuis le début de cette conversation-  haussait un sourcil soupçonneux à son égard.
 
Harry et Ron, assis de son côté, étaient les seuls à ne pas manifester de suspicion mais plutôt un visage surpris. Elle ricana alors qu'elle se levait afin de dégourdir ses jambes endolories suite à la position peu confortable dans laquelle elle se trouvait lors de son sommeil.
 
- Décidément pas une serpentarde pour rien, ricana Andrew. Depuis quand écoutes-tu ?
- Depuis assez de temps pour savoir que j'ai subitement envie d'aller faire un tour ! fit Amélia avec sérieux. C'est fou les conversations intéressantes se font toujours quand je ne suis pas là ou pas consciente, remarqua-t-elle avec ironie. J'ai compris qu'on voulait me ménager, mais tout de même, je ne suis pas faite de sucre.

- Pourquoi as-tu subitement besoin de la cape pour sortir du compartiment, Amélia ? menaça Hermione en refermant brusquement son bouquin. Harry, ne la lui donne surtout pas, hallucina-t-elle en le voyant se lever. Je connais assez ce regard manipulateur pour faire la différence avec ses coups foireux qu'elle est probablement en train de méditer à l'instant même.
- Depuis quand ai-je... ce regard si manipulateur ? se moqua la jeune serpentarde.
- Depuis toujours ! s'écria Élisabeth qui s'était, à son tour, redressée. Quand tu as quelque chose derrière la tête !
- Je n'ai rien derrière la tête, voyons, continua-t-elle, amusée.
 
Amélia ricana et lança un regard entendu à Harry qui semblait avoir compris ses intentions. Aller faire un petit tour dans le compartiment de Malefoy pourrait s'avérer très instructif afin d'apporter des preuves sur sa nouvelle allégeance auprès des deux mages noirs. Ses amis seraient alors obligés de croire à la véracité des propos qu'Harry et elle-même avançaient. Ils pouvaient toujours l'espérer. 
 
Harry sortit avec difficulté la cape d'invisibilité se trouvant dans sa malle, coincée entre les nombreuses valises et cages des animaux du filet à bagages. A vrai dire, la même idée lui avait trotté dans la tête bien avant la fin de cette conversation. Ils étaient tous deux sur la même longueur d'onde.
Il sourit avec complicité avant de se retourner vers sa meilleure amie qui venait de sortir deux petites pierres noires d'un sachet camouflé dans une petite sacoche, un sourire victorieux au coin des lèvres.
 
- Je viens avec toi, fit Harry, sérieusement. On se retrouve plus tard les gars. Prenez soin de Max !
- Je savais que tu comprendrais, fit Amélia, malicieusement. Allez donc faire vos rondes les filles, se moqua l'adolescente. Ça vous évitera de vous concentrer sur nous ! Et... mes coups foireux !
- Qu'est-ce que vous..., s'exclama Hermione.
 
Harry entraîna rapidement Amélia en dehors du compartiment avant qu'ils ne se retrouvent coincés par leur amie. Ils passèrent la cape autour d'eux, disparaissant aux yeux de tous. Ils virent Hermione et Andrew, les bras croisés, devant la porte du compartiment avant de ré-entrer, lassés. Cela ferait sûrement sujet de discussion plus tard, songea Amélia alors qu'ils commençaient la recherche du compartiment de Malfoy.
 
Les couloirs étaient quasiment dépeuplés. Le bruit virulent de l'avancée du train camouflait le son de leur pas, malgré les couloirs pratiquement déserts. L'arrivée vers Poudlard approchait et les élèves enfilaient probablement leur uniforme scolaire.

Ils passèrent une quantité incroyable de wagons avant de reconnaître la chevelure blonde de leur ennemi par l'une des vitres d'un compartiment.
 
Amélia leva la main dans laquelle se trouvaient les leurres explosifs de chez Fred et George. Après un regard entendu avec Harry, elle les jeta brusquement à terre, provoquant une détonation qui résonna dans quelques compartiments voisins avant qu'ils ne soient engloutis dans un immense nuage de fumée noire.
 
Ils reconnurent la voix grave de Zabini pester contre les premières années avant d'ouvrir brusquement la porte du compartiment, agacé, et de laisser passer son visage basané en dehors du compartiment, prêt à réprimander les chenapans qui avait osé les déranger. Profitant du moment, Harry et Amélia passèrent calmement dans le dos du Serpentard avant que ce dernier referme rapidement derrière eux, marmonnant toujours des injures dans sa barbe. Les deux meilleurs amis se retrouvaient maintenant dans le compartiment de Draco Malefoy et ses acolytes, et ils espéraient vivement apprendre quelque chose d'intéressant...

 

End Notes:

Bonjour voici la suite des aventures sur SDP, j'espère que vous avez passé un agréable moment de lecture ! :)

 

Prenez soins de vous et de vos proches !

 

des  bisous, Chris

chapitre 8 : Poudlard by Chrisjedusor
Author's Notes:

Dédicace pour toi Spiritos ;)

Bonne lecture à tous,

Chris

1er septembre 1996, 17h59, Poudlard express
 
Ils se trouvaient maintenant dans une situation inconfortable. Durant le vacarme qui avait précédé l'explosion, le nuage de fumée noire avait fini par s'introduire entre les petits espaces qui se situaient en dessous de la porte coulissante du compartiment. Les deux adolescents avaient dés lors profité de la confusion autour d'eux pour se faufiler -avec difficulté- sur le filet à bagage, et ils avaient rapidement rajusté la cape autour d'eux, pendant que les quatre Serpentard qui se trouvaient dans le compartiment expectoraient la fumée qu'ils inhalaient soudainement dans leur poumon.
 
Amélia était maintenant plaquée contre le torse d'Harry et contrôlait sa respiration irrégulière. Elle avait cru pendant un moment, qui lui avait paru une éternité, que les yeux métalliques de son ennemi s'étaient attardés sur leur personne. Elle soupira de soulagement quand elle vit qu'il s'était retourné dans le but d'aider ses camarades afin de faire dissiper le nuage de fumée qui s'était dispersé dans le compartiment.
 
Blaise Zabini continua de pester contre les premières années et marmonna des injures à l'instar de Vincent Crabbe et Grégory Goyle. Quant à Pansy Parkinson, elle se réinstalla auprès de Draco -là où elle se trouvait avant le vacarme qui venait d'avoir lieu- et entreprit de caresser machinalement les cheveux gominés du jeune Malefoy. 
 
Ces premières années, ironisa brusquement Draco, ils peuvent bien s'amuser, temps qu'ils le peuvent... De toute manière, j'aurais mieux à faire que ça l'année prochaine, je n'aurais plus besoin de supporter tous ces idiots qui composent cette école... Si l'on peut appeler cela une école ! cracha-t-il.
 
Harry et Amélia, dont les respirations s'entremêlaient par leur proximité corporelle, tendirent leurs oreilles, aux aguets. L'adolescente qui avait la possibilité de distinguer les quatre étudiants qui se trouvaient dans le compartiment observa ce qui les entourait. Elle afficha une grimace de dégoût quand elle entendit Parkinson demander ce que signifiaient ses allégations en... terminant sa phrase par des surnoms ridicules qui l'auraient certainement fait éclater de rire si elle n'était pas dans cette opération d'infiltration.

Pansy Parkinson était une fille doté d'un corps filiforme, des cheveux lisses et noirs, coupés au carré et d'une franche qui recouvrait son front. Accrochée au bras de Malefoy, elle se mordillait frénétiquement la lèvre, avide des prochaines paroles que son « Dragounet chéri » allait prononcer d'ici quelques instants ! songea la Serpentard infiltrée en roulant inconsciemment des yeux.

- J'aurai mieux à faire que de me trouver en cours de sortilèges, répéta Draco, lassé. Je ne peux pas vous en dire plus, mais ce sera beaucoup plus intéressant à faire que de rester assis à être en cours !

Draco semblait passablement agacé. Blaise, accoudé contre la fenêtre, se redressa avant de hausser l'un de ses sourcils noirs avec interrogation. Le jeune garçon au teint basané le fixait maintenant d'un air suspicieux comme s'il méditait brusquement vis-à-vis du sous-entendu qu'il venait d'entendre. 

Amélia distingua parfaitement ses iris foncées s'illuminer de compréhension. La mine de ce dernier se fit soudainement plus dure et sérieuse, avant qu'il ne déblatère des mots qui rendirent probants les affirmations qu'Harry et Amélia ne cessaient d'avancer depuis plus d'un mois.

Ça les concerne eux... n'est-ce pas ?

Amélia sentit les battements de son cœur battre plus vite contre sa cage thoracique alors que celui d'Harry -qu'elle pressentait contre son dos- n'en menait probablement pas large. Effectivement, elle sentait les pulsations cardiaques de son ami battre à un rythme irrégulier contre elle. 


Les deux colosses -surnoms qu'Amélia attribuait aux deux lèches bottes de Draco, Crabbe et Goyle- s'étaient soudainement, eux aussi, désintéressés de leur activité, la lecture de BD. Ou du moins, ils s'étaient tous deux arrachés à la vision des images mouvantes qui les composaient, songea Amélia, sardonique. Au bout de six ans, elle se demandait toujours si ces deux-là étaient capables de lire.

Malefoy haussa les épaules.

Tu crois vraiment que toi... tu serais capable de faire quelques choses pour eux ? continua Zabini d'un ton cinglant. Seize ans et même pas diplômé, pourquoi voudraient-ils de toi, un simple ado...Draco ?
- Ils s'en fichent pas mal que tu sois diplômé ou pas. Tu crois qu'ils vont s'amuser à compter nos BUSE ou même nos ASPIC ? Ce qui compte, c'est le genre de services qu'on leur rendra !
 
Vincent Crabbe gigota maladroitement sur son siège et fixa Draco, la bouche grande ouverte à l'instar de Grégory Goyle, alors que Pansy -qui avait momentanément arrêté de caresser les cheveux gominés du Serpentard- le fixait maintenant avec un regard brillant d'admiration. Ce regard donna sincèrement la nausée à Amélia, qui eut la subite envie de se défouler sur ces cinq énergumènes après avoir écouté les dernières paroles qui avaient été prononcées. Peut-être qu'après tout, cela lui permettrait d'évacuer sa magie et ... que ça la soulagerait ? songea-t-elle avec ironie.

- On arrive à Poudlard, balança-t-il à nouveau. Il est temps de mettre nos robes.
 
Malefoy semblait ravi de l'effet qu'il venait de provoquer. D'un geste lent, il montra un point lointain que les deux adolescents coincés entre les bagages ne distinguèrent pas. Une douce chaleur se répandit le long de la poitrine de la jeune femme, car ils arrivaient à l'école. Ce château qu'elle considérait comme sa deuxième maison, dans lequel elle avait tant vécu. Elle secoua la tête, perdue dans de pensées lointaines, et elle ne vit pas le corps imposant de Goyle qui venait de se lever pour prendre sa malle. Cette dernière heurta violemment le visage d'Harry qui ne put s'empêcher de retenir un hoquet de douleur.

Amélia se retint de respirer pendant un long moment. Pansy et Draco- juste en dessous du filet à bagage dans lequel ils se trouvaient- venaient de lever les yeux avec suspicion, les sourcils froncés. La jeune Serpentarde détourna rapidement le regard, mais Draco, lui, s'attarda bien plus longuement sur eux, là, où ils étaient coincés avant qu'il ne détourne finalement son regard gris métallique de leur personne.

L'adolescente tenta d'attraper sa baguette magique qu'elle sentait rouler dans la poche de son jeans alors que les cinq Serpentards se changèrent. Elle ferma les yeux avec la ferme intention d'éviter de contempler certaines « choses » qui ne la regardait certainement pas.

Pendant ce temps, elle sentit qu'Harry tentait de bouger. Elle songea qu'il essayait lui aussi de récupérer sa baguette. Il était risqué qu'ils tentent de parler maintenant alors qu'ils se trouvaient entourés des cinq Serpentards. Tenter de se mettre à découvert n'était absolument pas une bonne idée.
Alors que le train perdait de son allure, on apercevait maintenant au travers de la végétation sauvage : la gare de Pré-au-lard qui grossissait à vue d'œil.

Les couloirs du train semblaient soudainement reprendre vie. Le brouhaha des étudiants et le bruit des bagages traînés accompagnés des cris des animaux attestaient de leur arrivée imminente sur le quai. Au même moment, les deux adolescents, qui n'avaient pas revêtu leur uniforme -Amélia s'était contenté de mettre sa cape pour dormir en guise de couverture et l'avait laissée dans le compartiment-, espéraient vivement que leurs amis avaient eu l'intelligence de descendre leurs affaires sur le quai, afin que les accompagnateurs du train puissent les ramener à l'entrée de Poudlard, avant que les elfes de maisons les prennent en charge, comme chaque année.

Le train s'immobilisa brusquement et les Serpentards se levèrent à l'unisson. Crabbe se faufila avec brusquerie à l'extérieur afin de se frayer un chemin entre la foule compacte qui se trouvait dans les couloirs. Alors qu'ils sortaient un à un, Amélia eu un mauvais pressentiment quand Malefoy intimida à Pansy -littéralement avachie à son bras- de ne pas l'attendre, car il avait quelque chose à vérifier. Cette dernière sembla déçue. Alors qu'elle lui tendait la main- espérant qu'il la prenne- elle quitta le compartiment de mauvaise fois à la suite de Blaise.

Un sourire étira soudainement ses lèvres alors que d'un coup de baguette, il ferma les stores du compartiment. Amélia sentit brusquement Harry bouger vigoureusement, espérant certainement qu'il dévoile quelque chose qu'il ne voulait peut-être pas que ses amis sachent, mais elle, pressentait autre chose. Surtout, quand elle vit que ses lèvres formèrent brusquement le mot de "pétréfixion" qui se dirigea droit dans leur direction.

Elle avait toujours eu de bons réflexes, alors, quand le sortilège bleu-turquoise se dirigea insidieusement vers eux, ce fut sa main, tenant fermement sa baguette, qui sortit de la cape dévoilant ainsi une partie de son corps. Avec brusquerie, son Protego s'écrasa contre le sortilège. Ce dernier ricocha avec violence dans le compartiment avant de s'écraser sur l'un des sièges qui éclata en mille morceaux.

Dans la précipitation, Harry et Amélia tombèrent à la renverse du filet à bagage, se dévoilant ainsi au jeune Malefoy. Dans un choc douloureux, l'héritière de Serpentard tomba avec brusquerie sur le Gryffondor, lâchant par la même occasion sa baguette qui, à son grand désarroi, tomba au pied du jeune garçon blond. Ce dernier afficha un air victorieux, avant de proférer avec rapidité le sortilège de désarmement « expelliarmus » qui lui permit de récupérer, en plus de la baguette d'Amélia, celle de l'élu. Ce dernier tenta lui aussi de jeter un sortilège alors qu'il essayait vainement de se démêler de la cape d'invisibilité dans laquelle sa meilleure amie et lui-même étaient emmêlés.

Ces derniers, tentant de s'aider mutuellement, n'eurent pas le réflexe d'éviter le sortilège « incarcerem » que l'adolescent s'était empressé de lancer à nouveau dans leur direction et qu'ils se prirent tous deux honteusement en pleine poitrine. Leurs membres se firent brusquement enserrer avec puissance par des cordes en cuir, qui en bougeant se contractaient de plus en plus sur leur corps, les empêchant de respirer.

- Potter et Phelps. Pas étonnant de vous trouver là... et c'est qu'ils sont... Draco ricana avec jouissance alors qu'il ramassait les deux baguettes, désarmés tous deux aussi bêtement... Bien tenter pourtant, Phelps, se moqua-t-il. On ne vous a jamais appris qu'écouter les conversations des autres n'était pas poli. La sale moldue qui sert de mère à Phelps ne vous a jamais appris ces bases, Potter ? quêta-t-il en fixant les yeux émeraudes et furibonds d'Harry, qui le fusillait du regard. Il ne tenta pas de se défendre, après tout, le sortilège ne ferait qu'empirer s'il se débattait.
- Je vais te tuer un jour, Malefoy, cracha vivement Amélia, le dos vivement endolori en tentant de se mettre debout en vain... alors que les cordes la ceinturaient de plus en plus, et tu me supplieras de t'épargner, espèce d'enfoiré.
- Lâche-nous, Malefoy, rugit à son tour Harry. Bas-toi, au lieu de profiter que nous soyons désarmés ! Tu n'es qu'un lâche... s'écria-t-il. Amélia, ne bouge surtout plus. T'énerver est inutile, tu vas t'étouffer !
- Phelps... tes menaces sont violentes, dis-moi.... Hum... Que diraient le Magenmagot s'il t'entendait hurler de telles paroles ? On a encore rendez-vous avec le ministère, d'après ce que j'ai vu dans la gazette du sorcier... On aime aller au-delà des lois, n'est-ce pas, Phelps ? Draco s'approcha d'eux, jouant avec leur propre baguette, amusé. Ecoute Potter, tu ne voudrais pas t'étouffer lors de ton retour à Londres... Qu'est-ce que vous pensez avoir entendu ? Rien, absolument rien. Juste une conversation intéressante entre amis dont vous ne ferez jamais parti. Ces histoires sont trop compliquées pour vous... Mais puisque vous êtes là tous les deux... Il continua de jubiler avant de lever sa baguette vers les deux autres sorciers. Hum non... pas besoin de vous pétrifier, tentez juste de vous amuser avec ça, Amplificatum ! Bloclang ! C'est bien plus plaisant...  n'est-ce pas ?!!

Tandis que les deux enfants sentaient leur langue se coller à leur palais respectif, les effets du deuxième sortilège se décuplèrent les enserrant avec une telle force qu'Amélia sentit le sang lui monter au visage alors qu'elle continuait de se débattre. Ce fut pour cette raison qu'elle se calma. S'ils ne bougeaient pas, le sort n'aurait aucun effet et... Malefoy le savait très bien.

Elle aurait voulu lui répondre de manière acerbe, mais sa langue ne le lui permettait plus. Alors qu'une brûlure, due à une colère qu'elle commençait à éprouver, s'emparait de ses membres sans qu'elle ne puisse y faire quelque chose, elle chercha une solution à leur situation qui tournait au cauchemar. Ses mains et ses pieds étaient liés à l'instar de ceux d'Harry. Ils étaient complètement bloqués. L'héritier Malefoy s'approcha d'abord auprès du jeune Gryffondor et marcha volontairement sur la main enroulée de cordes d'Harry, dont un gémissement de douleur passa faiblement -atténué par les effets provoqués du sortilège- au travers de ses lèvres collées.

- Qu'est-ce que c'est... pitoyable. Saint-Potter, considéré comme l'élu par l'ensemble des journaux... celui qui est censé les détruire...à terre, insinua-t-il, à ma merci. Il se retourna vers Amélia en jubilant. Il y a quelque chose que je souhaite faire depuis très longtemps avec toi, Phelps, chuchota-il avec victoire s'avançant dangereusement vers la jeune femme. Tu sais que je m'en fiche éperdument que tu sois une fille, n'est-ce pas ?

Draco était maintenant au-dessus du corps d'Amélia, qui ne bougea pas évitant ainsi que le sortilège rende la situation des plus désagréables. Elle se félicita intérieurement de son sang-froid. Compter jusqu'à dix, canaliser son énergieC'est ce que sa mère lui disait toujours, songea-t-elle alors que sa magie semblait tout à coup s'agiter dans ses veines, crépitant jusqu'à l'extrémité de ses doigts. Elle vit le pied du Serpentard s'élever dans l'air et s'écraser brusquement contre son nez sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit pour l'éviter et se défendre. Un crack sonore retentit et un gémissement de douleur tenta à son tour de s'extirper de ses lèvres serrées... sans succès.

- Ça, Phelps, c'était de la part de mon père et pour m'avoir piqué mon poste d'attrapeur en deuxième année avec ton sale sang de bourbe ! cracha-il. Sur ce, bande d'idiots, bon retour à Londres !

Amélia huma l'odeur de son propre sang se rependre un peu partout sur son visage alors que Malefoy lançait négligemment leur baguette respective à l'opposition du compartiment et sortit du train d'un air victorieux.

 

~*~

 


1er septembre 1996, 18h41, Pré-au-lard


Amélia était furieuse. Tentant vainement de se retourner, contorsionnés dans un amas de corde, ils entendirent les bruits de voix dans les couloirs s'atténuer avant qu'une secousse ébranle le train... à leur grand désespoir. La douleur que son nez et les liens l'enserrant avec puissance provoquaient sur elle l'empêchait de se concentrer assez afin de faire bouger un quelconque objet -en l'occurrence sa baguette magique se retrouvant à quelques mètres d'elle- via sa pensée. Déplacer les objets par la pensée était un don qu'elle avait toujours possédé.

Harry et Amélia se retrouvaient dos à dos, emmêlés à la cape d'invisibilité, en plus d'être encerclés comme de véritable saucisson. Bouger était risqué, le sortilège amplifié les empêchait également de faire le moindre geste qui pourrait les blesser. La parole leur avait également été confisquée, ce qui était légèrement problématique afin d'élaborer un plan d'échappatoire. Sans le savoir, les enfants avaient songé à ces faits bien embêtants au même moment.
 
L'adolescente n'avait jamais maudit autant quelqu'un de toute sa vie. Ils allaient réellement faire un petit retour gratuit vers Londres. Peut-être que les contrôleurs, ceux qui s'occupaient de leurs bagages refaisaient un dernier tour des lieux ? songea Amélia avec espoir alors que le goût amer de son sang se propageait jusqu'à ses lèvres, lui donnant la nausée.

Ils s'étaient mis dans une situation stupide se répéta-elle honteusement dans sa tête, endolorie par les diverses douleurs dont elle était victime. Elle ré-expérimenta à nouveau un sortilège d'attraction sans l'utilisation de sa baguette, qui lui permettrait de récupérer cette dernière. Accio pria-t-elle en vain dans son esprit... Elle abandonna. Après tout, autant sous certaines émotions elle pouvait faire bouger des choses, autant exécuter un sortilège sans baguette était un exercice compliqué. Ajouté à ses membres estropiés, elle ne pouvait rien faire par son manque de concentration. Et puis, après tout, ils n'apprendraient les prémices de la magie sans baguette que cette année à Poudlard... coincé dans une position dégradante, oui...

Elle n'entendit pas les bruits de pas qui s'approchaient, trop occupée à fixer le dos d'Harry, et maudissant cette petite fouine pour l'avoir ridiculisée... Un flash de couleur rouge la sortit de sa torpeur...et son corps se relâcha lourdement sur le sol. Quelqu'un venait de lancer « le Finite » qui lui rendit non seulement l'utilisation de ses membres affligés par le sortilège, mais aussi la parole. Avant de se retourner vers leur sauveur, Harry et Amélia s'aidèrent à se remettre debout, leurs jambes flageolantes par la précédente douleur qu'avait engendrée cette incantation.

- Tu as mal nulle part ? s'inquiéta brusquement Harry en examinant Amélia sous toutes les coutures. Ton nez...
- Et bien, je dirais que vu le sortilège... quelques courbatures et bleus sont à prévoir ! siffla Amélia. Il est cassé, continua-t-elle en s'essuyant avec une main, maintenant tâchée de sang. Je vais tuer ce crétin de mes mains. Il veut la guerre, il va l'avoir ! rugit Amélia, déchaînée, en s'approchant de sa baguette qu'elle récupéra d'un geste vif à l'instar de son ami. Oh oui, il va souffrir pour ça, Harry, je te le jure... !  lança-t-elle d'une voix pleine de promesses. Je...
- Et si... on se calmait les jeunes ? fit une voix posée. Harry, Amélia. Bonjour, les gamins !

Ils se retournèrent tous les deux brusquement vers la voix. Ils reconnurent facilement le visage en forme de cœur de la personne qui se trouvait devant eux. Nymphadora Tonks leur faisait face, un sourire quelque peu forcé aux lèvres et un visage plus fatigué que de coutume. Elle était loin de l'état enjoué qu'elle gambadait partout autour d'elle, propageant la joie de vivre qu'elle provoquait habituellement aux individus qu'elle croisait. La Métamorphomage -aptitude qui permettait de changer certaines parties de son corps- avait opté pour des cheveux naturellement châtains, mais qui tournaient sur le gris souris, soit loin des cheveux rose chewing-gum qu'elle aimait porter quand elle était de bonne humeur.
 
- On ferait bien de sortir d'ici, continua l'adulte en récupérant par la même occasion la cape d'invisibilité d'Harry qu'elle enroula avant de la lui rendre, alors que des panaches de fumée obscurcissaient la fenêtre du compartiment. On va sauter du train en marche.

Harry et Amélia se précipitèrent dans le couloir, pendant que Tonks ouvrait la portière du train. Ils bondirent tous les trois sur le quai, alors que le train prenait de plus en plus de vitesse. Amélia vacilla légèrement en atterrissant, mais se rattrapa grâce à l'épaule d'Harry qui l'aida à se mobiliser, alors que la locomotive rouge n'était maintenant qu'un petit point lointain dans le paysage.

Pendant qu'Amélia essuyait sa main sur son sweat, déjà maculé de sang, Tonks les toisait d'un air interrogateur, un sourcil levé. Harry, gêné, évita son regard alors que la jeune Serpentard, elle, était trop occupée à enlever tout ce sang qui jonchait son visage, s'essuyant inlassablement les mains sur ses vêtements pour s'en préoccuper.

- Je peux savoir qui vous a fait ça ?
- Draco Malefoy... répondit Harry, amèrement. Enfin merci de... enfin de...
- Pas de quoi, répondit Tonks calmement, mais quelque peu méfiante. Amélia, soupira cette dernière, veux-tu que je te débarrasse de tout ça et... que je répare ton nez visiblement cassé ?
 
Amélia suspendit son geste, agacée. Elle avait une réelle envie de se défouler. Cependant, ses parents lui avaient appris la politesse, alors elle expira un grand coup et s'avança vers cette auror -habituellement si souriante et amusante qu'elle avait tout de suite appréciée la première fois qu'elle l'avait rencontrée au quartier général de l'Ordre du Phénix- et ferma les yeux.
 
Episkey ! lança calmement Tonks. Targeo !

Elle eut la sensation de ressentir une intense chaleur avant qu'un crack sonore ne se fasse entendre et remit brusquement son nez droit sous la douleur. Elle tâta ce dernier, méfiante. Celui-ci ne semblait plus être affublé d'angles difformes. Elle soupira de soulagement et la remercia poliment quand elle remarqua que les tâches sombres ornant ses vêtements et son visage venaient également de disparaître.
 
- Comment s'est ? lâcha vivement Amélia à l'adresse d'Harry.
- Quelqu'un... de tout à fait normalement constitué, Emmy, sourit calmement le Gryffondor. Il se retourna vers Tonks. Comment vous nous avez retrouvés ? interrogea-t-il.
- Je ne t'ai pas vu sortir du train, Harry, et comme je savais que tu détenais cette cape d'invisibilité et que le store d'un des compartiments était fermé, je suis venue jeter un coup d'œil. Elle s'arrêta, mécontente. Et visiblement en mauvaise posture...
- Mais que faisiez-vous là, Tonks ? interrogea l'adolescente.
- J'ai été affectée à la protection de Pré-au-lard... Vous verrez qu'avec les temps qui courent des aurors seront même présents dans l'enceinte même de l'école cette année. C'est une nouvelle directive imposée par le nouveau ministre, monsieur Scrimgeour. Si vous le permettez, je vais envoyer mon patronus à l'école pour prévenir que vous êtes avec moi.

Harry et Amélia se jetèrent un regard en coin. Ces derniers, se retrouvant de chaque côté de la jeune femme, songèrent que c'était une très bonne initiative. Les deux adolescents ne s'étaient pas rendu compte à quel point le chemin à pied vers Poudlard était aussi long alors qu'ils suivaient les traces laissées par les diligences sur le sol.
 
L'adolescente regarda l'immense créature qui surgit de la baguette de l'auror avant de s'éloigner une fois les directives données par la sorcière... Pensive, Amélia songea qu'elle commençait décidément bien l'année et cette année ne serait pas une exception songea-t-elle avec ironie.

Ils marchèrent silencieusement durant un moment avant qu'ils ne distinguent les immenses grilles probablement bazardées de protections qui se dessinaient devant eux. Elle discernait maintenant un petit corps, caché par une longue liste, une immense liste de pas moins de trois mille étudiants qui séjournaient à Poudlard s'étalait sur le sol sur des dizaines de mètres. La silhouette tentait de jeter un œil par-dessus le parchemin. Ils reconnurent facilement le professeur Flitwick qui semblait taper du pied... en les attendant.
 
- Potter et Phelps. Il soupira, désespéré. Pourquoi cela ne m'étonne pas... Puis-je savoir ce que ces petits retardataires faisaient encore ? lança-t-il à l'adresse de l'auror.
- J'avais perdu quelque chose dans le train, professeur, mais je ne l'ai pas trouvé, répondit rapidement Amélia à la place de Tonks, qui haussa les sourcils, surprise par ce mensonge tout préparé. Nous sommes désolés, monsieur.
 
Amélia jeta un œil à la frimousse barbue du professeur de sortilège qui semblait incroyablement septique et secoua le visage, non avec une certaine méfiance dans le regard. Il s'éclaircit la gorge avant de parler d'une voix solennelle.
 
- Merci de les avoir accompagnés, continua Flitwick à l'adresse de l'auror. Potter et Phelps sont entre de bonnes mains. D'ailleurs vous deux, continua-t-il sérieusement, veuillez me donner vos noms complets !
- Monsieur... ça fait cinq ans qu'on se connait et ...vous venez de citer nos noms de famille à l'instant ! hallucina Harry.
- Pas d'exception, Potter !
 
Amélia se demanda un court instant quelle était la nécessité de répéter leurs noms de famille. Elle soupira alors qu'Harry, la mine déconfite, répondit à sa demande. Le petit professeur attarda son regard sur la jeune femme, attendant patiemment qu'elle lui réponde, elle aussi. Résignée, elle obtempéra.

- Amélia Phelps, accorda-t-elle, agacée.
- Bien entrez, dépêchez-vous ! intimida-t-il. Vous avez de la chance, vous ne devriez pas être trop en retard avec toutes les vérifications effectuées par les aurors cette année.
- Merci pour tout, Tonks, lança Amélia en montrant son nez. Bonne soirée.
- Je t'en prie à bientôt... Harry, Amélia, prenez soin de vous les gamins.

Tonks disparut dans l'obscurité après un petit signe de la main à leur égard. Elle venait de transplaner directement à Pré-au-lard. Le professeur Flitwick fit des gestes complexes de la baguette sur les immenses grilles, entourant ainsi l'entrée principale d'une multitude de protections. Un puissant champ de force magnétique apparut devant leurs yeux avant de disparaître aussi vite qu'il était venu.

Les yeux d'Amélia tombèrent sur des hommes et femmes en uniforme. En effet, des aurors inspectaient l'amas de bagages s'étalant devant leurs yeux : des malles, cages et divers objets... avant que des petites créatures pourvues de longues oreilles ne transplanent avec ces derniers... une fois les vérifications, faites par les sorciers, réalisées.
 
- Ils ne rigolent pas avec la protection de Poudlard cette année, remarqua calmement Harry, à ses côtés. Hey... Amélia, ça va ?

Amélia venait de se figer, le teint pâle.  Elle venait tout d'abord de songer à Pyther, installée dans une cage... Horrifiée, elle espéra qu'Élisabeth avait eu l'intelligence de faire quelque chose en l'amenant dans le dortoir ou tout simplement d'ouvrir la cage afin que son serpent puisse se débrouiller d'elle-même entre les murs de l'école. Cependant, sa deuxième pensée la figea tout simplement d'horreur. Elle entrapercevait vaguement quelques élèves interrogés par des aurors, probablement une nouvelle règle établie pour la sécurité de l'école... alors que deux aurors se dirigeaient vers leur propre personne.
 
- La... la répartition... MALEFOY VA ME FAIRE RATER LA RÉPARTITION DE MON PETIT FRÈRE ! hurla Amélia.
 
Elle se retourna brusquement vers Harry dont la mine se fit soudainement aussi blafarde que cette dernière. Les poings serrés, elle se jura intérieurement que si cette dernière avait commencé et que son frère était passé, elle tuerait véritablement Malefoy de ses mains. Les deux adolescents passèrent littéralement en courant devant ceux qui représentaient la justice, refoulant la douleur et les courbatures dont les précédents sortilèges leur avaient octroyées, sous l'œil indigné du professeur Flitwick qui s'excusa auprès des sorciers. Encore une fois, Harry Potter et Amélia Phelps dérogèrent à une des règles qui leur étaient pourtant imposées.

 

~*~

 


1er septembre 1996, 19h27, Poudlard, Grande Salle

- Gryffondor !

Amélia s'arrêta brusquement de la course effrénée qu'elle venait de réaliser depuis son entrée dans le Hall du château. Elle s'accouda contre les grandes portes de chênes qui servaient d'entrée à la grande salle, totalement essoufflée. Des applaudissements sonores se faisaient entendre, alors qu'elle apercevait, enfin, l'incroyable endroit respirant de magie.
 
- On...on...dirait qu'un nouveau...a...atterri chez les griffons, se moqua Amélia, la respiration saccadée.

Ses yeux brillants tombèrent d'abord sur les chandelles suspendues dans l'air, éclairant les quatre longues tables longeant l'endroit dans lequel l'ensemble des étudiants assis semblait absorbé par ce qui devait être la fin de la répartition des premières années. Devant les étudiants, des assiettes et des couverts en or attendaient patiemment d'être remplis par les futurs plats préparés par les elfes de maisons.

Des fantômes vagabondaient, ici et par là, flottant entre les élèves. Amélia leva les yeux vers le plafond ensorcelé de la grande salle, cette fois, abordant un ciel bleu parsemé d'étoiles et... un sourire contagieux orna ses lèvres, car malgré cette soirée mouvementée, ils étaient à la maison, en sécurité.

- On...on dirait... Serais-tu jalouse ? plaisanta à son tour Harry, une main contre ses côtes. Tu prends...toujours les paris pour Max ?

Amélia roula des yeux. Si elle avait bien compris, ils étaient à la lettre O. Juste à temps. Elle préférait observer de loin afin de ne pas attirer l'ensemble des milliers de regards sur leur personne, alors qu'ils étaient toujours vêtus comme des moldus. Elle décida d'attendre que son frère soit réparti avant d'aller faire un petit tour incognito dans son bon vieux dortoir et se changer en catimini. Merci les elfes de maisons qui devaient déjà avoir tout installé, songea-t-elle, soulagée.

- Simon O'bryan !
- Je prends toujours les paris. Serdaigle pour ma part, je mise 2 gallions là-dessus. Mais tu sais, j'ai dit à Eli de lui garder une place auprès de nous ! plaisanta Amélia. On était... si minuscule à cet âge ? hallucina -t-elle en s'attardant enfin plus attentivement sur le reste des enfants regroupés devant la table des professeurs qui lui paraissaient si minuscules.

Amélia discerna la petite frimousse de son frère de dos. Ce dernier se trouvait entre une petite fille aux cheveux tressés et un petit garçon aux cheveux bruns. Un sourire sincère se dessina sur ses lèvres alors qu'elle songeait à ce qu'ils avaient fait croire à son frère. Elle s'attendait, après tout, à des jolies « réprimandes » de la part du plus jeune, et ce avec une petite moue boudeuse qu'il allait probablement aborder sur son visage auprès de sa sœur.
 
- Je mise 2 gallions sur Gryffondor, réattaqua Harry. Il va nous tirer la tête durant quelques jours maintenant qu'il sait que c'est un vieux chapeau qui le répartit... et qu'il n'y a pas de dragons, se moqua l'élu. Tu as toujours été plus petite que moi donc... remarqua Harry, railleur.
- Pari, tenu. Hum, probablement, mais... on se devait d'inaugurer son entrée dans ce monde, approuva-t-elle brièvement. Malefoy a vraiment une chance inouïe de ne pas m'avoir fait rater sa répartition. Je suis soudainement admirablement de bonne humeur. Je vais passer au-delà de ça sur ce qu'il s'est passé. Elle s'arrêta en pleine réflexion. Du moins...pour ce soir. On ne se moque pas. Désolée si je n'ai eu une poussée de croissance qu'à l'âge de treize ans ! fit mine d'être outrée l'adolescente. Et tu étais aussi petit que moi, je te ferai remarqué, l'élu.
- On continuera notre enquête, approuva Harry à voix basse. Laisse Malefoy où il est. Il doit être en train de jouer les dragueurs auprès de Parkinson et Bulstrode. Il s'arrêtas pensif. On sait tous les deux que tu es aussi élue que moi, nargua-t-il.

Elle sourit, moqueuse. La salle repartit dans un brouhaha d'applaudissements sonores alors qu'un gamin était envoyé à Serdaigle. Au même moment, Minerva McGonagall -sorcière à l'allure sévère portant par habitude un chapeau pointu de couleur noir sous un chignon toujours bien serré- reprit son parchemin tout en rajustant les lunettes qu'elle portait sur son nez.
 
Amélia eue, par ailleurs, la drôle de sensation que cette dernière les avait déjà repérés, debout devant l'entrée de la grande salle. En outre, elle sentait également que leur présence n'avait pas forcément échappé à l'ensemble des professeurs, y compris le directeur.
 
Amélia commençait à stresser pour son frère, bien qu'intérieurement elle se fichât complètement d'où il atterrirait. Ce qui l'angoissait, c'était comment il évoluerait dans ce monde en guerre dans lequel il ne faisait que ses premiers pas. Elle se promit intérieurement que quiconque le touchait ou lui faisait du mal moralement, le payerait...à ses risques et périls.
 
-  Maximilien Phelps !



Flash-Back, 1er septembre 1991
 
- Amélia Phelps !

La fillette, les jambes flageolantes, sursauta en percevant la voix sévère de ce professeur qui l'avait impressionnée dès son premier discours. Celui-ci avait été effectué dans un local dans lequel ils avaient dû patienter et où des...fantômes étaient littéralement venus se présenter à eux. Amélia en avait encore des frissons.
D'un geste craintif, elle tourna les yeux vers Harry et Ron, petit garçon aux cheveux roux et au visage parsemé de tâches de rousseurs avec qui ils avaient fait plus ample connaissance dans le train les emmenant vers l'école.

C'était bien mieux de se faire répartir par un chapeau magique que de se battre avec des Dragons ? N'est-ce pas ?
 songea l'enfant en ayant peur de se ridiculiser... Et si après tout...elle n'était pas à sa place ici... Et si c'était comme à l'école primaire ? Elle ne voulait pas décevoir sa maman et son papa, et s'ils étaient fâchés de la maison où elle atterrissait ? Et si elle allait chez ces Serpentards ? Ils lui avaient paru tellement méchants dans le train, elle ne voulait pas finir avec ce Malefoy qui lui avait semblé si imbu de lui-même ...

Le petit garçon gringalet lui sourit, ce qui lui donna le courage d'avancer timidement vers l'estrade. Elle monta la petite marche avant de s'asseoir maladroitement sur le petit tabouret qui se présentait à elle. Au bord de la nausée, l'enfant crispa ses mains contre les bords du siège, totalement angoissée alors que le choixpeau magique lui retombait sur le visage, la plongeant dans le noir absolu.

- Oh... oh, chuchota une petite voix à son oreille quelque peu surprise. Je n'ai pas beaucoup d'hésitation avec toi. Hum oui... il est tellement rare d'y voir des... hum. Le choixpeau s'arrêta comme s'il se devait d'éviter de révéler certaines choses. Serpentard... qu'en dis-tu ?
- Non ! chuchota Amélia d'une petite voix, épouvantée que ce choix puisse sortir de la bouche du Choixpeau. S'il vous plait, pas Serpentard. Monsieur le chapeau, je vous en prie. Où vous voulez, mais... pas Serpentard.
- Pas Serpentard ? Pourquoi cela ? Tu y ferais de grandes choses, comme...tes prédécesseurs. Tu as toutes les qualités requises pour y atterrir, tu cherches à te prouver, tu obtiens facilement ce que tu veux, je le sens... Tout est dans le sang aussi, hum... Tu es rusée... hum oui...
- Non attendez, murmura l'enfant Je ne veux pas aller avec eux. On m'a dit qu'ils étaient mal, je ne suis pas méchante. Je ne suis pas rusée..., marmonna-elle en ne connaissant pas encore très bien la signification de ce mot.
- Crois-tu à toutes ces idioties, petite fille ? Je ne crois pas. C'est le seul endroit où je te vois... tu es le Matching parfait pour cette maison... vraiment. Penses-tu ne pas l'être ? Tu ne te connais pas encore bien, enfant, tu le verras en grandissant...
- Mais...mais... s'il vous plait, murmura Amélia, la mine pale. Et Poufsouffle, Serdaigle, Gryffondor... Rien... rien ne me va ?
 
Le choixpeau lança quelque chose qui ressemblait fortement à un gloussement.
 
- Têtue, n'est-ce pas ? minauda le Choixpeau. Tout le monde possède les qualités prônées par les différentes maisons qui sont enfouies dans chacun d'entre vous... Certaines sont simplement incroyablement plus exacerbées que d'autres... Je ne laisse généralement le choix à l'élève que s'il y a une possibilité pour qu'il puisse réellement se retrouver dans une autre maison... Ce qui n'est pas ton cas. À quoi servirai-je sinon ? Tout le monde me demanderait de le mettre ici et là... et ce n'est pas pour ça que Godric Gryffondor et Rowena Serdaigle m'ont créé ! Je ne fais que mon travail...

Amélia, aveuglée par le chapeau magique, sentit son estomac se retourner dans tous les sens. Que diraient sa maman et son papa ? Et s'ils se fâchaient pour avoir atterri dans cette maison ? Les larmes lui piquèrent les yeux. Le choixpeau était-il fou ? Savait-il réellement lire dans un esprit ? Il devait faire erreur, une incroyable erreur.

- Je pense au contraire que tes parents seraient très fiers de toi, répondit le choixpeau qui semblait avoir lu dans ses pensées. Cette maison te permettra de te prouver, de mettre ta ruse à l'épreuve, tu en ressortiras grandi, crois-moi. Mon choix est fait, Amélia... SERPENTARD !

Alors que les élèves de Serpentards l'applaudissaient sans pour autant encore connaître son présumé statut de sang, le professeur McGonagall lui ôta le choixpeau et lui fit signe de se lever afin de rejoindre ses nouveaux camarades de classe.

Elle n'osa pas regarder les personnes se trouvant autour d'elle. Les cris des élèves lui paraissaient lointains alors qu'elle descendait l'estrade d'une démarche ankylosée pour rejoindre sa maison sous le regard abasourdi de son ami, Harry Potter, et celui inquiet du directeur -ce dernier s'était redressé sur son siège avec intérêt dès le moment où le nom de l'enfant avait été prononcé par le professeur de métamorphose.

Fin du Flash-back
 

Elle cligna des yeux revenant à la réalité alors que Maximilien -qui venait de marcher timidement vers l'estrade- était maintenant entre les "mains" du choixpeau magique. Harry glissa doucereusement sa main dans celle de son amie, la pressant avec calme. Leurs yeux figés sur ce vieux chapeau qui avait eu, fut un temps, leur futur entre ses « doigts ».

- IL VAUT MIEUX... POUFSOUFFLE !

La dernière des tables à leur droite applaudit bruyamment. Amélia se joignit à eux. Sous l'effet de l'euphorie, elle se surprit même à crier un « bravo Max » ce qui fit retourner les visages de quelques élèves vers eux avec un regard surpris. Elle s'en ficha et continua à siffloter dans la joie et la bonne humeur.

Harry la suivit dans son engouement. Maximilien, sautillant pratiquement sur place, sembla chercher quelqu'un du regard. Ce quelqu'un, il la trouva rapidement. Le petit garçon sembla pris entre le fait de lancer un regard noir à ses deux membres de la famille et éclater de rire face aux pitreries des deux adolescents qu'il entrapercevait de loin avant de froncer les sourcils, se demandant probablement pourquoi aucun des deux ne portait l'uniforme scolaire.

Maximilien finit par rejoindre ses camarades qui lui serrèrent rapidement la main en guise de salutation. La répartition reprit ainsi son cours et se termina bientôt ; le dernier enfant réparti se retrouva à Serpentard.

- Et bien... on dirait qu'on était... tous les deux dans le faux et qu'on a perdu notre pari... en duo, remarqua Amélia. Quand j'y réfléchis, ça ne m'étonne pas tant que ça qu'il soit là. Il y est parfaitement sa place.
- C'est vrai, avoua Harry en souriant, et si on essayait de trouver nos mots de passe respectifs afin qu'on puisse aller rapidement se changer et venir souper et... bien sûr féliciter le nouveau sorcier de la famille ?
- Bonne idée. On va d'abord trouver Élisabeth pour mon mot de passe, marmonna Amélia. Je vois sa tête au fond de la table d'ici. Et ensuite, on va demander à Ron ou à Hermione juste après... qui, je sens, au vu du regard qu'elle nous lance à l'instant, ne va pas tarder à nous réprimander, fit l'adolescente, blasée. Déroule la cape pour qu'on puisse passer inaperçu...
- Certainement pas, fit brusquement une voix doucereuse. Tiens, tiens, tiens... Potter et Phelps, encore en vadrouille. Comme c'est... si peu étonnant. Le professeur Flitwick m'a fait part de votre escorte par miss Tonks. Je suppose que vous pensiez qu'arriver habillés façon moldu en plein milieu de la répartition ferait... son petit effet. Sans compter le fait que vous avez littéralement échappé aux questions des aurors pourtant imposées à chaque élève... continua l'individu, suavement. Potter, 50 points en moins, et cela est valable pour vous, Phelps. Vous n'établissez décidément que des records peu... enjolivant...

Les poils du dos d'Amélia se hérissèrent en comprenant que son « adorable » professeur Rogue et directeur de maison se trouvait tout juste derrière eux. Il était là, la voix moqueuse, portant des vêtements noirs ajustés à une cape de la même couleur qu'il avait toujours abordée d'aussi loin qu'elle s'en souvenait. Ses yeux noirs laissaient entrapercevoir une lueur victorieuse que l'enfant aurait bien voulu lui faire ravaler. Ses cheveux gras mi-longs et noirs encadraient son visage cireux. Au grand déplaisir d'Amélia dont une fureur sans nom s'emparait de son corps... il ricana.

- Allez donc vous asseoir à vos places respectives afin que tout le monde puisse vous voir. Après tout, c'est l'effet escompté que vous aviez prévu... et tututut sans cape, Potter. Et à VOS places. Il me semble que l'un est à Gryffondor et l'autre à Serpentard, remarqua-t-il alors qu'ils se dirigeaient tous deux à la table des Gryffondors. Amélia avait effectivement la ferme intention de faire venir Andrew et Élisabeth chez les griffons. Elle venait donc de lui faire signe afin qu'elle la rejoigne pour qu'ils puissent souper ensemble. Immédiatement.
- Il me semble que nous avons le droit de manger avec qui on veut... le soir. C'est un fait pourtant présent dans l'histoire de Poudlard, cracha brusquement Amélia. Monsieur, s'exclama-t-elle, venimeuse.

Elle n'avait jamais été aussi contente d'avoir feuilleté L'Histoire de Poudlard, qu'en cet instant. Rien de tel pour lui claquer cela au visage avec certitude. Elle en était fière. C'était un livre que ses deux meilleures amies lui avaient pourtant à plusieurs reprises répété de lire entièrement, ce qu'elle n'avait pourtant jamais fait.

- Je vous conseille fortement de rejoindre votre amie... miss Sharps, ou c'est la retenue qui vous attend, Phelps, menaça-t-il. Et... je doute que vous voulez à nouveau établir un nouveau record de cette envergure...
 
Harry lui fit les « gros yeux » et Amélia décida alors de rester silencieuse. Il était inutile de faire une esclandre dans la grande salle alors qu'elle sentait soudainement le regard bleu électrique de Dumbledore posé sur sa personne. D'un geste rageur, alors qu'elle sentait sa poitrine sur le point d'exploser et... que du sang coulait de nouveau de son nez nouvellement réparé -le sortilège Episkey pouvait avoir quelques petits effets secondaires-, elle se retourna et rejoignit à grandes enjambées Élisabeth qui l'attendait de pied ferme...    

Chapitre 9 : un banquet prévenant by Chrisjedusor

 Grande salle, le 1er septembre 1996, 21h00


Sous l'œil inquisiteur d'Élisabeth, Amélia s'effondra sur le banc avant de prendre par la même occasion une serviette qu'elle recouvra rapidement contre son nez suintant de sang. Elle jeta un regard noir aux Serpentards étant à sa proximité, les menaçant silencieusement que si un quelconque commentaire sournois sortait de leur bouche, c'est sa baguette qu'elle ferait prochainement jaillir de ses vêtements moldus.

-
 Où étais-tu encore bon sang ?!  On a bien cru qu'il vous était arrivé quelque chose, lâcha brusquement Élisabeth avec désarroi. Est-ce que j'ai envie de savoir pourquoi tu te retrouves avec le nez en sang ? Malefoy n'a cessé de se vanter de vous avoir, Harry et toi, bien remis à vos places... Je peux savoir ce que ça signifie ?  interrogea la rouquine devant elle, désespérée. Et c'était quoi cet échange avec le professeur Rogue ? continua-t-elle en la bombardant de questions. Et...
- Non, tu ne veux pas savoir. Mais Harry et moi, on a des choses à vous dire. Plus tard, répondit hâtivement l'adolescente en la coupant dans son élan. Un problème les gosses ? continua Amélia en remarquant pour la première fois qu'elles étaient assises autour de plusieurs enfants d'environ onze voire douze ans et qu'ils jetaient curieusement des regards dans leur direction. Occupez-vous de vos affaires au lieu d'écouter les conversations de vos aînés !

Les quatre petits Serpentards -trois garçons et une petite fille- se hâtèrent de détourner les yeux. Élisabeth haussa les sourcils, mécontente que son amie agresse quatre enfants qui venaient d'être répartis à Serpentard. Au même moment, alors que les drôles de mots prononcés annuellement par Dumbledore «  Nigaud, Gras-double, Bizarre et Pinçon »  furent formulés afin de leur souhaiter un bon appétit, les plats vides se remplirent de victuailles, au grand plaisir d'Amélia qui ne tarda pas à se servir en pommes de terres et roast-beef... Elle ne s'était pas rendu compte à quel point elle était affamée.
 
- Dumbledore a dit quelque chose de particulier avant la répartition ? Et le choixpeau... il racontait quoi avec sa chanson cette année ? interrogea Amélia.
- Qu'on devait rester unis face à l'ennemi, enfin comme chaque année, quoi... Pour le professeur Dumbledore, mis à part les préventions habituelles concernant le couvre-feu et la forêt interdite, non... Mais tu sais qu'il réserve toujours les discours importants pour la fin. La préfète soupira. Est-ce que tu as l'intention de me dire ce qui s'est passé de ta bouche et non de celle de certains de ces crétins ?
- Plus tard, promit Amélia en jetant un œil par-dessus son épaule alors qu'elle entrapercevait, au loin, Harry qui devait certainement subir le même interrogatoire au vu des mines inquisitrices de ses amis Gryffondors qui se trouvaient à la table opposée. Tu crois qu'il va par...parler... Tu sais..., chuchota-t-elle discrètement en se retournant vers elle, du couple noir ?

Élisabeth la jaugea par-dessus ses lunettes et soupira. Amélia, qui continuait de se sustenter tranquillement, attendit calmement la réponse. L'adolescente remarqua pour la première fois que son amie s'était installée à l'extrême opposé d'où se trouvaient Malefoy et sa bande de larbins. La jeune Héritière de Serpentard remercia silencieusement la rouquine. Elle n'aurait pas supporté se trouver à leur proximité sans qu'elle ne puisse évacuer la colère qu'elle ressentait vis-à-vis du blondinet.
 
- Je pense... qu'il va le faire, Amélia, répondit son amie en choisissant bien ses mots. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé avec Malefoy. Elle soupira en portant à ses lèvres un verre d'eau. Mais ne t'attire pas encore des ennuis en cherchant à te venger, lança-t-elle en pointant le mouchoir maculé de sang qu'Amélia rangea rapidement dans la poche de son pantalon. Ça ne sert à rien...

Elles étaient pratiquement au bout de la table, entourées de tous les premières années qui venaient d'atterrir à Serpentard. Ce qui n'était pas plus mal songea l'enfant alors qu'elle remarquait des élèves de la maison se retourner et ricaner en les observant d'un air moqueur, mais elle ignora royalement ces railleries. À quelques mètres d'elle, elle apercevait clairement la longue table des professeurs.
 
Ils étaient tous là. Du professeur Rogue qui venait de prendre place au côté du professeur Chourave, au professeur Burbage qui dispensait le cours d'études des moldus. Elle passa rapidement son regard sur l'ensemble du corps professoral avant que ses yeux ne s'accrochent finalement sur le corps imposant et la barbe hirsute d'un vieil ami... Hagrid. Ce dernier, se sentant observé, ne tarda pas à s'exprimer et lui faire signe avec engouement de la main.
 
L'adolescente ravala un gloussement amusé. Elle lui renvoya discrètement son salut, un petit sourire aux lèvres, alors que son professeur de métamorphose dont le visage n'arrivait qu'à mi- buste du demi-géant lui lançait un regard désapprobateur... Probablement sur le fait qu'il saluait avec enthousiasme une élève de Poudlard.
 
- Oh par Merlin, souffla subitement Amélia en se retournant vers Élisabeth. L'un d'entre vous a décidé de continuer soins aux créatures magiques cette année ? Elle s'arrêta en grimaçant. Hagrid va m'en vouloir, j'arrête ! s'écria-t-elle, embarrassée. Tu continues toi ?

Élisabeth éprouva brusquement le même embarras qu'Amélia. Les joues de cette dernière s'empourprèrent d'ailleurs brusquement alors qu'elle lui répondait négativement de la tête.
 
- Ron, Hermione et Andrew... Ils arrêtent aussi ? demanda l'enfant.
 
Amélia grimaça de plus belle quand  cette dernière lui répondit par l'affirmatif. Elle  ne préférait pas songer à ce qu'allait être la réaction de l'ancien garde-chasse. Lui qui avait toujours été si gentil, voilà qu'ils abandonnaient tous les six cette matière qu'il appréciait dispenser. Elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Après tout, elle n'avait jamais été une grande lumière dans ce cours et puis, ses études ne lui permettaient pas de rajouter cette matière dans son horaire.
 
- Tu es chargée de lui expliquer la situation quand le moment sera venu, lâcha la rouquine, afin de lui dire le pourquoi on ne sait pas mettre son cours dans notre grille horaire, continua la préfète avec un sourire en coin. Et surtout, ne t'avise pas de discuter, Amélia, chuchota-t-elle. Car la prochaine fois, tu te débrouilleras avec ton serpent. Un jour, je vais perdre mon badge de préfète avec tes conneries, menaça-t-elle avec un air qui ne lui allait pas. Tu me dois bien ça. Alors, toujours envie de rouspéter ?
- Tu as pu la libérer discrètement de la cage lors de notre arrivée ? s'inquiéta la jeune fille. Ce n'est pas juste, ça... Tu en as conscience ?
- À ton avis ? persifla la serpentarde. J'allais laisser ma meilleure amie se faire mettre à découvert par les Aurors ? continua-t-elle en roulant des yeux. Ton serpent doit probablement déjà vagabonder dans la tuyauterie à chasser les souris, termina-t-elle en vérifiant que les autres ne pouvaient pas entendre. Donc aucune discussion sur ça Phelps. Les autres sont d'accord avec moi sur le fait que ce soit toi qui dois expliquer la situation vis-à-vis de nos carrières respectives auprès d'Hagrid.
- Que je me... Amélia ravala de travers son morceau de viande. Vous vous êtes mis en commun accord tous ensembles ? fit-elle, éberluée. Pourquoi moi ? répéta-t-elle les yeux écarquillés.
- On a décidé ça pendant que tu dormais dans le train, s'amusa Élisabeth, souriante. Pourquoi ? Elle ricana. On est tous d'accord sur le fait que tu es la meilleure d'entre nous pour tourner facilement les situations à ton avantage. Je suis sûre que tu feras passer ça... comment disent les moldus déjà ? Elle s'arrêta, pensive. Ah oui, voilà ce que disait le professeur Burbage l'année passée... comme une lettre à la poste... Et n'oublie pas que je viens de te sauver la mise, Amélia Phelps. Encore.
- Bande de traîtres, grommela l'adolescente entre ses dents tout en piquant violemment dans sa pomme de terre. Très bien, je le ferai, grogna-t-elle, mécontente. Tu as gagné.

Élisabeth afficha un petit sourire victorieux, tandis qu'Amélia, elle, roulait des yeux. Elle se retourna à nouveau vers la table des professeurs. Surprise, elle remarqua, pour la première fois, le professeur Trelawney qui avait décidé de descendre de sa chambre située dans l'une des tours de Poudlard. Son poing se crispa sur sa fourchette alors qu'elle jugeait l'accoutrement excentrique dont cette dernière était encore affublée.
 
Elle était toujours aussi bizarre qu'à l'ordinaire, avec ses perles, son châle multicolore et ses lunettes qui agrandissaient ses yeux tels des soucoupes volantes. Elle expira un grand coup, alors que ses émotions semblaient vouloir à nouveau partir dans toutes les directions. Il était inutile de se rappeler que cette dernière était celle qui avait 'soi-disant' prédit cette Prophétie qui avait, par ailleurs, fait de sa vie un véritable champ de bataille, ces dernières semaines.
 
Soudainement, elle entendit plusieurs rires moqueurs accompagnés d'applaudissement victorieux. Amélia remarqua des élèves les pointer du doigt. Au loin, Draco était maintenant en train de mimer quelqu'un qui se faisait fracasser le nez... Espèce d'enfoiré..., songea-t-elle. Alors qu'une sensation de brûlure traversait ses entrailles. Elle ne tarda pas à tout lâcher, prête à se lever et à en découdre avec ce crétin. Élisabeth la stoppa dans son élan, l'attrapant par le bras avec poigne, la forçant ainsi à se rasseoir calmement en face d'elle.
 
- Ne les écoute pas, souffla-t-elle. Tu t'es donc vraiment fait casser le nez à ce que je vois... vu ta réaction, murmura-t-elle pour elle-même. Tu...
- Hééé oui, la sang-de-bourbe s'est fait fracasser le nez par Draco. Ce n'est pas beau, Élisabeth ? ricana une voix forte coupant ainsi la concernée. Toujours en train de fricoter avec les impurs qui n'ont même plus aucun respect pour l'uniforme scolaire ?  Pouah, tu n'en as pas marre, Eli ? Il y a de l'ambiance au fond de la table, tu es sûre de ne pas vouloir te joindre à nous ? Là où est pourtant ta place, cousine...
 
Une jeune femme au teint basané venait de bousculer un enfant au côté d'Élisabeth afin de s'installer près de l'adolescente. Cette dernière, ironique, venait de passer un bras autour de l'épaule de la préfète, amusée. Ses lèvres pulpeuses étaient retroussées dans un sourire mesquin. Elle ricana tout en fixant le visage pâle d'Amélia avec ce même sourire complaisant qu'elle garda fermement accroché au coin de sa bouche.
 
À ses côtés, une fille aux allures de garçon manqué se tenait debout à ses côtés. En effet, cette dernière devait probablement faire deux têtes de plus qu'Amélia, disposait de larges épaules carrées et d'une mâchoire proéminente. Amélia l'avait toujours comparée à une version féminine de Crabbe et Goyle. Millicent Bulstrode n'était pas une personne à se mettre sur le dos. Pourtant, l'adolescente ne s'était jamais privée de la titiller dès le moment où elle avait décidé de ne plus se laisser faire à l'âge de treize ans.
 
- Et toi, Greengrass, répondit Amélia sur le même ton déplaisant, toujours accompagnée de ton chien de garde que tu appelles amie ? persifla-t-elle. Je te conseille vivement de t'éloigner d'Élisabeth avant que mon sang impur ne décide d'intervenir.
- Laisse tomber, Amélia, souffla la rouquine en s'éloignant de la sang-pure. Je sais très bien où est ma place, Daphnée. Et elle n'est certainement pas auprès de vous, cousine.
- Un problème, Phelps ? grogna Millicent en claquant ses phalanges. J'suis toute ouïe pour le régler.
- Mmmh... Je n'en doute pas, Bulstrode, vraiment, fit Amélia d'un ton théâtral. Mais tu vois, je n'ai vraiment pas envie de me salir les mains là, maintenant, continua-t-elle en s'essuyant la bouche avec une serviette, alors que je suis en train d'entamer mon délicieux dessert.
- Fais ta maligne le temps que tu le peux, Phelps, siffla Daphnée. À mon avis, tu ne rigoleras pas bien longtemps. Elle s'arrêta dans son monologue. Tu es déshéritée pour être partie comme tu l'as fait du manoir, Élisabeth. Ne te mets pas du mauvais côté de la famille. Il n'est pas trop tard pour te remettre sur le droit chemin. C'est tout ce que je voulais venir te dire, ce soir.
- Je sais parfaitement où je dois me ranger, Daphnée. Et cela se trouve au côté de mon cousin Andrew, de ma tante et de mes amis que tu ne cesses d'insulter depuis six ans. Ils valent tellement mieux que vous. Elle secoua le visage. Je ne suis pas comme vous.

Daphnée se releva, dégoûtée, le tout en remettant une mèche de ses cheveux châtain derrière l'oreille, probablement pour  se donner un petit effet qui ne fit ni chaud ni froid aux deux autres adolescentes. Amélia la vit  s'éloigner avec Millicent. Elle secoua le visage, excédée, avant de s'attarder sur son morceau de tarte à la mélasse qu'elle ne s'était pas gêné d'entamer devant les deux sang-pures.
 
- Je suppose que tu m'autorises à utiliser tous les produits que j'ai achetés au magasin de Fred et George ? taquina soudainement Amélia sur le ton de la conversation. Après tout, je pense que certains méritent vraiment d'en baver... Tu ne crois pas ? Elle gloussa car elle était  amusée. C'est qu'elle se croit vraiment flippante en te glissant des menaces voilées comme ça...

Pour toute réponse, Élisabeth soupira.

- Tu vas encore n'en faire qu'à ta tête je suppose... et moi en tant que préfète, je vais devoir fermer les yeux, n'est-ce pas ?

Les yeux si clairs d'Amélia pétillèrent de malice.
 
- Tout à fait, miss Sharps, approuva l'enfant, taquine. Vous me comprenez tellement vite..., se moqua-t-elle gentiment.
 
Au moment où ses paroles sortaient de la bouche de l'enfant, Dumbledore se leva de son immense fauteuil en or, se situant au centre de la table des professeurs. La jeune fille, malgré la rancune qu'elle éprouvait envers le directeur, était toujours impressionnée de l'effet qu'il provoquait sur les foules. En effet, les conversations et les rires s'étaient instantanément estompés dès le moment où ce dernier s'était levé devant l'ensemble des étudiants.
 
Le mage blanc qui leur souhaita chaleureusement bonsoir écarta ses bras comme si il voulait éteindre tous les élèves à la fois. Amélia roula des yeux. Le moment qu'elle nommait intérieurement 'prévention contre deux mages noirs psychopathes' n'allait pas tarder à faire l'objet d'un discours.
 
Son estomac se noua alors qu'elle fixait maintenant consciencieusement le vieux sorcier. Elle avait peur. Peur d'en entendre parler à voix haute. Peur d'être assimilée à eux. Cette constatation terrifiante l'inquiéta alors qu'elle sentait les yeux du professeur Dumbledore glisser sur sa personne. Elle détourna rapidement le regard, évitant ainsi tout contact visuel direct avec ce dernier.
 
- Qu'est-ce qui est arrivé à sa main ? hallucina Élisabeth avec brusquerie.
 
Amélia fixa sur ce quoi s'attardait probablement l'ensemble des étudiants. La main que Dumbledore leur avait brièvement montrée lors de sa petite promenade nocturne afin de se rendre sur Little Hangleton était toujours aussi noircie et cadavérique qu'elle l'avait été un mois auparavant.
 
Les chuchotements se rependirent alors rapidement de part et d'autre de la salle. En remarquant cela, le directeur de Poudlard se contenta de mettre les mains derrière son dos, avant de sourire et de rassurer les étudiants sur le fait que cela n'était rien d'inquiétant. À d'autres, songea Amélia alors que les paroles du vieux mage sortaient de sa bouche, comment un simple sortilège pouvait rendre sa main dans cet état déplorable ?

La jeune fille jeta un œil, par-dessus son épaule, à la table des Gryffondors. Elle était pratiquement certaine qu'Hermione bombardait littéralement de questions Harry à ce sujet. Elle soupira pendant qu'Élisabeth réitérait sa question avec empressement. Elle consentit à lui répondre.
 
- Sa main...était comme ça quand il est venu nous chercher pour aller chez ce professeur dont on vous a parlé, répondit à voix basse l'adolescente alors que Dumbledore souhaitait la bienvenue aux nouveaux élèves ainsi qu'un bon retour aux anciens. Je pensais qu'après tout, elle serait guérie. Mais...mais... murmura-t-elle, comme je le pressentais, ça semble être plus qu'un sortilège bénin qui l'aurait touché.
- On dirait... qu'elle est morte et séchée, constata Élisabeth avec un certain dégoût alors que Dumbledore continuait maintenant son long discours sur ce qui était interdit au sein du château. Tu pensais à quoi ? demanda la préfète, intriguée.
- Je pense que ça doit être un sortilège qui donne entre guillemets les mêmes symptômes, continua-t-elle avec un air entendu. Un sortilège peu recommandé, si tu vois ce que je veux dire, termina-t-elle avec un air grave.
- Tu n'y penses pas ? fit Élisabeth, les yeux ronds, tout en fixant Amélia par-dessus ses lunettes. Par Mer... pourquoi penses-tu tout de suite à ça ? lança-t-elle avec soupçon.
 
Amélia jeta un œil à gauche puis à droite vérifiant que tout le monde était absorbé par le professeur Dumbledore.

- Les sortilèges qui proviennent de cette branche de la magie sont dangereux, continua-t-elle en haussant les épaules. Ça pourrait être possible, tu ne crois pas ? lança-elle en buvant une gorgée de jus de citrouille.
- ...cette année nous accueillons un nouvel, et par la même occasion ancien, enseignant qui a accepté de reprendre son poste à Poudlard en tant que professeur des potions. Je vous prie d'accueillir Horace Slughorn ...
- Des potions ?
- Des potions ?
- Des potions ? s'étrangla Amélia en ravalant son jus de travers. C'est quoi cette affaire, encore !

L'annonce venait de créer bons nombres d'interrogations dans les regards. L'adolescente fixa, ébahie, le professeur Slughorn qui venait de se lever afin de se présenter. Son crâne dégarni brillant à la lumière des chandelles et avec une main posée sur son ventre bedonnant, il hocha légèrement son corps vers l'avant afin de saluer l'assemblée d'élèves qui se trouvait devant lui.
 
- Tu n'avais pas dit que ce professeur serait le nouveau professeur de défense contre les forces du mal ? interrogea la sang-pure avec intérêt.
- Je croyais, mais...
- Le professeur Rogue sera votre professeur de défense contre les forces du mal cette année...
- PARDON !?

Amélia venait de cracher le liquide qui se trouvait dans bouche. Abasourdie par cette annonce inopinée, elle venait d'hurler ces dernières paroles qui se répercutèrent entre les rumeurs indignées qui s'élevaient maintenant dans la vaste salle. Révoltée, elle fixa la table des professeurs, réfléchissant hâtivement sur une quelconque information que Dumbledore aurait dite concernant la spécialité d'enseignement de cet homme. Rapidement, elle se rendit compte qu'il n'avait effectivement rien laissé filtrer à ce sujet.
 
Les seuls à être heureux par cette nouvelle étaient, sans surprise, les Serpentards qui n'hésitaient pas à laisser exulter leur gaieté, applaudissant et tapant des mains sur la table avec ferveur. Le professeur Rogue ne daigna pas se lever quand son nom fut appelé, comme s'il était trop digne de se mettre debout. Il se contenta de laisser vagabonder son regard noir sur l'ensemble des élèves, et exécuta un simple geste nonchalant à l'adresse des Serpentards qui l'applaudissaient. Amélia était sûre de distinguer une lueur de victoire quand elle croisa ses sombres pupilles.
 
- Tu sais quoi, Élisabeth ? grogna impitoyablement Amélia, ses yeux lançant des éclairs. Au moins, on sait que ce poste est maudit, si tu vois ce que je veux dire. Personne ne reste à ce poste plus d'un an. Soit les professeurs deviennent séniles, soit il y a des imposteurs, soit il y a des morts. Personnellement, fit froidement l'adolescente, une lueur écarlate apparaissant dans ses prunelles, j'opte pour l'option meurtre cette année !
Amélia Phelps ! s'offusqua Élisabeth en fixant les visages des gamins qui les entouraient. Ne dis pas de telles choses ! Et calme-toi, ce n'est pas grave !
- Tu rigoles ? Ce crétin qui ne cesse de me rabaisser depuis la première année est professeur de défense ! Matière que j'adore ! Oh par merlin, ce n'est pas vrai. Dumbledore tient sérieusement à faire ça ? Moi qui croyais m'en débarrasser après n'avoir récolté qu'un effort exceptionnel en potions... et merde ! cracha Amélia en tapant du poing sur la table, faisant sursauter le petit garçon blond à ses côtés. Et pour ton information, je suis très calme.
- Ce n'est pas vrai, fit Élisabeth en fronçant les sourcils. Dis-toi que... d'aussi loin que je m'en souvienne, tes émotions se sont toujours matérialisées par une lueur écarlate voire un changement de couleur total de tes yeux, chuchota-t-elle. Bien que ce truc soit complètement flippant quand ça arrive, il est inutile de mentir. Tu es en colère, alors calme-toi avant que les gens ne se posent des questions.

Amélia lui lança un regard noir alors que Dumbledore intervenait au même moment en s'éclaircissant la gorge. Un brouhaha insoutenable s'était après tout élevé autour d'eux. Le silence retomba au bout de quelques minutes. La jeune fille ne savait pas encore à quel point que la réaction de ses amis avait été, pour certains, aussi virulente que la sienne.
 
- Nous devons parler de choses plus importantes maintenant. Comme vous le savez Lady et Lord Voldemort ainsi que leurs partisans sont à nouveau en liberté et se renforcent de plus en plus. Des sorcières et des sorciers se rallient à eux sur les divers continents...

Le silence se fit lourd, pesant. Une atmosphère électrique se fit ressentir tout autour d'eux alors qu'Amélia continuait de fixer haineusement celui que les élèves appelaient régulièrement : la terreur des cachots. Comment une chose pareille avait pu se produire ? Lui qui affectionnait tant ce poste, pourquoi l'avait-il obtenu après toutes ces années ? Amélia qui régulait sa respiration et l'irritation qu'elle ressentait brusquement songea, à son grand désarroi, que ces cours n'allaient certainement pas être une partie de plaisir cette année.
 
Perdue dans ses pensées moroses, elle n'écouta que d'une oreille les explications que Dumbledore entreprenait sur les consignes de sécurités et le pourquoi des aurors seraient toujours présents dans l'enceinte du château. En réalité, elle le faisait exprès. Elle n'avait aucune envie de l'entendre parler de ses assassins. C'est pour cela qu'elle se contenta de faire la sourde d'oreille et de s'intéresser inutilement à son assiette en or posée devant elle avec un intérêt des plus ridicules.

Elle était gênée de scruter le professeur Dumbledore qui enchaînait maintenant  des explications sur le fait qu'il était important de se soutenir mutuellement en ces temps de guerre. Après tout, elle venait de sentir à plusieurs reprises le regard bleu du directeur glisser sur sa personne et franchement, cela la mettait mal à l'aise ; d'autant plus qu'un sentiment de culpabilité s'insinuait en elle au fur et à mesure qu'il prononçait son discours.
 
Elle ne revint à la réalité qu'au moment où le son des raclements assourdissant des bancs arriva à ses oreilles, signe que les dernières paroles du directeur les avaient intimés à se rendre dans leur dortoir respectif. Les élèves présents commencèrent alors à se diriger vers l'entrée de la grande salle à pas pressés. Élisabeth pressa la main d'Amélia, qui était irrémédiablement égarée dans ses songes.
 
- Ça va, Emmy ? interrogea-t-elle, soucieuse. Je vais devoir aider les préfets de cinquième et de septième année dans leurs tâches. Ce que Malefoy n'a visiblement pas l'intention de faire, grogna-t-elle pour elle-même en remarquant qu'il se dirigeait vers la sortie sans se soucier de ce qui l'entourait. Je suppose, elle sourit brusquement, qu'Harry et toi allez rapidement faire un petit coucou auprès de ton frère ? Tu le féliciteras pour son entrée chez les Poufsouffle. Elle gloussa. Tiens, voilà justement un garçon à lunettes qui se dirige par ici... Je te laisse avant que cela ne soit le foutoir à peine arrivé à la salle commune.
- Oui, oui, ça va, fit hâtivement Amélia. Effectivement, je vais rejoindre mon frère. Amuse-toi bien avec ces mini Serpentard, se moqua-t-elle. Tu ne veux pas que je fasse un petit discours de bienvenu aux gamins ?
- Oublie cette idée, Amélia, cracha Élisabeth. Ça a suffi une fois, l'année passée. Inutile de les tétaniser !
- D'accord, d'accord, fit Amélia, levant les mains en signe de rédemption. C'était juste pour s'amuser, mais surtout pour qu'ils restent à leur place. Ils restent des Serpentards, après tout !
- Bien, fit la rouquine, suspecte. Et n'oublie pas, je veux des détails sur le comment tu t'es retrouvé avec le nez cassé !

Alors qu'Amélia roulait des yeux avec ironie, Harry, les cheveux partant dans tous les sens, tentait de se faufiler maladroitement entre les élèves. Amélia avait effectivement l'intention de rejoindre son frère avant que l'un des préfets de Poufsouffle ne l'emmène vers sa salle commune. Élisabeth s'éloigna dans la foule après un bref signe de la main, ordonnant aux premières années de la rejoindre auprès des autres préfets.
 
- C'est terrible, lâcha brusquement Harry, furieux, une fois arrivé à sa hauteur. Rogue professeur de défense contre les forces du mal !? Et tu as vu, Malefoy ? On aurait qu'il s'en fichait complètement du discours du professeur de Dumbledore !

L'adolescente se retint de lui dire qu'elle n'avait pratiquement rien écouté du discours du directeur et qu'elle avait encore moins fait attention à ce petit blondinet alors qu'ils se dirigeaient tous deux vers la sortie de la grande salle.
 
- Ne me parle surtout pas de ça, Harry, soupira la Serpentard, écœurée. Dumbledore est de plus en plus fou... Essayons de trouver Max plutôt !

Harry la fixa, conciliant.
 
- Hermione te prévoit, à mon avis, un sermon mémorable pour, je cite : une des pires imbécillités que tu aies eue en tête ! lança-t-il, désolé. Ron approuve totalement, bien que ça a fini à notre désavantage, fit Harry en grimaçant. On se rejoint tous devant les escaliers avec Andrew en attendant que certains aient accompli leur devoir de préfets... Mais oui, rejoignons Max. Il doit nous attendre à l'entrée de la grande salle, comme on le lui avait dit.
- Pourquoi ça ne m'étonne pas ? soupira Amélia. Et franchement, grogna-t-elle, j'ai eu bien pire comme idées, termina-t-elle en secouant le visage. Tiens... le voilà quand on parle du loup ! lança-t-elle, souriante. FÉLICITATION A MON PETIT FRÈRE CHÉRI !
 
Amélia ne fit pas attention aux quelques têtes qui s'étaient retournées vers elle. Maximilien les attendait, bousculé par quelques étudiants qui se dirigeaient vers la sortie. Le petit garçon, bien qu'heureux, avait fermé ses bras autour de sa poitrine, tentant en vain de lancer un regard noir à ses aînés, ce qui n'eut pas vraiment l'effet escompté.
 
- C'était pas drôle ! bouda Max. Pourquoi vous m'avez dit que je devais me battre avec un dragon ? Je vais te le faire payer, Amélia, tenta-t-il de sa voix fluette en pointant un doigt vers sa sœur. C'était méchant ! Et... et... et... c'était pas drôle, répéta l'enfant à court de mots.
- Ne te la tente pas Serpentard, petit frère. Tu ne vas rien me faire payer du tout ! sourit-elle alors qu'elle se trouvait maintenant en face de lui et lui tirait les joues comme elle le faisait si souvent quand ils étaient tous les deux. Et c'était drôle ! Elle soupira. Franchement, Max, tu crois vraiment que je... qu'on t'aurait laissé affronter un dragon, seul ? Je ne prendrais jamais le risque de te faire courir un tel danger.

Elle ébouriffa alors les cheveux châtain de son frère qui grogna dans sa barbe inexistante.

- Mis à part ça, entama Harry en se frottant les mains, comment as-tu trouvé ta première soirée dans la grande salle ? Et ton voyage dans les barques ? Et que penses-tu d'Hagrid et du professeur McGonagall ? continua-t-il en passant un bras par-dessus son épaule.
 
Le petit garçon, bien qu'il ait prévu de rechigner contre eux, ne put s'empêcher de sourire à pleine dent, une étincelle nouvelle apparaissant dans ses yeux gris si semblables à ceux de Catherine Johnson Phelps. Changeant radicalement de comportement, son engouement naturel par rapport à ce qui l'entourait prit le dessus sur ses intentions de bases. D'un geste nonchalant, il commença son récit, enjoué. 
 
- C'était trop génial. Le château est gigantesque de dehors ! Tout était illuminé, c'est cool ! Et j'ai aperçu le calamar géant dont vous m'aviez parlé. Hagrid disait qu'il est très gentil. Lucy qui était avec moi dans la barque a failli tomber, mais je l'ai rattrapée par le bras. Elle est avec moi à Poufsouffle en plus ! continua-t-il, égayé. Hagrid est vraiment grand. Il a sorti plein de trucs rigolos de son long manteau, fit-il, impressionné. Et...

Ils étaient maintenant arrivés dans le hall d'entrée là où tout le monde prenait des directions différentes afin de se rendre dans les salles communes. Sur l'une des premières marches d'un des escaliers ,qui «n'en faisaient qu'à leur tête»- Amélia remarqua la présence d'Andrew et de Ronald. Ces derniers discutaient calmement avec leur ami demi-géant.

- ...et les fantômes, ça existe vraiment ! continua Max, émerveillé. Le fantôme de Gryffondor, monsieur Nick, on lui a coupé sa tête quand il était vivant et...
- On sait, Max coupa gentiment Amélia. Je suis fière de toi. Je t'emmènerais à sa cabane pour boire du thé. Je dois, après tout, te le présenter en personne ! Par contre, un conseil quand il te dit qu'une créature n'est pas dangereuse : crois-en TOUJOURS l'inverse. Disons que malgré sa grande gentillesse... il ne conçoit pas le mot dangereux de la même manière que nous, on le perçoit. Maintenant, je vais devoir te laisser allez te reposer. Voilà justement Hannah Abbot avec des premières années. Ah oui, tu peux prendre Spike. Je t'emmènerais à la volière pour que tu puisses écrire une lettre par toi-même aux parents... File ! Je t'aime !

Maximilien élargit le sourire qu'il n'avait cessé d'aborder et hocha son visage enfantin avec vigueur. Il étreignit sa sœur alors qu'Harry ébouriffait à nouveau ses cheveux en souriant. Après cela, il suivit du regard la personne que sa sœur pointait du doigt, une jeune fille au visage joufflue et aux cheveux blonds qui donnait des consignes à des petits sorciers. Max trottina alors jusqu'à elle, disparaissant brusquement entre les  Poufsouffles de premières années.

- J'en connais un qui était excité, commenta Harry. Ça ne te rappelle pas notre première année dans ce château ?
- Ouais, souffla Amélia. Je me souviens aussi avoir terminé à Serpentard ce jour-là, murmura-t-elle pour elle-même. Aller, on va près des autres...
- Miss Phelps ! héla une voix dure.
 
Avant qu'Harry n'eut le temps de réagir, le professeur McGonagall, à quelques mètres deux, interpella la Serpentard et lui fit signe de se rapprocher d'elle. Dépitée, la jeune fille jeta un regard en coin à Harry, qui, en guise de réponse, grimaça. L'adolescente se demanda brièvement ce qu'elle avait bien pu encore faire avant de hausser les épaules quelque peu lassée.
 
- Bon et bien, on dirait qu'on se reverra tous demain matin... Qu'est-ce que j'ai encore fait ? soupira-t-elle en secouant le visage. Bonne nuit, Harry.
- Bonne nuit, Amélia, fit le jeune Gryffondor, étonné. Dis-moi ce que le professeur McGonagall te voulait, termina-t-il en l'embrassant sur la joue. Et surtout, dors bien !

Harry se dirigea alors vers leurs deux amis et le demi-géant. Amélia tourna alors les talons et se rapprocha auprès de la directrice des Gryffondors, qui la détailla de haut en bas avec cet air sévère qu'elle abordait toujours sur son visage. L'adolescente, gênée, sourit d'un air contrit, comprenant rapidement qu'elle n'avait toujours pas revêtu son uniforme scolaire.
 
- Bonsoir professeur, commença Amélia, les joues écarlates. Vous vouliez me voir ?
- Bonsoir Miss Phelps. Elle secoua le visage, pointant le parchemin enroulé qu'elle tenait dans sa main vers sa tenue vestimentaire. Je n'ai pas envie de savoir dans quelle situation  monsieur Potter et vous-même étiez encore, lança-t-elle d'un air qui en disait long, mais le professeur Dumbledore vous attend dans son bureau à l'instant, alors allez-y, soupira-t-elle, découragée. Le professeur Dumbledore aime les sucacides, Miss Phelps, sachez-le.

L'adolescente se retint de rouler des yeux devant son professeur de métamorphose. Elle avait complètement oublié que le directeur de Poudlard l'attendait de pied ferme dès la rentrée à l'école. Il n'aurait pas pu attendre un jour de plus ? Cela était-il si urgent ? songea-t-elle en n'ayant aucune envie de se retrouver face à ce dernier. Elle crispa ses poings, agacée, alors que la directrice de Gryffondor la jaugeait par-dessus ses lunettes, intriguée.
 
- Bien, hum... Eh bien, c'est une longue histoire, tenta d'une petite voix Amélia. Je... je... me rends de ce pas auprès du professeur Dumbledore, murmura Amélia. Bonne soirée, Madame.
-Bon retour au château, miss, accorda l'ancienne Gryffondor avec un petit sourire pincé. Je sais à quel point vos vacances ont particulièrement été mouvementées, pensez à vous reposer !

Amélia sourit. L'adulte n'était pas forcément avare de compliments, mais savait y faire dans les moments propices. Bien sûr, l'attaque du pont Brockdale avait fait le tour des journaux, il était donc logique qu'elle soit au courant. Après tout, Harry Potter, dit l'élu, se trouvait sur les lieux du crime. Cela n'était donc pas passé inaperçu du côté des sorciers. Elle hocha le visage, avant de tourner les talons. Quelque chose lui disait que cette fin de soirée n'allait pas forcément être de tout repos. 

 

Chapitre 10: Une entrevue houleuse by Chrisjedusor

Les couloirs de Poudlard, le 1er septembre 1996, 21h05 


La jeune fille traversa rapidement les nombreux couloirs éclairés par des torches et décorés par des statues accoutrées d'armures qui se retrouvaient dispersées dans l'ensemble du château. Les cadres accrochés aux murs la suivaient d'un œil inquisiteur alors qu'elle pressait le pas, prenant un virage à l'intersection d'un couloir situé au septième étage.

Ses yeux croisèrent quelques retardataires qui se pressaient de rejoindre leur dortoir respectif, probablement peu envieux d'avoir affaire aux préfets dès leur première soirée au sein de Poudlard. Amélia bifurqua dans un nouveau couloir et s'arrêta brusquement devant une gargouille de pierre auprès de laquelle Amélia devait prononcer le mot de passe qu'avait laissé glisser subtilement la directrice de Gryffondor à la fin de leur conversation.
 
- Sucacide ! grommela la jeune Serpentard.
 
Elle venait de cracher ces mots de mauvaise foi. Quelque chose lui disait qu'elle aurait dû faire semblant de ne pas avoir croisé le professeur McGonagall. Elle n'avait décidément aucune envie de se retrouver en face à face avec le directeur. Elle vit  la gargouille s'animer et faire un pas sur le côté, lui laissant la possibilité d'apercevoir les escaliers en colimaçon qui tournaient sur eux-mêmes.
 
Les jambes étrangement tremblantes, elle s'avança et entama la montée des marches. L'ascension vers le bureau lui parut durer une éternité alors que, plus elle avançait, plus son estomac semblait se tordre entre ses entrailles. Enfin, elle aperçut la porte en chêne aux reflets étincelants, qui était affublée d'un heurtoir en cuivre et en forme de griffon.
 
L'enfant déglutit et rajusta son sweat-shirt correctement sur son corps. Elle passa ensuite une main dans ses cheveux ébène tout en essayant de raplatir les mèches bouclées qui vagabondaient librement sur son front, en vain. Elle inspira et expira un grand coup avant de lever le poing et de toquer de trois petits coups stridents à la porte qui s'avérait, par ailleurs, entre-ouverte.
 
Elle fronça les sourcils. Peut-être devrait-elle simplement redescendre ? Cela lui donnait une bonne excuse s'il n'était pas dans son bureau. Après tout, cela n'était pas de sa faute, n'est-ce pas ? Elle chassa rapidement ses pensées de son esprit. Dumbledore savait tout, il était inutile de tenter de lui échapper. Plus vite cela serait fait, plus vite cette entrevue serait terminée et plus vite elle irait se coucher. Elle soupira et rentra dans la pièce, laissant volontairement traîner les pieds sur le sol.

 
~*~

 
Bureau du professeur Dumbledore, le 1er septembre 1996, 21h09
 
L'endroit était à première vue vide. Elle jeta un nouveau regard autour d'elle, se remémorant, tout en laissant échapper une petite grimace,de la première fois où elle était entrée dans cette pièce circulaire alors qu'elle n'était même pas encore âgée de douze ans. C'était au moment où la chambre des Secrets avait été ouverte.

 
Flash-Back,  8 Novembre 1992

- Vous...vous ne me croyez pas coupable, Monsieur ?

La voix d'Amélia chancelait au fur et à mesure que ses paroles sortaient de sa bouche. Elle n'avait jamais été aussi effrayée  de toute sa vie qu'à cet instant précis. Ce n'était pas de sa faute si elle entendait cette voix dans les couloirs. Elle se retrouvait toujours là où elle ne devait pas être, c'est à dire auprès d'élèves ou de fantômes pétrifiés par ce monstre dont personne ne croyait l'existence. C'était 'une légende' selon le professeur Binns. Pourquoi n'était-elle pas restée auprès de ses amis à faire son devoir de potion ? Allait-elle être renvoyée pour des choses qu'elle n'avait pas faites ? Amélia sentit son œsophage se contracter contre sa gorge, alors que les larmes, quant à elles, lui montaient aux yeux. Sa Maman et son Papa n'allaient pas être contents.
 
- Non, Amélia. Je ne te crois pas coupable. Il laissa ses paroles en suspens, la fixant de ses yeux bleus électriques par-dessus ses lunettes en demi-lune. Mais au même titre que je l'ai fait avec Harry, je vais te demander si il y a quelque chose qui te tracasse... Y a-t-il donc quelque chose dont tu souhaiterais me parler ?

Albus Dumbledore attendait impatiemment la réponse de la fillette, tremblotante de la tête aux pieds. Elle qui était si semblable à son père au même âge était pourtant si différente. Ses yeux clairs exprimaient une crainte qu'il n'avait jamais aperçue dans les yeux de ses parents biologiques. Cette dernière jouait machinalement avec la manche de sa robe de sorcier, paniquée.
 
Devait-elle vraiment parler de cette voix dans sa tête, du journal qu'ils avaient retrouvé, de ce don qu'elle possédait et dont Hermione et Ron avaient finalement pu mettre un nom dessus : le fourle... non le fourchelangue, se corrigea-t-elle intérieurement. Ce n'était, après tout, pas normal qu'elle puisse le parler d'après les dires de ses amis. Pourtant, elle ne dit rien de ce qui la tracassait. Cela ne concernait pas le directeur et en vérité, elle était toujours impressionnée par l'homme à la longue barbe blanche qui lui faisait face. Lui dire cela lui faisait donc vraiment peur. C'était pour cette raison que, quand elle entendit de sa bouche qu'il ne la croyait pas coupable, elle ne raconta rien de cela, ne voulant pas attirer inutilement les soupçons sur elle.
 
- Non monsieur, il n'y a rien.

Fin du Flash-Back



Avec un certain dépit, Amélia secoua le visage et sortit de ses songes peu agréables, tout en faisant le tour sur elle-même. Ce bureau ne changeait pas. Des petits bruits étranges éclataient un peu partout dans la pièce, de nombreux instruments plus étranges les uns que les autres traînaient ici et là. Les portraits des anciens directeurs et directrices ornaient l'ensemble de la salle. Son regard tomba sur un meuble en hauteur où se trouvait le choixpeau magique inanimé et elle grimaça de dégoût. Ce dernier avait été le début de beaucoup de choses. Elle détourna donc rapidement ses globes oculaires, refusant que de mauvais souvenirs refassent à nouveau surface dans son esprit.
 
Ses pupilles s'attardèrent brusquement sur le plumage pourpre de la créature qui siégeait sur son perchoir, à côté d'une étagère. Fumseck, le Phénix du professeur Dumbledore, la toisait d'un œil inquisiteur. Un faible sourire orna ses lèvres. Elle avait toujours été impressionnée par cet animal. Ses capacités de guérisons étaient, après tout, extraordinaires. Perdue dans ses pensées, elle s'approcha de la créature dans l'objectif de le caresser, ce qu'elle fit. Fumseck la reconnut  et nicha sa tête dans le creux de sa main lui donnant ainsi  la possibilité de toucher son doux pelage entre ses doigts.
 
- Fumseck t'a toujours appréciée, tu sais, retentit la voix du directeur de Poudlard.
 
Amélia laissa lourdement retomber son bras le long de sa jambe au grand déplaisir du Phénix qui ne tarda pas à réclamer des caresses que la jeune Serpentard ignora dès le moment où la voix du mage blanc était parvenue à ses oreilles. Elle se retourna, cachant par la même occasion sa surprise. Le professeur Dumbledore était assis derrière son énorme bureau aux pieds en forme de serres, les mains croisées, alors qu'elle était sûre que personne ne s'y trouvait, il y avait  de cela quelques secondes. Il avait décidément l'incroyable talent d'apparaître au moment où on ne s'y attendait pas.
 
- Bonsoir, Amélia, continua-t-il en l'examinant par-dessus ses lunettes en demi-lune.
- Bonsoir, Monsieur, répondit l'adolescente avec neutralité.
 
La jeune Serpentard le fixa, blasée. Derrière sa longue barbe blanche, le directeur affichait un sourire chaleureux qu'elle ne rendit pas, se contentant d'agir avec détachement. Elle devait, après tout, garder son calme et ne pas créer de nouveaux débordements.
 
- Vous vouliez me voir, professeur ? continua Amélia d'une voix contrôlée.
- Effectivement, approuva le vieux mage. Je t'avais annoncé que nous devions parler et je pense qu'il est raisonnable de dire qu'il est temps. Il se caressa le menton. Mais je t'en prie, assieds-toi, continua-t-il calmement. Je suppose que je vais devoir faire abstraction du fait qu'il ait dû se passer quelque chose durant ton voyage vers l'école, puisque tu ne portes pas ton uniforme scolaire, n'est-ce-pas ? en déduisit-il.
 
L'adolescente avança d'une démarche ankylosée et s'installa sur le fauteuil moelleux positionné devant le directeur. De mauvaise foi, elle s'enfonça profondément dans ce dernier. Une fois qu'il eut posé sa question dont elle savait pertinemment inconsciemment qu'il connaissait déjà la réponse, elle ressentit de nouveau cette envie de tout briser sur son passage. Il lui avait menti, il savait et il n'avait jamais rien dit. Elle attendait avec ferveur les excuses qu'il allait lui sortir à ce sujet.
 
- Rien d'important, fit l'adolescente avec un soupir. J'avais perdu quelque chose dans le train. Ça a pris plus de temps que prévu. Harry m'a aidé, comme je l'ai déjà signalé auprès du professeur Flitwick, mentit avec aplomb la jeune sorcière.
 
Dumbledore pencha le visage sur le côté et Amélia sut dans la seconde qu'il ne la croyait pas. Cependant, à son grand soulagement, il ne sembla pas vouloir s'y attarder pour l'instant. Dans un geste silencieux, il lui tendit de sa main non blessée, un plateau finement sculpté dans lequel demeuraient des bonbons au citron.
 
Amélia fronça les sourcils puis hésita. Elle n'avait aucunement envie de lui donner satisfaction. Cependant, il était toujours bon de se faire bien voir auprès des adultes qui semblaient un peu trop vous surveiller, n'est-ce pas ? Sans plus de cérémonie, elle accepta, bafouillant un « merci » à contrecœur avant de déballer et de déguster ce bonbon sucré qu'elle venait de mettre dans sa bouche.
 
- Bien, lança Amélia, agacée, ravalant les derniers vestiges de sa sucrerie, de quoi vouliez-vous me parler ? fit innocemment l'enfant, sachant pertinemment de quoi il en retournait. Je ne crois pas que cet écart du règlement soit à l'origine de cette entrevue, ricana-t-elle avec ironie. N'est-ce pas ?
- Je crois, et tu en conviendras, qu'il est important que nous parlions de ce qui s'est déroulé au mois de juin. Vue ton hospitalisation, nous n'avons pu mettre tout cela au clair correctement, ce que je compte faire ce soir.
- Il n'y a rien à dire sur ça, fit brusquement Amélia tout en gigotant sur son siège. Le parrain d'Harry est décédé, vous lui avez menti, vous m'avez menti, vous avez apparemment décidé de contrôler ma vie, comme vous avez également fait exprès de m'amener auprès du professeur Slughorn. Vous saviez que cet homme me reconnaîtrait, vous saviez qu'il reviendrait à Poudlard grâce à vos petites manigances. Il n'y a donc  rien à dire de plus à ce sujet, professeur Dumbledore, continua-t-elle, les muscles soudainement chauffés au fer. Sur ce, je crois qu'il est préférable que je rejoigne mon dortoir car je n'ai rien à vous dire.

Elle ne supportait décidément plus être en compagnie du vieux mage qui continuait de la toiser avec une attention toute particulière. Il la fixait avec tant d'impassibilité, de sagesse et de tendresse, qu'elle commençait à bouillir intérieurement. Il était donc préférable qu'elle sorte immédiatement de ce bureau. Ses mains posées sur ses genoux commençaient déjà à trembler dangereusement, elle ne voulait pas perdre le contrôle. Avec la ferme intention de se lever, elle se rendit compte à son grand désarroi qu'elle était littéralement collée au fauteuil. L'attraction terrestre semblait s'être apposée sur l'ensemble de ses membres sans qu'elle ne puisse y faire quelque chose, elle était victime d'un sortilège informulé.

- Il est inutile de te débattre, je te laisserai partir quand nous aurons conversé, commenta le professeur Dumbledore avec sagesse. Il est important de discuter de ce qui s'est passé durant votre escapade au ministère. Je sais à quel point tu es perdue et en colère et je sais également à quel point ta magie semble... particulièrement secouée depuis quelque temps.
- Laissez-moi partir, professeur ! siffla l'enfant en guise de réplique.
- Non, Amélia, fit Dumbledore calmement. Tu étouffes tes sentiments, tes ressentis, ce qui peut jouer sur tes pouvoirs. Je veux que tu me parles de ce que tu ressens vis-à-vis de cette situation.
 
Elle vit rouge alors qu'elle percevait cette même magie dont parlait Dumbledore s'agiter dans son corps. La rage qu'elle avait accumulée depuis deux mois voulait s'exprimer, sortir, s'échapper. Cela l'étouffait. L'envie d'utiliser la baguette magique qu'elle sentait rouler contre la poche de son jeans se fit vigoureuse. Dumbledore méritait de payer pour ses mensonges. D'un geste brusque, elle tenta de se démêler de ce sortilège, en vain. L'attraction que cet enchantement exerçait sur son corps était puissant.
 
- Laissez-moi partir ! répéta Amélia d'une voix blanche. Cela vaut mieux, je ne ressens rien vis-à-vis de cette situation comme vous le dites si bien.
- Non, réitéra le mage blanc. De plus, ce n'est pas vrai. Tu crois que tout t'échappe, que tu ne contrôles plus rien, tu as peur de qui tu es réellement, je sais ce que tu ressens Amélia...
- VOUS NE COMPRENEZ RIEN DU TOUT ! retentit-elle, furieuse. EST-CE VOUS QUI ÊTES ADOPTÉ ? EST-CE VOUS L'ENFANT DE DEUX MAGES NOIRS COMPLÈTEMENT FOUS ? EST-CE VOUS QUI FAITES PARTIE D'UNE PUTAIN DE PROPHÉTIE ? EST-CE VOUS ENCORE QUI AVEZ FONCÉ DANS LE TAS SANS RÉFLÉCHIR AUX CONSÉQUENCES ? ET VOUS MONSIEUR, OUI VOUS, VOUS SAVIEZ QUI J'ÉTAIS DEPUIS LE TOUT DÉBUT, DEPUIS MA PETITE ENFANCE ! VOUS M'AVEZ MENTI, VOUS AURIEZ PU, COMME LA SI BIEN REMARQUÉ HARRY, NOUS METTRE AU COURANT AU LIEU DE NOUS IGNORER L'ANNÉE PASSÉE. SANS CELA PEUT-ÊTRE QUE SIRIUS SERAIT VIVANT, N'EST-CE PAS ?

Trop tard. L'accumulation de ses émotions qu'elle étouffait depuis plusieurs semaines venait d'outrepasser la soupape de sécurité. Sa magie venait également de déborder, elle l'avait sentie  s'agiter s'agiter avec force dans ses veines avant qu'elle ne s'échappe, faisant exploser de nombreux objets en cendre qui se trouvaient positionnés sur le bureau du directeur. Sans qu'elle ne comprenne comment elle avait réussi cet exploit, elle se retrouva debout, la baguette fermement serrée dans sa main gauche, qu'elle pointait maintenant sur le torse du directeur de Poudlard. Des exclamations outrées fusèrent de nombreux cadres dont celui de Phinéas Black qui ne tarda pas à laisser échapper quelques commentaires peu élogieux sur les jeunes de cette époque.
 
- Vous fermez-là, continua Amélia à l'adresse des cadres trop curieux. Ça ne vous regarde en rien ! cracha-t-elle, furibonde. Quelque chose à dire, peut-être ? ironisa l'adolescente à l'adresse de l'adulte qu'elle maintenait en joug.
 
Elle ne s'était jamais sentie aussi déchaînée. Une veine palpitait dangereusement en dessous de sa tempe alors que son organe vital battait maintenant violemment contre sa cage thoracique. Dumbledore restait là, assis, la sondant avec une sérénité qui exacerba la fureur qui traversait sa chair. Elle avait l'impression que son corps entier brûlait son épiderme. Elle n'avait jamais éprouvé une telle colère, une rage qui semblait réellement agir sur son flux magique.
 
- C'est bien... Evacue toute cette colère. Je ne t'empêcherai pas de m'attaquer comme je te sens sur le point de le faire. Je m'attendais à ce que cela se déverse sur moi, je l'ai, après tout, amplement mérité, fit-il sereinement. Cependant, la colère que tu ressens ne doit pas se transformer en haine, comme je la sens grandir en toi, en ce moment même. Il est important que tu te calmes, que tu te contrôles. Tu ne veux blesser personne.

Elle hallucinait. Il restait calmement assis derrière son bureau comme si tout ce qui se passait n'était pas dramatique, comme si elle ne le visait pas de sa baguette magique. Elle croisa son reflet sur la vitre d'une armoire. Celle-ci lui renvoyait l'éclat rougeoyant qui avait pris possession de ses pupilles clairs. Cela eut le don de croître la fureur qui parcourait son corps. Après tout, de qui tenait-elle cela ?

- Arrêtez de faire comme si cela n'était pas quelque chose de sérieux, fit Amélia d'une voix éraillée par la colère. Vous ne savez pas si je veux vous blesser ou non, cracha-t-elle froidement. Vous n'avez pas à faiblir alors que j'ai ma baguette pointée sur VOUS ! De la haine ? Mais je vous en veux, je vous en veux pour tout ce que je vous ai dit précédemment, mais aussi pour toutes les autres choses qui vont avec ! Comme le fait que vous avez écrit une gentille lettre que vous avez déposée avec moi, adressée à mes parents, leur mentant... mentant sur ma véritable filiation, leur mentant sur le fait que j'étais la môme de deux tarés. Que diront-ils quand ils apprendront la vérité ? ILS ME HAÏRONT !
Vous avez également fait exprès, qu'Harry et moi grandissions si près l'un de l'autre, n'est-ce pas ? Après tout, ça vous assurait -avec plus de chance- une certaine tranquillité à cause de cette Prophétie, n'est-ce pas ? Afin que moi aussi JE NE DEVIENNE PAS UN MONSTRE ! Et finalement, oui finalement, vous me détestez depuis le début, n'est-ce pas, professeur Dumbledore ? Ne croyez pas que je n'ai pas remarqué à quel point j'ai toujours eu droit à une attention toute particulière de votre part ! Et puis... et puis, s'embrouilla Amélia, JE M'EN FICHE DE TOUT CELA !

Son long monologue qui était sorti de sa bouche sans qu'elle ne s'en rende compte , trop aveuglée par la colère, lui donna une certaine légèreté qui lui enleva le poids qu'elle ressentait sur les épaules. Sa langue passa sur ses lèvres devenues engourdies et sèches en terminant le flot de paroles qui venait de sortir de sa bouche. Elle venait de donner un violent coup de pied sur le fauteuil dans lequel elle était assise quelques minutes plus tôt et dans lequel ses pouvoirs s'étaient probablement manifestés, lui donnant la force nécessaire pour se libérer du sortilège dont elle avait été la cible.

- Ce que tu dis me blesse profondément, Amélia. Je ne te déteste pas comme tu sembles le penser et tu n'es certainement pas un monstre. Il soupira avec tristesse. Au contraire, je pense que tout cela te fait beaucoup de mal. Tu souffres et c'est ce qui me prouve que tu as des sentiments. Tu as besoin d'être encadrée et non 'surveillée' comme tu penses l'être. Regarde à quel point la colère a pris possession de toi. Il faut que tu apprennes à contrôler ses pulsions... Chose que Tom n'a jamais réussi à faire.
Tes parents t'aiment pour ce que tu es et non à cause du sang qui coule en toi. Crois-tu qu'ils te rejetteraient pour cela, une histoire de sang ? Il est vrai que cela était l'erreur d'un vieil homme, pensant qu'il était préférable d'omettre ces faits, mais il m'étonnerait fortement que Marcus et Catherine te détestent pour des choses dont tu n'es pas responsable. Pour le fait qu'Harry et toi avez été déposés sur Surrey ensemble, cela est encore une fois, la décision d'un homme qui pensait effectivement bien faire. Je ne vais pas nier cela.
- SI C'EST CELA LES SENTIMENTS, JE NE VEUX PAS EN AVOIR ! NE ME COMPAREZ SURTOUT PAS À LUI ! NE...NE FAITES SURTOUT AUCUN LIEN ENTRE LADY ET LORD VOLDEMORT AVEC MOI ! LISEZ SUR MES LÈVRES : IL.NE.SONT.PAS.MES .PARENTS !

D'autres instruments se brisèrent en morceau et s'éparpillèrent sur le sol au moment où les derniers mots de l'enfant avaient été prononcés. Le bureau du directeur tremblait, mais ce dernier restait paisible comme si il s'était visiblement attendu à ce que cette situation devienne si intense. Amélia avait du mal à respirer correctement, et se sentait soudainement fiévreuse. Elle chancela, baissant brusquement la baguette qu'elle tenait dans sa main, la lâchant sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle avait mal, la douleur qu'elle ressentait intérieurement la faisait tellement souffrir. Dumbledore avait raison, ce n'était pas juste. Elle n'avait rien fait pour mériter la situation dans laquelle elle se retrouvait empêtrée.
 
Elle s'effondra à même le sol. Bien sûr qu'elle ne voulait blesser personne, elle avait réagi exactement comme elle ne craignait le faire... violemment. Sans crier gare, elle éclata en sanglots. Elle referma ses jambes contre sa poitrine, prise d'une crise d'angoisse et une violente nausée lui prit la gorge. Elle était effrayée et encore une fois, Albus Dumbledore avait raison. Aveuglée par sa vision brouillée de larmes, elle ne vit pas le directeur se lever et s'asseoir avec une grande souplesse, malgré son âge, à ses côtés. Par ailleurs, il venait, d'un geste de la baguette, de restaurer les débris de verre, fer et toutes autres matières dont étaient constitués ses biens et qu'Amélia avait détruits.
 
- Les sentiments, Amélia, fit doucement le vieux mage, montrent que nous sommes humains, montrent que nous pouvons être triste, heureux, perdu ou encore en colère. Il n'y a aucune honte à les exprimer. Bien entendu comme je te l'ai dit, certaines de tes émotions semblent prendre le dessus sur ta magie. Il est donc important que ta colère ne te fasse faire des choses que tu pourrais regretter par la suite, termina-t-il en pressant de sa main non blessée l'épaule de l'enfant. Ils sont, hélas, par le sang, tes parents. On ne peut  rien changer à cela. Il vit les yeux rougis de larmes si semblables à ceux de sa génitrice le fixer maintenant avec grand intérêt. Je vais te dire quelque chose Amélia, ce ne sont pas nos aptitudes et nos ressemblances qui déterminent qui nous sommes, ce sont nos choix. Tu auras beau leur ressembler physiquement, agir de la même manière qu'ils l'auraient probablement fait à ton âge, tes choix, tes agissements font de toi la personne que tu es aujourd'hui et que tu seras dans le futur.
- Vous... vous croyez ? murmura-t-elle d'une voix douloureuse, la voix coupée par le hoquet de ses sanglots. J'en viens par...mom...moment à me demander si...si j'ai réellement des différences avec eux, confia-t-elle en bégayant. Parfois...par...parfois je me sens tellement en colère, comme maintenant que je n'ai...je n'ai qu'une envie faire des choses qui...qui ne devraient...même pas me traverser l'esprit.
- Je le crois, Amélia, fit Dumbledore d'une voix assurée. Tu viens justement de me prouver par cette confidence à quel point il y a une différence cruciale entre Tom, Lianna et toi. Aucun des deux ne se serait jamais permis de parler de ce qu'ils ressentaient. Tu éprouves également des sentiments forts à l'égard de ta famille et tes amis et tu n'aurais aucune hésitation à les défendre même dans les pires moments. L'amour est la plus puissante forme de magie. Celle qui peut certes nous faire beaucoup de mal durant les moments les plus sombres, mais elle est celle qui nous rend également plus fort lors des moments de bonheur. Ne doute jamais de cela. L'amour nous rend humain, Amélia. Cela n'est pas une faiblesse.

Amélia sentait petit à petit ses muscles se détendre. Brusquement une immense fatigue envahissait ses membres engourdis. Maintenant qu'une « grosse partie » de ce qu'elle gardait intérieurement venait « d'exploser », elle se sentait honteuse d'avoir réagi avec tant de violence et de méchanceté. Elle n'avait rien fait pour se contenir et pourtant, elle percevait au fond d'elle que cela n'était rien, absolument rien comparé à ce qui aurait pu se passer. Sa magie, qu'elle sentait pulser et picoter jusqu'au bout de ses doigts, était dangereuse. Elle l'avait entraperçue. Encore une fois, elle se fit la remarque intérieure que Dumbledore avait s'en doute raison. Et puis, elle avait tant de questions sans réponses...
 
- Monsieur, fit brusquement Amélia d'une voix fatiguée, se calmant doucement, si l'amour nous rend plus fort...est-ce...est-ce que Lord Voldemort aime Lady Voldemort... Je veux dire, ils ne sont pas ensemble pour rien, n'est-ce pas ? Ils doivent s'aimer un minimum, non ? Ce qui les rendrait plus fort... Ai-je raison ? interrogea-t-elle avec curiosité.
 
Dumbledore pencha le visage sur le côté réfléchissant à une réponse appropriée.
 
- Non Amélia, dès l'orphelinat moldu dans lequel ils vivaient, ils étaient déjà de grands manipulateurs pour leur jeune âges. Je me demande moi-même comment ils sont venus à s'associer ensemble alors qu'ils cherchaient toujours à se surpasser l'un l'autre durant leur scolarité. Bien sûr, ils se connaissaient depuis leur enfance, ont toujours été ensemble. Je crois même qu'en quelque sorte, ils se soutenaient mutuellement. Mais ils ne s'aimaient pas. Leur relation malsaine, faute de termes plus adéquats, n'est là que pour assouvir leur dessein respectif, leur pouvoir et leur propre puissance.
- Ils...ils vivaient dans un l'orphelinat moldu tous...tous les deux ? fit l'enfant en grimaçant de cette étrange coïncidence. Le fait que deux sorciers se retrouvent là la rendait quelque peu perplexe, mais elle n'en fit pas la remarque à voix haute.
- Oui, fit-il sans donner plus d'explications. Je pense qu'il est préférable que l'on continue cette conversation de manière plus confortable, lança-t-il avec sagesse. Avec mon vieil âge, sourit le mage blanc, rester dans cette position est... un peu délicat.

Amélia approuva d'un geste de la tête les dires du vieux sorcier à la longue robe pourpre. Elle n'avait pas envie de sourire à sa tentative d'humour, trop dépitée pour avoir ne serait-ce envie de sourire.  Il l'aida à se relever. Les jambes légèrement flageolantes, elle ramassa rapidement sa baguette magique et s'avança vers le fauteuil qu'elle avait renversé et qu'elle remit rapidement sur ses deux pieds avant de s'y réinstaller avec un certain malaise.
 
- Je suis...désolée de m'être emportée, professeur, murmura brusquement Amélia en baissant les yeux sur ses genoux. Je suis désolée d'avoir cassé certains de vos objets... Je n'aurais pas dû réagir comme ça et...
- Tu avais besoin de faire sortir ce que tu gardais en toi  une bonne fois pour toute, autrement que par la réaction première que tu as eue à l'hôpital à mon égard, coupa le vieil homme en l'analysant par-dessus ses lunettes en demi-lune. Tes excuses me touchent vraiment, Amélia. Tu peux en casser autant que tu le souhaites, sourit-il gentiment. De toute manière, j'en ai trop. Je pense de toute façon qu'Harry a dû largement te dépasser dans le domaine de destructions d'objets.

Amélia haussa un sourcil avec interrogation.
 
- Disons qu'Harry a lui-même exprimé sa peine et sa colère quand il est rentré au château après votre escapade au sein du ministère, alors que tu étais pour ta part emmenée à Saint-Mangouste, expliqua-t-il vaguement. Je suppose que tu dois avoir quelques questions auxquelles tu souhaites que je réponde ?
- Oui Monsieur, souffla Amélia. Pourquoi ne m'avoir donc... rien dit ?
- M'en voudrais-tu si je te disais que je voulais te ménager ? Un enfant n'a pas à supporter certaines choses, tu sais... Ce sont certes les excuses d'un vieil homme qui pensait bien faire, mais penser à ton bonheur et à celui d'Harry est resté ma priorité durant toutes ces années.

Amélia analysa le vieux sorcier qui lui semblait plus fatigué qu'à l'ordinaire. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Dans un sens, elle le comprenait ; l'apprendre à presque seize ans était à la limite du supportable, mais à onze ans ? Il avait probablement eu raison, elle était bien trop jeune et à cet âge, elle aurait probablement été brisée plus qu'elle ne l'était déjà. Elle hocha donc le visage, comprenant le fond de sa démarche.
 
- Comment... comment avez-vous eu vent de mon existence? Je veux dire... Comment ai-je fini entre vos mains ? Que faisaient-ils de moi ? Pourquoi suis-je même née ? Pourquoi avaient-ils besoin d'un bébé ? Que veut dire cette Prophétie exactement ? Vous me dites que ce sont mes choix qui déterminent ce que je suis, mais la Prophétie que j'ai entendue, elle disait, si j'ai bien compris, que je pourrais mal tourner. Que mon meilleur ami pouvait me tuer ou alors que c'était nous deux contre eux ? Je ne comprends pas Monsieur. Harry m'a dit que vous l'aviez écouté de la bouche du professeur Trelawney. C'est vraiment cette femme qui est l'auteure de certains de mes... ennuis ?

Dumbledore venait d'enfouir son visage dans ses longs doigts, montrant à quel point il éprouvait lui aussi des signes de faiblesses en cet instant. Cela déstabilisa l'enfant. Ses questions n'étaient pourtant pas compliquées, elles étaient même très claires.
 
- Ton existence... je l'ai simplement apprise grâce à des espions qui travaillent pour le compte de l'Ordre, commença le professeur Dumbledore en choisissant précisément ses mots. Ton existence, qui paraissait à proprement parlé secrète, ne semblait, d'après ce que je sais, n'être connue que d'un cercle précis de mangemorts. Un département au sein du ministère recherche la moindre information possible sur les mages noirs. C'est d'abord grâce à cela, grâce à ces membres de l'Ordre qui travaillaient dans ce département que nous avons pu en être informés. Il se caressa sa longue barbe blanche pensif. Le soir où ils ont disparu en cette sinistre soirée d'octobre, un raid était prévu au manoir de Little Hangleton afin d'attraper les mangemorts présents dans ce lieu. Lieu où tu te trouvais...
- Attendez ! coupa Amélia les yeux ronds. Je vivais dans un manoir entouré de mangemorts ? Comment ont-ils pu disparaître au même moment ? Je veux dire n'est-ce pas Lord Voldemort qui a attaqué la famille Potter ? Ne m'avez-vous pas stipulé, il y a quelques semaines qu'ils m'utilisaient pour leur dessein ? Je suis perdue ! bredouilla Amélia réfléchissant à vive allure.
- Il y a certaines questions dont je ne puis te répondre, je le crains. Pour ce qui est de t'avoir donné naissance pour t'utiliser, je le crois fortement. Mais ce ne sont que des rumeurs. Comme je te l'ai dit la dernière fois, il reste beaucoup de zones d'ombres qui tournent autour de ta naissance. Ne crois pas qu'ils t'ont eu par amour, ce n'est certainement pas leur genre. Ils sont âgés, la magie noire est certainement à l'œuvre, bien que je me demande toujours comment ils ont voulu réalisé l'exploit de te donner la vie...
Pour répondre à tes autres questions, je pense que tu as compris les grandes lignes de la Prophétie. Il vit l'enfant perdre quelque peu les couleurs de son visage déjà pâle. Je l'ai effectivement écoutée de la bouche de Sibylle, alors que je cherchais un nouveau professeur de Divination. Je la croyais par ailleurs aussi talentueuse que son arrière-grand-mère, mais... il s'est avéré qu'elle était dénuée de tout talent de voyance, jusqu'au moment où je m'apprêtais à partir et qu'elle ait créé cette Prophétie. Je l'ai alors effectivement engagée.
Mais, Amélia, fit doucement le directeur, une Prophétie reste floue. Il y a toujours de multiples façons de l'interpréter. C'est pour cela que je souhaite que tu gardes dans en coin de ton esprit que ce sont tes choix qui créent ta destinée...

Pendant un long moment, Amélia resta silencieuse, ancrée dans ses nombreuses pensées. Une boule à la gorge qui ne voulait définitivement plus la quitter comprimait son œsophage, lui donnant la nausée. Derrière le directeur, au travers des grandes fenêtres entourant le bureau, elle distinguait la demi-lune, haute dans le ciel dégagé, et entourée d'étoiles. La luminosité éclairait  certaines parties du terrain de Quidditch. C'était un endroit dans lequel elle s'était toujours sentie apaisée quand elle n'était pas au mieux de sa forme. Elle songea à ces dernières années, à tous ces événements qui s'étaient déroulés dans sa courte vie. Il était clair qu'elle en avait vu plus que la plupart des jeunes de son âge.
 
- Monsieur, fit brusquement Amélia, au ministère, il y avait cette femme quand les renforts sont arrivés. Harry et moi on essayait de se...de se mettre à couvert, et elle essayait... J'avais l'impression qu'elle essayait de me capturer. Si je me souviens bien, elle s'appelait Do...Doréa, oui, c'est ça. Elle m'a maintenue prisonnière durant quelques minutes quand on était encerclés et...elle m'a demandé mon nom. Mais avant que je ne sois blessée par Lestrange, j'ai eu l'occasion de lui jeter quelques sortilèges et...il me semblait qu'elle me regardait comme si elle avait vu un fantôme. Je l'ai même entendue prononcer mon prénom ! Elle a utilisé un sortilège qui était impossible à neutraliser, pourtant ce n'était que des serpents... Je...je crois qu'elle sait qui je suis. J'ai dû le parler pour...pour sauver la vie de Neville. J'ai dû parler fourchelangue et ça m'a probablement trahie...
 

Flash-Back, Département des Mystères, juin 1996

Elle venait de plonger à plat ventre aux côtés d'Harry, tout en serrant sa baguette qu'elle avait récupérée avec un vif soulagement. Du moins, il lui semblait avoir atterri au côté de son meilleur ami. Pourtant, alors qu'une pluie de sortilèges fusait au-dessus de sa tête, elle remarqua qu'elle l'avait perdu de vue au moment où elle avait roulé sur elle-même pour éviter des sortilèges qui leur étaient destinés.
 
L'ombre des mangemorts qui venait de se dessiner sur le sol délabré venait de se volatiliser dans les airs. Et pour cause, à l'instant même où elle venait d'éviter de se faire toucher par des enchantements, une nouvelle « vague » d'aurors venait de faire une apparition fulgurante devant elle et faisait barrière contre les malédictions qui auraient pu la toucher.
 
Pendant un bref moment, elle se sentit soulagée. Secouée, elle entraperçut la petite sphère responsable du capharnaüm se déroulant autour d'elle. Coincée entre deux morceaux de pierre, elle luisait mesquinement devant ses yeux. Avec pour nouvel objectif  la récupérer, la jeune fille remarqua au même moment les cheveux en bataille d'Harry qui se retrouvait maintenant de l'autre côté d'une petite fosse, en plein combat au côté de son parrain. Soulagée qu'il soit à ses côtés, elle se remit brusquement sur ses pieds, visant les sorciers noirs qui se battaient contre les aurors quand elle en avait l'occasion.
 
- Saloperie de Prophétie, cracha-t-elle.
 
Elle ramassa violemment la Prophétie qu'avait fait tomber Lucius Malefoy en se volatilisant dans l'air, et s'apprêtait à se remettre à couvert. Elle fit brusquement un pas en arrière puis un deuxième... Prise par surprise, ne sachant pas d'où ils provenaient, des dizaines de petits serpents fusaient droit devant elle, laissant sortir leur langue fourchue, et sifflant des paroles comme quoi, elle ferait rapidement un très bon repas. Elle se retrouvait acculée derrière un socle de pierre qui la percuta dans le dos avec force. Elle était coincée.
 
Elle pointa sa baguette sur ces serpents -probablement venimeux- espérant les faire disparaître d'un «  vipera evanesca ». A son grand désarroi, le sortilège ne fonctionna pas. Elle écarquilla les yeux d'horreur quand elle vit Neville, le visage jonché d'hématomes, lui aussi acculé par les reptiles, et couché à même le sol. Paniquée, elle regarda autour d'elle. Aucun sorcier sous le capharnaüm présent devant ses yeux ne semblait les avoir remarqués.
 
- NEVILLE... NEVILLE, REMETS-TOI DEBOUT ! BORDEL DE MERDE ! NEVILLE, FAIS-LES EXPLOSER !

Ajoutant le geste à la parole, toujours aussi éberluée qu'elle n'ait pas réussi à jeter un simple sortilège de disparition, elle jeta cette fois un « reducto » qui n'eut strictement aucun d'effet. Elle ne comprenait pas ; les serpents semblaient hermétiques aux sortilèges. Il ne lui restait qu'une solution en tête : elle devait leur parler.

- Un petit enchantement brillant que sont ces serpents, n'est-ce pas ? fit la voix suave de Doréa en arrivant derrière les reptiles qui l'entouraient. Il aura fallu un temps considérable avant que ce sortilège ne soit efficace, mais tu avoueras qu'il est plutôt réussi, non?

La femme qui venait de réapparaître laissa tomber la capuche noire qu'elle portait sur son visage. Un sourire narquois étira ses lèvres pulpeuses et deux autres mangemorts masqués apparurent à ses côtés dans une fumée noire. Les yeux marron de la mangemort semblaient attendre impatiemment que l'enfant réalise quelque chose qui lui prouverait les soupçons aberrants qui ne cessaient de la tourmenter depuis sa rencontre avec cette adolescente.
 
- Premièrement, tu vas me donner cette Prophétie que tu tiens fermement dans ta main... et deuxièmement, tu devrais te dépêcher d'agir avant que ces serpents ne te blessent, toi et ton ami. Dépêche-toi donc de trouver une solution...
- Je ne vous donnerais pas cette Prophétie, lança-t-elle courageusement. ALLEZ EN ENFER, STUPEFIX !

Bravement, l'enfant venait d'utiliser sa baguette contre les trois mangemorts devant elle, mais son sortilège s'évanouit aussi vite qu'elle ne l'avait prononcé. La peur au ventre, elle vit, alors qu'elle tentait inutilement de monter sur le socle en pierre, évitant ainsi que les serpents ne la touchentNeville allait s'en doute se faire attaquer dans  la seconde. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas les laisser le blesser. Non. Non. Non...
 
- Éloignez-vous de mon ami et de moi ! ordonna Amélia. Maintenant ! siffla-t-elle en fourchelangue. Et disparaissez de ma vue sans blesser une seule et unique personne ! C'est un ordre.

Les serpents se redressèrent à l'unisson en comprenant l'ordre et s'éloignèrent selon les désirs de la jeune Serpentard. Elle vit Neville se redresser difficilement. Courageusement, il tenta  à son tour de lancer des sortilèges sur les trois mangemorts qui entouraient Amélia, en vain. Le jeune garçon venait d'être envoyé avec force quelques mètres plus loin par un des mangemorts masqués. Il fut aussitôt assommé par le coup qu'il reçut à la tête lors de son 'atterrissage'.
 
- NEVILLE ! hurla Amélia. BANDE D'ENFOIRÉS, EXPELLIARMUS !

Son puissant sortilège déstabilisa les deux mangemorts masqués qui valsèrent à leur tour de l'autre côté de l'amphithéâtre, mais la femme, qui venait indubitablement de perdre l'ensemble des couleurs présent sur son visage, bredouilla son prénom en détruisant purement et simplement le sortilège que l'enfant avait également prononcé à son égard d'un geste de la baguette. 

- Qu'est-ce que... C'est toi, fit-elle prise au dépourvue. Amélia ? Je m'en doutais, je m'en doutais. Tu leur ressembles tellement... Comment?
- AMÉLIA ! FAIS ATTENTION !

Perdue et analysant le regard chocolat de la mangemort. Elle était stupéfiée sur place, et aucune des deux ne virent le sortilège de magie noire qui percuta de plein fouet le torse de l'adolescente. Surprise, elle écarquilla les yeux, tomba brusquement à genoux. Tout se passa au ralenti. Sa baguette tomba dans un assourdissement sonore à quelques mètres de sa position, alors que son corps terminait sa course sur le sol.
 
Loin, très loin, elle entendait les cris de terreur d'Hermione qui avait tenté de l'avertir. Ses yeux, humidifiés par la douleur instantanée qui éclatait sur son estomac s'exorbitèrent. Derrière Doréa Clanders était arrivée Bellatrix Lestrange, un air rempli de satisfaction s'affichait sur son visage de folle furieuse mais il ne perdura pas bien longtemps. Sirius Black, sortit de nulle part, commença à l'attaquer avec hargne.
 
Couchée sur le dos,  Amélia fixa le plafond creux qui lui faisait face, ne se doutant pas que la mangemort avait tenté de l'approcher, mais que les aurors avaient finalement pris le devant sur l'ensemble des mangemorts ce qui l'en avait empêché. Le bras tremblant, elle tenta d'attraper la petite sphère qui avait roulé au côté de sa jambe. Alors qu'elle crachait du sang, elle se dit qu'il était préférable que cette chose soit détruite, pour le bien de tous. Elle la détruisit, et une faible émanation des vestiges de la Prophétie s'évapora par le biais d'une fumée blanche. Un mangemort à l'allure bestiale avait vu ce qu'elle venait de faire à la sphère... Amélia recula difficilement sur le sol rocailleux en le voyant s'approcher dangereusement d'elle, s'égratignant les mains au passage. Elle était incroyablement affaiblie. Le mangemort l'attrapa par le col de son pull et la souleva du sol à l'aide d'une seule main, remplie de pilosité. Il était doté d'une force surhumaine. Oui, elle allait probablement mourir ce soir...

Fin du Flash-Back

 
Dumbledore soupira et fixa Amélia avec bienveillance, perdue dans ses songes. Un enfant n'avait pas à supporter de telles responsabilités.
 
- Il faut que tu saches que Doréa était élève en même temps que Tom et Lianna. Il est donc fort probable qu'en faisant partie des premiers mangemorts, elle eut été au courant de ta naissance. Tu n'as pas à t'en vouloir, Amélia. Tu as agi en faisant ce qui te semblait juste, en sauvant ton ami d'une mort certaine et c'est... ce choix qui me montre encore une fois, à quel point tu as un grand cœur. Pour Doréa, tu n'as pas à t'en faire. Tant qu'elle est à Askaban, tu ne risques rien. Tu es en sécurité.
- Mais... monsieur... ils ne se doutent pas une seconde que je ne sois pas morte ?
- Crois-moi, Amélia, ils ne se doutent de rien. Je peux te l'assurer, fais-moi confiance. Ils ne te croient plus de ce monde.
- Comment pouvez-vous en être aussi certain, Professeur ? fit l'enfant, sceptique.
- C'est une discussion que nous aurons une autre fois, Amélia, fit sagement le directeur de Poudlard. Tu en as suffisamment appris pour ce soir. Maintenant, il est important que je te parle des cours particuliers que j'ai l'intention de te donner et dont j'ai déjà parlé à Harry au mois de juin dernier.

Amélia fronça les sourcils.
 
- Des cours particuliers, Monsieur ? demanda prudemment Amélia. Harry ne m'a rien dit, constata-t-elle en plissant les yeux. Il m'en aurait parlé.
- Oui, Amélia. Cette année, nous allons faire un tour dans les méandres du passé. Il est grand temps que vous en appreniez plus. Nous allons analyser ensemble des souvenirs, des souvenirs qui proviennent de ma propre mémoire, mais également de celles d'autres personnes. Il s'arrêta laissant le temps à l'enfant d'assimiler ses dernières paroles. Harry te l'aurait certainement raconté si je ne lui avais pas effectivement fait promettre de ne rien te dire. Je souhaitais le faire moi-même. Ne lui en veux donc pas. Et puis... je pense qu'il y avait d'autres choses d'autant plus urgentes à gérer avant cela.
- Bien, grommela Amélia en songeant au fait qu'elle en toucherait deux mots à son ami. Je suppose... je suppose que c'est important pour la guerre à venir, n'est-ce pas ?
- Effectivement, Amélia. Ils sont d'une importance primordiale.
- Bien, répéta-t-elle, fatiguée. J'en ferai partie, si ça peut aider autant que j'en sois informée.

Elle ne comprenait pas vraiment comment des souvenirs pouvaient s'avérer utiles contre deux mages noirs qui avaient le «  plein pouvoir », mais elle s'abstint de tout commentaires. Une chose était sûre, c'est que le professeur Dumbledore n'avait certainement pas répondu à toutes ses questions, elle le pressentait. Ses yeux analysèrent subitement les cadres qui étaient restés silencieux durant l'ensemble de cette conversation. Ses yeux tombèrent sur la plaque en or où se trouvait le nom d'Armando Dippet, qui n'avait guère pipé un mot durant cet échange, mais qui n'avait cessé de plisser les yeux avec un peu trop d'appui sa personne. Elle se fit la réflexion qu'heureusement pour elle, les cadres ne pouvaient faire de commérages en dehors de ce qui se déroulait dans le bureau directorial. Oui, heureusement pour elle, car elle serait dans des ennuis digne de la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement.
 
- Je pense qu'il est grand temps que je te laisse rejoindre ton dortoir, fit calmement Dumbledore en se levant de son fauteuil. Tu te dois d'être en forme pour ton premier jour de cours. Il avança vers Fumseck qui n'avait cessé de geindre tout le long de leur conversation. Vous recevrez une missive Harry et toi pour ce premier cours dans le courant du mois.
- Professeur ? demanda Amélia en se levant à son tour du siège, comprenant que c'était une invitation à ce qu'elle prenne congé, j'ai rendez-vous au ministère le 29 septembre avec mes parents, suite à ce qui s'est passé sur le pont Brockdale... J'ai...j'ai dû utiliser la magie... Je...je n'ai rien pu faire de plus pour ces gens, vous savez... Je sais que vous savez que nous avions été interrogés par les aurors. Que va-t-il se passer à votre avis ? Vais-je avoir des ennuis ?

Le professeur Dumbledore soupira tristement en caressant le crâne de l'animal avec tendresse.
 
- Vous avez, encore une fois, eu beaucoup de chance, Amélia. Cela a été une véritable catastrophe, il y a eu beaucoup de morts. Il est certes étrange que vous vous soyez retrouvés au même moment, ta famille et toi, sur ce même pont, alors que le chemin de Traverse était attaqué, mais le destin peut parfois s'avérer des plus espiègles. Ne t'en fais pas pour le moment, Amélia. Tu n'as rien fait de mal. Encore une fois, tu n'as cherché qu'à aider. Tu ne pouvais rien faire de plus pour ces malheureuses personnes. Ce qui devait se passer, c'est déroulé. Tu n'as, encore une fois, pas à t'en vouloir. Je serais présent à votre audience. Si cela devait tourner en votre défaveur, je serais là. Il s'approcha de l'enfant qui restait plantée debout au milieu de la pièce, perdue dans ses songes. Va dormir, Amélia. Dors tranquillement. A Poudlard, tu seras toujours en sécurité.

Le vieux mage, qui avait battu Gellert Grindelwald, lui parut si âgé en cet instant, qu'à nouveau elle s'en voulut d'avoir été aussi en colère vis-à-vis de l'adulte. Après tout, il avait juste cherché à la protéger. Dumbledore caressa calmement les cheveux ébène de l'enfant, lui qui s'était promis de ne pas faire les mêmes erreurs qu'avec ses parents continuerait de garder un œil sur elle... pour son bien.
 
- Bonne nuit, professeur, marmonna Amélia en se dirigeant vers l'entrée.
- Bonne soirée, Amélia, répondit-il à son tour. Et... oh, j'oubliais : toutes mes félicitations à ton petit frère pour son admission chez les Poufsouffle. Et bien entendu, à toi pour ton poste de capitaine de Quidditch.

Amélia, qui avait la main posée sur la clinche, se retourna lentement vers le directeur qui venait de lui envoyer un clin d'œil complice. Pour la première fois depuis le début de la soirée, elle sourit.
 
- Vous saviez ce que vous faisiez en me faisant déposer chez Maman et Papa, n'est-ce pas ? Et pour Maximilien, vous saviez dès sa naissance qu'il serait un sorcier, n'est-ce pas ? Elle s'arrêta, pensive. Je suppose que c'est à moi de vous remercier pour cet insigne, monsieur.

En guise de réponse, le mage blanc sourit malicieusement.
 
- Entre nous, Amélia, un petit effet de surprise ne t'a pas fait de tort ?

Amélia sourit de plus belle, se retenant de rouler les yeux. Bien sûr que Dumbledore n'allait certainement pas lui répondre. Elle sortit à ce moment précis de la pièce, le cœur plus léger. Il ne lui restait plus qu'à éviter Peeves, le concierge et les préfets, afin qu'elle puisse rejoindre son dortoir... Demain, une nouvelle année commençait et elle n'allait certainement pas être de tout repos.

Chapitre 11 : Une rentrée mouvementée by Chrisjedusor

Poudlard, chambre des filles de Serpentard de 6ème année, le 2 septembre 1996, 5h43

Le bout de sa baguette magique éclairait les pages de son journal intime. Située en dessous de ses couvertures satinées, Amélia n'arrivait pas à dormir correctement et s'était réveillée à plusieurs reprises au cours des dernières heures. Embrouillé par les nombreuses informations qu'elle avait reçues de la bouche du directeur de Poudlard le jour précédent, son esprit n'avait pas réussi à trouver le repos.
 
C'est pour cela qu'elle avait décidé de sortir de sa malle le livre en cuir que sa mère lui avait offert pour son dixième anniversaire, et un stylo moldu. Cela lui éviterait de tâcher ses draps blancs d'encre noire avec une plume sorcière. Coucher sur le papier ses inquiétudes lui avait toujours permis de vider son esprit.
 
Elle plissa les yeux, concentrée sur sa calligraphie. Ecrire lui permettait d'ordonner ses pensées de manière plus distincte. Son carnet était protégé par un sortilège qui ne permettait d'être ouvert que par son possesseur. Un enchantement qu'elle s'était permis d'amplifier au cas où des petits fouineurs auraient la mauvaise idée de mettre les mains là où il ne fallait pas. À vrai dire, elle n'avait plus écrit dedans depuis cet horrible jour au ministère de la magie mais le ressortir lui faisait donc beaucoup de bien.
 
« ...bien entendu, j'aurai dû m'en rendre compte. J'ai été idiote. Comment appelle-t-on ça ? Le déni, n'est-ce pas ? Ginny a probablement raison, j'ai été aveugle... Aveugle de l'amour que maman et papa m'ont toujours donné... »
 
Son serpent, qui l'avait rejointe dans le courant de la nuit une fois que l'ensemble de ses camarades de chambrées furent endormies, s'était installé sur ses genoux et l'enserrait avec réconfort, fixant silencieusement les faits et gestes de l'adolescente. Amélia releva brièvement son regard vers les deux petits yeux jaunes du reptile avant de poursuivre à nouveau ses écrits, laissant ses doigts dessiner les lettres à l'encre bleu et espérant inconsciemment s'apaiser à l'aide de ses mots couchés sur le papier.
 
«  ...le pire, c'est que je leur ressemble, et la photo que ce professeur m'a montrée est flagrante. C'est sérieusement flippant... C'est limite si je ne suis pas le portrait craché de Tom Riddle, honte à moi... Et dire qu'Harry ne m'avait rien dit suite à cette mésaventure dans la chambre des Secrets, il y a quelques années, préférant se taire sur certains faits... »
 
Amélia sursauta en entendant un bourdonnement grave qui s'apaisa aussitôt. Millicent avait toujours ronflé, d'aussi loin qu'elle s'en souvenait. Elle roula les yeux, désabusée. Certaines choses étaient toujours aussi désespérantes. Pyther lui siffla discrètement quelques mots qui la forcèrent à ravaler le rire qui se forma dans sa gorge. Après-tout, elle n'avait pas tort, il était raisonnable de dire que la serpentarde pouvait être comparée à un Bouledogue bien écumeux.    
 
« ...hum et je fais à l'instant probablement ce que Riddle faisait à mon âge : écrire dans un journal... Je devrais m'abstenir, n'est-ce pas ? Éviter de rajouter des ressemblances à mon actif... Et pourtant, pourquoi le ferais-je ? Si je ne savais pas qui j'étais, je n'arrêterais pas d'écrire dans ce journal. Si je ne savais pas mon identité, je continuerais tout simplement à être qui je suis... Me forcer à être quelqu'un d'autre, est-ce vraiment possible ? Je ne crois pas, je suis qui je suis... »
 
Amélia jeta un œil à la petite montre bleu marine posé sur sa commode et qu'elle avait enchantée pour donner oralement l'heure afin que cette dernière puisse servir de réveil les matins de cours. Les aiguilles indiquaient qu'il était désormais six heures et quart et connaissant sa meilleure amie, elle n'allait certainement pas tarder à se lever. Après-tout, elle était l'une des vingt-quatre préfets élus à Poudlard. Elle devait probablement avoir une réunion de début d'année.
 
Amélia ferma son journal intime et l'entoura des protections habituelles. Il était temps qu'elle aille se préparer. Elle ne voulait pas débattre sur l'entrevue du jour précédent car elle était sûre d'une chose : ses amis allaient probablement la mitrailler de questions. Le calme matinal lui conviendrait certainement mieux que de recevoir une avalanche d'interrogation qui l'irriterait au point d'en être désagréable.
 
- Tu devrais partir maintenant, murmura Amélia à l'adresse de Pyther, avant que l'ensemble du dortoir ne se réveille.
- Tu es sûre que ça va aller, gamine ? interrogea le reptile, en se redressant vers elle. Evite  de t'enfoncer plus profondément dans ta déprime ! Sinon, tu sais parfaitement que je suis sous un sortilège de dissimulation qui ne permet qu'à toi de me voir ?
- Merci Pyther, lança l'adolescente en roulant des yeux, mais je ne déprime pas. Et pour ton information, je préfère éviter tous risques complémentaires. On est jamais trop prudent.
- Si tu le dis, je t'ai connue plus joyeuse. Pour ma part, tu m'excuseras mais il est effectivement l'heure que j'aille chasser les souris, j'ai faim. Et comme je ne peux pas me nourrir d'organes humains, parce que tu me ferais certainement la tête et qu'en plus ça te mettrait dans une position délicate, hum... J'ai vraiment  besoin de beaucoup de souris pour satisfaire ma faim.

Le serpent émit un son semblable à un ricanement sous le rayonnement que renvoyait la baguette de sa jeune maîtresse alors que cette dernière blêmissait à vue d'œil. Ce fut après un « Je blague, relaxe »  du serpent et un « tu te crois, drôle ? » de la part de la jeune Serpentard que Pyther glissa sous les draps de l'adolescente et se dirigea vers la sortie afin de rejoindre les tuyauteries de l'école.
 
Amélia secoua le visage alors qu'elle murmurait un « nox » afin d'éteindre l'éclairage de sa baguette magique. Elle savait parfaitement ce que Pyther tentait de faire : la faire réagir. Cette dernière, par ailleurs, en devenant adulte, avait acquis un certain humour qu'il fallait parfois prendre au second degré. 
 
Elle soupira à nouveau en sortant finalement son corps des couvertures et regarda autour d'elle. L'ensemble des chambrées appartenant à Serpentard étaient sous l'emprise d'un sortilège qui produisait l'effet, qu'au fil des heures, la luminosité verdâtre qui jaillissait dans le dortoir devenait de plus en plus étincelante, permettant ainsi aux élèves de se situer sur l'avancée de la nuit. Malgré qu'elle eut fermé ses rideaux de velours émeraude le jour précédent, des éclats arrivaient à passer et se réfléchissaient sur son visage, l'obligeant à froncer les yeux. Oui, il était décidément temps qu'elle aille s'apprêter avant que la salle de bain ne soit occupée. Ses camarades de dortoir n'allaient pas tarder à se réveiller.
 
L'enfant balança ses deux jambes sur le sol glacé et récupéra rapidement ses pantoufles afin de les enfiler. Elle récupéra son journal et positionna le stylo et la montre sur la table de chevet se trouvant au côté de son lit avant d'ouvrir silencieusement les rideaux de velours émeraude, les mains chargées de sa baguette magique et de son journal intime.
 
Autour d'elle, les cinq autres lits à baldaquin étaient également fermés par les rideaux de velours. Elle ne s'attarda pas sur les autres Serpentard de ce deuxième dortoir, sur les neuf à disposition pour les filles de sixième année en cette nouvelle année scolaire. Elle s'avança calmement vers sa malle, alors que ses yeux tombaient sur une des fenêtres ornées de carreaux et où elle était sûre d'avoir aperçu l'une des tentacules du calamar géant, et sortit tout ce dont elle avait besoin pour sa toilette après avoir rangé son journal.
 
Amélia se redressa et fixa les tentures retirées du lit présent sur son côté gauche. Elle distinguait facilement la silhouette de son amie, les bras qui pendaient dans l'air, endormie. Elle sourit intérieurement. Bien que l'ensemble des produits acquis aux magasins des jumeaux Weasley présents dans sa malle lui fasse de l'œil, il était préférable de rester tranquille. Elle ne voulait pas énerver son amie aujourd'hui et puis, elle aurait tout le temps de faire d'horribles farces à Millicent, Astoria, Pansy... ou encore aux autres Serpentards, sans que sa meilleure amie, alias la préfète, ne soit sur son dos.
 
L'enfant se dirigea donc vers la salle de bain adjacente à son dortoir, en songeant au fait que cette nouvelle année allait sans aucun doute être très mouvementée.


~*~

 

Poudlard, 2ème chambre des  filles de Serpentard de 6ème année, le 2 septembre 1996, 6h58
 
Amélia aspergea vigoureusement son visage d'eau fraîche avant d'appuyer ses deux mains sur le lavabo en marbre émeraude qui lui faisait face.
 
Elle soupira en fixant sa figure laiteuse, déconcertée. Certes, il était après tout préférable de peu dormir que de s'assoupir et de faire d'horribles rêves qui la tourmenteraient inlassablement, mais, avoir une bonne nuit de sommeil, au vue de sa mine blafarde, ne lui ferait définitivement pas de tort. Elle devrait peut-être aller utiliser certaines de ses capacités auprès de madame Pomfresh afin de la forcer à lui donnee une quelconque potion qui la ferait dormir plus tranquillement ? Car hélas, elle n'avait plus de potions qui apaisaient la douleur. Et elle avait pour effet secondaire de la faire dormir. Le docteur Stevens avait décidé qu'elles ne seraient plus d'aucune utilité.
 
Tout en soupirant une seconde fois de lassitude, Amélia mit une dose de crème prescrite par son médicomage attitré sur la longue cicatrice rougeâtre qui barrait son ventre.  La marque était beaucoup moins enflammée et douloureuse que durant ces dernières semaines. Les médicomages avaient vraiment fait des miracles. Avec lenteur, elle étala avec précision la lotion, pensive. La situation au ministère aurait pu être effroyable si elle n'avait pas été soignée à temps, mais tout était pour le mieux et elle pouvait définitivement reprendre, à son grand plaisir, la pratique du Quidditch. 

 
Plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas tout de suite la porte, se trouvant à quelques mètres d'elle, gravée de figure complexes, craquer dans le silence matinal, laissant apparaître la silhouette filiforme de son amie. Elisabeth s'accouda contre le mur à moitié endormie. Ses cheveux roux partaient dans tous les sens alors que ses lunettes étaient, quant à elles, mal redressées sur son nez arlequin.
 
Amélia, se sentant observée, suspendit son geste en la remarquant pour la première fois par le biais du miroir. Un sourire en coin étira ses lèvres en comprenant que de par la vitre, cette dernière dévisageait soucieusement sa cicatrice légèrement boursouflée. D'un geste empressé, elle se dépêcha de boutonner sa chemise blanche en voyant que les sourcils de son amie étaient toujours plissés avec appréhension.
 
- Bonjour Eli, entama Amélia avec un petit sourire ironique. J'espère que tu es au courant qu'on frappe avant d'entrer ? se moqua la jeune femme. Et non, anticipa-t-elle, ça ne me fait plus mal.
- Tu es réveillée depuis longtemps ? fit la rouquine, soupçonneuse. Et arrête de lire dans mes pensées, par Merlin. Et si tu voulais vraiment que personne ne rentre, tu aurais eu l'intelligence de bloquer la porte.
- Pas besoin de lire dans tes pensées pour savoir que tes deux yeux se posaient avec inquiétude sur les vestiges des dégâts causés par des mangemorts, remarqua Amélia qui nouait maintenant sa cravate verte et argent sur sa chemise. Et pour ton information, miss la préfète, je savais parfaitement que tu allais te réveiller avant tout le monde. J'ai donc fait exprès de te laisser la porte ouverte. Elle s'arrêta, la mine pensive. Je crois que ça fait environ deux heures que je suis réveillée, termina-t-elle sur un ton détaché.
 
Pendant qu'elle terminait de se préparer, attachant la cape de son uniforme à son chemisier, elle vit son amie secouer le visage, d'un air désappointée. Cette dernière s'avança dans la spacieuse pièce aux armoiries de Salazar Serpentard et à la décoration ancestrale. Elisabeth sortit quelques serviettes de bains d'une armoire en marbre, s'apprêtant à se rendre dans la baignoire, spacieuse et ovale dont les assemblées de robinets proposaient de nombreux choix d'arômes de savons colorés.
 
Amélia prit enfin l'écusson argenté qui était posé sur le rebord du lavabo et dont la lettre C scintillait fièrement en son centre. D'un geste expert, elle l'attacha à sa cape, un grand sourire aux lèvres. Elle était, dès ce jour, officiellement capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard. Elle sentait que certaines réactions allaient être controversées et intérieurement elle en jubilait.
 
- Tu exultes, Amélia, remarqua Elisabeth qui était arrivée à ses côtés, les serviettes de bains dans les bras. Elle vit son amie hausser un sourcil interrogateur à son égard. Lueur diabolique et écarlate qui vient d'apparaître dans tes yeux, expliqua maladroitement la rouquine. Ce qui veut dire que tu viens de ressortir une émotion plus intensément qu'habituellement, et comme je suppose que ça a un rapport avec le fait que tu sois capitaine...
- , remarqua Amélia sur la défensive, j'ai le droit d'être contente à ce sujet. Je vais pouvoir en remettre quelques-uns à leur place, fit fièrement la jeune fille, un sourire accroché au coin des lèvres. Ce truc m'énerve vraiment, vous apercevez tout à cause de ce...de cette...chose malsaine !
- Je n'ai jamais dit le contraire, remarqua son amie en lui tapotant l'épaule. Evite juste de trop...profiter de ce pouvoir qui t'a été attribué, prévint-elle. Maintenant, raconte-moi pourquoi tu as terminé dans le bureau du directeur dès la rentrée ?
- Dit une préfète qui a de nombreux pouvoirs sur les élèves, remarqua Amélia en se retournant vers elle. Je n'en abuserais pas... Juste pour virer certaines personnes de l'équipe, lança-t-elle en levant les mains en signe de réédition. Ou en fait, je pense refaire une recomposition complète de l'équipe, argumenta-t-elle en réfléchissant, amusée. Il faudra que je mette une date pour les sélections sur le tableau de la salle commune dès la fin de la semaine... Hum, tu sais, discuter de tout ce qui s'est passé en juin, mettre certaines choses au clair avec moi sur mes sentiments vis-à-vis de la situation... Ah oui et apparemment je vais avoir le droit à des cours particuliers en compagnie du professeur Dumbledore. Elle s'arrêta dans son monologue, en voyant son amie se tripoter brusquement les doigts, signe de grande nervosité de sa part. Et je ne t'apprends rien, n'est-ce pas ? Ne me dis pas qu'encore une fois, je suis la dernière au courant de choses qui me concerne ?

Elle plissa les yeux avec suspicion quand elle vit les deux pommettes de son amie rougir.
 
- C'est un concours de circonstances, Amélia, vraiment. Le jour où nous sommes venus passer quelques jours chez tes parents après votre accident sur Londres, Hermione a... et bien posé une question à Harry qui... qui en a engendré une autre ce qui nous a permis de savoir ce que Dumbledore lui avait exactement dit dans le bureau du directeur après être rentré du ministère...
- Sérieusement ? Et tout ça sous mon toit, dans ma maison ? s'enflamma Amélia. Dumbledore a dit de ne rien me dire parce qu'il voulait le faire lui-même, c'est vrai... Mais vous, oui vous, vous auriez pu m'en parler... Mais qu'est-ce que vous avez tous ? Je suis quand même l'une des premières personnes concernées par...par toute cette mascarade !
 
De l'autre côté de la salle de bain, elle discerna facilement que les trois autres Serpentard venaient de se lever et à en juger par les grognements de Millicent et les vulgarités que balançait à tout va Pansy, elles devaient probablement les critiquer sa  son amie et elle-même. Elle s'appuya de nouveau contre le rebord du lavabo en se massant les tempes devenues douloureuses. Quelques objets de toilettes tremblèrent sous sa contrariété et Elisabeth écarquilla les yeux de surprise, ce qui la calma immédiatement.
 
- Je suis désolée, balbutia Amélia. Vous avez raison, je suis à cran. Mais sincèrement, je suis toujours moi, la petite binoclarde d'il y a six ans qui a, certes, terminé à Serpentard, mais qui est, encore une fois, la gamine qui ne savait rien de la magie et qui a été élevée par des moldus. Je suis toujours cette personne qui, en compagnie de Ron et Harry, vous a sauvés la mise, Hermione, toi et ton cousin en première année devant ce troll et... je suis toujours cette fille avec qui vous avez fait les quatre cents coups ces dernières années... Ecoute, je vais prendre mon petit déjeuner, on se retrouve plus tard.



Flash-Back du 31 octobre 1991

Amélia, Harry et Ron venaient d'arriver précipitamment dans les toilettes des filles du premier étage. Une odeur nauséabonde chatouilla les narines des trois enfants alors qu'ils pénétraient dans le centre de la pièce. Ils restèrent tous trois gelés d'horreur vis-à-vis du spectacle épouvantable qui leur faisait face. La créature devant eux était gigantesque et disposait d'une peau grise qui était recouverte d'énormes verrues. D'une de ses énormes mains,  le troll au crâne chauve tenait une énorme massue qu'il laissait glisser sur le sol, laissant apparaître de nombreuses éraflures sur le carrelage.
 
Le troll se retourna brièvement vers eux mais reporta rapidement son attention sur les trois autres petits étudiants tétanisés de peur et recroquevillés sur eux-mêmes qui se trouvaient  cachés en dessous des lavabos que la créature détruisaient à l'aide de sa massue.
 
- Hermione, Elisabeth, éloignez-vous de là ! cria Harry.
 
Harry ne connaissait pas encore le nom du petit garçon présent aux côtés des filles. Amélia avait commencé à ramasser courageusement des morceaux de tuyaux des lavabos qu'elle lançait vainement sur le troll. Avec sa faible force d'enfant, elle n'arriva à rien. Ron et Harry se joignirent dans sa tentative désespérée d'attirer l'attention de ce troll, sans grand succès.
 
- Ohé, gros balourd ! hurla le rouquin.
 
Ron venait, par chance, de réussir à le toucher violemment à l'épaule. C'était avec un grognement rageur que la créature eut enfin l'envie de se débarrasser des trois petits sorciers qui l'importunaient, décidé à les aplatir comme des crêpes. D'un geste lent, il avança d'un pas sonore dans la direction des petits fauteurs de troubles. Alors qu'ils tentaient tous les trois d'atteindre leurs camarades de classe, seul Harry réussit à se faufiler entre les deux immenses jambes du troll adulte, se hâtant vers les trois autres enfants afin de les aider à sortir de là.
 
Durant ce même laps de temps, Ron et Amélia venaient de glisser à terre en tentant de suivre les pas de leur ami. Ils fixèrent tous deux, horrifiés, la massue qui venait de marteler bruyamment le sol, à l'intersection de leur deux petit corps. Figés par la surprise et la chance inouïe qu'ils venaient d'avoir, ils ne virent pas tout de suite que le troll la relevait de terre. Les deux enfants qui se regardèrent, en soupirant à l'unisson de soulagement, durent rapidement de nouveau rouler sur eux-mêmes.
 
- Emmmyyy, attention ! brailla Harry, terrifié.  
 
Un cri d'enfant effrayé résonna dans les toilettes et pour cause, Amélia, qui venait de se remettre sur ses deux pieds, se fit fermement attraper par la cheville, et se retrouva, malgré sa tentative de s'accrocher à quelque chose qui la maintiendrait à terre, le corps à l'envers sur le point de vomir d'effroi. Les mains gigantesques et remplies de verrues de la créature lui enserraient maintenant férocement la jambe par laquelle il la maintenait prisonnière. Elle vit l'un de ses amis s'élancer à toute vitesse et sauter sur le dos du troll sans qu'elle ne sache où il avait atterri sur la créature.
 
Les nombreux cris des enfants exacerbèrent la colère du troll, dont les échos le rendirent de plus en plus aliéné. Les yeux humectés à cause de la position dans laquelle elle se trouvait, Amélia vit vaguement la petite Elisabeth, qui se trouvait dans le même dortoir qu'elle et avec qui elle avait à peine touché deux mots, frapper du mieux qu'elle le pouvait l'un des énormes pieds du troll. Dans un geste désespéré, le petit garçon à ses côtés réitéra le geste de la fillette sur le second pied... sans trop de succès.
 
Le troll hurla soudainement de douleur sans qu'Amélia n'en connaisse la raison. Cependant, elle vit hâtivement qu'Harry était maintenant enserré de la même manière qu'elle  ne l'était depuis quelques secondes, pendu à l'envers, dans une position grotesque. Il croisa son regard, lui aussi tétanisé. Ce fut la première fois qu'Amélia pensa qu'elle allait mourir dans d'atroces souffrances. Fermant ses yeux et effrayée, elle ne perçut pas le duo de « Wingardium Leviosa » que Ronald et le petit Serdaigle, dont le nom lui échappait encore, venaient de prononcer à voix haute sur la massue qui s'éleva dans les airs et se retourna lentement au-dessus du visage de ce monstre puis retomba lourdement sur le troll. La créature vacilla dangereusement et chuta avec un bruit qui fit trembler l'ensemble des fondations de la pièce.
 
Harry et Amélia, entraînés dans sa chute, s'aidèrent à se relever, les jambes chancelantes. Leur visage était jonché d'égratignures et de poussières. La fillette, qui avait décidément bien le vertige après être resté suspendue à l'envers dans l'air, regarda le capharnaüm autour d'eux. Hermione, sur le point de s'évanouir, se releva, chancelante. Elle s'était caché derrière des décombres. Ron et le petit Andrew avaient toujours leur baguette suspendue dans les airs mais ils étaient soulagés. Quant à Elisabeth, elle venait de tomber à la renverse et se massa légèrement l'abdomen suite à un coup reçu par le troll alors qu'il s'étalait à même le sol. Ils se fixèrent tous de l'un à l'autre silencieusement, savourant le fait qu'ils étaient tous sain et sauf.
 
- Vous...vous croyez qu'il est... mort ? fit Hermione, d'une voix éraillée.
- Je ne crois pas, fit le petit Serdaigle, il doit être assommé.
- Tu es ? demanda Ron à l'adresse du Serdaigle qui avait répondu à la question d'Hermione.
- Andrew... Andrew Lewis, je suis le cousin d'Elisabeth, expliqua-t-il calmement. J'ai vu ma cousine qui cherchait Hermione parce qu'elles devaient allez à la bibliothèque à cause du devoir de groupe que nous devons rendre en métamorphose. Je l'ai accompagné dans ses recherches, jusqu'à ce qu'on nous dise qu'elle s'était enfermée tout l'après-midi dans les toilettes. On ne sait pas trop pourquoi... et ensuite on s'est retrouvé coincé ici, pris au piège. Et vous... comment avez vu su ? interrogea le petit garçon.
 
Amélia jeta un regard à Harry qui fixa Ron et tous trois baissèrent les yeux avec honte. Ils savaient parfaitement que ce qui s'était passé à l'instant était de leur faute. Le petit Weasley marmonna quelque chose comme quoi il s'était moqué d'Hermione parce qu'elle l'avait énervé en cours et elle l'avait entendu. Harry grimaça car il en avait ri au même titre qu'Amélia dont les joues avaient considérablement rosi alors que le petit garçon roux continuait de rapporter les faits.
 
- Je suis désolé d'avoir rigolé, lâcha Amélia, rouge tomate. C'était méchant mais on trouvait que tu n'avais été pas très sympa avec Ron..., commença maladroitement l'enfant vis à vis de la Gryffondor.
- Je suis désolé de m'être moqué...moi aussi, approuva Ronald, tout aussi gêné, auprès d'Hermione.
 
Harry récupéra discrètement un objet dans le nez du troll qui était sa baguette magique alors qu'il écoutait ses deux amis proférer des excuses. Il grimaça de dégoût en la levant et remarquant une espèce de colle grise pleine de grumeau. Il l'essuya, dégoûté, sur le monstre.
 
- Mo...moi aussi, je m'excuse... Berk, de la morve de troll.



Hermione, en retour, leur sourit.
 
Elisabeth allait poser une question qui la perturbait depuis quelques minutes en comprenant que la petite fille à Serpentard se trouvant devant elle était amie avec des Gryffondor. Cependant, elle n'en eut pas l'occasion car avec le vacarme qu'ils avaient provoqué, ils entendirentdes pas sonores arriver rapidement dans leur direction et un instant plus tard, apparurent effectivement le professeur McGonagall ainsi que les professeurs Rogue et Quirrell. Quirrell regarda avec ébahissement l'état des toilettes et le troll étalé de tout son corps à terre, pendant que le professeur Rogue vérifiait l'état du troll. Amélia avait indubitablement décidé que regarder le sol était certainement la meilleure des choses à faire quand elle croisa le regard furax du professeur de métamorphose.
 
- Qu'est ce...que s'est-il passé ici ? Que font six élèves de premières années en dehors de leur dortoir...que... Par merlin, expliquez-vous !? Elle s'arrêta et mit une main sur le cœur. Vous auriez pu vous faire tuer, un troll adulte...de...devant des enfants...
 
Aucun ne répondit tout de suite mais la voix fluette d'Hermione s'éleva alors expliquant que si tout le monde était ici, c'était de sa faute car ils étaient à sa recherche. Ils se regardèrent tous avec surprise quand cette dernière mentit au professeur McGonagall afin de les protéger. Tous, excepté Hermione, reçurent cinq points pour avoir -grâce à leur fabuleuse chance- battu un troll d'âge mature.
 
Le professeur McGonagall les congédia après les avoir tous bien informés que le directeur en serait averti. Ils filèrent à l'unisson, et quatre à quatre, en dehors des toilettes.
 
À compter de ce jour-là, les situations sulfureuses se compteraient par dizaines par année scolaire...


Fin du Flash-Back, Octobre 1991


 
Amélia se frotta le visage, épuisée. Elle s'apprêta à sortir, ayant définitivement besoin de quitter les cachots. De toute manière, elle devrait bientôt faire face à son directeur de maison qui lui donnerait son horaire personnalisé puisque ils étaient maintenant en sixième année, ce qui voulait dire que leur choix d'études dépendait désormais des résultats aux BUSE. Il fallait donc qu'elle garde un certain sang-froid vis-à-vis de son nouveau professeur de défense contre les forces du mal. Par merlin, elle n'en revenait toujours pas qu'une telle chose ait pu arriver. Alors qu'elle se préparait à partir, Elisabeth l'agrippa par la manche de sa robe de sorcière...
 
- Je sais et...tu n'es pas seule.

Et pourtant, la vérité, c'est qu'elle ne s'était jamais sentie aussi seule qu'à cet instant précis.


~*~


Poudlard, Grande salle, le 2 septembre 1996, 7h17.

Elle avait habilement évité les représailles des trois Serpentard qui s'impatientaient dans le dortoir. Ces dernières l'avaient quelques peu traitée de toutes sortes de grossièretés. C'était digne des sang-pures qu'elles étaient. Enfin, elles étaient resté tout simplement coites de stupeur quand elles avaient aperçu  l'insigne qu'Amélia portait en dessous de l'écusson de Serpentard.  Cette dernière en avait profité pour se faufiler, après avoir récupéré son sac à bandoulière pour les cours, dans le labyrinthe qu'étaient les couloirs sinueux et humides qui la menait  à la salle commune. Elle était alors en sortit des lieux et avait vadrouillé entre les murs glacials et sombres des cachots.
 
Elle n'avait croisé que peu de Serpentard. Il était certainement encore un peu tôt. Et maintenant la voilà qui petit-déjeunait à une distance raisonnable d'un groupe de quatrième année. D'une main, elle écrivait une lettre à ses parents. Elle irait la poster en compagnie de son frère à la volière à la fin de la journée. Elle espérait apercevoir son cadet avant de commencer ses cours.

 
Une ombre obscurcit la fin du parchemin qu'elle était en train de signer. En relevant le regard, elle remarqua la silhouette élancée du Serpentard qui s'asseyait calmement en face d'elle et un sourire étira ses lèvres.
 
- Phelps, tu es bien matinale. Ça ne te ressemble pas.
- Je te retourne la remarque, Nott.

L'adolescent étira ses lèvres ourlées dans un sourire en coin, laissant apparaître des fossettes sur ses joues creuses où l'on pouvait apercevoir des débuts de poils. D'un geste lent, il se servit un verre de jus de citrouille qu'il porta à ses lèvres, fixant d'un œil intéressé l'insigne de capitaine qu'Amélia portait fièrement sur sa  cape. Il hocha alors son visage vers l'écusson avec amusement.
 
- Je suis sûr que certaines personnes vont apprécier voir ça. Mes félicitations, constata le Serpentard. Tes vacances ?
- Et bien merci. Oh oui, j'en suis certaine, approuva Amélia en roulant les yeux. Hum... et bien disons, mouvementées... et pour ta part, Théodore ?  
- Mouvementées est également le terme adéquat, fit vaguement le Serpentard. J'ai cru voir ça dans les journaux, effectivement, lança-t-il suspicieusement.
 
Théodore Nott était un garçon solitaire qui n'éprouvait pas le besoin de faire partie d'une bande. Bien qu'ami avec les amis de Draco Malefoy, et malgré son éducation de sang-pur, il avait toujours été d'une très grande politesse à l'égard de la jeune fille. Leurs rapports amicaux en public restaient toujours assez formels. Inutile de dire que cela avait créé quelques remue-ménage au sein de l'ensemble de la maison, que ce soit aux yeux des plus jeunes qu'aux yeux de leurs aînés. Cependant, le jeune garçon, libre de ses faits et gestes, se fichait éperdument des réactions autour d'eux.
 
- Oui, je ne crois pas être passée inaperçue sur ce pont. Merci la gazette du sorcier, grommela-t-elle, en roulant des yeux et piquant brusquement dans un pancake. Ton père, je suppose ?
- Mon père et ses manies, confirma-t-il doucement. Au moins, d'après ce que j'ai cru comprendre par le biais de tes lettres, tu vas pouvoir enfin vivre l'un de tes rêves et apercevoir en vrai jouer les Faucons de Falmouth contre les Canon de Chudley, c'est ça ?  Et ce, pendant les vacances de Noël, grâce à ton père et à Potter ?

Les yeux d'Amélia brillèrent de joie en se remémorant cette surprise qu'elle n'avait pu apprécier à sa juste valeur, suite à l'accident qui avait eu lieu sur le pont Brockdale. Celle-ci l'avait attendue sur la table de la cuisine en rentrant de sa visite à Saint-Mangouste et aurait dû la faire exploser de joie. Harry avait vraiment été incroyable en trouvant ces billets à moitié prix. Oui, maintenant que tout s'apaisait un peu, elle songea à quel point son meilleur ami avait été adorable.
 
- Effectivement, Harry a demandé à mon père l'autorisation, et du coup, ils ont été acheté ces billets ensemble grâce à ce gars qui les revendait... Et contre les ennemis jurés de l'équipe, j'ai nommé les Canons de Chudley, oui ! Ronald est un peu jaloux, avoua-t-elle. Je m'en veux un peu, il mériterait de voir son équipe préférée jouer. Mais je pense chercher des billets pour son cadeau de Noël. S'il y a possibilité... ainsi il pourra venir avec nous.
- C'est aimable de ta part de faire ça pour Weasley, affirma-t-il. Où se joue ce match ?
- À Chudley, en terrain ennemi quoi, mais bon, c'est déjà génial comme ça, approuva Amélia, satisfaite.
 
Le Serpentard, aux cheveux mi- longs et sombres qui partaient dans tous les sens, approuva ses dires. Ce dernier se redressa brusquement et fronça les sourcils en fixant par-dessus Amélia, les profils de deux personnes qui passèrent droit devant eux.
 
- Depuis quand Ginevra Weasley te fixe avec tant de... mépris ? J'ai l'impression qu'elle est sur le point de te lancer un de ces sortilèges chauve-souris dont on entend parler avec tant de crainte dans les couloirs de l'école depuis l'année passée, non ?

Amélia se retourna discrètement, le cœur battant soudainement furieusement à la chamade contre sa cage thoracique. Car la silhouette de petite taille de la petite sœur de Ronald la fixait de ses yeux marron. Ils flamboyèrent dangereusement quand ils croisèrent les siens. La rouquine était bras en dessus dessous avec Dean Thomas. C'était un Gryffondor au teint basané et aux cheveux crépus qui semblait sortir avec cette dernière depuis le mois de juin dernier. La rousse marmonna quelques mots à son adresse, tout en continuant de la suivre du regard alors qu'elle s'éloignait bien loin d'Amélia.
 
Une boule se forma dans sa gorge. Elle avait tenté à plusieurs reprises de lui parler, suite aux événements qui étaient à l'origine de cette nouvelle haine à son égard. D'abord par lettres, qui n'eurent aucune réponse au cours de l'été. Ensuite, en essayant de la coincer à plusieurs reprises dans le Poudlard Express, en vain. Même ses amis et son frère n'arrivaient à rien.
 
Ron lui avait cependant juré qu'elle ne dirait rien à personne et de toute manière, Albus Dumbledore lui avait interdit de déblatérer sa haine dans les couloirs de Poudlard. Durant son séjour à l'hôpital, Ronald le lui avait assuré. Cependant, cela ne la rassurait pas pour autant et cela lui faisait beaucoup de mal.
 
- C'est...c'est compliqué, murmura-t-elle, la voix soudainement rauque. On peut changer de sujet, s'il te plait ?
- Si tu veux, lança-t-il, l'air suspicieux. Tu as eu de bonnes notes à tes BUSE d'après tes lettres, mais l'année passée lors de ton entretien d'orientation avec le professeur Rogue, tu avais demandé à faire quoi comme choix d'études ?
 
Amélia, soulagée, consentit à lui répondre, malgré le léger malaise.
 
- Je voulais rentrer au ministère, dans la police magique exactement. Je sais ce que tu vas me dire : pourquoi pas auror ? Tout simplement car j'aurai plus de liberté et... on peut facilement opérer des deux côtés des mondes, tant moldus que sorciers, en étant dans la police magique et... ça me rapproche en quelque sorte de mon parrain et de ma marraine qui sont policiers chez les moldus. Je sais que ça peut paraître sentimental, je ne les ai plus vus depuis deux ans, ils vivent en Amérique maintenant... Bon tu t'en fiches pas mal. Et pourtant, je me souviens que durant ma petite enfance leur avoir dit que je ferais le même métier qu'eux. Bien que...j'aime bien enseigner, je crois. Donc mes choix d'options peuvent aussi me servir à cela, je verrais bien car même cela ce ne sera peut-être pas possible .
- Travailler pour compte de la brigade de la police magique ? Encore une fois, c'est très honorable de ta part, Amélia. Au contraire, je trouve ça très appréciable que tu veuilles suivre cette voie. Je pense également que tu pourrais enseigner, il me semble que tu étais à la tête d'un petit club privé avec Potter l'année dernière... Mais attends, ne viens-tu pas dire que tu voulais « au passé » ?
- Et bien oui, je n'ai eu qu'un effort exceptionnel en potion et la note requise est un optimal pour continuer dans ces options. Et Rogue me l'a bien souligné... Donc en toute sincérité, je suis perdue... Et toi, quelles sont tes options de carrières ?

Amélia vit distinctement la grimace qui orna les lèvres du jeune garçon. Maintenant qu'elle y réfléchissait, elle était déçue d'elle. Elle qui avait tant travaillé pour arriver à ses fins n'aurait pas ce qu'elle désirait et elle n'avait pas été la seule à être déçue. Harry l'était pour les mêmes raisons, tandis que ses autres amis, eux, n'avaient pas vraiment à s'en faire.
 
Elisabeth pourrait aisément devenir médicomage comme elle le souhaitait, Hermione avait élargi ses choix d'études et elle n'était donc pas encore certaine de sa carrière. Mais Amélia était sûre qu'elle irait loin dans la vie. Elle ne serait pas étonnée de la voir finir première femme ministre de la magie. Andrew, quant à lui, voulait être chercheur, trouver des contre-sorts à certains sortilèges qui n'en disposaient pas encore. En tant que Serdaigle et travailleur acharné, elle ne doutait pas en ses capacités. Le seul qui ne savait pas réellement ce qu'il devait choisir était Ronald, qui avait décidé de prendre les mêmes options qu'Harry cette année, sans vraiment songer à son avenir.
 
- Ironie de la chose, je souhaiterais être potioniste, sourit gentiment Théodore, mais vu les temps qui cours, je suppose qu'il faut... vivre au jour, le jour.
- La mère d'Andrew est potioniste, et elle est très douée dans son domaine, affirma Amélia. Ce n'est pas vraiment mon cours de prédilection, je dois l'avouer. Je suppose, fit l'adolescente, hésitante vis-à-vis du sous-entendu.  
- Je sais que la mère de Lewis est potioniste, fit ce dernier avec un petit clin d'œil. J'ai lu quelques articles intéressants écrits de sa main, il y a quelques temps dans un magazine approprié. Hum... on a tous cru comprendre que ton domaine était la défense contre les forces du mal, Phelps. Je crois que l'ensemble des Serpentard, bien qu'ils ne le diront jamais à voix haute, seront d'accord avec moi.
- Le jour où j'entendrais les trois cents et quatre élèves présents à Serpentard... Elle s'arrêta en voyant le sourcil du Serpentard se lever avec interrogation. Oui, selon Elisabeth, on est trois cents et quatre dans notre maison cette année. Les préfets savent tout que veux-tu, je sais beaucoup de choses grâce à ça, continua-t-elle en haussant les épaules. Bref, si tous les Serpentard m'approuvaient, ce serait la fin du monde..., se moqua-t-elle.
- Je suppose qu'elle est en réunion de début d'année avec les préfets en chef, là ? Apparemment, ils ont déjà reçu leurs horaires de la part des chefs de maisons hier soir, juste avant le couvre-feu. C'est, excuse-moi, Draco qui me l'a dit.
- Probablement, lança Amélia qui n'en avait strictement aucune idée. Je suppose qu'elle doit donc effectivement être en compagnie de Malefoy à cet instant. Idem pour Ronald et Hermione.
- Tes amis sont pour la plus part des préfets, ricana le Serpentard, moqueur. Et... tiens, je pense que Lewis essaye de se faufiler un passage avec celui qui... comme j'ai cru le comprendre hier, se trouve être  ton frère ?
 
Amélia regarda de nouveau par-dessus son épaule et un sourire éclaira son visage à la vue d'Andrew, tenant par l'épaule son petit frère qui semblait quelque peu perdu. En le voyant s'approcher d'elle, elle remarqua que sa robe de sorcier semblait maculée de peinture. Ses lunettes en étaient d'ailleurs incrustées. Elle leva donc un sourcil interrogateur vers le jeune Serdaigle qui retenait de sourire malgré sa mine fatigué.
 
- Ton frère vient de faire connaissance avec Peeves, expliqua-t-il. Il se débattait avec un de ses nouveaux amis qui vient de filer à l'instant auprès de son frère aîné, Zacharias Smith. Sinon bonjour ! Nott ! termina-t-il en hochant poliment le visage vers le Serpentard.
 
Amélia grimaça sous le regard compatissant du Serpentard assis devant elle. L'esprit frappeur aimait particulièrement embêter les premières années. Elle sortit rapidement sa baguette de sa cape et nettoya son frère d'un « récurvite » et elle l'incita à s'asseoir à ses côtés. Ses propres mésaventures avec cet être lui restaient particulièrement encrées dans la mémoire. Pas plus tard que l'année passée, elle avait encore reçu quelques bambadouses à la figure de la part de ce petit chenapan.
 
- Merci, Andrew, lança Amélia, tu veux te joindre à nous ? fit-elle poliment. Je t'en prie, petit frère, sers toi. c'est tous les jours le festin ici. Tu as bien dormi ? Mis à part ta rencontre avec ce gentil esprit frappeur, se moqua-t-elle en lui ébouriffant les cheveux. Ne t'en fais pas, tu t'y habitueras.
- On aura tout le temps de parler plus tard, assura le jeune Serdaigle. Le professeur Flitwick distribue déjà les horaires, confia-t-il. Je ferais donc mieux d'aller à ma table, et puis on risque encore de se prendre des remarques si on se mélange. Maximilien devrait d'ailleurs se rendre à la sienne.
- Bien, fit-elle, déçue. Je suppose qu'on se verra plus tard. Si ça pose un problème à quelqu'un qu'il vienne me le dire. Mon frère mange à mes côtés si il le souhaite.
- Toujours aussi imbue de vous-même, miss Phelps ? retentit une voix sarcastique. Décidément vous n'aurez jamais aucun respect pour le règlement. Effectivement, Lewis retournez à votre table. Pareil pour vous monsieur Phelps. Je ne pense pas que la table de Serpentard soit la vôtre.
 
Maximilien, qui s'apprêtait à répondre gaiement à sa sœur malgré sa rencontre avec ce fantôme, ferma directement sa bouche en remarquant l'individu au visage cireux qui lui faisait maintenant face. Instinctivement, il se colla contre sa sœur. Cet homme lui donna directement froid dans le dos. Andrew soupira et obtempéra. À contre cœur, Amélia incita son frère à se lever ; elle qui voulait en savoir un peu plus sur la première nuit de son frère, loin de leurs parents, devrait attendre la fin de la journée.
 
- Rendez-vous après le repas de ce soir, devant la grande salle à dix-neuf heures, chuchota Amélia dans l'oreille de son frère avant qu'il ne se lève du banc, ignorant royalement la remarque méprisante de Rogue. N'oublie pas d'écrire une lettre à maman et papa. Je t'emmènerais à la volière avant le couvre-feu. Travaille bien et profite de cette première journée, termina-t-elle en l'embrassant sur sa joue. File, maintenant. Ah oui, si tu te perds, demande ton chemin, ne sois pas gêné. Va auprès d'un élève plus âgé ou un fantôme.
 
Maximilien approuva les dires de sa sœur, les joues rougies par le fait que cette dernière l'ait embrassé sans gêne devant ce professeur. Il baissa les yeux en passant devant le directeur de la maison Serpentard, trébuchant légèrement de peur en arrivant à sa hauteur. Elle vit ce dernier se stopper à la table des Gryffondor. Apparemment, il venait de remarquer Harry qui la chercha du regard après que le plus jeune lui eut glissé quelques mots. Il la trouva rapidement et grimaça en la voyant en compagnie du professeur Rogue. D'un geste discret, il leva le pouce en signe d'encouragement.
 
- C'est que vous paraîtriez presque touchante !  ricana le sorcier plus âgé. Entre Potter et vous, cet enfant est servi. Enfin, continua-t-il en tripotant les notes qu'il tenait dans ses bras, je suis malheureusement là pour vous donner votre emploi du temps, donc... Sortilège et Défense contre les forces du mal, optimal. Il émit un son méprisant et une remarque qu'elle ne comprit pas. L'adolescente ignora de nouveau ses paroles insolentes. Métamorphose, Histoire de la magie... effort exceptionnel... Potion, ricana-t-il, où vous avez eu également un effort exceptionnel, fit-il avec sous-entendu. Piètre en astronomie, et bien... Troll en divination... Oui, vos exploits concernant cet examen ne sont pas passé inaperçus.   
- Et bien, fit Amélia qui commençait à s'agacer, si un certain professeur méprisant à mon égard avait jugé avec impartialité, au même titre que l'examinateur présent à ses côtés, ma potion de philtre du mort vivant, comme il se devait... peut-être que j'aurai réussi à pouvoir continuer les potions cette année. Malheureusement, il se trouve que je vais devoir changer mes choix de carrières, termina-t-elle théâtralement.
- Votre insolence vous perdra un jour, Phelps, termina-t-il froidement en tapotant sur un parchemin vierge. Sachez que le professeur Slughorn accepte les cancres dans votre genre qui ne savent même pas manipuler une fiole avec un effort exceptionnel. Je suppose que vos désirs de future carrière vont pouvoir se réaliser. Donc, en résumé, vous aurez potion cette année, défense contre les forces du mal, sortilège, études des Runes, métamorphose, botanique, où le professeur Chourave vous accepte de justesse avec votre acceptable, et histoire de la magie. Voilà votre emploi du temps. Vous commencez avec l'étude des Runes, Phelps, qui commence exactement dans vingt minutes. Je vous conseille donc fortement de rejoindre immédiatement la classe du professeur Babbling.

Amélia s'était arrêté sur le fait qu'elle puisse poursuivre les cours de potions. Ses lèvres s'étaient étirées dans un sourire sincère qui ne la lâcha pas. Elle ne remarqua même pas qu'elle avait approuvé, sans s'en rendre compte, les dires de l'adulte. D'un geste automatique, elle se leva du banc, se retenant d'exulter sa joie devant toute la grande salle qui était désormais incroyablement bondée. Le directeur des Serpentard s'était tourné vers Théodore qui venait de lui sourire en retour en apercevant la joie dissimulée de son amie.
 
L'enfant rangea rapidement la lettre qu'elle avait écrite à ses parents dans son sac à bandoulière. Elle devait se rendre rapidement au dortoir, afin d'aller chercher ses manuels scolaires pour les cours de la journée. Aujourd'hui, elle avait : études des runes, défense contre les forces du mal et potion, l'après-midi. Ne se rendant pas compte qu'elle était littéralement en train de trottiner vers la  sortie, elle exprima d'un geste victorieux du bras sa joie. Par merlin, elle était comblée... Après tout, l'année ne commençait pas si mal que ça. Elle écarquilla brusquement les yeux en se rendant compte d'une chose : Harry allait également pouvoir continuer les potions... Et bien voilà au moins un cours qu'ils continueraient tous, comme au bon vieux temps...    

Chapitre 12 : Les Cours à Poudlard by Chrisjedusor

Poudlard, 14 Septembre 1996

Un peu plus de deux semaines s'étaient écoulées depuis la première journée de cours à Poudlard.  Plongée dans ses pensées, Amélia se souvenait parfaitement de la joie qu'elle avait ressentie en apprenant qu'elle pouvait participer au cours de potions.
 
La journée avait débuté par le cours des Runes anciennes. Elle était d'ailleurs actuellement en train de faire des recherches, seule, à une table de la bibliothèque. Il faut dire qu'Hermione pouvait être très persuasive quand elle le voulait : surtout quand cela concernait les résultats scolaires de ses amis. Ce fut pour cela que, suite à un nouveau travail à réaliser par groupe, la jeune Gryffondor l'avait encouragée/forcée à se rendre à la bibliothèque afin de prendre quelques notes de titres d'ouvrages référentiels qui pourraient être utiles. Amélia devait les lui remettre alors qu'Hermione se concentrait sur l'introduction de ce futur exposé.
 
Étant un travail à réaliser par groupe de deux, Élisabeth avait tenu à se mettre avec son cousin. Par ailleurs, Amélia se doutait parfaitement qu'Hermione devait déjà se hâter à la tâche au coin du feu de la salle commune des Gryffondor à ce moment précis de la soirée. 
 
 
Flash-back du 2 septembre 1996
 
Les étudiants de sixièmes années assistaient au premier cours de Runes de l'année et pouvaient incontestablement confirmer que cette année d'études n'allait pas être de tout repos. Le professeur Babbling, après leur avoir servi un long discours sur l'importance des ASPICS qui auraient lieu l'année suivante, les avait par la suite immédiatement conviés à créer des groupes de trois, voire quatre élèves, afin d'entamer la traduction d'un texte runique datant du cinquième siècle. Ceci dans le but de rafraîchir les mémoires sur l'ensemble des matières qui avaient été étudiées l'année précédente. Autant dire que ces écrits à analyser se composaient exactement de plus de quinze pages de parchemins et réunissaient toutes les difficultés possibles qui leur avaient été inculqués.
 
- Rappelez-moi encore une fois comment vous avez réussi à me contraindre de continuer l'étude des Runes cette année ? Après tout, je n'ai eu qu'un acceptable, je ne vais pas réussir à suivre cette année, chuchota Amélia, sur le point de se taper le visage contre la table. Tous ces sigles tordus me donnent mal au crâne... Je devais vraiment être complètement à l'ouest pour accepter ça.

Amélia s'était naturellement installé auprès de ses trois amis afin de composer le groupe de travail. Hermione releva le visage du dictionnaire des Runes sur lequel elle s'attardait en s'arrêtant par la même occasion d'écrire sur le parchemin sur lequel une foule de runes, de schémas complexes, des flèches se rapportant à des parties de paragraphes qu'elle avait écrits, étaient annotés. Amélia eut une nouvelle fois l'envie furieuse de déguerpir de cette salle de classe du premier étage.
 
- Ça, Amélia, ça te servira pour ta future carrière. Que ce soit comme policière ou comme prof, lança Hermione. Et je te rappelle que tu as fait un pari comme quoi tu es parfaitement capable de survivre à ce cours... Si tu pouvais arrêter de râler. Elle roula des yeux. Tiens, rends-toi utile et passe-moi l'abécédaire des Runes juste à tes côtés. Nous allons pouvoir terminer cette deuxième page. Andrew, où en es-tu pour la partie du code de Felley ? Cette partie-là devrait la compléter ! lança-t-elle victorieuse.
 
Le visage conquérant de son amie lui donna envie de sourire. La Gryffondor aimait ce cours, c'était indéniable. Elle fit glisser le livre à la couverture rouge qui se trouvait négligemment posée à ses côtés sous le regard amusé du jeune Serdaigle et de sa cousine, qui était également concentrée sur de nombreux parchemins dispersés devant eux.
 
- Il ne me reste qu'une phrase, Hermione, sourit en retour Andrew. Tu es défaitiste, Amélia, ça ne te ressemble pas, continua-t-il à son tour. Où en es-tu avec ta partie toi ?
 
Amélia jeta un œil à ses propres notes où son écriture inclinée avait été raturé à plusieurs reprises, signe de l'immense difficulté qu'elle éprouvait avec ces parchemins. D'un air contrit, elle grimaça quand elle vit qu'Hermione fronçait les sourcils avec intérêt. Cette dernière s'apprêtait à lui faire une remarque qui fut bien vite interrompue par la voix claire de leur professeur qui annonça la fin du cours et leur demanda de terminer l'exercice pour le prochain cours.
 
- Merci, souffla Amélia, soulagée en se hâtant de ranger ses affaires. Je suppose qu'on se tient au courant pour terminer tout ça ? fit mine de rien l'adolescente, un sourire aux lèvres, n'aspirant qu'à une chose, sortir de cette classe.
- Bibliothèque, demain, après le cours en commun de sortilèges, fit rapidement Hermione en réfléchissant instantanément. N'aspire même pas à te débarrasser de ce qu'il te reste à traduire, même si cela te prend la tête, ça ne fera de toute manière que t'améliorer dans cette matière.

Amélia en croisant les yeux chocolat de son amie comprit rapidement qu'elle ne pourrait pas lui refourguer gentiment ce qui lui restait à traduire...
 
Fin du Flash-Back

Elle se souvenait parfaitement de ce premier cours, le professeur Babbling avait décidé de revoir l'ensemble de la matière de l'année précédente. Amélia avait de réelles lacunes dans ce cours et Hermione avait vraiment tendance à la pousser pour qu'elle puisse donner le meilleur d'elle-même. Parfois, elle regrettait amèrement de ne pas avoir abandonné cette matière, mais finalement, ses amis n'avaient pas forcément tort. C'était pour cette raison qu'elle essayait, malgré sa réticence, d'y mettre du sien, et puis, elle n'avait certainement pas envie de recevoir les foudres de la jeune lionne.
 
La suite de cette première journée avait particulièrement été mouvementée. Se rendant joyeusement au cours défense contre les forces du mal, elle avait rapidement rapporté à Ron et Harry que l'année scolaire commençait en force. Ronald, soupirant de soulagement d'avoir plusieurs heures creuses, avait rapidement déchanté quand Hermione l'avait repris de plus belle en lui stipulant que les heures creuses dans son horaire lui serviraient pour travailler et étudier.
 
Amélia avait rapidement jeté un œil déconfit à Harry, soulignant silencieusement que leur amie lui avait déjà fait les remontrances scolaires annuelles concernant son attitude vis-à-vis de certains cours. Cela juste avant que le professeur Rogue ne décide de les faire entrer dans cette salle de classe qui avait rassemblé de nombreux professeurs avant lui. Amélia avait espéré que ce poste serait encore une fois maudit, vu que son professeur préféré avait eu ce poste qu'il convoitait depuis tant d'années.

Flash-back du 2 septembre 1996
 
La première chose qui marqua Amélia fut la ressemblance frappante de la classe qui était en parfaite adéquation avec l'image que laissait émaner le professeur Rogue. Cette dernière était plus sombre qu'à l'ordinaire, à cause des rideaux qui masquaient les multiples fenêtres. Seules la lueur des bougies allumées laissait entrapercevoir une ambiance tamisée. Des cadres étaient accrochés au mur et ces images laissaient apercevoir des situations horrifiantes. Ainsi, Amélia posa ses yeux sur des photographies où des personnes se contorsionnaient de douleur, exhibaient des blessures extrêmes ou encore des parties de corps étant déformées. Ce fut les yeux perdus dans cette horrible contemplation qu'Harry tira la manche de sa robe de sorcière afin qu'elle s'assoie auprès de lui.
 
- Tout à l'image de Rogue, souffla Harry discrètement à la Serpentard. C'est angoissant ces images...

Amélia n'eut pas l'occasion de répliquer et pour cause, Rogue ne perdit pas de temps et referma la porte derrière lui. Il  se positionna devant la classe, les surplombant de toute sa hauteur. L'ex-terreur des cachots leur intimida de ranger leurs manuels. Amélia sourit, amusée, en remarquant que deux bancs plus loin, Andrew et Hermione laissaient rapidement retomber le leur dans leur propre sac.
 
- Il y a des choses qui ne changeront jamais, souffla Amélia. Enfin c'est bon signe, ça veut dire que l'on va pratiquer et non s'amuser à lire un chapitre du cursus par cours.

Harry approuva rapidement d'un hochement de tête. Le souvenir de Dolorès Ombrage restait, après tout, encore frais dans les esprits. Amélia s'attarda sur le professeur Rogue, la stature qu'il abordait devant eux ne donnait aucun doute sur le fait que celui-ci exultait à l'idée de leur donner ce cours de défense contre les forces du mal.
 
- Je pense qu'il est nécessaire que je vous dise certaines choses...

Les yeux sombres de Rogue s'étaient attardé un instant sur Harry puis sur Amélia avant qu'il ne passe en revue l'ensemble de la classe en commençant un discours typique sur l'importance des ASPICS qui auraient lieu l'année suivante, et ne déblatère sur l'incapacité de ses précédents compères à donner  correctement cours.
 
- Vous vous en doutez donc, le programme des ASPICS sera d'un niveau tout autre au cours de cette année scolaire. Pour vous faire une petite introduction plus élaborée sur les principes des forces du mal, vous devez savoir que celles-ci sont diverses et changeantes. Les combattre demande un travail rigoureux, une attitude irréprochable est de vigueur. C'est comme si vous vous trouviez devant un monstre avec de multiples visages et que vous en coupiez une avant qu'elle ne repousse...
- Rogue parle de ça comme si ça... l'amusait, chuchota Amélia discrètement.
- Comme si les forces du mal lui plaisaient..., confirma Harry, continuant de fixer Rogue et le ton amoureux qu'il employait dans cette introduction au cours.
 
Amélia suivit les images qu'il montrait du doigt, stipulant ce que les effets de tels ou tels sortilèges provoquait sur la victime. Elle frissonna, songeant hâtivement à ce qu'elle avait subi quelques mois plus tôt. Elle passa une main sur son torse, là, où il ne restait qu'une simple cicatrice boursouflée suite à ses dernières frasques au sein du ministère de la magie.
 
- Est-ce qu'on a déjà vu des inferis ? demanda d'une voix aiguë Parvati Patil en se retournant vivement vers leur professeur, faisant virevolter ses cheveux noirs. Et... est-ce qu'ils s'en servent ?
 
Rogue venait de s'arrêter sur une image où une masse ensanglantée gisait sur le sol, inerte. D'un geste vif, il contourna son bureau, se rapprochant un peu plus de ses élèves.
 
- Excellente question... Peut-être que monsieur Potter ou miss Phelps pourraient éventuellement nous éclairer sur la question, puisqu'ils ne cessent tous deux de chuchoter. Je suppose que vous avez quelque chose à dire... Votre avis sur la question, miss Phelps ?

Amélia chuchotait à Harry qu'il était agacant quand elle se redressa brusquement et croisa le regard noir de Rogue. Il les toisait tous deux d'un œil mauvais. Tout les visages s'étant retourné vers eux et l'enfant décida donc de jouer la carte de l'ironie.


- Franchement professeur..., fit innocemment Amélia, comment pourrais-je savoir ce que fabriquent ceux-dont-ne-doit-pas-prononcer-les -noms ? Harry, une idée ?
 
Quelques rires moqueurs accompagnèrent sa phrase, ce qui n'eut pas l'air de plaire à Rogue. Ce dernier lui jeta d'ailleurs un regard qui lui donna froid dans le dos, mais elle n'y fit pas plus attention que cela. Après tout, il la détestait depuis son entrée dans cette école et sa haine avait toujours été plus exacerbée par rapport à celle qu'il l'éprouvait pour son ami d'enfance. Harry ricana sarcastiquement, songeant probablement à une certaine connexion provenant de sa cicatrice.
 
- Absolument pas, Amélia, confirma Harry, scrutant de ses yeux émeraude la réaction de leur professeur. Nous ne sommes pas devin, professeur.

Dans un coin de la classe, Amélia vit Malfoy ricaner d'agacements aux côtés de ses acolytes de toujours, tandis qu'ils reçurent tous deux des avertissements du regard d'Hermione, Élisabeth et Andrew, attentifs aux possibles débordements qu'ils pourraient engendrer auprès de leur professeur.

- Hum, fit Rogue, être imbus de vous-même semble assurément  être une habitude qui n'a pas changé depuis l'année dernière, claqua-t-il sournoisement. Miss Patil, sachez que le seigneur des ténèbres a déjà eu recours à de telles pratiques par le passé...
- Et elle, est-ce vrai qu'elle sait vraiment vous torturer par le biais de l'esprit ? demanda un élève de Poufsouffle d'une voix blanche, se remémorant des histoires qu'on lui avait contées durant son enfance.
 
Amélia remarqua que tout les élèves attendait désormais impatiemment la réponse de l'adulte. Elle fronça les sourcils quelque peu troublée de la tournure que prenait le cours. Etaient-ils obligés d'avoir détourné la conversation vers eux ? Elle voulait en entendre le moins possible sur toute cette mascarade, sur ces crimes horribles qu'ils réalisaient par pur plaisir. Elle avait en plus la certitude que ses amis, éparpillés dans la salle de classe, ne se gênaient pas pour lui jeter des regards de pitié de temps à autre, cela en était agaçant.
 
- C'est exact, monsieur Macmillan, fit d'une voix onctueuse Severus, mais à présent, j'imagine que vous êtes complètement novices en matière de sortilèges informulés ? Lequel d'entre vous sait me dire quel est l'avantage de jeter de tels sortilèges ?

Du coin de l'œil, Amélia vit Ernie Macmillan grimacer d'horreur. La jeune fille ne fut pas surprise de voir que les mains d'Andrew et Hermione s'élevèrent à l'unisson, mais Rogue tenta de les ignorer au premier abord. Il regarda autour de lui afin d'être sûr que personne ne connaisse la réponse. Amélia avait lu quelque chose à ce sujet, mais elle ne dirait rien, bien que cela l'intéressât. Elle ne voulait certainement pas donner l'occasion à Rogue de la dénigrer devant les autres et que de par ce fait, elle ne perde son sang-froid...
 
Fin du flash-back

Amélia secoua le visage, songeant à quel point Severus Rogue pouvait être un idiot en ne reconnaissant pas les capacités de ses amis à leur juste valeur. Le début du cours avait été plutôt calme. Certes, elle n'avait pas pu s'empêcher de lancer une petite pique, mais elle avait relativement bien géré ses humeurs exécrables qui pouvaient se manifester à n'importe quel moment. Alors qu'elle annotait un énième titre sur son parchemin, elle songea à la suite du cours. Il avait quelque peu dégénéré quand ils avaient dû se mettre par groupe de deux afin de pratiquer les sortilèges informulés.
 
 
Flash-back du 2 septembre 1996

Le professeur Rogue venait de répartir les étudiants par groupe de deux afin de pratiquer l'art des sortilèges informulés. L'un des élèves devait jeter un sortilège sans prononcer une seule formule à voix haute. Quant à l'autre, il devait le contrer, toujours sans prononcer un seul mot.
 
Rageusement, Amélia venait de se diriger vers Draco Malefoy qui l'attendait nonchalamment accoudé contre le mur. Rogue savait pertinemment que les relations qu'elle entretenait avec le garçon blond étaient électriques et elle ne put se demander plus longtemps si elle résisterait à la tentation de lui jeter un sortilège de vive voix, surtout après ce qui s'était passé dans le Poudlard Express.
 
- On a peur, Phelps ? nargua Malefoy.
- J'en tremble ! ricana Amélia, se délectant, après tout, de pouvoir se défouler sur le sang pur.
 
Ils mirent tous deux leur baguette vers leur visage avant de l'abaisser prestement vers le bas. Amélia fixa cette dernière avec délectation. Le font plissé et les sourcils froncés, elle fixait sa baguette magique avec une telle intensité que ses yeux lui brûlèrent. Elle leva vaguement les yeux vers l'adolescent. Celui-ci l'observait du coin de l'œil, se moquant silencieusement de la voir se concentrer afin de prononcer un sortilège informulé. 

Concentre-toi, confringo,songea l'adolescente. Tu déplaces bien les objets par la pensée parfois....
 
- Tu ne tentes même pas de te préparer pour ta défense quand le sortilège arrivera tout droit vers ta petite tête aux cheveux gominés ? lança Amélia, ironique.
- Ah... parce que tu comptes réussir, Phelps ? se moqua le sang pur. Mais dis-moi, ça va ? Tu arrives à te concentrer ? Après tout, après avoir eu le nez cassé, tu devrais avoir des difficultés à respirer...
 
Amélia le fusilla du regard. Répondre était inutile et cela ne ferait que l'irriter. De plus, elle avait décidé de rester discrète. Du coin de l'œil, elle observa donc la classe. Les bancs et les tables avaient été déplacés sur le côté. Amusée, elle vit Ron murmurer un sort à voix basse et il se dirigea rapidement vers son adversaire, Daphnée Greengrass. Cette dernière tomba à la renverse, sur les fesses. À vrai dire, la plupart des élèves effectuaient les mêmes faits et gestes et Rogue ne s'empêchait de lancer des commentaires désobligeants.
 
Les yeux d'Amélia retombèrent sur sa baguette noire dont les lignes blanches qui la caractérisaient semblaient la narguer. Confringo, se répéta-t-elle intérieurement. Vas-y,  songea-t-elle, enlève le sourire narquois des lèvres de ce crétin. A sa grande surprise, elle sentit son flux magique chauffer dans ses veines, fourmillant le long de son bras. Sa Magie coula jusqu'à sa main, et lui donna une sensation de bien-être juste avant que le jet bleu électrique ne jaillisse de sa baguette. Il alla exploser pile devant les pieds du Serpentard qui valsa  quelques mètres plus loin de sa précédente position.
 
Bouche-bée et pris au dépourvu, il se releva avec difficulté et sonné. Il en oublia la règle du professeur Rogue. Un Rictusempra fut distinctement prononcé et s'échappa alors de sa propre baguette. Amélia, par instinct, murmura à peine le Protego et un puissant bouclier fit son apparition. Le sortilège ricocha à deux centimètres d'une Poufsouffle, que la jeune Serpentarde reconnut comme la championne de Poudlard à la bataille explosive. Il alla s'éclater contre le bureau du professeur Rogue qui se brisa en deux. Tous les visages s'étaient retournés vers eux avec étonnement et ils regardaient désormais le combat qui s'était engagé entre les deux rivaux avec un intérêt non dissimulé.
 
- Tu vas le payer, Phelps, fit Draco furieux. Stupéfix !

Amélia dévia facilement le jet rouge, sous les huées de ses ennemis et les encouragements des autres. Un véritable chahut avait désormais lieu. Les sortilèges pleuvaient de part et d'autre de leur baguette respective alors qu'ils se baissaient , se retournaient et se protégeaient des  malédictions.

 
- Tu...fatigues, Malefoy ? Je ne savais pas que tu dansais la salsa !
- Ferme-là, sang de bourbe, siffla-t-il, venimeux, avec tes conneries de moldu et bats-toi... Le Poudlard express n'a pas l'air de t'avoir suffi, ce n'est pas ton poste de capitaine qui changera grand-chose. Après tout, le sale sang que tu tiens de ta sale moldue de mère ne changera rien...à ce que tu es...
 
Cela eut le don de la déstabiliser et elle manqua de recevoir le dernier sortilège qui lui était destiné. Le souffle coupé par ces dernières paroles, ce fut sous les regards haineux, les cris et les applaudissements qu'elle vit rouge. S'il y avait bien une chose qu'elle ne cautionnait pas, c'était qu'on s'en prenne à ses parents. Autant elle pouvait gérer certaines choses, autant l'irrespect envers ceux qui l'avait élevée la rendait furieuse. Malefoy tomba brusquement à genoux,et se tint les tempes en gémissant de douleur.
 
Amélia avait cessé les détonations à l'instar de l'adolescent en peine qu'elle fixait avec rage. Ses mains tremblaient dangereusement, pourtant, elle ne pouvait détacher le regard de ce petit prétentieux qui se croyait supérieur aux autres. Un drôle de plaisir s'installait en elle à ses pensées malsaines...
 
- Qu'est-ce que tu lui fais ? cria Pansy Parkinson à l'adresse d'Amélia. Draco chéri...

Pansy s'approcha vivement du jeune garçon, et s'accroupit à sa hauteur. Pendant ce temps, voyant que les membres d'Amélia tremblaient étrangement, Harry voulut intervenir, mais Rogue dont le visage n'avait cessé de passer par toutes les couleurs intervint au moment où cela allait réellement dégénérer, attrapa l'adolescente avec poigne par le biais du col de sa robe.
 
- Vous appelez cela des sortilèges informulés ? écuma-t-il de rage. REGARDEZ L'ÉTAT DE LA CLASSE ! RETENUE VENDREDI  SOIR ! siffla-t-il furieux. Que faisiez-vous ? chuchota-t-il. Avez-vous conscience de ce que vous venez de faire ? termina-il si bas qu'elle seule l'entendit.
- C'est lui qui a commencé, fit Amélia, tremblante. Je n'ai fait que lui rendre la pareille, termina-t-elle avec raideur.
- Je parlerais de tout cela au professeur Dumbledore, chuchota-t-il implacablement.
 
Fin du flash-back

Songeant à la retenue qu'elle avait dû effectuer dans la salle des trophées, elle décida qu'entamer son devoir de sortilège avant de se rendre au bureau de Dumbledore pour ce fameux premier cours privé de l'année était probablement une bonne idée afin de s'avancer. Hermione aurait de quoi faire avec l'ensemble des notes qu'elle avait rassemblées pour le cours de Runes.
 
Ses pensées, alors qu'elle sortait de son sac les notes nécessaires à son travail de recherche pour le cours du professeur Flitwick, dérivèrent sur le savon qu'elle avait reçu de la part d'Élisabeth et Hermione après ses événements. Elle secoua le visage, regrettant de ne pas s'être retenue. Désormais, cet incident avait circulé dans les couloirs et depuis, les étudiants étaient mitigés à son égard. Cela se répartissait en trois groupes bien distincts : certains l'évitaient, d'autres se posaient des questions et le dernier groupe la félicitait toujours d'avoir donné une belle frousse au Serpentard.
 
Amélia repensa dés lors au discours moralisateur de son meilleur ami, qui malgré avoir apprécié  le fait que Malefoy se fasse remettre à sa place, avait éprouvé une belle frayeur à son égard.
 
Flash-back du 2 septembre 1996
 
- Ecoute Amélia, lança Harry, je suis d'accord qu'il est impitoyable qu'il mérite d'être remis à sa place, vraiment, fit-il alors qu'ils marchaient le long du lac, mais tu as utilisé la légimentie, je me trompe ? Et ce, devant des sixièmes années de Serpentard, et je te rappelle que c'est une matière que Lord Voldemort affectionne particulièrement... Imagine que Malefoy soit vraiment devenu un mangemort ? Je ne donne pas cher que ses pensées soient un jour passées au peigne fin et... et qu'en voyant ça, le couple noir ne finissent par s'intéresser à toi. Tu connais beaucoup de personnes, toi, qui dispose de ce genre de pouvoirs ? Et s'ils apprenaient la vérité ? Je suis sûr qu'ils essaieraient de te tuer au même titre que moi, tu serais... au-dessus de la liste noire.
-Écoute Harry, fit Amélia avec calme, je voulais juste lui rendre la monnaie de sa pièce. D'accord, je n'ai pas réfléchi, j'ai laissé cette pulsion prendre le dessus. Je t'assure que je fais de mon mieux pour garder mon sang-froid. De toute manière, fit-elle, on va pouvoir entamer nos recherches sur cette fouine grâce à la carte du maraudeur... Et entre nous, ça m'étonnerait fortement que les pensées de ce blondinet soient si intéressantes que cela..., tenta-t-elle avec humour.
 
Harry fixa son amie en coin, il s'inquiétait réellement et avait vraiment l'impression qu'elle essayait de détourner la conversation.
 
Fin du Flash-back
 
Un nouveau soupir s'échappa de sa bouche. Elle avait posée sa main contre ses cheveux, l'autre tenant la plume qu'elle laissait glisser sur un nouveau parchemin vierge. Le but du devoir était de trouver puis de rédiger des solutions contre le sortilège oubliette. Plus précisément, il fallait qu'elle argumente les bienfaits du sortilège Eroyum, contre sort à ce maléfice, inventé par la célèbre Carolina Streyer, chercheuse en sortilèges dits insoignables au dix-septième siècle. Elle fit glisser le livre adéquat devant elle afin de comparer ses notes prises en classe à ceux du livre et lut le premier paragraphe qu'elle avait écrit à voix basse. Elle était épuisée.
 
- ...ce sort appelé Eroyum est appliqué sur le patient touché deux fois par jour. Carolina Streyer, qui inventa cette solution, conseilla dans ses notes personnelles que le médicomage pratiquant ce sort doit effectuer le geste de la baguette de façon à créer une forme triangulaire, ce qui provoque une lumière  particulièrement vive. Une fois le geste exécuté, la lumière pétillante s'enroule autour du patient. S'il est réussi, une couleur dorée apparaît et disparaît subitement. Il doit être pratiqué pendant au moins un mois, une amélioration assez surprenante fera alors son apparition. Il est sûr que les guérisseurs qui utilisent cette incantation doivent avoir une certaine qualification..., commença Amélia  en relisant sa rédaction.
 
Ce début était plutôt convaincant. Avec satisfaction, elle continua son travail. Hermione n'avait pas exagéré en disant que cette année serait dure, et Ron qui pensait avoir énormément de temps libre. Elle jeta un œil à sa montre ; la bibliothèque allait bientôt fermer et elle devrait se rendre dans le bureau du directeur juste après, elle espérait vraiment ne pas recevoir de réprimandes et...
 
- Incantation irréversible par Joshua Fluer, qui est-ce ? Et c'est quoi ? lança une voix fluette.
 
Amélia leva son visage de ses parchemins. La personne qu'elle avait le plus envie de voir se trouvait devant elle. Cette petite frimousse pouvait la faire sourire à n'importe lequel des moments  mais il la jaugeait d'un regard inquisiteur. Dans ses bras, il tenait un livre contre lui, cachant sa cravate noir et jaune, aux couleurs des Poufsouffle. L'adolescente eut envie de se gifler mentalement car depuis la rentrée où elle l'avait emmené son frère à la volière afin qu'ils puissent tous deux poster une lettre à leur parent via le hibou de la famille Spike, Amélia n'avait pas encore pris le temps de se poser, entre les cours, les devoirs et ses cauchemars à répétitions.
 
Elle secoua le visage, et dire qu'elle devrait d'ici une semaine s'occuper des sélections de Quidditch, la saison débutant à la mi-octobre. Cela lui laissait encore le temps d'établir des tactiques et les entraînements. Elle sourit mentalement en songeant à la tête des Serpentard qui avaient appris sa sélection au poste de Quidditch. Il était toujours agréable de penser à la mine dégoûtée et déconfite de ses comparses.

Elle revint à la réalité quand son petit frère réitéra sa question. Décidément, son esprit avait tendance à partir ailleurs aujourd'hui...
 
- Excuse-moi Max, fit Amélia en souriant, j'étais dans mes pensées. Te voir me fait vraiment plaisir. Pour te répondre, franchement, n'y fais même pas attention. C'est un livre sur des sortilèges très compliqués... Profite bien de ta première année... Comme tu peux voir l'état de ma table, je suis très occupée et j'ai une tonne de devoirs.
- Je... Je te dérange ? hésita-t-il. Tu n'es pas avec tes amis ?
- Absolument pas, Max ! De toute manière, je vais arrêter, je n'en peux plus et... J'avais besoin d'être un peu seule, avoua Amélia. Mais je t'en prie, assied-toi. Madame Pince ne cesse de nous fixer depuis quelques minutes et en plus, elle ne supporte pas les gens qui sont debout et qui font du bruit inutilement. Juste pour te prévenir, ne te la mets, oh non jamais, à dos. Pour elle, un livre, c'est sacré.

Maximilien laissa échapper un petit rire en voyant son aînée rouler des yeux et pointer du menton la gérante de la bibliothèque. Elle était assise derrière son bureau et les fixait d'un regard attentif. Madame Pince était une femme mince et d'âge mûr qui, comme elle venait de le dire, il ne fallait pas se mettre à dos. Elle était affublée d'yeux globuleux et ses cheveux, qui autrefois devaient être noir de jais, étaient parsemés de mèches grises. Elle aimait épier le moindres des faits et gestes des étudiants avec cet air de vautour qui la caractérisait tant. Max laissa traîner son regard  parmi les nombreuses sections que composaient la bibliothèque et constata mentalement que cette dernière était presque vide à cette heure tardive. Il laissa lourdement poser son sac à terre et déposa le livre qu'il tenait en main sur la table avant de s'y asseoir à son tour.
 
- Alors que racontes-tu à ta grande sœur ? Parce que dis-moi, on ne s'est pas vraiment vu depuis la rentrée. Que fais-tu ici à une heure aussi avancée de la soirée ?
- Je sais, fit Max, dépité. A chaque fois que je te croise dans les couloirs, tu...tu as l'air souvent occupée, tenta-t-il. Et je n'ai pas osé venir te déranger...
- Tu quoi ? répliqua sa sœur. Pas osé me déranger ? Tu sais que j'attends ton résumé sur ta nouvelle vie scolaire , moi ? fit la jeune Serpentard faisant mine de mettre une main contre son cœur. Je veux absolument TOUT savoir.

Un grand sourire orna les lèvres du petit garçon. Ravi que sa sœur soit à l'écoute, il commença donc son récit avec entrain et cela rappela à Amélia quelques-unes de ses propres anecdotes. Il fit une grimace quand il lui raconta avec quel plaisir le professeur Rogue le prenait en joug dès que possible. Amélia fronça à son tour les sourcils, en écoutant ses nouvelles. La jeune Serpentard crispa ses poings en l'entendant lui expliquer que ce dernier l'avait interrogé sur le livre de défense pour les débutants, n'hésitant pas à le critiquer. Ne faisant pas attention à la colère grandissante de sa sœur, il continua son récit en enchaînant sur le cours qui l'ennuyait le plus particulièrement et qui était l'astronomie, mais aussi et surtout l'histoire de la magie. Elle le comprenait, elle était pareille sur ce point.
 
Il afficha une mine grave en parlant du professeur Minerva McGonagall, et expliqua avec ses mots encore enfantins, à quel point elle pouvait être intransigeante. Amélia en rit, sous l'œil indigné de madame Pince, qui était sur le point de se diriger vers eux.
 
D'après les termes du petit garçon, Flitwick était « rigolo » et Chourave lui faisait penser à leur mère, à cause du ton maternel qu'elle employait à l'égard des premières années. Slughorn avait vraiment l'air intelligent et son premier cours avec le professeur de vol, Madame Bibine, avait été génial d'après ses mots. Ce dernier termina son récit tout aussi excité qu'au début et Amélia ne put s'empêcher de ressentir une immense fierté, en le voyant si heureux.
 
- Woo, fit celle-ci en sifflant entre ses dents. Cela en fait des choses à savoir sur deux  semaines. Et toi dans tout ça, j'espère que tout va bien ? s'assura-t-elle, un sourire plaqué sur son visage.
- J'ai fait gagner 15 points à Poufsouffle, expliqua-t-il. Parce que grâce à toi, j'ai réussi à transformer mon épingle en aiguille ! Et en plus, le professeur McGonagall m'a adressé un sourire et on m'a dit qu'elle ne souriait jamais.
- Ce n'est pas parce que je t'ai montré un peu, bon okey, beaucoup à l'avance quel serait probablement le thème de ce premier cours, que tu n'es pas celui qui a jeté le sortilège. Je suis fière de toi, fit celle-ci en prenant sa main dans la sienne. Evite quand même de faire gagner la coupe à ta maison, châtia quand même sa sœur, amusée. Ne serais-tu pas en passe de devenir l'un des futurs chouchous de notre chère McGonagall ? ricana-t-elle.
- Merci Emmy et arrêteuh, fit celui-ci mi rougissant mi boudant. Pourquoi, toi tu tiens à faire gagner les Serpentards ?
- Je suis à Serpentard, Max... et Serpentard ne s'associe pas toujours à méchant, fit celle-ci. Je crains que nous soyons adversaire sur le coup, fit celle-ci en se moquant de lui. Par contre, évite-les quand même quand tu vois qu'ils sont glauques... Sait-on jamais... et ne t'embrouille pas avec.
- Mais... Amélia, tu es à Serpentard. Je t'évite, grande sœur ?
 
Amélia roula des yeux.
 
- Tu n'essayerais pas de me faire de l'humour là ? fit Amélia, les yeux ronds. Bien entendu, tu pourrais devenir ami avec certains d'entre eux, ils ne sont pas tous méchants. Tu as des bons et des mauvais partout, il faut juste bien choisir tes amis... D'ailleurs, en parlant d'amis, il me semble t'avoir aperçu à plusieurs reprises avec un petit groupe de personnes. Il faudra que tu me les présentes ! Non, mais attends, commençons par le début, comment ils s'appellent déjà ?
 
Le sourire de Max s'élargit de plus belle à la mention de ses nouveaux amis.
 
- Oui tu as raison, approuva Max joyeusement en commençant un nouveau récit. Et bien, il y a Lucy, qui vient de sortir de la bibliothèque et comme je t'ai vu, je lui ai dit que je la rejoindrai à la salle commune. On était ici pour faire notre devoir en potion, elle est avec moi à Poufsouffle, c'est une euh... une née-moldue comme moi. C'est bien comme ça qu'on dit... hein dis ? Il y a Emma aussi, elle est une Gryffondor et euh... ses deux parents sont des sorciers. John, lui, il est à Poufsouffle et sa maman est une sorcière et son père non. Et enfin, tu as Simon qui est à Serdaigle, c'est son papa qui est un sorcier, sa maman est une moldue. Ils sont vraiment chouettes ! approuva-t-il gaiement. Ils n'aiment pas vraiment... les Serpentard...
- Je suis contente que tu ais trouvé plus d'amis que tu en avais à l'école moldu, fit sincèrement Amélia, se souvenant et comprenant à quel point les enfants sorciers, quelques soient leur statut de sang, faisaient indirectement peur aux moldus. Pourtant, cela n'avait pas empêché son frère de jouer durant quelques années dans un petit club de Baseball, comme elle le fit elle-même, il y avait de cela des années. Ils ne devraient pas se faire une opinion aussi radicalisée. Je peux comprendre que vues les générations d'embrouilles, cela crée toujours des problèmes et des confrontations... Regarde-moi... Pourtant...
- Je sais ! fit Max, désolé. Ils ne m'ont pas cru quand j'ai dit que tu étais dans cette maison. C'est pour ça que moi aussi, je veux te les présenter, approuva-t-il vivement. Et puis dis, fit celui-ci, gêné, il y en a qui raconte que tu aurais fait quelque chose à un élève de ta maison durant un cours. Est-ce...est-ce que c'est...c'est vrai ?

Amélia fixa le visage déconfit de son frère si semblable à leur mère et soupira.
 
- Je me suis laissé emporter... parce que Draco Malefoy avait insulté maman, si tu veux savoir la vérité. Enfin changeons de sujet, s'il te plait...
 
Maximilien fronça les sourcils, outré.
 
- C'est le garçon qui était sur le chemin de traverse ? demanda-t-il, révolté. Alors tu as bien fait, c'est bien fait pour lui... Qu'est-ce qu'il a dit sur maman ? fit celui-ci avec une moue fâchée qui donna à sa sœur l'envie de sourire.
- Il s'est moqué du sang de maman. Je t'ai dit que certaines personnes se croient supérieures à d'autres sorciers et aux moldus, fit tristement l'adolescente. Laisse tomber... tu sais très bien que je n'agis pas pour rien... Tiens, quand dois-tu rendre ce fameux devoir de potion ? coupa sa sœur, intriguée.
- Oui, grommela Max. Ah ça, euh, pour mardi, mais on n'arrive pas à tout faire...
- Tu as besoin d'aide ? fit automatiquement Amélia, concernée. Quel est le sujet ?
- On doit écrire un parchemin sur la potion qui soigne les furoncles, mais on arrive pas à trouver tous les ingrédients. Le professeur Slughorn nous laisse chercher...
 
Amélia sourit avec tendresse. L'air boudeur qu'il abordait était adorable. Elle songea brusquement au professeur Slughorn. Celui-ci avait l'air d'être un bon enseignant, mais il avait un œil un peu trop attentif sur ses faits et gestes. Cependant, ses cours étaient effectivement très instructifs, elle ne le nierait pas.
 
Flash-Back du 2 septembre 1996
 
Ron, Harry et elle-même se dirigeaient vers les cachots après une petite pause. N'ayant tous trois pas cours d'arithmancie, ils avaient pu se permettre de souffler un peu. Ils furent abordés discrètement par deux anciens membres de l'AD leur demandant si des cours particuliers reprendraient, mais ils répondirent par la négative, jugeant qu'Ombrage n'étant plus là, cela n'était pas nécessaire. Ils finirent par rentrer au moment même au le professeur Slughorn invitait les élèves debout devant sa porte à rentrer dans la classe.
 
Amélia avança en file indienne et ne tarda pas a remarquer la lueur d'appréhension présente dans les pupilles de l'adulte quand elle croisa son regard alors qu'il accueillait avec un enthousiasme tout particulier certains étudiants. Elle pénétra dans la classe, elle-même avec angoisse, se remémorant sa rencontre avec son nouveau professeur lors de sa visite sur Little Hangleton.
 
Le cachot était rempli de vapeurs et d'odeurs bizarres ; de grands chaudrons bouillonnants étaient installés sur une table et Amélia ne put s'empêcher de jeter un œil curieux aux fumées provenant de ces derniers.
 
Amélia s'installa à une table près d'Andrew et Harry, tandis qu'Élisabeth, Ron et Hermione se mettaient ensemble. Cela avait toujours été comme cela, ils se répartissaient en fonction des forces et des faiblesses de chacun et selon les cours. La mère d'Andrew étant potioniste, ce dernier avait par ailleurs hérité de ces qualités.Quant à Harry et Amélia, ils se débrouillaient. Pour Hermione et Élisabeth, il était clair que c'était une bénédiction pour Ronald d'être aux côtés de filles douées dans ce domaine. Il avait continué ce cours uniquement  suite à ce changement inattendu permettant à Harry et Amélia de continuer ce cours. Les deux adolescents l'avaient harcelé pour qu'il se joigne à eux.
 
- Bien, commença Slughorn joyeusement, sortez vos nécessaires à potions et vos manuels...

Amélia jeta un œil de convenance à Harry car avec les dernières nouvelles imprévues, ils n'avaient rien acheté pour ce cours au chemin de Traverse. Le jeune Gryffondor leva le bras, comprenant que son amie ne voulait pas directement intervenir auprès de leur professeur.
 
- Harry, mon garçon ?
- Professeur, nous n'avons rien comme matériel pour le cours... Que ce soit Ron, Amélia ou moi, nous n'avions pas vraiment prévu de pouvoir suivre les cours de potions cette année et...
- Ah oui, les professeurs Rogue et McGonagall m'en ont parlé. Il n'y a pas de soucis, Harry. Allez donc tous les trois chercher ce qu'il vous faut dans cette armoire pour aujourd'hui. Il ne faudra pas oublier de commander vos manuels scolaires...

Harry et Amélia se levèrent du tabouret sur lequel ils étaient assis. Ron les rejoignit rapidement et ils se dirigèrent vers l'armoire que leur professeur venait de pointer du doigt. Lorsque Amélia ouvrit cette dernière et remarqua qu'au-dessus d'une pile de divers manuels ne se trouvaient que deux exemplaires de « manuel avancé de préparations des potions » dont l'un était abîmé et l'autre semblait neuf, les trois amis, au ralenti, se lancèrent un long regard de compréhension puis se jetèrent tous trois avec brusquerie vers celui qui avait vive allure.
 
- La galanterie, vous connaissez ? grommela la Serpentard en remettant sa cape de sorcière correctement.
 
Essoufflée de son effort, Amélia se retrouva les mains vides. Ron avait récupéré le neuf et Harry, celui à la couverture quelque peu détériorée avec lequel il ne se gêna pas de frapper son ami avec la reliure.
 
- Désolé Emmy mais premier arrivé, premier servi, fit mine de rien Ron, un grand sourire aux lèvres en se rendant à sa place.
- Bon, je crois qu'il ne te reste plus qu'à regarder avec moi, sourit Harry d'un air contrit, si ça peut le rendre joyeux...

Quand ils se rassirent tous deux à la table, le professeur Slughorn leur avait mis à disposition deux balances et les ingrédients qui seraient probablement nécessaires à leur future potion. Sans surprise, ce dernier entama un discours sur les ASPICS . Il enchaîna finalement son monologue sur les diverses potions pésentent dans les chaudrons, et dont les fumées embaumaient maintenant l'ensemble de la pièce.
 
- Comme je le disais, ces potions seront à savoir faire pour l'année prochaine lors de vos ASPICS ! Quelqu'un peut me dire quels sont les noms de celles-ci ?

Sans surprise la main d'Hermione fendit l'air quand il montra l' un chaudron . Un sourire narquois étira les lèvres de la jeune Serpentard, elle était persuadée que son amie allait finir dans les « chouchous » de ce professeur.
 
- Oui ?
- C'est du Polynectar.
 
Amélia n'écouta pas attentivement  les explications et déblatérations de la jeune Gryffondor qui s'était empressé d'énoncer les effets dévastateurs de l'amortentia. C'était une puissante potion qui faisait ressentir à quiconque, un puissant sentiment d'amour.
 
- C'est un puissant philtre d'amour qui a une odeur différent pour chacun. Moi, je sens de l'herbe coupée, du parchemin neuf et...
 
La jeune Serpentard s'attarda sur les joues rougies de son amie et elle ravala un ricanement moqueur. Hermione pouvait le nier tant qu'elle le voulait, elle avait des sentiments autres qu'amicaux pour leur ami rouquin et elle ferait tout pour lui ouvrir les yeux.
 
- L'amortentia ne provoque pas vraiment un sentiment d'amour, mais plutôt une puissante attirance et une obsession. Je vous félicite. 20 points sont accordés à la maison Gryffondor, miss... ? fit joyeusement Slughorn, une main sur son ventre bedonnant.
- Granger, monsieur.
 
Les yeux globuleux de Slughorn s'illuminèrent de compréhension. Ses yeux se posèrent sur Harry, puis sur Amélia à plusieurs reprises et il finit par revenir vers Hermione après avoir répété ses gestes à plusieurs reprises.
 
- Ohoh, c'est donc l'amie née-moldue dont vous me parliez, n'est-ce pas ? Voici donc la plus brillante élève de votre année ?
- Oui, répondit Amélia d'une voix neutre. C'est bien Hermione.
 
Harry affirma ses dires et la jeune Serpentard fut persuadée que ce dernier avait frissonné en posant ses yeux sur sa personne avant qu'il ne détourne rapidement ses pupilles vers d'autres étudiants aussi vite qu'il ne fallait pour dire "Quidditch".
 
- La sang-de-bourbe, meilleure élève ? chuchota Draco discrètement à l'oreille d'un Serpentard dont le nom lui échappait discrètement. Il ne connait certainement pas le statut de sang des personnes qui l'entourent...
 
Derrière eux, Draco venait de se moquer ouvertement de la Gryffondor et la jeune Serpentard, qui l'avait entendu, crispa les poings contre son corps mais avant qu'elle  ne fasse quoi que ce soit, elle croisa le visage radieux de son amie qui attrapa son bras avec empressement.
 
- Laisse-le, fit Hermione radieuse. On sait tous comment il est... Vous avez vraiment dit que j'étais la meilleure élève ?
- J'aimerais que tu ripostes, Hermione, fit gravement cette dernière. Personne n'a à t'insulter sur ton sang. Tu es brillante et ce n'est que la vérité, remarqua la Serpentard en chuchotant à son oreille.
 
Le sourire d'Hermione s'illumina de plus belle sous le compliment.
 
- Laisse tomber, répéta Hermione. On sait tous que tu es la meilleure d'entre nous en défenses et en sortilèges...

Amélia n'avait jamais supporté les compliments. Elle roula des yeux amusé.

- N'exagérez pas, les gars.

Élisabeth, restée silencieuse, intervint à son tour.

- Tu es trop modeste, Emmy.

Amélia devint aussi écarlate que la cravate rouge et or de ses amis Gryffondor. Slughorn continua son cours et leur expliqua que s'ils réussissaient la potion du filtre du mort vivant qu'ils devraient réaliser, ils recevraient une fiole de Félix Felicis aussi appelé chance liquide...

 
Fin du flash-back

Le cours avait pris une tournure quelque peu atypique. Le livre dont avait hérité Harry était annoté par des explications faites de la main d'une personne qui se prénommait « le prince de sang-mêlé ». Ses nouvelles procédures, Harry les avait suivies, mais elle, elle avait été septique à l'idée et avait préféré suivre les instructions de bases. C'était sous ses yeux déroutés et ceux de ses amis que son meilleur ami avait obtenu le fameux flacon qui, selon le professeur Slughorn, donnait une chance inouïe durant quelques heures à celui qui la buvait. Sa potion étant parfaite d'après ses dires.


Le visage barbouillé et déçu d'Hermione lui restait en mémoire, elle n'avait pas pu s'empêcher de vérifier si ce livre n'était pas enchanté, certainement désorientée qu'Harry puisse faire mieux qu'elle dans un domaine où il était censé être plus faible que cette dernière.
 
Étrangement, l'expression intéressée qu'avait abordée Malefoy ne lui avait pas échappé et elle s'était promis de continuer à l'espionner. Pour le moment, c'était elle qui avait le fameux manuel. Elle l'avait emprunté à son ami pour qu'elle puisse le lire, et encore une fois, cela ne plaisait pas vraiment à ses amis qu'ils s'intéressent un peu de trop près « sur des choses écrites par une personne dont ils ne connaissaient rien.. » dixit Hermione Jane Granger, qui ne ne cessait de surveiller le moindres de ses faits et gestes et...
 
- Emmy ? demanda Maximilien en passant une main devant les yeux de sa sœur.
 
Amélia sortit à nouveau de ses songes. Décidément, elle devait être fatiguée pour partir comme cela dans ses souvenirs.
 
- Je vais t'aider, disons, demain  après le souper  ? La bibliothèque ferme à 20 heures, ça devrait être vite fait..., fit Amélia. Excuse-moi, je repensais à mes propres cours de potions... Je vais devoir y aller, moi aussi, j'ai... j'ai rendez-vous.
- Pas grave, fit Max joyeusement. D'accord, Lucy et John peuvent venir ? demanda-t-il de sa voix fluette. Ils ont du mal eux aussi. Tu dois... aller où? s'intéressa Maximilien. Voir un amoureux ?
- Oui, bien sûr ils peuvent venir... que... quoi ? rougit Amélia. Absolument pas, je dois me rendre auprès du professeur Dumbledore. Ne cherche pas à comprendre. Aide-moi à ranger, je vais te ramener à ta salle commune, la bibliothèque va fermer et le couvre-feu pour les premières années est dépassé de cinq minutes, constata-t-elle en remarquant l'heure sur sa montre.
 
Un peu plus tôt dans la journée, elle avait reçu une missive des mains d'un petit garçon de première année, stipulant que cela venait du directeur en personne. Amélia soupira alors qu'elle rangeait l'ensemble de ses affaires et allait remettre les livres dans les rayons adéquats sous l'œil attentif de madame Pince. Inconsciemment, elle appréhendait ce moment. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'elle allait probablement apercevoir, par le biais de souvenirs, ses géniteurs dans leur jeunesse....

Frère et sœur finir par sortir de la bibliothèque bras en dessus dessous quand...
 
- T'as vraiment pas d'amoureux, dis ? s'intéressa à nouveau son frère.
- Max ! s'outra Amélia d'une voix gênée.

Chapitre 13 : Les souvenirs by Chrisjedusor
Author's Notes:

Je voulais remercier ceux qui me lisent, et un merci particulier à MM pour ses  adorables reviews :)

Ici, c'est l'heure des souvenirs ;)

Bonne lecture,

Chris

Dans les couloirs de Poudlard, le 14 septembre 1996, 19h52


- Non ! lança Amélia. Elle devait être rouge pivoine. Pourquoi me demandes-tu ça ?

Maximilien marchait tranquillement au côté de sa sœur. Il continuait de la cuisiner sur ses éventuels prétendants. Un air curieux et innocent était plaqué sur son petit visage rayonnant de plaisir. En effet, depuis qu'ils étaient sortis de la bibliothèque, le jeune Poufsouffle n'avait cessé de poser des questions embarrassantes. Cela avait  la même occasion provoqué l'apparition de deux tâches pourpres qui étaient maintenant bien présentes sur les joues de la jeune Serpentarde.

- Hem, fit Max, en fronçant les sourcils. Il y a des garçons qui te trouvent jolie, c'est pour ça que je me demande pourquoi tu n'as pas d'amoureux ?

- Il y a des garçons qui... quoi ? fit Amélia, l'air troublée. Depuis quand t'intéresses-tu à ce genre de chose, toi ? Qui... qui t'a dit ça ? demanda l'adolescente perplexe, en fronçant à son tour les sourcils.

 

Les lèvres du petit garçon s'étirèrent en un sourire amusé et curieux. Il ne comprenait pas pourquoi sa sœur était si surprise. Sa grande sœur était belle, et Max n'avait jamais remis cela en question. Et puis, il avait déjà remarqué que de nombreux garçons la suivaient d'un œil un peu trop appuyé. Par contre, pour ça, il n'était pas d'accord car même si Amélia avait un amoureux, il surveillerait le garçon, comme son père le lui avait d'ailleurs fait promettre cette année avant de partir pour Poudlard. Maximilien entraîna sa sœur par la manche de sa robe et ils passèrent devant les escaliers de marbre où des aurors menaient vaillamment la garde. Ils jetèrent tous deux un regard curieux à ces membres ministériels avant de s'enfoncer dans les couloirs du rez-de-chaussée sous les  regards de ces adultes affectés à la protection de l'école.


- Personne ne m'a rien dit, fit Maximilien en faisant mine de rien, avec un sourire aux lèvres. Enfin, il y a des garçons plus âgés qui se trouvaient dans ma salle commune qui parlaient de filles... et je les ai écoutés citer ton prénom, expliqua maladroitement le garçonnet, gêné. Je crois qu'un garçon parlait d'une liste des plus jolies filles de Poudlard...

- Depuis quand écoutes-tu les conversations des autres ? demanda Amélia de plus en plus mal à l'aise. C'est... c'est n'importe quoi Max... Et non, je n'ai absolument PAS d'amoureux. Pas le temps pour ça... Le sujet est clos, oui c'est ça... Le sujet est clos, termina-t-elle rouge de honte de parler de cela avec son petit frère. Tiens, la salle commune des Poufsouffle est située près des cuisines ? lança-t-elle avec une brusque curiosité.


Le ton de sa voix était légèrement devenu aigu au fur et à mesure qu'elle laissait échapper son flot de paroles. Son frère ne faisait que renforcer ce que ses deux meilleures amies, lors d'une conversation entre filles, lui avaient souligné par le passé : qu'elle avait beaucoup de charme et qu'elle n'avait certainement pas à douter de sa beauté. Cette conversation avait eu lieu il y avait de cela deux ans, lors du Tournoi des trois sorciers. C'était époque où une dizaine de garçons s'étaient empressés de venir lui demander d'assister au bal de Noël en leur compagnie mais elle avait aussitôt refusé ces invitations à plusieurs reprises.


Elle s'y était rendue avec Andrew, à titre purement amical, bien entendu. Ce genre d'événement n'était absolument pas sa tasse de thé, mais elle y avait assisté pour Harry, qui était complètement perdu en tant que champion, pour Hermione, qui l'avait littéralement harcelé afin qu'elle vienne passer la soirée avec eux, et pour sa mère, qui lui avait envoyé une magnifique robe de soirée pour l'occasion.


- Tu changes de sujet, fit son frère, égayé, la coupant dans ses songes. Je n'écoute pas les conversations des autres, ils parlaient trop fort... Mais oui, fit Max en abandonnant la partie, la salle commune est près des cuisines, tu ne le savais pas ?


Amélia soupira de soulagement quand elle vit que son petit frère laisser tomber le sujet « déboires amoureux » car ces discussions étaient bien trop tabou et gênantes à ses yeux. Elle avait toujours détesté être le centre d'attention et ils exagéraient dans leur propos. Elle s'était toujours mise dans la catégorie des gens banaux et elle n'avait certainement pas besoin que les garçons soient à ses pieds. Elle secoua le visage avec dérision, elle avait décidément d'autres problèmes à prendre en considération que de penser à un potentiel petit ami.


Amélia afficha enfin un sourire sur son visage qui était toujours légèrement rougi par les précédents dires de son frère. Non, elle n'était jamais rentrée dans la salle commune des Poufsouffle, mais son frère allait certainement remédier à cela. Elle connaissait de nombreuses choses au sein de Poudlard, mais cette pièce lui avait toujours été inaccessible jusqu'à aujourd'hui. Elle allait pouvoir ajouter cette salle commune aux passages secrets et à la salle commune des Gryffondor. Car oui, il lui arrivait fréquemment de se rendre dans la tour Est pour rejoindre ses amis. Les élèves de cette maison n'étaient plus surpris qu'elle puisse connaitre le mot de passe et vienne se rendre dans leur antre sans aucune gêne apparente.


Après toutes ces années, les Gryffondor étaient habitués à la croiser de temps à autre dans leur salle commune, mais bien évidemment, les préfets des années supérieurs étaient toujours restés impartiaux et septiques vis-à-vis de cet écart du règlement. Ils n'avaient donc jamais hésité à la mettre dehors quand elle s'y attardait un peu trop longuement à leurs yeux.


- Le seul homme de ma vie que j'ai pour l'instant se trouve juste à mes côtés, fit Amélia d'une voix douce. Non, je ne suis pas censée savoir où elle se trouve, remarqua la Serpentarde en lui lançant un clin d'œil, mais tu vas m'aider à y remédier, n'est-ce pas ?


Maximilien sourit de plus belle et confirma les dires de sa soeur d'un signe rapide du visage. Il était heureux, lui aussi, de pouvoir lui faire découvrir quelque chose. Puis, se rendant compte de ce que cette dernière venait de lui dire, il s'empourpra car il était embarrassé.

Amélia en profita pour lui ébouriffer les cheveux.

 

- Dis Emmy, fit Maximilien, l'air soudainement pensif. Ils venaient de dépasser le tableau où siégeait une peinture représentée par une coupe de fruit et où se trouvait une pomme verte. C'était le signe qu'ils venaient de dépasser les cuisines de Poudlard. Tu... tu as réfléchi à des prénoms pour le bébé ? Comme maman nous l'a demandé par lettre ? Je l'ai fait, mais maman m'a renvoyé une lettre en me disant qu'elle attendait toujours tes idées... moi je pensais à Billy, Blake ou Calvin pour un garçon, s'écria-t-il. Et si c'est une fille, Cassie, Daniella ou Emily, t'en penses quoi ? demanda-t-il avec excitation. Il se positionna devant sa sœur, et continua d'avancer en marche arrière. Je suis trop pressé d'être un grand frère, je veux être comme toi.

 

Elle se figea car elle ne s'attendait pas à ce que son frère aborde ce type de sujet centré sur ce nouveau membre de la famille qui allait pointer le bout de son nez d'ici quelques mois. Non, elle n'avait pas pris la peine de renvoyer une lettre à ce propos. À vrai dire, le sentiment de jalousie qu'elle ressentait vis-à-vis de ce bébé à naître était de plus en plus présent, à son grand désarroi. Autant dire qu'elle faisait tout pour éviter le sujet. Peu importe qui lançait la conversation. Au fond d'elle-même, en sachant pertinemment que celle qui l'avait élevée allait avoir sa propre petite fille, ce bébé qui serait de son sang et sa chaire lui donnait une envie irrésistible de pleurer, car ce n'était pas juste ! Oui c'était injuste, car elle n'était pas vraiment sa fille, n'est-ce pas ? Et cela lui faisait beaucoup de mal... Ses émotions partant dans tous les sens, et elle sentit de nouveau sa magie recommencer à crépiter dans ses artères. Elle coulait le long de ses bras et fourmillait jusqu'à ses doigts.


- Emmy, ça va ? s'inquiéta Max, en remarquant les yeux étonnamment brillants et quelque peu écarlates de son aînée. Tu n'as pas l'air bien...

- Phelps, on peut savoir ce que tu fais en dehors de la salle commune à cette heure ? Le couvre-feu est atteint pour les premières années...

 

Amélia n'eut pas le temps de formuler une réponse adéquate et pour cause, elle aperçut l'ombre de la silhouette d'un des préfets de Poufsouffle, qui venait d'élever la voix. Il se situait près de plusieurs tonneaux remplis de vinaigre, posés contre un renfoncement de pierre. Par la faible luminosité émanant des torches allumées et placées à intervalle régulier dans le couloir, elle reconnut rapidement l'un des deux préfets en chef de cette année, Vincent Dauwkins, un garçon au corps filiforme qui disposait de petits yeux bleus perçants.


À ses côtés, un des nouveaux préfets, scolarisés en cinquième année, également de la maison Poufsouffle, l'accompagnait. La jeune sœur d'Hannah Abbots, Holly Abbots, était une fille aussi rouquine et replète que son aînée. Ces derniers toisaient son jeune frère d'un œil inquisiteur, mais comprirent bien vite qu'il était accompagné quand leurs regards tombèrent à l'unisson sur la silhouette d'Amélia encore légèrement tapie dans l'obscurité.


- Ne lui en veux pas, Dauwkins, lâcha la jeune Serpentarde en s'avançant vers eux. J'ai retenu mon frère à la bibliothèque et je lui ai expliqué deux trois choses concernant... hum... et bien, son devoir de potions.

- Tu n'as rien à faire dans ce couloir, Phelps, répondit Holly en louchant sur son écusson de maison avec une certaine appréhension. Ton frère doit apprendre lui aussi à respecter le règlement et ça veut dire respecter les horaires imposés aux premières années. Sœur ou pas sœur à ses côtés pour lui sauver la mise.

- C'est bon pour cette fois, interrompit Dauwkins, qui avait été, l'année précédente, un membre de l'AD et qui avait donc un grand respect pour la Serpentarde. Evite juste que cela se reproduise trop fréquemment, Phelps, ajouta-t-il à l'adresse du plus jeune. Maintenant, file dans la salle commune, jeune homme.

 

Amélia afficha un sourire un coin, il était toujours amusant de constater que la maison Serpentard inspirait toujours autant de crainte chez certaines personnes. Son frère remercia le préfet-en-chef, et il enlaça rapidement sa sœur avant de se rendre en trottinant vers les tonneaux, quand une autre voix intervint brusquement à voix haute.

 

- Je pense que tu n'as pas besoin de savoir comment on rentre dans notre salle commune, n'est-ce pas ? fit l'autre individu, celle d'un autre préfet de Poufsouffle qui revenait d'un couloir adjacent, certainement après avoir réalisé une première ronde. Si tu veux bien t'éloigner de ce couloir, Amélia. Phelps, attends que ta sœur parte avant d'y entrer...

 

Amélia ricana intérieurement en remarquant la mine désapprobatrice d'Ernie Macmillan, qui se dirigeait à grands pas vers eux d'un air mécontent. Ernie était un élève de sa promotion. Il prenait la grosse tête à certains moments. Si elle le voulait, son frère le lui dirait certainement. De plus, si elle avait eu besoin de ce genre d'informations auparavant, elle aurait déjà pu aisément les prendre dans l'esprit d'un de ses membres de la maison Poufsouffle. Elle secoua le visage, désabusée, et remarqua que le petit poing de son frère était resté figé dans l'air, sous l'ordre qu'il venait de recevoir.


- Bien, chers préfets de Poufsouffle, annonça-elle d'un air théâtral. Je ne voudrais pas abuser de votre précieux temps, je m'en vais. Après tout, j'ai à faire. Petit frère, demain soir pour ton devoir de potion, fit-elle avec un clin d'œil à son adresse. Je n'ai surtout pas envie que tu te fasses un torticolis du bras par ma faute, même si... Je crois que tu allais toquer sur l'un des tonneaux à plusieurs reprises, je me trompe ? se moqua-t-elle gentiment, sous le regard dépité des trois autres Poufsouffle.

 

Ce fut sur ces paroles et après avoir adressé un dernier signe de main à Maximilien, qu'elle tourna dignement les talons, fière de ses derniers mots. Elle venait de pénétrer les pensées d'Ernie, sans que ce dernier n'y fasse attention. Car bien sûr qu'elle visiterait la salle commune des Poufsouffle avant de terminer ses études à Poudlard.

C'était un fait.

 
~*~

Dans les couloirs de Poudlard, le 14 septembre 1996, 20h14

 

- Je l'ai eu... La petite Serpentarde, elle est à terre ! Il siffle, siffle le serpent, Hihihihi !

- Bordel, Peeves ! hurla Amélia. Tu n'es qu'une saleté d'esprit frappeur à la noix ! Je vais appeler le Baron sanglant !

 

Amélia était étalée de tout son long à terre. Peeves, l'esprit frappeur, quelque peu facétieux, venait de le tirer par surprise, la faisant chuter lamentablement sur le sol. Heureusement que les couloirs de l'école étaient désormais déserts et que seuls des fantômes et préfets traînaient dans l'école. Cela aurait été gênant de se retrouver devant de nombreux étudiants dans cette position grotesque.

 

Le dos endolori, elle se releva difficilement, tout en jetant un regard noir au petit homme disposant d'yeux noirs et d'une grande bouche. Le spectre se dressait devant elle, flottant à quelques mètres du sol, les jambes repliées sur lui-même. Il s'apprêtait à lui lancer deux ballons remplis d'eau qu'il tenait entre ses mains. Un sourire mesquin était accroché sur ses lèvres et il lui chantait une chanson peu enjolivante qui lui était personnellement adressé.

 

- Siffle, siffle, petit serpent, moi je sais que tu es l'Héritière de Serpentard. Siffle, siffle, petit serpent, la famille Serpentard a toujours été attirée par le côté obscur. Siffle, siffle, petit serpent, la gamine cache bien son jeu...

- Ferme-là, Peeves, fit rageusement Amélia en sortant sa baguette de sa cape, prête à se défendre en cas de problème. Cela fait quatre ans que tu me sors cet air ridicule, je ne suis toujours pas responsable des attaques du basilic ! Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai rendez-vous avec le professeur Dumbledore, et ne t'avise même pas de me balancer ça au visage !

 

Le spectre ricana de plus belle, et réalisa  des pirouettes acrobatiques à quelques centimètres de son visage. Il fit mine de lancer les projectiles droit sur sa personne. D'un geste lent, elle avança d'un pas puis de deux, fixant d'un geste méfiant les faits et gestes de l'esprit frappeur. Il devint brusquement invisible et Amélia fit le tour d'elle-même s'attendant à se retrouver mouillée d'une seconde à l'autre et...

 

- Qu'est-ce que tu fiches encore au milieu des couloirs dans cette posture qui est particulièrement suspecte, Amélia ?


La concernée se retourna vers Hermione, qui semblait avoir, elle aussi, commencé une première ronde en ce début de soirée. Cette dernière s'était arrêtée en plein milieu du couloir et venait de croiser les bras, un air interrogateur et réprobateur plaqué sur le visage.


- Hermione..., tenta la jeune Serpentarde.

- T'ai-je surprise en train de peaufiner la prochaine de tes bêtises ? fit la préfète en continuant son interrogatoire.

- Hermione..., répéta Amélia discrètement.

 

Peeves se situait maintenant juste au-dessus de la Gryffondor, et un sourire carnassier était toujours pendu aux coins de ses lèvres. Trop tard. Les deux ballons furent lâchés sur les cheveux crépus de la jeune lionne. Surprise, cette dernière fit un bon en arrière,  hurla de rage et cria sur le spectre qui s'éloigna rapidement d'elles en chantant joyeusement des insanités.

 

- J'ai essayé de te prévenir, lâcha Amélia qui se retenait de rire. Si tu n'étais pas bornée sur l'idée que je puisse faire des bêtises, tu aurais compris que Peeves m'avait encore bien eu... Et je te rappelle que j'ai rendez-vous avec le directeur. Comment aurai-je eu le temps de préparer une bêtise ? Mmmh ? Termina-t-elle un brin moqueur.

Sa meilleure amie était mouillée de la tête aux pieds.

Hermione s'auto jeta le sortilège Targeo afin de se sécher et de se nettoyer rapidement les cheveux et les vêtements. Elle roula des yeux en percevant le sourire amusée que lui renvoyait son amie face à la situation.

 

- Anh ça va, Amélia, fit la Gryffondor qui se retenait à son tour d'éclater de rire en voyant son amie se mordiller dangereusement les lèvres. C'était un signe qu'elle aussi se retenait de rigoler avec difficulté.La Serpentarde ne le faisait d'ailleurs plus aussi facilement depuisce jour au sein du ministère de la Magie. Ce jour avait changé certaines petites choses dans leur vie quotidienne.

 

Ce fut d'ailleurs le jour où Hermione avait décidé de rester à ses côtés et où la jeune née-moldue s'était promis de faire en sorte de garder Amélia du bon côté et ce quoiqu'il lui en coûte. Mais ça, la jeune Serpentarde ne le savait pas, ignorant le fait que bien avant toutes ses révélations, la Gryffondor avait déjà fait le lien sur beaucoup d'éléments au cours de ces dernières années.


- Je t'accompagne ? proposa Hermione, en sortant de ses songes.

- Si tu veux, répondit Amélia, souriante. Pas trop dur de faire des rondes tous les jours ? demanda-t-elle, attentive.

- Il faut bien accomplir son devoir de préfet. Hormis Élisabeth, ce ne sont pas les Serpentard, toutes années confondues, qui vont les faire. Il y a déjà donc déjà beaucoup moins d'effectifs, grogna-t-elle.

- N'abuse pas, fit Amélia, amusée. Il y a combien de préfets au total, 24 non ? Dont deux préfets-en-chefs... Ok, retire les cinq Serpentard si ça te chante, mais c'est déjà pas mal, non ? Ce n'est pas comme si tous les gamins aimaient s'amuser durant la nuit...

- C'est sûr que 24 préfets pour surveiller un millier d'étudiants, ça rend les choses faciles Amélia...

- Tu te surmènes trop et tu te prends trop la tête avec ton rôle de préfète, tenta l'adolescente en haussant les épaules. Un bon coup d'autorité et tu verras que plus personnes n'osera sortir après le couvre-feu.

-Hum, fit Hermione, pensive, tu aurais certainement pu être préfète, lâcha-t-elle sans s'en rendre compte.

 

Amélia jeta un regard en biais à Hermione, qui venait de se décomposer à vue d'œil en se rendant compte de ce qu'elle venait de dire à voix haute. La Serpentarde devait se dire que Albus Dumbledore n'aurait jamais soumise cette idée à son directeur de maison. Cependant, un nouvel arrière-gout métallique traînait dans sa bouche quand elle y repensait, car après tout, peut-être que oui, avec sa véritable identité, Dumbledore l'avait véritablement écartée directement de cela, sans prendre la peine de peser le pour et le contre. Cela évitait de lui donner une quelconque sorte de pouvoir semblable à de l'autorité qu'elle aurait pu exercer sur les élèves de Poudlard. 


- Je n'aurais jamais pu être préfète, constata froidement Amélia, et tu sais très bien pourquoi...

- Amélia, ça n'a rien à voir..., fit Hermione d'une petite voix en lui agrippant amicalement le bras. Tu ne l'es pas, car tu aimes faire des bêtises et de l'humour de temps à autre, ce n'est pas parce que...

- Parce que quoi ? coupa-t-elle en s'éloignant brusquement de son amie. Soyons clair, je m'en fiche complètement d'être préfete ou non. Cela m'importe bien peu. Nous sommes beaucoup d'élèves après-tout. Mais avec du recul, je me dis que Dumbledore avait peut-être peur que je fasse de l'abus de pouvoir, c'est tout. Il n'a certainement pas pris la peine de proposer mon nom et d'en discuter avec les directeurs de maisons... Je suis arrivé.

-On va devoir parler de tout ça. En gardant tout ça à l'intérieur de toi, tu vas finir par exploser pour de bon, cette fois..., fit Hermione en la rattrapant de nouveau par le bras. Hermione se souvint qu'Amélia avait  dépassé les bornes la dernière fois, par le biais du peu d'explications que cette dernière avait donné vis-à-vis de sa précédente convocation avec le directeur.

 

Elles arrivèrent devant la gargouille qui protégeait l'entrée du bureau de Dumbledore. Amélia tenta de se détacher à nouveau de cette dernière, mais la poigne ferme de son amie la maintint avec force à sa place, et l'obligea à écouter son discours.


- Je m'inquiète pour toi... On s'inquiète pour toi.


Amélia se demanda si sa meilleure amie le faisait exprès. Après tout, elle savait parfaitement qu'elle avait du mal à contrôler sa magie, qui, à nouveau, se manifestait avec virulence dans ses veines. Elle picotait dangereusement dans son organisme, et ses émotions fortes en étaient la cause. Alors pourquoi, par merlin, devait-elle parler de quelque chose qui le tourmentait ? Parler de cette chose, dont elle n'avait certainement pas envie de discuter et qui lui faisait du mal ?


- Écoute, fit difficilement Amélia, je tiens à vous, vraiment, mais... Elle s'arrêta en déglutissant. Vous ne savez pas comment, je me sens moi, à l'intérieur, lâcha-t-elle d'une voix faible. C'est si facile d'être le spectateur de choses horribles quand on en est pas le concerné, tu sais. Tu ne crois pas que... que moi aussi j'avais compris qu'il y avait quelque chose de pas net avant tout ça ? Il ne fallait pas être aveugle et je sais que tu avais, toi aussi, compris bien avant l'escapade au ministère, tu es intelligente... Ça ne date pas d'hier ces histoires de contrôle avec ma magie. C'était déjà présent, cela a juste grandi en même temps que moi. Je ne veux pas perdre le contrôle en...en m'énervant, en laissant sortir cette colère que je ressens au fond de moi. C'est pour ça que j'essaie d'enfermer tout ça au fond de mon esprit et que... j'essaie de ne pas y penser, Hermione.


Ce fut la voix rauque qu'elle termina son discours. Hermione avait lâché la pression sur son bras. la Gryffondor hocha rapidement le visage, et afficha un petit sourire approbateur aux coins de ses lèvres, alors que deux fantômes passaient tranquillement à leur côté, en pleine conversation eux aussi.

 

- Merci, fit calmement la Gryffondor. Tu te sens un peu mieux après... ce flot de paroles ?


Amélia était confuse. Elle ne voyait pas bien pourquoi elle la remerciait et  fixa donc  les deux yeux chocolat de son amie avec incrédulité.


- Je te remercie de t'être confiée, expliqua Hermione en voyant la confusion apparaître sur le visage pâle de son amie.

- Je... hum, ce n'est pas se confier ça, fit Amélia, mal à l'aise et gênée.

- C'est exactement ce que tu viens de faire, Amélia Phelps, approuva-t-elle. Alors ?


Amélia fixa l'air interrogatif, son amie, qui attendait patiemment une réponse. Elle n'avait jamais eu l'intention de parler ne serait-ce qu'un petit peu de ce sujet, mais elle devait avouer qu'avoir sorti un peu de tout ça hors de son estomac lui faisait un peu de bien. Elle soupira et laissa tomber les armes. Hermione savait toujours parfaitement comment la faire parler, sans qu'elle ne le veuille vraiment le faire.


- Tu as peut-être raison, admit Amélia du bout des lèvres. Ce n'est pas pour autant que je vais parler d'eux.

C'est un début, fit la préfète en pressant son épaule d'une main. Allez va, je pense que le professeur Dumbledore doit t'attendre. J'ai vu Harry passer par ici avant que je ne te croise. Il est certainement déjà rentré dans le bureau et vu que vous aviez rendez-vous à 20 heures et qu'il est un peu prêt 20 heures presque 30, je suppose que vous étiez tous les deux en retard, je me trompe ?


Amélia jura, l'air agacée. Peeves l'avait mise en retard. Harry l'était certainement, car il lui avait dit qu'il préparait tout doucement les sélections pour le Quidditch et il n'avait certainement pas dû faire attention à l'heure. C'était ce qui se passait, quand ils commençaient à se « concentrer Quidditch ». Hermione ricana et ce fut sous l'empressement que l'enfant salua son amie avant de se rendre quatre à quatre dans le bureau du directeur.

 

 

~*~

Dans les couloirs de Poudlard, le 14 septembre 1996, 20h37

 

- Entre, Amélia, lança Dumbledore, après qu'elle eut rapidement toqué à la porte et  eut enjambé littéralement les escaliers en colimaçon qui tournaient sur eux-mêmes.

- Bon...bonsoir monsieur, lâcha l'adolescente en entrant précipitamment dans la pièce, une main posée entre ses côtes. Excusez-moi pou...pour mon retard.


Dumbledore était assis derrière son bureau, les mains croisées sous son menton. Ses yeux bleus pétillaient de malice quand il l'aperçut, comme s'il était au courant des mésaventures dont elle avait été victime avant d'arriver dans le bureau. Devant lui, Harry était déja calmement assis. L'élu venait de retourner sa tête vers son amie, les sourcils levés devant la mine fatiguée qu'elle abordait sur son visage.


- Cette soirée semble être particulièrement mouvementée, fit aimablement Dumbledore en guise de réponse, mais je t'en prie, joins-toi à nous.

- Vous ne croyez pas si bien dire, monsieur, lâcha l'adolescente du bout des lèvres.


Harry la fixa d'un regard interrogateur, et se demanda probablement ce qui l'avait, elle aussi, mise en retard. Amélia hocha discrètement le visage dans sa direction afin de lui faire comprendre qu'elle lui expliquerait tout cela plus tard, à la fin de ce rendez-vous quelque peu particulier.

 

- Ces deux premières semaines de cours se sont-elles, pour toi aussi, bien déroulées ? demanda Dumbledore avec curiosité. Tu n'as pas tardé, déjà une retenue à ton actif cette année.

- Euh, oui, monsieur, parfaitement bien, ça fait du bien de retrouver Poudlard, merci, dit Amélia. Heu...

 

Dumbledore pencha le visage et la jeune femme comprit rapidement que sa question était à double sens. Il faisait certainement allusion à ce qui s'était passé deux semaines auparavant lors du premier cours de défense contre les forces du mal. Amélia déglutit et s'attendit à recevoir une réprimande, mais le vieux mage, qui l'observait comme si elle était analysée au rayon X, ne paraissait étrangement pas trop sévère.

 

- J'espère que cela ne se reproduira plus, Amélia..., fit sagement le directeur en se levant de son siège. Bien, venez, nous avons rendez-vous avec les méandres de la mémoire ce soir, les enfants !

 

Harry se leva maladroitement de son siège et se joignit au côté de son amie. Pour la première fois, l'adolescente remarqua qu'une bassine incrustée de pierres anciennes était située au milieu du bureau. Cette dernière projetait des éclats de lumières qui se reflétaient sur le plafond. Le professeur Dumbledore s'approcha d'une armoire et les enfants le suivirent du regard, d'un œil rempli d'avidité. Le mage blanc tenait maintenant entre sa main non blessée un petit flacon en cristal, contenant un liquide étrange et transparent. Ce dernier était étiqueté, mais les deux adolescents ne pouvaient déchiffrer ce qui était écrit dessus.


La jeune Serpentarde appréhendait  ce moment. Après tout, pour elle, c'était la première fois qu'elle allait se retrouver face au « phénomène » d'une pensine. Attentive, la jeune fille remarqua que Dumbledore avait du mal à ouvrir le bouchon, et pour cause, sa main blessée, qui semblait aux yeux d'Amélia de plus en plus noircies,  paraissait raide et douloureuse. Pour la centième fois, l'enfant se demanda ce qui lui était arrivé. Elle se retint de demander à nouveau ce qui s'était passé, de toute manière Dumbledore ne semblait toujours pas disposé à le leur en faire part.


- Je peux vous aider, monsieur ? demanda Harry avec inquiétude.

- Inutile, répondit le mage blanc. Le premier souvenir que vous allez voir provient de ma propre mémoire. Il concerne Tom Riddle et Lianna Sauwer, le jour où je les ai rencontrés alors qu'ils étaient tous deux des pensionnaires à l'orphelinat Wool. Le deuxième que vous verrez lors de notre prochaine leçon sera centré sur un ancien employé du département de la justice magique, Bob Ogden. Il est mort il y a quelque temps, mais j'ai réussi à obtenir son souvenir. Cette mémoirequi concerne une visite qu'il a effectuée lors de l'exercice de ses fonctions..., termina-t-il en faisant sauter le bouchon de la fiole d'un geste de la baguette magique. Mais nous parlerons des autres souvenirs plus tard, n'est-ce pas ? Chaque chose en son temps, car il y aura beaucoup de souvenirs dont vous devrez disposer d'une attention toute particulière de toute manière...

- Comment vous êtes-vous fait cela, monsieur ? lança Harry en jetant un œil en coin à son amie, qui fixait les doigts noircis du vieux mage avec intérêt, pitié et répulsion.

- Ce n'est toujours pas le moment de raconter cette histoire, Harry. Nous avons rendez-vous avec un précieux souvenir qui nous sera vraiment utile par la suite et qui nous permettra d'émettre des hypothèses échevelées.

 

Décidément songea Amélia, Harry avait dû lire dans ses pensées. Dumbledore évitait encore et toujours la question, mais après tout, peut-être que cela ne les regardait absolument pas. Cependant, l'adolescente restait septique à ce sujet et pensait de plus en plus sérieusement qu'un mauvais sortilège devait être à l'œuvre.

 

- Est-ce important par rapport à la Prophétie ? demanda d'une voix sèche Harry. Et est-ce que cela va...nous aider à survivre ?

- C'est en effet étroitement lié, affirma Dumbledore d'un ton dégagé, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps. Et je souhaite sans nul doute que cela vous aide à survivre... Amélia, tu me sembles bien inquiète ?


Amélia avait en effet commencé à froncer les sourcils avec inquiétude alors qu'elle regardait machinalement Dumbledore verser le contenu de la fiole dans la pensine et écoutait Harry poser ses questions effrayantes qui lui hérissaient les poils. Survivre ou tomber du mauvais côté pour elle, c'est ce que racontait la Prophétie, n'est-ce pas ? La substance scintillante, qui n'était ni liquide ni gazeuse, tournoya au fond du récipient et alors que des veloutes argentées et noires émanaient de cette dernière. Son cœur commençait à battre de plus en plus vite.

Elle était vraiment angoissée.

 

- Cer...certainement un peu d'appréhension, fit Amélia d'une voix étrangement rauque. Monsieur, ajouta-t-elle avec politesse.


Dumbledore lui accorda un sourire rassurant et les invita à se rendre dans la pensine d'un geste du visage. Ils s'approchèrent de l'objet en question et Harry glissa sa main dans celle de son amie lui chuchotant un « ça va aller » suivit d'un « ensemble ». Amélia hocha son visage en guise de confirmation, crispée par les événements qui allaient suivre. Elle prit une grande inspiration et plongea sa tête dans le liquide glacé et argenté qui se trouvait dans la bassine.


Amélia sentit ses pieds quitter le sol puis tomba dans une obscurité absolue et tourbillonnante. La jeune fille se retrouva debout, aux côtés d'Harry et de Dumbledore dans une rue animée de Londres dans des temps plus anciens. Le souvenir semblait, selon les pensées d'Amélia, consistant, seulement, tout ce qui l'entourait était aussi transparent, tout en étant solidifié. Cela était étrange.

 

- Bienvenue à Londres en 1938, les enfants ! s'exclama la voix égayée de Dumbledore.

 

D'un regard en coin, l'enfant jeta un regard au sorcier. 1938 ? Ils avaient onze ans en 1938 ? Oui, c'était un rappel cuisant, lui crachant violemment au visage qu'elle ne devrait certainement pas avoir quinze ans et demi en cette fin d'année 1996. C'était mathématiquement impossible. Savoir que sa naissance en elle-même était un mystère l'agaçait prodigieusement.


Elle aurait dû voir le jour bien , bien avant 1980. Malgré la frustration qu'elle ressentait brusquement en ayant fait cette constatation, elle analysa ce qui l'entourait. Il pleuvait, mais la fine pluie qui tombait traversait leur corps pour finir sa course au sol. D'anciennes voitures étaient garées le long des trottoirs. Celles-ci dataient indéniablement d'avant la Deuxième Guerre mondiale qui avait lieu entre les moldus.

 

Les immeubles et les maisons paraissaient plus neufs aux yeux des enfants. Ces derniers suivirent des yeux un cycliste qui passait devant une grande bâtisse. Devant l'immeuble, une immense grille noire leur faisait face. Et au du-dessus de cette dernière, le nom de l'orphelinat Wool était  un peu écaillé ici et là.

 

Avant qu'Amélia ne puisse se faire la moindre réflexion sur cet endroit qui lui donna la chair de poule, elle fut à nouveau envahie de noir et le décor changea. Abruptement, ils se trouvaient sur des escaliers où des enfants vêtus d'une tenue grisâtre leur traversèrent le corps en rigolant à pleins poumons. L'adolescente suivit les orphelins qui détalaient de l'autre côté du couloir et dont les murs étaient constitués de pierres rêches. Cela donnait un sentiment de froid et de mal-être. Alors qu'Harry et Amélia étaient littéralement absorbés par l'endroit, le directeur leur intima d'avancer et ils sortirent de la torpeur silencieuse dans laquelle ils s'étaient tout deux murées.

 

Devant eux, une femme au visage fin et allongé appariée d'un tablier accompagnait un homme en costume. Il tenait un parapluie dans une main. Amélia fronça une première fois les sourcils, avant de plisser les yeux avec béatitude. Dumbledore, songea-t-elle avec surprise, alors qu'elle détaillait la barbe et les cheveux auburn de ce dernier. Il était impressionnant de songer qu'il avait été jeune. Le directeur de Poudlard semblait en grande conversation avec l'autre adulte. Le professeur Dumbledore du présent les intima à nouveau d'avancer et ils purent les entendre correctement converser.

 

- ...vous verrez, ces deux-là sont toujours ensemble. Ils se passent des choses étranges autour d'eux, vraiment très étranges, comme je vous l'ai raconté dans le bureau, mais... Vous êtes absolument certain, vous les prendrez tous les deux dans votre école, monsieur Dumbledore ?

- Assurément, madame Cole, apaisa Dumbledore. Pouvez-vous me dire quand est arrivée la petite Lianna à l'orphelinat ? Vous n'avez pas été très claire à ce sujet.

- Oh oui, bien entendu, affirma miss Cole. Autant Tom est né ici avant que sa mère ne décède rapidement, autant Lianna est arrivée endormie dans les bras d'un individu encapuchonné. Elle était âgée de quatre ans selon ses dires. Je ne sais rien de plus, mis à part qu'il nous a signalé que ses parents étaient décédés. Il nous l'a laissée rapidement, nous donnant juste son nom et son prénom par la suite et il a... littéralement disparu. Ce n'est pas une blague, je vous assure. La fillette, en se réveillant, était complètement perdue... Pauvre enfant, elle n'était même pas capable de nous en dire plus sur ce mystérieux homme, comme si elle avait tout oublié hormis son nom, son prénom et son âge. Elle ne se rappelait pas avoir des parents...

 

Le jeune Dumbledore, en pleine réflexion, approuva ses dires d'un hochement du visage. Ils étaient arrivés dans un couloir du deuxième étage. Des enfants jouaient partout avec insouciance. La dénommée Madame Cole les rappela à l'ordre et ils se calmèrent instantanément. Cette dernière venait de s'arrêter devant une porte. Et si cette femme avait été réelle, Amélia se la serait prise en pleine figure. La jeune fille, profondément ancrée dans ses pensées, ressentait de plus en plus d'appréhension. Son cœur pulsait de plus en plus frénétiquement contre sa cage thoracique, affirmant l'angoisse qui engourdissait ses membres.


Non seulement cet endroit lui donnait la chair de poule, mais en plus de cela, elle venait de comprendre que Tom Riddle était né dans cet orphelinat et que Lianna Sauwer avait étrangement été amenée au même endroit quatre ans plus tard en ne se souvenant de rien. Le hasard était simplement aberrant, n'est-ce pas ?

 

- C'est la chambre de Tom, continua madame Cole. Celle de la petite Lianna est au troisième, mais je suis pratiquement certaine que vous la trouverez ici. Si cela n'est pas le cas, j'irai la chercher, ajouta-t-elle en toquant de deux petits coups secs à la porte. Tom, tu as de la visite.


Madame Cole ouvrit la porte qui grinça légèrement sur son passage.

 

- Tom, tu as de la visite, répéta-t-elle d'une voix calme. Ah, Lianna, tu tombes parfaitement bien. Il y a une personne qui souhaiterait vous parler à tous les deux. Monsieur Dumbledore, je vous en prie, entrez ! Et Lianna, n'oublie pas ton vaccin après le dîner. Madame Martha t'attend et il est inutile de discuter, je ne crois pas que tu tiennes à attraper la rougeole, jeune fille... Surtout qu'on en est infesté pour le moment, songea-t-elle à voix haute. Bien, je vous laisse discuter avec eux, professeur Dumbledore.

 

Harry, qui était attentif face à ce qui l'entourait, avança d'un pas ferme auprès du Dumbledore du présent. Amélia avait une boule à la gorge, et resta paralysée devant la porte d'entrée durant quelques instants avec anxiété. Elle expira rapidement et fit un pas puis deux dans la chambre. Elle traversa le corps de madame Cole qui referma rapidement la porte derrière elle.


La chambre ne comportait qu'une armoire, une chaise en bois et un lit en fer. Lianna était assise sur les draps gris qui recouvrait le matelas. Une moue boudeuse était plaquée sur son jeune visage. Elle murmura quelque chose sur Madame Cole et son vaccin qu'elle ne comprit pas. Tom, lui, était assis sur la chaise, et un livre était ouvert sur ses genoux. Il regarda avec inexpression le Dumbledore du passé qui venait d'entrer dans la chambre. Sans crier gare, les larmes montèrent aux yeux d'Amélia qui les fixait avec une expression proche de l'indécence. Elle se fit la réflexion que la ressemblance qu'elle avait avec le jeune Riddle était flagrante et terrifiante.

 

Amélia sentit le lourd regard d'Harry se poser sur son dos, et elle ne daigna pas le fixer, toujours perdue dans sa contemplation. Leur Dumbledore échangea quelques paroles avec son ami qu'elle ne prit pas la peine d'écouter. Elle était trop perturbée par l'apparence qu'abordaient ses géniteurs. L'enfant était trop obnubilé à détailler Tom car il  disposait du même teint pâle, des traits de visage, en plus des cheveux bruns et de la mèche bouclée qui vagabondait sur son propre front. Il était un parfait reflet  de l'adolescente, en version masculine. Seuls ses yeux noirs et son nez différaient des siens.


Elle détourna le regard, comme brûlée a vive, et s'attarda sur sa génitrice. Elle disposait toujours de cheveux noirs à l'instar de la photo qu'elle avait récupérée et ces derniers étaient toujours aussi bouclés. Cependant, ils ne lui arrivaient qu'aux épaules. Amélia se perdit  dans ses yeux si identiques aux siens: ils étaient si captivants. Ce fut à cet instant précis qu'elle se demanda comment deux enfants pouvaient tourner aussi mal et devenir les personnes les plus dangereuses de la Terre.

 

Lianna fronça son petit nez retroussé en remarquant la tenue bizarroïde que le Dumbledore aux cheveux auburn abordait sur lui. En effet, au-dessus de son costume rayé et mauve, il portait une cape de la même couleur, chose qui était en toute logique anormale pour des êtres sans pouvoirs magiques. Encore une fois perdue dans ses songes, elle ne remarqua pas que le jeune Dumbledore se présentait comme étant un professeur et qu'ils étaient invités à venir réaliser leurs futures études dans une école appelée Poudlard.

 

Tom ricana et répondit d'une voix sûre que c'était comme un docteur, être professeur. À ces mots, Amélia avala de travers et elle toussa avec surprise, son visage rougissant sous son étranglement. N'avait-elle pas plus au moins dit la même chose à son âge, en ayant peur que ses parents ne l'envoient chez les fous à cause des bizarreries qui se passaient à l'école moldue ou même à la maison ?

 

- Tout va bien ? fit brusquement Harry en s'approchant pour la première fois auprès de son amie, en voyant ses joues devenir rouges à force de tousser.


Amélia se reprit après quelques secondes à tousser. Leur Dumbledore avait dû comprendre sa violente réaction. Celui-ci s'était attardé sur sa personne avec un intérêt non dissimulé, car il connaissait le vrai souvenir. Sans qu'Amélia ne le sache, le mage blanc guettait la moindre de ses réactions. C'était pour cela qu'il restait silencieux, préférant laisser Harry agir en premier lieu. Dumbledore soupira discrètement et tristement, il était certain qu'elle était bien la fille de son père. Il ne pouvait pas le nier, songea-t-il en se remémorant de sa visite à  Amélia, le jour où il était venu lui révéler son statut de sorcière sous le regard attentif de ses parents adoptifs.


L'adolescente se retourna vers Harry et croisa les deux émeraude qui la fixaient d'un air soucieux. Elle hocha rapidement le visage, et lui fit signe de continuer d'écouter le souvenir. Incertain, surtout en remarquant les yeux brillants de larmes de cette dernière, il se retourna, vers la scène qui se déroulait devant eux. Comment Harry pouvait-il ne serait-ce que la regarder ? Il devait se retrouver en colère, et non s'inquiéter d'elle, elle qui ressemblait aux assassins de ses parents. D'un regard en coin, Amélia vit Lianna se recroqueviller sur elle-même alors que le jeune Dumbledore s'asseyait auprès de la jeune future Lady Voldemort.

 

- Un professeur ? Si on vous dit qu'on n'est pas fou, vous partirez ? C'est ça l'école... Podl... Poudlard, un endroit pour les fous ? C'est pour ça que vous voulez qu'on vienne Tom et moi ? claironna la voix enfantine de Lianna qui semblait réellement avoir peur.

- Répondez-lui ! ajouta Tom en voyant que Dumbledore prenait du temps à chercher ses mots. Et dites-lui la vérité !


La petite Lianna semblait réellement terrifiée. À plusieurs reprises, Amélia remarqua qu'elle s'était tenu à plusieurs occasions son genou droit, tout en grimaçant, comme si une douleur provoquait ces grimaces. Le Dumbledore du passé souriait aimablement, peu impressionné par le petit Tom qui semblait déjà donner des ordres. Un nouveau frisson parcourra l'échine de l'adolescente, elle avait déjà parlé sur ce ton déplaisant et impérieux quand elle était passablement énervée.


- Poudlard est une école pour des gens, qui comme vous ont certaines capacités et qui...

- ON N'EST PAS FOU ! hurla Tom qui se leva furibond, faisant tomber le livre qui se trouvait sur ses genoux. Il se mit aux côtés de Lianna comme s'il allait intervenir à n'importe lequel moment si l'adulte tentait quelque chose : comme les emmener loin d'ici... Dans un asile, par exemple.

- Poudlard, continua Dumbledore comme s'il n'avait pas été interrompu, est une école de magie.

 

Le visage de Tom se figea sous la surprise. Il jeta lentement un regard à Lianna qui venait, elle aussi, de détourner les yeux vers le petit garçon avec stupéfaction. Ils se regardèrent dans les yeux, comme s'ils établissaient une conversation silencieuse entre eux. Puis, ils détournèrent à nouveau lentement leurs regards vers le sorcier aux cheveux auburn. Leurs expressions restaient figées par la stupeur et ils semblaient, aux yeux Amélia, que ces derniers semblaient déceler le mensonge dans les paroles que venaient de prononcer le futur directeur de Poudlard.

 

- De magie ? répéta Tom dans un murmure.

- Tout à fait ! dit Dumbledore.

- C'est de la magie qu'on arrive à faire ?

- Qu'est-ce que vous arrivez à faire?

- Beaucoup de choses, souffla Tom. On arrive à déplacer des objets par la pensée, sans les toucher... Les animaux nous obéissent sans qu'on ne les dresse par exemple. On peut attirer des ennuis aux gens qui nous embêtent, leur faire du mal si on le veut...

- Vous êtes des sorciers, continua fermement Dumbledore, et non fous, comme vous le prétendez... fit-il en clignant des yeux surpris face aux dernières paroles du jeune garçon.

 

L'excitation se peignait sur son visage d'enfant. Harry s'était brièvement retourné vers son amie. Il était tourmenté vis-à-vis de la tournure de la situation qui se déroulait devant eux. En entendant le mot sorcier, il y eut une drôle de lueur dans le regard de Lianna, comme si ce mot avait réveillé quelque chose en elle. C'était une chose qu'elle avait oubliée, mais cette confusion intérieure s'effaça bien vite la laissant dans le néant et la confusion que lui inspirait cet homme ou plutôt... ce sorcier.


- Vous êtes un sorcier, monsieur ? demanda Lianna avec une curiosité non dissimulée.

- En effet ! approuva-t-il aimablement.

- Prouvez-le ! exigea Tom.


Ni Amélia ni Harry ne s'attendaient à ce que le jeune Dumbledore sorte sa baguette magique de sa cape, et obéisse à la demande de Riddle. Les yeux de Tom pétillaient d'excitation, ses mains tremblaient avec fébrilité. Quant à Lianna, elle aussi était hypnotisée par le bout de bois, qu'elle suivait des yeux avec avidité.


Dumbledore la fit tournoyer agilement vers la seule armoire qui composait la pièce. D'un simple geste de la baguette, cette dernière prit soudainement feu et les deux adolescents qui  suivaient attentivement le souvenir sursautèrent et s'éloignèrent par réflexe.

 

Lianna fit également un bond en arrière et se retrouva un peu plus loin, contre le lit. Tom fixa avec indignation l'armoire en feu, et Amélia ne put s'empêcher de comprendre sa réaction. Si ses seules affaires se trouvaient là, il y avait de quoi ne pas être content. Cependant, à sa grande surprise, les flammes s'évanouirent aussi rapidement qu'elles n'étaient apparues, laissant l'armoire intacte. Belle illusion, songea la jeune Serpentarde.

 

- Où est... est-ce qu'on peut en avoir une, comme ça ?

- Pour l'instant quelque chose veut sortir de l'armoire, affirma Dumbledore. Nous verrons donc cela en temps voulu.


Le Dumbledore du présent fit un geste rapide de la baguette devant lui et le décor trembla, remua autour d'eux et ils se retrouvèrent plus loin dans la conversation. Le Dumbledore aux cheveux auburn était debout et s'apprêtait à partir quand Amélia remarqua qu'une boîte était ouverte sur le lit. Des objets étaient étalés sur le matelas. Ils étaient insignifiants aux yeux d'un adulte, mais certainement plus agréables aux yeux d'un enfant. Lianna venait de se mettre debout au côté de Tom, faisant virevolter sa petite jupe d'uniforme grise, et ils fixaient tous deux Dumbledore avec un regard calculateur songea à nouveau Amélia, l'air dépitée.


- Je compte sur toi pour rendre ces objets à leurs propriétaires et avec tes excuses. Cela est valable aussi pour toi, Lianna. Je sais parfaitement que tu as dans ta chambre des objets qui ne t'appartiennent pas. Sachez tous deux que le vol n'est pas toléré à Poudlard, et si vous ne le faites pas, je le saurais. De plus, le ministère, oui, il y a un ministère de la magie, pourrait bien penser que vous n'avez pas utilisé vos pouvoirs par inadvertance. Ce que je suis sûr que vous avez fait... Mais sachez que le ministère punit ceux qui violent la loi... A Poudlard, vous apprendrez à contrôler et à vous servir de vos pouvoirs. Bien, maintenant que vous avez votre ticket, vos lettres avec vos listes de fournitures, je vais devoir y aller... Voici deux bourses pour vos achats scolaires et si vous le voulez, je vous accompagnerai.

- On se débrouillera seuls, fit Tom d'une voix dure. Il suffit de nous dire où on doit se rendre. On se débrouille toujours seuls, répéta-t-il. Et on se promène à Londres de temps à autre, termina-t-il en prenant précautionneusement les deux bourses que lui tendait Dumbledore.

 

Amélia fut surprise de comprendre que Dumbledore n'insistait pas pour les accompagner. C'était après avoir expliqué correctement comment se rendre au chaudron Baveur, et après avoir précisé que toutes les informations complémentaires, notamment pour le départ du train, se trouvaient dans les missives, qu'il les salua chaleureusement.

 

- A très bientôt, les enfants, termina-il alors qu'il ouvrait la porte afin de partir, mais il suspendit son geste quand Tom lâcha brusquement du bout des lèvres :

- Je sais parler aux serpents, mais Lianna ne sait pas le faire, monsieur, fit-il poliment. Est-ce normal ? Ils viennent vers moi et ils me murmurent des choses, j'ai remarqué ça quand nous étions en excursion à la campagne.Puis, d'autres occasions se sont présentées et je savais toujours le faire.


Le Dumbledore du passé se figea sous la surprise et se retourna vers les deux enfants qui le regardaient partir, toujours avec un air méfiant plaqué sur leur jeune visage.


- C'est inhabituel, répondit-il avec un moment d'hésitation, mais cela s'est déjà vu !

- On peut sortir, cela suffira pour ce soir, fit brusquement le Dumbledore aux côtés d'Amélia et d'Harry.


Amélia se sentit brusquement aspirée vers l'extérieur. Une fois qu'elle eut touché le bras du directeur, elle atterrit en plein milieu du bureau. La jeune fille s'empressa de lâcher son bras tout en évitant soigneusement de tomber sur les yeux émeraude de son meilleur ami. Elle se dirigea d'une démarche ankylosée vers Fumseck, positionné sur son perchoir, et caressa frénétiquement les plumes de l'animal, le regard perdu.

 

- Saviez-vous, monsieur, à l'époque ? murmura Harry, le souffle coupé.

- Non, Harry, je ne pouvais pas savoir que je venais de rencontrer les personnes qui seraient dans leurs futurs les plus dangereuses de notre ère, lança d'une voix calme le directeur. Harry, puis-je te demander de passer demain soir, pour qu'on puisse discuter de tout cela ? J'ai besoin de parler avec Amélia, seule à seul. Je pense que cela l'a fortement troublée, termina-t-il en fixant le dos de l'adolescente qui jouait machinalement avec le phénix.

- Ou...oui, bien-sûr monsieur !


Harry se retourna vivement vers son amie, lui aussi quelque peu abasourdi par ce premier cours particulier, mais cela ne devait être rien à côté de ce que devait ressentir son amie d'enfance. Il voulut rapidement s'approcher, discuter immédiatement de tout cela avec elle et lui dire que tout allait bien. Puis, qu'il ne lui en voulait pas, que ça ne changeait rien à ses quatorze années d'amitié, comme il le lui avait déjà signalé lorsque la vérité avait éclaté, mais Dumbledore lui indiqua qu'il s'en occupait pour le moment et qu'il pouvait disposer pour ce soir.


Harry se contenta de s'approcher vivement de son amie, posa rapidement une main sur son épaule et l'embrassa délicatement sur la joue avant de lui chuchoter à l'oreille que tout allait bien et qu'ils en discuteraient le lendemain. Amélia n'eut aucune réaction, et continuade fixer dans le vide le pelage de l'animal qu'elle caressait. La porte d'entrée claqua, mais ce bruit paraissait lointain à ses oreilles et elle se retrouva seule avec le directeur.

 

- Je ne vous ai pas cru tout de suite, fit brusquement Amélia après quelques minutes de silence que Dumbledore respecta. Quand vous êtes venu à la maison, je ne vous ai pas cru tout de suite... Que j'étais une sorcière, je veux dire, lança-t-elle en se retournant vers le directeur qui se contentait de la regarder, attendant patiemment l'invitation à converser. Ils ont semblé prendre ça bien si... vite et ils l'ont accepté sans trop poser de questions !

- Ils étaient effectivement disposés à accepter être différents des autres enfants de l'orphelinat. Tu l'auras remarqué, ils semblaient déjà faire un usage conscient de leurs pouvoirs. Tu sais, je pense qu'ils savaient parfaitement qu'un événement comme cela pouvait se produire, approuva Dumbledore. Mais viens donc t'asseoir, Amélia.

 

Amélia, les yeux toujours aussi brillants, observa quelques instants les yeux bleus  du directeur avant d'accepter et d'obéir à sa requête. Elle se laissa tomber dans le fauteuil en velours pendant que Dumbledore faisait de même devant elle, en croisant calmement ses mains sur le bureau.

 

- J'ai su que je savais parler aux serpents très tôt, avoua brusquement Amélia, avec honte. Je parlais avec le serpent cousu sur ma couverture de bébé. Puis, une fois, quand j'étais en vacances avec mes parents, je devais avoir quatre ans, on avait été faire du camping et les serpents qui se trouvaient cachés dans les bois venaient me trouver pour discuter avec moi. Maman et papa m'ont toujours dis de faire attention avec ce pouvoir mais que je ne devais pas en avoir honte ou peur... 

- Cette aptitude très rare qui, je le conçois, est malheureusement associée généralement aux forces du mal ne veut pas dire que cela est quelques choses de mauvais. C'est surtout l'aptitude à l'utiliser pour la cruauté, qui donne ce côté malsain... Le fait de le parler ne signifie absolument rien, Amélia, et si je ne m'abuse, tu as toujours utilisé cette capacité à bon escient.


Amélia hocha rapidement le visage, et affirma ces dernières paroles. Elle fixa sans vraiment les voir les instruments qui jonchaient l'ensemble du plan de travail du directeur, toujours aussi pensive.


- Je leur ressemble beaucoup trop, fit à nouveau Amélia d'une voix tremblante. Et ça me fait peur, confia-t-elle doucement.

- De quoi as-tu peur ? dit Dumbledore calmement en la fixant par-dessus ses lunettes en demi-lune.

- De devenir comme eux, fit d'une voix blanche et incertaine l'enfant. Je suis tellement en colère, je... et ma magie qui me joue des tours. Je vais d'ailleurs devoir me rendre à nouveau chez le médecin durant la semaine de vacances d'Halloween. Ma mère a reçu un hibou de Saint-Mangouste comme quoi le docteur Stevens voulait me voir à nouveau... À cause de mes cellules magiques. Je ne l'ai su qu'il y a quelques jours, avoua Amélia.

- Tu n'es pas une mauvaise personne, répondit le mage blanc. Et... c'est un sentiment humain, la peur. Il n'y a pas à en avoir honte. Je suis au courant pour tes petits problèmes de santé, dirions-nous. Le corps médical a jugé bon de me prévenir, vu que cela concerne la concentration de ton flux provenant de tes cellules magiques.


Amélia releva le visage vers le vieux sorcier, un peu surprise, mais après tout c'était logique que les médicomages le préviennent, surtout si cela concernait le lieu où on apprenait justement à contrôler la magie et où des étudiants séjournaient dans le même lieu qu'elle.

 

- Si j'ai des problèmes avec ma magie, enfin mes cellules magiques, c'est à cause de la magie noire, n'est-ce pas ?

- Hum, oui et non mais la pratique de magie noire pratiquée par Lady Voldemort durant sa grossesse a certainement dû jouer un rôle à cet effet. J'opterais également sur le fait que tu as probablement dû hériter de leur quantité de cellules qui leur sont propres ; ce qui, assemblées, n'est pas pour jouer en ta faveur.

- Vous n'avez toujours aucune idée de comment...comment elle a pu m'avoir, alors qu'elle est censée être âgée, monsieur ?

 

Dumbledore pencha tristement le visage sur le côté, et passa une main sur son visage fatigué.

 

- Je ne préfère pas t'émettre des hypothèses qui pourraient s'avérer faussées pour le moment, Amélia. Il s'arrêta dans ces propos car il devait détourner l'attention de l'enfant sur le souvenir : la conversation se dirigeait sur un terrain des plus glissants. Il était préférable de la déconcentrer de ses questions quelques peu gênantes. Mais dis-moi, qu'as-tu pensé de ce  souvenir ? Je veux dire en lui-même. As-tu des remarques vis-à-vis de leurs actions ?

 

Amélia qui était toujours aussi perturbée ne fit nullement attention au changement soudain de sujet et fronça les sourcils, en pleine réflexion.


- J'ai remarqué qu'ils volaient des objets, monsieur... Un peu comme des trophées, non ? Et aussi qu'ils utilisaient leur pouvoir un peu comme pour, déjà là, soumettre les enfants à leur volonté. Tom ne voulait pas que vous l'accompagniez monsieur, car ils voulaient prouver qu'ils n'avaient besoin de personne ou quelque chose comme ça. Enfin, c'est mon impression. Ensuite, comment ça se fait que la mère de  Lord Voldemort ait voulu le laisser à l'orphelinat ? Elle a fini par mourir en accouchant si j'ai bien compris ? Et Lianna, elle arrive là un peu comme par hasard dans le même orphelinat que Tom à l'âge de quatre ans ? Que s'est-il passé pour elle, monsieur ? déblatéra avec curiosité Amélia.

- Il est tard, Amélia, et certaines choses seront abordées une autre fois. Je suis ravi que tu aies souligné ce que je voulais que vous remarquiez, Harry et toi. Cela sera d'une importance primordiale pour la suite. Ils étaient en effet déjà bien calculateurs, et collectionner les trophées leur prouvait en quelque sorte qu'ils étaient supérieurs aux autres enfants. Le prochain souvenir concernera justement ta grand-mère paternelle, Mérope Gaunt. Mais pour te faire un petit résumé, je pense qu'elle s'est laissé mourir de tristesse, abandonnée par son mari Tom Riddle sénior. Mais nous verrons cela une autre fois comme je te l'ai dit. L'histoire de Lianna est, quant à elle, des plus nébuleuse. Je suis actuellement sur la piste de souvenirs qui pourraient nous... éclairer.

 

Elle venait de recevoir énormément d'informations, et cela ne la faisait que réfléchir encore plus. D'un geste lent, elle se leva de la chaise, comprenant que le « il est tard » qu'il venait de prononcer était une invitation à prendre congé.

 

- B...bien, je vais aller me coucher, monsieur, fit d'une voix calme l'enfant.

- Essaie de dormir calmement, Amélia, fit Dumbledore en l'accompagnant jusqu'à la porte d'entrée.

 

Amélia mit la main sur la poignée, mais se retourna à nouveau vers le directeur avec une question au bout des lèvres qui la tracassait depuis un certain temps, déjà.

 

- Est-ce normal que je fasse parfois des rêves, qui me semblent fort semblables à la réalité ? Comme si, moi aussi, j'avais une...une sorte de connexion avec eux ? Pourquoi ai-je eu des visions identiques à celle d'Harry ces dernières années ? Je n'ai pourtant pas été attaquée...

 

Dumbledore ne répondit pas tout de suite à sa question. L'enfant était trop perspicace. Elle avait de qui tenir. Entre Davilia et Jonathan Sauwer, ses parents biologiques, ou encore la famille Gaunt, le mélange était explosif. L'enfant lui souriait maintenant avec timidité. Oh oui, ce sourire il l'avait déjà croisé, il y avait bien des années de cela. Non pas sur les lèvres d'un de ses parents, enfin, certes, Lianna Sauwer avait exactement le même sourire, il l'avait constaté par lui-même.


Non, le sourire qu'abordait la jeune femme était le sourire d'un de ses premiers élèves qu'il avait eu en classe, en tant que professeur de métamorphose. Oui, ce sourire timide qu'elle abordait était incontestablement celui de Jonathan Sauwer, un brillant élève d'ascendance moldue qui avait fait ses études à Poudlard entre 1909 et 1916 et qui avait été un élève de la maison Serdaigle. Il y avait des choses que l'enfant devait ignorer... pour son propre bien.


- Je n'en ai aucune idée, Amélia, fit Dumbledore. Mais encore une fois, il faudra que l'on en reparle, car il me semble qu'il est préférable que tu reprennes des cours d'Occlumencie auprès du professeur Rogue. Cela n'est pas à discuter et non, je ne pourrais pas le faire moi-même. Entre vous donner ces cours et d'autres activités, je n'en aurais malheureusement pas le temps, lâcha-t-il sous le visage ahuri d'Amélia.

- Je me débrouille parfaitement bien en légimentie et en occlumencie, je n'ai pas besoin de Rogue pour ça ! Et pourquoi, moi, je devrais faire ça et pas Harry ? fit Amélia, éberluée.

 

Dumbledore leva la main lui ordonnant de se taire.

 

- Le professeur Rogue, corrigea  Dumbledore. S'il y a vraiment une connexion, comme tu le soulignes, il est préférable qu'ils ne ressentent pas ta présence via leurs esprits, ne crois-tu pas ? Ils seraient fort dommage qu'ils apprennent par ce moyen que tu es en vie. Je pense qu'ils sont tellement obnubilés par Harry et leur dessein, qu'on peut supposer qu'ils ne l'ont pas encore remarqué. Si tel est le cas évidemment ! Autant donc agir et y faire quelque chose. Cela m'étonnerait fortement que tu arrives à contrôler tes émotions pour le moment, fit Dumbledore d'une voix un peu plus dure. En l'occurrence, tu as besoin d'apprendre à faire le vide, notamment avec tes sentiments... Dois-je te reprendre concernant ce qui s'est passé en ce début d'année ? On peut dire que cela a rapidement fait le tour de l'école, termina-t-il d'une voix grave. Autant te dire, que je ne suis absolument pas content sur cela, Amélia. Il est donc inutile de discuter plus longtemps de cela avec moi. Tu reprendras ces cours que cela te plaise ou non... Tu sais peut-être parfaitement, pour employer tes termes, utiliser cette magie, mais tu ne sais certainement pas contrôler tes émotions et contrôler ton esprit, qui est en état de confusion pour le moment.

 

Devant les arguments du directeur, elle se renfrogna, mais elle releva rapidement son regard qui était brusquement devenu quelque peu écarlate, ses émotions prenant effectivement le dessus sur ses agissements.


- Je n'ai rien fait de spécial avec Malefoy, monsieur. Juste une querelle à régler entre adolescents. Vous savez... Quant au professeur Rogue, je suis presque persuadée qu'il est un mangemort, vous devriez faire attention entre quelles mains douteuses vous me confiez, professeur.

- Non ? fit Dumbledore. Agir comme tu l'as fait était puéril, Amélia. Je fais entièrement confiance au professeur Rogue. Je ne sais pas du tout d'où tu tiens cela, mais tes sources sont infondées, jeune fille. Maintenant, je te prie de te calmer, car cela n'est pas à discuter. Tu feras ce que je te dis de faire. Ensuite, tu vas calmement te rendre dans ton dortoir, et passer une bonne nuit de sommeil. Tu rappelleras à Harry de venir me rejoindre demain soir, j'aimerais à mon tour m'entretenir individuellement avec lui à propos de ce souvenir. Maintenant que cela est fait avec toi.

 

Ah oui, Harry, qu'elle avait brièvement vu sortir de la pièce à la demande de Dumbledore alors qu'elle était profondément perdue dans ses songes. Elle n'avait pas très bien compris pourquoi il était parti, mais elle se doutait que Dumbledore avait voulu parler avec elle de ses ressentiments vis-à-vis de la situation... Elle grogna intérieurement, mais ce fut d'une voix étonnamment calme et polie qu'elle souhaita une bonne soirée au directeur de Poudlard.

Chapitre 14 : Pranking time by Chrisjedusor

 

Samedi 20 septembre 1996. 13h49. Parc de Poudlard

En ce weekend de septembre, les habitudes des jeunes sorciers avaient repris leur cours au sein de l'école de sorcellerie Poudlard. Le temps particulièrement clément donnait, par ailleurs, l'envie à certains de profiter des derniers jours de l'été en se posant dans le parc. Assise sur l'herbe fraîche, le dos positionné contre un tronc d'arbre, Amélia savourait la chaleur du soleil qui caressait son visage.  Ses mains étaient croisées contre son journal intime. Il était ouvert et positionné sur ses genoux. La plume qu'elle utilisait était négligemment posée sur le carnet. La jeune fille fixait depuis quelques minutes le ciel bleu parsemé de quelques nuages blancs, et son regard fixait un point invisible.

L'adolescente était perdue dans ses réminiscences.
 
Un courant d'air chaud traversa ses vêtements, et chatouilla son épiderme ce qui la fit soupirer de bien-être. L'après-midi était des plus agréables ; c'est pour cela qu'elle avait entrepris de suivre Andrew et Hermione. Ils avaient décidé décidé que s'avancer dans leurs travaux tout en profitant des dernières chaleurs ne pouvait que leur être favorable. Ensuite, ils se rendraient ensemble aux sélections de Quidditch. Amélia les avait organisées en fin d'après-midi, et les avait aménagées de  façon à ce que son meilleur ami puisse à son tour réaliser les siennes.
 
Elle leva son regard vers ses amis, qui, contrairement à elle, étaient productifs. Leur visage était penché sur des grimoires et des livres. Ils étaient étalé autour d'eux, et ses amis prenaient des notes sur leurs parchemins déjà bien griffonnés. Ses yeux retombèrent rapidement sur son journal intime. Son écriture étroite remplissait désormais de nouvelles pages. Heureusement que celui-ci avait été ensorcelé pour ne pas avoir de fin. Auquel cas, cela ferait longtemps qu'il aurait été entièrement complété. Elle reprit sa plume et la trempa rapidement dans le pot à encre positionné à ses côtés. Puis, elle recommença de nouveau à étaler ses songes qui lui torturaient l'esprit et lui rappelaient ô combien elle leur ressemblait.
 
« ...Quelques jours se sont écoulés depuis ce rendez-vous avec Dumbledore, et pourtant ce souvenir se ressasse encore dans mon esprit. Je ne peux pas nier qu'il ait été marquant, c'est un fait, mais... j'aurai espéré qu'organiser une fête surprise dans la salle sur demande pour les 17 ans d'Hermione ou encore que l'organisation des sélections de Quidditch, tout en préparant de nouvelles tactiques pour battre les autres maisons, m'aurait changé les idées. Mais pas du tout... Cela reste bien présent dans ma tête, ça m'épuise et j'ai cette foutue peur qui ne cesse de me tordre les entrailles... »
 
Elle soupira. Rien n'arrivait vraiment à la divertir. Elle ferma brièvement les yeux, laissant de nouveau le vent chaud lui donner des frissons de bien-être, tout en songeant à la petite fête surprise qu'ils avaient réalisée quelques jours auparavant dans la salle sur demande, à l'insu d'Hermione et à l'aide des elfes de maisons. Les petites créatures s'étaient occupés de leur réaliser un petit buffet froid en son honneur.
Hermione en avait été émue. De plus, cela lui avait permis de lui prouver à quel point cette dernière était amoureuse de Ronald.
 
Les regards gênés et échangés lorsque ce dernier lui eut offert ce petit bracelet confectionné à la main ne lui avaient pas échappé. Depuis cette constatation, Amélia n'hésitait pas à la surnommer la future madame Weasley dès que l'occasion se présentait. Bien sûr, les regards assassins que la jeune lionne lui renvoyait en guise de réponse la faisaient bien plus rire qu'autre chose. Surtout quand elle remarquait à quel point, Lavande Brown, une fille de Gryffondor, ne cessait de tourner autour du jeune Weasley. Cela énervait la jeune préfète sans qu'elle ne s'aperçoive de la provenance de ses sautes d'humeur.
 
Pour l'anniversaire d'Hermione, la jeune fille avait réussi à lui trouver et commander une version plus ancienne et manuscrite de l'histoire de Poudlard, au grand plaisir de l'adolescente qui l'avait rapidement ensevelie dans des embrassades. Ils avaient passé un bon moment entre amis. Après tout, dix-sept ans ce n'était pas rien chez les sorciers. Cela signifiait la majorité. La soirée s'était terminée sous le signe du divertissement : Ils avaient joué à un action/vérité version sorcier. C'est à dire à l'aide du Veritaserum. Amélia avait réussi à se procurer en douce du véritaserum dans l'ancienne réserve de potions de Severus Rogue, au grand désarroi de ses amis préfets.
 
Lors de cette soirée, organisée exceptionnellement après le couvre-feu, elle avait indéniablement remarqué l'absence de Ginny. Elle faisait tout pour l'éviter, comme si Amélia était atteinte d'une maladie incurable et contagieuse. Cela la blessait profondément, car elle avait de plus en plus la sensation d'être un monstre. Elle était un être qui n'aurait jamais dû naître.
 
« En plus de cela, il y a le professeur Slughorn dans cette histoire. J'ai l'impression qu'à chaque fois qu'il pose les yeux sur moi lors des cours de potions, il ne peut s'empêcher de songer à Lady et Lord Voldemort... Même si celui-ci fait indéniablement l'effort de faire la différence entre eux et moi. La façon mélancolique qu'il a quand il pose les yeux sur moi est révélatrice et me met franchement mal à l'aise... Et puis, il y a ce livre de cours dont Harry a fait l'acquisition lors de notre premier cours de potions. Tout mes amis sont sceptiqueà ce sujet ! Ils sont inquiets car il pourrait être un horrible objet de magie noire. Hum, il faut dire qu'on a toujours eu l'art d'accumuler les ennuis ces dernières années. Il y a donc de quoi se méfier...
 
Hermione et Andrew n'ont d'ailleurs pas pu s'empêcher de vérifier si ce dernier était maléfique. Il faut dire que je m'en sers assez souvent, car les instructions rajoutées sont vraiment concises et précises, mais cela ne leur plait pas. Sûrement car j'ai voulu essayer certaines formules annotées dans les marges. Je me suis d'ailleurs bien fait remonter les bretelles, mais après réflexion, il est vrai que l'on ne connait rien de ce fameux prince de sang-mêlé. Il vaut mieux que je ne tente rien qui pourrait me mettre dans les ennuis. Je pense qu'ils ont tous raison, je suis parfois trop bornée dans mes idées... »
 
De nouveau, elle releva le visage, puis jeta un nouveau regard incertain aux deux brillants élèves qu'étaient ses amis. Elle passa une main dans ses cheveux ébène, emmêlant un peu plus la mèche ondulée et rebelle qui vagabondait sur son front. Elle jaugea à nouveau ses amis. Ils étaient concentrés et penchés sur leur devoir de potion. Le sien, elle avait d'ailleurs rapidement pu le terminer grâce au livre de potions de Harry. Mais eux, ne voulaient absolument pas utiliser ce bouquin, et c'était franchement dommage quand on percevait l'efficacité qu'il pouvait leur rapporter dans cette matière. Fronçant les sourcils, elle se décida finalement à rompre le bruit angoissant des plumes grattées sur les parchemins et lâcha d'une voix hésitante :
 
- Qu'en pensez-vous, tous les deux ? 
 
Hermione, assise en tailleur, releva à son tour le regard. un air soucieux barra son visage.  Quant à Andrew, couché et étalé sur l'herbe, il posa calmement la plume sur son parchemin et leva un sourcil interrogatif à l'encontre de son amie. Ils respectaient son silence depuis qu'Harry et cette dernière leur avaient expliqué comment s'était déroulé leur premier rendez-vous auprès du professeur Dumbledore. En effet, Amélia était souvent profondément perdue dans ses songes et certainement peu encline à la conversation, à leur grand regret.
 
- Je pense que tu t'inquiètes trop et... que tu devrais, toi aussi, faire la part des choses. Tu t'en rends malade, fit la Gryffondor en comprenant le sous-entendu de son amie. Elle corna le livre qu'elle lisait et le referma. Tu n'as pas à t'en vouloir pour des choses dont tu n'es pas responsable et dont tu ne seras jamais la responsable.
- Comment...arrivez-vous à prendre ça aussi bien... Je veux dire, je suis leur fille, insista Amélia en regardant Hermione puis Andrew avec une grimace. Je suis un gosse potentiellement dangereux.
 
Le jeune Serdaigle se permit de rouler des yeux et la jeune Gryffondor souffla, l'air désespérée en comprenant que les doutes qu'éprouvait leur amie ne faisaient que s'accroître avec le temps. Puis, brusquement, elle chercha son cartable et fouilla à l'intérieur. Elle en sortit un carnet qui lui servait d'agenda et en extirpa une photographie qui lui servait de marque-page. Sans un mot, et après l'avoir tendrement regardé, elle la lui tendit sans un mot.
 
Que vois-tu là-dessus, Amélia ?

Ne comprenant pas où elle voulait en venir, la concernée baissa les yeux sur l'image mouvante et un sourire commença à se peindre sur son visage pâle. Ils avaient tous les six une copie de cette photo. Ils étaient tous debout devant le Poudlard Express. La locomotive laissait encore échapper des veloutées de fumées blanches et ils faisaient les pitres devant l'objectif. Ils venaient de terminer leur première année à Poudlard. Son soi plus jeune réalisait des grimaces plus loufoques les unes que les autres.
 
Autour d'elle, ses amis réalisaient exactement les mêmes exploits, espérant réaliser la plus belle grimace de la photographie. Ils étaient si petits, songea-t-elle en constatant à quel point, elle avait une tête en moins que le petit Harry ou même que celle des autres à cette époque. L'enfant était la plus jeune, et elle ne pouvait décidément pas le contester. Les traits de son visage étaient encore très enfantins.
 
- Et bien, fit Amélia avec hésitation, c'est nous. On faisait les imbéciles. On voulait tous réaliser une belle grimace sur cette photo. C'est ta mère qui l'a prise, il me semble, non, Andrew ? ... Mais quel est le rapport ? ... Hum, on avait l'air vraiment heureux.
- Tu viens de mettre le doigt dessus, remarqua Andrew qui s'était glissé plus près des filles afin de regarder la photo par-dessus l'épaule de son amie. Il comprit rapidement les intentions d'Hermione en lui présentant cette image. Oui, c'est elle qui l'a prise celle-ci.

Amélia se retourna vers Andrew, car elle ne comprenait toujours pas quel était le lien entre ses précédentes paroles et cette photo où elle faisait littéralement le petit clown. Elle analysa son visage carré, ses yeux bleus quelque peu fatigués qui contrastaient avec les cheveux noirs plaqués avec du gel façon moldu. Puis, elle plissa les yeux avec scepticisme, cherchant vainement à comprendre où ils voulaient en venir tous les deux.
 
- J'ai toujours été du genre à faire des pitreries ? tenta Amélia, incertaine. Je ne vois toujours pas le lien.
- On ne voit pas de « gosse » potentiellement dangereuse là-dessus, continua le Serdaigle, en tapotant son doigt sur l'image. Personnellement, je vois une fillette qui fait le clown devant un appareil photo. En soit, une petite fille, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Tu sais, si tu vas par-là, je suis aussi dangereux que toi, lança-t-il avec insinuation.
 
Hermione hocha de la tête, approuvant les dires du jeune garçon. Amélia comprit rapidement leurs sous-entendus, et songea à l'héritage que lui avait malheureusement transmis sa génitrice. Son ami avait hérité de quelques problèmes à cause de la condition de sa mère. Durant les périodes de pleines lunes, il pouvait devenir très irritable et agressif. Cependant, il ne se transformait pas grâce à une concoction inventée part sa mère. La sorcière plus âgée  était, par ailleurs, une brillante potioniste reconnue pour son talent dans son domaine.
 
En effet, cette potion était efficace pour les enfants de loup-garou. Pour des demi-loups, il était facile de détruire une transformation et de ne laisser à l'enfant que les petits effets secondaires qu'engendrait cette condition. Ce qui n'était pas le cas de la potion tue-loup, car celle-ci était seulement utilisée juste pour le contrôle de soi lors d'une transformation en loup-garou.
 
- On est tous des cas particuliers, j'ai l'impression, lâcha brusquement Amélia sur le ton de la conversation avec une pointe d'ironie dans sa voix. Entre toi, un demi-loup-garou. Harry, le survivant. Ron, considéré comme un traître à son sang chez les sangs purs. Élisabeth, qui a tout fait pour s'éloigner de ses parents mangemorts. Et moi... on n'est franchement pas sorti d'affaire. Et Hermione, en bonne née-moldue qui nous supporte, railla-t-elle. Finalement, on s'est vraiment tous bien trouvé.

Ils se regardèrent tous trois,et laissèrent glisser leurs yeux les uns sur les autres avec compréhension. Ils éclatèrent bruyamment de rire face à cette constatation. Amélia fixa ses amis avec tendresse et songea que pour rien au monde elle ne voudrait les perdre. Ils avaient tant vécu ensemble, affronter mille dangers, et ils avaient souffert et ri ensemble. En soi, ils étaient des personnes chères à ses yeux et elle ne laisserait jamais rien leur arriver.

Elle s'en faisait intérieurement la promesse.
 
Sous les rires, Amélia, ayant une soudaine envie de réaliser une petite blague à leur encontre, sortit discrètement sa baguette magique d'entre les boucles de sa ceinture et... crut bon de la pointer rapidement sur le visage d'Andrew. Elle prononça la formule « Aquamenti » et réitéra précipitamment la formule sur Hermione, qui, prise par surprise, n'eut pas le temps de se défendre.
 
Une nouvelle crise de fou rire prit la blagueuse face à l'état figé de la jeune lionne dont l'eau dégoulinait de ses cheveux touffus pour finir sa course sur son visage. Cette dernière reccracha l'eau absorbée à son insu, alors que d'une main elle relevait le parchemin sur lequel elle œuvrait, un air horrifié et béat sur son visage. Il venait de subir quelques dégâts. En effet, son devoir était trempé et de l'encre coulait désormais sur l'herbe fraîche du parc de Poudlard. Hermione bénissait la magie, car cela serait vite réparable. D'un geste lent, elle jeta un regard de convenance avec le jeune Serdaigle. Puis, à l'unisson, firent mine de jeter un regard noir à l'adresse de la Serpentard.
 
- Vous aviez be-besoin d'une petite pa...pause, expliqua Amélia entre deux rires. Fran-franchement, utiliser le livre du prince, bon sa-sang pour ce devoir de potion, il-il es-est très utile par rapp-rapport à ce-ce que demande Sl-Slughorn pour-pour celui-là, vous savez.
- Amélia ? fit Hermione d'une voix calme.
 
La jeune Serpentard était maintenant pratiquement pliée en deux sur l'herbe fraîche. Une main était positionnée sous ses côtes douloureuses à force de rire, mais elle eut une mauvaise impression quand elle croisa les yeux noisette de son amie. Le ton employé par cette dernière était trop apaisé et posé à son égard. Elle décida de rapidement ranger son journal intime dans son sac à bandoulière en apercevant lesregards complices que se lançaient ses amis.
 
- Oui, Hermione ? fit-elle, mine de rien. Elle continuait de glousser de rire mais se prépara à se défendre face à de futures représailles.
- Prépare-toi à payer pour ça, Amélia Phelps ! hurla Andrew dans un cri de guerre. Aquamenti !

Amélia eut tout juste le temps de rouler sur l'herbe fraîche afin d'éviter le sortilège qui s'échappa avec rapidité de la baguette grise du jeune homme. Elle se remit debout rapidement, armée de sa baguette magique et sprinta vers le lac noir alors que de nouveaux flux d'eau se dirigeaient dans sa direction, qu'elle bloqua à l'aveuglette avant de continuer sa course folle vers le lac.
 
- LAISSEZ-MOI PASSER, LAISSER-MOI PASSER ! cria Amélia à l'adresse d'un groupe de deuxième année.
- N'ESPÈRE PAS T'EN TIRER COMME CA, VILE SERPENTARD ! hurla, Hermione. ANDREW, ATTRAPE-LA !
- JE N'AI PAS PEUR DE VOUS ! balança Amélia, tout en continuant de laisser échapper des rires victorieux.
 
Les nombreux élèves vaquant à leur occupation dirigèrent leur regard vers les trois adolescents qui lançaient et contraient les jets d'eau. Les trois amis aspergeaient parfois des élèves tranquillement couchés sur la pelouse, grognant de leur enfantillage pour certains. Les étudiants étaient habitués de voir ces élèves traîner ensemble malgré leur appartenance aux différentes maisons. C'est pour cela qu'ils ne s'en préoccupèrent pas plus que ça et retournèrent rapidement à leurs occupations. Amélia bouscula des petits Gryffondors qui se trouvaient sur son passage et réattaqua à l'aveuglette. En jetant un regard par-dessus son épaule, elle constata que seule Hermione la poursuivait alors qu'elle contournait et se cachait derrière un immense séquoia afin de se reposer après sa course effrénée. Elle espérait ainsi prendre la Gryffondor par surprise quand celle-ci apparaîtrait devant elle.
 
- ON T'A EUE, AQUAMENTI ! PRENDS-TOI ÇA EN PLEINE TÊTE ! RICTUSEMPRA !
 
Elle ne l'avait pas vu venir. Andrew avait dû prendre un raccourci. Il se trouvait maintenant devant elle, les yeux pétillants de malice, quand il l'aspergea d'eau. Sous la surprise, elle ressentit d'intenses fourmillements tout le long de ses bras, son buste et ses jambes, la faisant hurler de rire. Elle s'écroula à terre, lâchant sa baguette magique sur le sol boueux et recroquevilla ses bras sur sa poitrine douloureuse sous ses éclats de rire.
 
- Eh oui, Amélia, ce n'est pas bon d'être aussi sûre de soi, se moqua Hermione qui était arrivée à leur hauteur. Ça t'a fait bien rire ? Eh bien maintenant, prends-toi ça : Amplificatum ! rigola la jeune Gryffondor.
- AHAHAH ! C'es-C'est BO-BON L-LES GAR-GARS JE-SUIS DÉ-DÉSOLÉE, AHAHA VRAIM- VRAIMENT ! ÇA FAIT M-AL AUX CÔTES ! STO-STOP AHAHAH, S'IL VOUS PLAIT !
- Ça devient fort intéressant... Continue, tu t'excuses de ? se moqua Hermione. Qu'en penses-tu Andrew ? Amélia, à notre merci. Ce n'est pas tous les jours que ça arrive, hein ?

Le jeune Serdaigle jeta un nouveau regard complice à la Gryffondor en guise de réponse, et continua de fixer Amélia qui se marrait de plus en plus sous l'influence du sortilège. Ils stoppèrent leur sort d'un mouvement de baguette magique, laissant la possibilité à Amélia de se reposer. Son corps relâcha la pression et elle put donc respirer normalement, tout en laissant échapper quelques spasmes de rires qui ne voulaient décidément plus la lâcher. Cela faisait vraiment un bien fou de pouvoir s'amuser avec ses amis.
 
- Je m'excuse de vous avoir trempés ! fit Amélia avec une fausse sincérité. Elle se redressa sur ses deux coudes. Un sourire mauvais apparut soudainement sur ses lèvres. Vous êtes complètement fichus, fit-elle, mine de rien.
 
Amélia venait d'apercevoir son ami d'enfance. Il était derrière ses deux amis, vêtu de la tenue réglementaire de l'équipe de Quidditch de sa maison. Il tenait fermement son balai entre ses doigts gantés. Il le déposa à terre et prit sa baguette en main. Lui aussi eut envie de se joindre à ce moment de joie. Il visa donc le Serdaigle puis la Gryffondor de sa baguette magique et lâcha le nom d'un sortilège appelé Lévicorpus. Harry l'avait trouvé dans le fameux manuel appartenant au prince de sang-mêlé et testé sur Ronald, quelques jours auparavant dans le dortoir des Gryffondor.
 
Les effets de ce sort avait pour but de soulever la personne dans les airs. Andrew et Hermione se retrouvèrent dés lors le visage à l'envers sans trop comprendre ce qui leur arrivait. Amélia se redressa, récupéra sa baguette magique et se leva, satisfaite de ce retournement de situation.
 
- Tu me cherchais ? fit Amélia d'une voix amusée à l'adresse de l'élu.
- Je te cherchais pour qu'on puisse se rendre au terrain de Quidditch, approuva-t-il. Tu n'es pas prête ? fit-il, à son tour d'un air amusé. Je viens de te sauver la vie, on dirait, remarqua-t-il en hochant son visage vers les deux sorciers suspendus dans le vide.
- Je vais me rendre à la salle commune, ça ne me prendra pas longtemps et je vais aller récupérer mes affaires qu'on a un peu laissées en plan, fit Amélia. Elle ignora les engueulades de ses deux amis suspendus dans les airs. Mais d'abord, un petit bain dans le lac les gars ?
- N'ESPÈRE PAS ! beugla Hermione. Ses joues étaient rougies puisque son visage était à l'envers. HARRY JAMES POTTER, FAIS-MOI DESCENDRE DE LÀ AVANT QUE JE NE T'ENVOIE EN RETENUE ! ET TOI, AMÉLIA, NE T'AVISE MÊME PAS DE ME BALANCER DANS L'EAU, OU JE TE PROMETS QUE, NON SEULEMENT TU AURAS UNE RETENUE DE MA PART, MAIS J'ENLÈVERAI AUSSI DES POINTS À LA MAISON SERPENTARD !
 
Amélia et Harry s'approchèrent des deux « victimes » et se lancèrent un regard complice tout en se tapant dans les mains, l'air victorieux.
 
- Mmmh... Qui est à la merci de l'autre maintenant, les gars ? lâcha Amélia en imitant Hermione. Elle fit mine de jeter un regard en coin au jeune Gryffondor qui tenait sa baguette en l'air, afin de maintenir les deux jeunes sorciers sous l'emprise du sortilège. Vas-y, fais les voltiger jusqu'au lac, ricana la serpentard. La revanche est un plat qui se mange froid, c'est un proverbe moldu, expliqua Amélia, mais Hermione, je ne t'apprends rien... Harry, tu ne trouves pas que c'est de l'abus de pouvoir ça ? se moqua-t-elle.
- De l'abus de pouvoir complètement, approuva Harry avec un clin d'œil,en faisant mine de les faire voltiger vers la vaste étendue d'eau.
- ET MOI JE LE MANGE GLACÉ TON PLAT, AMELIA PHELPS, cria Hermione, toujours furieuse. FAITES-NOUS DESCENDRE ! ordonna-t-elle.
 
Amélia soupira faussement de lassitude, puis haussa négligemment les épaules sous ses nombreux spasmes de rire.
 
-  Bon...ça va, approuva-t-elle, un air nonchalant était toujours plaqué sur son visage pâle. De toute manière, je vais être en retard aux sélections et un capitaine en retard ça ne le fait pas trop...

Harry lâcha donc les deux sorciers sur le sol. Il approuva d'un geste du visage les dires de son amie. Après leur chute, Hermione et Andrew se remirent rapidement debout, après avoir frotté leurs vêtements recouverts de terre. Deux regards noirs s'en suivirent alors que les deux meilleurs amis éclataient de rire en voyant la mine dépité abordée par leurs amis . Malgré cela, l'hilarité  contamina leurs deux autres amis et ils ne réussirent pas à garder un air fâché bien longtemps sur leur visage . Dans le vaste domaine qu'était Poudlard, les quatre rires des adolescents se répercutèrent en écho entre les collines qui entouraient le lac noir.


 
~*~


Samedi 20 septembre 1996. 14h27, Terrain de Quidditch

Amélia trouvait décidément que cette fin de mois de septembre était particulièrement chaude, comparée à l'été plutôt glacial dont ils avaient eux droit durant les vacances scolaires. Cependant, elle ne s'en plaindrait pas. Ce temps clément était parfait afin de réaliser ses sélections de Quidditch. L'adolescente referma ses doigts gantés contre son Firestorm. Elle l'avait obtenu un an auparavant quand son premier balai avait décidé de rendre l'âme. Le bois de son nouveau balai était noir, et en guise de design, des éclairs de feu y étaient dessinés.
 
Quelque peu nerveuse, elle jeta un œil à l'attroupement d'élèves qui étaient agglutinés dans le centre du terrain. Amélia soupira de lassitude,et songea à quel point elle aurait bien voulu ridiculiser ces Serpentards vaniteux dont elle entendait certains échos relatif à son statut de sang. Ne s'attardant que brièvement sur ces gens, ses iris s'attardèrent sur les gradins. Ils étaient déjà remplis de nombreux élèves des diverses maisons. Elle songea que le fait qu'Harry et elle-même eurent organisé leur sélection l'un après l'autre devait probablement en être pour quelque chose.
 
Cependant, elle eut un doute après avoir reçu des encouragements de la part d'étudiants qu'elle ne connaissait que de noms et qui étaient finalement ravis qu'il y ait enfin quelqu'un d'honnête à la tête de l'équipe des Serpentards, promettant finalement des matchs loyaux au cours de cette année scolaire. Amélia avala de travers en y songeant. Elle doutait fortement de ses capacités à diriger un groupe de Serpentard. Après tout, elle n'était peut-être pas si douée que cela dans le rôle de « chef », peut-être même qu'elle se ridiculiserait ? songea-t-elle avec angoisse.
 
Alors qu'elle ruminait intérieurement ses inquiétudes, ses yeux clairs retournèrent se poser du côté des gradins, là où de nombreux Gryffondors s'étaient installés. Harry se trouvait entre quelques camarades de classe. Cependant, à ses côtés, Amélia apercevait Max, fermement concentré sur ce que le Gryffondor lui racontait. En effet, Harry exécutait de multiples gestes, lui montrant certainement diverses figures en rapport avec le Quidditch. Il descendait et remontait son bras afin d'expliciter ce qui semblait, aux yeux d'adolescente, un mime relatif à « la feinte de Wronski ». Elle sourit tendrement devant cette image, et songea aux nombreuses fois où elle avait fait monter le petit garçon sur son balai à Privet Drive, à l'insu de ses parents.
 
Maximilien avait tenu à se rendre aux sélections. Elle lui avait parlé tant de fois de ce sport, que l'enfant avait tenu à voir les gens en action. Il était certain que les cours dispensés par le professeur Bibine en première année étaient plus lents, plus axés sur la façon dont les jeunes sorciers devaient contrôler leur balai. Amélia songea dés lors  aux deux nouvelles fréquentations de son frère. Quelques jours auparavant, il lui avait présentés ses amis. Elle se rappelait avec amusement du cours particulier qu'elle leur avait dispensé dans l'enceinte de la bibliothèque. Ils avaient eu du mal à réaliser leur devoir de potion.

 
Les deux petits sorciers, Lucy et John, avaient d'abord été très timides et impressionnés par l'écusson qu'elle portait sur sa cape de sorcière. Puis, les voyants si mal à l'aise, elle les avait complètement déridés en leur racontant quelques-unes de ses anecdotes. Amélia avait même réussi à les faire éclater de rire dans la bibliothèque alors que son frère approuvait ses dires avec satisfaction. Il était après tout toujours plus gai d'apprendre en s'amusant, bien que madame Pince ne fût pas de cet avis. Celle-ci n'avait d'ailleurs pas pu s'empêcher de venir donner quelques remontrances.
 
Les deux gamins n'avaient pas pu s'empêcher de s'interroger sur le fait qu'elle était une Serpentard et Amélia avait sagement répondu, comme elle l'avait répété un bon nombre de fois : Serpentard ne s'associait pas automatiquement à méchants futurs sorciers. Ils auraient très bien pu y atterrir s'ils avaient eu les qualités requises à la maison. Au fond d'elle, ses préjugés commençaient sincèrement à l'agacer.
 
Ses yeux se posèrent de l'autre côté des gradins et c'est là qu'elle aperçut Hermione, Élisabeth et Andrew. Hermione n'avait jamais apprécié ce sport, et lisait donc un bouquin, posé à même ses genoux. Amélia avait cessé de chercher la raison de son mépris pour ce sport depuis bien longtemps. Elle fronça les sourcils, et se demanda où était passé Ronald, avant de se concentrer sur Hermione qui lui parut de mauvaise humeur.
 
Élisabeth et Andrew se moquaient d'elle sous quelques éclats de rires. Curieuse, l'adolescente suivit donc du regard l'objet de ses railleries et... elle manqua d'éclater à son tour de rire en remarquant que Lavande Brown, à quelques rangées de son amie, lui  lançait de temps à autres des regards noirs.
 
- Potter a toujours été comme ça avec ton frère ?
 
Amélia se retourna et croisa le regard sombre de Theodore Nott. Il était en tenue de vol, et venait d'arriver derrière elle. Elle fronça les sourcils, d'un air sceptique. Le garçon aux cheveux mi long et en bataille ne lui avait jamais souligné le fait qu'il appréciait un tant soit peu le Quidditch. Celui-ci semblait d'ailleurs amusé devant sa réaction et un sourire un coin apparut sur ses lèvres alors qu'elle l'analysait de haut en bas avec incrédulité.
 
- Oui, il a toujours été comme ça. On est une famille, Théodore, tu sais, fit-elle en haussant les épaules. Que fais-tu en tenue de Quidditch ? Tu...tu te présentes aux sélections ? s'informa inutilement la jeune Serpentard. Tu n'as jamais fait mention au fait... que tu aimais voler...
- Tu ne me l'as jamais demandé, remarqua le jeune homme. Et puis, auparavant, il n'y avait aucune fierté particulière à faire partie de l'équipe... Alors que maintenant, avec une capitaine impartiale...les choses risquent d'être bien plus intéressantes !

Sous le compliment, les joues d'Amélia s'empouprèrent de gênes. Le Serpentard, après avoir réalisé son petit effet, termina sa phrase avec un clin d'œil. Il se dépêcha de rejoindre l'attroupement d'élèves au centre du terrain. Perturbée par le sourire qu'il lui avait envoyé, la jeune fille cligna des yeux à plusieurs reprises, et se frappa mentalement afin de reprendre ses esprits. Et alors qu'elle s'attardait enfin réellement sur les élèves de toutes les années confondues, elle remarqua des premières années -ils se cramponnait nerveusement sur leurs balais, comme si elle n'allait pas remarquer qu'ils n'avaient rien à faire là, puisqu'ils n'en avaient aucun droit. Elle inspira finalement et espéra afficher une mine décontractée et sûre d'elle.

Il était temps de voir si elle avait pouvait avoir un semblant d'autorité sur les gens...

 

 

Chapitre 15 : Duel de Quidditch entre ennemis by Chrisjedusor
Author's Notes:

Merci beaucoup à MadameMueller pour toutes ses reviews <3 N'hésitez pas à laisser une petite trace de votre passage, cela fait toujours bien plaisir.

De plus, j'ai décidé de publier une nouvelle petite histoire. Elle se déroule entre 1980 et 1981. Et concerne donc la période ou Amélia était avec Tom et Lianna.

Aussi, je pense que je vais rassembler tout les os que j'ai sur cet univers sur une même fiction, se sera bien plus facile , je pense.

Bonne lecture à tous, et Joyeux Noël,

Chris

 20 septembre 1996. 15h01, Terrain de Quidditch

 - BIEN ! cria Amélia.
 
L'adolescente réalisa que sa voix avait été assurée et ferme. En un seul mot, et d'un même mouvement, les regards s'étaient tournés vers sa personne, créant un silence instantané autour d'elle. La jeune Serpentard passa sa langue sur ses lèvres asséchées. Elle était anxieuse mais inalement, tout se passerait peut-être dans le calme et dans le respect, et qu'il n'y aurait aucun débordement, non ? Amélia les passa tous en revue afin de faire comprendre que sur le terrain, c'était elle qui commandait , aucun élève n'aurait le droit d'user de leur soi-disant statut de sang et de supériorité à son égard. Oui, ici, c'était elle qui maîtrisait la situation !
 
Quelques ricanements moqueurs s'élevèrent de l'attroupement. C'était encore une fois centrées sur sa pureté de sang. Ils émanaient d'un groupe de troisièmes années. La jeune femme balaya d'un geste de la main ces propos indécents. Puis, les fusilla du regard, d'un air excédée. Certains ne changeraient décidément jamais.
 
- Bon, répéta Amélia tout en se raclant la gorge. Pour ceux qui ne le savent pas encore, je m'appelle Amélia Phelps et je suis élève en sixième année. Cette année,  j'ai eu l'honneur d'être nommée capitaine. Je vais être brève. Premièrement, ceux qui sont là pour ennuyer leur petit monde peuvent directement prendre le chemin des vestiaires. Le respect sera de vigueur que ce soit au sein de l'équipe ou envers nos collègues des autres maisons. La tolérance est donc exigée. Ce n'est pas un choix. Je n'accepterais aucunes remarques méprisantes, que ce soit envers moi ou même nos camarades de classe adverses. Effectivement, le premier que j'entendrais insulter qui que ce soit sera définitivement renvoyé de l'équipe et laissera sa place à un autre étudiant. Ni plus ni moins.
Secundo, je détiens le poste d'attrapeur depuis ma deuxième année. Il n'est donc pas à pourvoir. Les gens qui sont venus pour ce poste, vous pouvez également déguerpir du terrain. C'est pareil pour vous les gamins de premières, continua-t-elle en hochant le visage vers les plus petits. Vous n'êtes pas en âge de vous essayer à un quelconque poste ! Et tertio, si tout ce que j'ai dit précédemment est assimilé, alors vous pouvez vous mettre en file. À gauche pour les poursuiveurs, au milieu pour les potentiels batteurs et à droite pour les gardiens. Maintenant ! ordonna-t-elle.
 
De nombreux élèves, toutes années confondues, s'éloignèrent du centre du terrain. Amélia suivit brièvement du regard des élèves de deuxièmes années. Ils étaient affublés de battes et ils les tenaient fermement entre les mains. Ces derniers s'éloignèrent du groupe, dégoûtés d'avoir même osé se présenter aux sélections. D'autres, à l'instar d'un groupe de cinquièmes années, n'hésitèrent pas à l'insulter par des noms tous aussi méprisants les uns que les autres quand ils décidèrent de quitter rageusement la pelouse.
 
Les plus déçus étaient les premières années qui s'en allèrent du terrain avec des pieds de tête. Pour certains, ils laissèrent volontairement traîner les pieds sur le sol, à l'image des enfants qu'ils étaient encore. Le reste des Serpentards encore présents se dépêchèrent d'obéir aux ordres qu'Amélia avait transmis. Un sourire de satisfaction se peignit sur son visage après avoir fait le ménage tandis que les groupes se formaient sous ses yeux. Tout allait bien se passer, songea-t-elle. Ses mains, gantées, étaient devenues moites à cause du stress.
 
- On commence par les poursuiveurs. Je veux un gardien au but, exécution !


Elle leva rapidement ses iris vers les gradins. Ses amis et son frère lui donnaient des signes d'encouragement. Amélia se permit d'inspirer une dernière fois une grande bouffée d'air et se mit en position sur son Firestorm. Elle tapota du pied et elle prit rapidement de l'altitude. La sensation habituelle de bien-être qu'elle ressentait quand elle volait sur son balai fit rapidement son apparition. Elle ferma quelques secondes ses paupières, profitant du vent chaud traversant ses vêtements et qui ébouriffa ses cheveux dans tout les sens. À cet instant précis, elle se sentait vraiment tranquille et apaisée. Les soucis s'effaçèrent momentanément de son esprit, et elle profita de l'instant présent. Oui, c'était une certitude : monter sur son balai lui faisait vraiment un bien fou.



            ~*~



20 septembre 1996. 16h30, Terrain de Quidditch
 
Transmettre des ordres n'était certainement pas donné à tous les individus. C'était ce que l'adolescente se fit comme réflexion en reposant ses pieds sur la terre ferme. Elle avait dû faire face à de nombreuses protestations d'élèves. Certains refusaient d'admettre qu'ils ne feraient pas partie de l'équipe après avoir réalisé des carambolages, que ce soit contre les grands poteaux de but et parfois à même les tribunes.
 
Amélia s'était cassé la voix à plusieurs reprises contre des étudiants qui, malgré ses préventions, s'amusaient à faire les pitres. C'était ainsi qu'elle avait vociféré contre certains des batteurs. Ils avaient trouvé plaisant de lancer les cognards en liberté sur leurs camarades de classe, assis dans les gradins. Ses nerfs avaient été mis à rude épreuve, et ils lui semblaient d'ailleurs plus solides qu'il ne lui paraissait au départ. Elle s'en sortait plutôt bien dans le rôle de capitaine. Elle avait su quoi faire avec un tel naturel et une telle facilité, qu'elle en avait été la première surprise.
 
Elle faisait maintenant face à sa nouvelle équipe. Son équipe, se répéta-t-elle intérieurement avec fierté. Elle devait diriger ce petit groupe qui se trouvait maintenant attroupé devant elle, et cela l'angoissait bien plus qu'elle ne se l'était imaginé. Alors qu'intérieurement elle se battait avec son pessimiste récurrent de ces dernières semaines, elle laissa glisser ses yeux sur les nouveaux membres de l'équipe de Quidditch de Serpentard.
 
Elle avait dû faire des concessions. Certains Serpentards étaient doués sur un balai, il fallait se l'avouer. Mais elle garderait un œil aiguisé sur les préjugés qui pourraient venir de certains réfractaires qui prônaient des idées associées à la pureté de sang. C'était ainsi que Montague, un élève en dernière année doté d'une carrure assez imposante et idéale pour le Quidditch, avait récupéré son ancien poste de poursuiveur. Théodore avait également réussi à obtenir le deuxième poste disponible à cet effet. Il volait plutôt bien sur un balai et l'agilité dont il disposait était un atout essentiel en pour son équipe.
 
Quand elle croisa son regard sombre, elle se dépêcha de regarder ailleurs et analysa le reste de son équipe alors qu'il lui lançait un nouveau sourire complice qui réchauffa de nouveau ses joues. Le troisième poursuiveur était la jeune sœur d'Adrian Pucey. Nora Pucey, était une petite blondinette à l'allure frêle et en troisième année mais il fallait se méfier des apparences, cette pré- adolescente avait effectué de véritables prouesses quelques minutes auparavant lors de ces sélections. Et puis, elle ne l'avouerait pas à voix haute, mais Amélia en devait une à son frère. Elle n'oubliait pas que c'était grâce à lui qu'elle était entrée comme suppléante dans l'équipe et que, par extension, elle était devenue capitaine.
 
Le gardien, Mile Blechey, élève en cinquième année, était un garçon plutôt grand et mince affublé de petits yeux enfoncés et noirs. Il n'avait pas particulièrement de préjugés sur le statut des gens. Il était un peu comme Théodore Nott, indifférent à tout ce qui l'entourait. Tant qu'on ne l'ennuyait pas, il n'y aurait aucun problème.
 
Pour finir, elle n'avait pas trop eu de possibilités pour le choix des batteurs. Colin Bole et Derek Jones pouvaient s'avérer être de vraies plaies. Inséparables l'un de l'autre depuis leur rentrée à Poudlard, ses étudiants de quatrième année étaient de fier sangs-purs, à l'image de Draco Malfoy. Cependant, ayant un amour inconditionnel pour le sport, il était indéniable qu'ils faisaient tous deux un effort surhumain pour rester courtois envers leur nouveau capitaine. Quant aux sept réservistes, elle les avait choisis avec une grande difficulté et intérieurement, elle espérait ne jamais avoir à les solliciter pour un match.
 
- Je tiens à féliciter les anciens et les nouveaux venus dans l'équipe. J'ai réservé le terrain pour demain matin. Les autres capitaines sont d'accord avec cela. Je vous propose donc de se rejoindre à l'aube dans les vestiaires, vers sept heures. Je sais qu'on est dimanche demain, mais nous entraîner suffisamment tôt, et voir qu'elles sont nos forces et nos faiblesses ensemble ne pourra que nous être bénéfique lors des matchs... Et puis ainsi, vous aurez toute votre journée de libre pour vos autres activités. Je voudrais vraiment que cette coupe soit à nous et que l'on puisse montrer que les Serpentards peuvent y arriver à l'amiable. Je compte donc sur vous et... je pense que ce sera tout, fit Amélia en réfléchissant rapidement à un quelconque oubli. Vous pouvez y aller et encore toutes mes félicitations.

Un sourire fier apparut sur les lèvres de l'enfant en entendant les applaudissements s'élever bruyamment des tribunes alors qu'un sentiment de bien-être apparaissait au creux de son estomac. Les nouveaux joueurs s'éloignèrent du terrain, en hochant le visage en guise approbation pour certains, alors que d'autres préféraient par curiosité aller s'installer dans les gradins afin de participer à la suite des événements : c'est à dire les sélections des Gryffondors.
 
Amélia passa une main dans ses cheveux mouillés due à l'effort qu'elle avait réalisé précédemment et croisa la silhouette d'Harry. Il arrivait dans sa direction. Son balai était fermement tenu en main et sa peau abordait un teint pâle. Alors que ce dernier approchait à grandes enjambées, elle vit dans son champ de vision Theodore qui se rapprochait lui aussi de sa personne. Le jeune homme  se ravisa en voyant le Gryffondor l'approcher et il se contenta donc d'un signe de la main, et l'adolescente lui renvoya timidement avant de prendre, à son tour, le chemin des vestiaires.
 
- J'ai loupé quelque chose avec Nott là ? remarqua Harry, en suivant des yeux le Serpentard, s'éloignant de leur champ de vision.
 
La jeune fille, perdue dans ses songes, sursauta quand son meilleur ami prit la parole. Une moue moqueuse était plaquée sur son visage. Ses joues devaient avoir pris une teinte cramoisies. Elle les sentait chauffer. Elle cligna des yeux à deux reprises et secoua le visage par la négative tout en fusillant du regard Harry, qui venait de réitérer l'aller-retour entre les deux Serpentards.
 
- Tu n'as rien loupé, fit Amélia. Tu sais très bien que tous les Serpentards ne sont pas à cataloguer dans la catégorie « abruti fini » ... Et tu sais très bien qu'on s'est toujours plus au moins bien entendu avec Nott, hum. Alors... Comment j'étais ? Pas trop nulle ?
- Si je n'ai rien raté, explique-moi pourquoi tu es rouge pivoine ? se moqua le survivant en désignant du visage les deux pommettes de la jeune femme. Tu rigoles, j'espère ? Nulle ? Tu les menais par la baguette, oui, fit ce dernier, l'air dépité. Tu te débrouilles tellement mieux que moi pour faire le chef, grogna-t-il. Je vais me faire ridiculiser... Enfin, Max a adoré y assister, termina-t-il en hochant le visage vers les tribunes, là où le petit garçon était coincé entre leurs meilleurs amis. Il semblait maintenant absorbé par la conversation à laquelle il assistait auprès de ces derniers.
- Je suis rouge parce que...parce que j'ai chaud de l'effort que j'ai fourni, fit-elle abruptement en guise de réplique. Et n'exagère pas, par merlin. Je suis certaine que tu vas parfaitement te débrouiller avec tes petits Griffons, ricana Amélia.
- Comme c'est mignon, lâcha une voix traînante. La sang-de-bourbe et le balafré sont en pleine discussion. Ça fait vraiment pitié de voir cet insigne de capitaine sur ton torse, Phelps... Comment Dumbledore est-il parvenu à un tel accord avec notre directeur de maison, en te nommant capitaine ? Comment ce vieux fou a-t-il pu encore décider de salir un peu plus la maison du grand Salazar Serpentard, alors que ton sang la pourrit déjà depuis six ans maintenant...

Les deux amis s'étaient retournés à l'unisson vers les trois nouveaux arrivants. Ils étaient fatigués de ces commentaires incessants qu'ils écoutaient depuis six ans. Malefoy était accompagné de ses deux acolytes masculins, Crabbe et Goyle. Ils se frottaient vigoureusement les mains, faisant craquer leurs muscles comme s'ils s'apprêtaient à tabasser Harry et Amélia. La jeune Serpentard se retint de rouler des yeux. Elle n'avait aucune envie de s'énerver. D'ailleurs, elle était étonnamment paisible et ce n'était pas ces fiers sangs-purs qui allaient venir titiller sa magie instable. De nouveau, elle voulut ricaner avec amusement. Vincent Crabbe était légèrement plus petit qu'elle, et continuait de masser ses poings d'un air menaçant qui ne faisait ni chaud ni froid aux yeux de la jeune femme. Croyaient-ils sincèrement lui faire peur ? songea-t-elle en haussant un sourcil, moqueur.
 
- Dégage du terrain, Malefoy, grogna Harry. Tu n'as rien à faire ici, d'ailleurs ! On peut savoir pourquoi tu t'amènes avec un balai ? continua-t-il d'un ton venimeux.
- Du calme, Potter. Je suis venu pour proposer un marché à Phelps. Je sais qu'elle ne m'aurait jamais laissé passer les sélections, n'est-ce pas ? fit celui-ci en se retournant vers la Serpentard. Inconsciemment, elle commençait à ressentir une violente irritation. Effectivement, Malefoy tenait entre ses mains un nimbus 2004. Comme je le disais, je suis venu pour te proposer un marché. Un petit duel, dirions-nous. Le premier qui attrape le vif d'or gagne ou garde le poste d'attrapeur. Le perdant est définitivement exclu de l'équipe de Quidditch. Hum, tu ne peux pas savoir à quel point cela m'insupporte de te savoir capitaine. Et je suis certain que l'équipe préférerait avoir un digne élève de Serpentard au lieu de ton puant sang-de-b... commença-t-il.
- Mon quoi ? Mon sang ? Tu n'en a pas marre ? Continue à m'insulter, vas-y... Ça ne me fait ni chaud ni froid, cracha froidement Amélia en sentant pourtant son cœur  pulser avec vivacité contre sa cage thoracique, allant ainsi contre ses propres paroles. Ce n'est pas le sang qui fait le sorcier, Malefoy ! Et... tu penses sincèrement que je vais me rabaisser et accepter la requête d'un type dans ton genre ? Je ne vais pas mettre mon poste en jeu pour tes yeux, la fouine.

Amélia ne comprenait décidément pas son irritation constante dés lors qu'on la défiait. Elle connaissait pourtant les élèves de sa maison et comment ils pouvaient être bornés dans leurs idées. Alors pourquoi sentait-elle de nouveau son flux magique chauffée dans ses veines avec virulence ? Comme si  celle-ci voulait agir pour la défendre et le faire taire ? À plusieurs reprises, elle aurait pu répliquer sournoisement qu'elle était en fait une sang-mêlée, mais cela engendrerait d'autres questions et elle n'avait rien à revendiquer concernant son patrimoine. Si on pouvait appeler cela un héritage, songea-t-elle avec dégoût. 
 
- Tu as peur Phelps, c'est ça ? Tu as peur de manier ton balai ? ricana Crabbe.
- Dans quelques secondes, siffla Amélia, c'est ma baguette magique qui va arriver dans ma main et être maniable si vous ne dégagez pas du terrain dans la seconde, continua-t-elle, glaciale. Avoir peur ? Laissez-moi rire deux minutes ! Je n'y peux sincèrement rien si tu t'es fait ridiculiser en deuxième année, Malefoy. J'ai été meilleure que toi il y a quatre ans, c'est tout et... tu vois, malgré mon sang dit impur, je suis maintenant capitaine parce que Adrian Pucey a jugé bon de me présenter à Marcus Flint à l'époque !
- Tu aimes jouer avec les mots, Phelps ? Tu te crois maligne, n'est-ce pas ? Car tu sais, ce qui s'est passé en début d'année en cours de défense contre les forces du mal, commença Goyle d'une voix mystérieuse comme s'il détenait le scoop de l'année, ça a fait le tour de l'école. Tout le monde en parle et certains pensent même que ce que tu as fait à Draco est quelque chose de lié de près ou de loin à de la magie noire.
- De la magie noire, vraiment Goyle ? se moqua Harry. Tu entends ça, Amélia ? s'esclaffa le Gryffondor tout en jetant malgré tout un œil à son amie qui s'était momentanément figée sous la surprise. Complètement ridicule !
 
Amélia ressentit un étrange frisson traverser le long de sa colonne vertébrale et elle remarqua que ses mains gantées commençaient à trembler à la suite de cette annonce. Elle ne savait pas elle-même ce qui s'était passé et ce qu'elle avait réellement fait à Malefoy. Était-ce vraiment lié à des prédispositions liées à la magie noire ? Elle avala de travers. Après tout, ils n'avaient peut-être pas vraiment tort. Elle était entrée dans son esprit sous la colère et elle l'avait momentanément fait souffrir selon sa volonté.
 
Est-ce que cet événement était encore dans les conversations et les rumeurs des étudiants ? songea-t-elle. Certes certains élèves se tenaient à une distance raisonnable de cette dernière, mais elle avait quand même reçu des encouragements, lui affirmant ainsi que Malefoy l'avait mérité. Est-ce que les gens avaient compris ce qui s'était réellement passé ? Le professeur Dumbledore n'avait peut-être pas tort, elle se devait de contrôler ses émotions.
 
- Tu n'as pas l'air bien, Phelps, constata Malefoy. Parce qu'on ne va pas se mentir, n'est-ce pas ? Tu as utilisé la légilimentie contre moi. M'aurais-tu torturé par le biais de l'esprit ? Si c'est cela, c'est grave n'est-ce pas ? Je suis certain que toi qui a déjà eu des problèmes avec la justice, tu adorerais revoir les membres du Magenmagot. Mais... attends voir en fait, tu vas très bientôt les revoir tes copains. Il secoua le visage,d'un air ironique. Je devrais peut-être en parler à mes parents. Rajouter ça à ta charge après avoir utilisé par deux fois la magie en dehors de l'école et devant moldu, tu penses recevoir une condamnation qui t'emmènerait tout droit en prison ?
- La première fois que nous avons utilisé la magie en dehors de l'école, c'était devant mon cousin, cracha Harry. Et nous l'avons fait pour faire fuir des détraqueurs. Ensuite, des amis de tes parents, des mangemorts, ont attaqué le monde moldu cet été. Amélia a juste voulu aider ces pauvres gens ! Si tu crois ce torchon qu'est la gazette du sorcier et tes aristocrates coincés qui te servent de parents, ce sont tes problèmes, mais pas les nôtres !
- Tu insultes mes parents, l'orphelin ?! s'offusqua le garçon blond.
 
Amélia s'apprêtait à faire apparaître sa baguette magique à l'instar du garçon aux cheveux en bataille, mais sentant la colère prendre dangereusement le dessus et s'apercevant que quelques  visages s'étaient retournés vers eux, elle se ravisa. Attirer l'attention n'était pas dans ses objectifs. Cependant, le destin avait décidé que tester ses nerfs devait probablement faire partie de son quotidien.
 
- Ferme-là, cracha la jeune femme, et prends ton balai, ordonna-t-elle glacialement. Tu as gagné. Faisons ce duel, mais je l'accepte à une seule condition : que tu oublies cette histoire en cours de défense contre les forces du mal. Cela te va-t-il ?
 
Pourquoi venait-elle de dire cela sur un coup de tête ? Cela porta pourtant ses fruits puisque le sang-pur fit mine de réfléchir sous le regard ahuri d'Harry, qui écarquilla les yeux d'horreur. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle mette en jeu son poste d'attrapeuse et de capitaine. Amélia jeta un œil dans les gradins. Ils avaient tous haussé le ton et nombreux étaient maintenant ceux qui les suivaient d'un air intéressé depuis les tribunes.
 
Parmi eux, Hermione venait de refermer brusquement le livre,  ouvert sur ses genoux. Elle lança un regard noir à ses deux amis, les prévenant de rester tranquille. Amélia allait certainement se faire de nouveau remonter les bretelles pour son impulsivité. La jeune femme en  avait que faire et elle constata qu'Andrew s'était levé et s'apprêtait à descendre sur le terrain, mais elle hocha le visage par la négative, lui faisant comprendre que cela était sa décision. Avec incertitude, il se rassit près de sa cousine, qui par-dessus ses lunettes, lui envoya un regard peint par la lassitude.
 
- C'est équitable, il me semble, approuva le sang-pur. Bien, c'est d'accord, lâcha-t-il en tendant la main vers l'Héritière de Serpentard. Enregistre bien ce moment, Phelps, car il est le début de ta perte.
 
Avec hésitation et à contrecœur, la jeune femme tendit l'une de ses mains gantées. Elle la pressa avec mépris et dégoût. Harry tenta d'arrêter sa manœuvre, en vain. Il savait à quel point le Quidditch lui servait d'activité afin d'évacuer ses angoisses et ses craintes et surtout à quel point elle aimait voler. Faire cela était du suicide et Amélia, elle-même, le savait. Car si elle perdait, elle s'en voudrait. Cependant, elle avait une certaine fierté et ridiculiser le blondinet était une satisfaction personnelle qu'elle se devait d'assouvir.
À ces pensées, une brève lueur écarlate apparut dans ses prunelles, mais personne ne s'en aperçut, car elle se dirigea vers l'endroit où se trouvait les équipements de Quidditch. Harry était sur ses talons et les trois autres Serpentards ricanaient déjà de leur future victoire et de sa propre défaite.
 
- Tu...tu ne vas pas faire ça, Amélia, fit le Gryffondor en la voyant se diriger vers la malle où se trouvaient les différentes balles de Quidditch. Depuis...depuis quand tu te rabaisses à ce genre de chose ?
- Je ne me rabaisse pas Harry. Je vais tellement le ridiculiser qu'il ira se cacher dans les toilettes de Mimi Geignarde et il n'en sortira plus avant un très long moment. Je suis désolée de retarder tes sélections, mais je te le promets, je fais au plus vite.

Le survivant n'en revenait pas. Quant à elle, elle essaya d'ignorer les élucubrations  proférer à son égard. Harry lui affirmait avec fermeté que sa décision était ridicule, mais elle ne répliqua pas. Pendant ce laps de temps, Amélia déboucla la malle qui s'ouvrit dans des petits cliquetis de ferrailles. Elle ne s'attarda pas sur les cognards fermement attachés qui s'agitaient dans tous les sens. Elle prit rapidement la petite boule dorée et ailée. Elle essayait déjà de s'échapper de sa paume.
 
- Et mais... écoute, tu adores ça et... et si tu perds ? Tu y as pensé ? lâcha-t-il en la suivant de nouveau.
 
Amélia se figea à mi-chemin de Malefoy et se retourna vers Harry, les yeux brillants de malice.
 
- Douterais-tu de moi ? ricana-t-elle avec ironie. C'est MA décision, point final.

Elle lâcha brusquement le vif d'or. Il disparut rapidement dans les airs et elle ne le lui laissa pas le temps de lui répondre. L'élu  continuait de garder une expression de béatitude et elle en profita pour revenir au côté des trois Serpentards.
 
- Tu n'as pas l'air très content de la décision de ta meilleure amie, Potter, constata Draco, l'air amusé. Tu as peur qu'elle perde ? Hum, tu as sans doute raison. Ta sang-de-bourbe va certainement perdre. Apprécie donc le spectacle, le balafré.

Crabbe et Goyle les huèrent tout en pointant leur pouce vers le sol en guise de moqueries. De nouveau, Harry voulu récupérer sa baguette magique, mais Amélia le retint par le bras. C'était son duel. Ils se jetèrent un regard de connivence et Harry abandonna la partie, comprenant qu'Amélia était trop têtue et qu'il ne lui enlèverait pas cette idée saugrenue de l'esprit.
 
- Joue maintenant, cracha l'adolescente, au lieu de dires des choses aussi ridicules. Harry, je compte sur toi pour dire aux filles que je ne tiens pas à me prendre des remarques. Bien... c'est partie, lâcha-t-elle en se positionnant sur son balai.
- Granger et Sharps te remettent à sa place ? ricana Draco. Je ne savais pas !
- Occupe-toi de tes cheveux gominés, siffla rageusement Amélia. Je n'ai pas que ça à faire !
 
Amélia positionna correctement ses mains sur son balai. Les gants qu'elle avait achetés sur le chemin de Traverse prirent rapidement la forme du manche et s'accrochèrent fermement contre le bois du balai. Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre Malefoy qui avait enfourché sur balai, elle rabaissa les lunettes qu'elle avait relevées sur ses cheveux ébènes, déterminée, et s'envola sous le regard perplexe d'Harry Potter.
 
- Prépare-toi à perdre, Phelps, cria le blond dont la voix était étouffée par le vent.
- Le mot perdre n'est pas dans mon vocabulaire, Malefoy, hurla-t-elle à son tour.


           
 ~*~


20 septembre 1996. 16h58, Terrain de Quidditch
 
Elle était à recherche du vif d'or depuis une quinzaine de minutes et c'était environ la vingtième fois qu'elle faisait le tour du terrain. Amélia passa devant trois anneaux hauts de quinze mètres qui servaient de but au souaffle. Les cris d'excitation ne faisaient que s'accroître dans les tribunes, à son grand désarroi. Les rumeurs selon lesquels un duel de Quidditch était en train de se produire avait déjà dû se répandre tel une traînée de poudre auprès des étudiants. Amélia avait effectivement l'impression que les gradins étaient de plus en plus bondés.
 
- On s'ennuie, Phelps ?
 
Amélia sortit de ses songes. Son ennemi juré s'était positionné à ses côtés, un air moqueur grignotait son visage blafard. Pour la première fois, elle analysa les traits fatigués de l'autre Serpentard. Il était clair que quelque chose le tourmentait bien qu'il gardait ses habitudes de sang-purs. Il lui semblait que le blond était souvent sur ses gardes depuis la rentrée, comme si une épée de Damoclès planait au-dessus de sa tête.
 
La Serpentard mourrait d'envie d'utiliser la légimentie contre lui afin d'avoir des preuves sur son statut de mangemort ou encore sur ce qu'Harry et elle-même avaient entendu lors de la mission d'infiltration dans le Poudlard Express, mais elle ne fit rien de tout cela, apeurée par le sentiment de puissance qui l'avait envahi quand elle avait utilisé cette capacité lors de sa dernière utilisation.
 
- Tu m'exaspères ! lâcha-t-elle du bout des lèvres.
 
Elle lui jeta un regard ennuyé et se surprit à songer à le faire tomber de son balai, lui faisant ainsi ravaler le sourire mesquin qu'il ne cessait d'aborder à son égard. Autour d'eux, les encouragements fusaient de tous les côtés.
Ici et là, elle pouvait entendre des « Tu peux le faire », « Montre-lui qui commande, Amélia », mais également des « A bas la sang-de-bourbe », « Mets-lui la pâtée à cette impure ». Ces dernières phrases lui donnaient envie de rabaisser ces minis Nazis sorciers pour ce qu'ils étaient : des moins que rien.
 
- La foule est déchaînée on dirait, mais oh...oh ! lança Malefoy.

Elle ne comprit pas tout de suite son petit numéro. Elle le vit descendre en piquet à une vitesse fulgurante et elle se lança rapidement à sa poursuite, ordonnant à son balai de prendre de la vitesse par de petits coups techniques nécessaires pour obtenir plus de rapidité. Arrivé à quelques mètres du sol, le Serpentard remonta en chandelle et Amélia dut s'y prendre avec précision pour ne pas terminer tête la première sur la pelouse en s'écrasant lamentablement sur le sol. C'était avec contrôle et justesse qu'elle redressa son firestorm sous les « oh » communicatifs des étudiants qui admiraient le spectacle dans les tribunes.
 
- Ne m'en veux pas, Phelps, se moqua-t-il. Ça manquait d'ambiance. Tu as aimé ma petite feinte de Wronski ? Vu ton visage alarmé, tu as vraiment cru que j'avais aperçu le vif d'or, s'esclaffa-t-il. Pauvre idiote !

Elle ne répondit pas car ses yeux venaient discrètement de suivre un petit point scintillant et étincelant près de l'oreille du jeune garçon blond. Mine de rien, elle fonça vers l'objet et exécuta la même feinte que son adversaire. Pensant que cette dernière bluffait à son tour, il se moqua ouvertement de la reproduction de sa propre ruse, mais il s'abstint reès vite en comprenant que son ennemie ne l'avait pas dupé comme il l'avait fait quelques secondes auparavant. Il fit donc demi-tour énervé et s'élança à sa poursuite.
 
Amélia accéléra la cadence tout en jetant un œil par-dessus son épaule. Elle leva son bras gauche vers la petite balle dorée qui partait dans tous les sens, mais Draco arriva rapidement à sa hauteur et provoqua volontairement une collision à l'aide de son coude ce qui l'éloigna momentanément du vif d'or. Ce dernier, durant ce laps de temps, reprit de l'altitude ce qui obligea les deux sorciers à monter plus haut dans le ciel dégagé.
 
- Tu n'es pas fair-play, cria Amélia, furieuse. Enfin, avec un gars dans ton genre ça ne devrait même plus m'étonner ! cracha l'adolescente.
 
Draco ricana ce qui eut le don d'énerver un peu plus l'adolescente. Amélia se rapprocha au plus près qu'elle le pouvait et le poussa à l'aide de son manche à balai. Le jeune garçon en perdit quelque peu l'équilibre et fut, par la même occasion, ébloui par le soleil. Le vif d'or virevoltait toujours furieusement autour d'eux et Amélia en profita pour se démarquer du sang-pur afin de mettre de plus en plus de distance. Elle effectua finalement une technique appelée le « croc-en-manche ».
 
Cette technique permettait de ralentir l'adversaire en accrochant violemment le balai afin de le faire changer de direction. Elle attendit donc le moment propice. Seulement, le vif d'or décida de faire aussi des siennes et il redescendit brutalement vers le sol, obligeant la jeune fille à rester concentrée sur la petite balle ailées. Amélia jugea qu'effectuer la feinte quand elle serait auprès des spectateurs aurait plus de chance de faire tomber le garçon de son balai.
 
- Tu vas te blesser ! hurla une voix. Fais demi-tour !

C'était Elisabeth. Elle levait les bras dans tous les sens, désespérée. Amélia remarqua que son amie était prise d'une crise de panique, mais elle ne s'y attarda pas. Elle identifia également d'autres voix inquiètes alors qu'elle effleurait avec rapidité les tribunes. Mais encore une fois, elle ne s'en préoccupa pas, trop occupée à vouloir agripper le balai du garçon blond afin de le faire chuter au sol.
 
D'un geste brusque, elle se fraya un passage entre deux tribunes et fit tomber à la renverse les spectateurs présents. Tout en prenant de nouveau de la vitesse, elle fit monter l'adrénaline qui parcourait ses veines. Puis... elle ralentit inopinément. Le sang-pur, ne s'y attendant pas, fut surpris et dut l'éviter, lui faisant perdre le contrôle de son nimbus 2004. Amélia le vit s'écraser lamentablement sur le sol et un sourire mauvais orna ses lèvres en le voyant dans cette position ridicule.
 
Entre temps,  le vif d'or s'était dirigé vers les anneaux de but à l'opposé. Elle  se dirigea dés lors de nouveau dans cette direction et finalement, après quelques minutes, elle attrapa la petite balle entre sa main gantée dont les ailes s'agitaient furieusement contre ses doigts. Une fierté sans nom traversa sa chair et elle ne put s'empêcher de lever le poing en l'air en signe de victoire tout en laissant exprimer un cri de joie. 
 
Sous les applaudissements et dégoulinante de s