Summary: 
Ignacius est le petit frère oublié de Lucius Malefoy. Et pour cause, dans sa famille c'est avant-tout l'héritier qui doit être mis en valeur.
Mais si, pour une fois, nous nous intéressions à l'histoire de ce membre oublié de la famille Malefoy?
Image appartenant à JKR.
Categories: Biographies,
Univers Alternatifs Characters: Famille Malefoy, Lucius Malefoy
Genres: Famille, Guerre
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Les Enfants perdus, La Guerre des Sorciers, L'illustre et noble famille Malefoy
Chapters: 10
Completed: Non
Word count: 8446
Read: 3597
Published: 14/11/2020
Updated: 16/01/2024
Story Notes:
Disclaimer: l'univers appartient à JK. Rowling quand bien même Ignacius Malefoy est un OC.
Il s'agit en fait de faire une fic dont les titres de tous les chapitres forment son nom et son prénom.
1. Ingénu by bellatrix92
2. Génial by bellatrix92
3. Niffleur! by bellatrix92
4. Amoureux by bellatrix92
5. Curieux by bellatrix92
6. Inconscient: by bellatrix92
7. Ulcéré by bellatrix92
8. Surréaliste by bellatrix92
9. Méchante by bellatrix92
10. Adorable by bellatrix92
Ignacius avait envie de pleurer après ce qui s’était passé, même si avec le sang qui coulait dans ses veines cela aurait été largement inconvenant.
Depuis qu’il était arrivé à Poudlard, quatre ans après son frère, il savait parfaitement que tout le monde le voyait comme un « gentils garçon ».
Pourtant, jusqu’à l’été précédent, Ignacius avait plutôt l’impression d’être le petit tordu de la bande, le genre de personne qui fait ses mauvais coups en cachette et se donne de faux airs d’ange. Jamais avant cela il n’avait eu besoin de se faire respecter, tout le monde semblait le respecter du fait de sa haute naissance.
Et puis dans cette salle commune de Serpentard, en temps que petit frère de Lucius, il était le mec sympa et agréable qu’il ne fallait pourtant pas chercher.
Aujourd’hui seulement il se rendait compte que c’était uniquement parce que son frère inspirait la crainte qu’il avait été respecté jusque là.
Et en cette après-midi d’automne, c’était une belle claque qu’il avait prise au sens propre comme au figuré lorsque les maraudeurs l’avaient encerclé et que le fils Potter lui avait infligé le sortilège de Levicorpus. Il n’avait rien vu venir, pas plus qu’il n’avait réussi à se défendre face à ces gamins pourtant un peu plus jeunes et un peu moins expérimentés que lui à priori.
Lucius avait même du intervenir pour le tirer d’affaire, trop tard cependant pour l’empêcher d’être humilié et à moitié déshabillé par des élèves un an plus jeunes que lui, des Griffondor en prime.
Ignacius laissa quelques larmes couler sur son visage tandis qu’il massait ses épaules meurtries par la chute qu’il avait faite. Il ne servait à rien de tourner la situation dans tous les sens : qu’il le veuille ou non, il s’était pris la honte de sa vie et cela le suivrait probablement durant des années.
À présent il aurait voulu rester muré dans ce dortoir jusqu’à la fin de ses jours. Mais comme pour enfoncer le clou, la voix de Lucius résonna soudain à ses oreilles :
- Non mais tu ne vas quand-même pas pleurer dans ton dortoir ! Ce n’est pas vrai.
Ignacius releva la tête, son frère venait de pénétrer comme un ouragan dans le dortoir des secondes années, il semblait furieux.
- Lève-toi et suis-moi, lui ordonna t-il d’un ton sans réplique. On organise un club de duel au fond du parc, tu viens avec nous.
- Je ne sais pas me battre, répondit Ignacius effrayé.
Lucius le considéra un instant avec un tel agacement qu’il eut envie de se recroqueviller sur lui-même, à cet instant son frère aîné lui faisait terriblement penser à son père.
Pourtant Lucius lui répondit sur un ton étrangement doux, comme s’il avait soudain compris que le jeune garçon en face de lui ne supporterait pas davantage d’être rabroué :
- Tu ne sais pas te battre pour la simple et bonne raison que tu n’as jamais appris Ignacius. C’est précisément pour cette raison que tu vas venir avec nous. D’ailleurs Rab et Severus vont faire pareil parce qu’on ne tient pas à ce qu’ils soient les prochains.
Ignacius obéit, mais non sans avoir répliqué sur un ton morne :
- Pour ce qui est de Severus, je crois que c’est déjà trop tard…
- Lui c’est moins grave, répliqua Lucius. Il n’a pas un grand nom à défendre. Mais toi on ne peut se permettre que les choses aillent plus loin.
Lorsque le professeur Slughorn lui rendit son devoir sur les propriétés du sang de dragon, Ignacius sentit le rouge lui monter aux joues. Il l’avait fait : il avait obtenu la note maximale, ce qui lui permettait de se placer en tête de la classe, juste devant Marlene McKinnon qui l’avait loupée de peu.
Ignacius se sentait fier car Père serait content. Après ses notes déjà extraordinaires en Histoire de la Magie et en Arithmencie, qu’il devait surtout à sa culture générale, ce devoir venait clôturer une semaine et un semestre aussi glorieux l’un que l’autre.
C’était d’autant plus génial que les vacances de Noël commençaient dans la soirée et qu’avec Lucius ils rentreraient le lendemain.
Si depuis un an qu’il pratiquait, il se montrait plus que médiocre dans l’art des duels, ses bonnes notes venaient largement redorer son image. Sa réputation de garçon sérieux au travail fiable enchantait sa famille. Après tout, c’était plus ou moins le caractère que l’on attendait chez un cadet.
Père, il le savait bien, le voyait déjà comme un employé haut-gradé du ministère, pourquoi pas un ministre bien qu’aucun Malefoy n’ait jamais occupé ce poste. Mais il était le cadet après tout, sa nomination ne pourrait pas empêcher la branche aînée d’œuvrer dans l’ombre comme ils l’avaient fait contre Nobby Leach
Une fois n’est pas coutume, Ignacius s’accorda du répit ce soir-là et disputa avec Rabastan plusieurs parties d’échecs version sorcier de haut niveau qu’il gagna toutes puis, sa valise faite, il se coucha satisfait.
Il l’avait fait, il avait devancé Marlene McKinnon. C’était lui le meilleur élève de leur année.
Pas qu’il déteste la jeune fille, au contraire il l’avait toujours beaucoup admirée pour son intelligence, et ce bien qu’elle soit de sang-mêlé. D’ailleurs, il appréciait leurs discussions occasionnelles et l’art magique international était d’ailleurs leur sujet de prédilection.
Mais savoir qu’il avait réussi à faire mieux qu’elle le remplissait de fierté, malgré le fait qu’il ne sache pas comment confirmer son avance.
C’est que Marlene McKinnon restait bien plus forte que lui dans la plupart des matières concrètes, à part le vol sur balais mais celui-ci n’était plus au programme puisqu’ils étaient en troisième année.
Bref, il n’avait plus qu’une seule option : il fallait qu’il s’améliore en duel, en sortilèges et en métamorphose, pourtant sa puissance magique était loin, elle, d’être optimale.
Il y arriverait, il se le jurait, après tout il avait bien fini par venir à bout des potions.
Et s’il pouvait intégrer le club de Slug, ce serait le pompon.
End Notes:
J'espère que vous appréciez Ignacius, j'ai essayé de le construire de manière cohérente par rapport à ce que l'on sait de la famille Malefoy. Mais je voulais en faire quelqu'un de tout de même très différent de Lucius.
Ignacius avait su, avant même de s’écraser sur le sol, qu’il allait avoir des ennuis. Déjà, il n’était pas sensé grimper aux arbres, surtout à quatorze ans âge auquel c’était parfaitement inconvenant. Ensuite, une réception était prévu le soir-même chez une famille de leur connaissance et il était hors de question qu’il se blesse juste avant.
Et puis, sa chute n’était pas passée inaperçue auprès de Lucius qui y avait assisté en intégralité. Celui-ci s’était précipité en criant dans le jardin et, parvenu à la hauteur d’Ignacius, avais levé les yeux vers l’arbre dont la branche s’était cassée. Il avait immédiatement compris.
- Bien évidemment ! Tempêtait à présent Lucius. Monsieur recherche toujours ce qui brille, même si ce n’est pas d’or !
Ignacius soupira, massa son postérieur endolori et jeta à son frère un regard contrit. Décidément, grimper à cet arbre pour fouiller un nid de pie n’était pas une bonne idée.
En plus, il n’était même pas arrivé en haut et il faudrait qu’il retente sa chance… Car il voulait voir ce nid et ce qu’il contenait.
Comme s’il avait perçu son regard décidé, Lucius soupira et le fixa avec accablement :
- Un niffleur serait plus raisonnable que toi mon frère. Allez, dépêche-toi de monter te changer à présent, Père nous attend déjà je suis sûr.
Ignacius se leva en soupirant encore et repartit, la tête basse, sous l’air courroucé de son frère aîné. Bien-sûr il ne comptait pas obéir, bien sûr il retenterait sa chance de toute manière et en utilisant un autre moyen. Simplement il n’aimait pas qu’on le rabroue.
Arrivé dans sa chambre, il enfila sa robe de soirée et laissa Jaody lisser les plis à l’arrière pour qu’elle retombe parfaitement.
Un quart d’heure plus tard, les deux frères faisaient face à Abraxas Malefoy et à une explication en long, large et travers de l’attitude qu’ils devraient scrupuleusement observer durant cette réception. C’est que le ministre serait présent.
Ignacius, pourtant, n’écouta pas un mot de ce que disait son père. Il fixait le tapis volant roulé derrière le fauteuil de son paternel, comme s’il ne l’avait encore jamais vu de sa vie. Un persan du XIX° siècle totalement authentique.
Il savait à présent comment il monterait voir ce nid de pie. Il venait juste de trouver le moyen.
Author's Notes:
Coucou,
Et voici à nouveau Ignacius, aux prises avec ses sentiments cette fois-ci.
Bonne lecture!
Elle lui avait répondu sans aucune méchanceté mais avec fermeté, suffisamment en tout cas pour le troubler au plus haut point.
Contrairement à Lucius qui ne raisonnait qu’en terme de stratégie, Ignacius aimait les femmes pour ce qu’elles étaient simplement : belles, agréables… et surtout intelligentes et dotées d’une solide répartie.
Pour être honnête, il n’aurait jamais vraiment fait attention à Hortense Nott si elle ne l’avait pas si fermement repoussé lors du dernier bal. Jusque ici, il la trouvait jolie c’est vrai, mais en aucun cas aussi intéressante que Marlene et c’est surtout un peu par défaut qu’il était venu l’inviter à danser, ayant remarqué que personne ne le lui avait proposé de toute la soirée.
Lui qui pensait s’engouffrer dans une voie royale et voir sa demande acceptée avec un immense soulagement était tombé de très haut. Hortense Nott avait tout simplement des choses bien plus intéressantes à faire que de danser avec lui. C’est qu’elle était très occupée à discuter avec une fille un peu plus jeune qu’elle, une certaine Gilda Selwyn, ainsi que deux sorcières déjà d’âge mûr, Walburga Black et Nozéa Lestrange s’il ne se trompait pas. Le sujet de leur conversation était visiblement plus intéressant que la perspective de danser avec lui.
Ignacius était reparti la queue entre les jambes mais il ne comptait pas abandonner pour autant. Derrière la politesse froide d’Hortense Nott, il avait pourtant senti l’amertume et les regrets qui devaient la ronger, du fait de son infirmité qui était un véritable défaut de famille chez les Nott.
Il savait par ailleurs qu’elle était restée la seule survivante d’une grande fratrie emportée par la consanguinité, et avait compris ce soir-là qu’elle n’espérait ni n’attendait rien de la vie.
Allongé sur son lit dans le dortoir des Serpentard de septième année, Ignacius tournait et se retrournait depuis des heures sans cesser de penser à Hortense. Aussi distante et peu intéressée qu’elle ait pu se montrer, cela avait suffi à piquer son intérêt et à présent il souhaitait la connaître.
Mais comment l’aborder sans avoir l’air idiot ?
Une idée germait dans sa tête : depuis quelques jours qu’il l’observait, il avait remarqué qu’elle s’isolait parfois dans le parc pour lire tranquillement sous les arbres. Il n’aurait qu’à la retrouver là-bas et essayer de parler avec elle !
Oui, mais si elle préférait ses lectures à sa compagnie ?
Décidément, il ne voyait plus comment s’en sortir.
De plus, que pourrait-il bien lui dire ? Comment pourrait-il se rendre intéressant auprès d’elle ?
Ces pensées le tinrent éveillé jusqu’au matin et c’est d’humeur inquiète qu’il alla prendre son petit déjeuner, un peu plus tard que de coutume.
Lui qui se levait tôt d’habitude après une nuit réparatrice n’était absolument pas dans son assiette, et la montagne de travail qui l’attendait lui semblait à présent insurmontable. Il soupira de fatigue devant ses œufs brouillé, se servit une tasse de thé et entreprit pourtant de lire la Gazette, ce qu’il faisait tous les matins.
Pas grand-chose d’intéressant cependant. Les nouvelles n’étaient pas bonnes mais cela il le savait déjà et son cœur se serra à la pensée de Lucius qui, participait activement aux troubles causés par Le Seigneur des Ténèbres et ses partisans.
S’il y avait bien un avantage à être médiocre duelliste au vu et au su de tous, c’était bien celui de ne pas être sollicité pour ce genre de besognes. Et au risque de passer pour lâche, Ignacius en était bien content.
Déjà qu’il lui fallait mobiliser tout son courage pour approcher une fille…
Consultant sa montre à gousset, il vit qu’il était déjà presque neuf heure, aussi il était temps de mettre son plan un peu bancal à exécution. Sortant le livre de potions pour la préparation aux BUSES qu’il avait réussi à chaparder sans se faire voir, Ignacius partit dans le parc. Hortense Nott allait toujours s’y installer dès le début de la matinée pour lire ses manuels, avant de monter à la bibliothèque faire son travail, cela semblait être chez elle une routine immuable depuis la grosse semaine qu’il l’observait.
Tout en marchant, Ignacius répétait sa phrase dans sa tête : « Bonjour, j’ai trouvé ce manuel devant la grande porte, est-ce que par hasard il serait à toi ? »
Et, si comme il le craignait, elle lui répondait poliment et sèchement, il pourrait dégainer la suivante : « Ah dommage, comme tu es très studieuse et que tu viens souvent ici je pensais qu’il était sûrement à toi... »
Le problème, c’était la suite. Que pourrait-il dire après si elle ne souhaitait pas engager la conversation avec lui ?
Peut-être pourrait-il tout simplement lui demander ce qu’elle lisait.
Ignacius fit le tour du parc pendant plus d’une demi-heure, cherchant la jeune fille, mais en vain. Il croisa seulement Rubeus Hagrid qui effectuait une ronde non loin de sa cabane et qui finit par l’interpeller :
- Malefoy !
Ignacius était si préoccupé qu’il en oublia d’être hautain et répondit simplement :
- Oui ?!
- Qu’est-ce que vous faîtes à tourner dans le parc tout seul ? Lui demanda le garde-chasse sur un ton bourru.
Ignacius répondit en criant presque parce qu’il était assez loin :
- Je cherche Hortense Nott, je pense que c’est elle qui a perdu un manuel de potion dehors, juste devant la grande porte. Vous ne l’auriez pas vue par hasard.
Hagrid secoua la tête tout en se rapprochant et répondit plus doucement une fois arrivé à la hauteur d’Ignacius :
- Je n’ai pas vu Miss Nott ce matin et en effet c’est étrange, elle qui vient toujours ici… Mais je lui ferai passer le message si je la vois.
- Merci, répondit sincèrement Ignacius. Je me demande bien où elle est… Peut-être déjà à la bibliothèque.
Il salua le garde-chasse et reprit ses recherches en se rapprochant du château. Comme il allait passer la Grande porte, il tomba sur le jeune Severus Rogue qui semblait toujours d’humeur aussi sombre et renonça à le questionner. Un coup à se faire envoyer sur les mandragore vu son air fermé. Malheureux à l’idée que son plan ait échoué, il allait rentrer lorsqu’une troupe de fille de Serdaigle passa devant lui en gloussant :
- Et là elle est devenue toute blanche et plaff ! Par terre comme un chiffon. Il a fallu la porter jusqu’à l’infirmerie.
- Sérieusement, c’est vraiment une fragile Hortense… Grommela une autre.
Ignacius sentit son sang faire un tour. Il détestait cette manière de rire du malheur des autres et, s’il n’avait pas craint de se faire punir, il leur aurait bien balancé un sort.
Quoiqu’il en soit, il savait maintenant où trouver la jeune fille et remonta les marches quatre à quatre direction l’infirmerie.
Il n’eut aucun mal à entrer, son attitude calme, sa réputation d’élève pondéré et son rôle de préfet jouaient en sa faveur, d’autant que le motif : rendre un livre perdu, semblait tout ce qu’il y avait de plus valable.
Cependant, Hortense était allongée sur le lit le plu proche de la fenêtre et encore inconsciente. Il faillit soupirer d’agacement mais la vue de son visage blanc comme un linge le retint.
Elle était vraiment très malade.
- Je laisse ça là, chuchota t-il à Mrs Pomfresh. Je pense qu’elle l’a perdu.
- Merci Mr Malefoy, répondit l’infirmière. Je lui dirai que vous êtes passé.
Ignacius sourit et la remercia du regard, avant de sortir étrangement triste. Il devait se l’avouer, avoir vu Hortense dans cet état lui serrait le cœur. Aussi il repartit la tête basse en direction de la bibliothèque.
C’est d’ailleurs à cet endroit que, le mercredi suivant, Hortense Nott le retrouva alors qu’il était en plein travail sur les propriétés comparées des crins de licorne et de sombral.
- Bonjour, dit-elle. Excuse-moi de te déranger.
Il leva la tête, essayant tant bien que mal de cacher sa confusion. La jeune fille se tenait devant lui, encore un peu pâle mais à présent debout sur ses jambes :
- Oui ? Couina t-il.
- Je… Mrs Pomfresh m’a dit que tu étais passé me rendre mon livre de potion… Mais ce n’est pas le mien…
- Ho… Murmura Ignacius. C’est que je l’ai retrouvé au niveau de la Grande porte et… Comme tu vas souvent dans le parc pour lire, j’ai pensé qu’il était à toi. Je suis désolé…
- Oh mais ne le sois pas. C’est gentils en tout cas comme geste… Mais du coup, il faudrait peut-être retrouver le vrai propriétaire. Tu veux bien m’aider ?
Ignacius sourit si béatement qu’il se sentit lui-même ridicule. Tant pis.
Il était amoureux.
C’était la seule caractéristique qu’il tenait de son père disait-on : la curiosité. Pour le reste, il était resté désespérément plus délicat et sensible, rien de digne d’un homme de son rang.
Ignacius savait que c’était faux. Il avait aussi hérité de sa fougue de jeunesse, de son avidité de connaissances et également de son opiniâtreté, mais il laissait dire les autres car ça l’arrangeait bien.
C’était Lucius que l’on associait le plus volontiers à leur père dont il était le digne héritier, Lucius qui devait reprendre le flambeau pour l’honneur familial, Lucius qui devait se montrer digne, dur, puissant. Et, en attendant, Ignacius était libéré d’un tel poids.
Il était vrai pourtant que, comme son père, il adorait littéralement tout ce qui avait trait à l’exploration, à la découverte et à la géographie. Il aimait découvrir de nouvelles cultures, se confronter à l’autre.
Peut-être était-ce pour cela qu’ils organisaient tous les deux autant de réceptions, divertissant à grands frais le monde des Sang-Pur. Peut-être était-ce ce côté terriblement avide de rencontres qui les y poussait.
Car si une chose réunissait encore le père et le fils, c’était bien cet amour de la rencontre et cette place de choix dans le monde Sang-Pur. A eux deux, ils avaient organisé de somptueux événements, dont la notoriété de Lucius bénéficiait largement d’ailleurs. Qu’on le veuille ou non, chacun des membres avait sa place dans ce trio et même si Ignacius savait qu’il n’arrivait qu’en second, il aimait profondément sa vie. Être l’héritier principal n’aurait jamais pu le rendre heureux.
Toujours est-il qu’à présent qu’il avait pris son indépendance dans le petit manoir de Battle, qui n’était petit que par rapport à celui du Wiltshire d’ailleurs, Ignacius avait les mains libres pour consolider sa propre aura et assouvir sa soif de découvertes. Et il commençait à faire les choses à son goût, privilégiant les entrevues plus intimistes, les après-midi informelles, les activités insolites avec son cercle d’amis et de connaissances.
Depuis quelques mois d’ailleurs, il remarquait que sa propre personne attisait la curiosité, comme si on se demandait qui était ce jeune Monsieur Malefoy que personne ne connaissait vraiment bien au fond.
Hortense le suivait autant qu’elle le pouvait dans ces moments, malgré sa santé fragile. Elle s’extasiait de la moindre curiosité qu’il lui présentait et tout lui plaisait toujours, en particulier les balades clandestines en tapis volant qu’ils s’offraient volontiers en amoureux.
Hortense avait beau avoir toujours été respectueuse des lois en général, il y avait des entorses qu’elle savait s’autoriser.
Lorsque le père d’Ignacius fit sa première attaque de dragoncelle et que tous se mirent à craindre pour sa vie, un an seulement après leur mariage, c’est avec plaisir qu’Ignacius l’accueillit en convalescence à Battle. L’air marin lui ferait le plus grand bien et quitter l’atmosphère du Wiltshire, alourdie par la présence du Seigneur des Ténèbres, serait également très salutaire pour sa santé.
En ce début de printemps, le manoir de Battle fut donc un peu plus calme qu’à l’accoutumée pour ne pas fatiguer plus que nécessaire le convalescent. Ignacius reportait volontiers certains aspects de sa vie sociale pour ménager son père.
Hortense elle-même profita de ce regain de tranquillité pour ménager un peu sa santé et, tandis que Mr Malefoy senior se reposait, elle entreprit de moderniser le jardin avec Ignacius.
Hortense avait beau être d’une santé précaire, sa magie était suffisamment puissante pour aménager et embellir les lieux et elle le savait parfaitement. Quant-à son bon goût et sa culture, seul Ignacius rivalisait avec elle dans la famille.
Elle commença donc par dessiner les plans du nouveau jardin, d’inspiration Renaissance et classique pour faire référence au passé français de la famille Malefoy. Les hommes jugèrent bon de la laisser œuvrer tranquille, gardant pour eux du temps à part.
Comme elle travaillait dans la grande salle à manger baignée du soleil printanier, ils se retrouvaient volontiers soit dans la salle des armoiries pour discuter famille, soit dans le cabinet de curiosités. Ignacius avait en effet fait le choix de laisser cette pièce à son père afin qu’il l’aménage à sa guise durant son séjour à Battle et il ne fut pas déçu : tous ses voyages sans exception y furent représentés et il passa de longues heures à expliquer à Ignacius les tenants et les aboutissants de chaque objet qu’il avait ramené.
- Ceci, lui dit-il un jour en prenant dans ses mains une longue cane de bois. Est un bâton d’enchanteur oriental : extrêmement puissant mais attention : il est extrêmement fatigant de l’utiliser. Ne laisse surtout pas ta femme s’en servir car ce serait un coup à la tuer !
Et il éclata de rire.
Ignacius, lui, soupira avec exaspération et accablement. Son père était toujours incorrigiblement condescendant avec Hortense, ceci même alors qu’il savait combien il l’aimait. Il tenta de répondre :
- Elle n’a pas besoin d’une telle chose pour agir à merveille.
- Elle n’est surtout pas faîte pour cela, répliqua son père en riant de plus belle. D’ailleurs j’espère qu’elle ne va pas transformer ce jardin en catastrophe.
- Hortense à plus de goût que nous deux réuni.
La froideur du ton qu’il venait d’employer le surprit lui-même et Abraxas Malefoy cessa aussitôt de rire. Il essaya même de changer de sujet en saisissant une longue plume noire :
- Je ne t’ai jamais parlé de ceci, dit-il soudain, presque gêné.
Mais Ignacius n’avait plus envie de l’écouter. Il avait beau partager avec lui un grand nombre de passions, il lui tardait à présent qu’il parte...
Inconscient: by bellatrix92
Alice Londubat, auror au Ministère de la Magie, se tenait à présent devant lui et le fixait d'un air sévère :
- Expliquez-vous je vous prie, ordonna t-elle. Vous devez répondre d'une accusation de mise en péril du Secret Magique et d'utilisation d'un objet interdit.
Ignacius déglutit. Le visage de la femme en face de lui n'était ni plein de morgue, ni même menaçant, pourtant le fait qu'elle le fixe avec sévérité et qu'elle vienne de lui exposer les faits de manière totalement objective le faisait se sentir mal.
Il ne pouvait nier que, vu de l'extérieur, il pouvait paraître totalement inconscient ou même rétif aux lois. Peut-être même l'était-il d'ailleurs...
Qu'il ait volé sur un tapis volant n'aurait pourtant rien du avoir de grave, ni même de répréhensible car tout le monde le faisait chez soi...
Mais que le dit-tapis soit soudain devenu incontrôlable, ait chuté de plusieurs dizaines de mètres, ait atterri malencontreusement dans le jardin d'une moldue et ait vraisemblablement décidé...
De se battre avec le linge qui était étendu non loin ?
Cela par contre, c'était grave. Le ministère avait du dépêcher toute une équipe d'oubliators pour éviter que la rumeur de l'événement ne se répande...
Ignacius savait également que s'il ne se montrait pas particulièrement convaincant, il risquait fort de ne jamais revoir son beau tapis persan du dix-neuvième siècle, ce cadeau de son père auquel il tenait tant.
En effet, l'événement pouvait largement justifier qu'on le lui confisque pour infraction grave. Et cela il ne pourrait pas le supporter ! Abraxas Malefoy encore moins.
- Ce qui s'est passé était un accident, plaida t-il sur le ton du désespoir. Je volais c'est vrai, mais dans l'enceinte de ma propriété ainsi que cela est demandé.
- Vous avez été appréhendé sur les hauteurs d'Hastings, Mr. Malefoy, soit à presque dix lieues de chez vous.
- Parce que mon tapis est devenu totalement fou sans prévenir et qu'il m'a emporté loin sans que je ne puisse le contrôler ! Vous avez bien vu que j'ai failli me tuer, cela devrait vous donner une idée de ma bonne foi !
- Ce n'est pas seulement l'usage public de ces moyens de locomotions qui est interdit Monsieur Malefoy, répliqua Alice Londubat. Déjà pour commencer, vous êtes responsable des dommages que votre tapis cause, quel que soit son usage.
- Ce qui s'est passé était cependant imprévisible, répondit Ignacius qui tentait par tous les moyens de conserver son calme et commençait à désespérer de convaincre l'auror en face de lui. Mon tapis n'avait jamais posé de problème auparavant, c'est un Persan de presque un siècle, un vrai ! Il nous a servi de nombreuses fois sans aucun problème et il a toujours été bien entretenu. Mon père l'avait ramené d'un de ses voyages...
A sa grande surprise, Alice Londubat soupira avec agacement et lui adressa un regard ironique. Soudain, elle se leva, contourna le bureau et sortit, laissant Ignacius seul.
Cela dit, son absence ne fut pas longue et, moins de deux minutes plus tard, elle réapparaissait dans l'encadrement de la porte, le tapis d'Ignacius lévitant devant elle.
Elle l'étala d'un coup de baguette sur la table d'interrogatoire et fit signe au jeune sorcier de regarder un point précis, situé au centre du tapis.
Ou plutôt, il s'agissait d'un ensemble de fibres plus neuves que les autres et un peu moins finement assemblées, la seule réparation qu'Ignacius avait du faire après que Lucius ait abîmé le tapis par imprudence...
C'était deux semaines auparavant et rien qu'à cette pensée, il était toujours furieux : Lucius lui avait subtilisé son tapis pour il ne savait quoi... Impossible de lui tirer les vers du nez et de savoir comment il avait pu l'abîmer.
Ignacius commençait même à craindre qu'il n'ait une maîtresse. Et si c'était le cas, il n'osait même pas imaginer ce que ressentirait Narcissa si elle venait à l'apprendre.
La voix de l'auror en face de lui le tira cependant de ces pensées peu agréables :
- La réparation « maison » des tapis volants est totalement interdite, Monsieur Malefoy, lui fit remarquer Alice Londubat. Je pense que vous pouvez comprendre à présent que ce n'est pas pour rien...
- C'était juste un trou... Murmura Ignacius à présent penaud. Et j'avais les écheveaux appropriés pour le réparer.
Il n'avait pas osé dire que c'était son frère cependant :
- Voyez-vous ça ?
La jeune femme lui avait répondu sur un ton presque moqueur et Ignacius se sentit rougir sous l'effet de la colère. Pourtant, elle n'en avait pas encore fini avec lui :
- Les tapis volants ne se réparent pas sans une grande maîtrise de leur art et cela ne peut être bradé ! Si, comme vous l'avez fait, on mélange les écheveaux persans d'origine aux afghans que l'on trouve actuellement sur le marché noir, il faut craindre une réaction comme celle qui a provoqué votre accident. Une mauvaise réparation dérègle l'ensemble du tressage et c'est ainsi que votre tapis développe un caractère effroyable.
- En attaquant le linge d'une moldue par exemple ? Demanda Ignacius.
- Par exemple, oui. Alors autant faire appel à un vrai professionnel et respecter la loi.
Elle conclut l'entretien ainsi, sur un ton sentencieux, puis elle repartit avec le tapis et Ignacius dut encore attendre plusieurs heures sans aucune nouvelle. On le fit patienter dans le couloir.
Finalement, on lui rendit l'objet sans explication, sur les coups de vingt heure et comme s'il s'était agi d'une simple formalité administrative.
Il dut juste signer un parchemin attestant qu'il en était le propriétaire et qu'il l'avait récupéré dans l'état où il lui avait été confisqué, le tout bien détaillé.
Que se passait-il donc au Ministère ? Était-ce de son nom que l'on avait eu peur ? De Lucius ?
Il ne le savait pas mais il était tellement soulagé qu'il se contenta d'emporter l'objet en le serrant contre lui et en réfléchissant à la manière de le réparer au mieux et au plus vite.
« Faire appel à un vrai professionnel et respecter la loi. » Pour que celui-ci le dénature complètement à force de le brider et de le désillusionner selon les normes britanniques ?
Ignacius n'avait pas la moindre intention d'obtempérer bien sûr, pourtant ce point restait à creuser et il avait conscience qu'il devrait se perfectionner dans l'art de réparer les tapis orientaux.
Le savoir de l'auror lui était donc plus qu'utile pour l'instant, afin de ne plus répéter les mêmes erreurs à l'avenir.
Le seul point qui le contrariait était la perspective de devoir acheter des écheveaux persans. Il avait beau être un Malefoy, ceux-ci étaient extrêmement chers et surtout d'une rareté à décourager n'importe qui.
Il allait falloir qu'il voyage en Iran, faisant fi de la situation effroyable pour les sorciers de ce pays.
C'était dangereux et il le savait. Mais il voulait réparer son tapis.
Un point cependant restait obscur : Pourquoi Alice Londubat lui avait-elle expliqué tout ce qu'elle lui avait expliqué, quitte à lui permettre de contourner encore mieux la loi ?
Elle n'était pas idiote alors... Se pouvait-il qu'elle cherche à l'aider ?
L'interdiction des tapis volants était tellement contestée que la majorité des sorciers était contre et que la pratique clandestine restait encore très répandue, ce qui multipliait les accidents. Sans cela, chacun aurait pu entretenir correctement son engin, comme au bon vieux temps.
Elle ne pouvait l'ignorer après tout.
De plus, cet épisode cuisant était pour le moment le seul incident dans lequel Ignacius s'était retrouvé impliqué, alors qu'il pratiquait le vol sur tapis volant depuis qu'il était tout jeune. C'était sa seule infraction à la loi, alors est-ce que son casier vierge jusqu'ici n'avait pas pu jouer en sa faveur ?
Devait-il en parler à Lucius ?
Non, il était beaucoup trop fâché contre lui pour cela et pour commencer il allait très soigneusement cacher et protéger son tapis, histoire d'éviter que son frère ne l'utilise encore une fois pour ses rendez-vous galants...
Non mais quel inconscient celui-là !
Author's Notes:
Et me voici de retour avec mon chouchou Ignacius. J'espère que cette fic vous plaira!
Il n'y avait pas de « J'ai mes raisons » qui tienne, Nephtis Malefoy était tout simplement exécrable aujourd'hui.
Oui, Hortense était malade, il en avait parfaitement conscience et c'est une réalité qu'ils vivaient tous les jours. A présent que rien d'autre ne semblait pouvoir s'opposer à leur bonheur, cette réalité horrible venait rythmer leur vie par des crises, des moments de faiblesse et des peurs qu'ils s'efforçaient de contrôler.
Ensemble.
Sa mère pouvait bien dire ce qu'elle voulait et utiliser tous les arguments à sa disposition, il ne permettrait pas qu'elle fasse preuve d'incorrection vis-à-vis de son épouse sous prétexte que celle-ci était de constitution fragile.
Aussi, c'est furieuse que Nephtis Malefoy sortit « prendre l'air » dans le jardin, sous le regard terriblement gêné d'Hortense, juste après qu'il l'ait vertement remise en place :
- Tu devrais la laisser dire, murmura doucement son épouse lorsque la matriarche eut disparu. Cela ne vaut pas la peine de la contrarier autant.
- Vaut-il donc mieux la laisser te rendre malheureuse ? Répliqua fermement Ignacius. Jamais. Mes parents doivent le respect aux membres de leur famille, comme tout le monde.
Il attendit quelques minutes avant de sortir à son tour dans le jardin. L'air frais lui fit du bien, il se balada un instant dans les méandres du labyrinthe et trouva bientôt sa mère assise sur la margelle de la fontaine centrale.
Elle boudait, c'était plus qu'évident. Pour autant, pas question de céder :
- Avez-vous pris l'air, mère ? Demanda t-il poliment mais un peu froidement.
Pour toute réponse, Nephtis Malefoy se leva et quitta les lieux d'un pas vif sans lui accorder un regard pour s'enfoncer un peu plus dans ce jardin. Non, cela ne s'annonçait pas facile du tout et Ignacius, plus malheureux qu'il ne voulait bien le dire, reprit le chemin de la demeure.
Mais il n'avait pas fait deux pas qu'un hurlement retentit derrière lui.
Ignacius se précipita, reconnaissant la voix de sa mère, et il parcourut plusieurs dizaines de mètres en quelques secondes.
Nephtis Malefoy était à terre lorsqu'il la retrouva. Affalée sur les marches de l'escalier vétuste qui menait dans les hauteurs du jardin, elle gémissait avec mauvaise humeur et sa cheville formait un angle quelque-peu improbable.
- Vous êtes tombée sur une marche qui a glissé, mère, fit remarquer Ignacius.
- Cela se devine... oui... Répliqua t-elle sur un ton exaspéré.
Sa mère serait toujours ainsi, irascible et impatiente. Ignacius soupira avec lassitude, tout en l'aidant à se relever pour la conduire à Hortense qui saurait la soigner.
Tandis qu'il la soutenait, il ne put s'empêcher de lui faire la réflexion :
- Il faudra quand-même que vous songiez à modérer un peu votre caractère mère, il vous met vraiment dans des situations impossibles....
- Un mot de plus, et je rentre dans le Wiltshire.
Ignacius s'arrêta net. Il la considéra un instant avec surprise avant de lui demander franchement :
- Dans l'état où vous nous mettez tous aujourd'hui, pensez-vous vraiment que je vous supplierais de rester ?
- Ne serait-ce que par politesse...
- Mais polie, Mère, vous ne l'êtes pas vous-même et je ne parle même pas de vous montrer respectueuse... Il ne sert à rien de vous emporter et de faire des caprices à n'en plus finir. Si ma compagnie et celle d'Hortense ne vous convient pas, rentrez chez vous, c'est tout ce que je peux vous conseiller.
Nephtis Malefoy baissa la tête. Et bien qu'elle conserve un visage fermé, Ignacius devinait sans peine qu'elle était surtout honteuse :
- Alors, que décidez-vous ? Demanda t-il sur un ton presque sévère.
Surréaliste by bellatrix92
était-il vraiment un Malefoy ? Alors que sa vie s'apprêtait à prendre un tournant décisif à condition que son plan réussisse, Ignacius se souvenait de cet événement qui, déjà, avait bien failli faire basculer sa vie quelques années plus tôt.
Il n'avait pu tolérer que l'on importune ses invités sous son propre toit, surtout sans la moindre preuve et dans ce qui semblait bien être un simple règlement de comptes après la chute du Seigneur des Ténèbres. C'est pour cela qu'il n'avait pas hésité à s'interposer.
Il s'était mis pile entre Alastor Maugrey et Bellatrix, pour son plus grand malheur.
Mais après tout, lui et Rabastan étaient amis depuis des années et, quand bien même il savait que les sentiments que le cadet des Lestrange éprouvait pour lui étaient un peu plus ambigus que cela, il ne pouvait accepter que lui et sa famille soient arrêtés chez lui comme des malpropres.
Pour toutes ces raisons, il s'était senti obligé d'agir, quitte à se mettre lui-même en danger surtout, au vu de ses piètres qualités en duel.
Pourtant, à présent que l'adrénaline retombait et qu'il prenait peu à peu conscience de l'horreur de la situation et de la cellule dans laquelle il se trouvait, Ignacius sentait des sueurs froides couler le long de son dos.
Il s'était mis dans les ennuis jusque au cou et il s'en maudissait. Et au-delà de cela, le crime qu'il avait couvert malgré lui le révulsait.
L'idée de finir ses jours à Azkaban lui faisait peur, celle de ne plus jamais revoir Hortense ou même de lui avoir causé du tort de même qu'à sa famille, encore davantage.
Alastor Maugrey ne le ménagea absolument pas et il resta plusieurs jours enfermé tout seul dans la prison du Ministère, attendant avec angoisse d'être fixé sur son sort. On l'interrogea au moins six fois, photos du couple et de la scène de crime à l'appui, témoignages accablants...
A chaque fois, il finit en larmes à sa grande honte, une vraie mauviette. Mais les aurors qui venaient de perdre deux des leurs dans des circonstances atroces n'éprouvaient pour lui strictement aucune pitié. S'ils avaient pu user de maléfices de Magie Noire, ils l'auraient même sans doute fait.
Pourtant, Ignacius finit par être libéré. Sans véritable explication.
Étrangement, ce fut peu après avoir croisé Albus Dumbledore dans les couloirs du Ministère.
Lorsqu'il sortit enfin et tomba sur sa mère qui le fixait avec sévérité au beau milieu du hall du Ministère, Ignacius baissa la tête comme un enfant pris en faute. Nephtis Malefoy, elle, se permit une seule remarque désobligeante, mais celle-ci le fit se sentir encore plus mal :
- Votre épouse est chez votre frère et votre belle-sœur qui prennent soin d'elle. A présent, il nous faut la rejoindre.
Honteux et effrayé, Ignacius suivit sa mère jusqu'aux cheminées du Ministère, tête toujours baissée, les yeux encore rouges d'avoir pleuré plus tôt dans la journée.
Il n'assisterait pas au procès, car cela était au dessus de ses forces, mais d'après sa mère, Hortense comptait bien s'y rendre. »
Bellatrix, Rodolphus et Rabastan...
Au début, il ne voulait pas y croire. Il espérait que, contre toute attente, ils seraient innocentés. Il lui avait fallu des semaines pour sortir du déni et aujourd'hui, neuf ans après, les souvenirs de cette nuit-là le hantaient encore.
Aurait-il la force de les rencontrer à Azkaban ? Rien n'était moins sûr.
Pourtant il n'avait pas le choix, il refusait de faire marche arrière depuis que Fudge et Narcissa lui avaient révélé la situation de Rodolphus et Bellatrix.
Quitte à replonger dans l'horreur, il voyait là la seule manière de se rendre utile.
Et peut-être, de réparer son erreur de ce soir-là, tout en restant malgré tout un ami pour ceux qu'il avait chéris. Tourner enfin la page.
Pour le reste, la situation était proprement surréaliste. Et à côté de lui Fudge qui menait la barque n'en pensait visiblement pas moins.
Author's Notes:
Merci à Carmilla Dilaurentis qui m'a bien remotivée!!
Azkaban n'était pas encore visible mais sa magie malsaine était déjà perceptible dans la luminosité déclinante à cause du temps et de la mer qui se creusait.
Ignacius se demandait même à chaque seconde s'il n'allait pas chavirer. Autour d'eux, la Mer du Nord se déchaînait de plus belle et même l'expertise de Cornelius Fudge, de part son long passage au Département des transports magiques, ne semblait pas lui donner beaucoup confiance en ses capacités de navigateurs.
Il faut dire que leur vaisseau, la Barque des Damnés, était un véritable frêle esquif. Cependant Cornelius lui avait assuré qu'il s'agissait là du seul objet à pouvoir circuler sur la mer sans être brisé par les éléments ou la magie des lieux :
- Les Peverell et votre ancêtre, ceux-là même qui ont découvert Azkaban, sont venu sur l'île avec cette barque qu'ils avaient enchantée pour résister aux maléfices. On n'a jamais fait mieux depuis. Elle connaît son chemin et chacun de ses voyages lui fait gagner en expérience... C'est vous dire.
Cornelius avait beau afficher sa confiance, il n'en menait pas large et par extension Ignacius non plus, sans compter que depuis quelques jours il avait bien d'autres sujets de tourment.
Cette visite à Azkaban était bien capable de le briser, lui mais aussi Hortense.
Tout pouvait mal tourner dans cette mission, tout comme tout avait déjà mal tourné neuf ans plus tôt.
Pourquoi diable avait-il fallu qu'il fasse ce geste pour s'interposer ? Il était obligé de se l'avouer, quand bien même Bellatrix était son amie (et sa cousine) depuis sa plus tendre enfance et qu'elle avait toujours eu le souci de le protéger. Il ne pouvait plus se voiler la face : cette femme était complètement folle, et surtout effroyablement méchante.
Or, il se retrouverait bientôt face à elle, si toutefois il ne faisait pas naufrage.
Neuf ans plus tôt, il avait finalement assisté au procès aux côtés d'Hortense qu'il n'avait pu se résoudre à laisser y aller seule. Le verdict l'avait d'ailleurs profondément bouleversée, mais sans doute pas autant que les faits en eux-mêmes. Il se souvenait avec douleur qu'elle pleurait silencieusement dans la calèche volante qui les ramenait chez eux, et que lui-même s'efforçait en vain de la consoler.
Les faits étaient là, les preuves accablantes et Ignacius n'ignorait plus que les Lestrange avaient été condamnés, certes, mais qu'on ne connaissait surtout réellement qu'une partie de leurs actes diaboliques.
Torture atroce, mais sans doute aussi meurtres et bien d'autres horreurs. Ils n'étaient pas des mangemorts de seconde zone, il faisaient partie d'un cercle d'intimes du Seigneur des Ténèbres et cela Ignacius l'avait compris très rapidement, à leur attitude lors de leur procès.
Plus que la sentence, c'était la vision de leurs trois amis et de Bellatrix revendiquant ses actes qui avait brisé Hortense. Tout comme lui, elle était tombée de terriblement haut. Mais il ne fallait pas qu'elle retombe malade, contrairement à lui qui pouvait s'en remettre, cela Ignacius voulait l'éviter à tout prix.
Il ne voulait pas la perdre et, à force de soins, il ne l'avait pas perdue.
Aujourd'hui, neuf ans plus tard, elle était toujours à ses côtés. Mais maintenant la situation serait-elle différente ? Il voulait croire que oui mais ne pouvait s'empêcher de redouter que les choses empirent.
Si ce qu'il était venu faire se soldait par un drame, Ignacius n'ignorait pas qu'Hortense ne le supporterait pas.
Elle ne survivrait pas.
Ses parents ne manqueraient pas de râler mais la chambre d'enfant était parfaite, dans ses couleurs douces et claires qui contrastaient tant avec la splendeur passée du monde des Sang-Pur, laquelle se devait d'user de couleurs sombres. Ignacius savait très bien que leurs choix seraient critiqués et jugés décadents mais il s'en fichait comme de l'an 40.
Après l'angoisse, la peur et le fatalisme, après toutes ces années de vains espoirs, Ignacius sentait son cœur se gonfler de bonheur : il avait réussi !
Il l'avait sauvée et à côté de lui, Hortense rayonnait en berçant leur fille endormie, appuyée contre son épaule.
Les derniers jours s'étaient révélés extrêmement angoissants et difficiles à vivre pour eux deux, ainsi que pour Narcissa qui préparait doucement ses affaires pour rentrer chez elle, une obligation afin de ne pas éveiller les soupçons de son mari.
Car depuis le départ, Lucius était soigneusement tenu à l'écart et surtout dans l'ignorance totale de leur entreprise qui ne consistait pas moins à exfiltrer d'Azkaban un nouveau-né en danger de mort, puis à le protéger sous l'identité de leur propre enfant
Ignacius s'en voudrait longtemps de faire ce coup-là à son frère, mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Il avait fait appel à toutes ses ressources physiques, psychiques et sociales sans aucune exception pour protéger Hortense et permettre à sa petite fille de survivre et de se développer.
Seulement Lucius, du haut de ses valeurs et sachant ce qu'il avait fait, aurait été capable de ruiner totalement leur entreprise afin de préserver l'héritage et la réputation des Malefoy.
Lucius était tout simplement incapable d'accepter qu'un enfant qui ne soit pas réellement du sang des Malefoy puisse être intégré à leur famille, Sang-Pur ou non. Mais à vrai dire, n'était-ce pas le cas aussi de bien des lignées ? Ignacius étouffait littéralement depuis des années au milieu de cette mentalité, tout en se sentant incapable d'aller contre.
Pour Conan, le petit fantôme de la génération de leur père dont il avait découvert l'existence quelques années auparavant, Ignacius avait déjà choisi de se taire car il savait que Lucius, connaissant la vérité, aurait qualifié sa mort criminelle de sacrifice nécessaire.
Conan, l'aîné d'Abraxas, s'était en effet révélé cracmol. L'idée qu'il hérite un jour de la fortune des Malefoy était tout simplement inconcevable et leurs grands-parents l'avaient assassiné avant de faire passer sa mort pour une attaque foudroyante de dragoncelle.
Un médecin, sans doute un Nott, avait probablement été mis dans la boucle pour couvrir leurs arrières. Mais si les Malefoy s'étaient tirés de l'affaire parfaitement indemnes à priori, Ignacius savait que cet acte pouvait largement être le point de départ d'une malédiction touchant les deux familles : décimant les enfants Nott par consanguinité et malédiction de sang, entraînant les Malefoy dans les affres de manœuvres politiques qui ne manqueraient pas de se retourner contre eux.
Ignacius aurait voulu en aviser son frère. Mais en évoquant l'air de rien le sujet avec son père Abraxas, sous le couvert d'une discussion parfaitement intellectuelle sur les malédictions de sang, il avait déjà été frappé par le déni dans lequel s'enfermait le patriarche.
« Sélection nécessaire », « Nature bien faite », « Sensibilité exacerbée »... Des réponses toutes faites à ses questions, un discours pré-fabriqué démontrant parfaitement le refus catégorique de se remettre en question qui émanait des Malefoy branche aînée.
Ignacius savait déjà que Lucius ne ferait pas mieux, que lui-même n'était que le cadet : la pièce de rechange à présent inutile du fait de la naissance de Drago... Le sous-fifre à la figure respectable propre à arrondir les angles, le faire-valoir...
Quant-à son enfant nouveau-né, aux yeux de la société sorcière, avant d'être sa propre fille, ne serait-elle pas un magnifique parti émanant de l'illustre famille Malefoy ?
Dans quelques jours, lorsque sa naissance serait officielle, ne féliciterait-on pas également Lucius pour ce superbe « choix du roi » ? Si, sans doute. Aussi garder le secret de sa venue au monde serait vital pour sa survie.
Ignacius tremblait déjà à l'idée des stratagèmes qu'il devrait encore mettre en place pour la protéger des appétits voraces de leurs pairs.
Mais en attendant, il se sentait déjà récompensé au centuple puisque, sous ses yeux émerveillés, sa petite famille venait de s'agrandir brusquement.
Le bébé était déjà très brun, avec de grands yeux noirs, comme sa mère en fait et contrairement au reste des représentants de la famille Malefoy.
Tant pis après-tout, et peut-être même tant mieux vu le fétichisme ambiant. Un peu de sang neuf ne ferait pas de mal ici, car la lignée souffrait depuis trop longtemps de ses fantômes et autres cadavres dans le placard.
Partisan convaincu de ce qu'on appelait la Théorie de la Réciprocité (qui édictait que chaque acte commis par un sorcier se répercutait sur son avenir et sur celui des siens), Ignacius avait de bonnes raisons de croire que les malédictions, de sang ou non, s'accumulaient sur la tête des familles de Sang-Pur à la manière d'une épée de Damoclès.
Lorsqu'il fut enfin sûr que tout allait bien et que Jaody savait parfaitement quel rôle il devait jouer, Ignacius appela le dernier membre de leur foyer pour qu'il puisse partager leur bonheur :
- Conan, dit-il avec douceur. Tu peux venir la voir.
Aussitôt, la forme pâle et translucide du petit fantôme traversa le mur et il fut parmi eux, les yeux brillants :
- Elle est tellement jolie... Souffla t-il ému en se penchant au dessus d'Hortense. Vous devez prendre garde de la protéger.
- Oui, répondit Ignacius. Et nous le ferons tous ensemble, tous les quatre nous la protégerons.
- Oui, répondit Conan.
Ignacius fut surpris de le voir disparaître après avoir brillé un bon coup.
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