Summary:
Kryseis sur DA
A vingt ans, Pansy Parkinson est complètement paumée. Reniée par ses parents, ébranlée par son procès et incapable de faire face à sa culpabilité, elle travaille comme serveuse dans une auberge mal famée au fin fond de l’Allée des Embrumes. Victime d’insomnie depuis la guerre, elle n’a pas d’autres choix que d’aller voir un psychomage pour qu’il lui fournisse des potions de sommeil.
C’est lors de l’une de ces visites qu’elle reverra Morag MacDougal, une ancienne élève de Serdaigle de sa promotion. Tout aussi perdue qu’elle, la jeune femme lutte contre ses propres démons. Dans la tourmente de leurs esprits, elles s'aimeront.
Participation au concours de Violety Portraits de jeunes sorcières en feu
Categories: Après Poudlard,
Autres couples (Slash) Characters: Morag MacDougal, Pansy Parkinson
Genres: Femslash/Yuri, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: A comme Après-guerre, I comme Invisibles , S comme Serpentard, Portraits de sorcières en feu
Chapters: 6
Completed: Oui
Word count: 7104
Read: 2194
Published: 16/08/2020
Updated: 12/10/2020
Story Notes:
Cette fiction est une réponse au concours de Violety qui se nomme Portraits de jeunes sorcières en feu dont voici les contraintes :
- Votre texte doit avoir pour thème centrale une romance entre deux ou plusieurs femmes et/ou personnes non-binaires. Vous pouvez également raconter un amour non-réciproque.
- Votre histoire doit utiliser un "trope" classique de la fanfiction, choisi dans la liste ci-dessous, ou choisi par vous-même car je peux en avoir oublié (mais ce doit être réellement un "trope", c'est à dire un motif scénaristique récurrent dans les fanfictions).
- Les OCs sont autorisées, mais au moins l'une des deux (ou plus) personnages impliquées dans la romance doit être une femme ou une personne non-binaire de l'univers d'Harry Potter. Vous pouvez bien entendu décider qu'un personnage considéré comme masculin dans le canon est, dans votre histoire, une femme trans ou une personne non-binaire se reconnaissant dans le genre féminin. Dans ce cas, faites attention à être respectueux.se des identités et des vécus trans et NB.
- Votre texte doit faire minimum 1000 mots. Il n’y a pas de maximum, mais vous devez avoir publié au moins 50 % de l’histoire avant le début des votes.
En ce qui me concerne, les personnages que j'ai choisis sont Pansy Parkinson ( que tout le monde connaît normalement) et Morag MacDougal (une élève de Serdaigle seulement mentionnée dans la promotion de Harry). Comme habituellement, cette fiction s'incrit dans la lignée de mes autres fictions sur Pansy (dans l'ordre : Les affranchis, Loterie, Haunted, The Shadows of the past) (celle-ci se situe juste après Loterie), et le One-Shot que j'ai écrit sur Morag MacDougal à l'occasion d'un autre concours (Plus loin que nos jours). De la même façon, je continue d'écrire sur les traumatismes après-guerre à travers l'histoire de ces deux femmes et de ce femslash.
1. Chapitre un : Les excentricités inconnues by Lyssa7
2. Chapitre deux : Les belles absurdités by Lyssa7
3. Chapitre trois : Les folies délicates by Lyssa7
4. Chapitre quatre : Les tendres divagations by Lyssa7
5. Chapitre cinq : Les doux égarements by Lyssa7
6. Chapitre six : Les jolies extravagances by Lyssa7
Chapitre un : Les excentricités inconnues by Lyssa7
Author's Notes:
Le rating est en -16 ans, je ne pense pas qu'il évoluera mais si c'est le cas il augmentera en conséquence.
Bonne lecture !
Le mois de février venait à peine de commencer, revêtant son glacial manteau blanc. Quelques flocons virevoltaient dans le vent, se posant gracieusement sur les toits enneigés, redescendant sur les tuiles glissantes, jusqu’à venir s’écraser sur les bonnets des riverains pressés en cette froide matinée. Pansy resserra sa cape sur ses épaules frêles mais cela n’empêcha malheureusement pas la bise mordante de se frayer un chemin jusqu’à sa poitrine. Son coeur exécuta un soubresaut désastreux et elle trembla un peu plus tandis qu’elle se hâtait dans les rues du Londres moldu.
Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle parcourait ces rues, mais elle avait toujours l’impression de se perdre entre ces allées qui se ressemblaient toutes, de dériver malgré elle et de subir les regards malsains des passants qu’elle rencontrait au gré de ses tergiversations, de ses pérégrinations. C’était sa propre culpabilité qui rejaillissait, ses propres remords qui l’assaillaient et créaient une douce folie, une lente paranoïa dans son esprit. Ils la jugeaient, ils savaient forcément qui elle était, ce qu’elle avait fait, personne ne pouvait plus l’ignorer. C’était toujours les mêmes pensées qui la traversaient, les mêmes cauchemars qui se succédaient, les mêmes souvenirs qui la hantaient.
Alors, Pansy se hâtait dans les rues du Londres Moldu, la tête baissée sur ses bottines noires et usées qui s’enfonçaient dans la poudreuse et lui glaçaient les pieds, sa cape resserrée sur ses épaules maigres, la capuche lui cachant presque la totalité de son visage émacié. Plus vite aurait-elle atteint sa destination, plus vite elle obtiendrait ce dont elle avait tant besoin depuis deux ans et pourrait retourner se terrer dans l’anonymat le plus complet, au fond de l’Allée des Embrumes, dans une vieille auberge mal famé où elle travaillait depuis peu. La fierté, déjà salement amochée, de la jeune femme la poussait à raconter qu’elle avait choisi son exil de la société, qu’elle s’en accommodait très bien.
En réalité, elle refusait encore d’admettre sa déchéance. En verité, elle n’avait pas su faire face aux retombées de son procès à la fin de la guerre, elle s’était brisée et ses parents l’avaient simplement reniée. Son existence dorée s’était effondrée, emportant avec elle tout ce qu’elle avait été. Sa seule victoire, à ce jour, était d’avoir survécu à sa chute, une agonie insupportable aux relans d’orgueil bafoué, d’amertume viscérale et de rage incommensurable contre l’univers tout entier.
Ceci était, à n’en pas douter, une véritable aubaine pour le psychomage qu’elle voyait dernièrement, un affable homme douteux qu’elle considérait comme un ignoble charlatan, celui-là même qu’elle se pressait de rencontrer pour récupérer la seule chose qui lui importait actuellement : son ordonnance. Une ordonnance qui lui donnerait accès aux potions de sommeil, potions dont elle était incapable de se passer, rongée par les insomnies et les souffrances de ses mauvais songes.
Enfin, au bout d’une rue comme toutes les autres qu’elle finit pourtant par reconnaître avec un soupir de soulagement, Pansy s'arrêta devant une vieille bâtisse qui portait le numéro 20. Rien ne semblait indiquer qu’un psychomage dispensait des séances de magico-thérapie en ces lieux, et aucune plaque ne portait son nom. Il suffisait seulement de grimper quelques marches, de décliner son identité puis de frapper une série de quatre coups brefs suivis de trois coups plus marqués, pour que la porte s’ouvre d’elle-même sur son visiteur comme si elle avait été animée d’une vie propre.
Lorsqu’elle s’ouvrait, elle laissait place à une pièce relativement petite où quelques fauteuils plus ou moins confortables étaient installés, ainsi que quelques guéridons en bois sur lesquels on avait disposé des magazines et journaux sorciers. Les murs, d’un blanc trop neutre, étaient recouverts d’affiches criardes où s’illuminaient des slogans agressifs vantant les mérites des produits pharmaceutiques émis par l’hôpital Sainte-Mangouste. Sur la droite de l’entrée, une porte menait au cabinet du psychomage dont le nom était cette fois affiché en grosses lettres d’or : D. Warren. Le simple fait d’entrer dans cet endroit donnait à Pansy une irrépressible envie de fuir, tout comme la sirupeuse bienveillance de l’homme qui s’érigeait en maître de la psychanalyse sorcière lui donnait envie de vomir.
Un détail, cependant, capta son attention ce jour-là. Quelqu’un d’autre était présent dans cette salle d’attente. Pour la toute première fois depuis le commencement de ses visites, Pansy n’était pas seule dans cette pièce. Une femme se tenait debout, près de la porte du cabinet du psychomage. Ses traits fins étaient tirés sous une épaisse tignasse de cheveux roux bouclés, et ses grands yeux bleus étaient fixés sur ses doigts qu’elle tordait dans tous les sens. Elle marmonnait, à un rythme rapide, une salve de mots incompréhensibles.
Pansy haussa un sourcil suspicieux et, comme chaque fois qu’elle venait, alla s’asseoir sur le fauteuil le plus éloigné de la porte. Ce dernier, qui n’était plus de toute première jeunesse, grinça dangereusement et la jeune femme serra nerveusement les dents. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Un très mauvais moment, rien de plus. Ensuite, elle aurait ce qu’elle voulait. Et ce soir, elle pourrait dormir sans que rien ne vienne la perturber. Sans que les cauchemars, les doutes perpétuels et ses sempiternels pêchés ne viennent l’étouffer dans son sommeil. Forte de cette pensée, elle ferma un instant les yeux mais, lorsqu’elle rouvrit les paupières, elle eut la désagréable surprise de voir que l’inconnue la fixait étrangement.
— Est-ce que mon visage vous déplaît ?
Pansy n’était peut-être plus cette princesse qu’on lui avait longtemps permis d’être, mais il n’en restait pas moins qu’elle en avait conservé les manières. Sa réplique, pernicieuse, laissait poindre un soupçon de supériorité fortement appuyé par son attitude. Les lèvres pincées et le menton levé, elle dévisageait à présent farouchement la femme en face d’elle. Celle-ci, loin de s’en trouver ébranlée, parut soudainement se désintéresser d’elle et contempla longuement ses mains entrelacées avant de relever les yeux vers le vide à sa gauche.
— On l’a déjà vue, j’en suis sûre. Si t’étais là, tu saurais qui c’est, fit-elle d’une voix attristée.
C’était presque comme si elle parlait à quelqu’un. Une troisième personne que l’inconnue était la seule à percevoir. La scène, dérangeante, arracha un frisson à Pansy qui ne put s’empêcher de vouloir attirer l’attention de la jeune femme sur elle. Claquant des doigts dans sa direction, elle y parvint. Les yeux bleus revinrent se poser une nouvelle fois sur elle.
— Est-ce que c’est de moi dont vous parlez ?
— Bien sûr. De qui d’autre je parlerais ?
— Eh bien, vous sembliez parler à… répondit-elle en désignant la droite de la jeune femme rousse.
— Nous ne sommes que deux dans cette pièce.
Tout à coup, l’anxiété mue par la tristesse qu’elle avait cru lire dans la posture et la voix de la jeune femme s’était transformée en une colère froide, comme si elle s’était immiscée dans une intimité où elle n’était pas la bienvenue. Le ton, aussi glacial que le vent à l’extérieur de la bâtisse, figea la brune qui ne sut plus que répondre.
Si elle la détrompait en certifiant l’avoir vue s’adresser au vide, c’était elle qui passerait pour une folle furieuse ; mais, si elle allait dans son sens, ce serait similaire puisque l’autre s’était arrangée pour que ce soit elle qui ait l’air de divaguer. La seule solution, dans le cas présent, était le repli. Si, lors de son adolescence, Pansy aurait été incapable de déclarer forfait dans ce genre de conversation, elle avait fini par comprendre qu’il était parfois nécessaire de ravaler sa fierté si on ne voulait pas l’abîmer davantage dans un combat perdu d’avance. D’autant que la pente était relativement glissante…
— Comme vous voudrez, abdiqua-t-elle dans un haussement d’épaules las.
Pansy ne savait pas pourquoi cette femme se trouvait ici, dans cette pièce, à attendre le Docteur D. Warren et elle ne voulait certainement pas le savoir. Sans qu’elle ne le veuille, l’apparence de l’inconnue semblait lui hurler qu’elles avaient le même âge, qu’elles s’étaient sans doute croisées à Poudlard, qu’elle aussi avait vécu la guerre d’une façon ou d’une autre, qu’elle n’était pas seule à en garder des séquelles. Elle ne savait pas pourquoi cette femme était ici, et elle ne voulait pas le savoir. Il n’était pas question de porter un autre fardeau que le sien. Les autres ne l’avaient jamais intéressée, et ce n’était pas près de changer. Tout ce qu’elle voulait, c’était son ordonnance.
— Il n’est pas déplaisant.
— Pardon ? s’étonna Pansy sans comprendre.
— Votre visage. Il n’est pas déplaisant.
Pour la seconde fois, Pansy ne répliqua pas. Peut-être parce que les changements d’humeur de l’inconnue étaient si rapides qu’elle n’avait pas le temps de la suivre. Peut-être que la jeune femme avait l’air tellement sincère qu’elle fut incapable de mettre sa parole en doute. Ou alors, peut-être était-ce parce que ses grands yeux, d’un bleu trop clair, rivés sur elle la troublaient brusquement un peu trop pour qu’elle trouve quelque chose à dire.
Chapitre deux : Les belles absurdités by Lyssa7
Author's Notes:
Bonsoir,
Pour ce deuxième chapitre, Morag s'avance sur le devant de la scène, mais je dois bien avouer qu'elle me donne pas mal de fil à retordre. Elle est si compliquée à comprendre que je ne suis pas encore sûre d'écrire de son PDV ; pour l'instant, je joue la sécurité en gardant celui de Pansy. J'espère en tout cas que la lecture vous plaira.
Lyssa
Pansy n’était pas le genre de femme à se sentir mal à l’aise habituellement, peu importait le contexte et les circonstances. Dans ses souvenirs les plus lointains, alors qu’elle savait tout juste assembler quelques mots pour former une phrase correcte, elle n’avait jamais manqué d’assurance, ne perdant que très rarement ses moyens et faisant parfois preuve d’un culot relativement exemplaire. Sa mère lui avait appris à miser sur le paraître dès sa plus tendre enfance, lui faisant clairement comprendre que le masque qu’elle allait revêtir serait essentiel pour laisser une impression correcte à la face du monde. Cela n’avait pas d’importance que le costume soit cousu de mensonges, l’important était simplement qu’il soit taillé sur mesure et que la société vous complimente pour votre bon goût vestimentaire.
Cette leçon élémentaire de survie dans un univers qui avait longtemps été le sien, Pansy l’avait retenue. Jusqu’à cet instant, elle ne l’avait pas oubliée. Même après que ses parents aient estimé qu’elle ne valait pas la peine de mettre en péril le peu de réputation qui leur restait et l’aient reniée, elle avait fait en sorte de sauvegarder les apparences. Comme une ancienne ritournelle incrustée dans son esprit, elle ne pouvait s’en défaire. Peut-être qu’au fond, quand elle y réfléchissait bien, elle s’en était imprégnée et les mensonges s’étaient érigés comme une vérité absolue. Ressentir une quelconque gêne s’apparentait à de la faiblesse, et il n’était pas question d'être faible.
Le masque ne lui allait plus aussi bien au teint, le costume ne lui seyait plus non plus comme avant, mais elle était toujours capable de jouer le jeu, de miser sur une partie de poker où elle était déjà annoncée comme la grande perdante. Le vent, sa chance, avait tourné depuis des années. Elle ressemblait à ces sorciers pathétiques qui refusaient de laisser tomber et pariaient de grosses sommes jusqu’à ce que leurs poches soient trouées. Elle pouvait essayer de se cacher derrière les apparats qu’elle connaissait, mais plus personne n’était dupe. Encore moins elle-même.
— Je crois que vous ne me connaissez pas suffisamment pour tenir ce genre de propos à mon égard, finit-elle par dire pour masquer la gêne qui venait de s’immiscer suite au compliment étrange de la jeune femme.
— Je ne crois pas que ce soit nécessaire pour exprimer ce que je pense, rétorqua la rousse avec un aplomb étonnant. Si je vous trouve jolie, je vous le dis. D’ailleurs, Hop et moi…
Pendant quelques secondes, le regard de l’inconnue se perdit une nouvelle fois sur sa gauche. Cependant, elle se reprit aussitôt, comme si elle avait une nette conscience de la présence d’une autre personne dans la pièce et de son comportement absurde. De nouveau, elle se tordit les doigts et détourna les yeux pour fixer un point invisible sur le mur derrière Pansy.
— Vous délirez, assena cette dernière, acerbe.
Le léger frisson de plaisir qui lui avait parcouru l’échine quand la rousse lui avait dit la trouver jolie lui était extrêmement désagréable et elle se maudissait tout particulièrement d’y avoir cru pendant un court laps de temps. La femme qui était debout face à elle était folle, c’était un fait. Elle tenait des propos incohérents sur une personne qu’elle semblait imaginer à ses côtés, elle en était même venue à la nommer par un surnom. Comment, en sachant cela, croire un seul des mots qui sortait de cette bouche ? Une bouche étonnamment belle sur laquelle se dessina soudainement un sourire attendrissant.
— C’est vrai, mais ce n’est pas très étonnant, fit-elle en montrant d’un signe de tête la porte du cabinet du psychomage. Il faut croire que j’ai une raison d’être ici. Et vous, vous en avez une ?
Sous le regard bleu de l’inconnue de la salle d’attente, Pansy eut tout à coup l’impression de se sentir totalement nue. Son masque, son précieux costume, glissa tout à coup et elle ne put le rattraper. Il lui paraissait que ses lèvres tremblaient et que ses paupières, le plus souvent lourdes, s’étaient ouvertes devant la brusquerie, la franchise trop évidente, de cette femme aux allures fantasques dont les émotions, à vif, débordaient par tous les pores de sa peau. C’était comme si, en un froissement de minutes, elle était parvenue à réveiller les fantômes de ses souvenirs, à ranimer ses douleurs.
— Si vous ne voulez pas me le dire, ne me le dites pas. J’ai mis du temps à l’accepter, donc je suppose que ce doit être difficile pour vous aussi. Après tout, nous avons tous un épouvantard dans le placard. C’est toujours un supplice de l’en faire sortir, vous ne trouvez pas ? Quelque part, le laisser partir, c’est aussi se laisser partir soi-même. Enfin bon, vous devez vous dire que je raconte n’importe quoi alors qu’on ne s’est pas encore présentées et…
Elle n’en eut pas le temps. La porte du cabinet s’ouvrit sur le Dr Warren. La soixantaine bien tassée, celui-ci était un homme aux cheveux argentés et au front strié d’une multitude de rides profondes. Ses lèvres s’étiraient en un sourire avenant, vaguement complaisant, qui démontrait sa tendance à l’égocentrisme. Victime d’un embonpoint qu’il avait pris au fur et à mesure des années passées aux côtés d’une épouse excellente cuisinière, il savait s’en servir pour se donner cette apparence faussement débonnaire. Ainsi, il obtenait la confiance de ses patients.
— Morag, ma chère, venez par ici ! s’exclama-t-il en tendant le bras vers elle pour l’attirer dans sa direction. Sachez que je suis heureux de vous revoir en si bonne santé.
Tandis qu’il l’entraînait dans son cabinet, il ne prêta aucune attention à Pansy. Si cette dernière en aurait d’ordinaire été frustrée et l’aurait fait savoir d’une manière ou d’une autre, elle ne le remarqua pas cette fois-ci.
Les sourcils froncés, elle venait de mettre un prénom sur le visage de l’inconnue. Morag. Ce prénom, elle ne l’avait entendu qu’une seule fois lors de sa répartition, mais il trouvait un écho certain dans ses souvenirs. Morag. Morag MacDougal. Une Serdaigle. Elles ne se connaissaient pas vraiment, elles étaient simplement de la même année. La promotion 1991-1998. Leurs maisons avaient sans doute eu plusieurs cours commun au fil des ans, mais elle ne se souvenait pas lui avoir accordé de l’intérêt. Un visage, un prénom parmi tant d’autres. Un visage et un prénom qu’on oublie jusqu’à ce que le hasard nous les rappelle. Un visage, un prénom, une personne qui, comme elle, avait vécu la guerre.
Chapitre trois : Les folies délicates by Lyssa7
Author's Notes:
Bonsoir,
Pour ce chapitre, je suis finalement parvenue à écrire du PDV de Morag, ce qui sera sans doute plus compréhensible pour la suite. Comme c'est plutôt un chapitre de transition, la relation entre les deux femmes n'avance pas beaucoup, mais elle devrait s'affirmer dans le chapitre suivant.
Bonne lecture,
Lyssa.
— Installez-vous, ma chère.
— Merci, Docteur Warren.
Le vide. De nouveau, ce vide abyssal qui la terrorisait. Et Morag hurlait sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche. Elle hurlait intérieurement, elle étouffait ses cris derrière le tournoiement de ses doigts tordus. Elle divaguait aussi. Parfois. Quand elle ne reconnaissait plus le monde dans lequel elle vivait, qu’elle s’y sentait si étrangère qu’elle avait l’impression de ne pas exister, de tomber sans que personne ne l’entende dans un trou sans fond. Elle ne reconnaissait pas le monde, elle ne se reconnaissait pas elle-même non plus. Elle vivait dans une sorte de flou artistique constant où la fluctuation de ses humeurs faisait la loi.
A cet instant, elle était calme. Cela pouvait durer deux minutes, deux heures, ou des jours. Jusqu’à ce que son esprit implose. Dans le meilleur des cas, elle oubliait des pans de son passé, ne se souvenant ni des douleurs ni de la mort ; mais, lorsque tout se rappelait à elle, la culpabilité la clouait au sol, la douleur se faisant si intolérable que ses pensées devenaient funestes. Dans ces moments-là, rien ne la rattachait à l’univers, et elle avait manqué de peu d’y laisser la vie la dernière fois que le monstre de culpabilité qui vivait à l’intérieur d’elle-même l’avait consumée.
— Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? s’enquit le Dr Warren en prenant place sur son fauteuil.
— Je n’en sais rien. Bien, je crois, répondit Morag en s’allongeant sur le canapé face à lui.
— Vous croyez ?
— J’essaie d’aller bien, reformula-t-elle, les yeux fixés sur le blanc immaculé du plafond.
— C’est une bonne chose. L’auto-persuasion peut donner des résultats satisfaisants.
— Peut-être, mais dès que je repense à… Vous savez, ce n’est pas… J’entends encore le son de sa voix, comme s’il était toujours là, alors il m’arrive d’imaginer qu’il… C’est presque comme si… C’est plus facile, vous comprenez ? C’est moins injuste que d’avoir survécu sans lui, fit-elle, son ton se brisant sur les derniers mots.
— Vous dites que c’est moins injuste. Est-ce que vous vous sentez toujours coupable de sa mort, Morag ?
— Tout le temps. Si j’avais tué ce Mangemort, ce serait différent. Si je n’avais pas hésité…
— Personne ne peut savoir ce qui se serait passé si la situation n’avait pas été la même. Si vous aviez tourné dans un autre couloir que celui que vous avez pris ce jour-là, vous n’auriez pas croisé ces Mangemorts. Cependant, aucun de nous ne peut dire si cela aurait été bénéfique ou destructeur. Ce jour-là a eu lieu, reprit le Dr Warren un ton plus bas, et nous ne pouvons rien y faire à part l’accepter. Vous devez continuer à venir à ces séances pour que votre esprit ne produise pas un trop plein de culpabilité et qu’il ne parvienne à un point de non-retour. Vous devez écouler cette anxiété, ne pas la laisser prendre le dessus sur vous-même.
L’homme se leva et, rejoignant son bureau, il en ouvrit un tiroir duquel il sortit une fiole minuscule. Aucun rapport avec un traitement quelconque, elle ne contenait aucun liquide. Tout en s’approchant, le Docteur D.Warren intima à Morag de fermer les yeux et de faire le vide dans son esprit. Puis, il sortit sa baguette et retira en un mouvement leste un mince filament rougeâtre de la tempe de sa patiente. Il s’agissait des mauvaises vibrations, d’une quantité infime du stress et des souffrances qu’enduraient la jeune femme. Il ne pouvait pas se permettre d’en enlever plus. Trop dangereux, le sortilège aurait eu un effet dévastateur sur un esprit tel que celui de Morag MacDougal, risquant de toucher gravement le lobe temporal et d’altérer des capacités comme la mémoire à court terme.
Une fois que ce fut fait, il rangea sa baguette et retourna s’installer à son bureau pour terminer de remplir le dossier de sa patiente. Celle-ci, dans un état de transe proche du sommeil, se réveillerait dans une dizaine de minutes, ce qui lui laissait le temps de noter ses observations du jour. Trempant avec dextérité sa plume dans l’encre, le Docteur D. Warren plissa les yeux et jeta un coup d’oeil à la jeune femme endormie. Malgré les dires de Morag MacDougal, il n’était pas vraiment optimiste. Depuis qu’il l’avait internée à Sainte-Mangouste pendant une semaine après qu’elle lui eut confié avoir pensé attenter à ses jours, elle ne lui faisait plus confiance.
En lisant son dossier, il en eut la preuve. Lors de leur séance précédente, ils avaient eu exactement le même échange. Au mot près. Contrarié, le psychomage fronça un peu plus les sourcils et griffonna sur le dossier : « Se renferme de plus en plus. Incapable de dire si elle se sent mieux – semble ne pas avoir conscience de ses émotions et de son bien-être quand elle parle d’elle-même. Culpabilité non justifiée quant à la mort de son ami – régression du Syndrome du survivant. A surveiller de près. »
Pansy soupira une énième fois d’impatience. Presque une demi-heure que cette femme, Morag, était entrée dans le cabinet du psychomage. Plus d’une heure qu’elle attendait pour une simple ordonnance. Une ordonnance qu’elle attendrait de pied ferme et en silence devant le bureau de D. Warren avant de tourner les talons.
Le Docteur Warren était parfaitement conscient qu’elle ne souhaitait pas s’exprimer ni lui dire quoi que ce soit sur sa vie. Elle n’était pas venue se pencher sur ses états d’âme telle une pauvre hère pitoyable, elle voulait simplement régler le problème de ses insomnies. Pour cela, elle n’avait pas le choix. Le service de potions médicomagiques rattaché à l’hôpital Sainte-Mangouste réclamait ce foutu bout de parchemin et ne lui donnerait rien si elle ne passait pas par le vieillard inutile qui certifiait de sa bonne foi à chaque fois qu’elle venait lui rendre visite. En y repensant, ce psychopathe avait sans doute fait exprès de la laisser attendre sur cette chaise usée et inconfortable. Peut-être même espérait-il obtenir des confidences en lui faisant ce genre de mauvais coups.
— Pathétique, grogna-t-elle entre ses dents.
La porte finit par s’ouvrir une quinzaine de minutes plus tard, libérant le passage à Morag MacDougal. Cette dernière paraissait subitement éteinte, comme anesthésiée de toutes ses peurs. Pansy haussa un sourcil, surprise par l’état comateux de cette femme qui lui avait laissée cette impression d’énergie inconsidérée. Elle tenta de croiser son regard pour deviner ce qui avait occasionné ce changement d’humeur, mais la rousse ne lui prêta pas la moindre attention et avança jusqu’à la porte d’entrée.
Elle s’apprêtait à sortir dans le froid glacial quand Pansy, qui n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait à cet instant précis, l’interpella :
— Au fait, vous aviez raison. Vous m’avez déjà vue. On était dans la même promotion à Poudlard.
Pourquoi avait-elle soudainement ressenti le besoin de ne pas la laisser partir ? Elle, Pansy Parkinson, la traîtresse qui avait voulu livrer Harry Potter, l’égoïste qui avait toujours sauvegardé ses propres intérêts en tout temps et toute situation, la perfide qui n’agissait jamais sans être certaine des conséquences qu’elle encourrait, venait de se mettre à découvert. Pansy, qui avait pourtant tout fait après son procès pour rejoindre l’anonymat en devenant serveuse dans un bouge mal famé de l’Allée des Embrumes, venait de se dévoiler à une femme qui savait qui elle était par le passé et ce qu’elle avait fait. Elle le regretta quelques secondes plus tard, mais il était trop tard. Les yeux bleus de Morag vinrent se poser sur elle, et elle frissonna pour la seconde fois.
— Je sais, j’ai fini par me souvenir. Pansy Parkinson, c’est ça ?
Chapitre quatre : Les tendres divagations by Lyssa7
Author's Notes:
Bonsoir,
Cette fiction se dirige doucement, mais sûrement, vers la romance et devrait encore comporter deux ou trois chapitres maximum. J'espère que la relation entre Pansy et Mo, très discrète pour le moment, vous plaît.
Bonne lecture,
Lyssa
Pansy pensait que Morag la jugerait. Elle pensait qu’elle aurait droit à des récriminations, peut-être même des insultes sur sa traîtrise. Ces mêmes insultes silencieuses qu’elle voyait dans les yeux de la société sorcière toute entière et qu’elle ne cessait plus de lire sur les visages depuis son procès.
Comment avait-elle osé ? Que croyait-elle faire en se jetant en travers du chemin des résistants ? Croyait-elle vraiment en ce qu’elle avait dit ? N’avait-elle pas honte d’avoir voulu livrer Harry Potter à Celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom ? Comment pouvait-elle encore respirer alors que des dizaines d’innocents, de héros, étaient morts là-bas, sur ce champ de bataille ? Elle avait survécu sans le mériter. Elle avait cautionné, elle avait participé au règne des Carrow, elle avait trahi une énième fois avant la bataille de Poudlard. Traître. Lâche. Elle aurait dû mourir plus que n’importe qui d’autre. Elle l’avait entendu tant de fois sur ces bouches anonymes, dans des messes basses ou des exclamations, ces deux dernières années.
Pansy pensait que Morag, comme tous les autres avant elle, traînerait son nom dans la boue et l’abandonnerait à son sort de princesse bafouée. Comme ses parents qui l’avaient reniée. Comme Drago qui avait préféré couper les ponts pour ne pas être associé à elle. Comme Blaise qui avait fui en Amérique. Comme Theodore qui n’avait pas su la sauver. Il n’était plus question que tout cela l’atteigne. Pas cette fois. Pas encore. Plus jamais. Elle s’était débattue avec cette pensée, elle avait fusillé la rousse du regard. Avec un air de chat blessé.
Cependant, Morag n’avait pas du tout réagi comme elle s’y attendait. Morag n’était pas comme tout le monde. Morag était une bulle d’air dans l’atmosphère étouffante de son quotidien et de sa douce paranoïa. Peut-être parce qu’elle était aussi folle qu’elle. Ou peut-être parce qu’elle se fichait bien des héros morts sur un champ de bataille. Morag n’avait jamais beaucoup aimé les résistants de toute manière. Trop courageux, trop parfaits, elle disait qu’ils étaient de ceux qui entraînent les innocents dans leur chute évidente. Elle finissait par détester ces victorieux combattants. Morag était différente. Elle lui avait souri. Et l’éclat de ses yeux bleus semblait s’être soudainement accentué.
— Je nous offre un verre après ta séance ? En souvenir du bon vieux temps, ironisa-t-elle.
— Je ne suis pas sûre de vouloir m’en souvenir justement, répliqua Pansy, sarcastique.
— On peut aussi l’oublier. C’est fait pour ça l’alcool, non ? assena Mo sur le même ton.
— Tu peux me croire, un seul verre ne suffira pas.
— Le premier verre, c’est seulement pour commencer. On a toute la nuit.
Cette dernière phrase coupa littéralement le souffle à la brune. Ce ton, ce sourire, ces mots, c’était comme une invitation silencieuse à la suivre, à lui raconter son histoire sans prendre la peine de respirer. Tout aussi étrange que cela puisse paraître, cela devenait presque attrayant pour Pansy qui se demandait si la cause de ce revirement soudain n’était pas plutôt les yeux trop bleus de cette femme. Ses yeux trop bleus, ses cheveux trop flamboyants, ses lèvres trop rouges. C’était juste trop tentant, si bien qu’elle en devenait incapable de réfléchir correctement.
Pansy avait toujours eu ce défaut. Elle aimait l’exagération, la décadence des jolies choses. Elle avait la folie des grandeurs. A force de se pavaner dans un luxe tapageur, elle l’avait reproduit dans ses amours incertaines. Il y avait d’abord eu Drago. Drago et son arrogance, son blond fastueux et ses cheveux bien coiffés. Drago dont la réputation n’était plus à faire et dont la famille avait sa place au sein des vingt-huit sacrées. Elle l’avait admiré plus qu’elle ne l’avait réellement aimé. Ensuite, il y avait eu Theodore. L’ombre derrière la lumière, il s’était révélé lorsque le soleil avait commencé à décliner lors de leur sixième année. Theodore et son évidente élégance. Theodore et son impitoyable nonchalance, son calme prodigieux face à leur chute. Et puis, après eux, il y avait eu Katia. Katia, ses boucles noires, et sa poitrine opulente. Katia et son maquillage éloquent. Katia avec qui elle ne parlait pas, pas vraiment, si peu. Katia qu’elle avait peut-être plus aimé que les deux autres. D’un amour passionnel.
— C’est comme tu veux, précisa Morag sans cesser de sourire, la main sur la poignée de la porte.
— Tu m’attendrais ? s’enquit Pansy, haussant légèrement les sourcils.
— Il semblerait que nous… que je n’ai rien de mieux à faire ce soir. T’en as pour longtemps ?
Sa main glissa de la poignée et elle revint s’adosser au mur d’en face, exactement dans la même position que celle qu’elle avait lorsque Pansy était entrée dans la salle d’attente du psychomage, plus d’une heure plus tôt. Parfois, Morag amorçait un geste pour se tordre les doigts, elle jetait à la va-vite un coup d’oeil sur sa gauche, mais elle finissait toujours par se contrôler quand elle croisait le regard de la brune. Un regard sombre qui la scrutait, plein de curiosité. Et Mo se sentait soudainement, étrangement, de nouveau vivante.
— Juste le temps de récupérer une ordonnance.
— C’est ici.
Les deux femmes se trouvaient à présent devant une auberge miteuse au sein de l’Allée des Embrumes. Celle où Pansy travaillait depuis un peu moins d’un an. Tenue par un vieux nain désagréable et quelque peu sénile, Le Loup-Garou était surtout connu par des sorciers et créatures en marge de la société sorcière qui n’avaient plus aucun passe-droit du côté du Chemin de Traverse. L’enseigne en bois, branlante, dont deux ou trois lettres manquaient ainsi que les vitres crasseuses annonçait parfaitement ce qui attendait les clients de l’établissement à l’intérieur. Quelqu’un de recommandable ne s’y serait certainement jamais aventuré. Fort heureusement, Morag MacDougal ne l’était pas. Elle n’était pas non plus, et malgré des apparences trompeuses, impressionnable.
— Mon père aurait adoré cet endroit. Hop l’aurait détesté, résuma-t-elle pour elle-même.
— Et toi ? Qu’est-ce que tu en penses ?
— Je pense que tu n’étais pas du tout le genre de fille à traîner ici à Poudlard, assena Mo, cynique.
— Celle dont tu parles n’existe plus, rétorqua froidement Pansy.
— Tant mieux. Elle ne m’intéressait pas tant que ça cette fille là, contrairement à toi.
Mo ne la regardait même pas mais, pour la première fois depuis longtemps, Pansy sentit son coeur battre un peu plus fort dans sa poitrine. Tel un doux caprice, un vertige fantaisiste. Une parfaite hérésie.
Chapitre cinq : Les doux égarements by Lyssa7
Author's Notes:
Bonjour,
Ce chapitre sera l'avant-dernier de cette fiction. On retrouve Mo et Pansy dans un état pas très net. J'espère que la lecture vous plaira.
A bientôt,
Lyssa
Les deux jeunes femmes s’étaient installées à la table du fond, celle que Pansy préférait depuis qu’elle avait échoué dans ce rade paumé. Morag ne disait pas un mot depuis qu’elles étaient entrées, se contentant d’observer les lieux avec ses grands yeux. Pansy, elle, c’était Mo qu’elle regardait. Un peu comme on contemple quelqu’un de curieux, de différent, d’intrigant, de si mystérieux qu’il en devient séduisant.
Il était à peine dix-huit heures et, hormis un vieux sorcier qui somnolait sur le comptoir et Gringe, le patron des lieux, il n’y avait encore personne.
— Tu… commença Pansy, hésitante, en faisant tourner nonchalamment son verre de whisky pur-feu.
Elle se tut, mais Mo l’invita silencieusement à parler, dans un haussement de sourcils. Elle se tordait les doigts sous la table, mais c’était devenu presque imperceptible depuis qu’elles étaient sorties du psychomage. Ou alors peut-être était-ce simplement que Pansy en faisait abstraction, trop concentrée sur ses questions.
— Tu sais qui je suis, non ?
— Bien sûr. Et alors ? acquiesça Mo, sans comprendre.
— Alors cela ne t’effraie pas ?
— Qu’est-ce qui devrait m’effrayer ?
— D’être ici. Dans l’Allée des Embrumes. Avec moi. Tu dois connaître l’image que la société a de moi. Tu étais sûrement là quand je me suis levée pour dénoncer Potter juste avant la bataille de Poudlard, lâcha Pansy en plantant ses prunelles dans les siennes. Alors, pourquoi tu es là ? Pourquoi tu m’as invitée à boire ce verre ?
— Et toi ?
— Quoi, moi ?
— Pourquoi tu as accepté mon invitation si tu as si peur de ce que je pense ?
Pansy ne s’attendait pas à cette réponse. C’était direct, violent, loin des fausses politesses qu’on lui avait longtemps servies sur un plateau d’argent. Mo ne faisait pas semblant. Elle n’était pas Drago. Elle n’avait pas son arrogance. Elle n’était pas Theodore. Elle n’avait pas son sens de l’élégance et de l’éloquence. Elle n’était pas non plus Katia. Elle n’avait pas sa sensualité. Et pourtant, la lueur dans ses yeux l’émerveillait et touchait son âme de façon étonnante et déconcertante.
— Je ne sais pas, finit par répondre Pansy. Peut-être que j’étais justement curieuse de savoir ce que tu en penses.
— Je pense que c’est pour toi que ça a le plus d’importance, répliqua Morag dans un sourire triste. C’est ton fantôme. On en a tous un. Ou même plusieurs. Et à force de se le remémorer, de se torturer l’esprit, on finit par croire que les autres ne voient que ça en nous, mais c’est faux. Les autres ont assez de leurs propres fantômes pour s’occuper des nôtres, tu peux me croire.
Inconsciemment, Mo avait tourné la tête sur la gauche. Vers la chaise vide entre elles. Cette fois, Pansy fit mine de ne pas le voir. Elle comprenait ce que la jeune femme en face d’elle voulait lui dire. Elle ne le comprenait que trop bien. Ses fantômes lui avaient volé sa vie et l’empêchaient dorénavant de dormir. Ceux de Mo paraissaient la poursuivre et la posséder sans répit.
— Tu as sans doute raison, abdiqua Pansy en levant son verre. Buvons à nos fantômes dans ce cas ! Jusqu’à ne plus se souvenir d’eux. Jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans les méandres de l’alcool, ajouta-t-elle, sarcastique.
La frange de Pansy lui cachait les yeux, mais Morag discerna parfaitement l’éclat de rage, de colère contre le monde entier, qui y régnait. Elle aussi l’avait longtemps ressenti. Avant d’en être définitivement lassé. Vivre dans la fureur ne l’avait pas aidée. Et boire jusqu’à tout oublier n’était pas la solution. Mo n’était pas sans l’ignorer. Seulement, elle avait ce vide dans la poitrine qui refusait de partir, de la laisser en paix.
— A nos fantômes ! fit-elle à son tour en levant son verre, le faisant tinter contre celui de Pansy.
— Tu sais quoi, Mo ? La société est injuste ! On m’a infligée un procès pour ce que j’ai fait, on m’a traînée dans la boue devant toute une assemblée de sorciers héroïques, et on veut encore que je rampe, que je rase les murs ! Je dois me terrer comme un rat alors que j’étais Pansy Parkinson ! Ce n’est pas juste, c’est tout. Je sais ce que j’ai fait, mais c’est simplement… Je n’ai tué personne, tu vois ? Je voudrais… qu’on m’oublie, qu’on me foute définitivement la paix.
Sur ces mots, Pansy tapa brusquement du poing sur la table. Devant les deux femmes, les verres valsèrent. Morag, silencieuse, se contentait d’écouter l’ancienne Serpentard qui avait visiblement un peu trop bu et qui se perdait dans ses sombres tergiversations.
— Il y a six mois, certains ont été jusqu’à m’insulter et me frapper. Je ne me suis pas laissée faire, poursuivit la jeune femme en serrant les poings. Il n’est pas question que je baisse les yeux devant eux. Jamais. Ils auraient pu me tuer mais qu’est-ce que ça pouvait bien me faire ? Ils n’avaient pas le droit de lever la main sur moi. Ils n’avaient pas le droit….
Une lueur farouche, entre la tristesse et la colère, passa dans les prunelles brunes de Pansy Parkinson. Mo, sans un mot, vint poser sa main sur celle, tremblante, de la brune comme pour l’inciter à se calmer. Pendant une fraction de seconde, il n’y eut plus rien autour. Rien ne semblait avoir de prise sur elles, rien n’avait existé avant ce moment. L’avenir importait peu, le passé n’était rien de plus qu’un voile s’estompant dans une brume vaporeuse. Rien n’avait d’importance. Sauf cet instant. Avant que Pansy ne rompe le charme.
— Parfois, j’en viens à me demander si je mérite de vivre, murmura Pansy.
Elle récupéra sa main, s’empara de son verre à moitié plein et le termina d’un seul trait. Mo aurait voulu la réconforter, sortir de sa manche une phrase à la fois brillante et touchante, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Elle-même s’était posée la question des dizaines de fois depuis la fin de la guerre.
Pourquoi elle ? Pourquoi pas quelqu’un d’autre ? Pourquoi était-elle en vie alors que Hop ne l’était plus ? Pourquoi avait-il fallu qu’il meure à sa place ? Pourquoi s’était-il sacrifié pour elle alors qu’elle était incapable de relever la tête et qu’elle se mentait chaque jour un peu plus ? Elle pouvait prétendre être forte, se donner des grands airs. Sous cette carapace, elle ne l’était pas. Sa fureur, ses doutes débordaient par tous les pores de sa peau. Ce n’était rien d’autre qu’un leurre. Une illusion de plus.
— Wayne… Hop… c’était mon ami, avoua Mo avec un drôle de sourire. S’il avait été à ma place ce soir, il t’aurait dit que s’apitoyer sur son sort ne sert à rien, qu’il ne faut pas se laisser abattre, qu’il faut encaisser sans cesse parce que la vie est impitoyable. Ouais, Hop t’aurait dit ça, mais il n’est pas là. C’est moi qui suis là, pas lui. Et moi, tout ce que j’en dis, c’est qu’il n’y a aucune bonne réponse à tes questions. Aucune. Et que si t’as envie de te plaindre, de pleurer, de casser des trucs, c’est valable aussi.
— Et si j’ai envie de t’embrasser ?
C’était sorti comme ça, dans un moment d’égarement, tandis que Pansy fixait la bouche trop rouge de Mo. C’était dit et, maintenant que ça l’était, elle ne pouvait qu’attendre la réponse, anxieuse et craintive d’un refus.
Chapitre six : Les jolies extravagances by Lyssa7
Author's Notes:
Bonjour,
Me revoici pour la suite de cette fic. Il s'agit de la fin que j'avais en tête depuis le début, et j'espère vraiment que vous ne serez pas déçus par sa conclusion.
J'ai baissé le rating en raison du lime qui est très léger.
Bonne lecture !
Lyssa
La question de Pansy était restée en suspension dans l’air. Pour toute réponse, Mo laissa finalement échapper un petit rire qui, sans qu’il ne soit moqueur, écorcha le coeur de sa compagne. Si la brune s’imagina qu’elle réduisait son espoir à néant, la rousse ne la prit tout simplement pas au sérieux et crut que le whisky lui était monté à la tête.
— Tu as assez bu pour ce soir, lui signifia celle-ci en se levant. Je vais y aller avant de ne plus pouvoir transplaner.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? rétorqua sèchement Pansy, blessée dans sa fierté. Je suis tout à fait capable de…
Face à Mo qui se tenait debout devant elle, Pansy tenta de se lever à son tour, mais ses jambes ne la soutinrent pas et elle retomba sur sa chaise telle une vulgaire poupée désarticulée.
— Tu disais ? s’enquit innocemment Mo, un sourire en coin.
— D’accord, abdiqua la brune en la fusillant du regard, je ne suis plus tout à fait sobre.
— C’est un euphémisme, la taquina Mo, lui tendant une main pour l’aider à se relever.
— Si tu ne m’avais pas proposé ce verre… lui reprocha Pansy à demi-mots, refusant son aide d’un geste.
— Il me semble que tu es assez grande pour prendre tes propres décisions.
Directe, cruelle, violente. Au-delà de cette étrangeté qui avait su éveiller une attirance chez Pansy, Mo était une boule d’émotions. Une boule d’émotions où la colère s’érigeait souvent en maîtresse absolue, parfois cachée sous son manteau de grise tristesse ou ses sourires mélancoliques. Mo était douée pour déceler les points faibles, pour ne pas mettre de gants en peau de dragon pour atténuer la vérité, pour dire tout haut ce qu’elle pensait.
Dans son petit univers de superficialité, au contraire, Pansy avait toujours eu ce qu’elle voulait. On ne lui avait opposée aucune résistance, pas la moindre objection. La petite princesse trop gâtée qu’on lui avait appris à être avait su réclamer ce qu’elle désirait, se vanter de ce qu’elle assumait, et nier ce qu’elle n’admettait pas. Elle était celle qu’elle souhaitait, pas celle qu’elle était vraiment. On lui avait certifié que ce n’était pas important, que la vérité ne valait pas le luxe que les mensonges pouvaient lui apporter. Alors, elle avait choisi ses mots, ses attitudes, ses habitudes comme on choisit de jolis vêtements à porter, de beaux bijoux à exhiber. Pendant longtemps, c’était ce qu’elle avait fait. Pas ce soir. Ce soir, elle sentait que se parer de ses habits de velours la desservirait. Et puis, elle n’avait pas la force de trop réfléchir. La faute au whisky, aux fantômes, à ses insomnies.
— Justement, ne me considère pas comme une enfant, dit-elle, s’appuyant de ses deux mains sur la table.
— Écoute Pansy, soupira Morag en avisant l’air singulièrement contrarié de Pansy, je vais rentrer.
— Donc, tu comptes ignorer le fait que je veuille t’embrasser ? Tu vas fuir ?
— Tu as seulement besoin de te raccrocher à quelqu’un.
Mo avait prononcé cette phrase dans un murmure, et ses yeux trop bleus s’étaient fixés dans les prunelles brunes de Pansy. Celle-ci, hypnotisée par les intonations de sa voix, l’avait laissée approcher jusqu’à ce que le visage de la rousse ne soit plus qu’à quelques centimètres du sien.
— Et toi ? chuchota-t-elle, du bout des lèvres.
— Moi, je ne veux plus jamais m’attacher à qui que ce soit. Je ne suis pas la personne qu’il te faut, mais je peux t’embrasser si c’est ce que tu veux. Juste une fois.
Pansy s’était demandée pendant un court laps de temps si ce baiser valait la peine car, après tout, Morag lui avait clairement laissé entendre qu’elles ne commenceraient absolument rien ensemble. Pendant ce court laps de temps, la rousse lui donnait le temps de se reculer, de se soustraire à cette attirance et de partir sans se retourner. Elle resta là, absorbée par ce visage fardé de taches de rousseur, et la bouche de Mo se posa sur la sienne. Il n’y avait aucune brusquerie dans ce geste, juste une infinie douceur.
Une douceur qui résonna entre elles tandis que les lèvres de Mo caressaient effrontément les siennes et que ses mains venaient se perdre dans le bas du dos de Pansy. La jeune femme laissa échapper un soupir qui vint s’écraser, mourir, contre la bouche de la rousse alors que les mains de Mo descendaient et redessinaient la rondeur de ses fesses. Anesthésiées de leurs pensées, elles se perdirent dans cette étreinte jusqu’au petit matin. Comme pour éloigner les fantômes de la guerre. Comme pour se délecter de leurs jolies extravagances.
C’est l’été. Un été étouffant où il fait abominablement chaud. Pansy s’éponge le front avec son torchon avant de servir une énième bière presque fraîche à l’un de ses clients peu aimable. Aujourd’hui, la table du fond est vide.
Depuis qu’elles se sont embrassées dans cette auberge au coeur de l’hiver, elle n’a pas cessé d’y repenser. Tous les jours durant ces derniers mois, elle a espéré recevoir des nouvelles de Mo après qu’elles se soient séparées. Une lettre, un signe, mais rien. Pansy doit bien se rendre à l’évidence : Morag a disparu de sa vie du jour au lendemain. Le Docteur D. Warren ne sait pas non plus ce qu’elle est devenue. Mo n’a rien dit à personne. Elle a quitté son appartement sans rien emporter. Elle est partie sans un regard en arrière, sans s’attacher.
Elle n’a pas cessé d’y repenser. Peut-être parce que Mo est insaisissable et que Pansy ne supporte pas qu’on lui dise non. Peut-être parce que Mo n’hésite pas à dire ce qu’elle pense, sans hésiter une seule seconde à la malmener s’il le faut. Peut-être parce qu’elle se reconnaît en elle. Forte et fragile à la fois. Vivante, mais pleine de fantômes. Peut-être que… Peut-être qu’elle reviendra.
Peut-être. Au fond, c’est elle qui reste avec ses élucubrations.
End Notes:
Voila. J'espère que vous ne m'en voulez pas trop pour cette fin plus amère que douce, mais j'ai toujours eu en tête le fait que Mo ne resterait pas et ne serait que cette passade dans la vie de Pansy. Elle est difficile à cerner, renfermée sur ce qu'elle ressent vraiment malgré les apparences. Au contraire de Pansy qui a l'air de se cacher derrière les apparences mais se laisse submerger par ses émotions. Quelque part, ce fut une façon pour Pansy d'extérioriser son mal-être et de le partager avec quelqu'un ; pour Mo, il s'agissait surtout d'écouter d'autres fantômes que les siens.
Pour tout vous dire, je ne sais que penser de cette fic. Je ne sais pas si elle répond vraiment à ce qui était demandé pour le concours de Violety et si le trope est assez mis en avant. Je n'en suis pas super satisfaite, mais il se trouve que je rame depuis plus d'un mois pour écrire quelques mots donc j'estime que ce n'est déjà pas trop mal. :mrgreen:
N'hésitez pas à me faire vos retours. ;)
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