Libéré par effraction by Sifoell
Ancienne histoire coup de coeurSummary:

Julia se débat avec le deuil, chez elle, dans cette petite ferme sur les falaises de Corbière. Julia se débat avec la vie aussi, parce qu'il faut bien qu'elle continue, même si l'envie n'est pas là. Julia va voir son monde entrer en collision avec un autre monde dont elle ignorait totalement l'existence. Mais, chez qui d'autre pouvait atterrir ce sorcier ?

Cette histoire participe au concours de Seonne, la saison du phénix (2020).

Images de Alessio Cesario Pexels, Eto Prekrasno, Marius Hordjik, montage réalisé sur Canva par mes soins.

 

Fic terminée


Categories: Après Poudlard, Univers Alternatifs, Autres couples (Het) Characters: Harry Potter, Personnage original (OC), Sirius Black
Genres: Angoisse/Suspense, Aventure/Action, Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: Les Fletcher, Les Black, La saison du phénix, Années 2000 et suite
Chapters: 33 Completed: Oui Word count: 76398 Read: 11155 Published: 05/07/2020 Updated: 27/01/2021
Story Notes:

Libéré par effraction se passe entièrement du point de vue de Julia, mon OC (non, ne fuyez pas, elle est géniale, ma Julia).

Vu tous les événements qui vont lui arriver, et vu le choix que j'ai fait et assumé de ce point de vue unique, il va y avoir plein d'événements qui vont se passer quand elle n'est pas là, de choses qui ne lui seront pas dites et qu'elle ne va pas comprendre. Certains personnages vont avoir des comportements qui vont vous faire hurler de frustration, et d'autres grosses surprises vont advenir. Il y aura donc du mystère et des choses non résolues dans cette fiction.

Comme je voulais aussi écrire sur Sirius, Perséide a vu le jour ensuite, du point de vue de Sirius qui, lui, va un peu plus maîtriser, à un moment l'information. Je vous invite à lire Perséide, dont je suis à peu près à la moitié (octobre 2021).

Je vous souhaite une très bonne lecture et à bientôt :) Les reviews nourrissent ma motivation, sinon ;) Je plaisante, vous pouvez lire sans en laisser, il n'y a pas de soucisa avec ça.

1. Le moment avant que l'histoire ne commence. by Sifoell

2. Cela commence par une histoire de cambriolage by Sifoell

3. Pierre et le loup by Sifoell

4. Ho, hisse ! by Sifoell

5. La ferme des pas perdus by Sifoell

6. L'oeil du cyclone by Sifoell

7. Intermède - Rouge Nez des Landes by Sifoell

8. Déjà-vu by Sifoell

9. 62442, Londres. by Sifoell

10. La traversée by Sifoell

11. Sens dessus dessous by Sifoell

12. 4ème avec ascenseur by Sifoell

13. Kreattur by Sifoell

14. La nuit de Walburga by Sifoell

15. Réunion interdite aux chiens et aux moldus by Sifoell

16. A l'unisson by Sifoell

17. Conférence de presse à l'abri de l'Arche by Sifoell

18. Quelqu'un à saluer by Sifoell

19. Se préparer au départ by Sifoell

20. Retour au bercail. by Sifoell

21. Le carnet de correspondance by Sifoell

22. Journaliste, piaf et sorcier mécontent by Sifoell

23. Le dernier sera le premier by Sifoell

24. Fantôme, demi-géant et héritier des Black by Sifoell

25. Réparer les choses brisées by Sifoell

26. Parce que je veux être avec toi by Sifoell

27. Le calme après la tempête by Sifoell

28. L'arithmancie pour les nuls by Sifoell

29. Entremêlées by Sifoell

30. Langue-de-Plomb by Sifoell

31. La fille d'un héros de guerre by Sifoell

32. Toutes ces choses merveilleuses by Sifoell

33. Oh chouette, des copines by Sifoell

Le moment avant que l'histoire ne commence. by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour à tous, un court chapitre en guise de prologue d'une histoire qui me trotte dans la tête depuis quelques années déjà.

 

 

oct 21 : relecture.

2005

Le vent hurle en s'engouffrant sous les avancées du toit de chaume. Il est tellement violent qu'il en fait trembler les vitres. Une jeune femme emmitouflée dans une grande robe bariolée et un châle de laine immense entreprend de fermer les volets de bois un à un. Le vent joue avec ses cheveux bruns qui s'agitent en tornade autour de sa tête. Elle lutte contre le vent qui repousse les volets, et les ferme avec le crochet. Elle jette un regard inquiet vers la grange où sont enfermés les ânes, les chèvres, les poneys, les lapins dans leur clapier et les poules dans leur poulailler. Elle fait le tour du corps de ferme et s'assure que les volets sont bien solidement retenus, avant de rentrer dans la maison.

La jeune femme frissonne dans son entrée en ôtant ses bottes de caoutchouc boueuses, et elle enfile des chaussons bien chauds et confortables. Son chien est là, pleurant d'une voix aiguë en entendant les hurlements du vent. La jeune femme lui flatte la tête avant d'allumer la lumière qui s'éteint aussitôt. Un long soupir se fait entendre, et elle cherche des bougies dans le meuble de l'entrée, les pique sur des bougeoirs et craque une allumette. Les bougies éclairent une entrée étroite où plusieurs manteaux sont accrochés à des portants, et des cannes et parapluies sont dans un énorme seau. Une rangée de chaussures est au sol, des bottes, des chaussons et des sabots s'alignent le long du mur. Un grand tapis couvre le sol de pierre et court jusqu'à une porte vitrée que la jeune femme franchit. Les lumières tremblotantes des bougies révèlent un couloir étroit orné d'une multitude de vieilles photos de famille, d'enfants sur des ânes et de vieillards avec un lapin dans les bras. Des tableaux naïfs partagent le reste des murs, scénettes champêtres et marines tempétueuses.

La jeune femme entre dans la cuisine, en ouvre le réfrigérateur datant de la dernière guerre, promène son regard sur les dizaines de plats que les voisins lui ont offerts, mais elle referme la porte, la gorge soudainement serrée. Elle n'a pas faim de toute façon. Elle n'a pas mangé de vrai repas depuis une bonne quinzaine. Sa gorge se serre tout d'un coup, elle sort un poulet du frigo et le donne à son chien qui attend en la regardant, lui demandant l'autorisation de manger.

« Tu peux », dit-elle avec un sourire triste qui s'efface aussitôt.

La vie lui semble lourde, et longue. Tout lui demande le moindre effort. Se lever, se laver, s'habiller, marcher, et occuper ces journées interminables avant que ne vienne la nuit et que s'enfuie le sommeil.

La jeune femme soupire, ravale quelques larmes et va s'asseoir dans le canapé du salon, près du feu mourant. Elle regarde tout autour d'elle les meubles chargés de bibelot, et tous les cartons qui sont entassés, prêts à être remplis. Là, elle se rappelle de tout ce qu'elle a à faire, remplir les cartons, vendre les meubles, vendre la maison. Elle se rappelle également avoir repoussé toute personne lui ayant proposé de l'aider. Elle se rappelle qu'elle ne sait absolument pas quoi faire de sa vie, où aller, qu'elle est seule au monde, et cette fois-ci, elle ne peut pas retenir ses larmes, ni ses sanglots étouffés par ses mains, rendus presque silencieux par le vacarme de la tempête dehors.

Ce qu'elle ne sait pas, c'est que sa vie est sur le point d'être bouleversée.

End Notes:

Hey,

Je pose juste les bases de ce personnage dans son contexte de vie, en espérant que ce prologue vous ait intrigué !

Je vous remercie d'être passé par là !

Cela commence par une histoire de cambriolage by Sifoell
Author's Notes:

Bon, soyons sérieuse (enfin, moi). Je profite du concours La saison du phénix, organisé par Seonne qui vient de valider ma participation, pour commencer et aller jusqu'au bout, j'espère, du concours et de l'histoire.


Libéré par effraction est dans la continuité de mes fics Menteurs, voleurs, tricheurs et Drago au pays des moldus, mais elle intervient bien après. Bien qu'à peu près toutes mes fics soient liées, il n'est pas nécessaire de lire tout mon univers pour comprendre ce qu'il se passe. Je fais en sorte de faire des rappels sur ce que j'ai prévu à telle temporalité.


En effet, nous sommes en 2005. Et dans ma petite tête malade, l'histoire des personnages de Harry Potter n'est pas tout à fait celle que l'on connaît.


Je vais essayer de faire en sorte que mes fics ne se spoilent pas entre elles (pas évident), mais j'ai la tête bien trop pleine de tous ces personnages du canon, et de mes OC qui ne demandent qu'à exister.


J'espère que vous êtes prêts à me suivre dans ce voyage (parce que je n'ai pas l'air, mais je sais exactement où je vais et comment j'y vais).


On embarque ?


C'est parti.

Oct 21 : relecture et corrections.

Quelque part entre chien et loup, Julia a dû s'assoupir sur le canapé, sans s'en rendre compte. Engourdie, elle paraît un moment désorientée, se demandant pourquoi elle s'est endormie et ce qui l'a réveillée. Son chien Twister est en train de grogner sourdement au pied des escaliers, regardant vers l'étage. Elle entend de là-haut comme un volet qui cogne et se morigène d'avoir oublié de fermer les volets du grenier par pareille tempête. Elle grimpe les escaliers qui mènent au premier étage où sont les chambres et la salle de bain, puis l'autre volée de marches qui mène au grenier, énorme pièce de la taille de la maison et emplie de ces meubles d'aïeux que l'on se passe de génération en génération sans oser s'en débarrasser tant ils sont gorgés de souvenirs et de légendes, sans oser non plus les utiliser parce qu'ils ne nous appartiennent pas, finalement.

Julia n'est pas arrivée sur le palier qu'elle entend une fenêtre exploser en mille morceaux de verre qui rebondissent au sol.

« Oh, c'est pas vrai ! » râle-t-elle en entrant dans le grenier. La lumière ne fonctionne pas non plus, a-t-elle oublié, avec cet orage, et le grenier est faiblement éclairé par les deux fenêtres perçant chacune un pignon de la maison. Là, parmi le foutoir de meubles, bibelots et draps, une des fenêtres claque contre le mur, au rythme des bourrasques. Il fait un froid de canard et Julia rabat sur elle les pans de son châle immense qui l'enveloppe comme deux ailes. Elle s'avance entre les meubles quand elle voit cette silhouette au sol, d'une pâleur de mort, et complètement trempée.

Surprise, elle recule, son pied bute sur un obstacle, et elle tombe dans un fauteuil, le cœur battant à tout rompre... Son esprit doit lui jouer des tours, et elle fait l'inventaire rapide du grenier, se demandant s'il y avait un mannequin ou un pantin quelconque dans ce foutoir ancestral. Elle se lève brusquement, affolée, et prend au passage un chandelier, n'étant pas du tout rassurée par cette situation qui n'a pas d'explication. Elle se rapproche doucement de la silhouette totalement immobile, si ce n'est les gouttes qui s'écoule des cheveux et la mare qui se fait autour des vêtements étranges. Le cœur de Julia marque un arrêt quand elle se rend compte que c'est bien quelqu'un, et non un tour de son imagination.

Tenant le chandelier comme une batte de base-ball, d'une voix éraillée par l'angoisse, elle murmure...

« Monsieur... Monsieur !!! Vous n'avez rien à faire chez moi... Je vous préviens, je suis armée ! »

Elle a une sorte de petit rire qui sonne très faux en pensant au ridicule de cette menace. Elle se rapproche encore, les muscles bandés, prête à abattre sur l'homme le chandelier de la tante Sidonie s'il venait à bouger un orteil.

Mais il est parfaitement immobile.

Pire.

Il semble parfaitement mort.

Julia laisse alors tomber le chandelier qui rebondit avec fracas sur le plancher, et franchit les quelques mètres qui la séparent encore de lui à toute vitesse, se laisse tomber sur ses genoux. Les mains de Julia cherche un pouls sur le cou frigorifié de l'homme, balayent les cheveux qui sont sur son visage qu'elle trouve très beau. Alors, de vieux réflexes reviennent, frotter les bras, les jambes, le torse de l'homme pour le réchauffer, comme on frotte le corps d'un poulain qui vient de naître et qui ne réagit pas. Il lui semble qu'il reprend quelques couleurs. Elle se penche alors sur sa poitrine, pour écouter son cœur ou ses respires, puis au-dessus de sa bouche, et elle regarde le torse de l'homme qui reste désespérément immobile.

Elle prend alors délicatement entre ses mains la tête de l'homme qu'elle bascule en arrière, lui ouvre la bouche, lui pince le nez. Il n'y a rien dans sa bouche, rien qui ne l'obstrue. Julia pose alors sa bouche sur la bouche de l'homme et lui insuffle de l'air, regarde avec satisfaction son ventre se gonfler, puis referme sa main droite sur sa main gauche, les posent sur le sternum de l'homme et appuie de toute ses forces en comptant jusqu'à cinq. Puis elle recommence. La bouche une fois, le sternum cinq fois. La bouche une fois, le sternum cinq fois.

La bouche une fois. Le sternum cinq fois. La bouche. Une fois. Le sternum. Cinq fois.

De grosses larmes viennent emplir ses yeux. Non. Ce n'est pas possible. Pas un autre mort en quatre jours. Non.

Non !

Alors, Julia recommence de plus belle. La bouche, une fois. Le sternum, cinq fois. Allez !!! Respirez !!! La bouche. Le sternum. Allez !!! Allez !!!

Inlassablement, Julia continue parce qu'il est hors de question que cet homme meure sur le plancher de son grenier, la rendant encore plus impuissante qu'elle ne l'est déjà. Hors de question.

Elle se penche une autre fois sur les lèvres rosées de l'homme, insuffle cet air chaud qui vient de ses propres poumons, et a un brusque geste de recul quand elle sent les lèvres de l'homme comme embrasser les siennes.

Une grimace de douleur tord le visage jusque là impassible de l'homme qui se met à tousser, tousser, sans reprendre sa respiration, de l'eau jaillissant de sa bouche grande ouverte. Julia appuie alors une dernière fois sur la poitrine de l'homme pour l'aider à évacuer cette eau, avant de saisir un de ses genoux, alors que ses membres se crispent, et de le basculer sur le côté, son visage tourné vers elle.

Elle lui frotte alors le dos, dégage son visage des mèches de cheveux. Les yeux baignés de larmes, elle ne cesse de l'encourager, cet inconnu dont la mort la détruirait sûrement. Une quantité incroyable d'eau s'échappe de sa bouche et de ses narines. Son esprit jusque là concentré sur la réanimation de l'homme commence à noter tout ce qui n'est pas normal. Qu'est-ce qu'un noyé fait dans un grenier, a fortiori quand il est entré par la fenêtre du deuxième étage de la maison ? La respiration erratique de l'homme commence à devenir moins inquiétante, et son visage a définitivement retrouvé quelques couleurs. Il baigne dans une sacrée mare d'eau, sur le plancher, et son corps est secoué par des frissons. Ses yeux restent fermés.

Maintenant qu'il semble respirer normalement, Julia le rebascule sur le dos, glisse ses mains sous ses aisselles et tente de le traîner au sol. Mais il pèse incroyablement lourd alors qu'il semble plutôt maigre.

« Twister !!! Twister !!! ».

Le bruit des griffes du chien poltron qui était resté au rez-de-chaussée pendant tout ce temps, résonne dans les escaliers. Le chien de berger noir et blanc arrive. Julia désigne l'homme qui est allongé sur le sol.

« Twister, couché ! »

Le chien promène sa truffe contre les vêtements de l'homme, renifle ses cheveux, lui lèche la main, la joue, et il tourne et retourne sur lui-même pour se coucher contre l'homme. Si sa maîtresse lui dit de faire cela, c'est que c'est la bonne chose à faire.

Julia se précipite vers la fenêtre brisée, attrape les volets de bois qu'elle ferme, va chercher un des draps poussiéreux qui couvrait un meuble, le coince dans la fenêtre qu'elle referme. L'air ne passe plus, c'est déjà ça.

Elle se précipite aussi dans sa chambre à l'étage en-dessous, et prend de grandes brassées de couvertures, édredons et oreillers. Elle remonte en courant les escaliers, échevelée, le châle qui a glissé de ses épaules la fait trébucher et elle s'étale de tout son long en plein sur les couvertures moelleuses. Twister relève à peine la tête, un air amusé sur son visage mutin. Julia se relève, ramasse de pleines brassées de duvet, édredon, dans un nuage de plumes. S'approchant de l'homme secoué par des frissons qui en deviennent presque des secousses sismiques tant il tremble, Julia relève sa tête et y glisse un oreiller. Puis elle le couvre d'une couche de couvertures de laines bariolées, de couvre-lits et d'édredon. Elle enlève alors précipitamment sa robe pour se retrouver dans sa combinaison, et se couche contre lui sous les couvertures.

Les grelottements de l'homme font vibrer les couettes, et Julia qui est immobile contre lui, le regard particulièrement intense posé sur le visage de l'homme qui reprend petit à petit des couleurs plus rassurantes. Au bout de quelques minutes, Twister émerge de sous les couvertures en haletant, et va s'allonger contre l'homme. Julia lui flatte la tête et l'encolure, en lui chuchotant des mots doux.

Progressivement, la tempête s'apaise, et le vent murmure des histoires de la mer et d'horizons lointains. Julia s'assoupit sans s'en rendre compte au bruit de la respiration ample de l'inconnu qui quelques minutes plus tôt, ou est-ce des heures, est presque mort dans son grenier.

 

 

Au petit matin, quand le vent chantant a laissé la place aux oiseaux qui saluent le soleil qui se lève, Julia se réveille curieusement blottie contre un grand corps secoué par moments par un frisson. Elle lève sa tête et se rapproche encore plus si c'est possible de l'inconnu, attentive au moindre mouvement. Il a l'air mort, le visage paisible et pâle, dans la clarté dispensée par la fenêtre qui est de l'autre côté du grenier. Twister se réveille aussi, et se blottit encore plus contre la jambe de l'inconnu dont la main se lève et tâtonne, avant de retomber sur la fourrure du chien de berger.

 

Quelque chose explose dans le cœur de Julia et ses yeux se remplissent de larmes. Elle étreint l'inconnu dans ses bras, et pose sa tête sur son torse, écoutant sa respiration et les battements de son cœur. C'est lent. Bien trop lent. Erratique. Inquiète, elle relève la tête et observe l'inconnu qui est coincé dans une espèce de torpeur. Soudain, son visage se crispe en une grimace de douleur, et son corps aussi, sa main se fermant sur le dos de Twister qui relève la tête, intrigué. L'inconnu semble chercher de l'air, comme un noyé émergeant soudain de l'eau, les poumons brûlant par manque d'oxygène. Julia ferme ses mains sur la veste de l'inconnu et le regarde avec une attention extrême, l'esprit empli d'inquiétude. Les paupières de l'homme battent quelques instants, et avant que Julia ait pu en deviner la couleur, ses yeux se ferment de nouveau, alors qu'il marmonne quelque chose que Julia ne comprend pas.

End Notes:

Alors, contents du vol avant l'escale ?

Pierre et le loup by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour, j'ai VRAIMENT du mal à être régulière dans l'écriture et ça, ça craint, d'autant plus que toute l'histoire est dans ma tête (plus qu'à l'imprimer)... Et on ne peut pas dire que je manque de temps, je pense plus à la volonté malheureusement. Mais voilà un petit nouveau, bonne lecture !

Relecture d'octobre 21 : corrections

Il lui semble que cet instant dure toujours, et sera toujours là. L'instant juste avant qu'elle prenne une décision et mette en marche, sans le savoir, toute une suite d'événements sur lesquels elle n'aura plus prise, ou si peu.

Cet instant qui dure toujours est comme une photo, figée dans le temps. L'inconnu, gisant au sol, les paupières closes et la respiration erratique. Twister, son bon et fidèle Twister allongé contre lui, la main de l'homme enfoncée dans la fourrure du chien. Et elle, Julia, lovée contre le grand corps maigre, les mains crispées sur la veste de velours d'un kaki douteux, la chemise d'un violet sombre, et ce gilet du même violet sombre. L'instant dure si longtemps que Julia prend le temps de vraiment regarder son inconnu. Le beau au grenier dormant, dans son pantalon de velours du même kaki que la veste, ses chaussures de cuir du même violet que la chemise. Un visage pâle, des yeux clos, des cheveux bruns trop longs qui ondulent autour de sa tête comme une auréole sombre, et ces favoris qui se prolongent et se rencontrent en une barbe qui pourrait être élégante. Tout cela se fige dans l'esprit de Julia dont les mains relâchent doucement la prise sur la veste d'un charme suranné, et se posent sur la chemise dont un bouton s'est défait. En-dessous, elle devine un tatouage.

L'inconnu a un frisson soudain qui secoue son corps entier, et semble chercher de l'air, la bouche ouverte, les mains se tendant comme pour attraper quelque chose. Julia se relève alors brusquement, parce que le temps s'accélère, l'instant qui durait toujours a trouvé sa fin. Julia est debout et ne sait que faire, les poils hérissés par la chair de poule, dans la lueur si claire du jour nouveau. Si ce jour était normal, Julia irait boire un café, s'habillerait, et irait libérer ses poules, ses lapins, ses ânes, ses chèvres et ses poneys. Elle irait nourrir les bêtes, leur donner du foin, leur mettre de l'eau fraîche et de la paille. Elle s'abîmerait dans des travaux si souvent répétés qu'il n'y a plus aucun besoin d'y réfléchir, cette douce quotidienneté, ces rituels sans cesse renouvelés, comme si tous les jours étaient pareils. Mais Julia est là, en combinaison et les bras ballants, son esprit vide et ne sachant pas par où commencer, et que commencer.

Twister lève la tête vers sa maîtresse, et se lève tout court, se dégageant de la main de l'inconnu qui était retombée sur lui et l'avait réveillé. Quelque chose rebondit sur le sol et Julia pose son regard sur cet étrange bout de bois qui a l'air ouvragé. Et l'inconnu a encore une de ces grandes inspirations qui a l'air de lui déchirer les poumons et la gorge, et c'est là que Julia se met en mouvement. A quatre à quatre, elle les descend, ses escaliers, à quatre à quatre, elle arrive au rez-de-chaussée. Elle attrape le téléphone antique qui est dans l'entrée, porte le combiné à son oreille. Aucune tonalité. Soupirant, elle fonce vers le tableau électrique, retire et remet en place chaque fusible de porcelaine, et retourne vers le téléphone à cadran dont elle porte le combiné à son oreille. Là, avec le peu de concentration qui lui reste, Julia compose le numéro de téléphone de son médecin. Au bout de quelques sonneries, une voix fatiguée lui répond.

- Gavin ? Bonjour, c'est Julia Langford...

-Julia ? Comment vas-tu ? Doris m'a dit qu'elle t'a déposé un plat de lasagnes et que tu n'y as pas touché... 

Julia soupire, agacée. Cela n'est pas important. Pas maintenant. Pas du tout.

- Gavin, poursuit-elle. Il y a un homme qui s'est introduit chez moi dans la nuit, par une des fenêtres du grenier... Il est resté par terre toute la nuit, il était trempé, sans doute toute cette pluie... Gavin... Il est blessé, il a du mal à respirer. Son cœur... son cœur, il ne bat pas normalement... Je n'ai pas réussi à le déplacer, il est trop lourd. Il est inconscient. Je ne sais pas quoi faire, Gavin, il faut que tu passes... »

Un long silence se fait au bout du fil, au point que Julia pense que le médecin a raccroché, ou est parti, ou ne l'écoute pas.

- Gavin ?

- Je suis là, Julia... Ecoute, il faut que tu dormes, Julia, et que tu manges. Doris m'a dit que tu ne dormais pas non plus... Ce qui est normal, vu les circonstances. Tu étais si proche de ta grand-mère.

- Gavin ! Ecoute-moi. Je ne sais pas quoi faire avec le cambrioleur. Il est blessé, ou malade. Il ne...

- Julia, repose-toi, je passerai demain. Je dis à Doris de venir te voir dans l'après-midi. Il est 7h, Julia. Dors, tu as besoin de dormir.

- Non, ne raccroche pas ! Gavin ? Gavin ? »

Il n'y a plus rien au bout du fil, qu'une tonalité persistante qui lui fait se demander si la conversation a bien eu lieu. Julia compose alors le numéro de sa plus proche voisine, Doris, qui habite à cinq minutes de marche. Elle la tire du lit aussi.

« Doris ? C'est Julia. »

La voix de la jeune femme dénote une certaine panique et cela alerte la voisine qui serre un peu plus fort sa tasse de café dans sa main. Il est à peine sept heures, elle est en peignoir à fleurs et elle n'a pas encore ôté les bigoudis de sa tête.

- Doris, il faut que tu viennes, s'il-te-plaît. J'ai été cambriolée cette nuit. 

-  Oh mon dieu, tu as appelé la police ? » coupe Doris.

- Non... Non... Il est entré par la fenêtre du grenier. 

Julia parle à toute vitesse et Doris a du mal à suivre.

- Il y a... Il y a eu un grand bruit et la fenêtre a cassé. J'y suis allée. J'avais peur. Et il était là, par terre, trempé et inconscient. Je ne voyais pas de blessure... 

- Attends, attends. Il est rentré par le deuxième étage ? Il avait quoi, un échafaudage ? 

 - Non, non... Enfin, j'en sais rien. Je ne sais pas comment il est rentré, mais il est toujours dans le grenier. Il est inconscient. Je ne sais pas quoi faire. J'ai appelé Gavin.

-  Et il t'a dit quoi ?  coupe Doris, son cerveau cartésien mis en marche bien trop tôt dans la journée à son goût.

 - Il m'a dit de me reposer et... 

 - Et c'est exactement ce que tu vas faire, Julia. Tu es épuisée. Je passe te voir ce soir après le travail avec un gratin qu'on mangera ensemble. D'accord ? 

Julia, coupée plusieurs fois, ne sait plus quoi dire. Mais de toute façon, Doris a déjà raccroché juste après avoir grommelé quelque chose.

 

La jeune femme raccroche le téléphone, et sans qu'elle ne le sente réellement venir et qu'elle ne puisse s'en prémunir, la voilà à prendre de grandes bouffées d'air, comme si elle n'avait pas réellement respiré depuis des années, tandis que de grosses larmes s'échappent de ses yeux bleus. Elle met la main devant sa bouche pour étouffer ses sanglots, et elle se laisse glisser le long du mur pour s'assoir par terre. Elle ne reste pas longtemps là, Twister venant se blottir sur ses jambes nues et cherchant de sa tête à se faire une place entre ses bras. Julia enfonce son nez dans la fourrure de son chien et l'étreint tandis qu'il se dégage pour lui lécher les joues.

Maintenant que le temps a repris son cours, Julia se relève, frissonnant. Elle attrape un lourd gilet de laine, l'enfile, et remonte les deux volées d'escalier lentement, craignant par-dessus tout de trouver l'inconnu mort sur son plancher. Le trajet lui semble terriblement long, son corps est terriblement lourd. Elle frotte ses joues de ses mains avant d'entrer dans le grenier, essayant de se donner un tout petit peu de courage. Rien qu'un tout petit peu.

Julia s'arrête à l'entrée du grenier, Twister derrière ses jambes. Le chien se faufile et va traverser le grenier nimbé de cette lumière si claire après une telle tempête, apportant quelque touche d'irréalité à la scène. Là, par terre, immobile, la longue silhouette de l'homme paisible dans son sommeil, la tête sur un oreiller et le corps recouvert d'une montagne de couvertures et d'édredons. Julia s'en approche doucement, s'agenouille près de lui, et pose une main tremblante contre son cou, cherchant un pouls qu'elle trouve, rassurée. Elle passe une de ses mains sur le front de l'inconnu, sa joue, son cou. Sa main remonte vers sa tête, essayant de trouver une plaie, une bosse, un début d'explication. Mais rien. Le visage de l'inconnu s'anime alors que les mains de Julia sont sur lui, chaudes et vivantes. Ses yeux papillonnent un peu, et le gris rencontre le bleu, gravant encore un de ces moments infinis dans la mémoire de Julia. Interloquée, elle dessine un mince sourire sur ses lèvres tandis que la respiration de l'inconnu s'accélère, et son pouls sous sa main chaude.

« Chut... Chut... Tout va bien. Tout va bien. » murmure Julia, tout en posant sa main sur la joue de l'inconnu et en lui caressant la pommette du pouce.

L'inconnu exhale un soupir chevrotant et ferme les yeux, plongeant de nouveau dans le sommeil. C'est là que Julia décide que le plancher du grenier n'est pas un endroit approprié pour se reposer vraiment.

Ho, hisse ! by Sifoell
Author's Notes:

Bon. Je deviens de plus en plus descriptive, mais en fait, j'adore prendre le temps d'installer les choses, jouer sur les impressions, les regards, les mini gestes. J'espère que vous aurez la patience de me lire :)

Julia se décide à laisser son inconnu dans le grenier, baigné par la lumière filtrant par la couverture qu'elle a tendue sur la fenêtre brisée. Le grenier est éclairé par cette lueur presque irréelle qui caractérise les lendemains de tempête sur une île, quand tout devient calme, comme si rien de terrible ne s'était passé. Elle descend doucement les escaliers pour rejoindre le premier étage, tout en se demandant où elle va installer l'homme. Le palier du premier dessert une salle de bain au charme démodé, la chambre de Julia dans laquelle elle n'a pas vraiment mis les pieds depuis quelques jours, et la chambre de sa grand-mère. Elle s'arrête sur le seuil de la chambre où l'aïeule a poussé son dernier soupir, sa main osseuse et crochue glissée dans les deux mains chaudes de sa petite fille. Quelque chose étreint sa poitrine, mais Julia le chasse en poussant un grand soupir. Elle n'a même pas laissé l'envahissante Doris entrer dans la chambre de sa grand-mère pour défaire le lit. L'odeur de la vieillesse et de la mort flotte encore dans cette chambre où rien n'a bougé depuis des mois. Toujours immobile sur le seuil de la chambre, Julia repousse la vague de souvenirs douloureux des semaines passées, et courageusement, elle entre.

Parce que c'est dans cette chambre qu'il sera le mieux. Tout est là, rien n'a bougé. Tout est là pour accueillir un convalescent.

Julia s'active alors, toujours en combinaison et avec un gilet. Elle ouvre la fenêtre, puis les lourds volets de bois qu'elle accroche sur les côtés au mur. Elle se tourne alors vers le lit où la toute petite silhouette de sa grand-mère a laissé une forme que l'on devine encore. Les yeux pleins de larmes, qu'elle laisse couler sur ses joues sans s'en préoccuper, elle entreprend de défaire le lit, d'ôter les draps, les couvertures, les oreillers. Elle ramasse le tout dans une grande brassée et descend les escaliers pour remplir la machine à laver. Elle laisse à peine son nez s'imprégner de l'odeur encore présente de sa grand-mère, l'odeur douce de sa peau, l'odeur aigre de la maladie et de la vieillesse. Elle lance une première machine avec les draps, et laisse dans le bac les couvertures et oreillers pour plus tard. Elle remonte alors, et va chercher dans sa chambre des draps, couvertures et oreillers lui appartenant. Elle pose le tout sur le fauteuil de sa grand-mère où une liseuse qu'elle avait tricoté est encore là.

Julia ouvre grand l'armoire de sa grand-mère. A gauche, les vêtements de sa grand-mère, à droite, ceux de son grand-père. Julia estime que l'inconnu doit faire la taille de son grand-père. Elle récupère les reliques qui paraissent le moins démodées, et encore, pense-t-elle, quand on voit avec quoi l'inconnu s'habille. Elle lui trouve un caleçon, un pyjama qui se boutonne, et la robe de chambre à carreaux, et aussi ses chaussons de laine. Cela fera bien l'affaire.

Par la fenêtre, Julia entend que cela s'agite et s'impatiente dans la grange. Le soleil brille, s'élevant dans le ciel. Il est déjà 8h, dit l'horloge qui tic-taque sur le mur de la chambre de la grand-mère. Julia repasse par sa chambre, se déshabille vite, se fait une toilette de chat, et se rhabille rapidement, en tenue de travail : elle enfile un pantalon et un tee-shirt qui ont vu de meilleurs jours, descend les escaliers et enfile ses bottes. Elle siffle en sortant, mais Twister ne vient pas, toujours au chevet de l'homme. Julia récupère du grain et de la paille dans la remise attenante à la grange, et ouvre grand la porte. Et là, c'est un concert de poules courroucées, de chèvres impatientes, d'ânes affamés, et de lapins bondissant.

Avec un petit sourire, elle murmure « room service ! » et ouvre le poulailler, d'où s'échappent par tas les poules qui n'ont jamais été mises au pas, puis les barrières, libérant les chèvres, les poneys et les ânes qui s'égayent dans la grange, dansant, se frottant à ses jambes, et enfin, les portes grillagées des clapiers d'où se laissent tomber ses bébés, ces magnifiques lapins angoras qu'elle bichonne peut-être bien plus que les autres animaux, mais c'est son petit secret. Julia s'abîme dans le travail, remplit les gamelles de grain, jette l'eau sale dehors et remplit les auges d'eau fraîche. Puis elle se dit qu'elle fera le reste plus tard. Elle est attendue au grenier.

Julia jette un œil rapidement aux barrières entourant la ferme qui ont toutes l'air de tenir encore debout, et retourne dans la maison. Comme ces gestes cent fois répétés, elle laisse à l'entrée ses bottes, et c'est pieds nus qu'elle monte les escaliers presque avec entrain, presque plus légère que ces dernières semaines.

Arrivée dans le grenier toujours baigné de cette lumière douce et irréelle, elle voit que Twister n'a pas bougé, pas plus que l'inconnu, qui est immobile, couché sur le dos. Quand elle s'approche, la tête de l'inconnu se tourne vers elle, et de grands yeux gris la regardent, une expression indéchiffrable sur son visage. Julia s'agenouille alors à ses côtés, et fait le geste de s'approcher de lui, mais il prend une grande inspiration et a un mouvement de recul.

Les mains tendues vers lui, dans leur mouvement empêchées, Julia murmure alors.

« Non, non, non... Tout va bien. Je ne vous veux pas de mal. »

Cherchant ses mots, elle bafouille.

« Vous... Vous êtes tombé de la fenêtre. Je ne sais pas comment vous avez fait votre compte pour passer par là, mais vous êtes passé par la fenêtre. »

Julia a un petit rire qui s'éteint rapidement. Les yeux de l'homme n'ont pas quitté ceux de Julia, et elle y lit de la méfiance. De nouveau sérieuse, elle lui tend sa main droite.

« Je m'appelle Julia Langford. »

La main droite de l'homme quitte un moment la fourrure de Twister qui est toujours couché contre son flanc, et comme si cette main pesait très lourd, elle va lentement se glisser dans celle de Julia et l'envelopper.

« Vous ne pouvez pas rester comme ça, par terre. Vous allez vous lever et venir avec moi. »

L'inconnu semble vouloir dire quelque chose, mais seul un profond soupir s'échappe de ses lèvres, et la main de l'homme quitte celle de Julia. Il fait plein de gestes désordonnés pour tenter de s'asseoir, comme si son corps tout entier était lourd, si lourd qu'il ne pouvait le porter. Julia glisse alors un de ses bras sous les épaules de l'homme, alors qu'elle emplit tout ce silence de sa voix chantante.

« Bon, je vais vous aider. »

Et maladroitement, geste après geste, mouvement après mouvement, l'homme finit par être assis, comme blotti contre Julia. Il sent le cœur de la femme battre fort à travers le fin tee-shirt délavé qu'elle porte. C'est doux et chaud, réconfortant. Il ferme un instant les yeux, s'abîmant dans ce rythme rassurant, tandis qu'elle s'arc-boute et le décolle enfin du sol. Avant qu'il ne sache ce qu'il se passe, il se retrouve debout, vacillant, tout son poids contre le corps de cette femme solide qui le tient fermement par la taille. Il arrive à mettre son bras par-dessus l'épaule de la femme.

« Bien. Maintenant qu'on est debout, on va marcher un peu. On va aller juste à l'étage en dessous. »

Brinquebalant, dodelinant, comme si cet homme se réveillait d'une cuite magistrale, Julia le porte et le traîne. Il n'a aucun équilibre mais pèse heureusement moins lourd que la veille, étrangement. Le trajet semble durer une éternité. Une éternité et Julia se fait quelque frayeur dans les escaliers, mais ils arrivent à bon port. L'homme promène alors son regard tout autour de lui, semblant nerveux. Julia l'assoit un instant sur le lit, s'assure qu'il ne tombe pas, débarrasse le fauteuil des draps, couvertures et oreillers, et reprend l'inconnu dans ses bras pour l'asseoir dans le fauteuil.

« Je vais vous faire le lit, vous serez mieux », dit-elle en s'activant. Une fois le lit fait, Julia se tourne de nouveau vers l'homme qui s'est endormi dans le fauteuil. Il a un air paisible et cela lui arrache un sourire plein d'espoir. Oui, il va aller mieux. Julia s'agenouille à ses pieds, et entreprend de lui ôter ses chaussures pour sentir sur elle le regard de l'homme.

« Vous voulez aller dans le lit ? » qu'elle montre au passage.

Pour toute réponse, il ballotte de la tête et referme les yeux. Julia lui touche alors les pieds puis les mains, s'assurant qu'il n'a pas froid, ne s'attirant qu'un énième regard énigmatique avant qu'il ne referme les yeux pour se mettre à ronfler.

Julia terminera sa matinée à s'occuper de ses animaux, s'activer dans la maison. Dès qu'elle entre dans la chambre ou s'approche de l'homme, ses yeux gris la suivent à la trace. Mais jamais il n'esquisse le moindre geste de menace envers elle.

Mais Julia sent confusément que quelque chose cloche. Rien n'est normal. Tout est étrange.

 

Il est quatorze heures bien passées quand l'estomac de Julia se rappelle à elle, et elle se rend compte qu'elle n'a rien avalé depuis la veille. Un peu vacillante, elle cavale dans la cuisine pour allumer son four, y mettre un des quarante plats que Doris lui a préparé et qui s'entassent dans son frigo. Dans un grand concert de casseroles, elle fait réchauffer de la soupe, se coupe quatre larges tranches de pain, met le couvert pour deux personnes sur un plateau qu'elle monte à toute vitesse dans la chambre où l'homme repose, de plus en plus réactif à Julia qui s'agite autour de lui, Twister couché sous ses pieds. Julia récupère la petite desserte de sa grand-mère, y dépose le plateau, met le couvert pour deux, redescend à toute vitesse chercher la soupe, met le minuteur en route pour le four, remonte avec la soupe pour sentir sur elle dès qu'elle entre dans la chambre les yeux de l'homme.

Ce silence devenant pesant, la situation inexplicable, Julia remplit tout de courtes phrases expliquant ce qu'elle fait, de sa voix chantante, dit les petits riens du quotidien, parle du gratin que sa voisine lui a cuisiné, et qui est dans le four, raconte qu'elle a mis des orties qu'elle a cueillies dans les landes dans la soupe, et comment il faut s'y prendre pour les cueillir sans se brûler. Elle s'installe sur le bout des fesses sur le lit de sa grand-mère, remplit les bols de soupe, se réchauffe les mains contre le bol en déblatérant encore et encore, n'étant même pas sûre de ce que l'inconnu comprend, ni même s'il écoute. Et quand elle se rend compte qu'il ne mange pas, alors, elle le nourrit à la petite cuillère, naturellement, comme elle l'a fait pour sa grand-mère si longtemps. Il n'y a pas si longtemps que cela. Et d'un coup, tout lui revient en mémoire, et elle lâche la grande cuillère qui tombe dans le bol de soupe et éclabousse tout au passage, et elle enferme son visage dans ses mains, essayant de réprimer les sanglots qui lui tordent les tripes. Et Julia vit une nouvelle fois un de ces instants qui dure toujours, quand elle sent sur son genou la main de l'homme se refermer. Mais ses mains ne quittent pas son visage, pas tout de suite, et quand elles le font, elles effacent vite ces larmes, esquisse un minuscule et faux sourire, débarrasse à toute vitesse son bol, et ne jette pas un seul regard à l'inconnu qui reste devant sa soupe, avant de quitter la chambre de la grand-mère.

End Notes:

L'histoire se précise de plus en plus dans ma tête (elle y tourne depuis plusieurs mois), donc j'avance doucement.
Cela vous a plu ?

La ferme des pas perdus by Sifoell
Author's Notes:

Je tiens le bon bout ! (enfin, j'espère).
Voici donc un nouveau chapitre où cela s'agite autour de l'inconnu et de Julia qui lui arrache quand même son nom...

MAJ d'octobre 2021 : relecture et corrections

Julia passe son après-midi à s'activer, après avoir sorti le gratin du four, tenant difficilement en place. Dans la grange à brosser ses lapins, renouveler la paille, nettoyer les boxes, jeter les déchets sur le tas de compost ou le tas de fumier, faire le tour des barrières pour voir si la tempête a fait des dégâts, puis le tour des bâtiments, puis le tour d'elle-même.

Trier les quarante plats que Doris a laissé dans le frigo, en nourrir Twister avec un fond de hachis parmentier – ce chien est décidément bien trop gâté. Fermer la fenêtre de la chambre de sa grand-mère, retourner au grenier pour fermer les volets de la fenêtre brisée, ôter la couverture de la fenêtre, étendre le linge, faire tourner une machine, étendre le linge, faire tourner une énième machine. Retourner au grenier ramasser les bris épars de la vitre brisée, les jeter à la poubelle au rez-de-chaussée. Appeler un vitrier. « Oui, oui, demain 8h ce sera parfait, merci, bonne journée ».

Et au milieu de toute cette activité, tournant et retournant sur elle-même, incapable de se poser, ses yeux tombent sur la fine baguette de bois noire et ouvragée qui doit appartenir à l'homme. Julia reste la regarder, se demandant ce que c'est. Pas un pic à chignon, c'est bien trop grand. Pas des baguettes chinoises, c'est trop ouvragé. Elle la ramasse et frissonne en la tenant entre ses doigts, et en la faisant tourner pour en admirer les traits. Une base carrée qui s'adoucit et s'arrondit en s'affinant, avec des entrelacs en reliefs sur la base qui est plus épaisse. Elle la tourne dans tous les sens, mais quand la pointe se dirige vers son visage, soudainement mal à l'aise, elle la garde en main, et redescend à toute berzingue les escaliers pour entrer comme un coup de vent dans la chambre. L'homme est toujours assis dans le fauteuil, Twister étant ce coup-ci couché dans ses bras – ce chien sait décidément se faire gâter. Devant lui, sur la tablette, un fond de soupe refroidit, mais il a mangé tout le pain. Julia s'avance vers lui, lui tend la baguette à bout de bras.

« C'est à vous, je crois... »

Et devant sa réaction de terreur, ses mains s'enfonçant dans les accoudoirs, son corps se tendant contre le dossier du fauteuil bien rembourré qui menace de le faire disparaître, Julia dépose simplement la baguette sur la petite desserte et débarrasse les reliquats du repas avant de quitter de nouveau la chambre et de continuer à tourner comme un cyclone un peu partout chez elle.

 

Julia est dans le salon en train de filer de la laine, parce que si son corps se pose, il faut bien que ses mains s'agitent, quand la voiture de Doris cale devant le portail. La jeune femme regarde par la porte d'entrée restée ouverte et jure. Elle avait complètement oublié que Doris venait (c'est pas comme si elle ne venait pas tous les soirs après son boulot depuis... depuis des mois).

Julia arrête son rouet, repose la laine à carder dans le panier, et s'époussette les mains sur son pantalon de travail. Elle accueille Doris à la porte, qui a dans ses mains un quarantième et quelque plat de gratin. Julia réprime la nausée qui l'envahit soudain et embrasse Doris qui s'agite à son tour (toutes les jersiaises seraient-elles des tornades?). Doris range le plat dans le frigo, ouvre le four, fait la vaisselle, tout en reprochant à Julia de ne pas prendre soin d'elle, la preuve, cet appel matinal complètement décousu. Julia explose alors.

« Eh bien, va voir dans la chambre de mamie si tu ne me crois pas ! »

Un doute passe à peine dans le regard de la petite et ronde Doris aux boucles impeccablement coiffées, quand elle essuie ses mains sur le torchon et monte les escaliers d'un pas de soldat qui part au front. Faut dire qu'elles s'engueulent tous les jours depuis des mois. Et là, Doris, suivie de près par Julia qui trottine derrière elle pieds nus, pile en entrant dans la chambre de la grand-mère quand elle voit l'homme assis sur le fauteuil, le chien couché à ses pieds, les yeux gris hantés fixés sur elle. Julia, élancée à sa suite vient cogner dans le dos de Doris qui fait un petit bond, les yeux de l'homme ne la quittant pas.

Et voilà les deux femmes à parler l'une à l'autre à toute vitesse, aucune n'écoutant l'autre, ce qui ne mènera pas la conversation bien loin. Doris finit par un « Bon, j'appelle la police » et fait volte-face. Julia lui crie « et rappelle Gavin, aussi, il a un problème, ce mec », en désignant de son main tendue l'homme statufié dans le fauteuil. Elle se tourne alors vers lui d'un air désolé et vient s'asseoir sur le lit à ses côtés. Elle lui prend la main, et s'excuse. Julia et l'inconnu s'abîment dans le regard de l'un de l'autre et écoutent les exclamations de Doris au téléphone qui paraît au summum du stress.

Julia explique.

« Ecoutez, je pense qu'il faut qu'un docteur vous voie, vous n'êtes pas bien vaillant, et je ne sais pas ce que vous avez. Un docteur peut vous aider, vous soigner. Et la police, elle sait peut-être qui vous êtes, parce que vous êtes peut-être parti de quelque part, et vous manquez à quelqu'un. Quelqu'un s'inquiète peut-être à votre sujet. Vous étiez à l'hôpital ? Vous étiez dans un centre ? »

Julia se tait et regarde l'homme, ce visage aux traits réguliers, ce maintien presque aristocratique, ces vêtements.

« Ce qui vous arrive n'est pas possible, monsieur... Vous êtes entré chez moi par le grenier ! Au deuxième étage ! C'est juste pas possible !  Dites quelque chose ! Vous vous appelez comment, déjà ? C'est quoi votre nom ? »

Julia se tait et attend. L'homme fait des bruits de bouche, comme s'il redécouvrait qu'il avait une langue, des lèvres et des dents. Il fronce les sourcils, semble faire un effort énorme, et prononce dans une quinte de toux :

« Sirius. »

Julia, attentive, le fait répéter.

« Sirius ? »

L'homme se désigne d'un geste vague de la main, et prononce de nouveau, au prix d'un effort incommensurable.

« Sirius. »

Julia se recule, apprécie le nom, le fait rouler dans sa bouche et sur ses lèvres comme on goûte un vin précieux, si c'est un nom.

« Sirius. Ok. Vos parents étaient des hippies ou quoi ? »

L'homme se tait, ses yeux lourds posés sur les grands yeux bleus de Julia.

« Ok. Sirius, je m'appelle Julia. Enchantée de vous rencontrer. »

Elle serre alors la main qu'elle tenait dans la sienne et fait un sourire.

« Ben voilà, on avance. »

 

Et l'ouragan continue. Après que Doris ait appelé la police, puis Gavin, le médecin du village de Saint-Ouen, deux voitures viennent se ranger devant le portail de chez Julia, les deux avec leurs gyrophares bleus.

Gavin arrive le premier, hors d'haleine, au premier étage, suivi de près par deux policiers en tenue, puis par Doris qui essaie de faire un résumé d'une situation qu'elle n'a pas du tout compris.

Et tout le monde rentre dans la chambre en parlant en même temps. Les mains de l'inconnu se serrent sur les accoudoirs, mais l'une d'elle s'échappe et attrape la baguette qui était toujours posée sur la desserte, comme pour se rassurer. Julia pousse alors une gueulante, fait sortir tout le monde de la chambre, et résume rapidement ce qu'il s'est passé, enfin, ce qu'elle en a compris, parce que c'est quand même pas bien commun.

Gavin est alors le premier à être autorisé, presque penaud, à entrer de nouveau dans la chambre, et examiner l'inconnu. Le vieux médecin pose sa valise sur le lit et se met à en sortir quelques instruments. Quand il en tend un vers l'homme, celui-ci a un geste de recul. Julia perd patience.

« Oh, purée, on n'est pas rendu... Prends ma tension devant lui, il n'a pas l'air de savoir ce que c'est. Je t'ai dit, il a du se cogner la tête ! »

Gavin remonte la manche de Julia en ronchonnant, enroule son bras fin du bandeau qu'il scratche et appuie sur la petite pompe qui fait un bruit ridicule tandis que le bras de la jeune femme s'enserre dans le bandeau qu'il gonfle.

« T'as une petite tension, Julia, tu as pensé à dormir ? »

Gavin s'attire un regard qui foudroierait quiconque sur place, et se renfrogne.

« Bon, à votre tour, monsieur... »

« Sirius. »

« Quoi ? »

« Quand je lui ai demandé comment il s'appelait, il m'a répondu Sirius. Deux fois. Donc, je pense qu'il s'appelle Sirius. »

Le vieux médecin secoue la tête.

« C'est un hippie ou quoi ? »

Le médecin, tout précautionneux, défait les boutons de la manche de la veste et de la chemise de l'homme, les remonte, et installe le tout. Restant attentif à l'homme – on ne sait jamais – il lui fait quelques examens de base : prise de tension, pouls, regarder ses réactions pupillaires – l'homme écarte la petite lumière qui l'aveugle en mettant un coup dans la main du médecin qui ronchonne en se baissant tout en bas pour ramasser sa loupiote. Il tâte ensuite la tête de l'homme à la recherche d'une quelconque blessure, sur les indications de Julia. Mais quand il va pour écouter son cœur et qu'il lui défait la chemise, il s'arrête net devant l'énorme bleu qui marbre le torse de l'homme, comme s'il s'était pris un buffet.

Sentant l'homme dans une tension extrême, il regarde, tâte doucement. L'homme souffre, visiblement, mais ne le montre pas.

« Julia, tu vas m'aider à le lever, on va voir s'il tient mieux sur ses jambes. »

L'homme agrippe alors les accoudoirs, faisant se reculer et se marcher dessus le vieux médecin et Julia.

Julia a le sourire le plus franc et radieux, allant jusqu'à parsemer d'or ses yeux bleus quand elle voit l'homme debout, presque pas vacillant, fier et tentant de se tenir droit comme un i.

« Et bien voilà qui est mieux ! » chantonne-t-elle.

 

Julia tient en main la prescription de Gavin. Des antalgiques - « il doit avoir un mal de chien, mais ça sert à rien de vérifier s'il y a les côtes ou le sternum de fracturés, ça se répare tout seul sous quelques semaines et avec du repos » - et un fluidifiant - « on sait jamais, il est quand même confus, ça ne lui fera pas de mal. S'il y a un petit caillot quelque part, il va disparaître en quelques jours ». Gavin promet de passer tous les jours à la fin de sa journée pour contrôler l'état de Sirius Doe (c'est ce qu'il a noté sur la prescription), et Julia doit l'appeler à la moindre inquiétude, ce coup-ci, il lui répondra.

Après que le médecin ait pris congé, c'est au tour des deux policiers d'arriver. Ils ont écouté tout l'échange et s'assurent que Julia est en sécurité - « bien sûr, il est inoffensif, et je sais me défendre ». Ils prennent des photos de l'inconnu, le décrivent précisément, taille, poids, couleur des cheveux, des yeux, tatouages (mais Sirius refuse d'ouvrir sa chemise), description des vêtements. Les policiers essaient d'interroger l'homme, mais sans succès, il reste mutique. Ils passent un appel radio pour la bonne forme, demandent à Julia si elle souhaite qu'ils l'emmènent à l'hôpital - « non, il est trop effrayé, ça ira », et la remercie pour son dévouement envers lui. En partant, ils font promettre à Julia de les appeler si jamais elle a des problèmes. Non, elle ne portera pas plainte, c'est qu'une fenêtre.

Enfin, c'est au tour de Doris, qui après avoir posé son regard méfiant sur l'homme, qui le lui rend bien, il lui semble, fait promettre aussi à Julia de l'appeler en cas de besoin.

Et quand tout le monde est parti, Julia sent confusément que cette tempête n'en appelait qu'une autre.

Mais elle goûte le calme présent.

End Notes:

J'espère que vous en appréciez la lecture, en tout cas, lentement mais sûrement j'avance dans leur histoire que je porte depuis plusieurs mois.
A bientôt ;)

L'oeil du cyclone by Sifoell
Author's Notes:

Et hop hop hop, un petit nouveau !

MAJ octobre 2021 : relecture et corrections.

Doris regarde Sirius d'un œil méfiant. Ignorant totalement sa présence, elle marmonne.

« Non, mais tu ne vas pas me dire que c'est pas bizarre... »

Sirius, de sa démarche encore vacillante, se déplace dans le salon en tenant les meubles et les murs. Julia observe ses progrès avec confiance. Il va de mieux en mieux, mais la tête, c'est toujours pas ça. Habillé des vêtements du grand-père de Julia, pantalon de velours vert kaki, chemise d'un blanc passé rayé de bleu, et gilet de laine sur le dos, Sirius traîne des pieds, visiblement peu habitué à ces chaussons – Julia n'a pas trouvé de chaussures à sa taille. Sa voisine se tourne vers elle.

« Pourquoi tu le gardes ? Il devrait être à l'hôpital, ou dans un centre... »

Julia l'arrête immédiatement.

« Ils ne feraient pas plus que ce que je fais. Gavin m'a dit qu'il lui faut du repos et une surveillance, c'est ce qu'il y a ici. »

« Mais il est quand même rentré par effraction chez toi... »

Julia secoue la tête, et des mèches s'échappent de sa natte lâche.

« Je ne m'explique pas comment il est rentré chez moi. Il est là, c'est tout. »

Depuis la veille, Sirius progresse aussi dans ses paroles, bien qu'elles soient totalement décousues et hors de propos parfois, comme s'il récitait un texte appris. Et il y a ces autres bizarreries, sa méconnaissance totale des appareils modernes, bien que rien ne soit vraiment moderne chez Julia. Un simple grille-pain qui a fait sauter des toasts lui a causé une belle frayeur. Mais bon, peut-être vient-il vraiment d'une communauté décroissante.

« Et là-dedans, ça tourne comment ? » Doris désigne sa tête.

« Parfois, il répond bien, parfois complètement à côté. Il n'a pas l'air de délirer, il n'a pas l'air d'avoir d'hallucinations. En tout cas, il mange bien, marche presque bien, arrive un peu à se débrouiller tout seul. Ca me rappelle... »

La voix de Julia se fait lointaine, tout comme ses yeux perdus dans le passé.

« Oh, je sais bien ce que cela te rappelle, Julia. Tu as fait tout ce que tu as pu pour ta grand-mère à qui tu devais tout, comme tu dis. Mais à lui, tu ne dois rien. »

Julia ne prend pas la peine de relever ce que vient de lui dire Doris. Elle repense à sa grand-mère qui l'a élevée depuis la mort de ses parents alors qu'elle n'avait pas deux ans. Sa grand-mère qui a toujours été présente pour elle. Il était totalement normal pour Julia de tenter de lui rendre une partie de ce qu'elle avait reçue.

La voix éraillée de Sirius retentit dans la pièce, ramenant Julia à la réalité, ainsi que Doris.

« Ils vont chanter mes louanges. »

Julia s'assombrit alors.

« Qui va chanter tes louanges, Sirius ? »

Mais le voilà de nouveau à traverser la pièce en tenant les murs, en tenant les meubles. Doris regarde Sirius, puis Julia qui a toute son attention tournée vers lui.

« En tout cas pas moi ! » Répond Doris qui sort de la pièce en marmonnant : « et il est temps que tu t'occupes de toi, Julia. A demain, tu appelles si tu as besoin. »

Julia ne répond même pas.

« Qui va chanter tes louanges, Sirius ? » répète Julia doucement.

Sirius déambule encore, les yeux se promenant partout sauf sur elle. Un sueur froide parcourt le corps de Julia et la frissonner. Il hallucine. Il hallucine vraiment. Julia avance alors vers lui, se plante devant lui qui est à peine plus grand qu'elle, et pose ses deux mains sur les joues de Sirius qui finit par baisser ses yeux orage sur ses yeux ciel bleu.

« Ils vont chanter mes louanges, mais après ils vont m'oublier. »

« Pourquoi tu dis ça ? Personne ne t'oubliera, ici, Sirius. Tu n'es pas seul. »

Il secoue la tête, comme pour se libérer d'un songe, la penche et toise Julia avec cet habituel regard lointain.

« Ils vont continuer, parce qu'il faut que tous ils continuent, mais moi je me suis arrêté. »

« Continuer quoi, Sirius ? Tu parles de qui ? »

Il hausse les épaules, a un geste vague de la main, semble particulièrement ému.

« Il faut bien qu'ils continuent, ils n'ont pas le choix. Moi aussi j'ai continué mais je n'ai rien oublié, ni personne... »

Julia réfléchit, ses mains ont quitté les joues de Sirius et s'accrochent maintenant aux bords du gilet de laine.

« Tu parles de la vie, Sirius ? Les gens doivent continuer à vivre et ils oublient ceux qui sont partis ? »

Le visage tendu de Sirius se chiffonne d'un coup, il se mord la lèvre et essaie de fuir Julia. Mais la tentative est hasardeuse étant donné son état de faiblesse. Ses jambes cèdent soudain et Julia le cueille dans ses bras, et l'accompagne au sol avec elle, la grande et solide Julia enveloppant la grande carcasse maigre de Sirius de ses bras. Il se met à pleurer dans son épaule, et elle le serre plus fort contre elle. Elle sent la laine et les embruns. Elle sent la cuisine et le grand air. Il s'abîme dans tout ce qu'il sent chez Julia qui, de son côté, fragile comme elle est, lutte elle aussi contre ses propres larmes, alors que ses mains caressent le dos de Sirius pour en chasser le chagrin.

« La vie continue, Sirius, mais les gens n'oublient jamais ceux qui sont partis. Ceux qui sont morts ou ceux qui vont vivre ailleurs. Les gens n'oublient jamais, c'est pour ça que les souvenirs sont faits, pour revivre des instants partagés. Tu n'es pas seul, Sirius. »

 

La journée s'écoule, Sirius alternant entre des phases où il erre dans la maison, et d'autres moments où il se repose. Il ne semble jamais vraiment dormir. Quand il est assis dans un fauteuil ou allongé dans le lit, dès que Julia entre dans la pièce, c'est pour trouver Sirius les yeux grands ouverts sur elle. Parfois, elle le surprend les yeux fermés, semblant dormir, mais dès qu'elle fait un bruit, il la regarde et la suit des yeux.

Julia a essayé d'en savoir plus sur lui, mais il ne dit rien qui puisse l'orienter vers une quelconque piste.

Plus les heures passent, plus il semble récupérer physiquement. Sa démarche se fait plus sûre, il est plus solide sur ses jambes, et il dévore. Le frigo, rempli des divers gratins que Doris se donne comme mission de faire pour que Julia mange un peu, commence peu à peu à se vider. Sirius semble apprécier tous ces plats préparés méticuleusement par Doris, et, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, Julia commence aussi à manger plus qu'elle ne le faisait depuis des semaines, le temps de l'agonie de sa grand-mère.

Gavin passe tous les soirs comme promis, et, bien que Sirius semble encore méfiant, il le laisse l'examiner. Julia le laisse seul avec le vieux médecin du village, mais s'est hasardée à jeter un œil par la porte entrouverte de la chambre, quand Sirius avait enlevé son gilet et sa chemise. Elle a juste eu un aperçu de son torse que les étranges tatouages couvraient d'une épaule à l'autre, et des clavicules jusqu'au nombril. Au centre de son torse, un hématome d'une taille impressionnante s'estompe et prend une couleur verdâtre.

Après chaque visite, Gavin rend compte à Julia des progrès de Sirius, qui, du moins physiquement, va mieux. Mais il ne s'explique toujours pas cette désorientation et ce discours décousu. Alors, quand Gavin et Julia discutent à voix basse dans le couloir, essayant de comprendre qui il est et comment il a été blessé, il leur dit juste « Je ne suis pas d'ici » avant de se reboutonner et de retourner dans le fauteuil, Twister à ses pieds.

Julia le rejoint alors dans la chambre, suivi par Gavin.

« Mais d'où viens-tu, Sirius ? On est à Jersey, ici, près de Saint-Ouen. Tu sais d'où tu viens ? »

Sirius fronce les sourcils, semblant réfléchir, fouiller dans sa mémoire.

« Londres. »

Alors, Julia s'enthousiasme.

« Londres, mais c'est merveilleux, Sirius ! On peut prévenir la police, ils sauront où chercher ! »

Sirius, l'air toujours soucieux, répond alors.

« Non... Je dois rester caché... »

Et alors, il se ferme comme une huître et ne dit plus rien, malgré les sollicitations de Julia qui a soudainement un mauvais pressentiment... Elle saisit alors la manche de Gavin, l'invitant à la suivre. C'est une fois qu'ils ont quitté la maison et rejoint la voiture de Gavin que Julia, un peu angoissée, demande à Gavin :

« Parles-en à la police, Gavin... J'espère qu'il n'est pas recherché, au moins... »

Le vieux médecin attrape alors son téléphone portable et compose le numéro de la police. Il demande à parler aux deux policiers qui sont venus chez Julia deux jours plus tôt, et leur parle des nouveaux indices. Mais rien de leur côté, et quand ils recherchent quelqu'un s'appelant Sirius sur Londres, mis à part quelques entreprises, personne ne s'appelant Sirius n'y réside. Les policiers demandent à Julia si elle veut qu'ils viennent le chercher, mais elle refuse. Elle regarde ensuite le vieux médecin repartir dans son antique voiture et retourne chez elle.

 

Plus tard dans la soirée, elle essaye de nouveau de discuter avec Sirius, savoir son nom de famille, mais il ne dit rien.

« Et tu as de la famille ? Des parents ? Des frères et sœurs ? »

Il secoue la tête, semble réfléchir, chercher ses mots ou des souvenirs.

« Morts. Ils sont tous morts. »

« Et des amis ? »

Son visage se chiffonne.

« Je ne sais pas... »

« Tu as une femme ? Des enfants ? »

Il secoue la tête, les yeux fermés... Puis il baisse la tête, comme soudainement accablé, exhalant une respiration chevrotante. Julia lui prend la main. Il redresse la tête, plante son regard dans celui de Julia, et a le premier vrai sourire qu'elle voit depuis qu'il a débarqué chez elle il y a quelques jours.

« J'ai Harry. J'ai Harry ! »

Julia lui laisse le temps de fouiller dans ses souvenirs.

« Harry, mon filleul. Harry Potter. C'est le dernier visage que j'ai vu avant... »

Là, Julia sent qu'elle le perd de nouveau, il est parti loin, trop loin dans sa tête. Il fouille dans la manche de la chemise et en sort sa baguette.

« C'est quoi, cette baguette ? »

Sirius ne répond pas, et se contente de la remettre dans sa manche. Julia n'en tirera rien de plus qu'une impression fugace qu'il sait parfaitement qui il est, qu'il n'est pas si confus que cela.

End Notes:

J'espère que la lecture vous a été agréable :)

Intermède - Rouge Nez des Landes by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour, je triche (chut). J'ajoute l'OS Rouge Nez des Landes qui a participé à une nuit d'écriture, et qui fait partie de l'histoire de Julia et Sirius.
Je l'ai modifié légèrement pour qu'il soit plus en cohérence avec leur histoire, et il intervient maintenant dans le déroulé de la fic.
Je vous souhaite une courte, mais néanmoins bonne lecture !

MAJ d'octobre 21 : relecture et corrections.

C'est un mardi de juin, le temps est au beau fixe, ce qui fait du bien après la tempête de la semaine passée. Julia s'occupe de ses lapins, comme tous les jours, habillée de cette chaude robe de laine comme elle en a tant et comme elle aime les porter. Les cheveux réunis en une natte lâche, que le vent ne parvient qu'à défaire, elle nourrit et brosse ses lapins, Twister, son chien, courant après les bourrasques dans le jardin.

Julia habite la dernière maison sur les falaises, dont le terrain est grignoté inexorablement, année après année, roche après roche. Elle aime cette vie isolée, elle aime cette paix qu'elle retrouve presque dans le hurlement des tempêtes et dans les rires des mouettes.

C'est alors que son invité, son hôte, comme elle l'appelle, sort de la maison, pâle et échevelé. Cela fait presque une semaine que ce mec a débarqué dans sa vie, par la fenêtre du grenier, comme un cambrioleur. Une semaine qu'elle le garde à la maison, faut-il être con n'est-ce pas ? Une semaine qu'elle le regarde reprendre du poil de la bête, couleurs et kilos, et un peu de vocabulaire.

Son arrivée est proprement inexplicable. Quand elle a appelé à l'aide, on l'a prise pour une folle. Allez expliquer aux services de secours et aux voisins qu'un cambrioleur a brisé la fenêtre la plus haute de la maison, pour atterrir sur le plancher du grenier, lors d'une nuit d'orage. Allez expliquer que ce cambrioleur semblait mort, ne respirait pas, que son cœur ne battait pas. Allez expliquer que vous avez réussi, sans bien comprendre ce qu'il se passait, à faire revenir à la vie cet homme qui ne semblait pas pouvoir aligner deux mots cohérents, alors quant à dire qui il était et ce qu'il foutait là...

Et là, en ce mardi de juin qui promet un temps superbe, titubant dans le vent qui fait claquer autour de ses jambes la robe de chambre à carreaux du grand-père de Julia, l'inconnu découvre les environs, comme tout ce qu'il découvre depuis qu'il a débarqué dans la vie de Julia, comme un enfant qui découvre à chaque minute une autre chose merveilleuse et surprenante. Frissonnant dans son pyjama, les cheveux longs voletant autour de son visage émacié qui s'est défait de ce masque de mort, il promène ses yeux gris enfoncés dans ses orbites sur le paysage qui s'offre à lui. Des landes à perte de vue, et au bout du chemin, alors que celui-ci tourne à gauche pour rejoindre une route goudronnée, au bout du chemin à droite, les falaises qui grignotent la terre pour la rendre à la mer. Parce que tout n'est qu'emprunté à la mer, à Jersey.

Julia se relève, son panier contenant des poils de lapin qu'elle filera plus tard, sous le bras. La main resserrant autour de ses jambes ses jupes qui volettent aussi, elle avance vers Sirius. Ses lèvres sont bleues, sa barbe lui mange ses joues émaciées. D'un geste hésitant, il pointe autour de lui, le paysage. Avec sur ses lèvres, un seul mot : « où ? ».

« Rouge Nez des landes », répond Julia. « Sur l'île de Jersey. »

L'inconnu acquiesce, sans que Julia n'ait la moindre idée de ce qu'il en a compris. Elle va poser son panier dans son entrée, et en ramène un manteau d'hiver qui a appartenu à son père. Le tendant à l'inconnu, elle murmure.

« Allez, aide-moi. »

L'inconnu enfile la première manche, puis la seconde, et Julia lui remonte la fermeture éclair et lui ferme tous les boutons.

« Viens, on va faire un tour. Je vais te montrer... »

Alors, lui tenant le bras parce que ses jambes ne sont pas solides, Julia promène l'inconnu, dans les landes et au bord des falaises, suivi par Twister, son chien, ravi de cette opportunité de renifler tout un tas de plantes et de cailloux.

Intarissable, Julia raconte les légendes de la pointe des Corbières, le mystère des sentiers de douaniers, les aventures de pirates historiques du coin, et l'occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale.

Intarissable, Julia parle de tout sauf d'elle et sauf de lui, sans être sûre de ce qu'il comprend, lui qui est tari de mots et tari de vie. Elle qui se bat avec le deuil de sa famille et s'y noie.

End Notes:

Bon, je triche, hein (chut). Mais pour le coup, vous en avez deux pour le prix d'un.

Déjà-vu by Sifoell
Author's Notes:
Bon, je voulais "tricher" et publier le chapitre précédent et celui-ci en même temps, mais j'ai du m'emmêler les crayons, et le fil de la souris, et mes cheveux avec, donc le 2 pour le prix d'un, c'est pour le lendemain :)
En tout cas, je vous remercie toujours de vos lectures, et des personnes qui prennent le temps de laisser des reviews que j'apprécie vraiment, et voici donc un chapitre un peu court mais qui marque un autre bouleversement dans la vie de Julia... Je vous souhaite une bonne lecture :) MAJ du 26/07/20 : relecture et corrections

Le soleil point à peine sur l'horizon quand Julia est réveillée par Twister qui danse sur le plancher au rez-de-chaussée, et la porte d'entrée qui s'ouvre. Elle reste quelques secondes à fixer son plafond, flottant entre rêve et éveil, le temps de rassembler ses pensées et de vraiment se réveiller. Elle entend alors Twister japper de joie, et un autre chien lui répondre. Inquiète pour ses bêtes, elle ouvre la fenêtre, et dans cette lueur pâle du lever du jour, voit son chien de berger jouer avec un gros chien noir, bien plus gros que lui. Elle enfile alors à la hâte un gilet par-dessus sa chemise de nuit, met ses chaussures, jette un œil en passant dans le hall à la porte d'entrée entrouverte de la chambre de Sirius et s'arrête d'un coup. Le lit est vide. Elle toque à la porte, entre doucement mais il n'y a personne dans la chambre. Alors qu'elle entend toujours les chiens jouer ensemble, elle toque à la porte de la salle de bain, y entre, mais ne trouve personne là encore. Puis elle descend les escaliers, et regarde dans la cuisine, le salon, la salle à manger, le cellier. Pas de Sirius. Dehors, il y a toujours les jappements de joie des chiens qui ont l'air de jouer à se courser, et les premiers bruits de la grange qui s'éveille aussi. Julia sort de la maison, en fait le tour et s'arrête d'un coup, se retient au mur, quand elle voit Sirius jouer avec son chien. Les deux se tournent vers elle, soudainement immobiles et silencieux. Le regard de Julia cherche l'autre chien, le grand chien noir, dans le jardin, et sur la route. Julia, sentant que quelque chose n'est pas normal du tout, dit alors :

« Bonjour Sirius, tu as bien dormi ? »

Le visage indéchiffrable et les joues mangées par la barbe, ce dernier hoche de la tête.

« J'ai... j'ai entendu un chien jouer avec Twister, et je l'ai vu par la fenêtre. Un gros chien noir. Il est passé où ? »

Sirius ne répond pas, et Twister le regarde comme avec un sourire, sa langue pendant de sa bouche. Julia a la tête qui tourne, et comme une impression de déjà-vu fugace mais qui lui laisse une empreinte forte.

Sirius hausse les épaules.

« Il est parti, le chien, il a couru vers la route. »

Julia reste le regarder sans rien dire, avant de tourner les talons, ayant la sensation que Sirius lui ment ouvertement.

Après s'être lavée et habillée, Julia, d'une humeur massacrante, entreprend de préparer le petit déjeuner, Sirius étant toujours dans le jardin. Elle ne prend même pas la peine d'attendre le retour de Sirius pour manger avec lui, et se déshabille dans l'entrée pour enfiler sa tenue de travail. C'est à ce moment que Sirius rentre, alors qu'elle est en culotte et en train d'enfiler son pantalon. Julia n'en fait pas cas, et il faudrait être aveugle, sourd et stupide pour ne pas se rendre compte qu'elle est furieuse. Sirius reste donc planté à l'entrée, tenant la porte, ses yeux ayant suivi Julia de son visage fermé jusqu'à ses chevilles fines. Une fois chaussée de nouveau, elle bouscule presque Sirius en sortant en trombe, suivie par Twister, ravi de retourner dehors. Sirius la regarde s'éloigner vers la grange, marchant vivement, et entre dans la cuisine, attiré par les odeurs de pain grillé.

Julia se détend tout doucement au contact de ses animaux qui se réveillent juste, il faut dire qu'Oscar, le coq, s'égosille depuis une demi-heure. L'humeur est maussade aussi chez ses bêtes qui ont hâte de sortir pour se dégourdir les pattes. Julia, sans doute plus vivement que d'habitude, nettoie les boxes et remet de la paille, nettoie les abreuvoirs et remet de l'eau, nettoie les auges et remet de la nourriture. Elle jette un œil à sa montre, elle a tout fait en trente minutes et se sent un peu moins furieuse après cette débauche d'énergie. S'essuyant le front sur sa manche, elle voit la voiture du livreur de journaux s'arrêter, répond à son salut de la main, et va chercher le journal. Elle a l'envie subite de se poser devant des tartines avec un Earl Grey fumant, et de lire les dernières infos.

Elle rentre alors chez elle, enlève ses chaussures de sécurité, et en chaussettes, rejoint la cuisine où Sirius dévore du pain, des fruits, et du thé. Il s'arrête de mâchonner quand Julia rentre, et la surveille du coin de l’œil, comme pour jauger si la colère est passée. Julia l'ignore, se verse une tasse de thé, et récupère au passage du pain et de la confiture. Elle emporte le tout sur un plateau dans le salon pour déjeuner face à la mer, ce qui l'a toujours bercée.

Dans la tête de Julia, c'est la tempête. Elle repense à tous ces trucs bizarres qui arrivent depuis l'arrivée de Sirius, toujours inexplicable, ses blessures, mystérieuses. Cette baguette dont il ne se sépare plus, semble-t-il, vu qu'elle ne la voit plus du tout. Et maintenant, elle entend un chien noir, et c'est Sirius qu'elle trouve à sa place. Julia trempe ses tartines dans son thé et les mange rapidement, tout en tournant les pages du journal pour en lire les gros titres sans les lire vraiment. Une fois qu'elle a fini de manger, Julia débarrasse le tout et va faire un tour dans la cuisine pour laver sa vaisselle, tout en ignorant Sirius avec superbe. Quelque chose ne tourne pas rond, et elle est convaincue qu'il lui ment à propos de ce chien, tout en se demandant quelle serait la vérité ? Encore une fois, rien n'est explicable. Frustrée, elle retourne dans le salon, et s'assoit prêt de son rouet et de son panier de laine à carde. Elle essaie de filer la laine de ses lapins, mais encore trop nerveuse et peu concentrée, elle n'y arrive pas, mais s'entête. Elle entend dans la cuisine Sirius qui s'affaire, qui range le pain, les fruits et la confiture, passe un coup d'éponge sur la table, et fait la vaisselle. Et Julia a toujours le fil de laine entre les doigts, et elle s'agace de ne pas réussir à le faire aussi fin que d'habitude.

Sirius arrive dans le salon, silencieux, et tout en regardant Julia qui continue à l'ignorer, comme pour demander sa permission, il s'assoit sur le canapé et regarde le journal. Bien que Julia ne veuille pas lever ses yeux sur lui, elle ne peut s'empêcher de voir une expression de surprise se peindre sur le visage de Sirius, alors que ses yeux sont fixés sur l'immense photo en couverture du journal (un article sur le parc animalier de Durrell), puis il blêmit et quitte précipitamment le salon, puis la maison. Julia repose son fil, se lève et regarde la première page du journal. A part l'article sur le parc animalier de Durrell, ils parlent du tourisme qui bat son plein, comme tous les ans, de la Normandie qui est juste à côté, et des bijoutiers de Saint-Hélier qui ont gagné un prix. Absolument rien de choquant.

L'inquiétude prend la place de la colère, et Julia sort à la suite de Sirius. Dans le matin pâle, elle met un peu de temps à le trouver, et l'appelle donc. Elle le voit sur le chemin de terre qui part à droite, vers les Landes. Il marche d'un pas vif et se met à courir franchement. Très inquiète, Julia se met à courir à sa suite, mais quand elle le perd de vue et qu'elle arrive sur les falaises, le cœur de Julia se serre tant qu'elle porte sa main à sa poitrine, courant, éperdue, et appelant Sirius jusqu'à ce que sa voix se casse. C'est là qu'elle le retrouve enfin, debout au bord de la falaise, le visage tourné vers elle, l'air franchement affolé, la baguette brandie, et des étincelles rouges en jaillissant comme une centaine de feux de bengale.

End Notes:
Je vous avais bien dit que l'action s'accélérait un peu ;) Alors, qu'en pensez-vous ? Que va-t-il se passer ? Sirius a vu quoi sur le journal qui l'a profondément choqué ? Les paris sont ouverts.
En tout cas, je suis plutôt contente de moi, parce que l'histoire prend forme (peut-être au détriment du style, d'ailleurs, la date butoir s'approchant, il ne faut pas que je traîne)...
62442, Londres. by Sifoell
Author's Notes:
Et paf ! de l'action !!! Bonne lecture, m'ssieurs dames !!!
MAJ du 26/07/20 : relecture et corrections

Julia vit encore un de ces moments qui dure toujours, qui se fige dans le temps. Elle se souvient de chaque détail, du plus infime au plus flagrant. La brise marine venant défaire sa natte et jouer avec les mèches qui s'en échappent. Le soleil qui se lève, quelque part dans son dos, empourprant le ciel derrière elle, et Sirius, avec un regard d'animal pris au piège, ébloui par les rayons du soleil qu'il a en pleine figure. Le bruit des pattes de Twister venant déranger la bruyère. Le ronronnement des vagues venant se briser sur les rochers en contrebas. Sirius, debout sur une pointe rocheuse, trop près du vide au goût de Julia. Et cette fichue baguette de bois brandie haut dans le ciel, comme une flamme olympique, d'où jaillissent des étincelles rouges par milliers, comme un de ces feux de Bengale d'anniversaire, quand les gens portent des chapeaux en carton ridicule et font semblant de s'amuser.

Et soudain, le temps a accéléré follement. Deux plocs retentissant font sursauter Julia qui de surprise en tombe sur les fesses, la main sur le cœur, les yeux figés sur ceux de Sirius. Twister qui détale en aboyant, vient et vire comme un loup face à une menace, la tête près du sol, la queue basse. Et deux personnes qui se sont littéralement matérialisées dans son champ de vision. L'un est grand, vêtu bizarrement, comme le monsieur Loyal d'un cirque, l'autre est petite et porte un chapeau mou qui lui tombe sur l'épaule. Tous deux portent une baguette. Les deux personnes regardent d'abord Sirius, puis Julia, puis de nouveau Sirius, alors que Twister tourne autour du monde en aboyant. La petite dame toute fine fait un vague mouvement de baguette en direction de son chien, un éclair rouge en jaillit, et celui-ci s'arrête brusquement, plus de mouvement ni de bruit, et tombe sur le côté, tétanisé. Quelque chose explose dans la poitrine de Julia qui en tremblant se traîne jusqu'à son chien qui respire mais est comme statufié. Elle entend la voix de basse du grand homme murmurer, indécise :

« Black ? »

Julia se retourne vers Sirius, si près de la falaise, dont les yeux se baladent entre les deux personnes, la baguette toujours brandie. Et d'un coup, un éclair rouge part de la baguette de Sirius mais est dévié et la baguette s'envole, tandis que des cordes partent de la baguette blanche de la femme, et l'homme en face marmonne quelque chose qui ressemble à levicorpus, et Sirius se retrouve soudain la tête en bas, saucissonné par des cordes qui l'enserrent. La baguette de Sirius atterrit dans la main de la femme.

« Bon, dit la femme. On va éclaircir cela à Londres, au bureau des Aurors. »

Sirius, en mauvaise position, crache alors, les cordes le serrant trop :

« Je veux voir Harry Potter. Ou Albus Dumbledore. »

La femme a un petit rire triste.

« Oh, vous pourrez voir Harry Potter, mais plus tard. On doit d'abord s'assurer que vous êtes bien qui vous semblez être, Sirius Black. Parce que je ne vous cache pas que vous êtes mort il y neuf ans de cela... »

Julia murmure...

« Mon chien... »

La femme se tourne vers elle, elle a un doux visage et de francs yeux bleus.

« Oh, pardon, madame... »

Un autre mouvement de baguette, et un autre éclair rouge, et Twister agite ses pattes, tend sa tête vers Julia qui est toujours assise près de lui, chouine un peu avant de lécher les mains de sa maîtresse.

« Vous êtes ? » demande la voix de basse de l'homme.

« Julia... Julia Langford. »

Sirius s'agite dans ses cordes, toujours la tête en bas, et il murmure en boucle des non, tandis que les cordes se resserrent inexorablement.

« Moldue ? »

Le cœur de Julia bat à tout rompre. Elle ne comprend rien à ce qu'il se passe, ses mains empoignent convulsivement la fourrure de Twister qui a l'air de se remettre de ses émotions et se met à grogner sourdement.

« Quoi ? »

L'homme fait un geste compliqué avec sa baguette et un éclair vert en jaillit, venant provoquer une sensation de chaleur sur la poitrine de Julia. Sirius hurle et se démène comme un damné dans ses cordes qui se resserrent, lui coupant presque la respiration. La femme lui envoie alors un éclair rouge et Sirius se tend d'un coup, immobile et silencieux. Julia qui n'a rien raté de tout cela, se tait, les yeux pleins de larmes. La voix de basse de l'homme retentit.

« Vous avez trop bu la veille, vous vous êtes endormie dans les landes, et vous avez fait un drôle de rêve. »

La petite femme émet un gloussement.

« C'est la même chose à chaque fois, Marcus. Tu devrais renouveler tes histoires. »

« Et toi te souvenir du code d'entrée au ministère. »

Elle s'agace alors.

« 62442 ! Je me suis trompée une seule fois ! »

Ils se détournent tous deux de Julia et Twister. La femme met à l'abri la baguette de Sirius dans un repli de son manteau bouffant, et l'homme pointe sa baguette vers Sirius qui se rapproche de lui. Julia est totalement immobile, fascinée, comme devant un spectacle qui ne la concerne pas, comme à l'extérieur de son propre corps. Avec une curieuse sensation de familiarité bordée d'une inquiétude sans nom.

« Descends-le de là, il va tout dégobiller sinon... »

Un autre mouvement de baguette et Sirius tombe au sol comme un sac de patates, les liens desserrant doucement leur étreinte. L'homme singe la femme d'une petite voix.

« Faut dire que toutes les cabines téléphoniques de la place d'Ecosse sont pareilles ».

La femme renifle avec dédain, tandis que l'homme se baisse et charge Sirius inanimé sur son épaule.

« Mais bon, quand tu es amoureuse, tu n'es pas très attentive. »

Il baisse sa tête vers la petite femme qui a une moue boudeuse, et lui tend une main qu'elle saisit. Dans un grand ploc, ils disparaissent en tournant et rapetissant à toute vitesse, comme s'ils passaient dans le siphon d'un évier.

Julia, toujours par terre, laisse échapper une main de la fourrure de son chien pour essuyer ses larmes. Ses joues sont marbrées de sel et de terre et ses cheveux pleins de fleurs de bruyère. Elle se lève lentement, complètement perdue par tout ce qu'elle vient de voir, et rentre chez elle.


La première chose qu'elle fait en entrant dans le hall, c'est se déchausser et enlever son gilet. Elle traverse la pièce comme un fantôme, choquée. Elle monte les escaliers, entre dans la chambre de sa grand-mère, voit le lit défait. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Elle entre dans la salle de bain, se regarde dans le miroir et se reconnaît à peine. Ses yeux bleus sont écarquillés, ses pupilles dilatées. Ses joues couvertes de terre. Elle note les cernes, camouflées par les saletés qu'il y a sur son visage, note ces plis encadrant ses lèvres. Elle a une pensée tendre pour Doris qui ne cesse de lui apporter depuis des mois, tous les soirs après son travail ou sa journée à la maison, des plats hypercaloriques pour la remplumer un peu. Elle ne sait pas si elle a eu un vrai repas depuis des mois. Sa grand-mère s'est dégradée tellement vite qu'elle nécessitait une présence de tous les instants. Et il fallait s'occuper de la ferme. Julia s'est alors oubliée, abrutie, abîmée dans le travail, et dans ces journées qui se ressemblaient toutes, jusqu'à l'effacer. Toute à ses idées noires, Julia se déshabille et laisse en tas par terre ses vêtements. Elle entre dans la baignoire et se fait couler de l'eau froide sur elle, histoire de se réveiller, de sortir de cette torpeur cotonneuse, de se sentir vivante. Mais elle a juste envie de hurler parce qu'elle ne comprend rien à ce qui vient de lui arriver. Comme tout ce qu'elle venait de voir n'était qu'un rêve. Parce que non ! Ce qu'elle a vécu est juste impossible, irrationnel. Tout ce qu'elle vit depuis quelques jours est complètement tordu, en dehors de toute réalité. Julia s'effondre alors sous la douche et tombe sur ses genoux, secouée par de violents sanglots qui la plient en deux et lui ravagent les entrailles, l'empêchant presque de respirer. Elle reste là, sous le jet d'eau froide, jusqu'à ce qu'elle se mette à trembler et qu'elle n'ait plus de larmes. Jusqu'à ce qu'une sorte de calme froid s'empare de son âme. Elle a l'impression de perdre la raison et cela la terrifie plus que tout.

Julia sort alors de la douche, se sèche, ramasse ses vêtements qu'elle met au sale et va s'habiller dans sa chambre. Elle retourne ensuite dans la salle de bain rincer la baignoire, et ses yeux tombent sur les vêtements de Sirius, qu'elle a soigneusement plié après les avoir lavés et avoir prêté à Sirius les vêtements de son grand-père.

Julia décide alors qu'elle n'a en rien perdu la raison, mais qu'elle veut certainement avoir des explications quant à ce qui lui est arrivé depuis quelques jours. Et ces réponses, elle les trouvera dans une cabine téléphonique de la place d'Ecosse à Londres, en composant 62442.

Rien n'a de sens.

End Notes:
Bon. Et bien, ma seule crainte dans ce chapitre est que les indices révélés à Julia le soient de manière trop artificielle. Pour rappel, elle n'a pas connaissance du monde de la magie, donc n'a pas compris grand chose de ce qu'il s'est passé devant ses yeux. J'essaye vraiment de distiller quelques indices que le lecteur averti doit comprendre.
D'après vous, quels sorts ont été lancés ? N'hésitez pas à me laisser des reviews si vous pensez que le chapitre nécessite une réécriture. Il est tout frais, je viens de le finir, mais je pense que les grandes lignes vont rester là.
J'espère que la lecture vous a été aussi agréable que l'écriture m'a été appréciable.
A tout bientôt :)
La traversée by Sifoell
Author's Notes:
Attention, ce chapitre est volontairement très décousu, mais à la relecture, je ne trouvais pas qu'il était très compliqué à comprendre.
Là, on est dans le fil des pensées de Julia qui bouillonne, bouillonne, bouillonne (la pauvre).
J'espère que la lecture vous sera néanmoins agréable, et bienvenue à bord des Condor Ferries (par contre, attachez votre ceinture, Julia elle conduit d'une manière qui lui est très... personnelle). MAJ du 26/07/20 : relecture et corrections

Tout doit avoir un sens.

Il est huit heures du matin, et Julia rassemble ce qui lui reste de raison pour continuer sa journée, continuer à avancer sans devenir complètement folle et sans se jeter des falaises qui sont juste là, au bout du chemin, quand il tourne à droite après la barrière. D'ailleurs, en parlant de barrière, une voiture vient de s'arrêter, et un homme descend. Il avance jusqu'à la porte et toque, ce qui fait sursauter Julia qui pourtant le regardait venir.

Automatique, comme un petit robot, elle se lève, accueille le vitrier – ah ben tiens, je l'avais oublié, celui-là – Non, non, pas de devis, remplacez la fenêtre. Elle va chercher son chéquier sans se poser de questions, et se prépare un thé. Comme un fantôme, elle vole d'une pièce à l'autre. Ses pieds ne touchent plus terre. Elle nourrit Twister d'un énième reste de ragoût, débranche son frigo pour le dégivrer, prend les plats qu'elle vide dans la grande poubelle, fait la vaisselle, la range. Le vitrier revient, il a fini. Tenez, votre chèque, merci et au revoir.

Elle attrape le téléphone, et appelle une agence d'intérim disant qu'elle a un besoin urgent d'un ouvrier agricole qui sera logé dans sa maison car elle doit s'absenter.

Tout doit avoir un sens.

Oui, dès que possible, le plus tôt sera le mieux. Elle appelle ensuite Doris, Doris qui paraît singulièrement à côté de ses pantoufles. Doris qui ne se souvient plus très bien qui l'appelle. Ah ben si, c'est Julia, je vais prendre quelques jours de vacances, est-ce que tu peux passer un peu à la maison, j'aurai un ouvrier agricole qui va y loger, si tu peux jeter un œil pour que tout se passe bien. Oui, pas de problème ma chérie, prends des vacances, tu en as bien besoin.

Julia se prépare ensuite un sac. Elle y met des vêtements, puis les enlève du sac.

Rien n'a de sens.

Julia appelle ensuite Gavin pour lui dire que Sirius est parti. Qui ? Sirius. Connais pas, de quoi tu parles, Julia ? De rien, j'ai besoin de vacances. D'ailleurs, je vais faire un petit voyage de quelques jours parce que rien n'a de sens, Gavin. Rien n'a de sens. Avec un petit rire qui sonne faux, elle raccroche, tenant contre elle la veste en velours de Sirius. Parce que tout doit avoir un sens. Parce qu'elle n'a pas rêvé. Elle porte la veste à son nez et respire l'odeur de la lessive, et l'autre, plus discrète, s'estompant presque, musquée, de Sirius.

Julia appelle alors le commissariat et demande à parler aux deux agents de police qui sont venus pour son cambriolage. Quel cambriolage ? Ah oui, il y a bien un papier. Ah, mais non, c'est le volet qui s'est décroché et a brisé la vitre. Il n'y a pas de cambriolage, Mme Langford, il faut voir avec votre assurance, ce n'est pas l'affaire de la police, vous pensez bien. Nous avons autre chose à faire que de nous occuper de vitres brisées les nuits de tempête. C'est bien ce que dit le rapport. Que rien n'a de sens. Mais lourde est la veste de Sirius dans ses mains, tandis que quelque part, quelque chose se décroche de son esprit et s'envole. Comme une barrière, comme quand on a un mot sur le bout de la langue et qu'on n'arrive pas à s'en souvenir. Comme une réminiscence. Comme quand on rencontre pour la première fois quelqu'un qui semble familier. Ces bugs du cerveau - impressions de déjà vu. Rien n'a de sens.

Julia met sa maison en ordre. Puis le jardin. Puis la grange. Puis son courrier. Puis sa garde-robe. Puis sa vie. Puis sa natte qui s'est encore défaite. Renonçant, elle laisse ses cheveux lui couler dans le dos comme quand elle était jeune fille, il n'y a pas si longtemps.

Tout doit avoir un sens. Sens dessus, sens dessous ? Dans tous les sens ? S'enivrer les sens ?

Elle fourre dans le sac posé sur son lit les vêtements qu'elle avait enlevé, puisque rien n'a de sens, autant faire et défaire les choses, faire et défaire le sens, en le tournant dans tous les sens, on y trouvera bien un sens.

Comme un robot avec ses gestes automatiques, comme un fantôme voletant au-dessus du sol, comme quelqu'un qui ne sait diablement pas ce qu'il est en train de faire et de défaire, Julia continue sa journée, attendant que l'agence d'intérim la rappelle, puisque c'est urgent. Urgent de retrouver le sens et ses sens. Urgent de combler l'absence. Urgent. Urgent.


C'est une Julia singulièrement pâle et échevelée qui arrive au port. Oui, un billet pour mon chien et un pour moi, direction Portsmouth. Avec une voiture. Départ ce soir 21h20, arrivée demain matin à 6h15. Julia fait un chèque d'un air absent, et retourne à sa voiture parce qu'elle ne va pas attendre des heures et des heures au port, cela devient ridicule. Elle retourne chez elle, attend, et tourne, tourne dans tous les sens, vu que rien n'a de sens.

L'ouvrier agricole arrive, c'est un jeune du coin, elle le connait, il s'appelle Shawn, il est déjà venu travailler chez eux quand Julia s'était cassé le poignet l'année dernière et qu'elle n'y arrivait plus, entre s'occuper de sa grand-mère, et de la ferme. Shawn est gentil, grand et fort. Shawn ment et lui trouve bonne mine. Shawn la regarde partir à 19h avec une sorte de soulagement, sa voiture et son chien, son sac et les vêtements de velours. Shawn hausse les épaules, il est payé d'avance pour une semaine de travail, et des vacances ne lui feront pas de mal à Julia, elle a une tête épouvantable. Alors, Shawn ouvre alors le frigo, mais le trouve désespérément vide. Alors, il hausse les épaules, se commande une pizza et se colle devant la télé à grignoter un paquet de chips qui traînait dans un placard.

Et Julia reprend la route qu'elle connait par cœur, il n'y a pas tant que ça de routes, à Jersey, la voiture est presque optionnelle. Elle arrive au port, attend l'embarquement, embarque, avec son chien, sa voiture, son sac, les vêtements de velours, et une espèce d'attente. Elle a l'impression d'être dans une salle d'attente. Elle arrive à un point de sa vie où il y a un avant connu, et un après incertain. Mais tout prendra sens à Londres, place de l'Ecosse, dans la cabine téléphonique qui ressemble à toutes les cabines téléphoniques. Numéro 62442. Rien de tout ça n'a aucun sens, mais elle s'en fout, faut bien aller de l'avant. Les vêtements de Sirius sur les genoux, embaumant la lessive, la lavande, et l'odeur musquée de l'homme taciturne, qui est venu mourir sur le plancher de son grenier après avoir brisé une fenêtre une nuit d'orage. Un homme dont plus personne ne se souvient, mais dont les vêtements portent encore l'odeur.

Presque neuf heures de traversée et le sommeil ne vient pas, alors, sagement assise sur sa banquette dans sa cabine, Twister étalé de tout son long et profitant des remous, et profitant de la couche, Julia met la veste de Sirius sur elle, elle l'enfile, elle l'habite, parce que cette couche de tissu sur sa peau rend tangible l'intangible et réel l'impossible. Cette veste de velours au charme désuet prouve que rien de tout cela n'est le fruit de son imagination. Pas plus que la baguette qui fait de la lumière, pas plus que le grand chien noir parti comme il est venu, en un claquement de doigts, pas plus que les deux personnes qui ont ligoté Sirius et ont jeté de la lumière sur sa poitrine, la réchauffant, lui rendant vie peut-être.

Peut-être que Doris et Gavin ont raison. Peut-être faut-il qu'elle commence à vivre pour elle. Peut-être cette veste dont elle apprécie la chaleur, nageant dans le tissu – faut dire qu'elle a maigri, elle a fondu, elle flotte même dans ses vêtements, elle n'a plus de viande sur les os – Peut-être que cette veste appartient à quelqu'un qui va changer sa vie et en faire partie. Et dans le train de la pensée de Julia, dans le ferry qui vogue par mer calme vers Portsmouth, arrivée à 6h15 et ensuite 1h30 de voiture jusqu'à Londres, selon la circulation. Peut-être que cette veste va l'habiller de chair et de rêves et d'espoir, dans une vie où tout prendra sens.


Julia n'a pas fermé l’œil de la nuit. Elle ne se souvient même pas avoir mangé la veille. Ah, si, peut-être le matin avec son Earl Grey, avant que tout ne perde son sens. De toute façon, elle n'a pas faim. Un peu avant d'arriver à Portsmouth, elle profite du duty free pour acheter plein de cochonneries dont elle donne les trois quarts à son chien qui est bien trop gâté de toute façon. Et le ferry arrive au port, et elle monte dans la voiture, et il faut patienter le temps que tous les véhicules quittent le port, et avant il y a la douane, et ensuite il y a la route, et Julia suit, résolument, les panneaux pointant Londres, et Julia roule, roule, roule, le trajet semble durer des heures. Elle n'est attentive qu'aux panneaux, n'étant pas habituée à quitter son île et encore moins à conduire sur le continent ou en Angleterre, Julia se paye quelques trottoirs, et une ou deux poubelles sur ses routes anglaises tellement plus larges pourtant que les routes jersiaises. Ses portières s'en souviennent. Julia n'a qu'une idée, c'est la destination, alors, tant pis pour les pneus et les portières, tant pis pour tout, pourvu que j'arrive.

Et pas très loin de Londres, voilà les bouchons. Rien n'avance, cul à cul, quel bonheur. Julia ne prend pas son mal en patience. Julia bouillonne, affamée, assoiffée, épuisée, et la fureur pointe son nez. Mais rien ne sert de courir, rien ne sert de klaxonner, si seulement elle avait des ailes, elle serait déjà arrivée, place de l’Écosse, dans l'une de ces cabines téléphoniques rouges qui se ressemblent toutes. Mais elle y arrive bientôt. Bientôt, elle y sera.

Il est huit heures, il est neuf heures, il est dix heures. Julia se perd dans les rues de Londres et, de guerre lasse, se gare, met le maximum de pièces qu'elle a échangé sur le ferry, livres jersiaises contre livres anglaises, dans la machine et d'un geste absent, poussée par l'urgence qui l'habite depuis la veille, elle met son ticket dans la voiture, bien visible, et s'arrête à tous les panneaux avec des cartes pour chercher sa destination, place de l'Ecosse. Alors, le sac sur le dos, la veste sur le dos, les autres vêtements de Sirius dans le sac sur le dos, elle marche d'un pas de conquérante dans les rues de Londres, Twister s'égayant autour de ses jambes, reniflant tous les troncs d'arbres et toutes les touffes d'herbe, chassant tous les pigeons.

Il est onze heures, il est midi, il est une heure, le cadran est trop petit pour les vingt-quatre heures de la journée. Julia arrive place d'Ecosse et là, une cabine téléphonique rouge qui ressemble à sa voisine qui ressemble à sa voisine. Elle se fait toute la rue à l'aller, et toute la rue au retour. Mais, à bien y regarder, il y en a bien une qui doit être différente. Elle hausse les épaules et rentre dans la première, avec Twister. Elle décroche le combiné, met une pièce, compose 62442. Rien. Elle raccroche et fait la même chose avec la suivante, et la suivante, et la suivante, puisque n'a rien n'a de sens, puisque tout devrait avoir un sens. Et là, à l'angle de la place d'Ecosse et de la cour de la Grande Ecosse, une espèce d'arche enjambe une rue, reliant deux bâtiments, et une cabine téléphonique s'appuie nonchalamment contre les murs immaculés. Julia hausse les épaules, rentre dans la cabine avec Twister, et comme des gestes cent fois répétés, décroche le combiné, comme si tout était normal, met une pièce, ça servira bien à quelque chose, et compose sur le cadran le 62442. Et là, ce n'est pas pareil que les autres fois où une tonalité disait qu'il n'y avait personne au bout du fil. Là, Julia tente un « allo ? » quand elle s'agrippe soudainement aux parois de la cabine téléphonique, qui s'enfonce brusquement dans le sol.

End Notes:
Et voilà qui explique pourquoi à deux heures du matin, je suis sur le site internet de condor ferries pour voir s'il y a des ferries entre Jersey et l'Angleterre, la durée de la traversée, le porte d'arrivée...
J'espère que le voyage vous a été agréable.
Sens dessus dessous by Sifoell
Author's Notes:
Bim ! Bam ! Boum ! Ca va bastonner !!!
26/07/20 : relecture et corrections.

Cramponnée aux parois de la cabine qui s'enfonce à toute vitesse dans le sol, Twister couché par terre entre ses jambes, Julia n'en mène pas large. Elle déglutit en regardant ce qui lui semble être des kilomètres de mur de briques rouges défiler par les vitres de la cabine téléphonique. Elle sert toujours convulsivement le combiné dans sa main, tandis que la cabine marque un arrêt, Julia raccroche et s'apprête à sortir quand la cabine se met à foncer à toute vitesse à travers un genre de tunnel fait lui aussi de briques rouges. Elle s’agrippe alors convulsivement aux parois de la cabine, tandis qu'elle part d'un rire nerveux qui se termine en fou rire quand après avoir traversé ce tunnel éclairé, lui donnant un spectacle semblable à une rame de métro, la cabine s'arrête de nouveau brusquement, et une voix de femme, annonce :

« Le Ministère de la Magie vous souhaite la bienvenue. Pour les visiteurs, nous vous prions de bien vouloir rejoindre le bureau de la sécurité situé à gauche de l'atrium, à côté des grandes portes en or. »

Julia déglutit, essuie une larme ou deux, rassemble ce qu'elle peut de dignité, et sort en tremblant comme une feuille de la cabine téléphonique, suivie par Twister qui n'est pas mieux loti. La cabine, sitôt la porte fermée, repart à toute vitesse en sens inverse. Quelque part dans l'esprit de Julia, l'idée ferme d'agir comme si tout était normal, émerge, et elle se met à regarder autour d'elle.

Julia est à l'entrée d'un immense hall dont le plafond semble refléter une nuit d'étoiles filantes, pourtant on est en pleine journée. Dans le hall, il y a une foule énorme et occupée, qui passe dans tous les sens, lui donnant une sensation de tournis. Elle trouve que les gens sont habillés bizarrement, certains ont comme de grandes robes leur arrivant aux pieds, d'autres portent des chapeaux pointus. Soudain, elle repense à l'annonce dans la cabine. « Le Ministère de la Magie vous souhaite la bienvenue ». Et ensuite, il était question d'un bureau de sécurité. Observant, sans vraiment regarder, ce qui l'entoure, la grosse fontaine, la rangée de cheminées dorées d'où sortent des gens dans une grande lueur verte. Julia doit avancer. Un pas, puis un autre, sur des jambes franchement flageolantes. Twister, peu habitué à naviguer parmi tant de jambes, colle aux basques de Julia. Elle craint un moment de faire un malaise dans cette foule et de se faire piétiner, ayant de soudaines bouffées de chaleur, et la tête qui tourne. Sa main saisit un bras au passage, un très grand homme au visage avenant, mais Julia, absorbée par toute l'activité qui l'entoure, ne le regarde qu'à peine.

« Bonjour, vous désirez ? »

Les yeux de Julia se posent sur le visage bonhomme penché vers elle, les yeux bleus pétillant, les cheveux roux.

« Bonjour, je ne suis pas d'ici, j'ai peur de me perdre. Je voudrai aller au bureau de sécurité, s'il-vous-plaît. »

L'homme se lance alors dans des explications accompagnées de mouts gestes du bras donnant des directions. Julia l'arrête, avec le plus petit sourire qu'elle puisse faire.

« S'il-vous-plaît, monsieur, je suis vraiment perdue. Vous pouvez m'y accompagner ? »

L'homme consulte la montre qu'il porte autour du cou et se met à regarder Julia. La grande robe de Julia, la veste de velours, le sac à dos et le chien. Ses yeux sautent d'un détail à l'autre de sa mise, tandis que son sourire s'agrandit.

« Arthur Weasley, pour vous servir. Vous venez d'où ? »

« Julia Langford, je suis de Jersey. Je ne sors que rarement de mon île. »

Arthur saisit alors la main de Julia dans la sienne et se met à la secouer avec ravissement.

« Enchanté de vous rencontrer. »

Il lui offre son bras, et ils fendent tous deux la foule jusqu'au bureau de sécurité où Arthur laisse Julia en la saluant. Elle regarde à regrets la haute silhouette un peu voûtée fendre de nouveau la foule, mais il est tellement grand qu'elle voit longtemps sa tête rousse émerger au-dessus de la foule.

Julia se tourne alors vers le bureau de sécurité qui ressemble à n'importe quel bureau de douane du monde. Guère rassurée, elle toque à la fenêtre de la guérite où une femme à l'air revêche pointe un doigt vers le haut tandis qu'elle écrit à la plume sur un registre, d'une écriture de pattes de mouches. Julia patiente, se demandant au passage où elle a bien pu débarquer. Ah, si. Au ministère de la magie. Sans lever le nez de son registre, la dame demande, de manière fort peu aimable.

« Nom ? »

Julia s'avance vers l'ouverture du carreau.

« Julia Langford. »

« Métier ? »

« Je suis exploitante agricole. Je suis à mon compte. »

« Apportez-vous au ministère de la magie des espèces dangereuses telles que décrites dans l'article 4 alinéa 26 du décret visant à réguler les déplacements des espèces dangereuses ? »

« Non, j'ai juste mon chien. C'est un berger australien. »

La dame lève le nez de son registre et jette un œil à Twister, collé contre les jambes de Julia et regardant partout autour de lui.

« Ben déjà, c'est pas un chartier ! Raison de votre visite ? »

« Je viens voir Sirius. Je crois que son nom est Black. Sirius Black, qui a été emmené au bureau des aurores ? »

Julia, cherchant sa mémoire, bute sur certains mots. Et avant qu'elle n'ait pu rajouter autre chose, lui demander son chemin, la petite dame plante ses yeux dans ceux de Julia et appuie de son poing fermé sur un gros bouton rouge situé à côté d'elle. Une alarme virulente se met en route, tandis qu'un espèce de gros lampion rouge clignote. Julia se recule à peine, incertaine, quand quatre plocs retentissent et la font sursauter. Twister jappe et se cache sous sa robe.

Trois hommes et une femme l'entourent, et deux paires de mains saisissent chacune un de ses bras.

« C'est quoi le problème, Lucrecia ? » demande une des paires de mains.

La petite dame revêche désigne de sa plume Julia.

« Cette dame veut voir Sirius Black au bureau des Aurors. »

La paire de mains lui répond :

« Et bien on va l'y emmener ! »

Et Julia n'a pas le temps de dire que ça commence à bien faire, qu'elle se sent comme aspirée par son propre nombril, alors, elle ferme très fort les yeux.


Deux plocs plus tard, et les deux autres personnes arrivent avec Twister qui était resté en arrière. Twister vacille avant de dégobiller sur le marbre du sol toutes les cochonneries du duty free que lui a donné Julia. Julia, quant à elle, se retrouve à quatre pattes par terre à prendre de grandes goulées d'air pour éviter de faire de même. Deux paires de mains saisissent chacune un de ses bras, et elle se retrouve debout, non seulement flageolante, mais aussi nauséeuse, à essayer de lutter contre la bile qui menace de lui remonter dans le gosier. Julia se fait escorter dans un couloir sombre garni de portes qui se ressemblent toutes, si ce n'est les plaques de cuivre avec des trucs qu'elle n'a pas le temps de lire écrits dessus. Elle tourne la tête en arrière pour voir Twister qui la suit, juste derrière elle, en léchant ses babines. Un homme et une femme à la mine sévère marchent derrière le chien.

Soudain, la nausée s'en va, pour faire place à une colère rouge, de ces colères où il vaut mieux que personne ne les affronte, tempétueuses, violentes, destructrices. Julia tortille ses bras, pour se retrouver soulevée dans les airs par les deux hommes, avant de réussir à décocher des coups de pied dans un genou et de mordre un avant-bras. Les deux hommes la lâchent et râlent, l'un se tenant le genou, l'autre le bras, tandis que derrière, deux baguettes sont pointées sur Julia. Twister se place devant elle, grognant et montrant les dents.

« Plus aucun geste sinon nous utilisons un stupefix contre vous. »

Julia a un petit rire, puis se met à crier.

« Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'il se passe ! Je veux voir Sirius, je crois qu'il s'appelle Black. Ou Harry Potter ? Albus Dobbledor ? »

Sa voix trébuche sur ces noms inconnus, et les quatre personnes échangent des regards entre elles. Julia a les poings serrés, prête à en user. La femme est la première à lui lancer un éclair rouge qui vient mourir dans sa poitrine, lui provoquant comme une sensation de chaleur. Elle sent un picotement au-dessus de son omoplate gauche. En regardant ceux qui l'entourent, elle voit des regards incrédules. Celui qui a l'air le plus idiot observe sa baguette d'un air demeuré.

« Dawkins... Y a un problème... » murmure celui qui se tient le genou.

Ledit Dawkins et l'autre homme qui fait face à Julia la saisissent alors manu militari et entrent avec elle dans une salle toute blanche, où il y a une chaise d'un côté d'une table, et deux chaises de l'autre. La chaise toute seule a des chaînes aux pieds et d'autres sur les accoudoirs. Furieuse, Julia hurle en distribuant claques, coups de pied et morsures, tout en vomissant un flot d'insultes que des oreilles chastes ne devraient pas entendre. Un éclair rouge éclaire le couloir et Twister glapit. Des mains arrachent son sac de son dos, d'autres l'assoient sur la chaise, menottent ses poignets et ses chevilles. Hystérique, Julia appelle Sirius en boucle, comme une litanie, à s'en casser la voix. Les hommes se reculent, l'un tient son nez en sang, l'autre son genou et son œil.

Des mains vident le sac sur la table et étalent ses vêtements, le paquet de croquettes de Twister, et les vêtements de Sirius. La femme à l'air sévère entre, Twister lévitant devant elle, raide comme un piquet. Elle le fait se poser doucement au sol, et lui envoie un éclair vert qui le réveille.

« Vous retenez votre chien, Madame... Vous deux, sortez et allez vous soigner. Et allez chercher Williamson et Fiertalon. Et allez chercher aussi Mara Southgate au département des Mystères. On va tirer cette histoire au clair avant d'aller déranger Monsieur Potter pour rien. »

Les deux hommes acquiescent et sortent. La femme n'a pas quitté des yeux Julia qui reprend sa respiration. Le dernier homme entre dans la salle et ferme la porte derrière lui. Il a l'air au moins aussi sévère que sa comparse. La femme s'assoit, ses yeux noirs dans les yeux bleus de Julia.

« Bien, je suis l'Auror Venusia Boot, et voici l'Auror Petyr Grisbee. Vous venez d'attaquer quatre Aurors, madame, et cela est susceptible de poursuite voire d'un emprisonnement à Azkaban. Vous allez déjà commencer par nous dire votre nom. »

Julia secoue la tête.

« Julia Langford. Et je ne comprends pas un mot de ce que vous dites. »

« Vous êtes une Moldue ? »

« Je ne comprends pas », répète-t-elle entre ses dents.

« Vous êtes une sorcière ou non ? »

Julia blêmit. Son esprit se heurte à cet impossible, cet insensé, avec lequel elle vit depuis que Sirius a fait irruption dans sa vie quelques jours plus tôt. Elle étouffe un sanglot.

« Je ne comprends pas ce que vous dites. Tout ceci est complètement dingue... »

D'un geste avorté par les menottes qui cliquettent, elle désigne les murs autour d'elle. La femme s'avance vers elle, et annonce d'une voix implacable.

« On vous a lancé deux sortilèges qui n'ont eu aucun effet sur vous, Mme Langford. Alors, si vous êtes une Moldue, vous allez m'expliquer comme cela se fait que deux Aurors n'ont pas pu vous stupéfixer... »

Julia hausse les épaules, baisse les yeux et regarde son chien qui vient de poser sa tête sur son genou. Julia répète.

« Je veux voir Sirius Black. C'est tout ce que je veux. »

D'une voix très sèche, Venusia Boot lui annonce :

« Cela va être difficile, il est mort il y a bientôt dix ans, Mme Langford, et devant une vingtaine de témoins. »

Julia s'effondre alors en larmes, toute colère évaporée laissant la place à une vague de désespoir. Elle essaie de ramener ses bras vers elle comme pour s'étreindre mais est empêchée par les menottes. L'Auror sort sa baguette.

« Je vais vous libérer, mais vous me promettez de ne plus attaquer personne. »

La tête basse, Julia hoche de la tête. La femme marmonne quelque chose en pointant sa baguette vers les poignets de Julia, puis vers ses chevilles, et les menottes la libèrent.

Il y a soudainement du bruit dans le couloir, et le grand Grisbee se lève, pour aller voir ce qu'il se passe. Il ouvre la porte, pour s'effacer avec un signe de tête respectueux. Un homme un peu plus jeune que Julia entre, et elle sent que c'est lui le patron. Il porte une sorte d'uniforme, a des lunettes rondes, des cheveux bruns ébouriffés et il darde ses yeux verts sur elle, pâlit en la voyant. Il se tourne alors vers les Aurors.

« Où est détenu celui qui dit s'appeler Sirius Black ? »

« Au bureau 34, monsieur Potter. »

« C'est la veste qu'il avait quand il a traversé le voile que porte cette dame. Vous me la gardez au chaud, je reviens. »

Il quitte précipitamment la salle de Julia et repart dans le couloir, les Aurors s'effaçant pour le laisser passer. Un autre homme, tout aussi jeune, entre aussi. Il est très grand et dégingandé, a un visage encore enfantin et de grands yeux bleus. Sa peau est pâle et constellée de tâches de rousseur. Il porte aussi un uniforme vert foncé, qui jure avec ses cheveux roux. Il ouvre grand sa bouche en un « o » parfait, et ressort en appelant « Harry ». Julia tente alors, d'une petite voix.

« Vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe ? »

Les Aurors la regardent tous avec de grands yeux. L'ambiance est électrique, comme si dans ce monde déjà extraordinaire, un événement qui l'est encore plus venait d'advenir. Julia entend des éclats de voix dans le couloir, mais elle ne comprend rien. Alors, elle attend. Il lui semble que le temps ralentit encore, mais elle n'a pas le choix, alors elle patiente. Elle n'a plus la force de s'agacer. Elle est vidée de toute émotion. Ne reste que l'attente.


Est-ce des minutes ou est-ce des heures ? La scène s'est presque figée, les Aurors debout les bras ballants, et Julia assise, fixant la porte. Twister a toujours sa tête posée sur les genoux de sa maîtresse qui la caresse sans y penser. Julia a toujours trouvé du réconfort avec ses bêtes.

Julia entend des voix qui se rapprochent de la porte restée ouverte. Les deux jeunes hommes de toute à l'heure entrent, les yeux brillants, surtout celui qui a les yeux verts. Et derrière eux entre Sirius, ce qui dessine un sourire sur les lèvres de Julia. Sirius tient le bras du plus petit des deux hommes et paraît lui aussi singulièrement ému. Les yeux verts lui parlent alors. « Julia Langford, je m'appelle Harry Potter. Je vous présente Sirius Black. C'est mon parrain. Je ne sais absolument pas comment, mais il semble que vous lui avez sauvé la vie. N'ayez pas peur, vous allez venir avec nous. Sirius doit aller à l'Hôpital Sainte Mangouste pour les blessures magiques, et vous allez venir avec nous. Vous n'avez rien à craindre. »

Le grand rouquin se rapproche alors, un peu gêné, et lui tend la main.

« Ron Weasley. Je suis Auror aussi. Venez avec nous, on rentre chez nous et on va discuter. »

Julia lui prend la main et se lève. Elle essuie une larme. Elle a l'impression de ne plus trop se contrôler de ce côté-là. Le grand rouquin ajoute.

« Vous avez accompli un miracle, Julia. »

End Notes:
Au final, le chapitre s'est écrit un peu tout seul, et pas tout à fait selon ce que j'avais prévu de faire, mais laissons-le voir où il nous mène.
J'espère que la lecture vous en sera agréable. J'ai pris plaisir à l'écrire, en tout cas (je tiens un bon rythme !!!)
4ème avec ascenseur by Sifoell
Author's Notes:
J'ai l'impression que le chapitre est trop descriptif... J'ai envie de montrer le décalage culturel qu'il y a entre le monde sorcier et le monde moldu.
Bref, j'espère que la lecture vous sera agréable. MAJ du 26/07/20 : relecture et corrections.

Julia porte son sac au dos, et Twister la suit. Devant elle, marchent Sirius et Harry Potter, et à côté d'elle, la grande présence rassurante de Ron Weasley. Le rouquin semble gêné, écoutant la conversation qui se déroule devant eux à voix basse, et jetant de fréquents coups d'oeil à Julia. Les yeux de Julia sont rivés dans le dos de Sirius, dans le grand gilet de laine appartenant à son grand-père et qui nage sur les épaules de Sirius. Harry a le regard de plus en plus inquiet quand il regarde Sirius. Il se retourne brusquement vers Ron.

« Changement de programme : on va tous à Sainte-Mangouste. Sirius est très confus, et je n'ai pas les connaissances médicales suffisantes. »

Ron acquiesce, le visage grave. Harry se retourne vers Julia.

« Vous pouvez transplaner ? »

Puis il regarde comment elle est habillée, ses grands yeux écarquillés, son teint pâle, et jette un œil à Ron.

« On va y aller par le réseau de cheminées. Tu prends le chien dans tes bras, Ron ? »

Julia continue de suivre, comme un pantin, sans plus de volonté, ne comprenant rien à ce qu'il se passe.

« Et tu vas faire comment pour aller au square Grimmaurd ? » demande Ron.

Harry hausse les épaules.

« Chaque chose en son temps... D'abord Sirius. Julia, j'aurai des questions à vous poser ensuite, vous venez avec nous à l'hôpital pour sorciers, votre présence est indispensable pour comprendre ce qu'il s'est passé pour Sirius et de quoi il souffre. D'accord ? »

Ils arrivent à la rangée de cheminées richement décorées d'ors et de bois précieux et s'arrêtent. Julia voit des personnes y entrer, jeter de la poudre et partir dans une fumée verte. D'autres arrivent. Cela n'arrête pas. Elle a un soudain mouvement de recul, et Ron la rattrape par réflexe.

« Ca va, Julia ? » demande-t-il d'une voix douce.

« Je suis morte de trouille... Je n'ai jamais vu ça... Je ne sais pas quoi faire. » elle balbutie.

Harry se tourne vers elle, et lui dit de regarder autour d'elle comment font les sorciers. Il lui annonce qu'il partira d'abord avec Sirius, et qu'elle partira ensuite avec Ron. Elle n'aura qu'à lui tenir le bras et laisser Ron porter son chien. Julia a un sourire brave et acquiesce. Elle est terrifiée. Elle remarque à peine qu'une foule de personnes bigarrée se forme autour d'eux. Un flash éblouit Harry.

« Pas maintenant, s'il-vous-plaît. Je vous remercie de votre attention, mais pas maintenant. Je vous informerai de la date de la conférence de presse que je prévois de faire quand cette histoire sera réglée. »

Un autre flash éblouit Julia qui porte sa main à ses yeux. La dernière image qu'elle a de Sirius avant qu'il soit emporté par la cheminée dans un nuage de fumée vert est ses yeux fixés sur elle et son visage tendu. Ron lui prend le bras, et il l'emmène dans la cheminée. Il se baisse vers Twister, lui fait sentir sa main, puis le caresse avant de le prendre dans ses bras, le visage guère assuré. D'un mouvement du menton, il désigne un pot sur le manteau de la cheminée.

« Vous pouvez prendre une grosse poignée de poudre de cheminette dans votre main ? »

Julia glisse sa main dans le pot de fer et ramasse de la cendre qu'elle garde dans la main. Ron y jette un coup d’œil.

« Plus. Deux fois plus. Nous sommes trois. »

Julia en reprend et regarde Ron qui hoche de la tête.

« Bien, venez avec moi maintenant et prenez mon bras. Serrez-le fort. »

Julia enveloppe ses mains autour du bras de Ron qui porte Twister qui a entreprit de lui lécher chaque pore du visage. Il grimace, se recule, et continue ses instructions :

« Maintenant, à trois, vous jetez la poudre de cheminette à nos pieds. Un, deux, trois ! »

Puis il énonce clairement :

« Hôpital Sainte-Mangouste ! »


Quand Ron et Julia arrivent à l'autre cheminée, Julia a un teint cireux et ferme un moment les yeux, essayant de se reprendre. Elle reste un peu plus longtemps pendue au bras de Ron, s'appuyant sur lui. Il attend qu'elle se ressaisisse avant d'avancer dans la salle et de pousser un profond soupir. Harry et Sirius sont entourés d'une foule de sorciers qui réclament des autographes. Certains ont des carnets de note et posent des questions. Un médicomage et une infirmière demandent aux personnes de se disperser parce qu'ils sont dans un hôpital.

Soudain, une vieille dame disperse la foule à coup de cannes. Elle porte un chapeau de fourrure ressemblant à un animal mort sur la tête, et un long manteau pourpre, les yeux rivés sur Harry et Sirius. Derrière elle, un grand jeune homme brun à l'air empoté qui tient la main d'une jeune fille blonde qui elle, a un petit air triste.

« Allez-vous en ! Bande de vautours ! Sinon je vous arrache les cheveux ! Et vous savez que j'en suis capable ! »

Harry Potter se retourne vers la vieille dame qui prend son bras libre pour les amener, Sirius et lui, vers les ascenseurs, en lançant un regard courroucé vers la foule qui se disperse en traînant des pieds, certains prenant une dernière photo, posant une dernière question. Ron pose Twister par terre, et avance, tenant le bras de Julia contre lui. Un dernier flash les éblouit, Ron cligne des yeux et marche sur le pied de Julia avant de marmonner un « pardon » et de continuer.

Harry, Sirius, la vieille dame et le jeune couple les attendent dans l'ascenseur. La vieille dame est en grande discussion avec Sirius et hoche la tête d'un air désolé. Le grand jeune homme empoté a maintenant aussi un air triste sur le visage. Quand à Harry, il est livide.

« Harry, ce n'est pas parce que mon fils et ma belle-fille sont comme ça que Sirius le sera. Ne t'inquiète pas. On ne sait pas les sortilèges qu'il a reçu, et on ne sait pas ce que le passage du Voile lui aura provoqué. »

Sirius regarde intensément la vieille dame comme s'il réfléchissait. Ron appuie sur le bouton n°4 de l'ascenseur. Par réflexe, Julia se cramponne. Soudain, Sirius s'illumine.

« Augusta ! »

La vieille dame lève les yeux vers lui et son expression sévère s'adoucit considérablement.

« Oui, Sirius Black. Je suis Augusta Londubat. Et qui est ce grand jeune homme derrière moi ? »

Sirius semble perdu dans ses pensées, son regard acier sur le grand jeune homme.

« Tu étais là quand... quand je suis parti. Au département des mystères ».

Sa voix est hésitante, son esprit cherche les souvenirs puis les mots. Le jeune homme sourit et il a une bouille d'enfant quand il le fait.

« Oui. Je suis le petit-fils d'Augusta. Neville Londubat. Je suis le fils d'Alice et Frank. Voici ma femme, Hannah. Vous ne la connaissez pas. »

La vieille dame se tourne vers Harry, un doux sourire sur son visage.

« Tu vois, Harry, cela revient... »

Julia murmure alors.

« Quand il est arrivé chez moi, il y a à peine une semaine, il n'arrivait pas à parler, ni à marcher... »

L'ambiance pleine d'espoir qui régnait dans l'ascenseur descend d'un cran.

« Mais plus les heures passaient, et mieux il allait. Sirius m'a dit son nom il y a peut-être deux ou trois jours, et il s'est souvenu de Harry Potter, son filleul, il y a un ou deux jours. Et d'Albus Dobbledore. »

« Albus Dumbledore", corrige Augusta.

L'ascenseur est arrivé à destination, et ils commencent à en sortir, l'un après l'autre, comme au sortir d'un rêve, tous plongés dans leurs réflexions. La vieille dame prend le bras de Julia.

« Et vous êtes ? »

« Julia Langford. J'habite à Jersey. Je me suis inquiétée quand deux personnes sont venus prendre Sirius, il a fait des lumières rouges avec son bâton et deux personnes sont arrivées, comme ça, pouf ! Moi j'avais peur pour Sirius parce que comme rien de tout ça n'est normal, et qu'il était bizarre, et que j'habite au bord des falaises... »

Julia se tait. La vieille dame lui tapote la main et l'encourage à poursuivre.

« Les deux personnes sont arrivées, comme ça, pouf ! Et comme Sirius ne voulait pas partir avec elles, elles l'ont ligoté et mis la tête à l'envers. Après... Ils m'ont lancé un éclair vert, ça m'a réchauffé la poitrine. Ils ont lancé un rouge aussi sur Twister, mon chien, qui est devenu tout raide. Ils m'ont dit que j'avais trop bu et que je m'étais endormie dans les landes, et pouf ! Ils sont repartis avec Sirius. Dans la journée, je me suis rendu compte que ma voisine, mon médecin et les deux policiers qui étaient venus à la maison et avaient tous vu Sirius, ne s'en souvenaient plus. Et le rapport de police avait été changé. »

Harry murmure.

« Les Oubliators. C'est un service de sorciers qui doit garder le secret magique. Notre existence n'est connue que de nous. Et les sortilèges qu'ils vous ont lancé n'ont eu aucun effet ? »

Julia hausse les épaules, le regard perdu dans un ciel d'orage.

« La seule chose qui me restait de Sirius c'était ses vêtements que j'avais lavés. »

Julia se tait, une boule dans la gorge et la lèvre tremblante. Augusta lui dit alors :

« Vous devez dire tout cela aux médicomages, cela va aider à comprendre ce qu'a Sirius. »

Julia vacille soudain, et Ron la rattrape.

« Et vous devez être examinée aussi, vous êtes épuisée. » conclut Augusta qui se détourne d'eux et va chercher un médicomage.


Un peu plus tard, Sirius est allongé dans un lit dans une chambre claire. Toute une troupe de médicomages entre et sort de la chambre, chacun lui lançant des sorts de détection de sortilèges, maléfices et malédictions. L'un d'entre eux, qui a de tous petits yeux bleus cachés derrière des lunettes aux verres épais et sous des sourcils fournis, demande à Sirius.

« Quel sortilège vous a-t-on lancé avant que vous ayez franchi le Voile ? »

Sirius fronce les sourcils, se replongeant dans cette journée-là, mais tout est confus dans sa tête et il reste silencieux.

« Rouge ! Le sortilège était rouge, mais c'était un informulé. » intervient Harry.

« Hum, mais peut-être pas un Impardonnable... A moins que cela soit un Doloris ? » les médecins marmonnent entre eux, poursuivant le fil de leur pensée.

Le médicomage prend une note, ainsi que tous les autres derrière lui. Julia se sent soudainement oppressée, il y a trop de monde dans la chambre. Elle s'évente avec une revue qui traîne avant d'ouvrir de grands yeux sur les photographies qui s'animent et la pointent du doigt.

« Et quels sont les symptômes après la sortie du Voile ? »

Sirius a les yeux toujours ouverts, mais le médicomage sent qu'il a décroché de la conversation et pose ses yeux sur Harry qui désigne Julia d'un signe de tête.

« Il est entré par ma fenêtre en la brisant une nuit d'orage. Inconscient. J'ai pensé qu'il s'était blessé à la tête mais je n'ai rien trouvé. Je l'ai réanimé parce qu'il ne respirait pas... » commence Julia, d'une voix lasse.

« Réanimé ? » demande le médicomage, haussant un sourcil broussailleux.

« Oui, une réanimation cardio-respiratoire... » continue Julia. Comprenant que personne ne comprend, elle joint le geste à la parole.

« Quand une personne ne respire plus et que son cœur ne bat plus, on appuie cinq fois sur sa poitrine, et on insuffle de l'air dans sa bouche en pinçant son nez une fois ; et on continue, jusqu'à ce qu'une des fonctions redémarre... »

Un grand silence s'est fait dans la pièce et les médicomages notent frénétiquement. Julia poursuit.

« Tous le monde sait ça... »

Les gros sourcils l'interrompent encore.

« Et pourquoi avez vous arrêté ? Il respirait, son cœur battait ? »

Julia pique un fard monstrueux et bafouille.

« J'ai cru qu'il m'avait embrassé. Il était inconscient. Son cœur battait, mais trop lentement et à un rythme irrégulier. Il respirait, mais pareil... Ce n'était pas normal. »

Elle fouille dans ses souvenirs, les yeux sur ses chaussures.

« Ah, et quand j'ai essayé de le déplacer parce qu'il était par terre sur le plancher, je n'ai pas réussi. On aurait dit qu'il pesait une tonne. Et il était frigorifié. Je lui ai frotté les jambes, les bras, le torse pour le réchauffer. Il avait les poumons plein d'eau, alors il a eu besoin d'aide pour l'évacuer. Et il avait des sortes de crises de douleur, où il se tordait dans tous les sens. Il était très pâle... »

La voix coassante de Sirius l'interrompt.

« Et tu as dormi avec moi, et Twister aussi. »

Un silence de plomb règne dans la pièce. Ils n'entendent que les plumes qui courent sur les parchemins. Julia n'a même plus la force de s'étonner de cela. Qui écrit encore avec des plumes sur des parchemins ? A fortiori des plumes qui écrivent toutes seules !

« Twister ? » demande le plus vieux médicomage, le chien lève les yeux vers lui.

« C'est mon chien, continue Julia. On a dormi avec Sirius sous plein de couvertures, parce qu'il était trempé, blanc comme un linge, et que je ne pouvais pas le déplacer. Il a eu longtemps des frissons, des signes de douleur, il ouvrait grand la bouche comme s'il cherchait de l'air. Après, il a commencé à être de plus en plus conscient, dès le lendemain, et ensuite il a commencé à parler... »

Julia s'illumine soudain.

« J'ai appelé mon médecin aussi, qui est venu au bout de deux jours parce qu'il ne me croyait pas. Il lui a prescrit des antidouleurs et un fluidifiant pour le sang. Après il a commencé à marcher avec aide, puis tout seul. Mais ce qu'il disait n'avait pas de sens, enfin pas tout le temps. »

Elle a un petit rire.

« Ou peut-être que cela avait du sens quand je vois d'où il vient... »

Mais elle s'assombrit.

« Et il avait peur. Il avait peur de son bâton quand je le lui ai rendu. Il a eu peur du médecin aussi... Il avait un énorme bleu sur la poitrine. Le médecin a cru qu'il s'était cassé des côtes, ou le sternum... »

Elle se tourne vers Sirius qui semble émerger d'une courte sieste.

« Tu veux leur montrer ton bleu ? »

Il ne bouge pas. Julia se lève alors de sa chaise et s'avance, vacillante, vers lui. Elle s'appuie sur le rebord du lit mais ne semble avoir aucun équilibre. Elle attrape la main de Sirius qui s'est rendu compte de son état et la lui serre fort.

« Harry... » murmure Sirius qui attire vers lui Julia qui s'effondre sur le lit. Mais Ron a été le plus rapide et la cueille au vol avant qu'elle ne tombe au sol. Julia chuchote.

« Manger... »

Harry sort de la chambre et appelle Neville qui est resté dans le couloir avec Hannah. Ils partent tous deux chercher à manger à la cafétaria. Quand Harry rentre dans la chambre, un des médicomages a transfiguré un lit de camp sur lequel Ron a allongé Julia.

Sirius n'a pas lâché sa main.

End Notes:
Et ça continue !!
Je vous remercie pour les gentilles reviews que vous me laissez. N'hésitez pas à me dire si vous avez des questions, repérez des fautes, des incohérences.
Kreattur by Sifoell
Author's Notes:
Et ça continue, bonne lecture ! Le chapitre suivant sera posté ce soir.
MAJ du 26/07/20 : relecture et corrections.

Harry et Sirius discutent à voix basse, Sirius gardant dans sa main celle, plus petite de Julia. Tous les médicomages ont quitté la chambre, conseillant à Harry de ménager Sirius. Ron s'est contenté de prendre le plateau que Neville et Hannah avaient ramené pour Julia et de partir le manger dans le couloir, tout en disant à Harry qu'il allait en ramener un autre.

« Et tu as quel âge maintenant ? » demande Sirius d'une voix éraillée par l'émotion.

« 25 ans. »

La conversation est lente, difficile, Sirius accusant le coup et enregistrant les informations l'une après l'autre, perdu dans un brouillard.

« Voldemort ? »

« Il est mort. La guerre est finie, Sirius. On a gagné deux ans après... que tu disparaisses. »

L'émotion est palpable. Le visage de Sirius se chiffonne. Harry ayant l'air de vivre ce qui lui a été refusé : une vie normale, paisible. Dans son sommeil, Julia serre un peu plus la main de Sirius.

« Et c'est quoi ta vie, maintenant, Harry ? »

« J'ai épousé Ginny Weasley ! »

Sirius fouille dans sa mémoire.

« La dernière Weasley ! Celle qui avait un sacré caractère... »

Harry a un sourire en coin.

« Oh que oui... On a deux garçons. James a deux ans, et Albus a trois mois... »

Harry met volontairement de côté les seconds prénoms, on ne sait jamais.

« Et Ron ? »

« Marié à Hermione, ils vont avoir un enfant dans quelques semaines. »

Les sourcils de Sirius se froncent, ils cherchent un nom, une longue silhouette voûtée, un visage trop tôt vieilli et des yeux dorés, ses lèvres tremblent.

« Remus ? »

« Il a survécu. Il est marié avec Tonks, qui a survécu aussi... Il ont deux enfants : Teddy, il a sept ans ; et Jackson qui en a trois. »

Sirius s'effondre soudain, rassemblant ses mains devant son visage, et ses genoux contre sa poitrine. Harry l'enveloppe de ses bras. Le bruit des sanglots qui secouent le corps maigre de Sirius dans les bras de son filleul réveille Julia qui se tourne vers eux, légèrement désorientée. Harry la remarque et lui fait un geste d'apaisement. C'est le moment que choisit Ron pour revenir, la bouche pleine de gâteaux et les mains d'un plateau. Ses yeux vont de Harry qui embrasse Sirius à Julia qui le regarde et a l'air de se demander où elle est. Il déglutit tout rond, lui fait un sourire plein de sucre glace et lui montre le plateau qu'il tient dans les mains, qu'il dépose sur les genoux de Julia qui a réussi à voler une petite heure de sommeil à peine.

Ron s'éclaircit la voix, tandis que Harry se détache comme à regret de Sirius.

« Les médicomages disent que Sirius peut rentrer, mais il lui faut une surveillance. Et il faut que tu règles le petit problème du square Grimmaurd. Je n'ai pas envie de perdre mon beau-frère... »

Harry acquiesce. Et d'un coup, toute une foule de médicomages entre et donne plein de diagnostics et de conseils, qu'Harry et Ron tentent de retenir au moins en partie. Sirius semble parti loin, loin dans de sombres pensées. Julia mâchonne son repas sans vraiment savoir ce qu'elle mange, accusant le coup de la fatigue, et essayant de suivre ce qu'il se passe autour d'elle. Harry aide Sirius à se lever, et Ron aide Julia et fait disparaître d'un geste de sa baguette le lit de camp, ce qui la fait sursauter. Comprenant qu'ils doivent s'en aller rapidement, Julia pose son plateau sur le lit d'hôpital, garde un bout de pain dans la main et jette son sac sur son dos. Ils quittent la chambre, Twister sur leurs talons.


Alors qu'ils s'avancent vers les cheminées, Harry et Sirius discutent à voix basse. Harry semble gêné.

« Sirius, j'aurai besoin d'un service... Ginny, les enfants et moi, habitons le square Grimmaurd depuis la fin de la guerre. Sauf que, c'est la deuxième fois que ça arrive d'ailleurs, et on n'arrive pas à se l'expliquer, mais on ne peut plus accéder à la maison. Je suis allé à Gringott's voir le gobelin qui suit notre dossier, et je n'étais plus l'héritier des Black, j'avais accès à mon coffre, mais pas à celui des Black. J'ai eu beau expliquer que si... Tu connais les gobelins... Cette semaine, je pense que c'est parce que tu es revenu. La fois d'avant, je n'en sais rien... »

Sirius réfléchit, tout en se laissant mener vers les cheminées devant lesquelles ils s'arrêtent tous. Il y a moins de monde dans la salle et personne ne les importune.

« On peut rentrer au square Grimmaurd, si tu es d'accord, et ensuite on va tous les deux à Gringott's ? Je sais que les médicomages ont dit qu'il fallait que tu te reposes, mais sinon on va au Terrier, mais... »

Sirius le coupe.

« On va au square Grimmaurd, et ensuite à Gringott's. »

Julia qui écoutait la conversation lance des regards vers Ron pour avoir une traduction, mais ce dernier se tait.

« Et tu te sens de transplaner, Sirius ? »

« Avec toi, oui. Pas tout seul... Je ne suis pas remis. »

Harry acquiesce, et il repart avec Sirius en discutant, suivis par Ron, Julia et Twister dont les griffes cliquètent sur le sol marbré. Ils arrivent dans une salle qui ne contient aucun meuble, immaculée. Harry se tourne vers Ron.

« On transplane dans la ruelle derrière le square, c'est plus discret. La dernière fois j'ai failli me désartibuler, vu que les protections me repoussaient, d'accord ? »

Ron acquiesce, et avant que Julia n'ait eu le temps de demander ce que c'était « transplaner » et « désartibuler », Harry et Sirius disparaissent dans un pop retentissant qui fait sursauter Julia. Ron se baisse, caresse Twister, le cueille dans ses bras et le tend à Julia. Il attrape ensuite l'épaule de Julia, et commençant à comprendre, elle n'a pas le temps de s'y préparer, qu'elle a l'impression de passer de nouveau dans un siphon d'évier, a le temps de voir quelques paysages, comme des diapos hystériques passant à toute vitesse, fugaces. C'est plus long que la première fois, cela la rend encore plus malade que lorsqu'elle était au Ministère de la Magie. Elle tombe à genoux, et se met à vomir le peu qu'elle avait dans l'estomac, tout comme Twister qui se traîne un peu, et tient à peine sur ses pattes. Elle sent des mains qui ramassent ses cheveux et lui caressent le dos, et c'est Sirius qui l'aide à se relever, guère plus vaillant qu'elle. Harry et Ron sont debout à côté d'eux, les bras ballants, comme deux gamins pris en faute.

Harry est le premier à réagir.

« Désolé. On aurait du prendre un transport moins... enfin plus... »

Devant le regard glacial de Sirius, Harry se tait, penaud. Ron ramasse le sac tombé au sol et le jette sur son épaule.

« La maison est juste au bout de la rue. Il n'y a que quelques pas. Venez ! »

Sirius prend le bras de Julia pour l'aider à marcher. Ils avancent dans la ruelle sombre alors qu'un beau soleil éclaire pourtant les rues adjacentes. Ils prennent sur la gauche, dans une grande rue où toutes les maisons se ressemblent, et s'arrêtent entre le numéro 10 et le numéro 14, regardant les maisons. Julia se rapproche soudain de Sirius quand les deux maisons s'écartent dans un bruit de pierre qui fait vibrer jusqu'aux os de la jeune femme, comme si elles s'étiraient. Et là, une maison apparaît, avec un numéro 12. Julia déglutit. Il semble qu'il n'y a pas de limite à la magie. Elle regarde Sirius d'un air peu rassuré, et le visage sombre de l'homme ne laisse rien présager de bon. Pourtant, ils avancent tous et grimpent les escaliers. Arrivé à la porte, Harry se retourne en souriant.

« Bon, ben ça marche... Sirius, on habite là avec Ginny et les enfants depuis la fin de la guerre quasiment. On a fait quelques travaux, tu ne vas peut-être pas reconnaître ta maison. »

Sirius fait la moue et soupire, soudainement tendu. Harry ouvre alors la porte et ils rentrent tous l'un après l'autre. La maison est claire et accueillante, et quand ils ferment la porte derrière eux, un ploc se fait entendre, faisant sursauter Julia. Une petite créature chétive aux grandes oreilles est apparue devant eux. Elle promène ses yeux globuleux sur les personnes qui sont dans l'entrée.

« Oh ! Maître Harry et Maître Ronald! Kreattur s'est tellement inquiété, Maître Harry. Et... Maître Sirius ! »

La créature chétive se prosterne au sol devant Sirius qui a un air dégoûté et profondément méfiant peint sur le visage. Harry se baisse, touche l'épaule de la créature qui relève la tête, prend la main de Harry et se remet debout. Harry se tourne vers Sirius.

« Sirius, Kreattur nous a été d'une aide inestimable dans la lutte contre Voldemort et lors de la bataille finale à Poudlard. »

Kreattur avance alors, hésitant, et de sa main chétive attrape le bout du gilet de Sirius qui reste stoïque. Une ribambelle d'émotions passe sur le visage de la créature, ses yeux se remplissant de larmes et ses lèvres tremblant.

« Le Voile l'a rendu, Maître Harry? Le Voile ne vole pas la vie mais ne fait que l'emprunter ? Et qui est cette Maîtresse ? »

Julia se baisse vers Kreattur et lui tend une main franche qu'il saisit de manière hésitante.

« Bonjour, je m'appelle Julia. Sirius est arrivé chez moi mal en point. Je l'ai aidé. »

Kreattur ouvre grand la bouche en un « o » surpris, ses oreilles d'éléphant frétillant.

« Le Voile est un passage, alors... Une simple porte ? »

Harry répond alors.

« Nous ne savons pas, Kreattur. Tout ceci est encore inexplicable, mais les employés du département des Mystères y travaillent jour et nuit depuis... »

Harry se tait soudain, lançant un regard à Ron qui a le visage fermé. Puis il ajoute :

« Peux-tu préparer une chambre pour Sirius et une pour Julia ? Et nous préparer un sandwich ? Sirius et moi repartons dans quelques minutes. Ron va rester là avec Julia. »

Kreattur hoche la tête, les yeux encore posés sur Sirius et Julia, avant de disparaître dans un ploc retentissant. Un autre ploc se fait entendre quelque part, ainsi que des bruits de casseroles, et la voix fluette de Kreattur qui chante le bonheur du retour de son maître. Harry dit alors à Sirius.

« Je sais que tes relations avec Kreattur n'étaient pas au beau fixe, mais il t'a beaucoup regretté. »

Sirius émet un rire comme un aboiement, un rire qui sonne faux. Harry le couve alors du regard. Tant de choses à dire, tant de temps à rattraper. Soudain, la petite voix fluette de Kreattur retentit dans la maison :

« Venez ! Venez ! Kreattur vous a préparé de bons sandwiches au poulet ! Avec des cornichons et du fromage, comme Maître Sirius les aimait quand il était enfant ! »

Toute la petite troupe rejoint le salon où Kreattur sautille en claquant des doigts pour faire apparaître de la vaisselle, puis encore une fois, pour faire léviter les sandwiches. Les yeux de Sirius se promènent partout autour de lui. Il ne reconnaît rien, c'est une toute autre maison. Ron lui dit avec un petit sourire.

« On a passé des mois à débarrasser la maison des artefacts maléfiques et à tout rénover. On a tout enlevé, sauf... »

Sirius comprend tout de suite.

« Le portrait de ma chère mère. »

Harry et Ron hochent la tête de concert, tout en mordant dans leurs sandwiches, et Harry ajoute, l'air soudain triste :

« Et ta chambre. Et celle de Regulus. »

Julia est assise sur le bout des fesses sur le canapé beige et admire le salon qui est chaleureux, tout en écoutant d'une oreille la conversation. Elle se sent un peu à fleur de peau, l'ambiance est plutôt électrique. Une fois qu'ils ont terminé de manger, Harry demande à Sirius.

« Tu te sens suffisamment fort pour aller à Gringott's ? »

Piqué dans son estime, Sirius affirme farouchement.

« Bien sûr ! Après tu me feras faire le tour du propriétaire. »

Harry ajoute, se tournant vers Ron.

« Il faut que l'on file avant que Gringott's ferme... Tu sais comment sont les gobelins. Tu peux prévenir Ginny qu'elle peut rentrer avec les enfants ? Elle est au Terrier. J'ai dit aux Londubat de ne rien divulguer. Et attends un peu avant de prévenir tout le monde. »

Ron acquiesce, soudainement sérieux. Harry et Sirius se lèvent, tout en se parlant à voix basse. Ils quittent la maison et un ploc se fait entendre à l'extérieur. Ron en profite pour attraper un deuxième sandwich qu'il engouffre en trois bouchées. Une fois terminé, il pianote de ses longs doigts sur ses genoux, ne sachant visiblement pas du tout quoi dire à Julia qui a mille questions à l'esprit.

« Kreattur c'est un sorcier ? »

Ron a un petit rire.

« Non, c'est un elfe de maison. Ma femme vous en parlerait mieux que moi, mais ils ont été réduits en esclavage par les sorciers il y a des siècles, et l'abolition de leur servitude a été votée il y a cinq ans seulement. Mais pour des anciens elfes de maison, surtout celui-là, c'est difficile de se défaire de leurs vieilles habitudes. Il travaille pour Harry et sa famille, et il a droit à un salaire. Harry lui a fait une petite chambre et lui donne de l'argent toutes les semaines, mais il collectionne ses gallions comme il collectionnerait des bons points... »

Ron secoue la tête. Julia plisse les yeux, essayant de comprendre les informations. Un éclair de lumière argenté traverse le salon et s'arrête devant Ron, formant un petit animal. Julia ouvre de grands yeux, et inconsciemment, écrase son dos dans le canapé. Ron a un air soudainement paniqué, sort une baguette de sa poche et fait un moulinet du poignet quand la voix d'une jeune femme affolée survient dans la pièce.

« Ron ! Ron ! Dépêche-toi de me retrouver à Sainte-Mangouste ! Je viens de perdre les eaux. Préviens mes parents. Dépêche-toi ! »

Ron acquiesce à l'animal qui se dissipe dans l'air, blême, se lève, regarde Julia, et se rassoit.

« Ma femme accouche. Vous restez là. »

Et il finit avec un grand sourire niais. Julia hoche la tête et sursaute quand Ron disparaît dans un grand bruit. Se retrouvant seule, et dans un endroit inconnu, Julia se demande ce qu'elle va faire en attendant. Elle se lève alors, et se met à débarrasser la table, mais Kreattur surgit du néant et, surprise, Julia laisse s'échapper de ses mains la jolie vaisselle qui se brise sur la table.

« Oh non, Maîtresse Julia ne va pas débarrasser la table, c'est à Kreattur de le faire. Kreattur est payé par Maître Harry. Kreattur a 67 gallions, 14 noises et 12 mornilles. »

En deux claquements de doigts, la vaisselle est réparée, les miettes ramassées, et le tout rangé. Julia sourit, impressionnée. Kreattur regarde autour de lui, cherchant quelque chose.

"Ron est parti, Kreattur. Il a reçu un message donné par un animal argenté, sa femme va accoucher..."

Le petit visage de Kreattur s'illumine alors. Kreattur, du même geste timide que tout à l'heure avec le gilet que portait Sirius, prend entre ses longs doigts fins un bout de la veste de velours de Sirius qui réchauffe les épaules de Julia.

« Maîtresse Julia porte la belle veste de Maître Sirius. »

Julia sourit.

« Oui, et il porte le gilet de mon grand-père. »

Kreattur ouvre ses yeux encore plus grands si possible, l'air résolument étonné.

« Maître Sirius et Maîtresse Julia ont échangé des vêtements ? »

Julia, réfléchissant, finit par acquiescer, parce qu'après tout, c'est presque ce qui est arrivé.

« Oh, c'est une coutume très importante chez les elfes de maison, Maîtresse Julia... Très importante ! »

Kreattur s'agite soudain.

« Oh ! Mais Maître Harry a dit à Kreattur de préparer une chambre à Maîtresse Julia, venez, venez vite ! Je vais vous montrer. »

Julia quitte le salon pour passer dans l'entrée qui mène à l'escalier, suivant l'elfe de maison fébrile.

« Kreattur, quand je me serai reposée, tu pourras discuter avec moi du monde de la magie ? »

Alors qu'il était monté sur la première marche de l'escalier, l'elfe se retourne vers Julia, un air incertain sur le visage.

« Comment ça, discuter avec Maîtresse Julia du monde de la magie ? »

Alors, Julia, étend ses mains autour d'elle, comme montrant la maison, Kreattur, ses mains blanches et vagues dans les poussières dorées qui volent dans la lumière claire de la journée.

« Je ne connais pas tout ça, Kreattur. Je ne fais pas de magie. Je suis une Moldue ? »

Elle hésite sur le dernier mot, l'interrogation portant à la fois sur la pertinence du terme que sur le fait qu'elle soit complètement perdue et sûrement un peu effrayée dans ce monde inconnu. Mais l'elfe ouvre de grands yeux effrayés vers les lourds rideaux de velours vert qui sont sur le mur à côté. Ils frémissent, comme sous l'effet d'une brise imperceptible. Kreattur met son long index sur sa toute petite bouche, intimant le silence à Julia.

C'est alors que les hurlements commencent.

End Notes:
J'ai écrit ce chapitre il y a un jour ou deux, et l'ai un peu retouché aujourd'hui. J'espère que la lecture vous sera agréable ;)
La nuit de Walburga by Sifoell
Author's Notes:
Chose promise, chose due (pour une fois que j'arrive à tenir mes engagements, hum hum).

Voici donc un nouveau chapitre sur Julia qui a été laissée toute seule au square Grimmaurd avec Kreattur... et le portrait de la très charmante Walburga...

Dans l'idée que je m'en étais faite, cette nuit était pire, mais je garde le pire pour après, niark niark niark...

J'espère que la lecture vous sera agréable.

Le rideau frémit, comme agité par une brise invisible et il est ensuite tiré comme par des mains furieuses. Les hurlements commencent, et la fatigue de Julia s'envole, remplacée par une terreur indicible. La voix est suraiguë, déferlante, et ressemble presque au vent tempêtueux que Julia connaît souvent, chez elle, sur les falaises de Corbière. Les mots sont inconnus, tout comme l'est tout ça. Alors que Julia recule dans l'entrée contre le mur opposé, mettant ses mains devant elle, frêles barrages pour apaiser son cœur qui s'emballe. Elle reste fixer la femme dans cette robe noire, qui hurle à s'en briser les cordes vocales une haine qu'elle vomit. Quelque part dans le salon où Twister a trouvé refuge, effrayé par les hurlements, il aboie.

« Moldue ! Sang souillé dans la maison des Black ! Le déshonneur accable la grande famille des Black ! Mortelle engeance qui vient salir la Noble et Très Ancienne Maison des Black ! »

Quand Julia reprend un peu de courage et s'avance, un cadre photo derrière se détache du mur et se brise au sol. Kreattur de sa voix frêle essaie d'apaiser l'hystérique dans le tableau.

« Oh non, non, non, non... Maîtresse Walburga, chut, il faut vous taire... Chut... Maîtresse Julia est l'hôte de Maître Harry et de Maître Sirius... »

L'elfe, de ses bras maigres comme des bâtons, essaie de refermer sans succès les rideaux verts, tandis que la voix repart, encore plus aiguë si c'est possible !

« Traître à son sang dont je n'ose même pas prononcer le nom ! Effacé de la tapisserie des Black comme les autres dégénérés qui viennent ternir la réputation... »

Julia, soudainement calme, demande à Kreattur.

« Elle peut sortir de son tableau ? »

Complètement affolé et les mains encombrées des rideaux qu'il essaie de fermer en vain, Kreattur se retourne pour lui répondre.

« Non, Maîtresse Walburga est un portrait. Ma chère, chère Maîtresse est morte de chagrin quand Maître Sirius a déshonoré la famille, puis quand Maître Orion est mort, et que Maître Regulus a disparu si longtemps... Pour que l'on apprenne des années plus tard qu'il avait donné sa vie, qu'il avait sacrifié sa pauvre et précieuse vie. »

Le tableau continue de vociférer des insultes et pleure dans les suraigus sur son honneur perdu.

« C'est la mère de Sirius ? »

« Oui, c'est Maîtresse Walburga Black, de la Noble et Très Ancienne Maison des Black ! »

« Elle peut sortir du tableau, me faire du mal ? »

L'elfe secoue la tête, essayant de calmer le portrait hystérique. Se disant que de toute manière, elle ne pourra plus trouver le sommeil, Julia retourne dans le salon, avise une chaise près de la bibliothèque, et la ramène dans l'entrée. Personne ne lui explique grand chose depuis qu'elle a retrouvé Sirius, et la dame dans le tableau et Kreattur vont peut-être pouvoir lui apporter quelques réponses. Kreattur a réussi à fermer les rideaux. D'une main douce, Julia frôle l'épaule de Kreattur, qui a une peau chaude et caoutchouteuse comme elle imagine celle des éléphants.

« Kreattur, Harry a parlé d'une guerre quand on était à l'hôpital tout à l'heure... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

L'elfe chétif se rapproche de Julia, et d'un claquement de doigt, un petit tabouret de bois apparaît, sur lequel il se juche.

« Maître Harry était l'élu, désigné par une prophétie pour mettre fin au règne du Seigneur des Ténèbres. Il a gagné la guerre, mais beaucoup sont morts, et le Seigneur des Ténèbres a été tué. Les Mangemorts, tués, emprisonnés ou en fuite ! »

Julia acquiesce.

« C'était une guerre entre les gens comme Sirius et Harry ? »

L'elfe secoue la tête de haut en bas.

« Oui. La deuxième guerre sorcière, elle a pris fin en 1998. »

Soudain, l'elfe se redresse fièrement, chuchotant.

« Maître Harry a défait le Seigneur des Ténèbres à seulement 17 ans. C'est un sorcier puissant, Maître Harry... »

« Que voulait le Seigneur des Ténèbres ? »

L'elfe jette des regards inquiets vers le lourd rideau de velours qui tremble, des chuchotements se font entendre derrière.

« Il voulait que le sang des sorciers soit pur. Pas de Sangs Mêlés, pas de Nés Moldus, pas de Moldus, pas de Cracmols, et pas les êtres magiques. Il voulait garder la magie pour lui tout seul. »

« C'est qui les Sangs Mêlés et les autres ? »

« Un sorcier de Sang Mêlé a des Moldus dans sa famille. La mère de Maître Harry est née dans une famille de Moldus, dépourvus de magie. Les Cracmols sont nés de Sorciers mais sont dépourvus de magie... »

« Et les êtres magiques ? »

« Je suis un elfe de maison, je suis un être magique, mais je n'ai pas le droit d'avoir de baguette. » Kreattur se rapproche alors de Julia comme pour lui dire un secret, les oreilles frétillantes et les yeux sur le rideau maintenant immobile, les murmures tus. Julia s'approche de Kreattur.

« Je n'ai pas besoin de baguette magique. Je sais faire de la magie sans baguette. Je n'ai pas le droit d'avoir une baguette magique. Mais maintenant, les temps changent, Maîtresse Hermione travaille dur pour les elfes de maison et pour les êtres magiques. Venez, venez, je vais vous montrer. »

Kreattur saute de son tabouret, claque des doigts, et le fait disparaître, puis tend sa main squelettique à Julia qui la prend, confiante et amusée.


L'elfe de maison passe le reste de l'après-midi à lui montrer tous ses trésors : toutes les économies de ses salaires qu'il ne dépense pas – apparemment, peu d'elfes de maison dépense leurs salaires et préfère les garder, et il y a une espèce de compétition entre eux pour savoir qui est le plus riche. Sauf Dobby, l'elfe libre, qui fait l'important et s'achète même des vêtements, parce qu'il est en mission pour Maître Harry. Julia sourit en sentant une pointe de jalousie. Kreattur est extrêmement fier de sa chambre qui est une toute petite pièce, parce que Kreattur ne voulait pas quelque chose de grand, il ne le mérite pas, il a été un méchant elfe de maison et a mal servi Maître Harry.

Kreattur lui montre ensuite la tapisserie des Black et explique qu'elle a été restaurée par Maîtresse Mara qui répare des vieux objets magiques. Elle est dans un petit salon situé à l'étage, où une imposante bibliothèque prend tout un mur. Julia adore la maison, et de ce que lui dit Kreattur, celle-ci était beaucoup plus sombre et pleine de maléfices, mais Maître Harry et ses amis ont tout rangé, nettoyé, et détruit les maléfices, avec Maître Bill. La maison donne une impression de chaleur et de bonheur à Julia. Kreattur explique que c'est aussi parce que Maîtresse Ginny brûle de la sauge tous les matins, et qu'elle ouvre toutes les fenêtres tous les matins.

Kreattur lui fait visiter toutes les pièces, du sous-sol au grenier, et lui montre le réduit où il avait sa chambre avant, que Maître Harry a agrandi « considérablement » pour en faire « une vraie chambre pour un elfe fidèle ». Kreattur n'a jamais voulu dormir aux étages supérieurs, réservés aux Maîtres et Maîtresses. Voyant Julia bâiller à s'en décrocher la mâchoire, Kreattur lui prend la main et la mène au quatrième étage où les chambres de Maître Sirius et de Maître Regulus sont restées intactes, Maître Harry et Maîtresse Ginny n'ayant pas eu le temps ni le cœur de les rénover. Tout en la menant par la main dans la chambre de Maître Regulus, toute de vert et d'argent parée, Kreattur lâche la main de Julia et s'active, disparaît dans un ploc pour reparaître dans un autre ploc qui ne font même plus sursauter Julia. Kreattur lui tend l'énorme sac qu'il a dans les mains. Des griffes cliquettent dans les escaliers, et après que Twister ait fureté partout dans la maison à la recherche de sa maîtresse, il rentre dans la chambre de Regulus, renifle d'un nez méfiant l'elfe de maison, et va s'allonger sur le tapis. Kreattur laisse alors Julia dans la chambre après de multiples courbettes, et ferme la porte. Julia se déshabille, enfile un tee-shirt bien trop grand pour elle, et se glisse dans ce lit qui n'est pas le sien avant de sombrer. Twister en profite pour sauter sur le lit, il couve sa maîtresse d'un regard d'adoration absolu, avant de se tourner et de se retourner, et de se mettre à dormir aussi.


Plusieurs heures après, la maison est silencieuse, et la nuit tombe. Enfin, autant que peut l'être une maison avec un elfe qui s'affaire, et qui chuchote des secrets à un tableau pour une fois apaisé. Twister ouvre un œil, puis les deux yeux, quand il entend, tout en bas, plusieurs plocs. Il renifle l'air, se met à grogner sourdement, et monte la garde sur le lit où sa maîtresse repose. Il y a des éclats de voix en bas, et les pleurs d'un tout petit enfant. Puis soudain, les hurlements de Walburga reprennent, dérangée dans son repos, dérangée tout court. Une jeune femme crie « Oh vous, ça suffit ! » et les hurlements cessent aussitôt. Les oreilles de Twister s'agitent dans tous les sens, quand il entend deux femmes discuter, un jeune enfant aussi, et la petite voix de crécelle de l'elfe de maison. Il y a encore un éclat, le bruit d'une course dans les escaliers. La porte s'ouvre à la volée sur une jeune femme rousse, baguette brandie, les yeux plantés sur la forme endormie dans le lit. Twister est debout sur le lit, grognant et montrant les dents. Julia se réveille, bien qu'elle ait vaguement entendu cela dans son sommeil. Elle cligne un moment des yeux, ne reconnaissant pas les lieux, avant de les fermer de nouveau. Une voix retentit, claquante :

« Qui êtes-vous et que faites-vous chez moi ? »

Soudainement réveillée, Julia se tourne vers la porte, mais met du temps à réagir. Elle s'assied dans le lit, rassemble ses idées, se dit qu'elle a mal à la gorge et les poumons un peu serrés, et coasse.

« Je m'appelle Julia » avant de finir en une grosse quinte de toux.

A l'étage en-dessous, la voix d'une femme appelle « Ginny », tout en discutant avec des enfants d'une voix rassurante. On entend aussi les pépiements de Kreattur qui s'affaire. Julia descend du lit, vacillante, le nez pris et courbaturée. Elle tend vers la jeune femme les mains dans un geste apaisant.

« Je m'appelle Julia, je suis venue ici avec Harry Potter et Sirius. »

La jeune femme plisse les yeux.

« Sirius ? Il est mort il y a neuf ans ! »

« Oui, j'ai cru comprendre cela, mais les mystères travaillent dessus. Harry et Sirius sont partis à la banque. Ron devait rester avec moi mais il y a eu un animal lumineux qui lui a dit que sa femme accouchait, alors il est parti comme ça, pouf... »

Le visage de la jeune femme s'allonge, elle reste un temps figée, puis doit décider que la jeune femme ne représente pas un grand danger, et range sa baguette avant de montrer Julia du doigt.

« Vous, vous restez ici ! »

Et de partir en courant dans les escaliers en criant « Maman !! »

Julia frissonne, enfile un gilet resté sur le lit, et caresse son chien en attendant. Elle passe une main sur son front qu'elle trouve moite. Elle est vraiment dans le brouillard. Elle jette un œil à la fenêtre, soit le temps a tourné et le ciel s'est couvert, soit le soleil se couche quelque part, loin des immeubles londoniens. Julia renifle, et regarde vraiment autour d'elle la chambre de Regulus, le frère décédé de Sirius, si elle a bien compris.

Tout est très bien rangé, chaque objet à sa place. Elle a l'impression attristante d'être dans un mausolée. Des décorations verte et argent sont accrochées au mur, sur certaines, il y a des mots écrits. Plissant les yeux, elle lit « Poudlard », « Serpentard », « Quidditch »... Elle ne sait pas si ce sont des noms ou des mots sorciers. Il y a quelques photos sur une commode, Julia s'en approche, pieds nus. Les portraits de famille ressemblent aux clichés victoriens, de gens engoncés dans leurs vêtements qui prennent la pause. Sa main tremble un peu quand une des personnes se détourne pour regarder ailleurs, la mine assombrie. Elle repose alors le cadre photo sur la commode et regarde par la fenêtre. Des éclats de voix se font entendre en bas, et un bébé pleure, encore. Mais bon, on lui a dit de ne pas bouger, alors elle ne bouge pas. La chambre de Regulus a une fenêtre qui donne sur la rue curieusement animée, Julia va alors à l'autre fenêtre qui donne sur un petit jardin familial, avec une balançoire, un barbecue et une petite piscine. Quelque chose dans ce jardin lui serre le cœur, comme des souvenirs de sa balançoire encore présente, et qui sert plus aux poules qu'à elle, dans l'arbre derrière la grange.

Julia resserre les pans du gilet autour d'elle, soudainement mélancolique. Elle entend alors des pas dans les escaliers, se sent d'un coup comme prise en faute, et seule, bien que Kreattur ait été gentil avec elle et lui ai beaucoup parlé. Les larmes lui montent aux yeux mais elle refuse de pleurer. La même jeune femme apparaît à la porte. Twister, qui n'a pas quitté le lit, lève la tête mais ne grogne pas. Il y a une autre femme plus âgée derrière. Kreattur se fraye un chemin entre les deux femmes qui la regardent, ne sachant pas vraiment que faire ou que dire.

« Maîtresse Julia, tout est arrangé ! J'ai tout expliqué à Maîtresse Ginny et Maîtresse Molly. Vous pouvez rester. »

A l'idée qu'on ait pu penser la mettre dehors, les larmes débordent soudain, et elle se détourne vers la fenêtre, et pleure dans sa manche. Elle entend du mouvement derrière elle, et des mains légères comme des papillons effleurent ses manches, et la font se retourner. La petite femme replète la regarde avec des yeux de mère inquiète, écarte une mèche de son front comme on le ferait d'un enfant qui pleure.

« Là, là... Chut, tout va bien. »

Elle attire alors la jeune fille contre elle et Julia se laisse aller dans cette embrassade jusqu'à s'y perdre. La petite femme replète ne lâche pas Julia, lui laissant l'initiative de partir de ses bras, ce qu'elle fait au bout de quelques instants, se sentant soudainement gênée. La petite dame garde ses mains sur les bras de Julia, qui s'abreuve de leur chaleur. Julia se recule alors, murmurant un « Désolée » tout petit.

La petite femme dit alors.

« Oh, non. Vous n'avez pas à être désolée. Je m'appelle Molly, je suis la maman de Ginny, qui est derrière moi. Ginny est la femme de Harry. Harry aurait du nous prévenir que vous étiez là, on vous aurait fait un autre accueil. »

Molly fait un grand sourire, mais ses yeux se froncent, remarquant les joues rouges, la sueur sur le front, les yeux vagues. Elle pose alors une main sur le front de Julia.

« Mais, vous avez de la fièvre ! Recouchez-vous, vous allez rester ici. Kreattur ! Va préparer de la soupe. »

Molly accompagne d'autorité Julia vers le lit, l'aide à enlever le gilet, écarte les couvertures et d'un geste, encourage Julia à s'y replonger. Elle la recouvre, lui fait un sourire, et l'aurait presque embrassée pour lui dire bonne nuit, mais s'abstient. Parfois, elle en fait trop, Molly.

« Reposez-vous, on aura bien le temps de discuter demain, ne vous inquiétez pas. »

Ginny sort de la pièce, indécise, et bien décidée à parler avec Kreattur qui peut lui expliquer ce que ce qu'il se passe dans cette maison. Julia ne tarde pas à se rendormir d'un sommeil léger, bercée par les vives conversations qui se passent en-dessous. Elle n'en entend que des bribes, et en retient encore moins.

End Notes:
Et voilà un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu, à bientôt pour un prochain (vite vite, la deadline c'est le 31 juillet, soit vendredi !).
Réunion interdite aux chiens et aux moldus by Sifoell
Author's Notes:
Vis ma vie de moldue chez les sorciers et quelques révélations :)

Julia entend des bruits, mais tout est flou et lointain. Emmitouflée dans la couverture, ne laissant que son visage en émerger, elle dort d'un sommeil de plomb. Quelque part dans son esprit, l'idée qu'un cambrioleur pourrait rentrer et voler l'intégralité de son mobilier la fait sourire, mais elle repose. Un moment, elle entend Twister descendre du lit et demander à sortir de la chambre, quelqu'un lui ouvre, et le cliquetis des griffes de Twister sur le plancher se fait entendre. Il y a une odeur de soupe dans la chambre, une petite lumière jaune, et un linge frais sur son front.

Parfois, son sommeil est interrompu par des quintes de toux rauques qui lui déchirent la poitrine et allument un feu dans sa gorge. Parfois, c'est la vie dans la maison en bas qui rend son sommeil plus léger. Les pleurs d'un enfant, la petite voix d'un autre, les hurlements du tableau tout en bas de la maison. Les plocs des sorciers ou de l'elfe qui se déplacent comme ça, pouf. Des murmures dans sa chambre.

A un moment, elle a entendu des bruits de dispute, une femme qui criait sur Harry, a-t-elle pu comprendre, avant d'accueillir Sirius et de pleurer, et de lui dire à quel point elle était désolée pour tout ce qui lui était arrivé. Puis plus de bruit de dispute, plus de bruit du tout. Julia pourrait dormir cent ans.

Et d'autres cliquetis de griffes sur le plancher et le matelas qui s'enfonce sous le poids de Twister, bien trop lourd pour son chien. Julia à tâtons a trouvé la fourrure du chien, une fourrure peut-être différente de celle de Twister, un curieux sentiment d'inconnu. C'est ce qui a poussé Julia à ouvrir un œil, puis deux. Oh, purée, ce qu'elle est dans le brouillard, maintenant cela cogne dans sa tête, elle est courbaturée de partout, sa gorge et ses poumons brûlent. Pourtant, elle ouvre ses deux yeux, et regarde sa main dans la fourrure noire d'un gros chien. Julia s'assied alors dans le lit, fiévreuse. Elle murmure.

« Hé, je te connais, toi ! »

C'est le chien qu'elle a vu dans son jardin avec Twister. Elle le caresse machinalement, regarde par la fenêtre, c'est le soir, ou bien la nuit, ou peut-être le matin. En tout cas, il fait sombre. Julia a envie de se lever un peu, de s'arracher à la chaleur des couvertures, de voir si elle tient un tout petit peu debout. Et elle a un peu faim. Sur la table de nuit, il y a un bol de soupe qui sent bon. Elle pose sa main dessus, c'est encore chaud. Julia pose un pied par terre, puis deux, se tient au lit, se retrouve debout. Cela vacille un peu de tout là-haut, mais c'est bon, elle tient debout. Elle est en tee-shirt et culotte, elle cherche du regard le gilet long qu'elle avait il y a un jour ou deux, le trouve, l'enfile, et se retourne vers le chien. Qu'est-ce qu'il fout là ? Elle fait un bruit avec sa langue, tape sur sa cuisse.

« Allez, viens-là... »

Le chien descend du lit et la regarde de ses yeux gris. Elle n'a jamais vu de tels yeux sur un chien. Julia ouvre la porte et se retrouve sur le palier. Elle regarde autour d'elle, un peu perdue. Il n'y a pas une salle de bain par-là ? Elle ouvre la porte en face qui ouvre sur une grande chambre toute de rouge et or parée, avec des posters de filles lascives en bikini sur des motos. Elle referme la porte et descend les escaliers, en se tenant au mur et à la rampe, faudrait quand même pas les dévaler en plus d'être grippée... Le chien est sur ses talons. Par contre, pas de trace de Twister.

Elle arrive sur un autre palier. La maison est silencieuse. Elle sait que des enfants y vivent et ne voudrait pas déranger leur sommeil, alors elle appelle doucement.

« Kreattur ? Il y a quelqu'un ? ».

A tâtons et le plus silencieusement possible, elle ouvre une première porte qui donne sur une chambre de bébé, toute jaune, des trucs qui brillent volent au-dessus du berceau et une petite respiration se fait entendre. Julia referme la porte tout doucement. Elle essaie une autre porte, c'est une chambre d'enfant, mais il n'y a personne dedans. Elle referme alors la porte doucement. Elle essaie la troisième porte et tombe sur une salle de bain, enfin en tout cas, ça y ressemble. Elle y entre et ferme la porte derrière elle, laissant le chien sur le palier. Elle tourne plusieurs boutons, voulant faire chauffer l'eau de la douche avant de s'y glisser, mais rien n'y fait. En désespoir de cause, elle sort, légèrement frustrée. On dirait que cette salle de bain ne fonctionne pas comme les autres. Julia ressort et appelle doucement « Kreattur ? Il y a quelqu'un ? » mais personne ne lui répond. Elle descend encore les escaliers, le chien noir sur ses talons, et elle commence à s'agacer de ne rien trouver, rien réussir à faire fonctionner. Personne non plus au premier étage, alors elle continue sa descente pour arriver au rez-de-chaussée. Le salon est fermé et des voix étouffées se font entendre, elle n'arrive pas à y accéder, la porte ne s'ouvre pas. L'agacement commence à poindre sérieusement, alors elle frappe à la porte mais personne ne répond.

Julia retourne alors à l'entrée et l'idée se forme dans sa tête que Mme Black a suffisamment de coffre pour permettre à quiconque de sortir la faire taire. Elle écarte les rideaux de velours vert, trouve Mme Black ronflottant dans le fauteuil de son tableau et s'éclaircit la voix pour finir en franche quinte de toux.

« Bonjour Walburga. Vous ne sauriez pas par hasard comment fonctionne la salle de bain du deuxième ? »

Mme Black ouvre un œil méfiant, se renfrogne, et l'ignore. Julia commence à s'agacer sérieusement.

« Sinon, vous pensez quoi du fait qu'une Moldue ait dormi sous votre toit cette nuit ? »

Mme Black se lève brusquement, et se met à s'égosiller sur la saleté de son sang, l'honneur perdu de sa famille. La porte du salon s'ouvre alors, et Ginny en sort. D'un coup brusque de baguette magique, les rideaux se ferment et Mme Black se tait. Ginny remarque alors Julia, interloquée.

« Excusez-moi, Ginny, mais j'ai besoin de me servir de la salle de bain, et je n'y arrive pas. »

Julia a un petit rire amusé.

« J'ai appelé mais personne n'a répondu. Vous n'avez pas des médicaments ? Je suis vraiment pas bien. »

Le regard de Ginny descend sur le chien noir, puis sur Julia.

« Pourquoi vous n'avez pas demandé à Sirius ? »

Julia la regarde sans comprendre. Ginny, retenant toujours la porte du salon, regarde le chien.

« Sirius, tu ne pourrais pas l'aider ? On est occupé, là. » demande-t-elle d'un ton sec, et elle referme la porte, laissant Julia médusée dans l'entrée. Elle baisse la tête vers le chien qui la regarde de ses yeux gris. Se sentant soudain très bête, Julia pointe du doigt le chien.

« Si tu dois te transformer en Sirius, attends que je remonte là-haut. »

Le chien acquiesce ! La peur revient un peu, et Julia monte les escaliers un peu trop vite à son goût. Elle entend derrière des pas et se retourne pour voir Sirius, avec un air contrarié sur le visage. Julia sent un fou rire lui monter dans la gorge et déborder soudain.

« Tu peux te transformer en chien ? » demande-t-elle.

« Entre autres. »

« Et tu sais te servir de la salle de bain ? »

Il sourit, entre, et lui fait couler un bain. Il ne s'est pourtant pas servi de sa baguette. Il lui montre aussi pour la chasse d'eau, les robinets, les lumières. Tout paraît antique et sur le point de déclencher un dégât des eaux ou un incendie.

« C'est une vieille maison pleine de magie » dit-il.

Julia promène son regard sur Sirius avant qu'il ne quitte la salle de bain. Il paraît plus reposé, mais en colère. Il a une bonne mine, a repris un peu des joues, est propre et habillé de velours pourpre. Elle lui trouve une élégance folle.

« Et pour les médicaments ? » demande-t-elle avant qu'il ne ferme la porte. Il répond à travers l'entrebâillement.

« Justement, ils parlent aussi de ça en bas, mais nous ne sommes pas conviés. »

Il ferme la porte.

« Et mon chien ? » demande-t-elle à travers la porte.

« Dans le jardin avec Kreattur et James. »

Et elle entend ses pas qui s'éloignent et redescendent les escaliers. Julia cherche comment verrouiller la porte, ne comprend pas comment le faire, et puis s'en fout. Elle se glisse dans le bain avec délice.


Julia se sent presque revivre, et ne trouvant pas de vêtements propres, vu qu'elle les a oubliés à l'étage, elle renfile les vêtements qu'elle portait et remonte. Elle se change dans la chambre de Regulus, y trouve le bol de soupe encore chaude et l'avale. Elle cherche ensuite Sirius qu'elle trouve dans sa chambre, allongé dans son lit, en train de fixer le plafond.

« Je peux ? » demande-t-elle sur le seuil de la porte.

« Fais comme chez toi. »

Elle rentre et s'assied sur un fauteuil.

« Du coup, tu peux te changer en chien ? »

Il acquiesce, mais semble contrarié.

« C'est quoi la réunion en bas ? »

Sirius met du temps à répondre.

« Ils décident de notre avenir. Regarde le journal. »

D'un geste vague, il désigne le bureau. Julia se lève, et parmi un fouillis de papiers, d'articles, d'objets étranges, trouve un journal avec des photos qui bougent. En première page, une photo de Harry et Sirius à l'hôpital. Intriguée, Julia lit rapidement l'article. Il est question de Sirius qui était réputé mort depuis neuf ans, lors d'une bataille au département des mystères, et qui s'est caché pour ne pas avoir à affronter la guerre. Sur l'autre page, une photo de Ron et elle, éblouis par les flash. La légende dit que Ron trompe sa femme, Hermione, avec Julia, et parade avec elle alors qu'Hermione allait accoucher. Les articles sont signés par Rita Skeeter. Le journal date du jeudi, elle a du dormir un jour.

« C'est quoi ces conneries ? »

Sirius rouspète.

« On dirait que mon retour à la vie dérange. Ce torchon a toujours été un journal à sensations. Harry ne veut pas qu'on sorte du square Grimmaurd avant la conférence de presse qui aura lieu dans cinq jours. Pas la première fois que j'y reste, dans cette maison. »

Julia a la sensation d'avoir au moins deux trains de retard. Sirius semble sortir un instant de sa rêverie. Il regarde vraiment Julia.

« Et toi, comment vas-tu ? »

Julia hausse les épaules en reniflant. « Un peu de fièvre et de courbatures, mais je suis moins fatiguée. Et j'ai faim. »

Sirius a un demi-sourire.

« Et toi ? » demande Julia.

Il ne répond pas, croise ses bras sous sa tête et regarde le plafond. Julia sourit.

« En tout cas, tu parais être plus clair. Tu n'as plus de douleurs ? »

Sirius secoue la tête. Le ventre de Julia gargouille. Sirius se lève.

« Viens, on va manger à la cuisine, au moins là on peut y aller... »

Il paraît encore bouder, mais Julia le suit. La cuisine n'est pas habituelle. Il y a plein de placards, une table et six chaises au centre de la pièce, ce qui ressemble à une cuisinière à bois. Il n'y a pas de frigo. Sirius fouille dans les placards, en sort les restes du dernier repas, qu'il réchauffe d'un mouvement de baguette, devant les yeux émerveillés de Julia. Puis il met un couvert pour deux et ils mangent le reste de dinde et de pommes de terre que Molly a fait la veille. C'est absolument délicieux. Sirius a une mine sombre.

« C'est parce que tu ne peux pas aller à la réunion que tu es en colère ? » demande Julia d'une voix douce.

« Entre autres. Ils veulent me ménager. »

Ils finissent de manger en silence. Julia se sent un peu de trop, pas à sa place, mais avide d'en apprendre plus sur ce nouveau monde et d'avoir moins de craintes à son encontre. Sirius débarrasse d'un mouvement négligent de la baguette et tout disparaît comme par enchantement.

« Tu peux faire quoi d'autre avec ta baguette, à part faire apparaître et disparaître des choses ? »

Sirius hausse les épaules, l'air ailleurs. Il n'a visiblement pas envie de parler.

« Qu'est-ce que vous allez faire de moi ? » demande-t-elle soudain, avec une petite voix.

Sirius plonge son regard dans le sien, ciel d'orage surplombant le ciel bleu.

« On verra quand ils auront fini leur réunion. »

Julia hoche la tête, se donnant un air brave alors que dans sa tête c'est la tempête.

« Bon, dit-elle en se levant, je vais retourner me reposer... »


Julia referme la porte de la chambre de Regulus derrière elle, jusqu'à ce qu'elle entende des cliquettements de griffes sur le parquet. Elle la rouvre, pensant trouver le grand chien noir, mais c'est Twister qui rentre et lui fait la fête, les poils plein d'herbes collantes. Puis il va s'allonger sur le lit et s'endort immédiatement. Ne sachant que faire de sa peau, Julia regarde la chambre de Regulus, impeccablement rangée. Elle avise les vieux livres en hauteur sur une imposante étagère et en lit quelques titres. Parcourant leur tranche des doigts, elle en choisit un petit à la couverture de cuir noir. Quand elle l'ouvre, celui-ci lui coupe les doigts comme un couteau. Surprise, elle le lâche et suçote ses doigts en sang. Elle fouille dans la commode où elle trouve quelques vêtements, attrape un mouchoir et s'enroule les doigts dedans. Elle repousse du pied le livre et le laisse par terre. Elle attrape alors un énorme volume de l'Histoire de la Magie, se pose dans le fauteuil, et entreprend de le lire.

Julia en parcourt le sommaire, qui retrace l'histoire de la magie depuis les Egyptiens jusqu'aux années 70, et se plonge dans le livre. Elle en est arrivé aux persécutions des sorcières au Moyen-Age, la création de Poudlard, et le secret magique quand Sirius entre brusquement, la faisant sursauter.

« Viens, ils ont fini. »

Sirius remarque le livre dans les mains de Julia, le mouchoir tâché de sang sur sa main. Il s'approche alors, et prend de ses deux grandes mains la main blessée de Julia. La coupure est superficielle, mais il sort sa baguette, et marmonne tout en dirigeant la baguette vers les doigts blessés. Devant l'inefficacité du sort, il s'emporte soudain.

« Tu ne devrais pas toucher aux livres ! »

« Je ne devrai pas ? Je ne devrai pas ? Qu'est-ce que je n'aurai pas du faire encore ? Hein ? Te réanimer quand tu as atterri sur mon plancher ? Te chercher quand tu as disparu avec les deux sorciers ? Je ne sais pas ce qu'il faut que je fasse ici, et personne ne me l'explique, Sirius. »

Julia fulmine, proche de Sirius à le toucher, grandie par sa colère qui la fait trembler. L'instant dure, Sirius immobile, étonné par sa réaction, et Julia, qui le défie de lui dire que faire. Ils entendent alors des pas dans les escaliers et Harry entre dans la pièce, son regard passant de l'un à l'autre. Il s'éclaircit la voix.

« Vous pouvez venir, on a fini.»

Sirius se recule, et sort précipitamment de la pièce. Harry fait un petit sourire à Julia qui reste le regard fixé sur le dos de Sirius. Puis, Julia se remet en marche, le visage fermé.

Il y a tant de monde dans le salon que cela lui donne le tournis. Il y a Molly et Ginny, un homme patibulaire avec une jambe de bois et une prothèse oculaire qui va dans tous les sens qui se fixe sur Julia tandis que son autre œil, le vrai, regarde ailleurs. Julia sent tous les regards converger vers elle et se sent d'un coup toute petite, mise à nu. Sirius est dans les bras d'un homme immense et voûté et cette étreinte, quelque part, fait mal à Julia. Car, si Sirius retrouve son monde, va-t-elle en faire partie ? Il y a une jeune femme aux cheveux roses qui couve Sirius et le grand homme d'un regard doux, tout en l'observant par moment avec attention. Il y a aussi un grand homme roux avec des cheveux longs, qui est à côté d'une jeune femme blonde et très belle. A côté d'eux, le grand gaillard qu'elle a vu en premier au Ministère de la Magie. Et un homme noir, habillé de grandes robes bleues et pourpres, qui a une grande classe. Julia sent dans son dos la main de Harry qui l'encourage à entrer.

Quelqu'un l'invite à s'asseoir, quelqu'un d'autre lui apporte un thé. Dans le fond de la pièce, à côté de la fenêtre, Sirius étreint à son tour la jeune femme aux cheveux roses. Le grand homme se retourne, Julia lui trouve un air fatigué, des cicatrices courent sur son visage, et ses yeux sont ambrés. Julia parcourt de nouveau les visages, et trouve également que le grand homme roux avec les cheveux longs a aussi comme des marques de griffures sur le visage. Les conversations se taisent, le silence se fait. Julia est le centre de l'attention, et elle a horreur de ça. Harry se met au centre de la pièce, et se met à présenter tout le monde à Julia, qui ne retient pas la moitié des noms et encore moins leurs relations. Tout juste si elle comprend que les Weasley qui sont roux font tous partie de la même famille.

« Julia, vous n'avez aucune raison d'avoir peur. Nous nous sommes réunis ici parce que le retour de Sirius de... d'où il était, était hautement improbable. Nous devons nous préserver, et cela commence déjà par savoir qui vous êtes. »

Julia soupire.

« Je vous l'ai déjà dit, je m'appelle Julia Langford, et je suis l'île de Jersey. J'y ai une exploitation agricole, je produis de la laine angora. »

L'homme à la prothèse oculaire s'approche vivement.

« Ce qu'on veut savoir, c'est pourquoi les sorts ne vous font pas d'effet, pourquoi Black a atterri chez vous, et comment vous avez réussi à pénétrer dans le Ministère de la Magie et à battre deux Aurors formés. »

Julia secoue la tête.

« Je n'en sais rien. »

L'homme continue.

« Vos parents, votre famille, ils s'appellent comment ? »

« Mon père s'appelle Benjy Fenwick, il est mort en juillet 1981 dans un accident d'avion. Ma mère, Dinah Langford, est morte de chagrin quelques semaines plus tard. Ma grand-mère, Elusia Thorpe, m'a élevée. »

L'homme se retourne vers son auditoire.

« Fenwick ? Benjy Fenwick ! Tombé en même temps que Dorcas... »

Il se retourne vers Julia, son œil prothétique semblant faire un zoom sur elle.

« Et je ne savais pas qu'il avait une fille. »

Molly se tourne vers Arthur.

« Quand on était en dernière année en Poudlard, il n'y a pas eu une Dinah Langford répartie à Poufsouffle ? Tu te souviens, une petite blonde aux yeux bleus. »

« Oui ! Celle qui avait le furet albinos ! »

Le borgne se retourne de nouveau vers elle.

« Voyons maintenant pour les sortilèges... »

Derrière, plusieurs voix crient « non ! », ce qui fait peur à Julia, qui reçoit un éclair vert, puis un doré, puis un rouge dans la poitrine. Mise à part la sensation de chaleur ou de froid, il ne lui arrive rien de bizarre. Sirius crie :

« Elle s'est coupé les doigts, les sorts classiques de guérison de fonctionnent pas, Alastor, alors inutile d'essayer de la stupéfixer, de la faire léviter... Si cela avait marché, tu l'aurais blessée ! »

Quelqu'un crie.

« On avait dit qu'on ne tentait pas les sorts sur elle ! C'est une Moldue ! »

Alastor, triomphant, se retourne vers son auditoire.

« Non, c'est une Cracmole. King, tu peux demander au département de vérifier l'identité d'Elusia Thorpe ? Elle a du la cacher après la première guerre. Quand on ira chez elle, je suis sûr qu'on trouvera plein de sorts de protection. Vérifie aussi si sa cheminée est reliée au réseau. »

Julia se lève alors, criant :

« Quelqu'un va m'expliquer ce qu'il se passe ? »

Le silence se fait, les sorciers sont immobiles. Seule Molly l'approche doucement, comme on apprivoiserait un animal blessé, et lui prend le bras et la fait sortir, tout en lui expliquant qu'elle semble venir d'une famille de sorciers. Dans la salle, il y a encore un brouhaha de conversations, et soudain la voix de Sirius qui s'écrie « Alors ça, pas question ! » tandis que d'autres essaient de l'apaiser.

Dans sa tête, c'est la tempête. Elle n'entend que vaguement les paroles réconfortantes de Molly qui lui caresse le dos de sa main, tout en lui disant qu'ils vont bien s'occuper d'elle, et que c'est formidable d'être né dans une famille de sorcier, que son monde s'agrandit.

La seule pensée qui hante Julia, c'est que sa grand-mère lui a menti toute sa vie.

End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu, je continue, je continue.
Je vous remercie pour vos lectures.
A demain pour un prochain ;)
A l'unisson by Sifoell
Author's Notes:
Qu'est-ce qui fait battre vos cœurs ?

Edit du soir, bonsoir : au final, au cours de l'écriture de la fic, le choix s'est fait sur la focalisation de Julia, on voit peu le déroulement de l'histoire par d'autres yeux que les siens, qui est complètement étrangère au monde de la magie, ce qui fait qu'elle rate beaucoup de choses, et qu'il se passe des choses autour d'elle dont elle n'est pas au courant. Cela peut alourdir la fic, mais c'est le parti pris que j'ai fait, et elle finira par savoir des choses qu'on lui dira. Je reste volontiers vague sur "ces choses", parce qu'elles impliquent aussi mes autres fics longues déjà en cours (Menteurs voleurs tricheurs, Drago au pays des Moldus), et d'autres fics longues qui ne sont pour le moment que dans ma tête. J'attends vendredi, la date butoir du concours de Seonne, pour travailler une relecture et corrections mineures de mes fics longues (en plus, je serai en vacances pour un mois, petite veinarde que je suis. Et compte tenu du contexte sanitaire, je serai beaucoup à la maison).

Julia entend sans l'écouter Molly, qui la réconforte. Sirius gueule dans le salon et des voix plus feutrées essaient de le calmer. Julia se retourne vers Molly, les yeux ailleurs, lui chuchote un merci et retourne dans la chambre de Regulus, Twister la suivant au pas. Elle s'y enferme, et les voix en bas s'apaisent, surtout quand Walburga y met du sien, distrayant tout le monde, et Sirius aussi, de l'agitation. Julia entend des voix d'enfants et de bébés, puis après, plusieurs plocs. Mais Julia s'en fout, Julia s'enfonce dans le fauteuil où elle est, accuse le coup, accuse le sort, et se dit que, quitte à avoir des explications, quitte à ne pas trouver le sommeil après cette nouvelle qui lui a fait l'effet d'une douche froide, autant la trouver dans les livres, qui ont toujours été source de réconfort. Elle jette un œil méfiant au livre mordeur, Petites et grandes dents, enquête sur les lutins de Cornouailles, dit le titre, et reprend l'Histoire de la Magie et les persécutions des sorciers au Moyen-Age. Avec avidité, elle lit, et étonnamment, on lui fiche la paix.

Quand elle repose ses yeux, la nuit étant tombée, elle essaie d'allumer la lumière, au risque de provoquer un incendie, pense-t-elle en regardant l'équipement antédiluvien. Elle appuie sur un bouton, ça ne marche pas (forcément), cherche le fil de la lampe de chevet (absent), regarde l'ampoule (ce n'est pas une ampoule comme elle les connaît). En désespoir de cause, comme elle ne veut pas être dérangée, elle se déshabille, se met au lit, et fixe le plafond une partie de la nuit, passant en boucle le fil des souvenirs de sa vie avec sa grand-mère qui a été son soleil toute sa vie. Julia n'a pas de souvenirs de ses parents. Du tout. Pas la moindre photo, qui bouge ou ne bouge pas. Juste des vêtements, et un grenier plein des objets des anciens, dont certains appartiennent à ses parents. Elle n'a pas connu les parents de sa mère. Elle n'a connu qu'Elusia, qui n'a jamais mis un pied en dehors de Jersey, farouche îlienne, travailleuse acharnée.

Elle se souvient de la lente dégringolade de sa grand-mère, de la mémoire qui s'en va, de ses discours décousus, de sa démarche tremblotante et des chutes. Une chute sans fin et sans fond. Alors, au cœur de la nuit, mordant ses mains et ses doigts pour ne pas faire de bruit, Julia pleure jusqu'à s'endormir.


Le lendemain matin, elle reprend ce qui deviendra sa routine silencieuse et solitaire : lire à s'en brûler les yeux. On toquera à la porte, elle ignorera, entre tristesse profonde et colère sourde, elle ne veut voir personne. Ni sorcier ni être magique.

Quand elle a fini l'Histoire de la Magie, elle entame Affronter l'ennemi sans visage, avec une certaine méfiance, va-t-il la mordre ? Va-t-il la brûler ? Mais non, alors elle lit. A un moment, cela toque à la porte, mais elle l'ignore. Elle entend quelque chose être posé devant la porte, mais au diable ! Elle s'en fout, elle lit. Quand Twister demande à sortir, elle ouvre la porte, le laisse dévaler les escaliers et se soulager au jardin, alors qu'elle va en faire de même dans la salle de bain de l'étage en-dessous, et elle remonte, enjambe le plateau repas, ferme la porte, et se remet dans le fauteuil. Elle entend pas mal de bruit dans la chambre de Sirius qui ne doit pas mieux supporter d'être enfermé, mais elle s'en fout, elle lit.

Et quand elle ne lit pas, tournent et retournent dans sa tête le train des souvenirs. Rien de ses parents, pas même une impression fugace. Uniquement ce que lui en a dit sa grand-mère. Ton père est mort dans un accident d'avion et ta mère s'est laissée mourir de chagrin. Rien qui ne donne envie d'en savoir plus. Rien. La vie de Julia a toujours été à Rouge Nez des Landes, sur les Falaises de Corbière, près de Saint-Ouen à Jersey. Sur leur petit bout de terrain avec la maison familiale, la grange rouge, les lapins, les ânes, les chèvres, les poules et Twister. Julia a l'impression soudaine que tout cela n'a plus de sens sans sa grand-mère, elle qui n'a jamais vraiment quitté Jersey, elle sent que cette vie est étriquée et n'est plus sienne, dans cette maison pleine de souvenirs.

Alors, elle se lève. C'est le milieu de la nuit ou le milieu du jour, peu importe. Elle va à la chambre de Sirius, dont la porte est fermée, et toque. Bien sûr, aucune réponse, mais personne ne lui parle vraiment. Ils sont tous embarrassés par sa colère légitime, par sa tristesse mordante, et ils ne la connaissent pas, ne cherchent pas vraiment, d'autres chats magiques à fouetter. Il a un plateau aussi devant sa porte, auquel il n'a pas touché, et c'est incroyable, l'est-ce vraiment, mais c'est encore chaud. Julia toque une nouvelle fois, sans plus de succès, et entre quand même.

Sirius regarde la jeune femme qui est pâle, les yeux cernés, un air profondément triste peint sur le visage. Il est allongé sur le lit, les mains croisées derrière la tête en un geste qui pourrait sembler nonchalant, mais son corps est tendu, sa mâchoire serrée, ses yeux sombres ; tout dit qu'il est furieux, frustré. Julia, entre et ferme la porte derrière elle, et ses yeux se promènent sur la chambre de Sirius, comme pour se donner une contenance. Deux bouteilles vides par terre, un verre brisé. Maintenant qu'elle est moins enrhumée, elle sent comme une odeur écœurante d'alcool dans l'air. Alors, Sirius mord.

« Peut-être que t'aurais pas dû... »

Julia lève les yeux sur lui, soudainement figée.

« Quoi ? »

« Peut-être que t'aurais pas dû me sauver. »

Sa voix claque tellement qu'elle en sent la brûlure sur ses joues. Reviennent dans sa tête comme le film accéléré des premiers instants. L'homme au grenier dormant, les poumons plein d'eau et le corps trop lourd, le cœur arrêté, raide comme la mort et pâle comme un cadavre sur son plancher. C'est alors à son tour de montrer les dents.

« Tu aurais été n'importe qui que j'aurai tout fait pour te sauver ! N'importe qui ! Parce que c'était juste impensable de faire autre chose, Sirius ! Alors, excuse-moi d'avoir du mal à accepter tout ce qui m'arrive parce que je n'en comprends pas la moitié ! Ma seule famille m'a menti toute ma vie ! »

« Ma seule famille m'a haï toute ma vie ! »

« J'ai fermé les yeux de ma grand-mère il y a deux semaines... Elle était tout pour moi. »

« Un de mes meilleurs amis a provoqué la mort des parents de Harry et j'ai été jeté en prison 12 ans pour cela. »

« Et toi tu débarques et je ne sais pas comment gérer le truc, je ne sais pas ce qu'il se passe, je ne sais pas comment réagir... »

« Je suis mort pendant 9 ans. »

« Alors, c'est ça, c'est un concours de celui qui est le plus malheureux ? »

« Oui, et je gagne, Julia. Je gagne toujours. »

« J'aurais peut-être pas dû, alors... »

Gagné. Le regard de Sirius s'assombrit encore, il baisse la tête, et Julia file dans la chambre de Regulus pour jeter dans son sac en vrac toutes les affaires qu'elle a amenées. Devant l'agitation de la dispute, Kreattur apparaît, et de sa petite voix suppliante essaie d'apaiser Julia qui fait ses bagages et Sirius qui est en train de méticuleusement détruire sa chambre. Quelque part, un enfant pleure, et quelqu'un monte les escaliers. Julia les descend, sac au dos, Twister sur ses talons. Elle bouscule Harry au passage qui s'arrête sur le palier, voit Sirius enragé qui jette des chaises contre les murs, et lui envoie un stupéfix bien senti quand une coupe d'une impressionnante taille passe à un cheveu de sa tête. Harry demande à Kreattur de compter jusqu'à 100 et d'annuler le sortilège, puis il redescend alors les escaliers à toute vitesse quand Walburga se met à hurler, dérangée dans son sommeil.

Julia est dans l'entrée, la porte ouverte, mais il y a comme un mur qui l'empêche de sortir. Elle se retourne vers Harry et lui demande, les dents serrées, de la laisser partir. Harry secoue la tête, la baguette en main, inutile face à Julia. Ginny est sur le palier de l'étage, Albus dans les bras, et les regarde d'un air désemparé, elle laisse passer Sirius qui descend les escaliers à son tour, le visage indéchiffrable. Le cœur de Julia manque un battement quand elle le regarde les rejoindre. Elle répète.

« Laissez-moi partir. »

Sirius pose une main sur le bras de Harry, et ne daigne même pas lui jeter un œil.

« Pardon, Julia. Tu as bien fait », murmure Sirius.

Julia répète, sa détermination fondant comme neige au soleil.

« Laissez-moi partir. »

Harry recule et monte les escaliers pour rejoindre Ginny. Au passage, il empêche Kreattur de descendre. Le pauvre elfe est dans tous ses états. Sirius se rapproche, sûr de lui, comme s'il affrontait une bête sauvage.

« Tu as bien fait, Julia » répète-t-il.

Sa main prend la lanière du sac et la fait glisser le long du bras de Julia, puis laisse tomber le sac par terre. Ses mains touchent ensuite les bras de Julia, en une lente caresse à laquelle elle ne se soustrait pas.

« Laisse-moi partir ».

Il secoue la tête, un air désolé sur le visage. Il regarde les grands yeux bleus frondeurs, le nez pointu, la peau blanche, les quelques tâches de rousseur, les lèvres pincées. Sa main effleure la joue.

« Pardonne-moi, Julia. »

Puis il dépose un chaste baiser sur son front, et la regarde, demandant une permission. Les yeux de Julia sont partout sur les yeux orage, les joues mangées par la barbe, les cheveux négligés mais qui tombent élégamment sur les épaules larges. Alors, il dépose un chaste baiser sur sa tempe. Les mains de Julia, timides oiseaux, viennent attraper la veste de Sirius, puis embrasser ses flancs. Alors, il dépose un baiser sur sa pommette, effleurant les cils de Julia. Les mains de Julia remontent dans son dos et jusqu'à ses omoplates, alors il parsème ses joues de baisers tièdes. Julia avance d'un pas et ses mains chaudes viennent se poser sur le torse de Sirius, qui l'embrasse sur ses lèvres offertes et qui lui rendent la pareille. Plus rien n'a d'importance, ni les cris de Walburga qui ne les atteignent pas, ni les chuchotements de Harry et Ginny qui ont tout vu depuis le palier de l'étage supérieur. Ni Twister qui est assis dans l'entrée, bon chien parfaitement sage.

Plus rien n'a d'importance que leurs lèvres qui s'embrassent et leurs cœurs qui battent à l'unisson.

End Notes:
Bon, ben... Voilà.
J'espère que la lecture vous a été agréable, j'ai un bon rythme de croisière et espère vous faire passer un voyage sympathique (je ne suis pas sûre d'arriver à destination pour le 31 par contre...)
Conférence de presse à l'abri de l'Arche by Sifoell
Author's Notes:
Bonjour bonjour :)
Nouveau chapitre de Libéré par effraction !
J'ai recommencé à travailler Drago au pays des Moldus aussi, si vous voulez jeter un oeil et me dire ce que vous en pensez :)
Bonne lecture !

Les cinq jours se sont passé, Julia ayant toujours l'impression d'être à côté de ses chaussures, ne sachant pas où est sa place ni ce qu'elle doit faire. A cela s'ajoute Sirius qui l'a embrassée. Non, à cela s'ajoute Sirius et elle qui se sont embrassés, et depuis, il y a cette espèce de gêne entre eux, de lourds regards échangés, de promesses non dites.

Ils ont alors pris leur mal en patience, Sirius s'énervant souvent par les titres de journaux amenés à la maison par des chouettes ou des hiboux. Julia a nourri son avidité d'apprendre et de connaître le plus de choses possibles sur le monde des sorciers que sa grand-mère a méthodiquement maintenu éloignée d'elle, à dessein. Parce que Sirius, Remus et Harry lui ont parlé des deux guerres, de ce qui advenait aux Moldus, aux Cracmoles. Alastor qui lui a si adroitement présenté ce qu'elle était, lui en a dit plus sur père, Benjy Fenwick, mort au combat en même temps que Dorcas Meadows, une autre sorcière d'exception, tuée par Lord Voldemort lui-même. Il ne lui a pas épargné le fait qu'on n'a trouvé que des morceaux de son père, ce qui a déclenché une énième colère de Sirius.

Sirius a eu une grande discussion avec Harry, lui disant qu'il n'avait plus sa place au square Grimmaurd, la maison de sa famille, et qu'il achèterait un appartement ou une maison quelque part. Qu'il ne voulait pas être le parrain gênant à l'empêcher de vivre sa vie de famille. Et comme Sirius était revenu à la vie, il y a eu tellement de passage au square, Sirius renouant avec Remus, la dernière moitié des Maraudeurs, comme il s'est présenté, avec sa cousine Nymphadora, avec d'anciens membres de l'Ordre du Phénix, qui reste en veille pour lutter contre les mages noirs, parce qu'il y a en a toujours. « Vigilance constante » a dit Alastor.

Et Julia a passé ces jours à grappiller des informations, auprès de Kreattur, auprès d'Harry et Ginny, auprès de Walburga.

Il n'y a pas eu d'autre baiser.

Sirius veut déménager.

Julia ne sait pas que faire d'elle, ni du souvenir de ce baiser qui n'a pas été renouvelé.


Et c'est le grand jour. Harry et Ginny les réveillent à l'aube, chacun ayant un enfant dans les bras. Et il faut s'habiller (Ginny lui prête une robe sorcière, d'un beau vert), et répéter un peu le discours qui sera tenu lors de la conférence de presse. Dans la salle du département des Mystères où Sirius a perdu neuf ans de sa vie. Alors, oui, Sirius a tiqué. Harry a haussé les épaules devant les exigences des journalistes, souhaitant surtout se débarrasser de la conférence de presse, et passer à autre chose. Reprendre une vie normale avec son parrain qui en fait partie. Harry a beaucoup discuté avec Julia de son statut particulier de héros de guerre, d'Elu, de sauveur du monde sorcier. Toutes les regards de la communauté se tournent régulièrement sur lui. Il n'a pas le choix, il doit faire avec. Et quelque part, Julia admire Harry qui, âgé d'à peine 25 ans, est déjà Auror, a deux enfants, et est une sorte de porte-parole.

Après avoir déjeuné, ils se rendent au département des Mystères par le réseau de cheminées. L'atrium est déjà bondé, et Julia se sent toute petite. Elle tient le bras de Nymphadora – non, ne m'appelle pas comme ça – et écarte de son cou ce col qui l'enserre. Il y a bien trop de monde. Des questions fusent déjà, des flashes l'éblouissent, et Julia se fait emmener par Dora, mais ne quitte pas des yeux la haute silhouette de Sirius, gracieux, élégant. Sirius est entre Remus et Harry. Il y a plusieurs sorciers qui les entourent, comme une escorte, le temps qu'ils se déplacent jusqu'au Département des Mystères, dans la Salle de la Mort. A cette évocation, Julia ouvre de grands yeux effrayés à Dora qui a un air confiant sur le visage. Devant, Sirius se tend, les souvenirs lui revenant en plein visage. Autant pour ménager Sirius. Alors, ralentissant, et sans la regarder, Sirius tend sa main à Julia et devant son hésitation, agite les doigts comme une invite à la prendre. Quelque part, cela lui réchauffe le cœur et allongeant le pas, elle les saisit, et marche à sa hauteur. Il regarde toujours droit devant lui, le visage tendu. Harry et Rémus se sont un peu écartés, leur faisant de la place, et la même bulle qui s'était tissée autour d'eux lorsqu'ils se sont embrassés, se tisse de nouveau et les englobe, les protège, les éloigne du monde et de ses tourments.

Arrivés devant une grande porte noire, ils rentrent tous dans une salle contenant douze portes identiques. L'une d'entre elles est ouverte et il y a une véritable haie de journalistes, sorciers, salariés du Ministère de la Magie qui est au spectacle du retour à la vie de Sirius Black. Il serre plus fort la main de Julia dans la sienne, et elle étreint son bras de son autre main, effleure son épaule de son visage comme en une caresse de chat. Harry se tourne vers Julia, lui murmurant :

« Tu te souviens, hein ? Pas de déclaration. Nous ne sommes pas suffisamment au courant de ta situation. Les techniciens du bureau des Objets Magiques sont chez toi en train d'étudier la ferme, voir si elle est protégée, s'il y a des objets dangereux pour toi. Mais maintenant, le monde sorcier est en paix, Julia. »

Il la regarde intensément de ses yeux verts, et Julia hoche de la tête, impressionnée par la foule pressante.

Ils arrivent dans une salle immense et circulaire, bordée de gradins de pierre. Au centre, sur une espèce d'estrade, trône une antique arche de pierre dont l'ouverture abrite un rideaux noir en lambeaux qui flotte comme s'il était agité par la brise. Autour de l'arche, comme des barrières de théâtre de velours rouge interdisent l'accès de l'arche. Sirius a un temps d'arrêt, et serre de nouveau la main de Julia. Il la regarde cette fois, et elle lit de la peur dans ses yeux orage.

« Quelle idée de merde, Harry... » murmure Sirius.

« Donnons-leur du spectacle, comme je te l'ai dit. Ensuite, ils se lasseront, comme d'habitude. »

Harry se tourne vers Sirius, avec un regard plein d'assurance qui lui fait penser un instant à James.

« Et ensuite, la vie reprend. »

Il y a une estrade de bois devant l'arche. Ils vont s'y jucher en rang d'oignon. Harry au centre, Sirius et Julia sur sa gauche, les plus proches de l'Arche pour les photos, Dora et Remus à sa droite, parce qu'ils étaient là lors de la mort de Sirius.

Harry commence son discours, salue l'accueil de la presse, et quand il voit une haute silhouette tout de noir vêtue derrière la foule de journalistes, il se tourne un instant vers Remus, lui murmurant un nom. Remus et Dora descendent de l'estrade, s'excusant, et contournent la foule de journalistes pour aller se mettre à l'écart avec le sorcier, devant le regard médusé de Sirius. Parce que s'il y a bien quelque chose que Harry a caché à Sirius, espérant de toutes ses forces qu'il resterait discret, c'est bien que Severus Rogue a survécu à la guerre, lui aussi. Ce qu'il a tu également, tout en sachant que c'était une foutue mauvaise idée, c'est que quelque part, Sirius était responsable de la disparition de Philomena Fletcher, qui s'était jetée dans le Voile dans l'espoir de prouver sa théorie, à savoir que le Voile n'était pas un instrument de mort, mais un instrument de vie et de guérison. Après plusieurs années passées à étudier de manière acharnée le Voile, dans l'espoir de rendre à Harry une partie de sa famille, l'intuition de Philomena s'est affirmée au fil du temps et de ses découvertes. Harry a toujours eu conscience, même si cela le gênait, que Philomena était éperdument amoureuse de Severus, sans que celui-ci ne lui rende la pareille. Alors, elle s'est lancée dans une autre bataille : rendre sa famille à Harry en se sacrifiant peut-être.

Harry a mis tellement de temps à se remettre de la mort de Sirius. Et quand la Bataille de Poudlard a pris fin, que la guerre s'est finie, et que le monde sorcier était en liesse, Harry a sombré. Toute sa vie de sorcier l'avait mené à être l'Elu, combattre le Seigneur des Ténèbres, et rendre sa liberté aux sorciers. Une fois cela accompli à l'âge de 17 ans, et au prix du sang, de la mort, des blessures, mutilations, disparitions de tant d'amis et d'anonymes, Harry a sombré. Mais cela, il ne l'a pas dit à Sirius. Cela, Harry a arrêté d'en parler une fois qu'il a repris pied, est devenu Auror, a épousé Ginny et est devenu père. Les deux années où il a sombré sont désormais taboues, parce qu'elles sont passées, tout simplement, et que Harry a fait avec les absences, avec la culpabilité de ne pas avoir tout réussi comme il l'aurait voulu.

Tout cela, Harry n'a pas pu en parler à Sirius. Tout comme il n'a pas pu parler à Sirius de la survie de Severus Rogue qui a eu un parcours semblable au sortir de la guerre. Et c'est malheureusement Philomena qui en a payé le prix.

Alors, Harry met sa main autour du poignet de Sirius et le serre fort, disant entre ses dents.

« Pas de scandale. Je t'expliquerai. Fais-moi confiance. Concentre-toi. Tout va bien. »

Sentant la tension extrême de Sirius, Julia s'accroche au bras de Sirius comme une ancre sur un bateau qui tangue, même si elle ne comprend rien de ce qui se passe, ce qui ne change pas de l'habitude.

Le crépitement des flash les aveugle, puis le silence se fait. C'est là que Julia les entend. Les voix venant du voile. Elle se tourne en arrière, quand elle croit entendre la voix de sa grand-mère. Mais Sirius la retient, baissant ses yeux sur elle.

« Non. » murmure-t-il. Juste ça. Non.

Harry commence à présenter la situation aux journalistes. Cela semble durer des heures. Puis Sirius prend la parole, peu de temps. Puis Julia, qui ne répond que par oui ou par non, trop impressionnée par la foule devant elle, et trop distraite par les voix derrière dont elle discerne celle de sa grand-mère. La conférence se termine, les journalistes n'étant pas satisfaits devant le peu de réponses à leurs questions. Mais Harry se montre ferme. La conférence est terminée, et il n'y en aura pas d'autres. Libre à Sirius Black et Julia Langford d'écrire un livre sur leur histoire extraordinaire. La foule se disperse, déçue, traînant des pieds. La plupart n'a pas remarqué la sortie de Remus Lupin et de Nymphadora Tonks. Mais quelques irréductibles restent, que Harry invite de manière très ferme à sortir. Sirius descend de l'estrade, et tend sa main à Julia qui regarde l'Arche et semble se diriger vers elle. Sirius attrape la main de Julia, la faisant revenir à la réalité.

« Non, Julia. Il n'y a que la mort, là. Viens. »

Julia a la mine sombre.

« Tu les entends aussi ? »

« Je les entends depuis neuf ans. Que des voix qui parlent comme des échos. »

La voix de Julia se brise.

« Mais je l'entends, Sirius. J'entends ma grand-mère... »

Il la serre contre lui, enveloppe son épaule d'un bras protecteur.

« Je sais. Mais elle n'est pas là. Il n'y a rien. Viens avec moi. J'ai quelqu'un à saluer."

End Notes:
Bon, le truc négatif dans tout ça, c'est que je spoile mes autres fics, à savoir Drago au pays des moldus et Menteurs voleurs tricheurs. Cela peut paraître facile, mais non, sauver les personnes qui meurent dans le bouquin ne le sera pas. Mais pour ça, il faut que j'avance aussi mes autres fics (c'est le serpent qui se mord la queue).

J'espère que la lecture vous a été agréable, et n'hésitez pas à me laisser des reviews, elles font toujours plaisir.
Quelqu'un à saluer by Sifoell
Author's Notes:
Et un petit nouveau, un peu long. Ca avance progressivement, je n'ai pas de difficultés à écrire ces temps-ci, et m'en réjouis.
Je vous souhaite une bonne lecture. MAJ 2 août 2020 : relecture et corrections.

Julia remarque à quel point la parole de Harry a du poids quand, les journalistes ne quittant pas la salle circulaire, les sorciers qui les escortaient ont commencé à disperser la cinquantaine de reporters traînant des pieds. Jetant un dernier regard nostalgique vers l'arche qui a avalé Sirius neuf ans plus tôt, ignorant les voix et, parmi elles, celle de sa grand-mère, elle suit Sirius qui lui lâche soudainement la main, mâchoires serrées, yeux orageux. Ne sachant plus que faire de ses mains, Julia les fourre dans les poches de la robe de sorcière. Ils quittent à leur tour la pièce circulaire, Harry murmurant des paroles d'apaisement à Sirius. Julia tend l'oreille, parce qu'elle sent bien que personne ne va lui dire quoi que ce soit, encore. Sirius grogne entre les dents :

«  Il les a dénoncés, je te rappelle. »

Harry s'arrête alors.

« Il était de notre côté jusqu'au bout. Il a été à ça de mourir. Sans Philomena... »

Sirius a un petit rire comme un jappement.

« Ah, elle ne l'a jamais laissé tombé alors ? »

Harry soupire.

« C'était compliqué. Ca l'est toujours. Alors, respire un grand coup et... Ne le tue pas. »

Julia se tend soudain. Quand ils entrent dans l'autre pièce, Remus et Dora sont assis en face d'un homme à la haute silhouette, intégralement habillé de noir. Il a le teint cireux, le nez crochu et des yeux noirs enfoncés dans ses orbites. Il ne semble pas très engageant.

« Black. » commence l'homme qui ne montre aucune émotion.

« Servilus », grince Sirius.

« Ne commencez pas, vous deux... » prévient Harry. Remus passe une main dans ses cheveux en soupirant.

« Patmol, j'en ai encore besoin, c'est lui qui fait ma potion... »

Cela ne fait rire personne. Une voix fraîche s'élève alors.

« C'est avec Mme Langford que je voudrai m'entretenir. Je me suis occupé personnellement des recherches sur l'Arche... »

« Vous ne nous en avez pas laissé le choix. » soupire Harry.

« Et les seuls éléments qui me manquent sont les observations de Mme Langford. »

Julia commence à avancer vers l'homme en noir, mais Sirius l'en empêche en se plaçant devant elle. Julia passe alors la tête sur le côté de Sirius, comme on le ferait d'une porte entrebâillée.

« Bonjour monsieur. Je ne comprends absolument pas ce qu'il se passe, mais si vous avez besoin d'aide... »

Sirius mord : « Non ! Pas question ! »

Julia s'agace : « Et pourquoi ? »

« C'était un Mangemort. Il a trahi les parents de Harry et les a fait tuer par sa faute. »

« Sirius, murmure Harry. Il s'est sacrifié pour la cause. Il a perdu Philomena. »

« Et alors ? »

Harry se tourne vers son ancien professeur.

« Severus, puis-je en parler ? »

« Certainement pas ! »

Et là, tout le monde se met à crier en même temps, jusqu'à ce que Sirius fonce vers Severus, baguette brandie, pour finir par bousculer Harry et Dora, Remus s'étant levé pour leur prêter main forte. Severus est toujours assis sur sa chaise, impassible mais la baguette en main. Julia s'éloigne de la cohue, adresse un signe de tête à Severus, l'invitant à la rejoindre. Sirius s'enrage.

« Non ! Julia, tu ne vas pas lui parler ! C'est un ancien Mangemort, je ne lui fais pas confiance. »

Julia s'arrête, regardant Sirius, retenu par Remus, Harry et Dora. Julia s'emporte alors.

« Explique-moi alors ! »

Severus murmure entre ses dents.

« Il ne peut pas. Il est mort neuf ans. Il y a tant de choses qu'il ne sait pas, alors il devrait juste s'asseoir et donner la patte. »

« Severus ! » crie Harry.

Julia continue, ignorant Harry et le remue-ménage.

« Où peut-on aller pour discuter ? Vous me ramenez ensuite auprès d'eux. »

Severus attrape son poignet et lui fait faire deux pas avant de transplaner.


Julia est adossée à un mur, essayant de reprendre sa respiration. Une main de fer maintient son bras pour lui éviter de tomber au sol comme un sac de patates. Quand la terre cesse de tourner, et sa tête aussi, Julia ouvre les yeux sur un regard noir et un peu inquiet.

« Alors, c'est vrai, ce qu'on dit ? Vous êtes une moldue ? »

« Cracmole, il paraît. », précise Julia avant de repousser vivement sa main. « Ne refaites plus jamais ça. »

Julia serre les dents, luttant contre les vagues de nausée qui s'estompent, puis elle regarde autour d'elle. Ils sont dans une petite rue d'un quartier ouvrier, toutes les maisons se ressemblent et sont alignées d'un côté de la route. En face, un terrain vague, et plus loin ce qui semble être une usine abandonnée.

« On est où ? »

« Chez moi. » Severus ouvre un portillon de métal qui a connu de meilleurs jours. « Venez, ils ne vont pas tarder sinon. »

« Qui ? » demande naïvement Julia.

Severus lui tient le portillon ouvert, lui indiquant d'un signe de tête d'avancer, ce qu'elle fait. Le jardinet devant la maison est négligé, les portes et fenêtres auraient besoin d'un bon coup de peinture. La porte grince atrocement quand il l'ouvre. A l'intérieur, tout est sombre et triste et cela sent le renfermé, et une vague odeur de vinaigre. Julia se demande si elle ne vient pas de faire une grosse erreur, mais Harry a dit qu'il faisait confiance à cet homme, donc elle n'a pas à le craindre. Ils passent une petite entrée qui débouche sur un petit salon dont chaque mur est tapissé de bibliothèques débordant de livres à la couverture de cuir, et qui semblent vraiment anciens. Severus l'invite à s'asseoir sur un fauteuil qui a connu de meilleurs jours. Julia obtempère, et lisse sa robe d'un geste nerveux.

« Vous n'avez rien à craindre. »

« Pourquoi vous détestez Sirius ? », les yeux bleus dans les yeux noirs.

Severus pince ses lèvres.

« Pourquoi Sirius vous déteste ? »

Severus élude les questions d'un geste négligent de la main. Il sort de sa robe ce qui ressemble à un rouleau de papier vieilli et le déroule. Il serre les dents, faisant bouger ces muscles sur le côté de ses mâchoires. Il entreprend de lire la lettre, d'une voix serrée. Il se racle la gorge avant de reprendre.


« Simon Roman, disparu à travers le Voile en 1453 et réapparu en Islande en 1784.

Anastasia Insertus, disparue à travers le Voile en 1784 et réapparue en Tasmanie en 1854.

Victor Boadic et Ludmilla Boadic, disparus à travers le Voile en 1854, réapparus respectivement en Suisse en 1912 et en Nouvelle-Angleterre en 1947.

Norbert Humber disparu à travers le Voile en 1912, réapparu ?

Venceslas Major disparu à travers le Voile en 1947 et réapparu en Norvège en 1996.

Sirius Black, disparu à travers le Voile en 1996, réapparu ?

Aussi fou que cela puisse paraître, toutes mes études me mènent à ce point : ceux qui traversent le Voile en étant bien vivants, restent quelque part en latence et réapparaissent des années plus tard quand quelqu'un d'autre franchit le Voile.

Je me propose de faire cette expérience pour en faire sortir Sirius Black, et pour le bien de Harry Potter, et accepte d'en payer le prix si je me trompe. Harry, s'il-te-plaît, ne m'en veux pas pour cet acte téméraire que je fais en toute conscience pour adoucir tes jours, en espérant le retour de Sirius Black pour ton bien et le sien. Faites-vous une belle vie si par la volonté de Merlin ton parrain revient de son séjour Outre Monde.

Severus, tu ne m'as donné aucune raison de ne pas tenter cette expérience. Je t'attends depuis plus de dix ans, je ne peux plus attendre plus que tu prennes une décision et vienne vers moi. Je compte sur toi pour étudier cette foutue arche, comme tu l'appelles, et pour m'aider à te revenir. Je t'aime immensément.

Je m'excuse auprès de mes proches et de mes supérieurs pour cet acte qui peut sembler insensé, et les invite à rencontrer M. Venceslas Major qui vit désormais en Norvège et peut vous relater son expérience.

A bientôt, j'espère,

Sincèrement vôtre,

Philomena Fletcher, Langue-de-Plomb. »

Severus roule de nouveau le parchemin et le range dans sa robe, posant sa grande main sur la poche, comme pour en éprouver la réalité. Julia est saisie, ne sait pas quoi dire.

« C'est la personne qui a franchi l'arche et a fait revenir Sirius ? »

Severus acquiesce. Julia est émue qu'il lui ait lu la lettre entière.

« Que savez-vous déjà ? »

Severus prend une grande inspiration.

« L'Arche est dans le département des mystères semble-t-il depuis toujours, à savoir la création du ministère de la Magie, il y a plus de trois cents. Il semble que le Ministère a d'ailleurs été construit spécifiquement autour de cette Arche afin de l'étudier et d'empêcher les sorciers téméraires de le franchir. Il s'appelle l'arche de la mort depuis 1707, parce que les sorciers qui le franchissaient ne reparaissaient pas. Philomena a prouvé que plusieurs sorciers entrés sont sortis. J'ai personnellement rencontré Ludmilla Boadic qui vit désormais en Nouvelle-Angleterre, et j'ai retrouvé Norbert Humber qui est réapparu près de Berlin. Et j'ai rencontré Vencelas Major en Norvège. Ils ont tous franchi le Voile en étant en parfaite santé et se sont retrouvés à l'autre bout du monde. Après quelques heures ou jours de désorientation, ils ont retrouvé leurs sens et leurs capacités. Qu'en était-il pour Sirius ? »

Julia replonge dans ses pensées.

« Il est arrivé chez moi en brisant une des plus hautes fenêtres de la maison. C'était une nuit de tempête. J'ai cru que c'était un cambrioleur alors, quand je suis montée dans le grenier, j'ai pris un chandelier pour me défendre. Il semblait mort, il ne respirait pas, son cœur ne battait pas. Il était trempé, et avait les poumons plein d'eau. Alors, je l'ai réanimé. »

Julia mime avec ses mains les massages cardiaques.

« Je sais ce qu'est une réanimation... »

Elle ouvre de grands yeux surpris.

« Poursuivez... »

Elle inspire.

« Quand son cœur et sa respiration ont repris, le cœur était très lent, et il ne respirait pas régulièrement. Il était très lourd aussi, je n'ai pas pu le déplacer. Il était raide comme un piquet. Alors, je l'ai couvert, et avec mon chien, on a dormi avec lui. Il était inconscient. Petit à petit, il a commencé à aller mieux physiquement, et mentalement. Il était quand même très confus. Il avait aussi un énorme bleu sur la poitrine. »

« L'effet du sortilège de Bellatrix. »

« Oui, les médicomages ont dit que c'était un Golo, Bolo... un truc qui finit en is. Ou un truc pour ne pas bouger... »

« Des imbéciles. Bellatrix était une sorcière bien trop brillante pour oser un Doloris en pleine bataille, ou se contenter d'un stupefix. »

« Il peut avoir des séquelles ? Les médicomages disaient que les douleurs de Sirius, c'était comme des répliques du sortilège. »

Severus hausse les épaules, guère convaincu.

« Surveillez-le. De toute manière, Sirius Black doit être surveillé tout le temps, il est totalement irresponsable... »

« Pourquoi vous le détestez ? »

Severus se rencogne dans le dossier de son fauteuil, en appréciant chaque ressort.

« Parce qu'il sait parfaitement se faire détester. C'est son talent. »

Julia s'agace.

« Vous avez encore besoin de moi ? »

Il hausse les épaules, regardant vers les fenêtres.

« Sortez, ils vous attendent. »

Severus a un air soudainement triste. En se levant, Julia lui pose une main sur son poignet.

« Vous la retrouverez. »

Le temps se ralentit de manière intangible.

« Si vous avez besoin de moi... »

« Je saurai où vous trouver... »

Julia hoche la tête et lui fait un petit sourire avant de laisser l'homme seul dans son salon, une de ses mains sur la poche contenant le parchemin. Quand elle sort, Harry et Sirius l'attendent devant le portillon. Sirius a la mine sombre. Il crache.

« Pourquoi tu ne fais jamais ce qu'on te dit ? »

Puis il lui saisit le poignet et transplane avec elle. Harry hésite un moment, regardant la petite maison triste qui n'a pas laissé Sirius entrer avant de transplaner à son tour.


Il ne les a laissés qu'une minute et ils sont déjà à se hurler dessus devant la porte du square Grimmaurd. Voyant le rouge sur la joue de Sirius, Harry en déduit que Julia l'a giflé. Elle fulmine.

« Tu ne me dis pas ce que je dois faire si tu ne m'expliques rien. ! »

« Il est dangereux ! » crie Sirius.

Julia se frotte le poignet d'un air absent tout en le fusillant du regard.

« Il ne m'a rien fait ! Il voulait juste des réponses. »

Julia s'assoit sur la balustrade et se tient au mur du porche. Elle serre les dents, luttant contre la nausée.

« Tu n'as qu'à rentrer chez toi si ça ne te va pas ! »

Julia se lève brusquement, bouscule Sirius en entrant dans la maison. Harry reste derrière à essayer de calmer Sirius. Julia monte les escaliers, appelant Twister. Elle entre dans la chambre de Regulus et ôte la robe de sorcière pour se rhabiller avec ses vêtements. Elle refait le sac comme elle l'a fait il y a quelques jours, reniflant. Elle redescend en trombe les escaliers, passe devant Ginny qui se demande ce qu'il se passe encore, et fonce vers Harry, ignorant Sirius.

« J'ai besoin d'aide pour retrouver ma voiture. Je ne sais pas où elle est garée. »

Julia réalise qu'elle doit être à la fourrière.

« J'ai besoin d'un téléphone. Un vrai. »

Harry acquiesce.

« Je vais prévenir Arthur. Viens manger avant, on doit discuter. »

Ginny les rejoint dans l'entrée, en secouant la tête, agacée.

« Je vais vous le dire parce que Harry n'osera jamais le faire. »

Elle pointe son doigt vers la maison.

« J'ai deux enfants qui essaient de dormir. Alors, ça suffit vos disputes incessantes. »

Sirius a un faux rire.

« Elle n'écoute rien, n'en fait qu'à sa tête. »

Julia s'emporte de nouveau.

« Mais tu es aveugle, ou quoi ? Et sourd aussi ? Harry t'a dit que Severus s'était sacrifié pour la guerre des sorciers ! Il voulait juste des informations sur toi, quand tu as débarqué chez moi ! Il fait ça pour retrouver sa femme ! »

Sirius serre les dents, et Harry lui chuchote quelque chose. Ginny s'impatiente.

« Et si on rentrait tous dans le silence et qu'on discutait de tout ça dans le calme ? »

Elle se plante devant Sirius et Julia, qui évitent de se regarder. Julia entre la première. Ils vont tous dans la cuisine, et par miracle, ils n'ont pas dérangé Walburga. Ginny, d'un battement négligeant de sa baguette, lance un assurdiato. Elle précise à Julia qu'elle a insonorisé la pièce et qu'ils peuvent hurler tout ce qu'ils peuvent. Ginny montre ensuite les chaises de la cuisine.

« Assis. »

Ginny se tourne vers Julia.

« Tu as rencontré Severus ? Comment va-t-il ? »

Julia fait la moue.

« Il est inquiet pour sa femme. »

« Philomena n'est pas sa femme. Mais il tient à elle. Et il est trop buté pour l'admettre. »

Sirius a un petit rire et s'attire un regard glacial de Ginny.

« Il voulait des informations sur comment était Sirius à la sortie du Voile. »

« Oui, là-dessus, je crois que le quartier entier vous a entendus. »

Julia baisse les yeux un instant, Sirius demande alors, la voix claquant.

« Et quelqu'un peut me dire ce que ce connard de Mangemort fait dans votre cercle d'amis ? »

Ginny lui fait un résumé sèchement.

« Il était adolescent, avide de pouvoir. Il voulait briller aux yeux de quelqu'un. Il s'est trompé. »

Harry interrompt Ginny qui ne l'écoute absolument pas. Elle poursuit.

« Il aimait Lily, la mère de Harry, et a essayé de la protéger quand il a révélé la prophétie à Voldemort, et qu'il s'est rendu compte que cela pouvait concerner les Potter. Dumbledore n'a pas pu protéger les parents de Harry parce que c'est Pettigrow qui les a vendus et a brisé le Fidelitas. »

Sirius a un air profondément dégoûté.

« Dumbledore a utilisé Severus comme espion tout ce temps. Severus n'a jamais voulu que son rôle soit connu. Il a endossé celui du salaud. »

Harry a ôté ses lunettes, impuissant à arrêter sa femme. Il se masse les tempes, attendant le prochain orage.

« Il a tué Dumbledore à sa demande. Il était mourant, et c'était pour éviter à Drago Malefoy de le faire, pour le protéger. Il est devenu directeur de Poudlard et a tout fait pour protéger les élèves. Ne dis rien, Harry, tu n'étais pas là. Et Severus a été mortellement blessé lors de la Bataille de Poudlard, mais Philomena l'a sauvé, même s'il ne voulait qu'une chose, c'était mourir. Je pense qu'il en veut encore à Philomena. »

Ginny pointe son index vers Sirius.

« Ce mec a été un jouet dans les mains de Dumbledore et de Voldemort pendant toutes ces années. Il a assez souffert. Laisse-le tranquille. »

Sirius se renfrogne et se tourne vers Harry.

« Il aimait Lily ? Drôle de façon de le lui montrer. »

« Erreur de jeunesse ! Oui, il s'est trompé. Il avait 15 ans. C'était un petit con. Tu n'étais pas un petit con à 15 ans, Sirius Parfait Black ? »

Sirius boude et se tait. Ginny se tourne alors vers Julia.

« Et toi, pourquoi tu es en colère ? »

Julia secoue la tête, trouvant son éclat soudainement insignifiant. Elle murmure.

« Pour rien. C'est passé. Excusez-moi pour le bruit. Je vais me coucher. Bonne nuit. »


Et tournant et retournant dans son lit, Julia cherche un livre à lire. Elle trouve Histoire véritable des guerres de Voldemort, pour en finir avec les informations sensationnelles, de Mara Southgate. Par miracle, Julia a compris comment allumer la lumière et passe une partie de la nuit plongée dans le livre, ignorant les pas de plus en plus lourds venant de la chambre de Sirius, ainsi que le bruit de verre brisé.

End Notes:
J'espère que la lecture vous a été agréable. N'hésitez pas à commenter si vous en avez le temps :)
Se préparer au départ by Sifoell
Author's Notes:
Et un petit nouveau ;)
Bonne lecture.

Le lendemain matin, de timides coups sont frappés à sa porte, et réveillent Julia qui émerge doucement. Elle a la sensation de ne pas avoir beaucoup dormi. Le livre qu'elle a commencé à lire est tombé au sol.

« J'arrive... » dit-elle en se levant et en enfilant un gilet.

C'est Harry qui est derrière la porte, un peu gêné.

« J'ai demandé à Arthur pour ta voiture. Il va passer dans la matinée. »

Julia réalise de quoi il s'agit, et cela pèse comme une chape de plomb sur ses épaules. Elle dessine un faux sourire sur ses lèvres, et acquiesce tristement. Puis, elle regarde l'autre porte sur le pallier, se souvenant du vacarme de la nuit.

« Comment va Sirius ? »

« Il dort. »

« Ok. Je me prépare et je viens manger. »

« Ginny est déjà partie avec les enfants au Terrier. C'est la maison de ses parents. A tout à l'heure ? »

Son départ. Harry fait allusion à son départ, et quelque part son cœur se déchire, tandis que son regard se repose sur l'autre porte, aimanté.

« Je reste chez vous le temps de vous dire au revoir. »

Harry acquiesce, incertain. Il a l'air d'avoir envie de dire autre chose, et son regard se tourne aussi vers la chambre de Sirius, mais il se tait et s'en va.

Julia a le temps de déjeuner, se doucher et commencer à préparer ses affaires, le cœur en berne. Sirius n'est toujours pas sorti de sa chambre. Elle discute alors un peu avec Kreattur, et aussi avec le tableau de Walburga, essayant de comprendre quelque chose derrière les discours pleins de haine, mais on dirait que le portrait ne peut pas s'en détacher. Puis, elle va dans le jardin, ayant envie de prendre un peu l'air. Le jardin n'est pas grand et muré de chaque côté. Il y a un petit potager sur le côté, avec quelques légumes qu'elle ne reconnaît pas, et un curieux prunier gorgé de fruits. Par curiosité, elle cueille une prune qui lui échappe des mains et s'envole dans le ciel comme un ballon de baudruche.

Julia va alors vers la balançoire accrochée à un autre arbre, mais trébuche sur quelque chose qui part en courant. Elle voit une espèce de patate avec des bras et des jambes courts brandir un poing vengeur et filer dans un genre de terrier dans le sol. Julia se retrouve alors à quatre pattes, essayant de voir ce que c'est. Puis elle s'assoit dans l'herbe, prend le soleil, et remarque le manège des petites patates qui vont ravager les légumes. Elle se lève alors, essaie de les disperser, réussit à attraper une de ces petites créatures qui a une vague forme humaine, lui trouve un air de poupon grognon, desserre sa prise et lui grattouille le ventre, ne s'attirant que ce qui semble être une bordée d'insultes. Julia rit alors, regarde la petite créature de plus prêt, lui chuchotant de doux mots. Quand la bestiole en a marre, elle saisit son doigt qu'elle mord de ses petites dents acérées. Julia la lâche alors, regarde son doigt où les marques de petites dents perlent de sang, et le suce pour ne pas tacher sa robe. Puis, dans le doute, elle appelle Kreattur, qui apparaît dans le jardin. Elle pointe son doigt vers les espèces de trous de taupe.

« C'est dangereux ? Il y a en un qui m'a mordu quand je l'ai attrapé. »

Les grands yeux globuleux de Kreattur s'agrandissent encore, et il marmonne quelque chose, se précipite dans la maison et revient avec une bassine, de l'eau et des linges. Il prépare tout autour de Julia qui reste assise, surprise. Puis il se donne de grands coups sur la tête avec la bassine métallique.

« Non, non, Kreattur n'est pas un bon elfe de maison. Maîtresse Julia a été mordue par ces horribles gnomes. Kreattur aurait du faire attention à Maîtresse Julia. »

Ladite maîtresse Julia attrape la bassine de métal maintenant bosselée et pointe un doigt autoritaire sur Kreattur.

« Ce n'est pas de ta faute, c'est de la mienne. J'ai été imprudente parce que je ne savais pas. Tu n'as rien à te rapprocher. »

Puis elle pose la bassine par terre à côté d'elle, et tâte la tête caoutchouteuse de Kreattur à la recherche d'une bosse ou d'une coupure. Kreattur se laisse faire avec de grands yeux surpris, comme s'il s'attendait à recevoir autre chose que des caresses. Puis sorti de sa stupeur, il se met au travail. Il verse de l'eau dans la bassine, y dépose le linge. Julia tapote le sol à côté d'elle, l'invitant à s'assoir, ce que fait Kreattur, incertain. Il ouvre de grands yeux sur Julia, ses oreilles s'agitent en tout sens, et il prend le linge, le rince, et le pose sur le doigt de Julia. Puis, il regarde autour de lui, comme s'il allait révéler un grand secret.

« Les elfes disent que la morsure des gnomes aide celui qui est mordu à inventer des choses formidables. »

Puis sa voix se fait encore plus basse.

« Mon arrière-arrière-arrière grand-père a composé le premier et seul opéra chez les elfes de maison. Ce n'est pas autorisé pour le peuple servant. »

Et tout en soignant Julia, il chantonne un petit air et balance sa tête en rythme. Twister les rejoint, renifle Kreattur, lui fait une léchouille, tourne et retourne sur lui-même, avant de s'allonger, et de regarder d'un air las les trous de gnomes.


Arthur arrive par la cheminée du salon, s'époussette, et cherche Julia, qu'il trouve dans le jardin, allongée dans l'herbe, son chien dormant contre elle et pas moins de trois gnomes qui jouent avec ses cheveux et entreprennent de les tresser, ou plutôt d'en faire un vrai sac de nœuds. Kreattur se lamente à ses côtés sur la difficulté qu'elle aura à les démêler. Quand elle voit la grande silhouette d'Arthur, Julia se relève précautionneusement pour éviter de déranger le dormeur et les gnomes et lui fait un signe de la main.

« Bonjour Arthur, comment allez-vous ? »

Invité à la rejoindre, Arthur la salue aussi et vient s'assoir à côté d'elle.

« Alors, comme ça, vous devez récupérer votre voiture à la fourrière ? »

Cela fait l'effet d'une douche froide à Julia qui acquiesce gravement.

« Oui. Je l'ai laissée quand je suis arrivée au Ministère, donc... »

« Il y a douze jours. »

« Oui, déjà. Il faut que je reparte chez moi. J'ai un élevage de lapins angora, et c'est la saison pour les brosser, filer la laine... »

Arthur essaie dans sa petite tête de sorcier amoureux des Moldus de s'imaginer ce que veut dire tout ça et s'illumine soudain.

« Vous pourrez me montrer ? La fourrière, brosser les lapins... »

« Bien sûr ! Vous êtes le bienvenu, Arthur. Par contre, j'ai dit à Harry que j'attendais leur retour ce soir pour rentrer... »

A l'idée de quitter ce nouveau monde, effrayant mais exaltant, et de se retrouver seule chez elle parmi ses souvenirs, Julia se rembrunit soudain. Elle joue avec la ceinture de sa robe pour s'occuper les mains.

« Même si je vais avoir du mal à partir... »

Arthur pose alors sa grande main sur le poignet de Julia, dans une caresse maladroite et chaleureuse.

« Vous êtes la bienvenue pour venir nous voir quand vous le voulez, Julia. Vous avez ramené Sirius, cela compte tellement pour Harry. Tellement... »

Les paroles d'Arthur la frappent et Julia se sent étrangement de trop. Elle a toujours été de trop. Elle retire son poignet de la main d'Arthur et lui adresse un petit sourire qui, elle espère, a l'air vrai, alors qu'en-dedans, elle veut juste retourner chez elle pour ne pas les déranger.

Mais il y a eu ce baiser.

Et Sirius n'est toujours pas sorti de sa chambre.

Elle passe la fin de la matinée avec Arthur qui est charmant et de bonne compagnie, mais son esprit est ailleurs, se demandant surtout où elle doit être, ce qu'elle doit faire. Arthur repart, et annonce qu'il reviendra ce soir avec Ginny et les enfants. Il lui fait promettre de le laisser l'accompagner pour récupérer la voiture à la fourrière, avec les yeux pétillants, comme si c'était une sorte d'attraction.


Après le départ d'Arthur, la maison est calme et silencieuse. Julia n'ose pas aller voir Sirius qui campe dans sa chambre. Elle passe alors l'après-midi dehors, à regarder les légumes inconnus que Kreattur énumère, les fruits, qui s'envolent ou non, avec un sentiment mélancolique qui prend de plus en plus de place. Passé 17h, la cheminée laisse entre Ginny et les enfants, puis ses parents, puis Harry, et cela ramène un peu de vie dans la maison calme.

Le dîner se passe agréablement, sans la présence de Sirius, et Julia a de plus en plus l'impression de quitter ce qui aurait pu être une famille. Et cela lui pèse. Julia sait que le bateau repart de Poole le lendemain à 15h, il est donc convenu que demain matin, Arthur vienne avec Julia récupérer sa voiture à la fourrière, et que Kreattur lui préparera de quoi déjeuner, le temps d'aller à Poole. Julia acquiesce, son départ devenant de plus en plus tangible. C'est alors que Sirius fait son apparition à la porte de la salle à manger, puant l'alcool, et pas très propre sur lui.

« Je viens avec toi demain. Je te raccompagne jusqu'à chez toi. »

Là-dessus, il récupère une assiette, ne dit rien d'autre à personne, et prend une bouteille pour remonter dans sa chambre, éteignant derrière lui la chaleur du dîner. Les regards se sont posés sur lui, se sont croisés, disant plein de choses sans les exprimer. Julia s'excuse rapidement, prétextant être fatiguée. Arrivée sur le pallier, elle hésite à frapper à la porte de Sirius, et tend l'oreille mais n'entend pas grand chose. Elle inspire, expire, et frappe trois coups forts. Bien entendu, aucune réponse. Elle rejoint alors sa chambre, se met en chemise de nuit, et reprend le livre de Mara Southgate sur la dernière guerre sorcière. Puis, quand elle l'a fini, que les bruits d'enfants et de cuisine se sont éteints en bas, elle tourne et se retourne dans son lit, ne trouvant pas le sommeil. Elle retourne frapper à la porte de Sirius, et n'entendant pas de réponse, entrouvre tout doucement la porte, de peur de le réveiller. Il est allongé sur son lit, mais la lune qui est presque pleine éclaire le blanc de ses yeux d'une lueur presque inquiétante. Julia se racle la gorge, Sirius tourne la tête vers elle, et soudain, elle se demande pourquoi elle est entrée. Et sans qu'elle ne puisse s'en empêcher, la question franchit ses lèvres.

« Pourquoi tu me raccompagnes demain ? »

Sa voix rauque résonne dans la chambre, comme irréelle.

« Pour être sûr que tout aille bien pour toi. »

« Pourquoi ? »

Sirius met un temps infini à répondre.

« Cela fait un long voyage. Tu n'aurais pas laissé ta voiture, on aurait transplané, ou utilisé ta cheminée. »

« Comment ça ? »

« Ta grand-mère était une sorcière, ainsi que tes parents. La cheminée est bien reliée au réseau de cheminées. Ceux qui travaillent sur le réseau ont enlevé les barrières qu'avait installé ta grand-mère. »

« Ce n'est pas ce que je demande... » Puis les mots que vient de prononcer Sirius percutent dans son esprit. « Comment ça, ma cheminée est dans votre réseau ? »

Sirius, reprend, patient.

« Ta grand-mère et tes parents étaient des sorciers, donc la cheminée de la maison de ta grand-mère est reliée au réseau de cheminées. Ta grand-mère a installé des barrières pour la rendre inaccessible, mais elles ont été ôtées par les techniciens du réseau. »

Julia pense soudainement à Shawn.

« Il y a des sorciers qui sont allés chez moi en mon absence ? Ils ont fait comment avec Shawn ? »

Sirius se rembrunit.

« Sa mémoire a été effacée, bien sûr. C'est un Moldu. »

Puis la question qui lui brûle les lèvres depuis quelques jours les franchit sans qu'il ne puisse la retenir.

« C'est qui, ce Shawn ? »

« Un ouvrier agricole. En mon absence, il faut bien que quelqu'un s'occupe des animaux. Surtout à cette saison. Je n'ai jamais autorisé personne à aller chez moi... »

« Je l'ai fait. »

« Mais pourquoi ne pas me le demander ? Qui d'autre est entré ? C'est pas un moulin, chez moi, je peux encore décider de qui y va et qui n'y va pas ! »

« Je l'ai autorisé, parce qu'il y a bien des choses dont tu es ignorante. Il y a eu aussi des Briseurs de Sorts qui ont recherché si tu avais des objets qui pouvaient être dangereux chez toi... »

Julia a envie de hurler. Alors, pour éviter de déranger les enfants qui sont couchés, et Harry et Ginny, elle se contente de sortir sans dire un mot de plus. Non, mais pour qui se prend Sirius ? Elle est assez grande pour prendre ses propres décisions, non ?

Elle se recouche et passera une partie de la nuit à tourner et retourner dans son lit. Ouvrir un livre, ne pas réussir à lire, le fermer. Elle baigne dans un mélange de frustration et de mélancolie. Elle se dit que le voyage de demain promet...

Retour au bercail. by Sifoell
Author's Notes:
Et un petit nouveau !
Entre une Julia qui montre son tempérament, et Sirius qui n'en manque pas !!!
Je vous souhaite une bonne lecture :)

Julia a préparé pour la troisième fois depuis deux semaines son sac. Quand Twister comprend qu'ils rentrent à la maison, il fait des joies. Julia a par contre le cœur en berne. Pendant le petit déjeuner avec Harry, Ginny et les enfants, Julia se rend compte qu'elle les regarde vraiment pour la première fois. Elle fait des risettes à Albus, raconte plein de secrets à James. Elle trouve que James ressemble plus à Harry et Albus à Ginny. Julia s'excuse de ne pas avoir vraiment cherché à plus les connaître le temps de son séjour, et les remercie de leur hospitalité, et d'avoir été patients. L'atmosphère est pesante. Julia a toujours cette impression d'être de trop, que Harry et Ginny ne savent pas trop quoi lui dire, et Julia non plus.

Arthur apparaît par la cheminée du salon, s'époussette, et vient rejoindre tout le monde dans la cuisine. Tout le monde sauf Sirius qui n'a pas reparu depuis leur dernière conversation la veille. Julia ose alors.

« Sirius a dit qu'il m'accompagnait jusque chez moi. »

Harry acquiesce et regarde l'heure dans la cuisine.

« Oui, il ne va pas tarder. »

Il paraît un peu gêné. Peut-être ne sait-il pas trop comment faire avec ce parrain revenu d'entre les morts. Julia caresse Twister qui est sous la table et guette le gâteau que tient James, qui menace de tomber par terre. Ce chien est beaucoup trop gâté. Des pas lourds se font entendre dans les escaliers, et Sirius arrive. Il salue tout le monde d'un geste, mais ses yeux sont fixés sur Julia. Il paraît à peine avoir dessaoulé de la veille. Il a du dormir dans les vêtements qu'il portait la veille et qui sont froissés. Il passe une main dans ses cheveux pour les remettre en place et va se verser un thé.

Harry se lève alors, annonçant qu'il va travailler, et que Ginny et les enfants vont chez Ron et Hermione. Il ajoute, regardant Julia.

« C'est une petite fille. Elle s'appelle Rose. »

Ginny fouille dans une poche et tend à Julia la photo d'un bébé qui dort, ouvrant et fermant ses poings.

« Elle est magnifique... »

Harry invite d'une main Julia à se lever, et, la serre dans ses bras, maladroit. Il se recule, la regarde, de ces extraordinaires yeux verts.

« Je vais vous dire au revoir, Julia. Merci pour tout ce que vous avez fait pour Sirius. Cela compte énormément pour nous tous. Pour moi. »

Julia secoue la tête, mais ne sait pas que dire. Derrière eux, Arthur essuie une larme, et Ginny prend la main de Harry pour la serrer dans la sienne. Puis elle se lève et prend à son tour Julia dans ses bras pour lui dire au revoir.

« Vous revenez quand vous voulez, Julia. On est au 12 square Grimmaurd, à Londres. Vous pouvez utiliser de la poudre de cheminette. Papa, tu pourras lui en donner un sac et lui expliquer comment l'utiliser ? »

Arthur acquiesce. Sirius leur tourne toujours le dos, sirotant son thé en regardant par la fenêtre de la cuisine qui donne sur le jardin. Il grignote un bout de gâteau. Julia annonce alors, émue.

« Vous pouvez venir me voir aussi. Mais je ne sais pas comment aller chez moi avec la cheminée. »

« Rouge Nez des Landes. C'est votre adresse, n'est-ce pas, Harry ? »

Harry dit oui de la tête.

« A tout à l'heure, Sirius » dit Harry.

Les Potter quittent alors la cuisine pour le salon et disparaissent dans la cheminée. Le regard d'Arthur passe de Julia à Sirius, puis de Sirius à Julia.

« Bien. Vous êtes prêts ? Je dois retourner travailler à 11h. »

Julia acquiesce.

« Mes affaires sont dans l'entrée. Mais je vais dire au revoir à Kreattur et Walburga avant de partir. »

Sirius émet un petit rire méprisant. Julia le regarde de travers. Julia quitte la cuisine et va jusqu'à la petite chambre de Kreattur située au niveau de la chaufferie à laquelle elle toque. Il y a d'un côté la chaudière, et de l'autre côté, un petit espace sans fenêtre avec un lit, une lampe et une petite commode. Kreattur referme un tiroir de sa commode et se retourne vers elle.

« Maîtresse Julia a besoin de quelque chose ? »

« Non, je n'ai besoin de rien. Je voulais te dire au revoir. Je repars chez moi. Et tu as été très gentil avec moi depuis mon arrivée, alors je voulais te remercier. »

La petite silhouette tassée de Kreattur se redresse alors, son excès de peau dans son cou ballottant, et ses yeux globuleux se remplissent de larmes. Julia se baisse et lui tend sa main que Kreattur saisit et serre.

« Je reviendrai te voir, Kreattur. Et si tu veux, quand tu auras du temps libre, tu peux venir me voir aussi. »

« Oh, c'est un grand honneur, un tellement grand honneur, Maîtresse Julia ! »

Julia sourit et repart vers l'entrée où Arthur et Sirius l'attendent. Julia écarte les rideaux de velours cachant le tableau, et murmure « au revoir Walburga », ne voulant pas la déranger dans son sommeil. Sirius se baisse et ramasse le sac de Julia qu'il met sur son épaule. Arthur se tourne vers eux deux, avec l'air d'un enfant qui va voir le Père Noël.

« Je me disais, qu'on aurait pu y aller en bus ? »

Il sort de la poche de sa veste un plan du réseau de bus et de métro de Londres et le déplie, en montrant des arrêts qu'il a entouré. Sirius ouvre la bouche et s'apprête à dire quelque chose quand Julia le coupe.

« On va y aller en bus, Arthur. On a le temps, on doit être à Poole à 14h30. »

Arthur s'illumine alors et replie le plan qu'il garde dans la main. Sirius soupire, mécontent. Arthur sort de sa poche un porte-monnaie.

« Je vous paye les tickets ! »


Le trajet est extraordinairement long, Arthur babillant sans cesse, s'arrêtant, émerveillé, sur chaque « merveille technologique moldue » comme un parcmètre, l'horodateur pour les tickets de métro, le téléphone portable d'un jeune qui écoute de la musique et soutient, désespéré, la conversation avec cet homme étrange qui porte un bonnet vert en plein mois de juillet. Julia suit leurs échanges d'un air amusé et demande à Sirius.

« Il ne va pas souvent dans les grandes villes ? »

Sirius répond, visiblement blasé.

« Peu de sorciers sortent vraiment de leur monde. Arthur en fait partie. »

« Et toi ? »

« Pas eu le temps. »

J'ai été en prison pendant douze ans et je suis mort pendant neuf ans. Julia se tait, gênée.

Quand ils arrivent à la fourrière, Arthur regarde tout autour de lui d'un air ravi. L'homme derrière le comptoir regarde arriver ces trois personnes un peu décalées en fronçant les sourcils. Julia s'approche et lui présente son permis de conduire, sa pièce d'identité, et sort sa carte bancaire.

« Cela a été réglé, madame, hier. »

« Comment ça, par qui ? »

L'homme tape sur son clavier et regarde son écran d'ordinateur.

« Tiens, c'est bizarre, je ne trouve pas l'information. Mais cela a bien été réglé. Je vous imprime la facture acquittée. Tenez. »

Julia jette un œil à la somme et pâlit. Plus de 900 livres anglaises, c'est quasiment un salaire. Elle regarde Sirius qui patiente, l'air sombre, et Arthur qui regarde avec ravissement les branchements de l'ordinateur, suivant d'un air rêveur un fil de son doigt.

« Et elle est garée où ? »

L'homme lui indique où est la voiture, et Julia sort du bâtiment d'un pas vif, suivi par Twister et Sirius. Arthur est un peu loin, derrière, regardant partout avec avidité. Arrivée à sa voiture, Julia se tourne vers Sirius qui porte toujours son sac.

« Mes clés, s'il-te-plaît. »

Sirius lui tend son sac, elle l'attrape d'un geste rapide et fouille dedans. Elle sent monter en elle la colère. Encore une décision que quelqu'un a prise à sa place, encore quelque chose qu'on lui a caché. Elle récupère ses clés, déverrouille les portes, et regarde Arthur qui les rejoint.

« Bon, maintenant que vous êtes arrivés à bon port, je vais filer. »

Il consulte sa montre. Il est quasiment 11h. Il tend une main franche à Julia et lui secoue le bras.

« J'ai été ravi de vous rencontrer, Julia. Vous venez quand vous voulez. Oh, avant que je n'oublie. Si vous voulez aller chez Molly et moi, vous jetez une poignée de poudre de cheminette dans votre cheminée, et vous dites Le Terrier. C'est le nom de notre maison. Pour rentrer chez vous, vous dites Rouge Nez des Landes. Pour aller chez Harry, Ginny et les enfants, c'est Square Grimmaurd. »

Arthur lui tend un sachet de velours.

« Vous avez de quoi faire quelques voyages. Merci beaucoup de m'avoir permis de vous accompagner, c'était très instructif. A bientôt ! »

Arthur fait un petit sourire et donne une tape sur l'épaule de Sirius qui lui dit au revoir. Puis, il sort sa baguette, regarde autour de lui, murmure quelque chose en dirigeant sa baguette sur lui, et disparaît dans un ploc retentissant. Julia lance un regard froid à Sirius et fait entrer Twister dans la voiture, y jette son sac, et s'installe derrière le volant. Sirius la rejoint côté passager.

Julia est tellement sur les nerfs qu'elle démarre rapidement, a une conduite brusque. Sirius décide alors d'attacher sa ceinture. Le voyage promet d'être long.


Deux heures de route. Au bout d'un moment, devant la conduite de Julia, Sirius décide d'attraper la poignée au-dessus de sa portière et de s'y tenir fermement de la main droite, tandis que sa main gauche agrippe le bord de son siège. Il n'aurait vraiment pas du tant picoler. Ou manger ce gâteau ce matin. De toute façon, elle devrait conduire beaucoup plus lentement, ou freiner moins brusquement. Et la ceinture le serre beaucoup trop au ventre. Elle prend un autre rond-point, et Sirius se retient de rendre son petit déjeuner sur ses genoux.

Ils arrivent à Poole avec une bonne heure d'avance. Julia gare la voiture, dit de ne pas bouger, et va pour sortir quand Sirius l'arrête.

« C'est réglé. Les billets sont dans le sac. »

Alors, elle explose, et sa voix aiguë quand elle est en colère, vient se répercuter dans le crâne de Sirius qui n'en demande pas tant.

« Et qui a réglé les billets ? »

« Moi. »

« Et pourquoi ? »

« Parce que tu m'as aidé, c'est normal. »

« Je te ferai un chèque. »

Sirius n'a aucune idée de ce qu'est un chèque mais il acquiesce. Il est un peu trop tôt pour embarquer, alors Sirius attrape le sac de Julia et en sort les sandwiches que Kreattur a préparé ce matin. Il en tend un à Julia, et mord dans le sien. Le petit abruti lui a fait son sandwich préféré. Poulet mayonnaise et cornichons. Cela l'agace, lui ramène plein de souvenirs de son enfance dans la tête. Cet elfe est insupportable, à essayer de lui faire plaisir alors que cela ne lui apporte que fureur.

Julia boude, et ne sachant pas que faire, croque dans son sandwich aussi. La tête de Twister apparaît entre leurs deux sièges, quémandant un morceau. Julia lui offre la moitié de son sandwich et grignote l'autre moitié. Ils attendent l'embarquement en silence, ne prononçant pas un mot et ne se regardant pas. Julia vérifie l'heure, puis démarre la voiture, et s'engage sur le ferry. Quand ils sont garés, elle sort, libère Twister, et récupère son porte-monnaie.

« Viens, on ne peut pas rester dans les voitures pendant la traversée. »

Puis elle file et ne l'attend pas. Quand elle entend la porte de Sirius claquer, elle tend son trousseau de clés et verrouille sa voiture. Elle file dans la salle d'attente, va se prendre un café, et en prend un aussi pour Sirius qui la rejoint et s'assied. Twister s'allonge sous la table et ferme les yeux. Julia lance alors un regard à Sirius, tout de velours pourpre vêtu. Il attire des regards par son excentricité, sa posture noble, et paraît être complètement à l'aise partout, comme s'il était chez lui. Il regarde son gobelet de café et après y avoir ajouté un sucre, utilise la touillette pour le mélanger. Puis, il lève ses yeux gris sur Julia qu'il surprend à l'admirer. Grands yeux bleus fixés sur lui, joues rosies, ses cheveux châtains s'échappent de son chignon en petites mèches qui ondulent et lui tombent sur les épaules. Elle porte une de ses robes blanches parsemées de petites fleurs de toutes les couleurs, et a sur les épaules un de ses châles de laine fine bleue. Sirius esquisse un sourire, conscient que Julia le reluque aussi depuis un moment. Devant ce sourire satisfait, Julia replonge dans son café. Ce mec n'est juste pas possible.

Julia aimerait discuter avec lui, des décisions qu'il prend pour elle, de ce qu'il ne lui dit pas, alors qu'elle est entrée dans un monde qui lui est totalement inconnu. Du baiser échangé... Mais ce n'est pas le lieu, alors elle sirote son café et patiente.


Après quatre heures de traversée, sous un soleil radieux, c'est l'heure de reprendre la route, de partir de Saint-Hélier jusqu'à la maison, de libérer Shawn. Sirius s'accroche à la poignée au-dessus de la portière et à son siège. Que les routes sont étroites, ici. Ils traversent quelques villages, Julia longe la côte volontairement, voulant repousser le temps de lui dire au revoir. Parce qu'il ne va pas rester, si ?

Ils arrivent à Rouge-Nez-des-Landes et le soleil descend sur l'horizon. Elle arrête la voiture au portail. Sirius descend et ouvre le portail. Ayant envie quelque part de lui faire payer son arrogance, elle accélère rapidement et se gare à la maison, et de ses grandes enjambées il la rejoint.

« Je préférais finir à pied, tu conduis trop mal... » dit-il en lui ouvrant la porte. Il la laisse descendre, libère Twister qui n'en finit pas de couiner et qui sort comme un boulet de canon de la voiture, heureux de retrouver la maison. Sirius récupère le sac de Julia et le jette sur son épaule d'un geste élégant. Ce mec aurait même de l'allure en portant un sac de patates. Julia va jusqu'à la porte, et appelle Shawn. Le jeune est devant la télé en train de manger des chips, un gratin refroidit sur la table basse. Il essuie ses mains sur son tee-shirt puis tend une main franche à Sirius.

« Bonjour, Shawn. »

Sirius serre un peu trop fort la main du jeune homme.

« Sirius. »

Julia lui jette un œil piquant et claque une bise à Shawn.

« Oh, merci Shawn d'être resté si longtemps. J'avais vraiment besoin de vacances ! Je te présente Sirius, je l'ai rencontré à Londres. »

Le visage constellé de tâches de rousseur de Shawn s'éclaire. Il est rassuré de voir que Julia a l'air d'aller mieux.

« Enchanté. Tout va bien avec les animaux. J'ai fermé la grange, ils doivent commencer à dormir. »

Les yeux de Shawn vont de Sirius à Julia.

« Heu... Si ça ne te dérange pas, je vais emballer mon repas, je vais finir chez moi. Je te ramènerai le plat demain... Ou bientôt... »

« Attends, je te dois combien ? »

« Non, c'est bon, tu m'as déjà payé, Julia. Pour trois semaines de travail en plus. »

Les yeux de Julia se posent de nouveau sur Sirius.

« Ah oui, c'est vrai... Mais c'est bon, je suis de retour. Tu peux rentrer chez toi. »

Le jeune passe dans la cuisine et met du papier alu autour d'un plat de gratin venant certainement de Doris, puis il fait un signe de la main à Julia et Sirius et s'en va en lançant un « salut ! ».

Lorsque la porte claque, Julia ne sait soudainement plus que faire. Elle a envie d'aller voir ses bêtes, mais elles dorment. Sa colère s'évapore quand elle regarde Sirius, et elle a l'impression qu'ils sont tous les deux à la place où ils doivent être. Le temps se ralentit, alors que son cœur bat plus vite. Mais soudain, toutes ses incertitudes sont de retour. Alors, elle demande.

« Tu restes ce soir, Sirius ? »

La voix rauque de Sirius vient interrompre l'attente de Julia qui ne peut détacher son regard de la haute silhouette un peu débraillée, toute de velours pourpre vêtue.

« C'est ce que tu veux ? »

Julia secoue la tête.

« Je ne sais pas ce que je veux. »

Julia baisse la tête, regarde ses pieds. Elle voit les chaussures de Sirius se rapprocher des siennes. Alors, elle lève la tête, et met de côté sa colère, met de côté ses incertitudes, et noue autour du cou de Sirius ses bras fins. Elle dépose un baiser léger sur ses lèvres et sent les mains de Sirius se refermer sur sa taille.

« Je reste. »

End Notes:
J'espère que la lecture vous a été agréable. Je pense relire la fic d'ici quelques jours pour corriger les fautes et incohérences éventuelles.
Le carnet de correspondance by Sifoell
Author's Notes:

Et un petit nouveau ! Je reviens de vacances, donc je n'ai pas trop publié ces derniers jours.
Le chapitre lemon sur la première nuit de Sirius et Julia est dans Perséide, la fic miroir :)
J'espère que la lecture vous sera agréable !

Julia n'a pas dormi aussi bien depuis bien longtemps. Encore à moitié endormie, elle cherche la chaleur du corps de Sirius pour ne rien trouver qu'une place vide. Elle se réveille alors vraiment, se redresse dans le lit. Le soleil est déjà haut dans le ciel. Elle se frotte les yeux pour en ôter les dernières traces de sommeil, se passe une main dans les cheveux, et se lève. Ses vêtements sont rassemblés sur le fauteuil de sa chambre. Twister est au pied du lit, et vient la saluer d'une léchouille. Julia se lève, enfile rapidement ses vêtements, et cherche Sirius en bâillant. Elle l'appelle doucement. Puis, un doute la prend... Il ne l'aurait quand même pas laissée ?

Personne dans la salle de bain, personne dans la chambre de sa grand-mère. Julia descend à toute vitesse les escaliers, ses pieds nus battant la mesure sur les marches. Elle sursaute quand elle voit la haute silhouette familière dans la cuisine, l’œil dans le vague, murmurant. Sirius se retourne vers elle, avec ce charme négligé qui le caractérise, mais il a meilleure mine que la veille, semble plus apaisé. Il la regarde intensément, puis regarde de nouveau dans le vide, puis ses yeux se posent de nouveau sur Julia, avec un air étrangement triste.

« Je pensais... Je pensais que tu étais parti. »

Sirius s'avance vers elle, la regarde dans sa robe froissée de la veille, ses cheveux emmêlés. Et il dessine un petit sourire sur ses lèvres et vient l'embrasser.

« Tu me prends pour qui ? Viens, j'ai préparé le petit déjeuner. Mais je ne sais pas me servir du truc pour faire le thé. »

Julia sourit, remplit la bouilloire d'eau, la pose sur la gazinière, et allume le feu dessous, sous l’œil de Sirius qui ne rate pas un de ses gestes.

« Tu disais quoi ? Tu parlais tout seul quand je suis arrivée. »

Julia sent sa présence dans son dos, se tourne vers lui, qui a toujours les yeux dans le vide, fixés sur ce même point précis vers la cheminée. Elle se retourne de nouveau, cherchant ce qu'il regarde.

« Les photos sur la cheminée ? »

Julia file vers la cheminée, frissonne d'un coup, et va enfiler un gilet.

« C'est dingue, ça caille ce matin... »

Elle prend les cadres sur le manteau de la cheminée.

« Çà, c'est mon premier jour à l'école de Saint-Ouen. Mamie et moi avons pleuré comme des madeleines quand elle m'a laissée à la grille. »

 

Julia sourit, regarde Sirius qui a un air infiniment triste. Elle fronce les sourcils.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Il secoue la tête.

« Rien. Tu es belle ce matin. »

Le sourire de Julia s'agrandit alors.

« Toi aussi. »

« Je suis belle ce matin ? »

« Exactement ! »

Julia rit, et cela remplit Sirius de joie, le faisant rayonner. La bouilloire siffle et Julia remplit d'eau la théière que Sirius a mis sur la table de la cuisine. Ils s'installent tous deux et Sirius coupe de larges tranches de pain. Julia remarque alors le petit sac de velours contenant la poudre de cheminette, un carnet, et une espèce de bourse de cuir. Croquant dans une tartine, elle les désigne du nez.

« C'est quoi ? »

« Oh ! Oui, je voulais te les montrer. Le carnet sert à ce que l'on communique tous les deux quand je ne serai pas là, si tu en as besoin. »

 

Sirius s'essuie la main sur sa veste et attrape le carnet, l'ouvre. Il sort une plume de l'intérieur de sa veste. Et, joignant le geste à la parole, lui montre comment cela fonctionne.

« Regarde, tu écris sur les pages de gauche... Moi j'écris sur les pages de droite dans mon carnet. »

Julia avale sa bouchée de pain tout rond. Il va vraiment partir. Elle essaie de ne rien faire paraître de son désarroi, et s'intéresse au petit carnet de cuir brun et à la plume.

« C'est un modèle autoencreur, comme ça tu n'as pas besoin d'encrier. »

« Et la bourse ? »

« C'est deux milles livres jersiaises, c'est peu, mais c'est pour te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi, et pour Harry. »

Julia se ferme totalement, et la présence de Sirius lui devient insupportable. Elle se lève alors, repoussant sa tasse et son assiette.

« Je vais m'occuper des bêtes. Il est tard, elles doivent attendre. »

Sirius se lève à son tour.

« Julia, attends... Il faut que je reparte quelques jours. J'ai à peine eu le temps de dire bonjour à mes amis, j'ai encore des affaires à régler, il faut que j'achète un appartement... »

Ses mains s'agitent en l'air, en des points de suspension.

« Je ne suis pas encore habitué à être en vie, dans un monde sans guerre, dans lequel je ne suis pas prisonnier ou en danger. »

Il se tait et se referme brusquement, mais son regard est hanté. La colère de Julia retombe. Bien sûr, elle ne peut pas lui demander de rester. De quel droit ? Il s'approche d'elle, l'enlace et pose ses lèvres sur les siennes. Elle répond à son baiser, mais ne peut s'empêcher de se sentir triste et, quelque part, abandonnée.

« Je reviendrai, Julia. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu écris dans le carnet. Si je ne réponds pas, tu vas voir Harry ou Ginny au square Grimmaurd. Tu te souviens comment on utilise la poudre de cheminette ? »

Elle acquiesce. Elle désigne la bourse de cuir.

« Tu as déjà payé la fourrière, notre voyage retour et le salaire de Shawn. Je n'ai pas besoin de ton argent, Sirius. Reprends-le. »

Sirius secoue la tête.

« Hors de question. Tu gardes la bourse. Il faut que je parte, je dois aussi réunir certaines informations sur ta famille, et cette maison. Je n'étais pas vraiment en état de m'en occuper les jours passés. »

Trop occupé à boire plus que son saoul. Julia essaie encore.

« Tu ne peux pas rester un peu encore ? Partir après manger ? »

Sirius secoue la tête de nouveau.

« C'est la pleine lune ce soir, il faut que je sois avec Remus. »

Devant le regard sceptique de Julia, il ajoute.

« C'est un loup-garou. »

Julia blêmit, Sirius explique alors.

« Il a été mordu quand il était enfant, et quand il ne prend pas sa potion, il se transforme, et c'est toujours douloureux pour lui. Quand on était à Poudlard, à l'école, avec James et Peter, on est tous devenus des animagi. Tu as vu que je me transforme en chien, James, le père de Harry, devenait un cerf, et Peter... »

Il ne finit pas, serre les dents, passe à autre chose. C'est toujours douloureux d'avoir été si aveuglé, de ne rien avoir soupçonné sur l'innocent Peter Pettigrow.

« On se transformait en animal pour accompagner Remus les nuits de pleine lune, limiter les dégâts, faire en sorte qu'il ne se mette pas en danger, et ne mette personne en danger. Enfin bref, je ne sais pas s'il prend sa potion, si quelqu'un la lui fait, parce que la Tue-Loup, elle est très compliquée à réaliser. Quand Remus était enseignant en défense contre les forces du mal à Poudlard, l'école, c'est Severus qui lui préparait la potion Tue-Loup, qui lui permettait de rester lucide. »

Sirius arbore un air dégoûté. Julia hoche de la tête, mais ne dit rien. Cela semble tellement incroyable. Sirius lâche les mains de Julia qu'il tenait dans les siennes. Julia n'a pas envie de lui demander quand il va revenir, elle n'a pas envie d'être si vulnérable et déjà si éprise. Elle dessine alors un sourire sur sa bouche, un faux sourire qui n'ôte aucune tristesse de ses yeux.

« Vas-y, alors, Sirius. A bientôt. »

Sirius enferme le visage de Julia dans ses mains et lui dépose un chaste baiser sur les lèvres.

« A dans quelques jours. Tu me préviens, si tu as besoin, Julia. »

Elle acquiesce. Sirius se recule, va dans l'entrée de la maison, et un ploc se fait entendre, résonnant dans les couloirs. Julia referme le gilet autour d'elle, et se mord les lèvres pour ne pas pleurer. Cela l'agace qu'elle n'arrête pas de pleurer ces derniers jours.

Julia frissonne, se sentant abandonnée. Elle débarrasse la table de la cuisine, et se prépare à aller libérer ses bêtes, Twister étant déjà sur le pied de guerre. Elle resserre encore les pans de son gilet sur elle. Il fait un froid de canard.

End Notes:

J'espère que la lecture vous a été agréable, n'hésitez pas à laisser une review si vous le souhaitez, je vous répondrai avec plaisir. A bientôt !

Journaliste, piaf et sorcier mécontent by Sifoell
Author's Notes:
Bonjour tout le monde,

Je publie une mise à jour un peu tardivement parce que je suis en mini déménagement chez moi donc j'avais un peu de pain sur la planche.
Je pense qu'à partir de ce chapitre, je suis hors concours par rapport à la Saison du Phénix, organisé par Seonne, vu que le délai est dépassé.
Je pense que la fic ne comptera pas plus de cinq à dix chapitres de plus à partir de maintenant.
J'espère que la lecture vous plaira et n'hésitez pas à laisser un message ;)

Julia a été une véritable tornade ces deux derniers jours. Elle a nettoyé la maison du sol au plafond, ainsi que la grange, bien qu'elle n'en avait pas vraiment besoin. Elle a laissé quelques mots dans le carnet pour Sirius qui n'a pas répondu. Cela l'attriste mais elle se laisse emporter par son énergie débordante, chouchoutant ses animaux, peignant les lapins, nettoyant et cardant la laine, puis la filant jusqu'à ce que ses doigts s'abîment.

Impossible pour elle de se poser un seul instant, emportée par sa propre nervosité, cette énergie débordante. Julia mange en quatrième vitesse, puis, le soir, se met sous une lampe liseuse pour se mettre à tricoter un châle d'une finesse qu'elle n'a jamais égalé. Il lui semble qu'elle n'a jamais été aussi douée, aussi efficace, en tout.

D'un geste négligent, elle se gratte les mains et ne remarque pas son doigt légèrement rouge et enflé, et les petits points marquant la morsure du gnome de jardin. Au petit matin, n'ayant pas dormi une seule minute, Julia est devant son thé et ses tartines quand elle va prendre une douche et se changer. Alors qu'elle va s'occuper de sortir les animaux de la grande, elle entend un gros pop qui vient de la grille. Elle se précipite mais réfrène son enthousiasme quand elle voit une femme blonde en tailleur vert vif. Julia s'essuie les mains sur son tablier et marche tranquillement à la rencontre.

« Julia Langford ? Bonjour, je travaille à la Gazette du Sorcier... commence la sorcière avant que Julia l'interrompe.

« Bonjour », Julia tend sa main et serre celle, gantée, de la sorcière. Julia est dans un état d'excitation difficile à gérer et cligne des yeux.

« Oui... Comme je vous le disais, je suis journaliste à la Gazette du Sorcier, j'ai aussi écrit des ouvrages sur Albus Dumbledore et la dernière guerre... »

Julia s'illumine.

« Vous êtes Mara Southgate ? J'ai lu votre livre sur la guerre, très éclairant d'ailleurs, même pour quelqu'un qui, comme moi, n'a pas du tout connaissance du monde sorcier. »

La sorcière blonde à la coiffure impeccable s'arrête un instant puis lui adresse un immense sourire.

« Oui, je suis Mara Southgate. Je souhaiterai vous interviewer sur votre rôle dans le retour de Sirius Black à la vie. »

Julia ouvre alors le portail et laisse entrer la journaliste. Derrière elle flotte un parchemin qu'une plume griffonne.

« Puis-je prendre quelques clichés ? » demande Mara, sûre d'elle.

« Oh, bien sûr... »

Un appareil photo antédiluvien surgit alors du sac de la journaliste, flotte dans l'air, et se met à prendre des photos du paysage, de Julia qui cligne des yeux, aveuglée par le flash.

« Je voulais vous dire, Mme Southgate, que j'ai vraiment apprécié le livre que vous avez écrit sur la dernière guerre. Je l'ai trouvé très bien tourné, très historique. Rigoureux dans la recherche et la qualité des témoignages, et loin de tout sensationnalisme. » continue Julia.

La journaliste dessine un sourire carnassier sur ses lèvres impeccablement soulignées de vermillon.

« Et où avez-vous lu cet ouvrage ? »

« Chez Harry Potter, il était dans la chambre de Regulus Black, le frère de Sirius qui est mort pendant la guerre... »

Quelques heures plus tard, Julia est toujours intarissable sur son séjour dans le monde des sorciers, sur ses rapports avec Sirius, les Potter, la découverte de ses origines, et sur l'entretien qu'elle a eu avec Severus Rogue au sujet de Philomena Fletcher, « sa femme », et son passage à travers le Voile qui a permis la libération de Sirius. Quelque part dans son esprit une alarme sonne, le manque de sommeil, le fait qu'elle parle trop, beaucoup trop, qu'elle n'arrive pas à réfléchir, et a-t-elle bien mangé depuis ce matin, d'ailleurs ? Mais ses yeux se posent sur une écharpe de lin oubliée par Sirius, et elle enfouit son nez dedans, à la recherche de son odeur, ce qui n'échappe pas au regard aigu de la journaliste ni au flash de son appareil photo. Ensuite, à la demande de la journaliste, suivies par le rouleau de parchemin et l'appareil photo qui flottent dans l'air, Julia fait le tour de la maison, présentant les diverses pièces et les souvenirs se rapportant à Sirius. Un moment, dans le grenier encombré de meubles vieillots, la blonde s'arrête dans un coin de la pièce, et marmonne quelque chose, avant de prendre peur, sans que Julia ne remarque quoi que ce soit, occupée à montrer le plancher sur lequel a reposé Sirius la première nuit, et la fenêtre maintenant réparée. La journaliste, l'esprit encombré par la multitude d'informations, de souvenirs, et fatiguée par Julia qui n'arrête pas de pépier, allant dans tous les sens, prend congé dans le milieu de l'après-midi avec la vague impression que cette femme est complètement cinglée, tout en adressant un de ses faux sourires à la femme échevelée et aux yeux rougis qui lui fait coucou de la main au portail de la ferme.


Julia, pas le moins du monde apaisée, repart dans un tourbillon de tâches ménagères, électrique, ne pouvant pas se poser un instant. Elle mange de nouveau sur le pouce, tout en regardant d'un œil l'immense pièce de laine qu'elle a réalisé cette nuit au crochet, à la lumière de la lampe liseuse qu'elle a laissé allumée. Elle met autour de son cou, dans un geste puéril et énamouré, l'écharpe de lin oubliée par Sirius et s'enivre de son odeur, avant de se mettre à cuisiner une partie de la nuit.

Julia ne se rend pas compte qu'elle enchaîne une deuxième nuit blanche, et qu'elle a quasiment vidé tous ses placards et cuisiné pour un régiment alors qu'elle est seule. Elle s'arrête un instant et s'assoit, approchant d'elle le carnet de Sirius qui n'a pas répondu à ses « coucou », « tu me manques ». Elle ajoute alors, la langue pointant entre ses lèvres, « j'ai eu la visite d'une journaliste charmante, aujourd'hui. Cela m'a fait du bien. » Et elle fond en larmes sur le carnet qu'elle repousse. D'un geste négligent, elle se gratte la main qui est rouge et chaude, mais elle ne remarque pas que sa blessure au doigt se propage insidieusement dans ses chairs. Elle renifle, passe une main sur ses joues qu'elle essuie dans l'écharpe de Sirius, et, trouvant la solitude pesante, entreprend de continuer à la combler de mouvements, de gestes, de tâches les unes après les autres, sans que l'épuisement ne la gagne le moins du monde.

Quelques heures plus tard, alors que le jour se lève à peine, il y a un vacarme de tous les diables dans la grange, et Julia s'y précipite, ainsi que Twister. Elle ouvre grand les portes, et dans une mouvement affolé, les chèvres, les ânes et quelques poules s'enfuient dans une envolée de plumes et de cris. Julia a un temps d'arrêt, observant les portes des clapiers arrachés, les lapins qui courent partout dans la grange, et l'immense... truc... à défaut d'autre chose, qui leur court ou vole après, les attrapant entre ses serres et les déchiquetant avec son bec.

« Non... » s'échappe des lèvres de Julia. Twister se met à grogner et à aboyer comme un dératé et à foncer vers la créature qui a la taille d'un cheval, une tête d'oiseau de proie, des serres et des ailes immenses. La créature se rapproche dangereusement du chien, et Julia fonce à son tour, donnant un coup à Twister qui glapit et bat courageusement en retraite, aboyant de toute sa voix. Julia se retrouve alors, pantelante, debout face à la créature qui s'avance, la tête balançant. Julia répète alors d'une voix plus franche un « non ! » qui claque dans le silence tout relatif de la grange, et la créature piaffe, tape le sol d'un sabot, étend ses ailes et sa tête vers l'avant. Julia répète « Non, dehors ! » tout en désignant la porte de la grange ouverte derrière elle. Mais la créature se cabre, les serres près, bien trop près de Julia qui recule, trébuche et atterrit durement sur le sol. Elle sent alors les serres lacérer les bras qu'elle a mis devant elle, frêles remparts, son flanc, ses genoux. Puis le bête se rapproche de sa gorge, et il lui semble que la bestiole renifle le foulard, jusqu'à musser son bec dans le cou de Julia qui tremble de tous ses membres. La créature recule alors, et elle semble sentir une piste, l'odeur de Sirius ? Elle quitte alors la grange par la porte laissée ouverte et un énorme fracas laisse penser à Julia qu'elle vient, quelques instants après, de briser la porte d'entrée.


Julia a bien essayé de nourrir l'animal, mais il s'est fait un festin de ses lapins et de ses poules. Ses chèvres l'évitent soigneusement, de même que Twister qui ne les quitte pas d'une semelle, mais les ânes ne semblent pas en avoir peur et acceptent placidement son auguste présence. Essuyant une larme, Julia retourne à la maison pour y trouver de la viande crue, parce que vu la taille du bestiau, il aura bientôt faim. Elle trouve dans le congélateur un poulet qu'elle entreprend de décongeler au micro-onde, et des steaks. Ne sachant que faire, elle sort toute sa viande crue du congélateur et la pose sur le comptoir de la cuisine. Sa maison est dans un état pas possible. Non content d'avoir défoncé la porte d'entrée, l'animal a laissé des grandes plumes grises partout sur son passage, des traces de serres et de sabot sur les murs et le plancher, les escaliers. Chaque porte fermée a été méticuleusement défoncée. Et quelques fenêtres aussi, quand il a voulu sortir. Julia est convaincu qu'il cherche Sirius. Alors, avant même de panser ses plaies qui sont bien moches, elle laisse un dernier message rageur sur ce fichu carnet.

« VIENS CHERCHER TON PIAF ! »

Et bien entendu, aucune réponse.

Julia essaie de refermer des portes que l'animal enfonce, il ne supporte pas de ne pouvoir circuler comme il l'entend alors, de guerre lasse, Julia laisse tout ouvert. Elle va dans la salle de bain, sans s'enfermer, et fouille dans l'armoire à pharmacie. Elle arrose abondamment d'alcool les lacérations sur ses bras, ses jambes, celle de son flanc qui est superficielle, et en découvre même une qui part de sa mâchoire, à côté de son oreille, pour finir sur sa clavicule. Elle se sent complètement fourbue et grimace devant les picotements. Elle regarde un instant son visage dans le miroir, se trouve pâle, vraiment très pâle, ses yeux bleus sont injectés de sang. Les plaies de ses bras et de son genou mériteraient quelques points, mais qui appeler ? Aller à l'hôpital ? Et que dire ?

Et Sirius qui ne répond pas...

La poudre de cheminette ! Julia dévale les escaliers, trouve le sac de velours contenant la poudre de cheminette, va dans sa cheminée, prend une poignée de cheminette, prononce « Square Grimmaurd », et tombe à quatre pattes dans la cheminée chez Harry. Elle tousse, lutte contre l'envie de vomir, et appelle, en proie à une panique grandissante. Mais personne ne répond, si ce n'est les hurlements de Walburga dans l'entrée. Julia appelle Kreattur, Harry, Ginny... Personne ne répond. Elle écarte les rideaux de velours de Walburga, et salue en tremblant la matriarche hystérique qui crie à l'invasion de sa maison par le sang impur. Julia s'agace alors.

« Je suis la fille de Benjy Fenwick et Dinah Langford, tous deux sorciers, et la petite fille d'Elusia Thorpe, sorcière elle aussi. J'ai besoin d'aide. Où est Harry Potter ? »

Les hurlements suraigus lui répondent, incohérents.

« S'il-vous-plaît, Walburga. Dites à Harry que Julia Langford est venue et qu'elle a besoin d'aide chez elle. C'est urgent. »

La voix fluette dans sa gorge serrée, Julia repart dans la cheminée et prononce « Rouge Nez des Landes » en jetant une poignée. Elle atterrit à quatre pattes chez elle, serre les dents pour ne pas vider le contenu de son estomac, et va se passer un coup d'eau sur le visage dans sa cuisine. Puis, elle ressort, pour chercher l'animal et voir s'il a fait des dégâts et croqué ses chèvres ou son chien. Alors qu'elle tourne pour aller à la grange, elle entend un pop retentissant à son portail. Elle trotte vers lui, les yeux fixés sur la haute silhouette floue.

« Sirius ? » demande-t-elle.

La silhouette toute de noir vêtue se retourne, et elle reconnaît la trogne de Severus Rogue, qui tient, froissé dans sa main serrée, un journal.

« Pouvez-vous me dire ce que cela signifie ? » agite-t-il le journal sous son nez. Puis les yeux noirs s'agrandissent, regardant dans quel état est Julia. Les yeux rouges, du sang sur les manches, le flanc, la jupe. Une vilaine griffure sur la clavicule. Une main de fer se referme sur le bras de Julia qui vacille.

« Venez ! »

Julia suit, ou plutôt, se laisse traîner par Severus, quelque part rassurée de la présence d'un sorcier qui peut l'aider. Il entre dans la maison, traverse l'entrée en trébuchant sur les débris de la porte qu'il referme derrière lui.

« Laissez ouvert, il va la rouvrir sinon. »

« Qui ça ? » marmonne le sorcier.

« Le piaf. »

Severus se tourne vers Julia, avise le salon et le canapé et l'assoit brusquement.

« Quel piaf ? » Severus sent qu'il perd patience.

« C'est un mélange de cheval et d'aigle. Ça a des ailes. C'est énorme. »

« C'est lui qui vous a fait ça, je présume. »

Julia acquiesce. Severus ouvre les boutons des manches de Julia et grimace devant les lacérations qui suintent.

« Je n'ai pas eu le temps de les panser. Il est arrivé il y a quelques heures, et il a... »

Julia se recroqueville sur elle-même, secouée par un sanglot. Severus pince les lèvres, sort sa baguette et la pointe sur les blessures de Julia en marmonnant.

« C'était donc vrai... » grogne-t-il pour lui-même.

« Quoi ? »

« Ce torchon dit que vous êtes insensibles aux sortilèges. Le journal. » précise-t-il voyant que Julia ne suit pas. Puis ses yeux se posent sur le bras de Julia, rouge et chaud, et sur les petites traces de morsure sur son index.

« C'est quoi, ça ? »

« Oh, ça ? J'ai été mordu par un gnome de jardin. »

« Quand ? »

« Il y a deux jours, au square Grimmaud. Mais Kreattur a dit que ce n'était pas dangereux, qu'ils n'étaient pas venimeux, et qu'ils pouvaient provoquer comme un élan créatif. » Julia précise, avec un geste vague de la main montrant son salon. Le regard de Severus s'accroche quelques instants sur l'immense châle en laine fine qui repose sur un fauteuil à côté de la fenêtre. Il se lève brusquement, va dans la cuisine, avise la dizaine de pâtisseries qui a été faite dans divers plats, ouvre le frigo et le découvre rempli à ras bord de plats cuisinés. Son regard se promène sur la viande qui décongèle sur les plans de travail. Il jette un œil à Julia en repassant dans le salon, et monte les escaliers, à la recherche de la salle de bain et de la pharmacie. Il pince le nez en voyant les traces de griffures et de sabot sur le sol et les murs, évite les vitres brisées et entre dans la salle de bain du palier, où il fouille dans l'armoire à pharmacie laissée ouverte. Il prend le panier à linge et le remplit du contenu de la pharmacie, puis redescend rejoindre Julia qui n'a pas bougé.

« Où est l'hippogriffe ? » demande Severus.

« Le quoi ? »

« Le piaf. Il est où, le piaf ? »

« Dans la grange, il s'entend bien avec les ânes. » sourit Julia.

Severus farfouille dans les médicaments qu'il a trouvé, lit quelques notices.

« J'ai essayé de joindre Sirius avec son carnet, mais il ne répond pas. Et il n'y a personne chez Harry. »

Severus écarte quelques médicaments, et en pose certains à côté de Julia.

« Défaites-vous. »

« Pardon ? »

« Déshabillez-vous, il faut que je vois vos blessures pour vous soigner. »

Julia se lève, vacillante, et ôte sa robe de ses mains tremblantes. Elle rougit, ne regarde pas Severus dans les yeux, et se rassoit, fermant ses bras sur sa poitrine. Severus ressort sa baguette,la pointe sur la robe, prononce un mot que Julia ne comprend pas, et sa tête se redresse brusquement. Il regarde autour de lui, plissant les yeux, marmonnant des trucs en latin en pointant sa baguette en l'air. Julia frissonne soudain et prend sa robe dont elle se couvre.

« Bonjour Madame. » dit Severus.

« Pardon ? » demande Julia.

Le regard de Severus se pose sur Julia et quelque part dans l'air.

« Il faut lever les barrières si vous voulez que je l'aide. » dit Severus.

Le regard de Julia se promène dans l'air.

« Mais vous parlez à qui ? » demande-t-elle ?

« Au fantôme de votre grand-mère. » annonce Severus en serrant les dents, s'attendant à une crise de nerfs chez la jeune femme.

« Pardon ? » s'exclame-t-elle.

« Donc, vous ne la voyez pas. » murmure-t-il. Puis, il ajoute « Depuis combien de temps n'avez-vous pas dormi ? »

« Le fantôme de ma grand-mère ? Vous plaisantez ? Elle est où ? Pourquoi je ne peux pas la voir ? »

Severus qui n'a pas envie de supporter une crise d'hystérie, prend une des boîtes de médicaments qu'il avait écarté, relit la notice en ignorant les questions et l'agitation de Julia, et enlève un comprimé de l'opercule. Puis, regardant dans quel état est Julia, il en ôte un deuxième. Il se lève, va chercher un verre d'eau dans la cuisine, sourd aux questions sans fin de Julia, à sa voix qui monte dans les aigus et finit sur des sanglots. Il revient auprès d'elle, la rassoit d'autorité sur le canapé, et lui tend les deux comprimés et le verre d'eau.

« Le fantôme de votre grand-mère se tient à côté de la cheminée. Vous êtes épuisée, vous allez prendre cela, et je vais vous soigner. Je vais voir avec votre grand-mère pour lever les boucliers anti-magie qui englobent je pense toute votre ferme. Je m'occupe de tout, ne vous inquiétez pas. Maintenant, prenez ça, parce que l'infection gagne votre bras. »

Julia hésite, mais le regard implacable de Severus la convainc. Un peu à contrecoeur, elle prend les deux somnifères arrosés d'un verre d'eau.

« Comment avez-vous contacté Sirius Black ? » demande la voix profonde de Severus.

« Le carnet sur la table de la cuisine, à côté de la poudre de cheminette. J'écris à gauche avec la plume et il répond à droite. » balbutie Julia dont les pupilles grandissantes assombrissent son regard.

« Et vous avez essayé d'aller chez les Weasley ? »

Julia fronce les sourcils.

« Au Terrier. Vous avez essayé de voir Arthur et Molly ou quelqu'un d'autre ? »

Julia secoue la tête.

« J'ai oublié pour le Terrier, et à part là, je n'ai aucune idée pour aller chercher de l'aide. » La tête de Julia est lourde et ses yeux se ferment, emportée par la vague du sommeil.

End Notes:
J'étais partie dans l'idée au début de séparer tous ces événements en deux chapitres, mais au final, j'ai fait un groupir. J'espère que cela ne fait pas trop d'un coup (il lui en arrive, des choses à la pauvre Julia !!!

J'espère que la lecture vous a été agréable, je pense pouvoir publier de nouveau un peu plus régulièrement.
Le dernier sera le premier by Sifoell
Author's Notes:
Nous avons laissé Julia en mauvaise posture avec Severus Rogue bien embarrassé.
Je me suis beaucoup pris la tête sur le fait de rester sur ce qu'il se passe chez Julia, et éventuellement aller montrer ce qu'il se passe du côté de Sirius, mais au final, j'ai décidé de rester chez Julia, avec Severus, qui comprend ce que Julia n'est pas en capacité de comprendre. Parce que Severus, c'est pas le dernier des imbéciles, je pense...
J'espère donc que la lecture vous sera agréable ;)
Je me tâte aussi pour finir la fic dans pas trop longtemps et réfléchit à la manière de le faire.
Quand j'aurai pris une décision, je vous en ferai part.

Les lèvres pincées, luttant contre l'envie de faire tout autre chose, les yeux noirs se promènent sur la longue silhouette blanche de Julia, cachée par la robe fleurie dont elle a couvert sa peau. Severus ferme les yeux, agacé. Ne sachant pas si elle sait bien se servir du réseau de cheminée, Severus se dirige vers elle, jette une poignée de poudre de cheminette dans la cheminée, attend que les flammes vertes se montrent et y plonge sa tête en prononçant « Square Grimmaurd. »

Voyant le salon des Potter, Severus appelle Harry, puis Ginny. N'obtenant pas de réponse, il appelle Kreattur, parce que non, il est hors de question qu'il appelle le cabot. La petite silhouette de Kreattur apparaît, ses yeux globuleux flottant dans leurs orbites. Un sourire timide se forme sur ses lèvres parcheminées.

« Maître Severus ? »

« Kreattur, je cherche Harry... »

« Maître Harry Potter n'est plus le maître de Kreattur. »

« Bien. Je cherche Sirius, alors », et Severus a l'impression de vomir ces mots.

La petite voix de Kreattur retentit, chantonnant.

« Maître Sirius n'est plus le maître de Kreattur. »

Les rouages du cerveau de Severus se mettent en route.

« Mais qui est alors ton maître ? »

« Le Maître est revenu, Maître Severus. Le Maître bien aimé de Kreattur, qui a lutté contre le Seigneur des Ténèbres. Le digne héritier de la Très Noble et Ancienne Famille des Black ! »

Kreattur bat des mains et esquisse quelques pas de danse, faisant éclater sa bulle de bonheur. Severus discerne derrière lui une haute silhouette longiligne à l'aspect négligé, et une femme à ses côtes, qui s'approchent de la cheminée. Quand Severus voit l'homme brandir sa baguette vers le foyer de la cheminée, il retire immédiatement sa tête et tombe sur les fesses, surpris. Il est pourtant difficile de surprendre Severus Rogue, parce qu'il prévoit toujours tout, qu'il a toujours plusieurs coups d'avance. Mais là, ce qu'il vient de voir dépasse tous les pronostics les plus farfelus de Severus.

Severus jette un œil à Julia qui dort toujours sur le canapé, puis entre dans la cheminée, y jette une poignée de poudre de cheminette, et prononce « Le Terrier ». Il arrive dans le salon des Weasley, une maison qui est toujours remplie de rouquins, d'enfants, et d'adultes bien trop blagueurs à son goût. Il y règne une sorte de joyeux désordre permanent. Arthur est dans un fauteuil, un de ses innombrables petits enfants sur les genoux. Il se retourne en souriant, puis ce sourire s'efface, surpris.

« Severus... Que viens-tu faire ici ? »

Severus sort de la cheminée et s'époussette sur le tapis du salon.

« Je présume que les Potter et Black sont ici. »

« Oui... Il y a de nouveau des problèmes au niveau de l'héritier des Black, comme quand Sirius est sorti du Voile. Ils ont de nouveau été à Gringotts pour essayer de régler l'affaire, mais personne n'y comprend rien apparemment. Sirius a choisi de laisser une partie de son héritage au profit de Harry dont il a fait son héritier, il a donc la maison, Kreattur et une partie du contenu du coffre. »

« Bien. Et bien tu peux les rappeler et leur dire de discuter avec le véritable héritier de la Très Noble et Ancienne Famille des Black. Regulus Black est à Square Grimmaurd. »

Les yeux bleus d'Arthur clignent plusieurs fois, le temps de comprendre ce qui vient d'être dit.

« Mais, il est mort il y a une vingtaine d'années ? »

« Il était très vivant quand je l'ai vu. »

Arthur se lève brusquement du fauteuil, calant l'enfant contre sa hanche. Il se dirige vers le jardin.

« Harry ! Ginny ! Sirius ! »

Severus lève les yeux au ciel, et n'ayant surtout pas envie de s'expliquer avec le cabot, retourne dans la cheminée et passe chez lui. Il réunit diverses potions, onguents, philtres et ingrédients dans ses étagères surchargées. Puis, les bras chargés, se rend dans sa bibliothèque et plisse les yeux à la recherche d'un petit livre à la couverture de cuir noir. Accroître sa magie, le petit livre noir de la captation magique. Il l'ajoute à sa brassée, puis cherche un gros livre bleu. Blessures magiques, niveau 3, qu'il prend aussi. Il retourne alors chez Julia qui dort toujours sur son canapé. Adossée contre les coussins du canapé, elle est en train de doucement glisser sur le côté, et ses mains ont lâché la robe, dévoilant un soutient-gorge fleuri et une peau diaphane. Severus dépose le contenu de ses bras sur la table basse, puis va récupérer une couverture tricotée qui est jetée négligemment sur le fauteuil près de la fenêtre, et il la couvre.

Il part alors dans la cuisine et se met au travail. D'un coup de baguette, la multitude de plats que Julia a concocté pendant ses longues nuits et journées s'envole et va se ranger dans les placards. Severus ignore les menaces du fantôme de la grand-mère qui ne veut pas le voir là, et se raidit quand il entend le gros piaf entrer dans la maison et lever le bec en l'air, visiblement à la recherche du cabot. Bien que le sorcier n'aime pas les animaux, il sait comment agir avec les hippogriffes et s'incline profondément, le temps qu'il se lasse de lui et s'en aille près de Julia, jouant à faire bouger son bras à petits coups de bec. Severus a préparé tous les ingrédients pour réaliser des potions de soins, puis il parcourt rapidement le livre sur la captation magique qu'il a ramené, histoire de confirmer son soupçon : la grand-mère de Julia lui a volé sa magie pour éviter qu'elle ne se manifeste et l'élever comme une Moldue, s'effrayant de la puissance du Seigneur des Ténèbres après la mort de son fils Benjy Fenwick puis de sa belle-fille. Problème : Severus a besoin de la baguette de la vieille dame, et vu tout le foin qu'elle fait dans son dos, le menaçant des pires maux s'il ne quitte pas sa maison et sa petite fille, il n'est pas sûr de sa collaboration... Mais tant pis, il tente quand même.

« Elusia Thorpe. Je sais qui vous êtes, votre petite fille Julia a beaucoup parlé à une certaine journaliste, et l'article qu'elle a rédigé, dicté par votre fille, a fait les choux gras de la presse ce matin. Tout le Royaume Uni Sorcier doit être en train de parler de votre famille maintenant. Elle est blessée, elle a été mordue par un gnome de jardin, et lacérée par un hippogriffe. Le venin du gnome est en train de la tuer à petit feu. Où est votre baguette pour que je lève les dernières barrières que vous avez érigé, et que je rende sa magie à votre petite fille ? Ses blessures nécessitent un traitement magique, sinon il y aura au coucher du soleil un deuxième fantôme ici. »

Le fantôme volette autour de lui, comme un immense insecte cherchant à l'attaquer. Severus le fixe d'un regard froid, patientant. Dans le salon, Julia frissonne, et se blottit sous la couverture, poussant un petit gémissement. Severus tente alors le tout pour le tout et défait les boutons de sa manche gauche qu'il retrousse, révélant un tatouage pâlissant de plus en plus. La Marque des Ténèbres s'estompe, comme s'estompent les souvenirs que le Seigneur des Ténèbres a laissé derrière lui depuis sa mort. Bientôt, il n'en restera plus rien.

« Il est parti, le Seigneur des Ténèbres. Votre petite fille ne risque plus rien. Soyez raisonnable, j'essaie juste de la sauver. »

Le fantôme de la vieille dame devient plus tangible, observant avec attention l'avant-bras dénudé, puis le visage de Severus, y cherchant le signe d'une tromperie et n'y trouvant rien.

« Suivez-moi », dit-elle alors, et elle volette dans le salon, monte les escaliers menant au premier, puis ceux menant au grenier. Elle se dirige vers un secrétaire, et désigne un tiroir. Severus force un peu sur ce tiroir qui résiste, et dans un fouillis de vieilles dentelles, de boutons, et d'objets brisés, y découvre la baguette de merisier d'Elusia Thorpe, portant un ventricule de dragon en son cœur. Il s'en saisit en s'inclinant vers le fantôme.

« C'est bien un bouclier érigé, et une captation de magie, Mme Thorpe ? »

« Oui » dit-elle dans un sifflement glacé.

« C'est de la magie noire, Mme Thorpe. Vous deviez être désespérée. »

« Oui », répète-t-elle dans une voix de blizzard.

« Et ce n'est bien que votre baguette qui peut annuler ces deux sorts ? »

« Oui. Faites-le. Libérez-la. Délivrez-la de mes erreurs. »

« Vous avez fait ce que vous pensiez juste. Peut-être avez-vous eu raison. »

Severus se saisit de la baguette de merisier, dessine un mouvement compliqué dans l'air en marmonnant « Collapse clypeus ». Puis il regarde autour de lui, satisfait, et rejoint Julia dans le salon, profondément endormie. Le fantôme le suit à la trace. Il dessine des arabesques en partant des pieds à la tête de la jeune fille, puis de la tête à ses pieds. « Princeps magicae. » Une vague de froid s'extirpe du fantôme et traverse l'espace entre la grand-mère et la petite fille, venant envelopper Julia comme une aura magique bleutée qui se dépose autour d'elle tel un film sur sa peau qui se fait absorber par son corps.

« Bien, maintenant je vais pouvoir la soigner, Mme Thorpe. Vous avez bien fait. »

Severus se penche sur la jeune fille endormie, et dépose à côté d'elle, sur la table en bout de canapé, la baguette d'Elusia. Il contrôle la température de Julia avec sa baguette, marmonne quelques incantations permettant de repousser l'infection et de faire sortir le venin de gnome par la morsure qu'elle arbore encore, discrète, sur son index. Puis, il se rend dans la cuisine, fait apparaître un chaudron, et prépare du philtre du dictame et des baumes cicatrisants. Quand tout cela est prêt,il revient auprès de la jeune fille, ôte la couverture et la robe la couvrant, et étale le dictame puis les baumes sur ses blessures,le tout sous le regard inquisiteur du fantôme qui ne rate pas un de ses gestes. Il contrôle de nouveau sa température, qui baisse progressivement, et la recouvre. Elle est partie pour dormir une douzaine d'heures encore.

Severus se rend alors dans la cuisine, ouvre le carnet fermé, y lit les messages laissés par Julia, et le « VIENS CHERCHER TON PIAF » le fait presque sourire. Appliqué, il saisit la plume, et ajoute « Le Prince de Sang Mêlé vient de sauver la jeune îlienne d'une mort certaine. Quelque chose de bien trop compliqué pour un simple cabot qui ne sait pas rester mort. »

Puis Severus cherche un bout de papier et un crayon, et griffonne au dos d'une enveloppe qu'il laisse à côté de Julia un petit mot.

Vous avez été très imprudente de révéler tant de choses à une sorcière comme Rita Skeeter. Je venais vous le dire quand je vous ai trouvée dans un si sale état, une autre de vos imprudences, et de celles des sorciers dont vous vous êtes entourée. J'ai discuté avec le fantôme de votre grand-mère, ai fait effondrer le bouclier protégeant votre maison, et ai libéré votre magie que votre grand-mère vous avait volé pour vous protéger des Mangemorts et du Seigneur des Ténèbres. Félicitations, vous êtes une sorcière. J'ai soigné vos blessures, vous irez mieux quand vous vous réveillerez. Je souhaite vous rencontrer au sujet de Philomena, vous pouvez venir chez moi par votre cheminée, dites « Impasse du Tisseur ». Concernant le gros piaf, c'est un hippogriffe. Je vais contacter l'imbécile qui ne s'est pas rendu compte de son absence pour qu'il vienne le chercher. Quant à Sirius Black, il est au Terrier, vous pouvez y accéder par votre cheminée aussi.

Reposez-vous bien et venez me voir quand vous irez mieux, d'ici quelques jours.

Cordialement,

Severus Rogue.

Là-dessus, Severus rassemble ses ingrédients, et ses livres, et laisse derrière lui suffisamment de philtre de dictame et de baumes cicatrisants pour que la jeune fille finisse de se soigner. Le clébard pourra peut-être lui expliquer à quoi ça sert. Avisant par la fenêtre de la cuisine l'hippogriffe qui piaffe d'impatience, Severus récupère un des poulets décongelés sur le plan de travail, siffle, et le jette par la fenêtre. Puis il retourne chez lui par la cheminée.

End Notes:
Alors, ces révélations ?
Déjà, la question de comment Severus a su que Julia était une sorcière, en écoutant le fantôme de la grand-mère. Sirius le savait aussi, mais a préféré rejoindre Remus pour la pleine Lune qui a eu lieu trois jours avant (et après, problème d'héritiers des Black).
J'insiste sur le fait que cette fic est liée à la fois à Drago au Pays des Moldus (je vous dirai pas pourquoi parce que cela n'est pas encore expliqué dans Libéré par effraction) et à Menteurs Voleurs tricheurs (pour Philomena qui a franchi le voile, libérant Sirius).
Fantôme, demi-géant et héritier des Black by Sifoell
Author's Notes:

Bouh, quelle honte, j'avais un chapitre d'avance que j'ai complètement oublié de publier, donc le voici.

Nous voyons ici la résolution de quelques interrogations (pas toutes, pas encore), et la confirmation que Regulus Black est bien vivant (sans l'explication, Regulus faisant partie de deux autres fics, je suis en train de me prendre le chou sur comment lier les trois fics qui se passent à trois époques différentes, donc je vous remercie d'être patient, dans ma tête c'est cohérent, mais pas encore sur le papier).

J'espère que la lecture vous sera agréable. Encore un chapitre un peu bordélique, parce que, faut l'avouer, vivre avec Julia ou Sirius c'est un peu n'importe quoi...

Quelque chose de doux et chaud est couché contre Julia qui caresse d'un air absent son chien, enfin, pense-t-elle que c'est son fidèle Twister. Les yeux de Julia papillonnent un peu et s'ouvrent, elle est vraiment dans le brouillard. Elle se demande d'abord pourquoi elle dort dans le canapé, puis tourne la tête et voit la grosse tête d'aigle qui ferme les yeux tandis que sa main, presque par habitude, continue de la flatter. Julia a un moment un peu peur, mais le piaf semble calme, alors Julia le caresse en souriant.

« Bonjour, toi... Ca va, tu es bien installé ? »

Une soudaine nausée la saisit et elle ferme les yeux et serre les dents, avant de s'extirper brusquement du canapé, et de filer dans les escaliers pour entrer à toute vitesse dans la salle de bain, s'effondrer au sol, et vider son estomac. Puis, elle s'assoit par terre, le temps de reprendre son souffle, et de se rendre compte qu'elle est en slip et soutien-gorge, et qu'elle porte toujours le foulard de Sirius autour du cou. Julia se décide à se prendre une douche pour éliminer les traces du sommeil, et se brosser les dents aussi. Après avoir fait tout cela, elle se sent déjà mieux, mais a perdu toute notion du temps. Elle passe dans sa chambre pour s'habiller, remarque son lit défait, et la nuit qu'elle a passé avec Sirius lui revient en mémoire, puis son départ, puis l'arrivée de la journaliste, du piaf, et... Elle n'a pas beaucoup dormi, a vidé le contenu de ses placards et de son frigo pour cuisiner pour un régiment, a cardé, filé, tricoté et crocheté plus que de raison. Et le gros piaf l'a blessée, et Severus est venu l'aider, non ? Elle a du mal à se souvenir dans quel ordre ou désordre tout cela s'est déroulé, mais par contre elle se souvient bien que Sirius n'a pas répondu à ses messages, qu'elle n'a trouvé personne au square Grimmaurd.

Julia récupère des vêtements à laver, et va pour faire un peu de ménage chez elle vu que le gros piaf a méticuleusement détruit un paquet de fenêtres et de portes.

« Severus ? » appelle-t-elle, mais personne ne lui répond.

Elle commence à balayer les bris de verre en dessous des fenêtres du salon quand une voix bien trop familière la fait s'arrêter, et se retourner doucement à l'appel de son nom.

Là, près de la cheminée, volette le fantôme de sa grand-mère, tout de gris paré et un peu transparent. Julia laisse tomber balai, pelle, et recule violemment contre le mur, puis se laisse glisser le long, jusqu'à se retrouver assise, hyperventilant et de grosses larmes coulant de ses yeux.

« Mamie ? » coasse-t-elle.

« Oui, c'est moi, Julia... », le fantôme approche doucement, flottant au-dessus du sol, traversant l'hippogriffe dérangé dans son sommeil qui s'ébroue, se lève, et quitte la maison.

« Pourquoi je te vois ? Pour... Pourquoi je ne te voyais pas avant ? Severus te voyait quand il était là... » Rien ne vient à l'esprit de Julia à part cette impossibilité de voir sa grand-mère en fantôme. C'est juste pas possible, cela n'existe pas. Tout comme n'existent pas des piafs sur des corps de chevaux, ou des sorciers.

Elusia se rapproche encore doucement, son doux visage plissé de rides et un sourire tendre sur les lèvres.

« Je suis tellement désolée, Julia. Tellement désolée, je n'aurai pas du le faire comme ça. »

« Faire quoi ? »

« Quand ton père est mort, puis ta mère, j'ai eu tellement peur qu'il ne t'arrive quelque chose aussi, tu étais la seule famille qui me restait, et tu n'avais que deux ans. Je suis une sorcière, Julia, comme mon fils et ma belle-fille. Et tu es une sorcière aussi, mais j'ai fait quelque chose de terrible pour nous protéger et nous cacher au monde des sorciers. Je t'ai volé tes pouvoirs qui ne s'étaient pas encore révélés, Julia, pour t'effacer du monde sorcier, et j'ai érigé un bouclier au-dessus de la maison. Deux rituels de magie noire, et il y a toujours un prix à payer lorsqu'on utilise la magie noire, Julia... »

Julia essuie ses larmes, puis se relève, toujours vaseuse, se sentant complètement vidée de toute énergie.

« Pourquoi tu ne m'en as pas parlé, avant, mamie ? J'ai toujours cru que papa était mort dans un accident d'avion, et que maman s'était laissée mourir de chagrin. Tu m'as menti toute ma vie. »

Julia s'éloigne du fantôme de sa grand-mère, époussette les bouts de verre de sa robe d'un geste absent, et va s'assoir dans le fauteuil qui donne sur la mer, ce fauteuil où elle a pris l'habitude de filer. Et de nouveau, les larmes s'écoulent de ses yeux, toutes seules, comme douées d'une volonté propre. Elle sent la présence du fantôme de sa grand-mère, puis murmure, amère.

« Je t'ai donné toute ma vie. Je suis restée là avec toi jusqu'au bout, parce que tu étais tout ce que j'avais, mamie. »

Puis elle se retourne vers le fantôme, un peu étonnée de pouvoir avoir une conversation cohérente avec sa grand-mère, chose qui ne lui était pas arrivée depuis bien longtemps.

« C'est pour ça que je ne pouvais pas te voir ? Parce que tu avais volé ma magie ? Et c'est Severus qui me l'a rendue, non ? »

Le fantôme hoche de la tête, silencieux. Julia remarque alors que sa grand-mère porte la chemise de nuit qu'elle avait le jour où elle est morte, ses pieds sont nus, et ses cheveux laissés libres, voletant autour d'elle.

« Va-t-en, mamie... Je n'ai plus envie de parler. Il faut que je réfléchisse. »

Une expression d'une tristesse infinie passe sur le visage de la vieille dame, mais Julia détourne la tête, et reste regarder la mer. Il y a trop de choses qui se passent dans la vie de Julia, elle n'arrive plus à les comprendre. Elle a besoin de se poser, de se vider la tête. Des flashs des jours passés lui reviennent, et son regard se pose sur la baguette en bois clair posée sur la petite table en bout de canapé. Julia se lève, intriguée, la prend, et la fait tourner entre ses doigts. Un frisson lui parcourt l'échine jusqu'à faire se dresser les petits cheveux dans sa nuque, puis Julia repose la baguette. C'est alors qu'elle entend ce bruit entêtant qui se rapproche, comme celui d'un petit avion qui vole au-dessus de sa maison. Elle va voir par la fenêtre, mais ne voit rien, et le bruit semble être juste au-dessus de son toit. Julia sort de chez elle par la porte défoncée, et reste saisie, ne comprenant pas ce qu'une moto fout dans le ciel. Une immense silhouette chevelue, barbue, trapue, est juchée sur cette moto qui semble bien trop petite pour elle. Julia suit du regard la vision étrange qui se rapproche du sol et se pose. La moto roule alors jusque devant son entrée. L'homme est monstrueusement grand. Elle avale sa salive et regarde l'homme couper le contact, ôter ses lunettes d'aviateur, et descendre de la moto qui semble gagner une cinquantaine de centimètres une fois le poids ôté de ses essieux.

« Heu, bonjour madame. Le professeur Rogue m'a dit que vous aviez un hippogriffe chez vous. »

Julia descend les quelques marches et se rapproche de l'homme qui doit mesurer ses deux mètres cinquante.

« Oui. J'ai un hippogriffe chez moi. Mais il n'est pas méchant, hein... »

L'homme tend une immense main vers lui, et le mouvement de ses moustaches laisse deviner l'ébauche d'un sourire.

« Je m'appelle Rubeus Hagrid. Vous pouvez m'appeler Rubeus. »

Julia voit sa main disparaître dans la poigne de l'homme qui lui serre avec délicatesse sa main.

« Je m'appelle Julia. »

« Oui, je sais. J'ai lu l'article dans la Gazette... »

Il semble réfléchir un peu.

« Il ne faut pas parler à Rita Skeeter, elle déforme tout... »

« J'ai cru comprendre... »

« Alors, il est où, Buck ? Il est parti hier, j'étais très inquiet... Je pensais qu'il s'était trouvé une compagne, c'est la saison... »

Julia tourne la tête vers la grange, cherchant le gros piaf. C'est à ce moment que Twister fait son entrée en trottant, remarque l'homme immense, et se met à aboyer, tout en reculant, puis en avançant. Julia l'appelle au pied. Les moustaches de l'homme dessinent un sourire qui emplit d'étoiles son petit regard noir.

« Oh, il est tellement mignon. Il s'appelle comment ? »

Et voilà l'homme immense qui se met à genoux et tapote le sol, appelant le chien.

« Il s'appelle Twister, parce que quand il était bébé, il courait en rond pour attraper sa queue. » Julia esquisse un sourire, en miroir de celui de Rubeus qui caresse ce chien beaucoup trop gâté qui lui fait des joies, heureux d'avoir un nouveau copain.

L'hippogriffe arrive en trottant vers eux, suivi par les deux ânes, tandis que les chèvres, elles, le regardent, perchées sur le cabanon, bêlant d'un air méfiant. L'animal se rapproche de Julia et vient renifler son cou avant d'y nicher son bec.

« Il vous a adoptée, on dirait. »

« Il cherche Sirius. Quand il est venu, il s'est approché de mon cou parce que je portais son foulard. »

Le sourire de Julia s'efface au souvenir du massacre qu'il a fait dans sa grange. Tous ses lapins, ses poules. Ses yeux s'ouvrent en grand, et elle porte sa main à sa bouche ouverte.

« Je leur ai pas donné à manger ! » et elle se précipite vers la grange. Elle entend bientôt derrière elle les pas lourds de Rubeus qui se penche pour passer la porte, et regarde d'un air désolé les touffes de poils qui parsèment le sol de la grange, ainsi que les plumes. Il y a également quelques pelotes d'os, de fourrure et de plume, pelotes énormes au vue de la taille de l'hippogriffe. Il s'en est donné à cœur joie, Buck.

« Je vais vous donner un coup de main. »

Julia secoue la tête.

« Non, ce n'est pas la peine. Je vais lui dire au revoir, et vous partez avec lui ? »

Son visage est fermé, triste. Elle n'a plus qu'à nourrir ses deux chèvres et ses deux ânes. Il ne lui reste plus d'autres animaux à part son chien.

« Si vous voyez Sirius, vous pouvez lui dire d'aller se faire foutre. »

Là-dessus, Julia rentre chez elle. Elle retourne à la cuisine, observe le carnet que Sirius lui a laissé et l'ouvre pour découvrir un message qu'elle n'a pas écrit, elle pense que c'est Severus qui l'a noté, a bien compris qu'il n'appréciait pas Sirius, ce qui a l'air bien réciproque. Il n'y a, bien sûr, aucune nouvelle note de Sirius qui l'a bien laissée tomber. Julia serre les dents pour lutter contre l'envie de pleurer, elle n'arrête pas, ces jours-ci. Elle a tout le temps envie de pleurer, ou alors est furieuse. Elle a juste envie qu'on lui foute la paix. Alors, elle prend le carnet, écrit dessus en grand « VA TE FAIRE FOUTRE », puis prend aussi la bourse avec l'argent, et dans la cheminée, y jette une poignée de poudre de cheminette, et prononce « Le Terrier. » Arrivée dans le salon de la nouvelle maison, elle s'agrippe quelques instants au manteau de la cheminée, et ouvre les yeux. Il n'y a personne dans le salon, mais elle entend du bruit. Elle dépose rapidement la bourse avec l'argent que Sirius lui a laissé, puis le carnet, et cherche rapidement le pot de poudre, et avant de disparaître dans la cheminée, voit Molly arriver et l'appeler d'un air incertain.

De retour chez elle, Julia voit l'état dans lequel est sa maison, le fantôme de sa grand-mère qui volette, et tout cela lui est insupportable. Elle en sort tout de suite, appelle Twister, et trotte jusqu'au portail qu'elle franchit, suivi par Twister, ravi d'aller se promener. Julia court ensuite franchement jusqu'aux falaises, a envie de se noyer de bourrasques, de croire que ses joues sont mouillées à cause des embruns.

Puis elle s'assoit sur un rocher, tout près de l'endroit où Sirius lui a été enlevé par les Aurors. Twister, la langue pendant, vient s'allonger à ses pieds et renifler le vent. Julia ferme les yeux, essayant de lutter contre le tourbillon d'émotions qui l'étreint. Le vent joue avec ses cheveux et achève de les emmêler. Elle renifle, mais non, elle ne pleure pas, parce qu'elle en a marre de pleurer. Elle en a marre de cette vie folle qu'elle mène depuis l'arrivée de Sirius. Elle en a marre d'attendre quelque chose de lui, d'avoir été là pour lui quand il en avait besoin, et de n'avoir rien en retour, alors, autant ne rien attendre, non ?

« Julia ? »

La jeune femme se retourne à l'appel de son nom et vois Molly Weasley s'approcher doucement. Et c'est ce qui déclenche de nouveau un vrai torrent de larmes, qui la plie en deux et la fait se recroqueviller sur elle-même. Elle sent rapidement les bras maternels de Molly se refermer sur elle, et l'aider à se lever, avant de la plaquer contre son épaule, tout en lui caressant les cheveux.

« Chut... Tout va bien, Julia... Tout va bien... »

Mais Julia repousse Molly, se détache de son étreinte, essuie d'un geste rageur ses larmes, mais n'arrive pas encore à parler. Elle voit alors arriver sur le chemin Sirius qui paraît furieux, suivi par Remus qui essaie de l'apaiser et Harry qui a un air particulièrement fatigué et blasé peint sur le visage. La voix rocailleuse de Sirius claque dans l'air.

« Je ne peux pas te laisser seule, c'est ça ? »

Julia ne dit rien mais remarque que Sirius porte un énorme sac sur l'épaule, qu'il laisse tomber. Remus passe une main lasse sur son visage et Harry secoue la tête. Sirius sort le carnet de sa veste et le jette au sol.

« Tu veux que j'aille me faire foutre, hein ? Tu ne sais même pas ce que je viens de traverser... Tu ne penses qu'à toi ! »

Remus soupire, a l'air d'essayer de se calmer aussi, de prendre sur lui, avant de mettre son bras autour des épaules de Sirius et de lui murmurer quelque chose à l'oreille. Julia ne dit toujours rien et voit derrière, sur le chemin, d'autres silhouettes dont elle ne se souvient plus des noms.

« Sirius, ça suffit ! Arthur a discuté avec Severus qui a aidé Julia parce que oui, tu ne pouvais pas être là pour elle. Alors, on va tous se calmer, rentrer chez Julia et remettre un peu d'ordre chez elle. »

Sirius ne regarde même pas Molly, ses yeux tempête toujours posés sur ceux de Julia qui a le visage complètement fermé.

« Molly, ne te mêle pas de ça. »

Alors Molly se plante devant Sirius, lève la tête vers lui et le repousse, mais il la contourne, fonce vers Julia et lui saisit le bras. Au comble de la fureur, Julia tente de se dégager de lui, sans y arriver. Alors, les dents serrées, elle lui crie.

« Arrête ça ! »

Et quelque chose soulève Sirius et l'envoie valser quelques mètres plus loin. Julia, effrayée, fait demi-tour et prend la fuite en courant, suivie par Twister qui grogne. Derrière elle, Remus et Harry ramassent Sirius et elle entend des éclats de voix puis un bruit de course. C'est alors que le familier chien noir la dépasse en courant et se plante sur le chemin.

« Laisse-moi, Sirius, je t'en prie... J'en ai vraiment marre, là... »

Le chien se transforme en Sirius, chose que Julia n'avait jamais vu, et qui, quelque part, la surprend tant qu'elle reste sur place.

« Mon frère est vivant, Julia. Il est censé être mort il y a plus de vingt ans, il a disparu du monde des sorciers au point de ne plus être l'héritier des Black. Mais il est vivant, et je viens de l'apprendre. Je n'ai pas pu venir te voir parce que je suis resté avec Remus comme je le faisais il y a des années lors des pleines lunes. Et après, Harry et sa famille ne pouvaient plus rentrer chez eux, comme quand je suis revenu du Voile, chez toi. Mais là, ce n'était pas moi, parce que j'ai fait de Harry mon héritier, et que je lui donne la maison et Kreattur. Mon frère est vivant, Julia. »

Le visage de Julia se chiffonne encore, et elle se détourne et repart vers chez elle pour être rattrapée immédiatement par Sirius qui se plante devant elle et la cueille dans ses bras.

« Arrête de me fuir ! » murmure-t-il en l'écrasant contre son torse.

« J'ai passé des journées de merde, moi aussi... »

« Je sais. »

« L'hippogriffe a tout cassé chez moi et a mangé tous mes lapins et toutes mes poules. »

« J'ai vu. »

« Quand la journaliste est venue, je l'ai prise pour quelqu'un d'autre, et je n'arrêtais pas de parler. Severus a dit que c'est à cause du venin de gnome, que cela m'a empoisonné, et je n'arrivais pas à dormir, je n'arrivais pas à manger... J'ai cuisiné tous mes placards. Et puis Buck est arrivé parce qu'il te cherchait et il m'a attaqué, et personne n'était là pour m'aider. Tu n'étais pas là... »

« Je ne pouvais pas. »

« Et j'ai cru que tu m'avais abandonnée. Et quand Severus m'a soignée, après, je voyais le fantôme de ma grand-mère. Et le grand monsieur est arrivé pour chercher Buck, et ça a fait trop. Je ne sais plus quoi faire. Mamie dit que je suis une sorcière, et ça me fait tellement peur... »

« Je sais. »

Les mains de Sirius caressent le dos de Julia, ses lèvres effleurent son front, baisent ses cheveux. Molly, Remus et Harry s'éloignent un peu.

« Je pense qu'ils ne vont pas s'entretuer... » chuchote Remus.

« Bon ! On va réparer la maison ? Buck a fait quelques dégâts... »

Julia ouvre les yeux, perdue dans l'odeur de Sirius, et regarde les sorciers s'éloigner. Puis elle lève les yeux vers Sirius.

« Je m'installe chez toi, Julia puisque je ne peux pas te laisser seule. »

Julia se dégage de ses bras et le repousse violemment.

« Arrête ça, Julia. Tu ne comprends pas ? Tu es une sorcière ! Severus t'a rendu tes pouvoirs, tu n'as reçu aucune formation. Tu ne peux pas rester seule. »

End Notes:

J'espère que la lecture vous a été agréable, et oui, je ne réponds pas à toutes les questions, cela viendra en temps et en heure.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Regulus Black, je viens de démarrer la fiction Chienne d'errance, qui montre déjà comment il s'est sorti de la caverne, et la fic comptera plusieurs chapitres (Regulus faisant partie de la fic Drago au pays des moldus qui se déroule en 1997 et Libéré par effraction en 2005).

N'hésitez pas à laisser un message si vous le souhaitez ;)

Réparer les choses brisées by Sifoell
Author's Notes:

Je tiens à remercier chaleureusement Chrisjedusor qui s'est fait un marathon lecture-review sur Libéré par effraction. Merci pour ton enthousiasme.

Merci aussi à Roneila20, chape, Wapa, Spiritos, Selket, EllaC, didi64270 pour leurs reviews précédentes. C'est toujours hyper agréable et appréciable de vous lire, afin de voir vos ressentis à la lecture, vos questionnements, vos conseils, vos surprises. Merci !!!

Je pense qu'il est temps dans Libéré par effraction que Julia et accessoirement le lecteur (;)) commencent à avoir quelques réponses aux mystères de la fic, donc vous allez en avoir en partie ici. Mais tout ne sera pas résolu tout de suite.

J'ai ouvert de nouveau sur certaines choses, surtout en fin de chapitre, qui seront développées ailleurs (pour les Cracmols et le frangin débarqué d'on ne sait où), et un peu ici, mais pas beaucoup.

Enfin, je commence à penser à mettre une fin à cette fic (pas au prochain chapitre, hein), mais je vais y réfléchir, afin de, pourquoi pas, développer la suite de l'histoire de Julia et Sirius ailleurs, dans une autre fic.

Comme d'habitude, je vous souhaite une bonne lecture !

Sirius a pris Julia par le bras, et la sent très tendue contre lui, le visage fermé. Il ramasse souplement son énorme sac en passant, et prend le chemin de la ferme. Les visages qui se détournent d'eux paraissent fatigués, désolés, et les yeux de Julia papillonnent de l'un à l'autre sans s'arrêter. Elle a une envie folle de mettre tout le monde dehors, et de rester seule. Oui, ça serait bien. Rester seule, loin de toute cette folie. Le bras de Sirius quitte son bras, et il l'enlace et la serre contre lui, la soutenant, la tenant. Cette proximité devient presque insupportable.

Elle voit les silhouettes de Molly, Remus et Harry marcher devant eux. En approchant de la ferme, Twister les dépasse en courant et va se jeter dans les jambes d'Hagrid qui joue avec lui. La cour est emplie de monde. Elle reconnaît Arthur, Ron, qui a avec lui une femme et un bébé, sans doute sa famille. Elle cherche du regard Severus, le seul qui l'a vraiment aidée mais ne le trouve pas. Il y a aussi un grand homme roux dégingandé, qui a un visage très doux mais dont la partie gauche est défigurée. Le regard de Julia glisse sur son épaule proéminente et sur l'absence de bras.

Devant la ferme, il y a encore Buck qui est là et piaffe en voyant tous ces gens. Sirius s'arrête, et Julia aussi. Quelques sorciers brandissent leurs baguettes vers les fenêtres et portes brisées, le verre au sol, les murs à la tapisserie déchirée, et tout se remet en place sous les yeux bleus de Julia agrandis par la surprise, mais elle n'en laisse rien paraître. Elle sent sur elle le regard de Sirius, mais l'ignore. Qu'est-ce qu'il lui a dit, déjà ? Ah oui. Tu ne penses qu'à toi. Je ne peux pas te laisser seule. Je m'installe chez toi parce que je ne peux pas te laisser seule. Son humeur déjà massacrante s'assombrit encore.

Les visages souriants se tournent vers elle, mais elle ne manifeste plus rien. Elle n'en peut plus. Elle est épuisée. Sirius la mène à l'entrée et se dirige vers le salon, mais Julia quitte son étreinte, monte les escaliers à toute vitesse, entre dans sa chambre et en verrouille la porte. Dans le salon, flotte, indécis, le fantôme d'Elusia qui joint ses mains contre sa poitrine transparente dans un mouvement désolé. Sirius monte lentement les escaliers, tandis que les sorciers réparent ce qui est brisé. Arrivé devant la porte de la chambre, il toque, épuisé lui aussi.

« Julia, appelle-t-il d'une voix basse. Julia, s'il-te-plaît, ouvre moi la porte. »

Aucune réponse, forcément. Alors qu'un simple alohomora pourrait ôter cet obstacle infime, Sirius coule le long de la porte, s'assoit par terre, sort une cigarette et l'allume. Il ne sait pas quoi faire. Depuis qu'il est revenu de ce putain de Voile, il ne sait pas quoi faire. Tout est dingue.

Dans la chambre, roulée en boule sur son lit, sous les couvertures, Julia a sa main fermant sa bouche et essaie de se calmer. Elle est épuisée. Elle ne le voit pas, mais une soudaine lueur éclaire sa serrure, et Molly entre, à petits pas prudents, après avoir jeté un regard désolé à Sirius qui n'a pas dormi depuis un moment. Derrière elle, Remus s'assoit à côté de Sirius. Les autres sorciers sont éparpillés dans toute la maison, en train de réparer. Tonks, quant à elle, tape la discute avec le fantôme d'Elusia.

Molly approche de la forme cachée sous les couvertures, et s'assoit du bout des fesses sur le lit, promenant une main douce sur ce qu'elle pense être le dos de Julia. Un sanglot étranglé lui répond. Les mains de Molly dévoilent alors, couvre-lit après couverture, couverture après draps, le visage de Julia, baigné de larmes et de sueur. Molly écarte les cheveux du visage de Julia puis interpelle Arthur qui se tient sur le pallier, les bras ballants.

« Arthur, va me chercher un gant de toilette et de l'eau fraîche, s'il-te-plaît. »

Son mari se met alors en route, tourne sur lui-même à la recherche d'une salle de bain, trouve une petite serviette qu'il met dans l'évier, et fronce les sourcils devant le robinet. Il soulève d'un coup ce qu'il ne sait pas être un mitigeur, éclabousse toute la salle de bain et toute sa chemise d'eau, appuie vite sur ce foutu barreau, étreint la serviette, sort de la salle de bain, enjambe Sirius qui a les yeux tempête dans le vague, et apporte avec déférence le résultat de sa mission à Molly. Le regard enfantin d'Arthur s'assombrit quelque peu quand il se rend compte dans quel état est Julia. Alors, il semble prendre quelques années, ses épaules se voûtent et il sort de la chambre sans que Molly ait besoin de le lui demander. Arthur est quelqu'un de profondément gentil, et qui ne supporte pas de voir les gens souffrir.

Les mains de Molly volettent autour du visage de Julia, éloignant une mèche, caressant le front, épongeant le visage. Puis, délicatement, elle prend cette main qui la bâillonne et la tire de sa bouche. Molly ne dit rien, attend que Julia se calme d'elle-même, que sa respiration s'espace, que ses yeux se ferment. Puis, satisfaite de voir la jeune femme endormie, Molly se lève à pas de loups, rejoint Sirius et Remus qui sont toujours assis par terre devant la porte, et leur fait le signe de se mettre debout.

« Elle dort. On la laisse tranquille, on range la maison, et on avise. Allez, venez, elle a beaucoup cuisiné hier et avant-hier. On va manger un bout et on la laisse se reposer. »

Puis, posant son regard si maternel sur Sirius.

« Et toi aussi tu vas te reposer, Sirius, tu en as besoin. »

Elle pose une main tendre sur la joue de l'homme et se détourne d'eux pour descendre les escaliers, suivie par Arthur. Remus lance un regard fatigué à Sirius et lui désigne les escaliers.


C'est Twister cette fois-ci qui est allongé tout contre Julia, qui émerge doucement de son sommeil et de la montagne de couvertures. Elle se lève doucement, se demandant ce qu'elle fait dans son lit. Elle ouvre la fenêtre de sa chambre, puis fronce les sourcils en entendant des voix au rez-de-chaussée. En sortant de sa chambre, elle aperçoit le fantôme de sa grand-mère mais se détourne d'elle et descend les escaliers. Les fenêtres sont réparées, tout comme les portes, et tout ce que le piaf a brisé. Elle passe par le salon et s'arrête sur le seuil de la cuisine où les conversations s'arrêtent à son arrivée. Julia reste alors plantée là, regardant sa cuisine remplie de tous ces gens. Ces sorciers. Qui sont comme elle. Elle qui est une sorcière. Il y a là Molly, portant dans ses bras un tout jeune bébé, Ron et, sans doute sa femme, sont assis à côté d'elle, et de l'autre côté il y a Arthur et ce grand jeune homme défiguré à qui il manque le bras gauche. De l'autre côté de la table, Sirius est entouré par Remus et la jeune femme aux cheveux roses. Devant les mains de Sirius, un verre d'alcool. Probablement le whisky de la grand-mère qui traîne dans les placards depuis quelques années.

D'une voix qu'elle essaie d'avoir ferme, Julia demande alors.

« Je fais quoi, maintenant ? »

Molly, berçant le bébé contre son sein lui répond.

« Tu t'assois avec nous et tu manges, Julia. Tu as passé ta journée à cuisiner, on en a profité, et c'était délicieux. A ton tour. »

Molly lui adresse un immense sourire chaleureux auquel Julia ne répond pas. Il reste une chaise de libre à côté de Remus, mais celui-ci se lève et lui cède sa place, à côté de Sirius. Julia s'y assoit à regret, et Remus prend place à côté d'elle. Un ange passe, puis deux, puis trois. Tonks se lève et va servir une assiette de poulet à la bière à Julia, elle passe ensuite la baguette au-dessus de l'assiette, et la lui pose devant elle, avant de se rassoir. Puis elle fait un clin d'oeil à Julia, et lui souhaite un bon appétit.

Les yeux de Julia ne quittent pas son assiette, et elle joue avec son plat plus qu'elle ne le mange. Elle se sent oppressée, pas à son aise, et il y a beaucoup trop de monde autour, tous les regards sont sur elle, la dévisageant comme si elle était un phénomène de foire. Julia repousse son assiette, repose ses couverts, et met ses mains sur ses jambes, ne sachant pas qu'en faire. Elle sent aussitôt la grande main de Sirius envelopper la sienne et lui caresser le dessus du pouce.

« Mange » murmure-t-il.

Et si la première réaction de Julia est de lui hurler dessus et de mettre tout le monde dehors, elle s'abstient de tout commentaire, tout mouvement. Elle repose alors la question qui s'adresse à tous et à personne en particulier.

« Je fais quoi, maintenant ? »

Sirius se tourne vers elle, ses yeux ont du mal à se fixer dans les siens, il est saoul, comme pendant ces quelques jours chez Harry. Julia se détourne de lui, mais ne retire pas sa main, et insiste.

« Je viens de découvrir que je suis une sorcière. Je suis entourée de vous qui êtes sorciers. De ce que j'ai compris, les enfants vont à Poudlard pour apprendre à être sorciers. J'ai 26 ans. Je fais quoi, maintenant ? »

Il y a un bruit soudain dans le salon, et Harry fait son apparition dans la cuisine, époussetant sa veste, suivi par Ginny qui porte son plus jeune enfant et donne la main au plus grand.

« Bonjour Julia », dit Harry, qui fait un mouvement de baguette au-dessus de la table qui s'agrandit pour pouvoir les accueillir, et trois chaises apparaissent, ainsi qu'un berceau.

« Excusez-moi de mon retard, j'ai été retenu au Ministère. »

La main de Sirius se serre autour de celle de Julia, presque à lui faire mal. Presque. Julia répète, sa voix s'élevant.

« Mais vous allez me répondre, je fais quoi maintenant ??? »

Julia détache soigneusement les mots les uns des autres en posant cette question à laquelle elle n'a toujours pas eu de réponse. Les regards s'élèvent vers le lustre de verre qui vibre et la vaisselle dans les placards qui s'entrechoque. Sirius lui serre alors fort la main, les yeux soudainement fixes posés dans les siens.

« Maintenant, tu te calmes. Il y a des enfants, Julia. »

Julia baisse le regard, soudainement honteuse et exhale une respiration chevrotante. Non, elle ne va pas encore pleurer, elle n'arrête pas.

« Maintenant, Julia, vous allez devoir être formée à la magie. »

Julia redresse la tête vers la jeune femme aux longs cheveux indisciplinés qui est assise à côté de Ron. Elle tend une main à travers la table vers Julia qui la saisit instinctivement.

« Je m'appelle Hermione Granger-Weasley, je suis la femme de Ron. Je sais que vous avez lu le livre de Mara Southgate sur la guerre... »

« Vous êtes le trio d'or, avec Harry. »

Hermione sourit et hoche de la tête.

« Vous avez 26 ans, et votre magie est instinctive, comme celle d'un enfant. Vous devez la maîtriser. C'est important, sinon vous pouvez vous mettre en danger ou mettre en danger les personnes autour de vous, comme lorsque vous avez repoussé Sirius quand il a essayé de vous retenir sur la falaise. »

Le visage d'Hermione est ouvert, confiant. Harry intervient alors.

« Julia, j'ai rencontré Minerva MacGonagall, la directrice de l'école de Poudlard... »

Les yeux de Harry se tournent vers ceux d'Hermione, hésitants.

« Vous avez entendu parler des Cracmols ? Ce sont des enfants de sorciers que l'on pensait totalement dépourvus de pouvoirs magiques. Mais certains de ces Cracmols peuvent voir les fantômes, certains voient les créatures magiques, d'autres voient l'avenir, manipulent le feu... Ce ne sont pas des sorciers comme les autres, Julia, ce sont des spécialistes. On commence de plus en plus à en découvrir, et souvent à l'âge adulte. Les Cracmols naissent aussi de Moldus, dans un monde où la magie n'existe pas. Nous devons les retrouver, identifier leur spécialité de magie, et les former également. Les protéger. »

Julia hoche de la tête, attentive.

« Mais je suis quoi, moi ? »

Sirius se tend à côté de Julia.

« J'ai discuté avec Severus, au sujet des sortilèges de protection et de vol de magie que votre grand-mère a utilisés sur vous pour vous protéger. Vous étiez totalement inatteignable, mais plus maintenant que ces sortilèges ont été levés. »

Harry se lève alors.

« Puis-je demander à votre grand-mère de nous rejoindre ? »

Elle acquiesce doucement et appelle.

« Mamie ! »

Le fantôme traverse le plafond, faisant sursauter Julia, et s'éloigne de la table, voletant à côté d'Harry. Les yeux de Julia brillent un peu trop fort à la vision de sa grand-mère, dans ses derniers vêtements, cette chemise de nuit légère, ses longs cheveux épars flottant autour d'elle, si menue, mais si présente. Elle a l'impression d'avoir une seconde chance avec sa grand-mère, qui était tout pour elle, une seconde chance de pouvoir parler avec elle vraiment, et de ne plus avoir à supporter ces discours délirants, décousus, faits de mots prononcés les uns après les autres sans le moindre sens. Julia serre dans sa main la main de Sirius et se blottit un peu contre lui, comme ayant besoin d'un support. Il y a un silence religieux dans la pièce, un silence que brise Harry.

« Mme Thorpe, j'ai discuté avec Severus de ce que vous avez fait pour protéger votre petite fille. Pouvez-vous l'expliquer à Julia ? »

Le fantôme réunit ses mains près de son cœur, un geste si familier aux yeux de Julia.

« La première fois que mon cœur s'est brisé, c'est quand Alastor Maugrey est venu nous annoncer la mort de ton père, Benjy Fenwick, qui a été tué lors d'un raid de Mangemorts. Ils n'ont pas retrouvé son corps tellement il n'en restait rien, Julia. Tu n'avais que deux ans. Ta mère, Dinah, est venue vivre ici avec moi. Nous étions terrorisées et complètement perdues. Personne ne pouvait nous protéger. Dinah s'est laissée mourir, elle était si proche de mon Benjy, qu'elle n'a pas supporté de le perdre. Elle... C'était une potionniste d'exception. Mais quand mon fils est mort, elle n'avait plus aucune raison de vivre, même pas toi. Je l'ai trouvée un matin morte dans son lit, et toi tu pleurais dans ton berceau. C'est la deuxième fois que mon cœur s'est brisé. Je ne pouvais pas me permettre de te perdre aussi. Et j'avais tellement peur qu'il nous arrive quelque chose. La magie noire existe, Julia. Mais, même si on l'utilise avec les meilleures intentions du monde, il y a un prix à payer. Je t'ai volé ta magie, parce que je ne voulais pas que tu sois en danger. Et je l'ai rangée dans ma baguette. Et j'ai créé le plus puissant bouclier autour de toi et de la ferme. Un bouclier qui te rendrait invisible, un bouclier qui t'a effacée au monde sorcier, et moi avec. »

Elusia Thorpe marque une pause, Julia se rend compte qu'elle retient son souffle et expire. Puis elle demande, la voix hésitante.

« Est-ce que c'est ça qui t'a tuée, mamie ? »

Elusia hoche de la tête.

« Il y a toujours un prix à payer pour un rituel de magie noire. Alors pour deux... J'ai sacrifié quelques années et ma santé. J'ai tenu le plus possible pour être avec toi le plus longtemps. J'ai fait tout ce que j'ai pu. »

Julia ferme les yeux.

« Est-ce qu'il y a quelque part des souvenirs de mes parents ? Je ne m'en souviens pas, j'étais trop petite. »

« Tout est dans le grenier. »

« Et Severus, il a tout enlevé ? »

Elusia acquiesce, encore une fois.

« Il a brisé les deux sortilèges. »

Sans s'en rendre compte, Julia s'est blottie encore plus contre Sirius qui ferme ses bras autour d'elle. Julia pose sa main sur le bras de Sirius qui lui enserre le ventre, et le presse entre ses doigts. Puis Julia fait une pause, digère toutes ces révélations, réfléchit. Elle tourne son regard vers Harry.

« La femme de Severus, elle est sortie du Voile ? »

Harry soupire.

« De ce que l'on a compris du Voile, il faut qu'une personne vivante y rentre pour que la personne qui y est en sorte. Mais la personne qui en sort peut atterrir n'importe où dans le monde sorcier. En Angleterre, en Norvège... »

« Oui, je sais, Severus me l'a dit. Il faudra que je le remercie, il n'était pas obligé de m'aider. »

Elle a un petit rire amer.

« Mais c'est le premier qui l'a fait. »

Julia sent la vague de malaise traverser la pièce.

« Même si vous aviez tous de très bonnes raisons de ne pas m'aider, ou de rien me dire. »

Elle se détache doucement de l'étreinte de Sirius qu'elle a senti se tendre à la mention de Severus. Puis elle se tourne vers lui.

« Et maintenant, tu fais quoi ? »

« Je reste avec toi. »

Julia arbore un sourire triste.

« Pourquoi ? »

« Parce que tu ne peux pas rester seule. » marmonne-t-il.

Julia se lève brusquement.

« Mauvaise réponse. »

Sirius fronce les sourcils, se sentant d'un coup parfaitement sobre.

« Parce que je le veux. »

Julia sourit de nouveau.

« Je m'en contenterai. »

Elle se baisse vers Sirius, éloigne une mèche de cheveux de son front, le regarde dans les yeux, et effleure ses lèvres.

« Mais il faut que tu vois ton frère aussi. »

End Notes:

Pffffiiiiiou ! A y est !

J'espère que la lecture vous a été agréable, et je vous souhaite une très bonne journée !!! ou nuit d'ailleurs il est bientôt 1h faut que j'aille me coucher !!!

Parce que je veux être avec toi by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour à tous !

Merci beaucoup aux word wars sur discord (sessions d'écriture entre 20 et 30 minutes entre plusieurs participants), qui m'ont permis en plusieurs fois d'écrire ce chapitre notamment, et de me motiver.

Dans ce chapitre, Julia a plusieurs réponses à ses multiples questions. Il reste environ quatre chapitres avant la conclusion de Libéré par effraction, mais je n'en ai pas fini avec Sirius et Julia.

Molly s'agite dans la cuisine, et Elusia volette autour de la table. Un autre verre de whisky est apparu comme par enchantement devant Sirius qui le sirote, les yeux de nouveau dans le vague. Julia a picoré dans son plat, mais sent sur elle les regards des sorciers alors elle se force un peu à manger, parce qu'elle n'a pas envie qu'on lui fasse la morale. La bouilloire chante, et Molly verse l'eau chaude dans la théière avant de refaire bouillir de l'eau. D'un geste de sa baguette, une troisième théière apparaît, identique aux deux premières. Harry se racle la voix, attirant l'attention sur lui.

« Vous devez vous demander ce qu'il s'est passé pour Sirius quand il était absent. »

Remus prend alors la parole.

« Je suis un loup-garou, et Sirius vous l'a dit. Quand nous étions à Poudlard, avec James, le père de Harry, et Peter - sa voix devient méprisante quand il prononce ce dernier nom, comme s'il répugnait à lui accorder la moindre existence – ils ont découvert mon état, et se sont tous formés pour devenir animagus, et adopter une forme animale pour m'accompagner sans danger pendant ces nuits éprouvantes. C'est ce que Sirius a fait il y a deux nuits. »

Julia hoche de la tête, silencieuse. Remus poursuit, dans un silence pesant.

« Il est donc venu chez moi, et nous avons passé la nuit à discuter, parce que Sirius ne le savait plus, mais il existe maintenant une potion tue-loup, que je me procure, qui m'empêche de me transformer. »

Tonks prend la suite, les cheveux roses et la mine sérieuse.

« Sirius a passé la nuit et une partie de la matinée chez nous, et Harry nous a rejoint, parce que de nouveau, il ne pouvait pas rentrer chez lui. Et de nouveau, il ne pouvait pas accéder à son coffre à Gringotts, la banque des sorciers. Parce que de nouveau, il n'était plus l'héritier des Black. »

Sirius lui serre la main.

« Foutus gobelins. Têtus comme pas possibles, accrochés comme des sangsues au moindre parchemin et à la moindre foutue loi du sang... »

Harry poursuit, se doutant que Sirius n'est pas en état d'en parler.

« Ce qu'il s'est passé, c'est que Regulus Black le frère de Sirius qui était Mangemort pendant la première guerre, et était supposé mort en 1979-1980, était en fait bien vivant, et caché, un peu comme vous, dans un endroit indétectable pour le monde sorcier tel que nous le connaissons. Regulus Black s'est retourné contre Voldemort et a tenté de détruite un objet très maléfique lui permettant de rester en vie. Et il est censé en être mort. Mais il est revenu dans le monde sorcier, et est donc de nouveau devenu l'héritier des Black. A la mort de Sirius en 1996, quand il a traversé le Voile, son frère étant déjà mort, tous leurs biens me sont revenus. Il y a plusieurs mois, je n'ai pas pu accéder chez moi ni à mon coffre, mais cela n'a duré qu'un jour, et nous n'avons pas su pourquoi. Les gobelins ne sont pas très coopératifs... Il y a quelques semaines, cela nous est arrivé de nouveau, pendant quinze jours, et c'était le retour de Sirius. Puis, de nouveau il y a deux jours. Et c'est Regulus Black qui nous a ouvert la porte de la maison. Il me l'a de nouveau transmise. Il a pris juste ce qui l'intéressait et va repartir. »

Sirius a un ricanement cruel qui ressemble à un jappement.

« Le portrait de notre chère mère et Kreattur. »

Harry poursuit, ignorant totalement Sirius.

« C'est pour cela que personne n'a pu venir à votre secours. Severus a reconnu Regulus à Square Grimmaurd, mais ne sachant pas s'il pouvait être un danger, il n'est pas resté. Je suis profondément désolé qu'aucun de nous n'ait pu s'occuper mieux de vous. Cela a du être terrifiant pour vous. Sirius en est désolé aussi. »

Julia acquiesce, silencieuse, les yeux brillant plus que de raison.

« Nous allons vous racheter des lapins... »

« Ce n'est pas de la faute du gros piaf, il avait faim... »

« Je sais, mais nous allons vous racheter des lapins quand même. Et nos vies vont toutes reprendre. Et vous n'êtes pas seule, Julia. Nous sommes tous là pour vous. »

Il y a de nouveau du bruit dans la salle à manger et deux grands roux entrent, portant chacun une sorte de cage où plein de petits pompons de toutes les couleurs s'agitent et couinent. Julia reconnaît le jeune homme à qui il manquait un bras qu'elle a vu la veille, sans doute un Weasley, et l'autre homme lui ressemble étrangement. Les yeux de Julia passent de l'un à l'autre. L'un des deux, celui à qui il manque une oreille, se présente.

« Fred Weasley, et voici mon frère jumeau Georges, mais je suis beaucoup plus beau que lui. »

Molly râle alors.

« Non, c'est l'inverse. Bon sang, quand comprendrez-vous que parfois, ce n'est pas le bon moment pour faire une blague ? »

« Mais c'est toujours le bon moment pour faire une blague, maman. »

Le jeune homme à qui il manque une oreille vient embrasser sa mère, et l'autre dépose sur la table une des cages qu'il ouvre. Avec un petit sourire encourageant, il fait un signe de tête à Julia pour qu'elle s'approche.

« Ce sont des boursoufflets que nous élevons. »

Le second jumeau pose alors la seconde cage sur la table, et l'ouvre aussi. Il récupère entre ses mains un petit pompon orange, et Julia remarque alors de minuscules pattes, un minuscule nez et de minuscules oreilles. Le machin est tellement poilu qu'elle ne voit pas d'yeux. Attendrie, elle tend les mains en coupe et George vient déposer le boursoufflet dans ses mains. L'animal est extraordinairement doux et gros comme un hamster. Julia caresse le petit animal en souriant. Fred lui dit alors, les yeux souriant.

« Vous pourrez comme ça tricoter des écharpes avec leurs poils, et les vendre dans notre boutique. »

George se rapproche et tire un parchemin de sa veste, le déroulant sur la table.

« Nous vous proposons 25% sur les gains, la première année, et 20% les années suivantes, et nous aurons l'exclusivité pour vos produits. Vous aurez également 10% de réduction sur toute notre boutique, et notre amitié éternelle. »

Julia reste interdite, n'ayant pas tout compris. Son regard passe de l'un à l'autre, jouant au jeu des différences. Il manque une oreille à Georges et un bras à Fred.

« Les gens nous confondaient tout le temps, même notre propre mère. Nous avons donc du prendre des mesures... »

« Radicales » termine Fred avec un grand sourire.

Molly marmonne encore tandis que quelques rires tristes se font entendre autour de la table.

« Allez mettre les boursoufflets dans la grange, les garçons ! »

Et Molly de les chasser d'un geste alors qu'ils rient tous deux, les yeux pétillants. Harry reprend alors.

« J'ai contacté Minerva MacGonagall, la directrice de Poudlard. Elle viendra vous rencontrer avec le professeur Flitwick, parce que du peu que l'on sait de votre magie, il faut que vous vous familiarisiez avec une baguette. Tu pourras peut-être passer chez Ollivander, Sirius. Et les matières que vous devez suivre en priorité sont les Sortilèges et la Métamorphose. Minerva et Fillius viendront vous voir et vous proposeront des cours particuliers. »

Julia acquiesce, les mains toujours en écrin autour du petit animal tout doux qui émet de minuscules ronflements.

« Je n'ai pas compris ce qu'est Ollivander. »

« Le meilleur fabricant de baguettes de tout l'Ouest de l'Europe. Il saura mieux que moi si vous avez besoin d'une baguette ou si celle de votre grand-mère peut vous convenir, vu qu'elle porte votre empreinte suite au vol de votre magie. »

Les yeux de Harry se perdent dans le vide, et il fronce ses sourcils, visiblement en train de chercher ses mots.

« Nous avons décidé aussi, avec Sirius, qu'il venait s'installer avec vous... Parce que vous ne maîtrisez pas votre magie, ce qui est normal étant donné les circonstances. Et... Tous les jours, un sorcier viendra vous voir parce que... »

Les yeux de Harry se posent sur ceux de son parrain qui rumine sa colère.

« Parce que j'ai des séquelles et que je dois être gardé à l’œil. »

Harry secoue la tête, l'ambiance autour de la table devient polaire. Sirius se sert un autre verre de whisky.

« Parce que oui, tu as des séquelles, et que ce n'est pas une bonne idée de laisser deux sorciers vivre seuls quand leur magie n'est pas stable. Parce que cela peut vous mettre en danger, mettre en danger le secret magique. »

Sa voix est ferme. Quand Sirius voit son filleul comme ça, il se rend compte à quel point neuf ans l'ont fait grandir, et neuf ans les ont éloignés. Il serre ses doigts autour de son verre qu'il gobe d'un coup, appréciant l'état de flottement que cela lui procure. Harry poursuit, les yeux toujours sur Sirius.

« Demain, Mara Southgate et un médicomage vont vous rendre visite, Julia. Je préfère prendre des précautions et que vous soyez examinée. Severus est très bon en bris de sorts et en soins, vu ses activités passées, mais il n'est pas médicomage. »

Sirius émet une sorte de ricanement froid. Remus se lève alors, et vient poser une de ses mains sur l'épaule de Sirius, et lui chuchoter quelque chose à l'oreille, que Julia entend.

« Doucement avec Severus, Patmol. Il a autant sa place autour de cette table que n'importe lequel d'entre nous. »

Tonks consulte sa montre et se lève brusquement.

« Remus, il est temps de rentrer, maman ne peut pas garder les garçons toute l'après-midi... »

Remus se tourne vers Julia.

« Si vous avez besoin de nous, notre adresse est Impasse du loup, dans le réseau de cheminettes. »

Sirius pique alors un fou rire, qui s'éteint vite sous le regard sévère de Remus. Sirius est vraiment saoul. Sa main va pour attraper encore une fois son verre, mais celle de Julia est plus rapide, et elle l'éloigne. Elle renifle le verre de whisky et trempe ses lèvres dedans, pour grimacer ensuite et avaler tout rond. Sirius se moque alors.

« Ce n'est pas pour les petites filles. »

Les yeux bleus de Julia se posent sur Sirius, et elle le voit pour la première fois comme il a pu être lorsqu'il était enfermé tous ces mois durant au square Grimmaurd. Alors, elle porte de nouveau le verre de Sirius à ses lèvres, et avale tout rond le reste du whisky en grimaçant. Puis elle pose un peu trop fort le verre sur la table, marmonnant.

« Oh, c'est vraiment dégueulasse. »

Sirius a cette espèce de rire hystérique et désespéré qui glace tout le monde autour de la table. Remus et Tonks sont debout, sachant bien qu'ils doivent partir, mais ne voulant pas laisser Sirius seul. Mais autour de la table sont assis tant de sorciers... Tonks s'excuse alors.

« Il faut vraiment qu'on y aille, maman ne peut pas garder les garçons, elle voit Narcissa pour le thé. »

Ginny se lève à son tour, Albus dans ses bras, et tenant la main de James. Ron et Hermione se lèvent aussi.

« A bientôt Julia, on repassera dans la semaine. »

La cuisine se vide petit à petit, et le calme revient. Julia a la sensation de pouvoir respirer enfin, la tête pleine de toutes ces informations. Molly quitte la cuisine pour aller chercher ses deux fils qui sont dans la grange, revient, leur dit au revoir et pousse Fred et Georges vers le salon avant qu'ils ne fassent une autre blague en passant. Dehors, ils entendent le bruit d'une moto qui s'envole, et les cris du piaf. Puis le silence se fait. Julia pose ses yeux sur Sirius dont l'expression est indéchiffrable. Il fait tourner entre ses doigts sa baguette puis, d'un coup, le verre que Julia avait posé sur la table s'envole pour rejoindre la main ouverte de Sirius qui a un sourire en coin.

Julia s'assoit alors à côté de Sirius, ne sachant pas trop que faire. Elle est partagée entre le soulagement d'avoir eu des réponses à ses si nombreuses questions, et l'inquiétude d'en avoir tant d'autres qui éclatent à la surface. Sirius se penche vers elle et lui attrape la main qu'il serre dans la sienne.

« Pourquoi tu restes avec moi ? »

Il fronce les sourcils. N'a-t-elle donc rien écouté ? Puis il comprend.

« Parce que je veux être avec toi, Julia. »

End Notes:

Et voilàààà !

Bon, je ne suis pas fan des explications sous forme de dialogue, mais je vois difficilement comment faire autrement dans cette fic qui, je le répète, est l'histoire de Julia. Ce qui a été expliqué est relève donc de l'histoire de Sirius, que l'on verra plus développée dans Perséide.

J'espère que la lecture vous a été agréable, et n'hésitez pas à me laisser un petit mot si vous en avez le temps et l'envie.

A bientôt !

Le calme après la tempête by Sifoell
Author's Notes:

Un petit chapitre feel-good sur la fin ;)

Bon, je pense que ces deux-là, vu leur tempérament, n'ont pas fini de s'engueuler et se réconcilier, ne pas se parler, penser que l'autre a dit que...

Ce chapitre n'était pas DU TOUT prévu, l'histoire me mène par le bout du nez, et les WW aussi (merci les participants aux Words wars sur discord, c'est trop bien !)

Après avoir répété pour la quatrième fois de venir la voir s'il y avait le moindre problème, Molly quitte enfin la maison en passant par la cheminée. Hier, c'est Alastor qui est venu les surveiller. Il s'est contenté de se planter dans un fauteuil et de les suivre, surtout elle, où qu'ils aillent quand ils bougeaient. Julia a pris un malin plaisir à rester très longtemps dans la grange. Même quand elle a failli mourir de rire en voyant l'air renfrogné d'Alastor quand elle lui a fourré entre ses mains un boursouflet rose fluo qui couinait parce qu'il venait d'être séparé de sa mère.

La plupart du temps, Sirius est aussi dans les parages, même s'il ne l'aide pas vraiment. Mais elle n'a pas besoin d'aide dans les travaux de la ferme. Le matin, Sirius a disparu dans la cheminée, en disant qu'il allait faire une course. Il est revenu quelques heures plus tard, silencieux, les yeux posés régulièrement sur Julia, comme s'il pesait dans son esprit le pour et le contre. Il n'y a pas eu d'autre incident magique, et Minerva et Filius devraient passer dans la semaine la voir, de même que Mara Southgate et le médicomage qui n'ont pas pu se déplacer la veille.

Alors, ces heures qui passent sont très étranges. Julia et Sirius se tournant autour comme deux adolescents timides qui ne savent pas quoi se dire. La parole n'étant pas évidente non plus quand une troisième personne est présente entre 8h le matin et 22h le soir. Molly remplissait ce silence pesant de bruits de casseroles et de papotage intensif, Alastor se contentait de bouder dans un coin en ne les lâchant pas d'une semelle. Puis, c'est le tour de Remus aujourd'hui, qui capte l'attention de Sirius qui se détourne de Julia, ce qui la blesse en quelque sorte. Elle aimerait tant dire à Sirius qu'il compte pour elle, et qu'elle ne sait pas faire dans ces circonstances, que tout est étrange, nouveau et que cela lui fait peur. Alors, elle ignore le fait qu'il l'ignore, et se baigne toute entière dans ces tâches qui ne nécessitent pas de réfléchir, occupent les mains, détournent l'esprit.

Elle s'agace à renouveler le foin de ses bêtes, a des envies de pleurer quand elle pense qu'ils n'ont pas partagé de nouveau leur lit depuis qu'il est parti il y a quelques jours, et que sans le vouloir, il l'a laissée seule à affronter tout ce qu'elle a affronté. Julia soupire en s'essuyant le front et en regardant autour d'elle. Les chèvres et les ânes sont dans le fond de la grange, blottis contre le mur, à la regarder en montrant le blanc de leurs yeux. Intriguée, elle clique de la langue pour les attirer, quand une odeur de brûlé lui fait tourner la tête derrière. Tout le foin est en feu à l'entrée de la grange, l'empêchant de sortir. Cette vision lui glace le sang, et Julia prend le lourd baquet d'eau qu'elle jette sur le foin en feu, mais plutôt que de l'éteindre, le feu se propage sur les côtés, empêchant définitivement toute retraite. Des cris commencent à se faire entendre dans la grange : les ânes, les chèvres, Twister qui aboie jusqu'à s'enrouer, les lapins qui viennent d'arriver qui hurlent de leur voix aiguë. Julia se met alors à crier aussi.

« Sirius ! Remus ! Au secours, il y a le feu ! »

La fumée commence à la faire tousser, mais elle crie encore, le visage humide de sueur. Elle distingue alors les deux hautes silhouettes de Sirius et de Remus derrière les flammes qui brandissent leurs baguettes et crient quelque chose. De l'eau en quantité jaillit de leurs baguettes et éteint le brasier. Craignant de se faire réprimander, Julia attaque directement, pointant de l'index Sirius.

« Ne t'avise pas de me reprocher quoi que ce soit ! Je n'ai pas fait exprès ! »

Sirius fronce les sourcils.

« Mais bien sûr que tu n'as pas fait exprès... »

Remus s'approche alors, et de sa voix douce lui demande.

« A quoi as-tu pensé quand cela s'est produit ? »

Julia ouvre de grands yeux mais reste muette comme une carpe, avant de tourner son regard vers Sirius. Ce dernier hoche de la tête, l'invitant à parler.

« Ça ne vous regarde pas ! »

Julia a les yeux qui brillent, encore tellement incertaine que son esprit repart à tourner en boucle. Sirius lui attrape le bras, mais elle le repousse.

« Arrête de fuir, Julia ! Tu pensais à quoi ? »

Julia se met alors à crier.

« Je pensais que tu m'abandonnais encore ! Mais je n'ai pas le droit de penser ça, parce que Remus, tu le connais depuis si longtemps, et tu viens juste de le retrouver. Je pensais que tu ne m'as pas touchée depuis... depuis... On ne parle pas ! Ni toi, ni moi ! Tout est nouveau, tout me fait peur, et je ne peux pas affronter tout ça sans toi ! Et je ne peux pas penser à tout ça sans mettre le feu à ma propre grange ! »

Sirius accuse le coup, clignant des yeux. La voix de Remus bourdonne alors.

« Patmol, je pense que c'est le moment... »

Sirius l'ignore et reste silencieux face à Julia qui attend une réponse.

« Patmol... »

Sirius se tourne avec un air furieux vers Remus qui ouvre de grands yeux en désignant d'un mouvement de tête Julia.

« Le mo-ment... »

Alors, pour la première fois de sa vie, Remus voit Sirius complètement perdre ses moyens. Les yeux dans le vague, perdus, les bras ballants. Remus regarde alors derrière Sirius Julia qui est sur le point de partir.

« Patmol... » insiste-t-il.

La gorge serrée, Sirius fouille dans la poche de sa veste de cuir et en sort un écrin. Les yeux de Julia passent de l'écrin au visage de Sirius, puis à celui de Remus, puis à l'écrin dans la main de Sirius.

« Tu plaisantes ? » demande-t-elle d'une voix faible.

Sirius met alors un pied à terre et brandit son écrin que ses mains tremblantes tentent d'ouvrir avant de le faire tomber. Julia voit alors derrière Sirius Remus se frapper le front de la main, réprimant un fou rire.

« Tu plaisantes ? » demande-t-elle de nouveau.

Les mains de Sirius fouillent le foin, retrouvent l'écrin, retrouvent la bague qui s'en était échappée, la remettent dans l'écrin qu'il brandit de nouveau, le rouge aux joues et l'oeil incertain.

« Julia Langford, acceptes-tu de m'épouser ? »

La grange prend alors une lueur vive, comme si toute la lumière qui y entrait passait par un vitrail. Remus regarde autour de lui, d'un air intéressé, mais Sirius le genou à terre et Julia debout devant lui les bras ballants ne remarquent rien.

Julia essuie alors sa joue, étalant de la suie, puis s'agenouille en face de Sirius, lui prend l'écrin des mains et passe ses bras derrière son cou avant d'écraser ses lèvres sur les siennes.

Les lumières deviennent encore plus vives, comme si des milliers de lucioles voletaient dans l'air. Les mains de Julia caressent la tête de Sirius, puis son cou, et ses épaules, et ses lèvres parsèment son visage de doux baisers.

« Oui. »

Même si c'est fou, même si c'est tôt, même s'ils ne se connaissent pas. Même si tout cela est complètement dingue.

Oui.

Remus fait demi-tour et les laisse dans la grange, retourne dans la maison et se prépare un thé. Il reste quand même à surveiller par la fenêtre s'il n'y a pas de nouveau départ d'incendie, si rien n'explose. Mais rien d'autre que des animaux qui sortent par la porte de la grange, s'égayant dans les herbes hautes, suivis par le chien qui marche près de leur arrière train, la tête en bas, le regard en haut. Rien d'autre que des lumières folles qui jaillissent de la grange comme si elle était une lanterne. Alors Remus a un doux sourire de contentement, verse le thé dans sa tasse, et se tourne vers le salon, bien décidé à apprendre ce qu'est une telyvision.

End Notes:

Non, mais franchement. Sirius ne mérite-t-il pas un peu de bonheur, et Julia aussi ?

J'espère que le chapitre vous aura été agréable :)

L'arithmancie pour les nuls by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour tout le monde,

Non, je n'avais pas abandonné cette fic qui se rapproche de sa fin (soupirs). Mais il m'est un peu difficile de la finir parce que cela sera, quelque part, dire au revoir à Julia et Sirius, même si leur histoire se poursuit dans Perséide, qui est la fic miroir de Libéré.

Deux médicomages viennent rendre (enfin) visite à Julia et Sirius et apprendre un peu de quoi ils retournent par rapport à eux.

La première partie du chapitre est un texte de la nuit du 6 novembre avec la contrainte d'y intégrer une expression en patois : ici, trempée guenille).

Je vous souhaite une bonne lecture.

Julia est dans la grange en train de pelleter un monceau de paille souillée afin d'en remettre de la fraîche quand le ciel crève comme un ballon et déverse sur le monde toute l'eau qu'il retient depuis trop longtemps, à grand renfort de vent sifflant et d'orage tonnant. Julia enfile alors un énorme pull d'homme tout en continuant son travail quand une bourrasque plus forte que les autres emporte un bout du bardage du toit, et que Julia se reçoit une bonne saucée bien fraîche, comme l'est la pluie d'orage l'été.

« Mais c'est pas vrai... » marmonne-t-elle en continuant.

Julia soupire. Sirius est parti ce matin voir Remus, et Tonks est dans la cuisine en train de préparer le repas du midi. Julia s'habitue au fait que, pour encore quelques temps, sa maison ne sera plus vraiment sa maison, envahie qu'elle est de sorciers tous les jours.

Les animaux sont tous dans le fond de la grange et ne veulent pas bouger. Julia tape quelques croupes, les pousse de ses jambes afin d'accéder au foin souillé, qu'elle pellète et met dans la brouette. Soupirant, elle affronte les trombes d'eau et va déposer le contenu de sa brouette sur le tas de fumier derrière la grange, et y retourne, encore, et encore.

Elle s'arrête un moment quand ses cheveux ne retiennent plus l'eau qui coule entre son col et sa peau et grelotte, se souffle dans les mains. Ses ongles sont bleuis. Elle éternue une fois, puis deux. A la troisième fois, elle se dépêche d'étendre la paille sur le sol de la grange en terre battue, puis regarde d'un air décourage le toit crevé. Les bottes alourdies par la boue, elle retourne chez elle, les ôte dans l'entrée, ainsi que ses chaussettes de laines, enlève son pull et son pantalon trempé pour rester les yeux grands ouverts, devant Remus et Sirius qui viennent d'arriver dans le couloir, eux aussi arrêtés en plein élan. Julia éternue une autre fois et frissonne.

« Pardon, je suis trempée guenille. Tu veux pas aller me chercher des vêtements, Sirius ? »

Pour toute réponse, il ôte sa veste qu'il lui met sur les épaules, tandis que Remus se détourne et va dans la cuisine. Sirius prend sa baguette, lui lance un sort qui la sèche et la réchauffe en même temps, et Julia monte les escaliers, le bruit de ses pieds nus battant sur le plancher. Quand elle redescend dans la cuisine, Tonks avec un sourire lui met un bol de soupe sous le nez.

« Trempée guenille, alors ? »


Sa maison est un vrai moulin, ce qui l'agace de plus en plus. Ils sont en train de manger quand la cheminée s'éclaire de flammes vertes et que deux personnes que Julia ne connaît pas, entrent comme s'ils étaient chez eux. Elle reste les regarder, reconnaît finalement un sorcier qui était à l'hôpital à ses sourcils broussailleux, accompagné d'une jeune femme blonde à la peau très blanche. Julia se lève en soupirant, et appelle Sirius, qui est dans le grenier avec Remus et Tonks, en train de regarder dans les meubles et les affaires de famille.

« Bonjour Mme Langford, Augustus Hint, médicomage à l'hôpital Sainte-Mangouste pour les blessures magiques, et voici Eivor Magnusson, médicomage et aurologiste. Nous venons vous voir et voir Monsieur Black. »

Julia sourit, et serre leurs mains tendues. Le docteur Magnusson regarde autour d'elle, cherchant quelque chose.

« Où est votre grand-mère ? Monsieur Potter et Monsieur Rogue m'ont dit que c'est elle qui vous a lancé le sort de captation magique... Ah ! La voilà... »

Julia regarde la silhouette grise, frêle et transparente voleter dans le salon.

« Mme Thorpe, bonjour. Je suis la médicomage et aurologiste Eivor Magnusson. Je travaille dans le service des effets secondaires aux maléfices. Je suis spécialiste des Obscurus. J'ai besoin de savoir exactement quel sort vous avez lancé, le geste, la formule, si vous avez utilisé une potion, j'ai besoin de tout ce dont vous vous souvenez à ce propos. Je ne suis pas là pour porter un jugement sur ce que vous avez fait à votre petite-fille, madame. Soyez sans crainte. »

Voletant dans l'air, le fantôme d'Elusia se rapproche. C'est à ce moment-là que des pas dans l'escalier signalent la présence de Sirius, Remus et Tonks qui sont recouverts d'une fine couche de poussière. Julia se dit qu'ils ont du regarder les meubles sous les draps tendus. Tout le monde se présente de nouveau, et Sirius refuse que Remus et Tonks les laisse en compagnie des médicomages. Julia invite tout le monde à s'asseoir, puis elle demande.

« C'est quoi un Obscurus ? »

Elle sent Sirius se tendre à côté d'elle et il lui prend la main. Oh. Cela ne doit pas être quelque chose de très positif, pense-t-elle, et elle se met à ronger un de ses ongles. La jeune médicomage se lance alors dans des explications.

« Les sorciers ont souvent été persécutés par les Moldus pour leurs pouvoirs, surtout avant la création du secret magique. Les enfants sorciers, contraints de cacher leurs pouvoirs, engendraient des Obscurus, qui sont des boules d'énergie magique qui les dévoraient littéralement. Ces enfants ne survivaient que rarement et étaient appelés des Obscuriaux. Je suis là pour m'assurer que vous n'en deveniez pas un, car c'est le risque après que Monsieur Rogue ait inversé le sort de captation de magie que votre grand-mère vous a lancé quand vous étiez encore enfant. Mais rassurez-vous, je suis persuadée que nous intervenons suffisamment tôt pour vous éviter ce désagrément. »

« Pour m'éviter le désagrément de mourir et d'engendrer une boule d'énergie magique ? J'espère bien ! »

Julia commence à s'agacer et il y a comme un bruit de verres qui s'entrechoquent tout autour d'eux. Les yeux bleus de la médicomage regardent autour d'elle d'un air froid avant de se poser de nouveau sur Julia. Un imperceptible sourire se dessine sur ses lèvres.

« Mademoiselle Langford, il semblerait que votre magie ne demande qu'à s'exprimer, donc vous ne la refoulez pas. C'est très bien. Maintenant, levez-vous, s'il-vous-plaît, je vais vous examiner. »

Le regard de Julia se pose sur Sirius, Remus et Tonks, mais la médicomage secoue la tête.

« Ils peuvent rester si vous le souhaitez. Je vais vous examiner debout et habillée, ne vous inquiétez pas. »

Julia se lève.

« Connaissez-vous l'homme de Vitruve, le dessin de Léonard de Vinci ? Bien, écartez un peu les jambes et les bras. »

Julia s'exécute sur les indications de la médicomage qui sort sa baguette magique et chantonne une incantation tout en promenant sa baguette tout autour du corps de Julia, lui faisant ressentir une douce chaleur. Les autres sorciers observent les gestes de Magnusson, fascinés. Julia a les yeux fermés et a presque l'impression de s'endormir, ne remarquant pas son aura magique, qui se développe autour d'elle comme des volutes de brumes argentées. Souriante, la médicomage continue son incantation chantée, et éloigne sa baguette du corps de Julia. L'aura de Julia prend alors une couleur rougeâtre et, bien qu'elle soit plus étendue, en devient plus consistante, presque palpable.

« Et... C'est bon, Madame Langford. »

Julia ouvre ses yeux bleus, se sent électrique et endormie à la fois. Elle pâlit alors d'un coup et vacille.

« Attrapez-la... » ordonne la médicomage à Sirius qui a à peine le temps de se lever pour recueillir Julia dans ses bras.

« Allongez-la. Tout est parfaitement normal. Pas d'obscurus ici, monsieur Rogue a fait un travail formidable en inversant le sort de captation. »

La médicomage se tourne vers le fantôme d'Elusiah, alors que Sirius soulève Julia et l'allonge sur le canapé.

« Mme Thorpe. Vous n'avez aucun regret à avoir pour ce que vous avez fait à votre petite-fille. Les circonstances ont fait que vous avez du prendre cette décision. Votre petite-fille n'en a aucune séquelle. »

Aucun des sorciers présents ne savait que les fantômes pouvaient pleurer, mais ils ressentent tous la soudaine froideur, comme si la pièce baissait soudainement de quelques degrés. Julia, allongée sur le canapé, papillonne des yeux, et Sirius est à ses côtés, attentif. Quand elle ouvre les yeux, c'est pour voir le visage de Sirius, ses yeux gris posés sur elle. Elle tend la main vers la joue barbue de l'homme et lui fait un petit sourire, avant de claquer des dents et de frissonner.

« Couvrez-la. Les sorts d'Aurologie vident souvent de toute énergie. Elle a besoin de dormir. »

Tonks attrape une couverture qu'elle vient déposer sur Julia qui a les lèvres bleues. La jeune femme va ensuite dans la cuisine préparer du thé. La médicomage poursuit alors ses constatations.

« Mme Langford, avec une belle aura rouge comme la vôtre, vous avez déjà pensé à travailler avec les créatures magiques ? »

Julia secoue la tête.

« Vous devriez. »

La médicomage s'adresse alors à Sirius.

« Bien. Monsieur Black, debout. Je m'occupe de vous, maintenant. Mon petit doigt me dit que mon collègue ici présent a été un peu léger en terme de diagnostic à votre arrivée à Sainte-Mangouste. C'est pourquoi il a fait appel à moi. »

Le vieux médicomage se rencogne de honte dans son fauteuil tandis que Sirius se lève alors, et se met dans la même position que Julia, les jambes écartées, les bras tendus de chaque côté de son corps.

« Je risque de tomber aussi ? »

La médicomage secoue la tête.

« Très improbable... Mme Langford a une magie encore enfantine et incontrôlable, et elle n'est pas libérée à son plus haut potentiel. Par contre, pour vous, j'aimerai savoir quel sortilège vous a lancé votre très aimable cousine avant que vous ne basculiez. »

La voix de Julia s'élève alors.

« Quand Sirius est arrivé chez moi, il avait l'apparence de la mort, les poumons plein d'eau, pâle et raide. Et lourd, très lourd. Je n'ai pas pu le déplacer avant le lendemain. Il ne parlait pas au début, et c'est comme s'il ne savait plus utiliser son corps. Et il avait un énorme bleu sur la poitrine. J'ai pas l'impression qu'il dormait vraiment. Dès que je bougeais, il me regardait. »

Sirius reste silencieux, la mine sombre.

« Autre chose, monsieur Black ? »

La médicomage le regarde avec cet air suffisant de la personne qui a déjà la réponse à sa question. Il murmure alors, la voix rauque.

« Les voix. Les voix du Voile, je les ai entendues quand j'étais là-bas, pendant neuf ans, et c'est Elusia Thorpe, la grand-mère de Julia, qui m'a appelé ici. Et... Je les entends encore, mais quand je suis près de Julia, elles sont moins envahissantes. »

Les yeux de Julia ne quittent pas la silhouette de Sirius, et il passe tant d'émotions dans leur bleu, que les sorciers qui le remarquent ont la soudaine envie de les laisser seuls. Mais seul Remus qui les a déjà côtoyés plus souvent que Tonks, distingue ce discret changement de luminosité dans la pièce, comme si la lumière avait augmenté imperceptiblement d'intensité, et avait adopté une couleur plus chaude. Comme si tout l'amour de Julia venait s'y déverser et envelopper tout le monde.

Sirius ressent la chaleur autour de lui quand la médicomage passe sa baguette à quelques centimètres de ses vêtements, et chantonne son incantation dans une langue qu'il ne connait pas. L'aurologiste s'interrompt et le regarde avec une grande perplexité. Sirius s'apprête à poser une question quand elle lève son index.

« Non. Taisez-vous, je réfléchis. »

Les sourcils froncés, elle tourne autour de lui, le regardant sous toutes ses coutures.

« Ne vous agacez pas, restez calme. »

Sa voix est douce mais ses mots claquent.

« C'est tellement étonnant... Il a peut-être raison. »

Sirius explose alors.

« Mais de quoi parlez-vous ? »

L'aurologiste se plante devant Sirius et lui fait littéralement les gros yeux.

« Vous êtes en train de perturber votre aura et de me faire perdre mon temps, monsieur Black. Je n'ai pas encore réussi à déterminer la couleur de votre aura. Et, pour votre information, ce qui m'étonnait tant, est que votre aura n'a pas vieilli, et vous non plus. Cela, j'en suis certaine. Vos neuf ans derrière le voile ont stoppé l'évolution du temps sur vous. »

« J'étais mort... »

« Non. On ne peut pas être mort et ne plus l'être. Vous étiez en stase. Vous avez littéralement fait une pause dans votre vie. »

Sirius se tourne alors vers Remus qui traduit ce qu'il lit dans ses yeux.

« C'est pour ça que Regulus est devenu l'héritier des Black à son retour. Il est plus vieux que toi, maintenant que tu es revenu. Il est ton aîné. »

A la mention de son frère, la colère de Sirius flambe de nouveau.

« Vous ne m'aidez pas, là, monsieur... »

« Remus Lupin. Je m'excuse, je me tais. »

Remus rougissant baisse la tête alors que Tonks met ses mains devant sa bouche pour éviter au fou rire qui la secoue de s'exprimer avec trop de véhémence. La main de Remus vient frapper son bras alors qu'il sourit en coin.

« Bien, maintenant que presque tout le monde a retrouvé son calme, je peux faire mon travail ? Monsieur Black, regardez-moi, taisez-vous, et ne réagissez pas. J'aime me parler toute seule quand je sonde une aura, donc soyez gentil et taisez-vous. »

Julia, allongée sous la couverture dans ce confortable état hésitant entre la veille et le sommeil, ne quitte pas des yeux Sirius qui a un air boudeur et la mine sombre. L'aurologiste le regarde avec attention, les sourcils froncés.

« Visiblement maintenant vous savez parler, marcher. Qu'en est-il de votre magie ? »

Sirius reste silencieux. Un sourire se dessine sur les lèvres de l'aurologiste.

« C'est bien à vous que je m'adresse, monsieur Black. Je ne m'aime pas suffisamment pour me vouvoyer quand je me parle. »

Tonks pouffe dans ses mains, accompagnée par le rire bas de Remus, et les joues en feu de Sirius. Julia se contente de faire pétiller ses yeux.

« Je peux lancer des sorts. Je... Je ne me souviens pas de tout encore, c'est comme si je réapprenais tout, petit à petit. C'est encore très confus dans ma tête. »

« Le chien. »

Sirius se tourne brusquement vers Julia, les yeux écarquillés.

« Ben quoi ? Tu t'es transformé en chien aussi. »

Magnusson s'amuse alors.

« Je suis soumise au secret médical, ainsi que mon collègue. Donc, vous êtes un animagus non déclaré et vous avez réussi à vous transformer ? »

« Oui, il y a quelques semaines. Spontanément. Puis plus tard, mais volontairement. »

La médicomage hoche de la tête puis regarde Julia, Elusia, et de nouveau Sirius, et les quelques pièces du puzzle qu'elle soupçonnait, s'imbriquent les unes dans les autres. Elle a toujours été forte en arithmancie. Elle sourit.

« Bien, maintenant j'ai besoin de voir votre aura, donc taisez-vous tous. Il faut que je me concentre. »

Et c'est dans un silence palpable que l'incantation chantée reprend, et Julia s'endort doucement. La médicomage reprend ses gestes, faisant le tour de Sirius qui ressent de la chaleur émaner de son corps. Remus et Tonks regardent l'aura argentée flotter autour de son corps, et prendre une couleur rouge également.

« Monsieur Lupin, si vous voulez bien vous approcher, quand j'en aurai fini avec Monsieur Black, il sera également vidé de toute énergie, on ne sait jamais... »

Remus se lève, et reste à portée de bras de Sirius qui a un sourire goguenard peint sur ses lèvres. Le regard de la jeune femme s'arrête au niveau du torse de Sirius. La baguette toujours dans sa main droite, elle étend sa main gauche à quelques centimètres de Sirius, et un sourire se dessine.

« Hum. Un amateur d'arithmancie, à ce que je vois ? Les tatouages vont ont probablement sauvé la vie. C'est un sort de désintégration qui vous a touché, et vos tatouages l'ont absorbé en grande partie, le passage à travers le Voile a fait le reste. Et Mme Langford vous a réanimé, n'est-ce-pas, Augustus ? »

Le médicomage semble reprendre vie dans son canapé, à moitié endormi par l'incantation chantée. Il hoche vivement de la tête, mais ses yeux vagues laissent dire qu'il n'a rien écouté. Magnusson sourit alors, elle a reconstitué tout le puzzle parmi les pièces éparses qu'elle avait à disposition. Elle cesse alors de promener sa baguette autour de Sirius qui vacille.

« Monsieur Lupin ? Rendez-vous utile. »

Remus attrape alors les bras de Sirius qui tombe comme une poupée de chiffons. La médicomage fait apparaître d'un coup de baguette un rouleau de parchemin et une plume à papote à laquelle elle dicte.

« Bien. Pour Monsieur Black et Mme Langford, je prescris 24h de repos total, Monsieur et Mme Lupin, vous allez vous en occuper, les nourrir et les garder au chaud ces vingt-quatre prochaines heures. Transmettez mes amitiés à Monsieur Rogue qui m'a contactée suite à un entretien avec Monsieur Potter. Vous lui transmettrez aussi mes salutations. Augustus, debout, on rentre. Tu as été relativement inutile aujourd'hui. »

Le vieux médicomage se lève alors en bougonnant, et suit dans la cheminée la jeune femme qui a cet air satisfait relativement agaçant sur le visage. Tonks transforme le canapé en lit et désigne d'un mouvement de tête Sirius que Remus porte toujours contre lui.

« J'imagine que tu ne vas pas garder mon cousin dans tes bras, Remus. Bon. Je vais prévenir maman de garder les garçons. »

End Notes:

Et voilà pour le petit récap médical pour Sirius et Julia ;)

Entremêlées by Sifoell
Author's Notes:

Oui,je sais, blâmez-moi, je mets des semaines à mettre cette fic à jour alors qu'il reste si peu de chapitres à écrire avant que n'apparaisse ce triste et court mot : "FIN".

Ce n'est pas que je suis inspirée par mon couple Julia / Sirius, mais je crois que je vais avoir du mal à leur dire au revoir. En attendant, Perséide, la fic miroir de Libéré, continue sa route, et quand elle aussi sera terminée (et qu'il y aura sans doute deux OS sur deux nuits de Sirius et Julia), je pourrai écrire la suite de leur histoire.

Julia n'a jamais aussi bien dormi, et c'est contre Sirius qu'elle se réveille. Quand elle ouvre doucement les yeux, elle se sent enveloppée d'une douce chaleur et voit autour de son corps et de celui de Sirius une brume rougeâtre et mouvante, sensible au moindre mouvement. Julia a un hoquet de frayeur et se redresse sur un coude, étend sa main devant elle, et joue avec cette brume qui se condense autour de ses doigts et devient presque palpable, puis s'étend plus loin et se dilue. Quand elle regarde alors Sirius, avec un sourire fasciné sur les lèvres, elle voit sa brume se mêler à celle de Sirius. C'est quand Remus éclaircit sa voix que Julia se rend compte qu'elle est allongée auprès de Sirius dans un lit inconnu, et qui n'est pas censé être dans son salon.

« Bonjour Julia, tu veux un thé ? »

Julia sourit à Remus, et remarque ses traits tirés. Il est assis sur un des fauteuils du salon, et dans l'autre fauteuil, Tonks ronfle doucement, sa tête auréolée de ses cheveux roses.

« Tu nous as veillés ? »

Remus acquiesce, puis se lève.

« Je vais nous préparer un petit déjeuner. »

« Twister, les bêtes ! Oh, le toit de la grange est crevé ! »

Julia commence à s'agiter dans le lit, et va pour se lever, mais les deux bras de Sirius se referment autour de sa taille et il marmonne.

« La dame a dit qu'on devait se reposer. Et je suis sûr que Lunard et Tonks se sont occupés de tout. Dors avec moi. »

« Sirius, tu as vu ? »

Il secoue la tête, les yeux encore fermés.

« Nos auras, elles se mêlent. »

Sirius ouvre ses yeux gris et regarde Julia. Il s'attarde sur son visage, ses yeux, ses lèvres, ses joues rosées, puis regarde autour d'elle, et entre eux. Il a alors une expression de surprise fascinée, qui doit être semblable à celle qu'arbore Julia. Tonks bâille aux corneilles dans son fauteuil et se frotte les yeux, ses cheveux virant au vert, sous l’œil étonné de Julia. Sirius suit son regard et marmonne.

« Elle est métamorphomage. C'est son talent de naissance, de pouvoir ressembler à ce qu'elle veut. »

Julia regarde alors Sirius avec un air encore plus étonné, et les lèvres de Sirius viennent effleurer les siennes.

« On a réparé le toit de la grange, on ne voulait pas que tu te retrouves de nouveau trempée guenille. Et j'ai libéré et nourri les bêtes ce matin. Elles n'aiment pas trop Remus. »

Julia doit avoir un air bête, parce que Tonks précise.

« C'est un loup-garou. Un prédateur. Donc, les ânes, les chèvres, les poules, les boursouflets ont peur de mon grand loup... »

Remus la regarde d'un air sévère en revenant de la cuisine, les mains chargées d'un plateau. Sirius renifle dans l'air et s'assoit dans lit, l'eau lui venant à la bouche.

« On est déjà demain ? »

Tonks s'esclaffe.

« Vous avez dormi dix-huit heures, donc on doit encore être à vos petits soins pendant six heures. Les professeurs MacGonagall et Flitwick viennent en début d'après-midi, et Mara Southgate à l'heure du thé. »

Sirius se lève, flageolant, et Julia n'est pas beaucoup plus solide sur ses jambes. Ils prennent le petit déjeuner que leur a préparé Remus et, se baignent de la lumière naissante du soleil, leurs auras s'entremêlant.


Ils ont passé toute la matinée dans cette espèce de cocon douillet, Remus et Tonks étant très prévenants. Twister est venu tourner autour d'eux, mais les a regardé bizarrement et ne s'est approché qu'avec beaucoup de précautions, comme s'il craignait de se brûler.

« Tu crois qu'il les voit ? »

Sirius hausse les épaules, mâchonnant une fourchetée de viande juteuse. Ils n'arrêtent pas de manger depuis qu'ils sont debout, ils se sentent tellement fatigués ! Bien, mais fatigués. Remus regarde alors l'horloge du salon, qui indique 13h55. Il se lève.

« Minerva et Fillius sont très ponctuels. »

Et effectivement, les flammes de la cheminée virent au vert, et une femme habillée d'une robe noire et au chignon serré, accompagnée d'un tout petit homme portant des lunettes en sortent en s'époussetant.

« Bonjour Minerva. »

Sirius se lève doucement, et se tourne vers les deux arrivants. La vieille femme semble particulièrement émue. Elle sort un mouchoir d'une blancheur éclatante de sa poche et s'en tamponne les yeux sous ses lunettes carrées. Julia se lève à son tour, et regarde s'avancer les deux sorciers, singulièrement émus. Minerva prend les mains tendues de Sirius et ils s'observent un instant, puis Sirius serre la main du tout petit sorcier.

« Professeur Flitwick. »

La grande sorcière se tourne alors vers Julia.

« Vous devez être Julia. J'ai entendu parler de vous. Minerva McGonagall, je suis la directrice de l'école de sorcellerie de Poudlard, et le professeur de métamorphose. »

Minerva tend sa longue main à Julia qui la saisit en souriant.

« Julia Langford. Heu... J'élève des boursouflets. »

Ils entendent Tonks se marrer depuis la cuisine. Le petit homme vient ensuite saluer Julia de sa voix haut perchée.

« Fillius Flitwick. Je suis le professeur de sortilèges de Poudlard et le directeur de la maison Serdaigle. »

Remus désigne alors les canapés.

« Installez-vous. Julia, où est la baguette de ta grand-mère ? »

Julia semble perdue, mais la prend sur la cheminée, avant de s'asseoir aux côtés de Sirius et en face des professeurs McGonagall et Flitwick. Leur différence de taille sur le canapé la ferait sourire si elle l'osait. Tonks sort de la cuisine, encombrée d'un plateau portant une théière, des tasses, soucoupes et biscuits, mais Remus se précipite pour les récupérer, devant le regard rieur de Sirius.

« Toujours aussi adroite, cousine ? »

Tonks a manifestement fait une grimace parce que Sirius éclate d'un rire ressemblant à un aboiement. Minerva remercie d'un sourire Remus qui a posé devant eux le plateau, et se sert une tasse de thé.

« Bien. Mme Langford... »

« Appelez-moi Julia. »

« Heu... Très bien. Julia... Vous savez que les enfants sorciers sont scolarisés de leurs onze ans jusqu'à leur majorité, à dix-sept ans selon les lois sorcières, à l'école de magie de leur choix. La majorité du temps, pour les enfants du Royaume Uni, c'est à Poudlard... »

Julia l'interrompt avec une grimace gênée, puis jette un œil à Sirius.

« J'ai lu l'Histoire de Poudlard, madame. Quand... Quand j'étais chez Harry Potter et que personne ne me parlait vraiment... Enfin, bref, j'ai lu pas mal de livres sur l'histoire de la magie, de Poudlard, et même un livre qui m'a mordu. J'ai 26 ans, je pense donc que je ne peux pas apprendre comme le ferait un enfant de onze ans. De plus, vous devez savoir que Severus Rogue m'a rendu ma magie qui m'avait été... captée par ma grand-mère et ne s'est du coup jamais développée... Plusieurs personnes m'ont dit que je devais apprendre à la contrôler, mais ce n'est pas évident. Quand je suis en colère, il y a des choses qui vibrent ou prennent feu, et quand je suis trop heureuse... Je fais de la lumière... »

Ce coup-ci, c'est Remus qui se met à rire et Sirius prend une tête cramoisie, alors que, visiblement, les deux professeurs n'ont pas compris... Jusqu'à ce que Minerva fasse « oh » et boive une gorgée de thé brûlant.

« J'aimerai apprendre à me servir de ma baguette, donc les sortilèges et la métamorphose. Pour les potions, je n'en suis pas sûre, parce que cela m'a l'air bien compliqué. J'aimerai par contre apprendre les soins aux créatures magiques. J'ai eu deux accidents avec des bêtes. Une fois chez Harry avec des gnomes, mes pouvoirs ne m'ont pas protégée, de ce que j'ai compris. Et pendant que le venin des gnomes m'empoisonnait, le gros piaf... l'hippo... l'hippogriffe est venu chez moi chercher Sirius mais je ne savais pas me comporter avec lui donc il m'a attaquée. Et Severus Rogue m'a sauvée. »

Les deux professeurs écoutent intensément Julia, et Sirius lui a pris la main qu'il serre doucement dans la sienne. Une fois lancée, Julia est insatiable et n'arrive plus à s'arrêter de parler.

« Et puis la botanique, aussi. J'ai une ferme, vous voyez. Une toute petite ferme, bien humble. Je vous avoue que si je ne faisais pas pousser mes propres légumes et si je n'avais pas un petit verger, j'aurai du mal à joindre les deux bouts. Je veux apprendre plein de choses en magie, mais je continuerai à travailler ici. C'est chez moi. »

Minerva acquiesce à ce flot de paroles, puis fouille dans sa poche et en sort deux rouleaux de parchemins scellés d'un sceau de cire.

« Tenez, voici votre lettre d'acceptation à Poudlard. Nous déterminerons ensemble la manière qui vous conviendra pour que vous appreniez ce que vous souhaitez. Je ne saurai qu'insister sur les cours de défense contre les forces du mal. Bien que le monde sorcier soit en paix en Angleterre depuis 1998, il vaut mieux savoir se défendre, Julia. Vous avez aussi la liste des fournitures nécessaires. Je vous laisse les lire. Fillius ? »

Le petit homme se racle la gorge.

« Oh... Heu... Les cours de potions sont importants et obligatoires jusqu'en cinquième année incluse, après, selon vos résultats aux BUSES, qui sont le diplôme de cinquième année, vous pouvez poursuivre ou non. Nous en avons déjà discuté avec Severus... »

Sirius le coupe immédiatement, secouant la tête.

« Non, pas question que Snivellus... »

Julia se tourne brusquement vers lui.

« Laisse finir monsieur Flitwick, Sirius. »

Il se renfrogne alors, et le petit professeur poursuit, mal à l'aise.

« Severus Rogue est donc d'accord pour vous donner des cours particuliers, que ce soit à votre domicile, au sien, ou dans les locaux de l'entreprise qui l'emploie. Il m'a dit préférer que cela se passe chez lui, pour plus de discrétion. »

« Et parce que je ne peux pas rentrer, sans doute ? » marmonne Sirius.

Julia pose sa main sur celle de Sirius, la serre et y plante ses ongles.

« Je suis d'accord pour suivre les cours de potions chez Severus Rogue. Je lui fais confiance. C'est le seul sorcier à m'avoir réellement aidée. »

Sirius se lève brusquement et quitte le salon, les autres sorciers le suivant du regard, mais Julia l'ignore avec superbe. Elle a un petit soupir agacé, et chuchote.

« Vous avez des nouvelles de Philomena Fletcher ? La compagne de Severus ? »

Les deux professeurs posent sur elle un regard étonné, mais Tonks la coupe.

« C'est un secret, Julia, ils ne sont pas au courant. »

Elle ouvre la bouche, ayant conscience d'avoir commis un impair.

« Ce n'est pas grave, Julia, tu as encore beaucoup à apprendre. »

L'esprit de Julia file, et avec lui cette avidité à découvrir ce monde que sa grand-mère a gardé éloigné d'elle. Alors, avant qu'elle ne réussisse à se rattraper, la question qui lui brûle les lèvres les franchit, douée d'une volonté propre, bientôt suivie par un autre flot de paroles qu'elle n'arrive plus à stopper.

« Vous connaissiez mes parents ? Benjy Fenwick et Dinah Langford ? Je ne sais rien d'eux. Je... Je n'ai pas plus que ça discuté avec ma grand-mère qui est un fantôme et que je vois maintenant, parce que je n'en ai pas envie... Elle m'a volé ma vie. »

Julia plonge baisse la tête brusquement et exhale un soupir plein de larmes qu'elle essuie avec agacement.

« Je m'excuse, ce n'est pas facile à vivre... »

Julia relève les yeux et découvre Tonks, assise à la place de Sirius, les cheveux gris. Elle a un doux sourire sur son visage.

« Regarde autour de toi, Julia. »

Rien ne frappe l'attention de Julia avant qu'elle ne remarque ses plantes dont les feuilles se replient, comme manquant d'humidité. La petite voix du professeur Flitwick s'élève alors.

« Votre pouvoir semble lié à la nature, Julia. Concernant vos parents, je me souviens bien de votre père, Benjy Fenwick. Il était très doué en sortilèges, en défense contre les forces du mal et c'était un duelliste hors pair. Il avait ce petit caractère emporté que vous semblez avoir hérité de lui. Votre mère, Dinah Langford, était plus discrète, et c'étaient la botanique et le soin aux créatures magiques qui étaient ses matières de prédilection. »

Julia a toujours les larmes aux yeux, mais à la périphérie de son champ visuel, elle remarque les plantes qui se redressent, les feuilles qui se déplient. Elle acquiesce.

« Si un jour vous avez plus de temps... Plein de temps pour me parler de mes parents, n'hésitez pas. Je ne sais rien d'eux » répète-t-elle avec de détourner les yeux et de chercher la forme flottante de sa grand-mère qu'elle ne trouve pas dans le salon.

Minerva MacGonagall se lève alors, suivie par le professeur Flitwick qui saute du canapé.

« Bien, Julia. Nous nous reverrons bientôt. Nous vous enverrons une lettre prévoyant le programme d'ici la fin de la semaine, et nous discuterons avec vous de ce qui est à modifier. Je vais vous souhaiter une bonne journée, j'ai cru comprendre que Mademoiselle Southgate viennent après nous. Je préfère écourter notre rendez-vous parce que cela va vous faire beaucoup à assimiler, même si vous êtes bien entourée. »

Le regard de la vieille dame dérive vers Remus et Tonks, puis vers l'escalier où les pas pesants de Sirius se font entendre. Julia tourne la tête vers lui et son visage prend la même expression assombrie. Bien. S'il a envie de lui faire la tête, qu'il le fasse ! Elle serre les mains tendues des deux professeurs qui se dirigent vers la cheminée où ils disparaissent dans des flammes vertes.

End Notes:

Héhé, je commence à préparer ce qui viendra ensuite, quand Libéré et Perséide seront terminées ;)

J'espère que la lecture vous a été agréable, n'hésitez pas à me laisser un message, j'y répondrai avec plaisir. A bientôt, et passez un bon réveillon du Nouvel An !

Langue-de-Plomb by Sifoell
Author's Notes:

Oh purée que je ne suis pas régulière dans mes publications. Trop de projets en cours en même temps...

Alors, déjà : je vous souhaite à tous une très bonne année, puissiez-vous voir vos rêves exaucés, que la peine soit légère et la joie profonde. Plein de bonheur, de paillettes et d'étoiles !

Je ne vous oubliais pas, et n'oubliais pas Julia et Sirius non plus. Je pense que j'ai du mal à achever Libéré par effraction parce que c'est une histoire et des personnages auxquels je me suis attachée. Mais le chapitre qui vient n'est pas le dernier, il sera suivi de deux, trois, quatre ? chapitres.

L'histoire de Julia et Sirius se poursuivra en attendant la suite dans Perséide qui est la fic miroir de Libéré mais du point de vue de Sirius, ce qui permettra de combler les "trous" dans l'histoire du point de vue de Julia.

Quand Perséide sera achevée, il y aura une suite de leur histoire (je commence à avoir quelques idées), pour dépasser un peu la découverte du monde de la magie et peut-être la centrer sur la découverte de son histoire familiale, celle de Sirius (modifications du canon forcément), et qu'est-ce que Sirius et Julia, ce couple un peu fragile, un peu bancal, va bien pouvoir faire de cette nouvelle vie qui s'offre à eux.

Ce chapitre fait directement suite au précédent, avec la visite de Minerva et de Fillius qui viennent proposer des cours à Julia afin qu'elle puisse utiliser sa magie. Parmi ces cours, une proposition qu'elle accepte, de cours particuliers de potions au domicile de Severus Rogue. Donc, Sirius n'est pas content content, et Julia non plus.

Bref, ça suffit le teasing, Mara attend de sortir de la cheminée !!! Bonne lecture !

Sirius rejoint le salon, la mine sombre, le regard posé sur Julia. Tout ce qu'elle a envie de faire, c'est de lui balancer une bonne pique au visage. Elle trouve son attitude envers Severus Rogue très limite, surtout que tout le monde n'arrête pas de dire que cet homme a changé, et les rancœurs qu'il semblait y avoir avec d'autres sorciers se sont progressivement effacées. Mais Sirius reste là-dessus, et il n'accorde pas d'attention à ce que Julia souhaite vraiment.

Cela grésille autour d'elle sans qu'elle ne s'en rende compte vraiment, comme un bruit électrique et désagréable. Mais Julia reste silencieuse, parce que Remus et Tonks sont là, et les surveillent encore un peu. Sirius s'approche d'elle, tremblant imperceptiblement de rage. Il murmure entre ses dents.

« Je ne lui fais pas confiance. »

Julia explose alors.

« Mais ils lui font confiance ! Tu n'as pas lu le livre de Mara Southgate sur la Bataille de Poudlard et l'issue de la guerre ? Il a joué un rôle prépondérant dans la lutte contre Voldemort. Lis-moi ce putain de bouquin, et passe à autre chose ! C'est un peu à cause de toi que sa femme n'est plus là. Fais un effort, merde ! »

Et avant qu'il ne puisse lui saisir le bras, Julia recule vivement pour sortir de la maison en claquant la porte. Elle s'attend à ce qu'on la suive tout de suite, mais non. Alors, remarquant Twister qui file à ses côtés, aboyant de joie à l'idée de sortir avec elle, Julia se met à trotter jusqu'à la grange. Là, elle récupère des carottes et du pain dans un seau, et va flatter Honkey et Donkey ses ânes, qui viennent pousser Julia de leur tête pour réclamer les carottes qu'ils sentent dans ses poches. Puis les deux biquettes, Georgette et Mauricette, qu'elle a achetées en Normandie, bondissent partout autour d'elle en bêlant alors qu'elle leur lance le pain, en gardant un morceau dans la main parce que Georgette a une petite tendance à tout manger et ne laisser que des miettes à sa sœur. Elle va ensuite voir les boursouflets, petites créatures qui sont de vrais pompons de fourrure fluo et se nourrissent de graines. Bien que les jumeaux Weasley lui aient dit qu'ils n'avaient pas besoin de beaucoup d'entretien à part les nourrir et nettoyer leur litière, Julia se fait un devoir de créer un lien avec eux. Parce que, de ce qu'elle a compris, ces petites bêtes sont l'équivalent sorcier du hamster, et beaucoup de familles sorcières ayant des enfants à la maison, en ont quelques uns dans un petit parc.

Julia se berce dans les couinements des boursouflets, et s'abîme dans le travail, comme à son habitude, c'est ce qui l'apaise. Elle entend alors des pas légers derrière elle, et s'attendant à voir Sirius, se retourne brusquement. C'est Tonks, qui a les cheveux bruns cette fois-ci. Le regard de Julia reste accroché quelques instants aux cheveux de la jeune femme et Tonks tend son index vers eux.

« C'est un véritable baromètre à émotions. Quand ils sont roses, c'est que j'ai la forme. Gris, c'est que je suis triste ou stressée. Et brun, c'est parce que Sirius est épuisant. Remus essaie de le calmer un peu. Tu vas pouvoir revenir, Mara est arrivée. »

Julia acquiesce, l'air un peu grave. Elle repense au secret dont elle n'aurait pas du parler, et, alors qu'elles avancent vers la maison, elle arrête Tonks en lui touchant le bras.

« Pourquoi c'était un secret pour Philomena et Severus ? »

Tonks réfléchit, ignorant les silhouettes de Remus et Sirius qui sont dans le porche avec celle, plus petite et menue, de Mara.

« Mara et Philomena travaillent comme Langues-de-Plomb au département des Mystères. Ceux qui travaillent dans ce département ne dépendent même pas de la justice magique, même si leurs activités peuvent sembler répréhensible. Ils travaillent dans plusieurs domaines, aux Mystères : l'amour, la mort, l'esprit, le temps... Et c'est dans la salle de la Mort que Sirius a traversé le Voile et a disparu. Leurs activités sont secrètes, pour les protéger et protéger leur travail. »

Julia a les sourcils froncés.

« C'est beaucoup trop abstrait pour moi... »

Tonks réfléchit de nouveau, essayant d'expliquer cela à une sorcière qui a autant de connaissances de son monde qu'un simple Moldu.

« Tu sais, les sorciers existent depuis des millénaires. Imagine que chacun d'entre nous invente un sortilège, ou un objet magique... Imagine qu'à la mort de ce sorcier, chacun de ces objets magiques reste derrière lui et que ceux qui en héritent ne savent pas s'en servir. Cela peut être très dangereux. Le Ministère de la Magie a été construit autour de l'Arche où a disparu Sirius pour empêcher à la fois les sorciers et les Moldus de le franchir. Et cela fait bien six cents ans que le Ministère existe, et je crois bien qu'on n'a toujours pas la moindre idée de ce qu'est cet objet magique. »

Julia acquiesce et retourne vers le porche, ignorant Sirius qui souffle par le nez, visiblement agacé. Tonks les suit en traînant des pieds, tout en lançant un regard qui en dit long à Remus. Julia s'arrête devant la jeune femme, petite et menue, au carré châtain et aux yeux noisettes. Elle lui tend la main.

« Bonjour, je suis Julia Langford. C'est chez moi que Sirius est arrivé quand il est sorti du Voile. »

« Oui, je sais. Bonjour, je m'appelle Mara Southgate et je suis Langue-de-Plomb au département des Mystères. Je travaille dans la salle de la Mort. Peut-on aller dans votre salon ? J'ai des documents à vous montrer... »

Julia acquiesce et les précède tous. Ils s'installent dans les canapés, les fauteuils. Mara, par des gestes vifs, sort plusieurs rouleaux de parchemins de sa veste de velours qui comporte un nombre impressionnant de poches. Il y a des choses qui cliquettent et qui vibrent dans certaines de ses poches. D'autres ne semblent pas avoir de fond tellement elle plonge la main jusqu'au coude pour attraper plusieurs instruments étranges. Mara déroule d'abord un parchemin représentant une mappemonde, puis sort ce qui ressemble à un pendule, un sextant et un compas. Elle se décale dans son fauteuil et installe à côté d'elle les rouleaux de parchemins restant. Elle en garde un dans la main, qu'elle déroule. Julia reconnaît la lettre que Philomena a écrit, celle que Severus lui a lu, et cela l'émeut. Mara les regarde alors tous, parlant de sa petite voix douce où poignent une certaine autorité et une forte assurance.

« Ce que je vais vous dire et vous montrer doit rester strictement confidentiel. Bien que mon métier de Langue-de-Plomb me permette d'être en quelque sorte à côté des lois, je réponds quand même à l'autorité du chef de mon département, qui n'est absolument pas au courant de ma présence ici. Mais si vous êtes ici, Sirius, Remus et Tonks, c'est parce que nous faisions partie de l'Ordre du Phénix, c'est pourquoi, Remus et Tonks, vous serez mis dans la confidence étant donné vos liens avec Sirius. Julia, il va de soi que comme Sirius a atterri chez vous à sa sortie du Voile, vous allez aussi assister à cette réunion. Compte tenu de votre situation au regard de votre magie, je vais essayer d'être la plus concrète possible pour que vous compreniez. »

Mara commence à lire la lettre de Philomena, se concentrant uniquement sur ses découvertes, à savoir que dès que quelqu'un traversait l'Arche, quelqu'un d'autre en sortait. Elle passe les passages où Philomena déclare son amour à Severus. Et Julia qui est plutôt sensible, pense à cette femme suffisamment amoureuse et désespérée pour mettre sa vie en danger pour apporter un peu de bonheur à Harry Potter. Mara saisit sa baguette et dessine un mouvement vif dans l'air au-dessus de la mappemonde qui reste plate.

« Il faut savoir de prime abord, que les cartes mentent. Systématiquement. Surtout les cartes sorcières. Elles ne révèlent pas ce qui est caché, ce qui est secret. Celle-ci est la mienne, et concerne uniquement les lieux de sortie des personnes qui ont traversé le Voile. Certaines de ces personnes sont encore vivantes et ont pu être rencontrées par Severus Rogue que personne, pas même le Ministre de la Magie, n'a pu écarter de la moindre investigation concernant la disparition de Philomena. Il nous a été encore une fois d'une aide précieuse. »

Sirius émet un petit rire méprisant, qu'il éteint tout de suite sous le regard froid que lui lance Julia. Il faudra vraiment qu'elle discute avec lui. Vraiment.

Mara pointe de sa baguette des endroits sur la carte qui se marquent d'un rond doré.

« Islande, Tasmanie, Nouvelle-Angleterre, Suisse, Norvège, Allemagne et Jersey. Tous sont partis de Londres, du Ministère de la Magie, et tous ont réapparus auprès d'un sorcier. Tous étaient désorientés, et tous ont entendu les fameuses voix du Voile toute leur vie, même si cela va s'amenuisant au cours du temps. »

Mara adresse un petit sourire encourageant à Sirius.

« Severus est sur le point de faire sortir Philomena, sourit Mara. Je ne sais absolument pas comment il va le faire, mais j'en suis certaine. Parce qu'il est en train de travailler sur des portoloins qui permettent aussi de communiquer avec le département des mystères, parce que l'expérience reste sous son contrôle. »

Mara se tourne alors vers Julia.

« Et Sirius est sorti du Voile chez vous, parce que votre maison est une maison sorcière, et bien que vos pouvoirs vous aient été dérobés par votre grand-mère, vous n'en restez pas moins une sorcière, Julia. Par contre, nous n'avons pas encore compris pourquoi c'est ici et pas ailleurs qu'il est sorti. »

« Sa grand-mère... La grand-mère de Julia, Elusia Thorpe, qui est décédée, m'a fait sortir. Dans le flot des voix, la sienne se détachait et rendait de plus en plus concret ce qu'elle disait. Cela m'a fait en quelque sorte sortir de la latence dans laquelle j'étais, et c'est sa volonté qui est devenue la mienne. Je ne saurai l'expliquer autrement. »

Mara acquiesce.

« Je transmettrai ce que vous venez de me dire à Severus. »

« Je préfère pas. » marmonne Sirius.

Si Julia avait pu lui jeter une balle de papier ou autre chose pour qu'il arrête de marmonner comme un gosse, elle l'aurait fait. Seulement, elle n'en avait pas sous la main.

« Et bien, je le ferai quand même. Je ne suis pas soumise au secret médical, contrairement au docteur Magnusson, que je me suis permise de rencontrer à votre sujet, et qui n'a rien révélé de votre état. Les informations que j'obtiens, je les utilise à bon escient. »

Mara roule le parchemin de la mappemonde, tout en expliquant.

« Nous n'avons pas assez de données concernant les sorties du Voile pour réussir à prévoir à quel endroit Philomena, ou celui ou celle qui prendra sa place, sortiront. Nous n'avons pas connaissance de l'existence d'autres Arches de la Mort dans d'autres pays, mais je suppose qu'ils seraient aussi dans un département équivalent au nôtre, et il est donc totalement normal que nous n'en sachions rien. »

Elle range le parchemin de la mappemonde et en sort deux autres qu'elle déroule soigneusement, lissant bien les bords, et lance son sort d'un mouvement vif de sa baguette magique, les empêchant ainsi de s'enrouler. Tous se rapprochent des deux parchemins, ne comprenant pas trop ce qu'ils représentent, visiblement.

« Connaissez-vous les lignes de Ley ? » demande Mara à la cantonade, et les regards se tournent vers Remus qui esquisse un sourire narquois. Mara sourit en retour.

« Les lignes de Ley font partie d'une théorie Moldue controversée estimant que les mégalithes et d'autres constructions antiques comme les pyramides d'Egypte, sont érigés sur des lignes imaginaires, et peut-être représentent au sol des alignements stellaires. »

Mara sort un autre tout petit rouleau de parchemin qu'elle donne à Julia qui fronce les sourcils, le passe à Tonks, qui le passe à Sirius, qui le passe à Remus qui le garde longtemps en main avant de murmurer.

« Brillant ! »

« Merci, dit Mara, visiblement satisfaite d'elle-même. J'ai donc travaillé sur la théorie des lignes de Ley avec la fenêtre de l'arithmancie. Julia, l'arithmancie est un art divinatoire basée sur les chiffres, nombres, leurs calculs et combinaisons... Vous le verrez en cours à Poudlard en septembre, si j'ai bien compris. Bon. Et bien, comme je vous l'ai dit par rapport aux sorties du Voile des personnes qui y ont disparu, nous n'avons pas assez de données. J'ai donc, avec d'autres collègues du département, travaillé non sur les disparitions de sorciers et sorcières, mais sur leurs apparitions. Cela a été un travail de longue haleine. De manière officielle, nous avons donc vingt-quatre apparitions ces deux cent cinquante dernières années, dans vingt-quatre pays, ce qui signifie... »

« Qu'il y a d'autres Arches ailleurs. » continue Remus.

« Oui. Les Ministères de la magie qui ont accepté de communiquer avec nous ont bien confirmé qu'ils avaient des équivalents de l'Arche, qui ont d'autres formes, mais a priori les mêmes caractéristiques : laisser passer la parole des morts, et faire disparaître les sorciers qui les traversent, pour les faire réapparaître quand quelqu'un d'autre les franchit. Ceux qui réapparaissent le font systématiquement auprès de sorciers. Ces artefacts sont tous bien entendu étroitement surveillés. »

Sirius s'appuie alors sur ses coudes et s'avance vers Mara, la regardant dans les yeux.

« Et qu'est-ce que Philomena a à voir avec nous ? »

Julia laisse échapper une expression de colère et s'emporte.

« Mais elle a tout à voir avec nous, Sirius ! C'est grâce à elle que tu as atterri chez moi. C'est parce qu'elle est entrée dans le Voile que tu en es sorti. Comment peux-tu être aussi insensible ! Ta rancœur envers Severus Rogue t'aveugle complètement ! »

Alors qu'elle essaie de reprendre son souffle, et que Mara regarde de ses yeux ronds Remus et Tonks, dont les cheveux sont devenus gris, le lustre en verre au-dessus d'eux se met à cliqueter, les tasses se mettent à vibrer dans leur soucoupe, et il y a un bruit désagréablement aigu, comme celui d'une craie sur un tableau. La main de Mara s'envole vers celle de Julia, et la serre. Julia tourne la tête vers elle.

« Respirez, Julia. Tout va bien... Je vais y venir, à ce que la disparition de Philomena a à voir avec vous. Et je vais répondre à votre question, Sirius. La disparition de Philomena a tout à voir avec vous. Parce que vous êtes celui qui est réapparu le plus récemment. J'aimerai savoir ce que les voix vous ont dit, ou ce qu'elles vous disent encore. »

Sirius serre les mâchoires et se recule dans son fauteuil, le regard lointain et la mine boudeuse. Il semble totalement se refermer sur lui-même et Remus l'interpelle comme on le ferait avec un enfant capricieux.

« Sirius... »

Les yeux gris se plantent dans les yeux ambrés avec un regard qui en dit long sur sa frustration, puis il regarde Mara avec une animosité qui ne lui est pas destinée.

« Les voix me disaient que je n'étais pas à ma place. Mais qu'il y a une place pour ceux qui n'ont pas de place. Certaines me demandaient de rester, comme pour les divertir, ou les écouter, et d'autres étaient plus hostiles, et me demandaient de partir. Elles m'appelaient l'homme-chien et l'homme-étoile. La plupart du temps elles parlaient toutes en même temps et étaient incompréhensibles, et parfois une voix se détachait du brouhaha, comme celle d'Elusia. »

A sa mention, le fantôme vient voleter dans la pièce. Mara la regarde alors et se présente.

« Elusia Thorpe ? Bonjour, je m'appelle Mara Southgate et je suis Langue-de-Plomb au département des Mystères. Sirius dit qu'il entendait votre voix lorsqu'il était dans le Voile ? »

Elusia réunit ses mains sur le devant de sa chemise de nuit qui flotte autour de son corps frêle comme un linceul. Ses longs cheveux blancs volettent autour d'elle comme une nuée. Elle acquiesce.

« Je ne sais pas si je peux en parler... »

Elusia paraît hésiter, et lève la tête vers le plafond comme si elle écoutait quelque chose. Sirius s'adosse dans son fauteuil, les mâchoires serrées. La douce voix de Mara se fait de nouveau entendre.

« Elusia, vous êtes ici et vous êtes à la fois là-bas, n'est-ce pas ? »

Le fantôme acquiesce.

« Comme nous tous. »

« Et tous ceux qui sont là-bas sont forcément des fantômes ? »

« Non. Certains sont passés de l'autre côté, et c'est ce qu'il reste d'eux. Leur esprit. Leur vie passée. Ce qu'ils disent n'est pas très intéressant, ils ressassent sans cesse leur vie, rabâchent que ceux qui sont à l'endroit où ils sont... Ils veulent juste que quelqu'un les écoute. »

Julia frissonne et referme les pans de son gilet sur elle. La température semble avoir baissé de quelques degrés et Elusia a soudain une expression effrayée sur le visage. Ses yeux se posent sur Mara, puis Julia.

« Je ne peux plus rien dire, ils nous écoutent... »

Elle traverse alors le plafond à toute vitesse. Mara s'active alors, saisit sa baguette et allume un feu dans la cheminée.

« Allumez toutes les lumières que vous avez, maintenant... »

Des lueurs d'incompréhension dans le regard, Remus et Tonks se lèvent et appuient sur les interrupteurs. Julia se lève aussi, et va chercher des bougies qu'elle installe un peu partout dans le salon, et les allume avec des allumettes qu'elle a du mal à craquer, une sourde angoisse lui étreignant le cœur, surtout quand Twister se met à tourner sur lui-même, puis s'arrête et hurle à la mort.

« Du sel ! S'exclame Mara. Du gros sel, plein ! »

Sirius va dans la cuisine et en ramène du sel que la jeune femme lui arrache des mains.

« Venez tous autour de moi... »

Remus et Tonks se rapprochent de Mara, la mine grave et se tiennent les mains. Sirius attrape aussi la main de Julia et la tire vers lui. Mara verse le sel autour d'eux, veillant à dessiner un cercle parfait, tout en marmonnant quelque chose dans une langue que Julia ne comprend pas. L'expression des visages des autres sorciers lui indique qu'eux non plus n'ont aucune idée de ce qui se passe.

« Grand-mère... »

« Tout va bien, elle est partie se mettre à l'abri... »

Mara exhale de la buée et se met à frissonner.

« Mon chien... »

« Ils ne lui feront rien... »

« Mais qui ? »

Mara esquisse un sourire. Le sourire inquiétant qui vient avant la bataille, quand l'ennemi est en approche.

« Vos baguettes, tous ! »

Remus, Tonks et Sirius sortent leur baguette, et Julia cherche la sienne des yeux.

« Accio baguette de Julia ! » dit Mara qui lui tend alors la baguette, en posant sur elle ses yeux calmes.

« Ce n'est pas qui mais quoi. » rajoute-t-elle.

« Un poltergeist ? » propose Remus.

Mara secoue la tête.

« Non... J'étudie les voix depuis ma sortie de Poudlard, en 1993. J'étudiais cette fichue arche bien avant que vous ne la traversiez, Sirius. Monsieur Rogue a vécu une expérience similaire à celle que nous vivons maintenant en visitant la personne que vous avez libéré en sortant. Les voix sont avides, il y a une place pour celui qui n'a pas de place, elles le répètent sans cesse dans votre tête, n'est-ce pas ? Et parfois, elles viennent tourmenter celui qui leur a échappé. La manifestation peut s'apparenter à celle d'un poltergeist, sauf qu'elles sont nombreuses. Très nombreuses, et très bruyantes. Elles viennent chercher leur dû. Ne les écoutez pas, même si elles semblent familières. Parce qu'elles le sont... »

Et c'est comme s'il y avait un tremblement de terre. Tout vibre autour d'eux, les portes et les tiroirs claquent, Twister se réfugie sous un meuble en chouinant, la vaisselle s'entrechoque dans les placards. La température déjà froide descend encore de quelques degrés, et soudain, elles sont là, ces apparitions blanchâtres et transparentes, des voiles, des chaînes, des visages aux orbites vides et aux bouches béantes. La main de Mara se serre autour de sa baguette et elle se tourne vers l'extérieur, toujours dans le cercle.

« Maintenant, tout le monde dos à dos, on forme un cercle et on regarde autour de nous. Répétez après moi. Umbra repellio*. Vade in inferios.»

Les lèvres murmurent, les baguettes pointent devant les sorciers et une lueur éblouissante en sort pour inonder de lumière les alentours, leur faisant fermer les yeux. Mais pas ceux de Mara, qui, frigorifiée, s'est redressée de toute sa hauteur et psalmodie en boucle ses deux formules, insensible à la lumière aveuglante.

Et tout s'arrête. Le bruit. Le froid. Les ombres. Mara qui semblait grandie retrouve sa taille et tout s'apaise autour d'eux. Elle étouffe un bâillement, brise le cercle d'un geste négligent du bout de la chaussure.

« Quelqu'un me fait une tisane ? »

Elle lance un sort pour faire disparaître le sel qui est autour d'eux, et ils sortent tous de leur léthargie. Elle fait un clin d’œil à Tonks, qui travaille aussi au Ministère de la Magie.

« Je vous avais dit qu'il n'y avait pas que les Aurors qui avaient des journées fatigantes. »

Puis elle se retourne vers Julia, d'un air suppliant.

« Vous n'avez pas un truc sucré à manger ? »

Julia se remet alors en route, va fouiller dans ses placards et en sort des paquets de gâteaux qu'elle dépose sur la table basse avant de s'affaler dans un des fauteuils.

« Est-ce que tout est si effrayant dans votre monde ? » demande-t-elle d'une voix éteinte.

« Non, il y a aussi des choses merveilleuses dans notre monde, Julia. Et il nous tarde tous de vous les montrer. »

End Notes:

Umbra repellio : ombre repoussée.

Vade in inferios : allez dans les inférieurs = allez au diable.

J'ai voulu au travers de ce chapitre montrer aussi un peu de ce que j'imagine être le travail d'un Langue-de-Plomb dont le sujet d'étude est la Mort (comme le disait Tonks, ils peuvent aussi travailler sur l'esprit, l'amour...). Ce métier tout particulièrement de Langue-de-Plomb étant obscur pour tous, sauf eux-mêmes, j'imagine qu'il peut y avoir des moments spectaculaires aussi pour eux, vu qu'ils travaillent sur des sujets qui sont tellement spécifiques, spécialisés, que personne d'autre qu'eux les maîtrise. Du moins, c'est comme ça que je l'imagine.

Alors, je vous laisse libres d'interpréter comme vous le souhaitez ce qu'il s'est passé avec les Voix (je voyais cette manifestation comme une menace parce que l'on s'intéressait de trop près à elles, surtout que l'on interrogeait un fantôme, donc l'un des leurs...

J'espère que la lecture vous a été agréable, n'hésitez pas à laisser un petit mot, j'y répondrai avec plaisir.

A bientôt !

La fille d'un héros de guerre by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour bonjour,

J'espère que vous allez bien !

Ce chapitre fait directement suite au précédent, et est un peu plus apaisé suite au dernier qui laissait une note un peu effrayante...

Je vous souhaite une bonne lecture !

Julia rend son sourire à Mara qui redevient sérieuse. La jeune femme prend la main de Julia dans la sienne et la serre doucement.

« Vous n'avez pas à être effrayés de ce que vous venez de vivre. Elles ne reviendront pas vous importuner. Elles n'aiment pas trop que l'on révèle leurs secrets, et c'est exactement ce que votre grand-mère vient de faire... »

Mara laisse ses yeux traîner un peu sur Sirius qui a pris un teint grisâtre. Remus lui met une tasse de tisane dans les mains et une assiette avec des biscuits sur ses genoux. Mara tapote le canapé des mains, invitant Julia à se rassoir.

« Monsieur Potter m'a dit que je devais faire un démenti à votre sujet, Julia, ainsi que rédiger également un article sur votre retour dans le monde, Sirius. »

Les mains de Mara s'agitent et elle rassemble ses rouleaux de parchemin et instruments qu'elle range dans ses poches immenses. Elle sort un journal de la poche intérieure de son manteau qu'elle n'a pas quitté depuis qu'elle est rentrée chez Julia par la cheminée. Elle le déplie et montre à Julia la une, une photo de Sirius et Harry, et en arrière plan, Ron qui lui tient le bras. Julia s'étonne toujours de voir les photos s'animer.

« Rita Skeeter. Ce qui m'étonnera toujours est que cette femme a encore sa carte de presse... Pourtant monsieur Potter m'a assuré il y a quelques temps qu'il avait une information en sa possession qui pouvait faire taire ce poison. Mais bon. »

Mara lève les yeux vers Remus, comme s'il avait une réponse à sa question, mais il se contente de hausser les épaules tout en faisant la moue. Ses yeux se posent alors sur Sirius.

« Monsieur Potter ne devait pas passer ? »

Sirius ne réagissant pas, ni Julia, Mara se tourne de nouveau vers Remus et Tonks qui se lève.

« Je vais le chercher. Il doit être au bureau. »

« Très bien. Sirius et Julia, vous devez apprendre à contrôler votre image. En étant proche de monsieur Potter surtout, vous vous exposez au regard du public et à celui de la presse, et même cette sorte de presse. »

Elle secoue le journal à leur intention, et Julia sourit en voyant les personnages s'accrocher aux limites de leur cadre. Mara continue.

« Et Sirius, votre sortie de notre monde a été spectaculaire et connue de tous. Monsieur Potter en a parlé à la presse pour réhabiliter votre mémoire à la fin de la guerre. Sa célébrité est si grande maintenant encore, que la moindre chose qui se passe autour de lui est aussitôt montée en épingle. Et votre retour au monde n'a pas été discret non plus, Sirius. »

Sirius se renfrogne encore plus s'il est possible et porte la tisane à ses lèvres.

« Je ne vous fais aucun reproche, Sirius, de retour si tôt dans notre monde, vous ne pouviez rien contrôler, et Julia, cela fait partie des choses que vous devez apprendre. »

Mara sort d'une de ses innombrables poches une carte de visite, sur laquelle est écrit en lettres d'or, Mara Southgate, rédactrice en chef à la Voix du Sorcier.

« J'ai une double casquette. Je travaille comme Langue-de-Plomb au département des mystères comme je vous l'ai expliqué tout à l'heure, mais je suis aussi rédactrice en chef du journal que j'ai créé pendant la guerre, dans le but de lutter contre la désinformation. Cette lutte continue, visiblement. Avec votre permission, je m'entretiens avec chacun de vous, ici et maintenant ou au moment qui vous conviendra, et je consacrerai un numéro de mon journal à chacun d'entre vous. »

Julia acquiesce, l'air intéressée.

« Mais pourquoi les sorciers s'intéresseraient à moi, Mara ? Je suis inconnue... »

Mara affirme alors avec conviction.

« Parce que vous êtes la fille d'un héros de guerre. Les sorciers sont encore traumatisés par la guerre, même si elle s'est achevée il y a un peu plus de sept ans. Ils ont besoin de ces histoires qui ont une fin avec une note positive, et votre histoire, Julia, et celle de Sirius surtout, sont des histoires dont ils ont besoin. Vous voulez que je vous laisse le temps de la réflexion ? Rien ne presse. Mais avec l'article que Skeeter a rédigé et publié sur vous deux, vous ne pourrez pas mettre un pied sur le Chemin de Traverse. »

Julia réfléchit.

« Je ne connais pas mon histoire, enfin, peu... Pas plus que ça... Tout est si récent ! Et je ne sais pas ce qu'est le Chemin de Traverse. »

Et ce n'est pas vers Sirius mais vers Remus que Mara se tourne.

« Julia n'est jamais allée sur le Chemin de Traverse ? »

Remus hausse les épaules. Mara se tourne de nouveau vers Julia.

« Voyez un peu avec Sirius, parce que j'ai cru comprendre que votre relation a pris un autre tournant et c'est peut-être quelque chose qu'il souhaiterait faire avec vous, aller dans les endroits sorciers publics. Etes-vous allée ailleurs qu'au square Grimmaurd ? »

Julia secoue la tête. Mara note quelque chose sur un bout de parchemin.

« Mon adresse. Vous dites Rue Vandermeer quand vous entrez dans votre cheminée, et vous jetez de la poudre de cheminette. Vous en avez, au moins ? »

Julia acquiesce. Mara se tourne vers les deux sorciers, alors que Sirius reste sombre et silencieux, et n'a toujours pas répondu à la proposition d'interview de la journaliste.

« Et pourquoi en sait-elle aussi peu ? »

Remus sentant le regard de Mara sur lui tourne la tête vers Sirius qui marmonne.

« Parce que je ne me suis pas assez occupé d'elle. »

Il a les yeux étrangement fixés sur Julia, comme s'il voulait dire tellement plus. Julia murmure alors.

« Tu ne pouvais peut-être pas... »

Et elle a un regard si triste que Mara lui saisit la main et la serre.

« Venez demain soir chez moi pour le thé. Ma sœur sera probablement à la maison aussi, et peut-être d'autres filles. On se fait un super moment entre nous, Julia, et on discute. »

Julia serre aussi la main de Mara et paraît singulièrement émue.

p>« Les interviews vous les voulez maintenant ou plus tard ? C'est à votre convenance. »

Julia secoue la tête.

« Cela a été beaucoup d'émotions aujourd'hui, je préfère attendre un peu... »

Mara sourit.

« Il n'y a pas de soucis, Julia, Sirius. Vous allez vous reposer un peu, et vous reviendrez me voir. Et allez sur le Chemin de Traverse, Julia. Sirius, montrez-lui à quel point notre monde est beau. »

Son sourire s'agrandit encore et elle se lève pour prendre congé, tout en s'étant promis de se revoir dans quelques jours. Alors que Mara va pour partir et que Remus regarde l'heure d'un air inquiet, les flammes de la cheminée se colorent en vert et laissent entrer Tonks et Harry. Ce dernier a un air profondément las sur le visage et une inquiétante colère dans ses yeux. Il sourit à Julia pour la saluer et dit bonjour à son parrain avant de regarder Remus en secouant la tête, essayant de maîtriser sa colère.

« J'ai passé ma journée à convaincre mes collègues de laisser partir Severus Rogue. Il a fait traverser le Voile à deux personnes en fin de matinée. On n'a encore aucune idée de qui est entré, ni d'où est sortie Philomena. »


Harry soupire et adresse un regard suppliant à Julia.

« Vous auriez quelque chose de fort ? »

Sirius ricane et lui tend une flasque qu'il sort de sa poche.

« Sale journée, hein ? »

Harry dévisse la flasque et la porte à ses lèvres avant d'en prendre une bonne lampée.

« C'est un euphémisme. »

Ses yeux verts se posent sur ceux de Sirius.

« Il semble qu'il existe encore des situations où le nom du héros du monde sorcier ne suffit pas pour les résoudre. J'ai du utiliser aussi le nom d'Albus Dumbledore. Et tout mon talent de persuasion. Et je ne m'en étais toujours pas sorti quand Ron est intervenu, sans plus de succès. Alors Hermione est arrivée. »

Harry soupire, rend la flasque à Sirius et se frotte les yeux.

« Elle est arrivée avec Rose dans les bras, et a tout résolu en trois phrases. C'est la meilleure avocate que Severus puisse espérer. Parce que Severus ne fait absolument rien pour que le public lui fasse confiance ou pour être juste un minimum aimable. »

Remus pouffe de rire et Tonks a un air navré. Sirius arbore une moue méprisante. Julia intervient alors.

« Oui, on a tous compris que c'était un gros con. Qu'a dit Hermione ? »

Harry énumère les trois arguments sur ses doigts.

« Qu'il a pris le risque d'enfreindre la loi en sachant pertinemment les conséquences de ses actes. Qu'il fallait que le département des Mystères se décide à reconnaître que l'Arche ne représente aucun danger pour les sorciers qui le traversent. Et que le Ministère devait plus chercher des réponses, donc se mettre à chercher Philomena, plutôt que de vouloir enfermer les gens. »

Harry se tourne alors vers Mara.

« Il faut que tu retournes au département. Severus a refusé de nous révéler l'identité des deux personnes qui ont traversé, mais l'une d'elle est une femme. »

Harry soupire encore.

« Une femme Moldue très enceinte et mourante. »

Le poids de ses mots vient donner de la consistante à la qualité du silence qui s'impose à eux. Mara se lève alors brusquement, prend congé pour de bon cette fois et quitte Rouge Nez des Landes pour le Ministère. Remus explique alors.

« Philomena vient donc de sortir. C'est une des meilleures amies de Mara, avec Willow. »

« Willow est au courant, je lui ai fait envoyer un hibou. »

Remus et Tonks ont leurs yeux qui dérivent vers Sirius et Julia, et ceux de Harry reposent également sur eux, gênés.

« Allez là où vous devez être, on sera très bien tous les deux. »

La tension dans l'air s'allège un peu, et les épaules sont moins basses. Les trois remercient et filent sans demander leur reste. Quand ils sont tous partis, Julia se tourne vers Sirius et vient s'assoir à côté de lui. Elle le regarde d'un air las et vulnérable.

« C'est toujours comme ça ? »

Sirius semble intrigué. Julia précise, tout en se blottissant contre lui.

« Il se passe toujours plein de choses et il y a toujours un danger, dans ce monde-là ? »

« J'ai vécu deux guerres, Julia. Qu'est-ce que tu veux que je te dise... »

« Je veux que tu me parles des choses merveilleuses qu'il vous tarde tous de me montrer. »

La main de Julia se glisse dans celle de Sirius qui joue avec ses doigts. Ils entendent le cliquetis des griffes de Twister sur le plancher qui sort de sous son meuble, regarde autour de lui d'un air méfiant, et saute sur le canapé à côté de Julia. La voix de Sirius résonne alors.

« Qu'est-ce que tu veux savoir ? »

« Tout. Absolument tout. Je peux faire quoi avec ma baguette ? »

Sirius réfléchit un peu.

« Tout. Absolument tout. Léviter des objets. Transformer une souris en tasse. Faire apparaître un meuble dans la pièce. Éclairer la pièce. Briser des choses, réparer des choses. »

« Je peux me transformer en chien aussi ? »

Il rit, son esprit parti il y a très longtemps.

« Tu sais, on était quatre amis à Poudlard. Remus, James, le père de Harry, Peter et moi... »

Alors il se met à raconter sa vie, et c'est complètement décousu, il parle de quand il est entré à Poudlard, comment il a été réparti à Gryffondor, comment cela a plus que compliqué ses rapports avec ses parents, et surtout sa mère... Il parle toute la soirée, et une partie de la nuit. Et Julia l'écoute, comprend pourquoi c'est si compliqué avec Severus, comment il ne peut rien lui pardonner. Il parle peu de son frère. Il en parle tellement peu que dans l'esprit de Julia se forme l'idée qu'elle va peut-être lui donner un coup de main là-dessus. Elle demandera à Tonks.

Quand leurs ventres gargouillent de concert, Sirius se lève et va leur préparer à manger, et Julia rentre les bêtes pour la nuit, leur remet une couche de paille fraîche, du foin dans le râtelier, et remplit leurs gamelles de grain et les seaux d'eau.

Et ils parlent, parlent, et parlent encore, tous les deux, appréciant la bulle d'intimité qui se crée autour d'eux. Tout paraît si évident aux yeux de Julia. Sirius vivant ici, Julia qui a tant à apprendre.

End Notes:

Ah, enfin un peu de Sirius / Julia, cela manquait, non ?

Si je compte bien, je dois avoir trois chapitres d'avance, et on se rapproche de la fin qui n'est pas encore écrite, mais cela ne saurait point tarder.

Sinon, j'ai un titre pour la suite ! Mais je ne l'écrirai pas tout de suite !

Toutes ces choses merveilleuses by Sifoell
Author's Notes:

Hé, coucou !

Nous avons quitté Julia et Sirius qui après quelques heures éprouvantes, se retrouvent seuls, et Sirius lui raconte enfin un peu de sa vie.

Je vous retrouve à la fin ;)

Le lendemain, Sirius envoie un patronus à Remus sous les yeux de Julia qui est émerveillée de voir le chien de lumière bleutée s'agiter et comme enregistrer le message. Sirius veut passer la journée avec Julia. Sirius ne veut pas que son ami passe. Ils vont aller sur le Chemin de Traverse, tous les deux, et Julia trépigne d'impatience.

« Twister ? »

« Il peut venir. »

« Les bêtes ? »

« On sera rentré dans l'après-midi. »

Et il l'embrasse, souriant, son visage transformé.

« Il faut que l'on passe à Gringott's, c'est la banque sorcière. Là-bas, tu me laisses faire. Les gobelins... C'est spécial. Tu verras. Et on va acheter quelques trucs, on verra sûrement du monde que je connais ! Prends la baguette d'Elusia. On va aller voir Ollivander, le fabricant de baguettes. »

Sirius prend Twister dans ses bras, et Julia attrape une poignée de poudre de cheminette dans la main, regardant ce si bel homme qui est le sien avec attention. Elle a tout le temps peur de mal faire, tout est si nouveau.

« Tu la jettes et tu dis distinctement Chemin de Traverse. »

Julia fait ce que Sirius dit et ils disparaissent dans les flammes vertes pour réapparaître dans une cheminée inconnue. Twister n'ayant que moyennement apprécié le voyage, mouline des pattes avant et arrière, jusqu'à ce que Sirius le lâche, et il s'éloigne de quelques mètres d'eux en les regardant d'un air méfiant. Toujours accrochée au bras de Sirius, Julia époussette d'un geste absent sa robe d'été pleine de fleurs brodées et ils sortent tous deux de la cheminée, le regard de Julia étant partout autour d'elle, et celui de Sirius sur elle. Une expression de surprise se peint sur son visage.

« Ils sont tous habillés comme ça ? »

Elle ne pose la question que pour elle-même, son regard fixée sur une toute petite sorcière portant une cape violette et un chapeau ressemblant à un animal mort.

« Non. Moi, j'ai la classe. »

Julia pouffe et lui porte un coup sur le bras, ce qui le fait rire.

« Allez viens, je vais te montrer toutes ces belles choses... »

Et Sirius lui raconte ce qu'est le Chemin de Traverse, et Julia a sur son visage cette expression d'enfant émerveillée que Sirius voudrait que jamais elle ne quitte. Ses yeux grands ouverts pétillent et mettent des paillettes d'or dans le bleu de son regard, ses joues sont roses et ses cheveux emmêlés, comme toujours. Ils ne restent pas au Chaudron Baveur, mais Julia remarque déjà quelques regards qui se posent sur Sirius, semblent le reconnaître, sans qu'il n'y prête attention.

Et quand ils sortent du Chaudron Baveur, Julia s'illumine encore plus devant la rue aux pavés inégaux encadrée de bâtiments médiévaux, aux façades bariolées pour certaines, sobres pour d'autres. Elle a l'impression d'être dans un parc d'attraction. Elle lit quelques enseignes, et veut tout voir, tout toucher... Twister, impressionné par la foule, est caché derrière les jupes de sa maîtresse. Cela grouille de gens qui passeraient inaperçus dans le monde moldu, mais d'autres sont habillés de façon tellement loufoque que tout le monde se retournerait sur eux.

Ils n'ont pas fait trois pas que Sirius s'arrête devant un chariot pour acheter un cornet d'amandes torréfiées et caramélisées qu'ils se partagent. Ils entrent et sortent de chaque magasin, et plus ça va, plus Julia trouve qu'il y a du monde autour d'eux. Twister est tellement collant qu'il menace de la faire tomber plusieurs fois. Sirius, peut-être oppressé par la foule qui tourne autour d'eux comme des satellites autour d'un soleil, attrape la main de Julia et descend la rue d'un bon pas, ignorant ses protestations quand elle remarque la Ménagerie Magique ou Fleury et Botts.

« Non, on va d'abord à Gringott's. »

Et cela prend ce qui lui semble être des heures pour arriver dans ce bâtiment austère aux colonnes de marbre. Une fois entrés dans la banque, les gobelins sont tous sauf avenants et l'un d'eux darde sur Sirius un œil méfiant. Julia n'est pas du tout à l'aise là, comme c'était le cas quand elle s'est rendue seule au Ministère de la Magie pour rechercher Sirius. Et le stress qu'elle ressent envoie comme des étincelles électriques autour d'elle, venant piquer les sorciers autour, Sirius compris, qui resserre autour de sa main sa prise. Les gobelins regardent Twister d'un mauvais œil également, comme s'il n'avait rien à faire là. Comme s'ils n'avaient rien à faire là.

« C'est bien la baguette d'Elusia Thorpe, Monsieur Black. »

« Oui, comme je viens de vous le dire. »

De lourd comptoirs de bois encadrent la pièce immense où des tas de sorciers et de gobelins vont et viennent, donnant l'impression à Julia d'être dans une ruche.

« Sirius Black et Elusia Thorpe ! » clame le sorcier qui est à la sécurité.

« Heu... Non, je suis Julia Langford, la petite-fille d'Elusia Thorpe qui est décédée... »

Le sorcier à la mine patibulaire semble réticent à l'idée de leur rendre les baguettes. Il tourne sa tête vers les gobelins, dont un vient en marchant rapidement sur ses courtes jambes.

« Qui êtes-vous ? »

« Sirius Black. Et voici Julia Langford, la petite-fille d'Elusia Thorpe, la fille de Benjy Fenwick et Dinah Langford. »

Les petits yeux noirs de la créature se posent sur Julia.

« Et pourquoi ne portez-vous pas le nom de votre père ? »

Julia hésite. Et se rend compte qu'elle ne le sait pas. Sirius répond à sa place, plein d'aplomb.

« Dinah Langford a décidé de protéger sa fille à la mort de Benjy Fenwick en lui donnant son nom de jeune fille, Benjy étant engagé dans la résistance et ayant été tué par les Mangemorts. A la mort de Dinah Langford, Elusia Thorpe, sa grand-mère, a caché sa petite-fille pendant très longtemps pour la protéger. Elle n'a appris que très récemment qu'elle venait d'une famille sorcière. »

Les yeux noirs ne quittent pas Julia.

« Ah. Une Cracmole ? »

Julia secoue la tête, encore sous le coup de ce que vient de lui dire Sirius. Il est en train d'inventer ou est-ce encore quelque chose qu'il n'a pas pensé à lui dire pour la protéger ? A vrai dire, avec tous les événements qui se sont passés récemment dans sa vie, elle n'a pas pensé à en parler au fantôme de sa grand-mère. A la réflexion, elle ne sait même pas si elle a envie de lui parler. Elle aurait pu faire autrement, ou au moins ne pas lui cacher la vérité toute sa vie. Sa main quitte celle de Sirius et ses bras viennent se nouer autour d'elle. Soudainement, elle a froid et se sent abandonnée.

« Non. Ma grand-mère a capté ma magie alors que j'étais toute jeune. Comme j'ai vécu isolée du monde sorcier, je n'ai appris que très récemment que j'étais une sorcière, et le sortilège a été annulé. J'ai récupéré ma magie. »

Le gobelin sort sa baguette de sa poche et l'agite en marmonnant quelque chose que Julia ne comprend pas. Les yeux de Julia restent résolument sur le gobelin. Regarder partout sauf Sirius dont elle sent la haute silhouette la surplomber. C'est impressionnant à quel point cet homme prend de la place. Le gobelin arrête et semble se détendre.

« Bien. Suivez-moi. Je vais m'assurer de votre identité. »

Julia fouille alors dans son sac à main et en tire une carte d'identité moldue que le gobelin balaie d'un geste négligent.

« Non. Je n'ai pas besoin de ça. Suivez-moi. »

Ils quittent le hall et suivent le gobelin dans un couloir sombre qui est percé de plusieurs portes de bois. Le gobelin frappe à l'une d'elles et entre, suivi par Sirius, Julia et Twister qui est collé à ses basques. Le bureau est sombre et encombré, et un gobelin encore plus petit et grimaçant les accueille. Les deux gobelins échangent dans leur langue rugueuse, et les noms d'Elusia Thorpe, Dinah Langford et Benjy Fenwick se font entendre. Celui qui les a accompagnés s'en va, et l'autre ouvre des tiroirs qui grincent dans son bureau et en sort plusieurs instruments d'un métal très brillant qui volent derrière lui. Des étagères encombrées de papier deux rouleaux de parchemin sortent dans un nuage de poussière et volent vers le gobelin.

« Bien. Mademoiselle Langford, je vais vous prélever un peu de sang avec ce poignard, dans la paume de votre main afin de vérifier votre identité. »

Julia respire vite, effrayée.

« Cela ne fera pas mal. »

Sirius ricane dans sa barbe et Julia lui jette un regard assassin. Alors, elle réunit son courage et tend la main au gobelin.

« Asseyez-vous, je vous prie. Vous êtes si disproportionnés ! »

Julia et Sirius obéissent, et le gobelin entaille la paume de la main de Julia et en récupère quelques gouttes de sang à l'aide d'un de ces instruments étranges qui volettent derrière lui. Il y a l'air d'y avoir une sorte de seringue, et une balance. Julia observe avec fascination ces objets qui volent et le gobelin qui les utilise. Puis il récupère une fiole avec de la poudre marron, la met dans un des plateaux de la balance, avec de l'autre côté quelques gouttes du sang de Julia, et il le refait quelques minutes plus tard. Julia a tellement de questions dans la tête qu'elle tient difficilement en place et Twister vient s'allonger sur ses genoux.

« Bien. Julia Langford, vous pouvez prétendre à l'héritage d'Elusia Thorpe qui avait un fils unique, Benjy Fenwick, mort avant elle. Il n'y a pas d'autres héritiers de ce côté là, sauf une branche quand on remonte sur cinq générations. Les Fenwick de Brighton. Du côté Langford, votre mère Dinah a ses parents moldus et une grand-mère moldue qui vivent encore, à Porthsmouth, et deux frères ayant respectivement deux filles et un garçon, qui vivent à Newbury, Londres, Gallway... Seul John Langford, votre oncle, est un sorcier Né-Moldu. De ce côté-là, vous pouvez prétendre au seul héritage de votre mère vu qu'il y a encore de l'ascendance et de la descendance. »

Le gobelin consulte les parchemins, parcourant quelques lignes écrites dans une graphie étrange.

« Coffre 318 pour celui d'Elusia Thorpe, et coffre 1250 pour celui de Benjy Fenwick et Dinah Langford. Vous trouverez les clés à l'accueil. Si vous voulez bien quitter mon bureau maintenant. »

Les pensées s'agitent dans la tête de Julia. Elle a une famille.

Ils sortent tous les trois du bureau, et se dirigent vers une des innombrables portes qui mène à l'intérieur d'une grotte immense et froide, faiblement éclairée par des torches accrochées aux murs, ou des lustres avec des bougies hautes comme des cierges, dégoulinant de cire. Ils arrivent à une sorte de quai où des wagons de mine sont rangés l'un derrière l'autre, et roulent sur des rails piqués de rouille. Julia est impressionnée et aimerait avoir encore plus d'yeux pour pouvoir tout voir. Il y a même des stalactites et des stalagmites sur la droite par là...

Le gobelin s'arrête et se tourne vers eux.

« Vous gardez votre chien dans les bras. Je ne voudrai pas qu'ils se perdent, parce qu'on n'ira pas le chercher... Ni qu'il finisse dans l'estomac d'Arsène. »

Julia attrape Twister qu'elle prend dans ses bras, et ils s'installent dans le wagon pour le trajet le plus inconfortable de toute sa vie. Ça brinquebale de partout.

« C'est qui Arsène ? » s'aventure-t-elle à demander.

Le gobelin se tourne vers elle alors que le wagon tourne sur la gauche à 90 degrés, arrachant un glapissement de terreur à Twister. Il la regarde de haut en bas, avant de répondre de sa voix haut perchée.

« Vous ne voulez pas le savoir. Coffre 318 ! »

Le wagon freine brutalement, les envoyant vers l'avant, mais Sirius retient Julia. Ils vont être couverts de bleus. Une immense porte métallique à la serrurerie compliquée leur fait face. Le gobelin lui tend une clé ridiculement petite, qu'elle attrape d'une main, tenant son chien comme un enfant avec son autre bras. Twister semble tellement impressionné qu'il ne lui vient pas l'idée de vouloir explorer. Sa truffe s'agite en l'air, il récupère une odeur, puis niche son museau dans le creux du cou de Julia, en couinant. Devant la complexité de la serrure, Julia se tourne vers Sirius avec de grands yeux. Il lui prend la clé des mains et l'introduit dans un entre-lac de ferronnerie que Julia ne soupçonnait pas d'être un trou de serrure. Il y a plein de trucs qui se mettent à tourner un peu comme un gigantesque mécanisme d'horlogerie, et la porte s'ouvre dans un claquement métallique qui se répercute en écho, de loin en loin. Julia ouvre de grands yeux sur les tas d'or, d'argent et de bronze au centre de la pièce, et sur les meubles et objets inconnus.

Sirius fouille dans sa poche et en sort une bourse de cuir, qu'il remplit d'or, d'argent et de bronze. Il jette un œil rapide aux meubles et objets, avant de se tourner vers Julia.

« Si ça ne te dérange pas, on reviendra sans Twister, quand on aura plus de temps. Et on verra ce que tu veux emmener à la maison, ou ce que tu veux garder là. »

Son regard se pose sur un objet métallique et quelques livres poussiéreux et recouverts de moisissures.

« On verra s'il y a des choses dangereuses avec Bill, le fils aîné d'Arthur et Molly. »

Sirius sort du coffre, et Julia recule, et ils remontent tous dans le wagon après avoir refermé la porte. Ils reprennent un chemin digne des montagnes russes, et quand ils descendent du wagon, Twister se débat et saute des bras de Julia pour aller dégueuler dans un coin.

« Récupérez votre chien » dit la voix pincée du gobelin qui fait disparaître la flaque nauséabonde. En réponse, un rugissement se fait entendre, alors que bien plus bas, il y a comme une flamme qui fait augmenter de quelques degrés l'air autour d'eux. Mais pour quelques instants seulement. Sirius récupère la clé que lui tend le gobelin et ouvre le coffre 1250 appartenant à Dinah Langford. La montagne de pièces est plus modeste, et il n'y a quelques objets hétéroclites.

« Oh, super, du matériel pour Poudlard. Tu veux récupérer les affaires de ta mère ? »

Sirius se tourne vers Julia qui a les yeux posés sur ce qui semble être des livres, des vêtements, un chaudron. Il y a aussi une baguette magique d'un bois blanc. Sirius fouille alors dans ses poches, en sort une bourse. Il entre rapidement dans le coffre, vérifie ce qu'il y a, et d'un mouvement de baguette, fait tout léviter, et cela se réduit et va dans la bourse, le tout en même temps.

« Tu devrais demander le transfert de ce coffre dans le 318, il est plus bas. Inutile de payer pour deux coffres, Julia. Enfin, ce n'est que mon avis. »

Julia acquiesce d'un air absent, sa main se promenant sur le pelage de Twister.

« Je veux sortir de là... »

Sirius lève les yeux du tas de pièces, remarque la pâleur de Julia, et acquiesce. Ils reprennent la route, et c'est avec un immense soulagement pour Julia et Twister de sortir quelques instants plus tard de Gringott's et de retrouver l'air frais et la lumière du soleil.

End Notes:

Et voilàààà !

Bon, au final on retrouve un Sirius qui essaie de faire des choses pour Julia mais qui se révèle toujours aussi directif, Julia étant clairement paumée dans le Chemin de Traverse, elle qui n'a que peu d'expérience du monde magique - et pas forcément des bonnes.

Plus je relis ces derniers chapitres, et plus ils me donnent d'idées pour la future fic qui racontera leur histoire à tous les deux (mais il faudra patienter, je n'ai pas envie de mener trop de fics de front.

Et oh, tristesse, il ne reste qu'UN SEUL chapitre pour dire au revoir à Julia et Sirius pour quelques temps. En attendant, l'histoire continue du point de vue de Sirius dans Perséide qui complète Libéré par effraction, et qui va répondre en partie à la question que vous vous posez tous : Sirius est-il un con ? Je plaisante, mais c'est vrai que du côté de Julia, c'est quand même le gars qui l'a laissée plusieurs jours sans lui donner de nouvelles ou répondre à ses appels au secours, qui prend des décisions sans la consulter...

Mais j'aime trop ce petit couple !!!

A tout bientôt !

Oh chouette, des copines by Sifoell
Author's Notes:

Et voilà ! Je suis tristesse, je suis en PLS, voici le dernier chapitre de Libéré par effraction, et le dernier petit coucou de Julia et Sirius avant un petit moment. Tout en bas de ce chapitre, il y aura le mot "FIN" suivi de "(pour le moment)".

Je vous rappelle que l'histoire parallèle à Libéré, mais du point de vue de Sirius, Perséide, est toujours en cours (je ne sais pas encore si elle va aller si loin que Libéré dans l'histoire, s'arrêter avant, ou poursuivre un peu... A voir).

Je vous rappelle aussi que toutes ces portes que j'ai ouvertes, et que je n'ai pas refermées ici concernant Julia et Sirius, seront autant de pistes de travail pour la fic qui viendra prendre la suite de Libéré et Perséide. Je vous tiendrai bien sûr au courant de tout cela...

On se retrouve en bas ? ;)

C'est un véritable traquenard. Julia ne sait pas si l'idée vient de Sirius, ou des filles, mais le lendemain de la visite au Chemin de Traverse, Mara, Remus, Tonks et leurs garçons, arrivent en début de matinée. Julia commence à avoir un doute quand elle a vu les garçons, Remus inclus, habillés de vêtements de travail, débarquer dans le salon par la cheminée. Teddy, le fils aîné de Remus et Tonks, outre ses cheveux bleus, porte une imposante cage avec une chouette brune à l'intérieur. Il la dépose sur la table de la cuisine où Julia prend un deuxième café. Elle pose sa tasse sur la table et ouvre de grands yeux à l'image du hibou.

« C'est pour toi, Julia. Il pourra te servir pour nous écrire, on va t'apprendre tout ça... » dit Tonks avec un grand sourire et des cheveux roses éclatants, alors que ceux de Teddy virent à un bleu encore plus clair.

Mara claque alors des mains.

« Bon, les garçons s'occupent des animaux aujourd'hui, et vous, vous allez mettre votre plus jolie robe, et on va faire les boutiques sur le Chemin de Traverse. Et peut-être à Pré-au-Lard aussi. C'est le village sorcier qui est juste à côté de Poudlard, mais on ne peut pas aller comme ça à Poudlard. »

Julia ne réagissant toujours pas, Mara fronce les sourcils.

« Ben alors, la robe ? »

Julia gobe son café, et se lève, tout sourire. Mais elle s'arrête d'un coup.

« Mais... Je n'ai pas de robes comme en portent les sorcières... »

Mara et Tonks se regardent l'une l'autre. Tonks est en jean avec un petit top à bretelles, et Mara porte une jupe plissée et une blouse. Elles éclatent de rire. Julia file dans sa chambre en marmonnant.

Quand Julia redescend de sa chambre avec une fine robe fleurie et un châle tout fin, elle leur trouve à tous un air de conspirateurs. Mais elle hausse les épaules et suit les filles dans la cheminée, direction le Chemin de Traverse.

S'époussetant en sortant de la cheminée du Chaudron Baveur, les filles traversent le bar puis le mur de briques.

« On aurait pu prendre les baguettes que tu as, et aller chez Ollivander, mais Sirius préfère faire cela avec toi. Chaque baguette choisit son sorcier, et normalement ce sont les parents qui accompagnent les enfants voir Ollivander, le fabricant de baguettes. Dans ton cas, c'est Sirius, parce que c'est le plus logique avec le lien que vous avez tous les deux » commence Mara.

Elle tourne son beau visage enfantin vers Julia qui est bien plus grande qu'elle.

« Mon métier ne cessera jamais de m'étonner, dit-elle, rêveuse. Cette Arche a l'air d'être tellement plus que ce que l'on pensait. »

« Vous avez des nouvelles de Philomena, ou des deux personnes que Severus a fait traverser ? » demande Julia.

Mara et Tonks secouent la tête, mais c'est Mara qui répond, tout en les entraînant tout en bas du Chemin de Traverse chez Mme Guipure.

« C'est un autre des secrets de Philomena qui a traversé l'Arche, ça j'en suis sûre. Philomena est une fille pleine de surprises. Mais on ne sait pas où elle a atterri. Et de ce que j'ai compris, Severus a choisi ces deux personnes qui sont liées je ne sais pas comment à Philomena, pour soigner la femme moldue. Il n'a rien voulu dire de plus. Heureusement qu'Hermione est intervenue, sinon il croupirait à Azkaban, la prison des sorciers. »

Elles arrivent devant un magasin dont la devanture est remplie de fanfreluches. Le visage de Julia s'illumine. Une petite femme rondouillarde aux cheveux gris les accueille avec un grand sourire.

« Ah ! Mesdemoiselles Tonks, Southgate et Langford ! Bienvenue ! Entrez, entrez... »

Julia suit timidement les deux filles non sans remarquer le regard réprobateur que la dame lance aux vêtements de Tonks.

« Alors, de quoi avez-vous besoin, mademoiselle Langford ? »

Julia ouvre de grands yeux, ne sachant que répondre. Mais Tonks prend la parole.

« Julia a besoin de quelques tenues sorcières, et elle a un projet de mariage. »

Les yeux bleus de la propriétaire du magasin pétillent et elle claque des mains, faisant sursauter Julia qui s'amuse de son enthousiasme. Mme Guipure regarde alors le châle de Julia, et sa main commence à le tâter, en apprécier la légèreté et la finesse de la dentelle. Mme Guipure rêve de cela dans sa vitrine, pour aller avec les tenues les plus élégantes, ou les plus simples, comme la robe fleurie que porte la jeune dame.

« Où avez-vous acheté ceci ? »

« Oh, je l'ai fait. Il est en angora, un fil de 2,5mm. C'est la laine des lapins que j'élevais. Je les brossais, nettoyais, cardais la laine que je filais ensuite. Maintenant je vais en faire avec de la laine de boursoufflet. »

La petite dame lève un sourcil interrogateur avant d'aller dans le fond de sa boutique et de montrer à Julia une cape qui a une drôle d'apparence, comme si elle était transparente. Julia hoquète de surprise quand elle se rend compte qu'elle est effectivement transparente. Mme Guipure la lui met sur les épaules et la pousse vers un miroir. Et Julia ne voit que sa tête et un bout de sa robe par l'ouverture de la cape, qui disparaît quand Mme Guipure l'arrange, puis la capuche est mise sur sa tête, et il n'y a plus de Julia. Elle glousse alors là-dessous, mais retire sa capuche de la tête, mal à l'aise, puis la cape elle-même. Elle en apprécie néanmoins la douceur entre ses doigts.

« C'est une cape en quoi ? »

« En poils de demiguise. »

Julia acquiesce, mais ne pose pas plus de questions que cela, elle ne sait pas s'il est bon de révéler qu'elle ne connait rien de ce monde qui lui a été refusé. Mais la curiosité l'emporte, et la prudence reste de mise.

« Et du coup,vous avez quoi en laine de boursoufflet ? »

Mme Guipure sort de multiples tiroirs des étoles, des mitaines, des mobiles pour les enfants. Julia fait la grimace quand elle reconnaît un rebord de chapeau en fourrure de boursoufflet – hors de question qu'elle les abatte ! Julia touche à tout, promène ses mains et ses doigts sur chaque étoffe, en éprouvant la solidité, la légèreté, la chaleur, le brillant. Elle a toujours adoré cela. Les travaux d'aiguille qui l'apaisent et lui permettent de se concentrer, et le travail avec les animaux qui lui permet de se donner.

Elle essaie plusieurs robes, elle grimace dans certaines qui font vraiment passées de mode, mais quand elle voit comme sont habillées certaines sorcières, elle hausse les épaules. Elle n'a pas l'impression qu'elle est si déguisée que cela. Julia sélectionne plusieurs robes et accessoires, ainsi qu'un chapeau de paille bordé d'un nœud de velours d'un bleu profond. Quand ses yeux tombent sur un collier argenté orné d'une belle améthyste, elle le fait mettre de côté également. Au moment de payer Mme Guipure, qu'elle adore tant elle est charmante, Julia ouvre de grands yeux vers Mara et Tonks qui n'ont pas arrêté de discuter le temps qu'elle parlait avec Mme Guipure, ou essayait des vêtements. Tonks la pousse alors et règle ses achats. Mara miniaturise les paquets et les range dans sa poche, tandis que Julia essaie de camoufler sa surprise. Tout la surprend. Tout l'émerveille. Et elle adore ça.

Julia veut tout voir, tout visiter, discuter avec tout le monde, comme un de ces stupides touristes qui passent à la télé, mais elle s'en fout, elle veut tout savoir, tout connaître. Quand elle visite Fleury et Botts, Tonks lui rappelle qu'elle a tous les livres de Poudlard, ceux qui étaient dans le coffre de sa mère. Julia en achète sur l'histoire des sorciers, les animaux magiques, ainsi que plusieurs ouvrages de géographie magique. Et aucun ne la mord.

Chez Florian Fortarôme, elles mangent une glace en discutant pendant ce qui semble être des heures. Tonks et Mara suivent ensuite Julia dans chaque magasin, amusées par son avidité à tout voir, tout toucher. Elles s'arrêtent alors devant la devanture des balais, et Julia ouvre de grands yeux devant les Nimbus, les Éclairs de Feu. Elles la poussent à l'intérieur et Julia laisse ses doigts caresser le bois des balais, tâter les brindilles, les pièces métalliques.

« On se déplace avec ça ? »

Les filles acquiescent de concert.

« Tu veux en essayer un ? Ils ont une pièce au-dessus. »

Tout n'est qu'émerveillement, et Julia se laisse entraîner par les deux filles qui ont empoigné chacune un balai, et traversent la boutique en suivant un vendeur à la silhouette sportive dans un antique monte-charge qui les mène à l'étage supérieur. Devant la taille impressionnante de la pièce, dénuée de tout meuble, les sourcils de Julia se froncent. Ce n'est pas possible que cette immense pièce soit au-dessus de celle du dessous qui était beaucoup plus petite.

« Sortilège d'agrandissement. On peut faire un peu ce que l'on veut au niveau de la construction des maisons, des appartements. »

« Il faudra que tu ailles au Terrier, un jour ! »

« Oh, oui aller voir Molly. Les Weasley ont toujours été très créatifs en construction de maison. »

Julia les écoute sans les écouter, l'attention tournée vers les balais, les fenêtres, l'activité dans la rue, les affiches de sport représentant des joueurs sur des balais qui font coucou devant des cercles ou arborent des sourires plein de morgue. Julia sort de sa rêverie et se tourne vivement vers les deux filles.

« Et qu'est-ce qu'il y a encore à découvrir ? »

Elles l'entraînent alors dans la Ménagerie Magique, et s'amusent de Julia qui, comme une toute petite enfant, va de cage en cage, d'aquarium en aquarium. Elle fronce les sourcils.

« Je n'aime pas les voir en cage... »

Elle voit alors des boursoufflets bien plus grands que ceux qu'elle a et s'arrête devant leur cage de boules duveteuses. Un vendeur vient se mettre à côté d'elle.

« Ah, les boursoufs. Ils sont splendides, n'est-ce pas ? Trois fois plus gros que les boursoufflets, et si vous les brossez bien, ils peuvent fournir chacun une once de fourrure par semaine. »

Les yeux perdus sur toutes ces couleurs, Julia acquiesce.

« Je vais vous en prendre quatre couples. »

Le sourire du sorcier s'agrandit.

« Je vois que Madame est connaisseuse. »

Il lui tend alors la main, un sourire digne de Gilderoy Lockhart au temps où il avait toute sa tête, plaqué sur les lèvres.

« Jeff Klein, pour vous servir, Madame... »

Julia lui serre la main et lui fait un petit sourire.

« Julia Langford. J'élève des boursoufflets. Enfin, je commence. Et les petits chats, c'est quoi ? »

Le sorcier fait apparaître une cage dans laquelle il met trois bonnes poignées de litière et huit boursoufs de toutes les couleurs qu'il a. Il la suit ensuite, et de sa voix commerçante, annonce.

« Des fléreurs. Pures races, bien entendu. Venu d'un élevage très sérieux du Yorkshire. »

Julia désigne de la main les boursoufs.

« Et ça s'entend comment avec les boursoufs ou les boursouflets ? J'ai un hibou aussi, mais lui on va l'installer dans le grenier, sans doute, ou lui faire un nichoir en haut de la grange. Vous avez des lapins sinon ? J'habite dans une ferme, et j'élevais des lapins, mais... enfin bref, je n'en ai plus. Vous avez des demiguises ? »

Le vendeur semble hésiter devant l'avalanche de questions, et Julia ignore Tonks et Mara qui se marrent derrière. Par contre lui les regarde bien, mais, sensible au sérieux de Julia, il répond.

« Alors, les fléreurs vont ignorer les boursoufs et les boursoufflets, mais par contre, si vous avez des ennemis, ils vous avertiront des sorciers mal intentionnés. Oui, je vous conseille d'installer un nichoir pour votre hibou, mais également de lui offrir un perchoir dans la pièce de vie afin que vous puissiez vous lier avec lui. J'ai des lapins métamorphes, mais il faut bien les surveiller et s'assurer de les laisser dans un endroit précis sinon vous vous retrouvez avec un grille-pain qui vous fait des crottes et ronge vos bottes. Enfin, nous ne vendons pas de demiguises, bien sûr. Ce sont des espèces sauvages et protégées. »

Julia emmagasine toutes ces informations mais lève la tête à la mention des espèces sauvages protégées.

« Tout comme les rapaces avec la convention de Washington, monsieur Klein. »

Le vendeur ouvre de grands yeux, ne comprenant pas ce qu'est cette convention, tandis que les deux sorcières derrière sont mortes de rire.

Quand de longues heures plus tard, Julia et ses amies rentrent à Rouge Nez des Landes, c'est chargées de paquets, de cages, de litière, de nourriture, les yeux brillants et les joues rouges, pour être accueillies par les hommes qui les aident avec les paquets, alors que Julia file dans la grange vérifier que ses animaux vont bien, et installer les boursoufs, boursoufflets et lapins métamorphes. Les garçons libèrent les deux magnifiques fléreurs qui risquent d'être de belle taille à l'âge adulte, et qui regardent autour d'eux avec l'air suffisant de propriétaires terriens.

Julia, les joues rouges et les yeux brillants, sort ensuite de la grange avec un grand sourire pour lancer ses bras autour du cou de Sirius et l'embrasser à pleine bouche devant leurs amis. Leurs amis, ceux de Sirius et les siens aussi. Elle entend quelques toussotements alors que Remus entraîne ses garçons à l'intérieur, et que Mara et Tonks les suivent. Elle sent autour de ses hanches les larges mains de Sirius, et leurs cœurs battre à l'unisson. Julia s'éloigne alors des lèvres de Sirius pour le laisser respirer un peu, et elle lui sourit.

« J'ai acheté des chats. Non, des fléreurs, mais c'est comme des chats, non ? Et j'ai acheté d'autres boursouflets mais plus gros. Et des lapins mais ils se transforment en autre chose, mais ils redeviennent des lapins. »

Les yeux gris de Sirius pétillent devant le discours enfantin de Julia. Il a parié avec Remus et ses fils au moment où les filles sont parties, que Julia reviendrait avec des animaux, et pas des robes. On dirait qu'il vient de gagner un sacré paquet de chocogrenouilles.

Les yeux bleus de Julia se posent sur les lèvres pleines de Sirius, qui lui sourit.

« Viens, on a travaillé pendant ton absence, je te montre ? Tu auras tout le temps de me remercier après... »

Julia rit et se défait de son étreinte.

« Ton monde est tellement merveilleux, Sirius. »

« Notre monde. »

Elle acquiesce, un air rêveur sur le visage que Sirius voudrait ne jamais le voir quitter. Il lui tend la main qu'elle saisit, et l'entraîne vers la maison.

« Les filles disaient qu'on irait ensemble voir le monsieur qui fabrique des baguettes. »

« Oui. »

« Et je veux acheter un balai aussi, on en a essayé dans une boutique. »

Il sourit devant son enthousiasme et acquiesce de nouveau. Une fois passés l'entrée, Julia s'arrête dans le salon où les fléreurs sont en train de renifler Twister avec un air suffisant, alors que le chien ne demande rien qu'à jouer avec ces énormes chatons. Le fantôme d'Elusia flotte dans le salon, en grande conversation avec Mara.

« Il faudra que je lui parle, à grand-mère. Elle n'avait peut-être pas tort, Sirius, de faire ce qu'elle m'a fait. »

« Sans doute pas. Mais tu as tout le temps pour le faire. »

« Il faudra aussi que j'invite Doris et Gavin. Cela fait longtemps que je ne les ai pas vus. Depuis que les sorciers sont passés pour enlever leur mémoire. »

Sirius acquiesce de nouveau, mais son silence attire l'attention de Julia.

« Je peux continuer à les voir, maintenant que je suis une sorcière, non ? Parce qu'il est hors de question que je ne les vois plus, Sirius. Ils ont été là pour moi. Ils font partie de la famille. C'est tout petit Jersey, Saint-Ouen. Il faut que je leur raconte tout ça. »

Sirius lui attrape la main.

« Tu ne peux pas leur dire que tu es une sorcière, ni qu'Elusia en était une, Julia. Le secret magique doit être préservé. C'est une contrainte de notre monde, pour continuer à vivre en paix. »

Et la tristesse et l'inquiétude viennent effleurer de leurs ailes rien qu'un instant le visage de Julia, et mettre un voile dans l'éclat de ses yeux bleus. Sirius lui prend la main.

« Tu t'y habitueras. Tu n'es pas obligée de faire un choix entre le monde des sorciers et celui des moldus, ni entre les sorciers et les moldus. Tu peux tout avoir, Julia. Il faut juste qu'ils ne sachent pas que nous existons. »

Elle acquiesce, l'air grave, se demandant bien ce qu'elle pourra raconter à Doris et Gavin qui l'ont toujours soutenue. Julia a horreur de mentir.

« Tu seras juste le gars que j'ai rencontré à Londres pendant mes vacances et que j'ai ramené dans mes bagages ? »

« Oui, je serai ce gars-là. »

FIN (pour le moment)
End Notes:

Eeeeeet voilàààààà

Je ne pouvais pas laisser Julia sur une note négative. Pas possible.

Alors, quelles portes sont ouvertes ?

Julia a tout à découvrir sur le monde de la magie, ses pouvoirs. Elle va donc suivre des cours à Poudlard, quelques uns, pas tous. Julia veut continuer à vivre et à travailler à Rouge Nez des Landes, mais je ne sais pas si vous avez remarqué, elle a acheté quelques animaux magiques... Va-t-elle donc vendre ce qu'elle va tricoter / tisser / coudre sur le Chemin de Traverse ou ailleurs ? Probablement.

Passons à Sirius maintenant. A ce moment de l'histoire, il n'a quasiment plus de séquelles, éventuellement encore quelques blancs, quelques noms qu'il ne retrouve pas, une petite difficulté à faire de la magie parce qu'il n'a pas encore récupéré tous ses réflexes. Mais, surtout, il a les Voix... J'ai ouvert une grosse porte lors de l'épisode avec Mara, les lignes de Ley, les fantômes / voix ou esprits qui attaquent et font fuir Elusia. Je vais en faire quelque chose dans la suite, mais je ne sais pas encore quoi, cela va mûrir tranquillement.

Ensuite. Julia a donc appris qu'elle est une sorcière, que ses deux parents et sa grand-mère paternelle étaient des sorciers. Sauf qu'elle ne connaît rien de ses parents, et rien de sa grand-mère en tant que sorcière. Et elle lui fait un peu la gueule, à Elusia. Julia a tout à découvrir non seulement de la magie, mais surtout de sa famille. Et lors du passage avec Sirius à Gringott's, surpriiiiiise ! Tu as une grande famille, ma cocotte ! J'ai hésité à lui créer cette famille, mais Julia s'est tellement recroquevillée sur elle-même avec la dégradation de la santé d'Elusia et son deuil, qu'elle va avoir envie de creuser de ce côté-là, forcément.

Et Regulus dans tout ça ? (Son histoire depuis sa pas-mort jusqu'à... vous verrez ! est racontée dans Chienne d'errance de son point de vue notamment.) J'ai créé une histoire complexe pour Regulus, qui se retrouve dans cette fic, mais aussi dans une autre qui n'est pas celle qui lui est consacrée (chut, je vous dirai pas, zavez qu'à lire, c'est une surpriiiise). Parce que Regulus n'a pas fait que se planquer pendant une vingtaine d'années. Et si sa date de mort apparaît sur la tapisserie des Black, c'est qu'il est mort. Et s'il est là, ben c'est qu'il est plus mort !!! Regulus a une relation complexe avec sa famille (hum hum), puis le monde sorcier aussi. On va dire que c'est devenu un ours. Il n'accorde que peu sa confiance aux gens, il est très méfiant et il a été à la bonne école, moulé dans la maison des Black et dans celle des Mangemorts... Julia lui a tendu une belle perche lorsqu'elle l'a rencontré... Donc, affaire à suivre...

Severus !!! Ah ben lui !!! Bon, c'est toujours un peu tendu tendu avec Sirius (ahem). Mais Julia lui fait confiance, d'autant plus qu'il l'a aidée quand les autres n'étaient pas là pour elle (cela sera mieux expliqué dans Perséide qui est du point de vue de Sirius, parce que quand on est du côté de Julia, on peut se dire qu'ils ont été un peu légers sur le coup. Donc : oui, je le confirme, mais en même temps ils ne pouvaient pas faire autrement (bientôt dans Perséide). Julia est empathique, et quand Severus lui a laissé voir un tout petit peu ce qu'il ressentait pour Philomena (très jeune personnage principal de Menteurs, voleurs, tricheurs, le petit coeur de Julia qui est une gentille fille s'est serré. Et elle va suivre des cours de potions avec lui !!! Sirius va pas être content content, mais c'est elle qui décide !

Quelles autres portes ? Ah oui ! Julia et Sirius se sont rencontrés d'une manière étrange, et ont vite été ultra dépendants l'un de l'autre. Fusionnels. Alors qu'au final, ils ne parlent pas tant que ça, ils ne se disent pas vraiment les choses, Sirius peut agir comme un rustre qui veut la contrôler et la surprotéger parce qu'elle ne connait rien du monde de la magie, que personne ne lui a vraiment expliqué les choses, et qu'elle peut se mettre en danger. Tout cela a été très vite, en somme. Et Sirius est revivant depuis pas très longtemps... Mixez tout cela, et vous avez plein de doutes dans leurs petites têtes... Plein de doutes alors qu'ils vont préparer leur mariage. Plein de doutes, alors qu'ils envisagent leur avenir, mais que pas grand chose de leur passé n'est vraiment réglé.

Donc, dans la suite vous aurez tout ça, et des Moldus !!! Parce que Julia n'est pas toute seule sur son caillou et ne vivait pas hors du monde !

Ah, et sinon, je fais trop de fics ? Oui, sûrement ? Vous êtes paumés ? Moi non (tant mieux, non ?) Je m'y retrouve parfaitement... Tout mon Univers Alternatif est expliqué dans la première page de ma fiche auteur sur le forum, que je tiens régulièrement à jour (tiens, et ma fiche auteur sur HPF, je vais y jeter un œil). Sinon, je vous invite à jeter un oeil à mes séries, les fics y sont classées par ordre chronologique (si deux fics se chevauchent, celle qui commence plus tôt est plus haut).

Je vous adresse des remerciements immenses, et franchement, continuez à être avec moi, j'ai plein d'histoires à vous raconter !!!

Bisous bisous !!!

Cette histoire est archivée sur http://www.hpfanfiction.org/fr/viewstory.php?sid=37562