Sonate d'un enfant roi by Isabelle Pearl
Summary:

Au début il y a eu la fugue de Potter du haut de ses onze ans. A la fin il y a eu Voldemort brandissant la baguette de Sureau, prêt à assassiner le garçon devenu un homme. Entre les deux, il y a eu la vie que ni Severus Rogue, ni Harry Potter n'auraient jamais cru connaître un jour.

 

Severus/Harry guardian/mentor.


Categories: Durant Poudlard, Epoque de Harry Characters: Harry Potter, Severus Rogue
Genres: Amitié
Langue: Français
Warnings: Mort violente/Meurtre
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 17 Completed: Non Word count: 85201 Read: 4374 Published: 15/08/2023 Updated: 21/09/2023
Story Notes:

Vous êtes au bon endroit si vous cherchez une histoire :

- longue (l'histoire fera au minimum 60 chapitres allant de 5000 à 15000 mots)

- mettant en scène Harry et Severus dans une relation père/fils 

- où les relations prennent du temps pour s'accomplir

- où les héros grandiront et évolueront (ici on apprend à être fort et on se casse la binette plus d'une fois avant d'y arriver ! Et même que parfois, on n'y arrive pas)

- où le traitement de la guerre est amenée sous toutes ces coutures (entrainement, mort, aspect psychologique etc.)

- où personne n'est tout noir ou tout blanc

- où l'histoire suit le CANON avant de diverger (l'effet papillon)

- où il y a aussi des histoires d'amour et d'amitié qui elles, ne sont pas forcément raccord avec le canon 

Vous êtes au bon endroit !

L'histoire se déroulera en 3 parties.

 

N'hésitez pas à commenter et me donner votre avis sur cette histoire.

 

1. Prologue by Isabelle Pearl

2. Partie 1 - Chapitre 1 by Isabelle Pearl

3. Partie 1 - Chapitre 2 by Isabelle Pearl

4. Partie 1 - Chapitre 3 by Isabelle Pearl

5. Partie 1 - Chapitre 4 by Isabelle Pearl

6. Partie 1 - Chapitre 5 by Isabelle Pearl

7. Partie 1 - Chapitre 6 by Isabelle Pearl

8. Partie 1 - Chapitre 7 by Isabelle Pearl

9. Partie 1 - Chapitre 8 by Isabelle Pearl

10. Partie 1 - Chapitre 9 by Isabelle Pearl

11. Partie 1 - Chapitre 10 by Isabelle Pearl

12. Partie 1 - Chapitre 11 by Isabelle Pearl

13. Partie 1 - Chapitre 12 by Isabelle Pearl

14. Partie 1 - Chapitre 13 by Isabelle Pearl

15. Partie 1 - Chapitre 14 by Isabelle Pearl

16. Partie 1 - Chapitre 15 by Isabelle Pearl

17. Partie 1 - Chapitre 16 by Isabelle Pearl

Prologue by Isabelle Pearl

 

Prologue

La nuit était bien avancée lorsque des cris réveillèrent le dortoir des premières années de Gryffondor. Harry Potter était tombé du lit et haletait, se dépatouillant avec ses draps. Encore un cauchemar. Depuis quelque temps, celui-ci avait varié. Désormais, ses nuits étaient peuplées du professeur Quirrell qui avait "disparu" quelques semaines plus tôt. Mort. Personne ne le disait réellement, surtout pas les professeurs.

- Mon vieux, tu m'as fichu une de ces trouilles ! résonna la voix de son meilleur ami Ron qui lui tendait la main pour l'aider à se relever.

- Désolé, murmura Harry gêné, jetant un coup d'œil à ses camarades de dortoir qui se recouchaient en râlant.

- Laisse tomber. Ils s'en remettront. Demain, on sera dans le train et ils pourront dormir autant qu'ils le veulent.

Ron assena une claque dans le dos d'Harry avant de rejoindre son lit. Quelques secondes après, le garçon ronflait bruyamment. Harry demeura assis sur ses couvertures, les yeux désormais grands ouverts. Oui, demain il serait dans le train.

Une boule d'angoisse se logea dans son ventre à cette pensée. Il ne voulait pas partir. Il ne voulait pas rejoindre les Dursley. Pourquoi le ferait-il ? Qu'allait-il lui arriver si ses cauchemars continuaient de la sorte ? Poudlard était sa maison. Pourquoi fallait-il qu'on lui enlève cela ? Toutes ces questions en tête, Harry sentit une nausée désagréable se saisir de lui. Cherchant à contrôler sa respiration, le souffle court, il sentit un besoin de tout faire pour se sortir de cette sensation oppressante qui planait autour de lui. Il bondit alors de son lit et en un clin d'œil, il était prêt à sortir. Il se drapa de sa cape d'invisibilité, l'excitation pulsant en lui. La solution était là. Il suffisait qu'il ne se rende pas au train et Dumbledore serait alors obligé de le garder. Il fallait simplement attendre quelques jours avant de réapparaître.

Alors qu'Harry sortait discrètement du dortoir, le cœur pulsant dans ses tempes, un sermon d'Hermione fit écho dans sa tête. Il fit taire cette petite voix et lorsqu'il arriva devant les grandes portes du château, il n'eût plus aucun doute. La nuit de juin était tiède et Harry respira l'air doux de l'été qui l'apaisa aussitôt. Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune garçon et dans un élan, il se dirigea tout droit où on ne pourrait le trouver facilement : la forêt interdite.

oOo

Severus Rogue savourait ce dernier petit déjeuner. Adieu le bruit, adieu les chouineries, adieu les élèves incompétents. Et cela pour deux merveilleux mois bénis. Le maître des potions réfléchissait à ses prochains achats chez l'apothicaire quand il aperçut une tête rousse et une autre brune s'approchant de leur table. L'homme fût surpris que le meneur de cette joyeuse bande infernale ne soit pas avec eux. Le gamin préparait certainement son retour en fanfare chez les moldus. Il se sentait certainement trop bien pour venir manger avec tout le monde une dernière fois.

De la valériane, de la bile de tatou, une griffe de dragon, récita mentalement le professeur.

Pourquoi Minerva se levait brusquement comme si la terre s'était arrêtée de tourner ?

La griffe de dragon allait sûrement coûter un bras. Il faudrait redoubler de fourberie pour que Dumbledore accepte de lâcher les Gallions nécessaires mais il y arriverait.

Voilà maintenant que Minerva chuchotait à l'oreille de Dumbledore. L'étonnement du vieillard coupa Severus de ses préoccupations. Le directeur balaya la salle de ses yeux bleus puis l'homme murmura à l'oreille de sa collègue et se leva. Cette fois-ci, la curiosité du potionniste était piquée.

- Minerva ? demanda-t-il lorsque sa collègue eut terminé de renvoyer ses deux protégés à leur table.

- Potter a disparu, déclara-t-elle les lèvres pincées.

Ce satané gamin… Il sentait déjà qu'on allait encore une fois lui demander d'intervenir. Dumbledore avait toujours les mots pour. Il le pressentait, ses vacances et sa tranquillité tombaient à l'eau.

 

Partie 1 - Chapitre 1 by Isabelle Pearl

Partie 1 - Allegretto ma non troppo

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Chapitre 1

La vie de Severus Rogue était un enfer et Harry Potter en était la raison. Cela faisait dix minutes qu'une réunion de crise avait débuté dans le bureau du directeur de Poudlard et rien n'avançait.

- Ne pourrions-nous pas tout simplement faire une filature via le traçage ? demanda avec agacement Severus tandis que Minerva s'apprêtait à demander à nouveau l'aide du ministère de la magie.

- Voyez-vous Severus, je pense qu'il est préférable que Harry revienne de lui-même, déclara l'homme calmement.

- Ben voyons et qu'est-ce qu'on fait en attendant ? On prépare le thé et une banderole de bienvenue ?

- De toute évidence, il n'est pas bien loin, déclara Filius tandis qu'il jouait distraitement avec les doses de sucre qu'il faisait apparaître et disparaître.

Severus retint un grognement.

- D'après mes sources, il est dans la forêt interdite, annonça doucement Dumbledore.

- La forêt interdite ! s'exclamèrent d'une même voix les directrices de Poufsouffle et Gryffondor.

Severus Rogue était à deux doigts de quitter la réunion. Si Dumbledore était au courant, cela signifiait que le gamin avait été vu par les centaures. Avec la chance insolente que cet enfant avait, il s'était peut-être même fait adopter par eux. Cela aurait pu être réjouissant mais le directeur de Poudlard le sortit de ses songes.

- Il faut s'assurer qu'il reste tout de même en sécurité. S'il ne revient pas avant ce soir, nous pourrons essayer d'aller le retrouver.

- Pardonnez moi professeur mais ne serait-il pas plus judicieux que le ministère soit informé et aille chercher Potter ? demanda finalement le maître des potions d'une voix blanche.

Il avait des achats à faire et voilà qu'on lui demandait de faire la garde rapprochée de Potter le temps que le gamin ait terminé sa crise ? Il en était hors de question. Il avait suffisamment sauver les miches de cet idiot cette année.

- Malheureusement Severus, je préférerais que nous tenions cet incident entre nous.

Cette fois, le professeur de potion ne put retenir un ricanement agacé. Bien évidemment, il fallait que le gamin soit protégé jusque dans ses bêtises. Mais sans ses amis pour lui sauver la mise, Severus Rogue ne lui donnait pas plus d'une nuit avant que Potter ne se fasse dévorer par une bête qu'abritait ce taré de garde de chasse. Observant les visages inquiets autour de lui, il sût qu'il n'était pas le seul à penser au danger que courait le garçon.

OoO

Harry observait Hagrid qui hurlait son prénom. Il aurait aimé courir vers lui mais il ne pouvait pas. Pas tout de suite. Il était beaucoup trop tôt. La faim commençait à tirer sur son estomac et il se remit en marche. Depuis le début de sa fuite, Harry était resté en lisière de la forêt mais il savait qu'il devrait s'enfoncer un peu plus pour ne pas qu'on le retrouve immédiatement. Avec la cape de son père, il avait confiance. L'enfant resserra le tissu autour de lui et s'aventura au hasard, s'éloignant de la voix de Hagrid. Une pointe de culpabilité s'anima au creux de son ventre mais il la balaya rapidement se rappelant que tout n'était que provisoire.

Harry marcha plusieurs heures sans s'arrêter. Il se concentrait sur ses pas, cherchant à faire le moins de bruit possible. Cela devenait presque un jeu. Le soleil semblait haut dans le ciel mais la forêt était tellement dense que la luminosité se trouvait réduite.

Lorsqu'il sentit le sang pulser dans ses pieds tellement il avait marché, Harry se cala contre la souche d'un arbre et retira sa cape pour mieux respirer l'air frais de la forêt. Il avait faim et soif et il commençait doucement à regretter son geste. Il aurait pu au moins penser à prendre un peu d'eau avec lui. Il était parti précipitamment et n'avait aucunement pensé aux aspects pratiques.

C'est pour le mieux, pensa-t-il. Dumbledore comprendra et ne pourra plus me renvoyer chez les Dursley, se rassura-t-il. Encore quelques heures et tout sera rentré dans l'ordre, se répéta-t-il.

Il lui fallait trouver une source d'eau le plus vite possible sous peine de se dessécher. La faim, il avait toujours su la gérer avec les Dursley. Cependant, il se maudit de ne pas avoir pris sa gourde d'eau avant de partir ni quelques dragées surprises ou chocogrenouilles pour faire passer le temps. Un craquement inquiétant résonna derrière lui. Tournant la tête à s'en décrocher la nuque, Harry crût apercevoir d'énormes yeux verts qui le fixaient. Il se releva d'un bond mais il n'y avait déjà plus rien. Pourrait-il voir un centaure comme lors de sa dernière visite dans la forêt ? Que pouvait-il y avoir d'autres de si dangereux ? Sur ces pensées pour le moins alarmantes, il reprit sa marche lentement.

Au bout de plusieurs heures, Harry ne voulait qu'une chose : dormir. Soudain, il entendit le bruit d'un troupeau derrière lui. Il espérait que ce soit Firenze. Le centaure avait été gentil avec lui la dernière fois qu'il s'était retrouvé en colle dans la forêt. Il pourrait lui demander où trouver un point d'eau et se reposer quelques instants. Harry chercha la source du bruit et, bien emmitouflé dans sa cape, retint un cri de surprise lorsqu'il en découvrit l'origine.

Elles étaient quatre et galopaient, la crinière au vent. Un sourire béat se dessina sur le visage de l'enfant. Les quatre licornes étaient libres comme l'air et Harry ressentit une chaleur au creux de son estomac. La dernière fois qu'il en avait vu une, elle se vidait de son sang. A ce souvenir, une pointe de frayeur se réveilla en lui. Après tout, il était dans la forêt interdite. Ainsi, Harry jugea bon de suivre les licornes qui sauraient où aller. Ignorant la douleur de fatigue dans ses jambes, il suivit de loin les bêtes. En les observant plus attentivement, il réalisa qu'elles avaient toutes une particularité. L'une d'elles avait des tâches grises sur son museau, une autre avait un poil plus long, celle qui galopait tout devant avait une crinière plus longue que les autres et la dernière paraissait plus frêle.

Après plusieurs minutes, au plus grand bonheur du Gryffondor, elles arrivèrent près d'un ruisseau. Les arbres étaient moins denses et le soleil rayonnait doucement sur les feuilles sombres de la forêt. Harry se dégagea de sa cape et les licornes réagirent à peine à sa vue. Peut-être l'avaient-elles senti.

Harry resta à bonne distance, s'agenouilla à même le sol, mit ses mains en coupe et s'abreuva de plusieurs gorgées d'eau glacée. Il éclata de rire. Il se sentait si vivant. Bientôt, il pourrait revenir à Poudlard. Peut-être que Dumbledore serait mécontent mais Harry s'en fichait pour le moment. Il reprit de l'eau, la laissant couler sur son pull et soupirant de soulagement. Harry s'aspergea le visage, revigoré par la fraîcheur et se redressa. Les licornes jouaient entre elles et il observa le spectacle de loin. Puis, lorsque la nuit commença à tomber, les animaux s'en allèrent. Harry remit sa cape en cherchant un endroit pour dormir. Selon son plan, il devait sortir de la forêt dès le lendemain. Il ne savait pas où la sortie se situait mais cela ne pouvait pas être compliqué. Certes, il ne reconnaissait plus rien mais il finirait par retrouver son chemin... Une terreur sourde se réveilla en lui mais il l'ignora. Il était un Gryffondor, il saurait s'en sortir. Harry réfléchit plusieurs minutes. Devait-il rester près du ruisseau ? Trouver une souche d'arbre ? La deuxième option était certainement la pire. Il y aurait sûrement des serpents venimeux cachés là-dedans. Non pas qu'il en avait peur mais mieux valait éviter ce genre de rencontre.

Harry tenta de marcher là où ses pas l'avaient porté tout en gardant en tête le lieu du cours d'eau. Finalement, alors que la nuit était tombée, le jeune sorcier se décida à monter dans un arbre et dormir sur une de ses énormes branches. Harry n'avait jamais été content d'être si petit. Habituellement, il lui arrivait de complexer car même Hermione l'avait dépassé au cours de l'année scolaire. Lui ne semblait pas grandir, à son grand désarroi.

Bien calé sur sa branche, Harry s'enroula de sa cape et leva la tête pour observer les étoiles. Tout allait bien se passer, se répétait-il jusqu'à ce qu'un sommeil léger l'emporte.

oOo

- Très bien alors maintenant on fait QUOI ? tempêta Minerva.

Dans le bureau du directeur, l'ensemble du corps professoral était réuni pour la seconde fois de la journée. Severus Rogue, calé dans un coin du bureau, observait la scène avec un certain amusement. Albus Dumbledore ne semblait pas avoir prévu que le gamin ne rentre pas immédiatement. Pourtant, rien ne laissait penser qu'il était inquiet. En même temps, l'homme avait toujours été un inconscient notoire lorsqu'il s'agissait du garçon-qui-a-survécu. A sa place, Severus Rogue n'aurait jamais lâché le gamin d'une semelle. Cependant, il n'était pas Helga Poufsouffle et avait bien assez à faire avec sa propre vie.

- Que suggérez-vous désormais ? N'avez-vous pas de nouvelles informations ? Hagrid sait-il quelque chose ? continua de plus belle Minerva, les yeux écarquillés.

Severus retint un roulement d'yeux. Ce qu'elle pouvait être dramatique. Il voulait faire ses potions dans le calme et il n'avait tout simplement pas eu le temps depuis le début de la journée. Entre la paperasse de fin d'année, ses différentes commandes à passer et les aller-retours impromptus de la sous-directrice dans son bureau pour l'informer des recherches de Potter -comme s'il en avait quelque chose à faire- , il n'avait pas pu commencer une seule potion. Il sentait la nervosité monter à sa tête et il pria intérieurement pour garder son calme devant cette mascarade.

- Les centaures l'ont vu près du ruisseau côté nord…

- Mais c'est à plusieurs kilomètres ! s'exclama la directrice des lions, horrifiée. Albus, allons-y, il n'est peut-être pas si loin de cet endroit.

- Je suis d'avis que nous y allions pour mettre fin à ce caprice monsieur le directeur, déclara Severus. Je suppose que nous avons tous tout un tas de choses à faire et un simple sort nous permettra de retrouver Potter.

Il essayait au maximum de cacher son irritation mais son agacement était tel qu'il ne put retenir une grimace. Dumbledore sonda le maître des potions de son regard bleu puis son attention dériva vers la forêt interdite.

- Je me demande bien ce qui a pu le pousser à partir, dit-il plus pour lui-même que pour l'assistance.

- C'est évident non ? Potter est un garçon arrogant pourri gâté, cracha le professeur. Il a voulu faire le malin une fois de plus et voilà qu'il se trouve dans un pétrin incroyable ! Que ce soit une stupide histoire de pari avec Weasley ne m'étonnerait guère.

Et voilà, il avait perdu son calme. Mais comment ne pas le perdre ? Potter avait besoin d'un encadrement strict. Si à onze ans il faisait des fugues, qu'allait-il faire une fois adolescent ? C'était donc cela la relève du monde sorcier ? Le sauveur ? Et Dumbledore qui déroulait le tapis rouge à cet enfant comme il l'avait fait à l'époque pour le géniteur du garçon. Rien n'était jamais grave lorsque c'était Potter. Jamais.

- Je vous en prie Severus, il ne sert à rien de s'énerver.

Cela énerva encore plus le maître des potions. Il serra sa mâchoire et observa à son tour la forêt interdite. La forêt interdite, se dit-il avec exaspération… Ce gosse était un corniaud fini.

oOo

Il n'était qu'un crétin, se répéta Harry pour la troisième fois alors qu'il observait les créatures juste en bas de son arbre. Grandes, monstrueuses, des poils recouvrant leur corps et des dents acérées qui déchiquetaient des coqs vivants. Les créatures avaient fait leur camp à ses pieds. Quelle était la probabilité pour que les choses se passent de cette manière, Harry n'en savait rien mais il maudit sa malchance à cet instant. Le garçon s'était endormi à peine quelques heures avant d'être réveillé par les bruits de pas lourds des bêtes. Harry avait une main sur sa bouche, tentant de faire le moins de bruit possible et l'autre serrant fermement sa baguette même s'il ne savait pas quel sort il aurait pu utiliser contre elles.

- Attends que le feu soit prêt, Haddock ! cria d'une voix grave la créature.

- Mais j'ai trop faim, se défendit l'autre en crachant des postillons de sang sur le visage de son ami qui grogna de colère.

- Le cœur d'Harry battait tellement fort qu'il avait peur qu'on l'entende.

- Je les ai piqué à Hagrid, poursuivi le premier qui jetait des bûches dans le feu. La moindre des choses c'est d'attendre.

- S'il pouvait nous donner des élèves, ça serait mieux, ricana l'autre et Harry sentit son corps se raidir de frayeur.

L'autre créature sembla très amusée et éclata de rire également. Il prit alors une poule et croqua dedans sous les cris de terreur puis de douleur de l'animal. Heureusement que l'estomac d'Harry était vide, il en aurait vomi. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de les observer. Le sang coulait sur leur fourrure et ils mastiquèrent pendant de longues minutes. Allaient-ils rester dormir ici ? Comment Harry pourrait partir ? Il ne voulait pas rester près de ces créatures, nul doute qu'elles auraient fait de lui leur dessert. Inquiet, il se pencha un peu plus pour voir la créature qui s'était levée. Elle lâcha un rôt tonitruant avant de s'étirer.

- Haddock, j'entends un souffle. Je crois que c'est au-dessus de nous.

Le cœur d'Harry manqua un battement lorsqu'il vit les yeux jaunes de la bête. Il fallait faire diversion. Elle ne pouvait pas le voir avec sa cape mais elle allait bientôt le sentir. Harry bloqua sa respiration et chercha rapidement une solution. Il aurait pu faire une diversion en faisant voler puis retomber une des bûches au loin mais il ne savait pas faire de sorts sans parler. Une chose qu'on aurait pu leur apprendre lors des cours de défense, se dit-il.

- Fiche moi la paix Mabbrouck, j'ai envie de dormir.

- Mais je te dis qu'il y a quelque chose… Un truc humain.

Le cœur d'Harry s'emballa si fort qu'il était certain que le dénommé Mabbrouck, s'il ne le sentait pas jusqu'à maintenant, allait vite se rendre compte que son ami avait raison. Sur cette pensée, la créature se leva d'un bon et beugla :

- Mais tu as raison !

Cette fois-ci, les créatures humaient l'air avec leur gros nez morveux et Harry sût qu'il n'avait plus rien d'autre à faire que de fuir. S'assurant que la cape le couvrait bien, Harry se redressa, tourna le dos aux bêtes et sauta à pieds joint de sa branche. Il se rattrapa avec ses mains pour ne pas s'étaler de tout son long et étouffa un cri lorsque ses chevilles heurtèrent douloureusement le sol.

Il n'aurait jamais dû aller si loin dans la forêt. Il aurait dû répondre à Hagrid. Il était stupide. Harry se mit à détaler tandis que l'une des bêtes hurlaient qu'elle avait vu un pied. L'adrénaline dans les veines, Harry courut aussi vite qu'il le put sans regarder où il allait. La chute qui arriva fut aussi clichée que pathétique. Harry fit un roulé-boulé sur une descente de plusieurs mètres et entendit un craquement inquiétant dans son poignet. Mieux valait le poignet que sa baguette ceci dit même s'il ne savait pas faire grand chose d'utile pour se défendre. Il aurait pu penser à faire un petrificus totalus mais est-ce que ça marchait sur ce genre de monstres ? Et puis, dans la panique, il avait surtout pensé à rejoindre Poudlard. La fin de sa chute laissa Harry groggy. Tous ses membres le faisaient souffrir et il resta allongé face au sol pendant un instant. Un liquide coulait sur sa tempe et la vue du sang le fit gémir.

Désormais, il regrettait sérieusement et officiellement d'être parti. Il se releva tant bien que mal, remit sa cape sur lui et avança douloureusement jusqu'à une souche d'arbre. Peu après, un orage éclata et Harry se gifla intérieurement pour avoir fait un acte aussi stupide. Comment retrouver Poudlard ? Son ventre grogna de protestation et la colère d'Harry se réveilla. Il se redressa et chercha un abri. Il ne pouvait pas rester ainsi à pleurer sur son sort. La forêt n'était pas interminable, il retrouverait son chemin.

Il observa les étoiles, tentant de se souvenir des cours d'astronomie et des emplacements de Poudlard. Pourquoi Hermione n'était jamais là quand on avait besoin d'elle ? Pourquoi n'avait-il pas pris son balais ? Si c'était à refaire, il s'y prendrait autrement. Non pas qu'il ait envie de retenter l'expérience de si tôt.

- Je sssens la sussceptibilité par ici, résonna une petite voix.

Harry chercha partout autour de lui.

- Qui êtes-vous ?

- Oh, ça sssait dissscuter, s'amusa la voix. Ici !

Harry observa par terre. Un serpent d'une vingtaine de centimètre se mouvait à ses pieds.

- Je suis perdu, se confia Harry en retirant sa cape d'invisibilité.

- Bonsssoir.

Harry hocha la tête et poussa un soupir à fendre le cœur. Après tout, un serpent l'avait bien aidé presque un an plus tôt.

- Où est-ce qu'on est ? Poudlard est loin ?

- Ne sssoit pas agresssif ssorcier. N'as-tu pas de baguette ?

- Si mais je suis trop jeune et je ne sais rien faire d'intéressant. J'ai besoin d'aller à Poudlard.

- Tu as besssoin de sssommeil.

Harry roula des yeux et se passa une main sur le visage. Depuis quand les serpents voulaient-ils prendre soin des humains ?

-Toi, tu es exceptionnel, déclara le serpent comme s'il avait lu dans ses pensées.

- Je n'ai rien d'exceptionnel, s'agaça Harry.

Il en avait assez de ces histoires de garçon qui a survécu. Si même les serpents s'y mettaient… L'animal l'observa quelques instants avant de reprendre la parole.

- Je peux te montrer une cachette. Ce sssera sssur le ssentier.

Harry était épuisé. Le serpent était gentil et il le suivit. Après tout, si Dumbledore avait voulu le retrouver, il l'aurait déjà fait. Un peu blessé, Harry suivit le serpent qui se mouvait avec finesse et grâce sur le sol. Harry paraissait bien maladroit à côté. Ses pas étaient lourds et il avait vraiment très froid. La pluie dégoulinait sur son pull qui devenait de plus en plus lourd sur ses épaules. Ses doigts étaient engourdis et ses lunettes faisaient tellement de buée qu'il n'y voyait presque plus rien. Enfin, le serpent se posa à côté d'un rocher. Un trou de la taille d'une porte de gobelin se présentait. Méfiant, Harry se mit à quatre pattes pour observer puis jugeant que tout allait bien entra à l'intérieur.

oOo

- Severus je vous en prie ! s'énerva Minerva des ruminements du professeur de potion. Si vous ne vouliez pas venir, il fallait le dire.

- Mais je l'ai dit ! Seulement, on sera encore ici dans huit mois si je ne me charge pas de cela.

- Arrêtez cette prétention, je vous ai déjà dit que cela ne vous allait pas.

Severus Rogue poursuivit sa marche d'un pas rapide devançant la lionne mais elle le rattrapa quelques instants plus tard, lançant des sortilèges autour d'eux, cherchant désespérément le précieux survivant. Avec la directrice de Gryffondor, Dumbledore et Hagrid, ils arpentaient la forêt. Ces deux derniers balisaient le côté Sud de la forêt tandis que lui et Minerva allaient vers le Nord. Une fois là-bas, ils se sépareraient pour aller l'un vers l'Est et l'autre vers l'Ouest.

Ce qu'il ne fallait pas faire pour ce môme… Severus Rogue espérait tomber lui-même sur le Gryffondor pour lui passer la soufflante de sa vie. Parce que, honnêtement, qu'allaient donc faire les autres ? Une petite tape sur la main, un bisou et retour au bercail comme si rien ne s'était passé. Severus refusait cela. L'enfant lui avait fait perdre une précieuse journée de concoction de potions et d'une bonne lecture auprès du feu sans être dérangé par un élève qui avait un pet de travers. De plus, une pluie glacée ne cessait de tomber depuis plus d'une heure, il savait que le survivant allait être malade et que donc, Dumbledore lui demanderait de créer de la potion pimentine. Cela impliquait alors qu'il prendrait du retard sur ses propres projets et que…

- Severus ! résonna la voix de Minerva qui le coupa nette de ses considérations pragmatiques. On se sépare ici. Si jamais vous trouvez l'enfant, envoyez des étincelles et je vous en prie, ne l'étripez pas.

La femme s'en alla d'un pas rapide. Le potionniste se remit à ruminer tout en lançant des sorts de recherche. Surtout, maintenant qu'il était seul, il n'eut aucun scrupule à lancer un sort de filature révèlant la trace de l'enfant. Potter était à même pas un kilomètre. Épuisé par le sortilège, Severus Rogue reprit sa respiration puis une fois prêt, se dirigea droit vers le Survivant.

Imperméabilisé par la pluie, on entendait la cape du maître des potions virevolter dans la forêt tant il se déplaçait vite. Il se demanda brièvement si Potter allait prendre peur et donc se cacher de lui. Mais l'enfant devait avoir soif, faim et froid et il ne resterait probablement pas caché longtemps. Pourtant, arrivé au point de repérage que lui avait indiqué sa baguette, il ne vit pas une trace du survivant. Où ce maudit gamin était passé ?

- Potter, grogna-t-il.

Mais la pluie battante ne permettait pas à sa voix de porter loin. Il observa autour de lui puis cela le frappa. Le gamin avait évidemment pris la cape d'invisibilité de son géniteur. Peut-être même qu'il le narguait à cet instant. Il n'y avait qu'une possibilité et tant pis s'il voulait réprimander le Survivant, il pourrait toujours le faire plus tard. Il leva sa baguette et lança des étincelles rouges.

Lorsque Dumbledore arriva le premier, la pluie se calmait enfin. Hagrid et Minerva arrivèrent en même temps.

- Mais où est-il ? demanda le demi-géant d'un ton bourru.

- Comme je l'expliquais au directeur, j'ai fait un sort de traçage mais le gamin n'apparaît nul part.

- Êtes-vous sûr de l'avoir bien lancé ?

En guise de réponse, le maître des potions lança un regard venimeux à l'homme qui baissa les yeux malgré sa taille proéminente.

- Je pense qu'il a sa cape d'invisibilité, reprit-il, je me disais qu'avec vous dans les parages, Potter pointerait le bout de son nez.

- Il est peut-être blessé !

- Hagrid je vous en prie, déclara le directeur en se déplaçant comme s'il jouait à un jeu de piste.

Ses yeux pétillaient tel un enfant le jour de noël et le maître des potions se demanda sérieusement ce qu'il fichait ici. Il était prêt à partir lorsque Dumbledore se positionna face à un rocher. Il adressa un grand sourire à l'assistance puis, d'un coup de baguette, il fît disparaître la pierre dans un pop. Severus n'en croyait pas ses yeux. S'il n'avait pas été aussi étonné, il aurait observé la réaction de Minerva juste pour la légende et graver dans sa tête cet instant à tout jamais. Le gamin était roulé en boule, semblant dormir malgré les tremblement de son corps. On pouvait dire qu'il était dans un sale état. Du sang séché recouvrait la moitié de son visage, ses vêtements étaient sales, déchirés - était-ce son haut de pyjama sous ce pull ?!- et son poignet gauche avait un angle bizarre.

S'il fallait encore en douter, cet enfant était officiellement une terreur ambulante. Mais ce n'était pas tout - et il aurait vraiment aimé voir la réaction de Minerva mais il ne pouvait pas quitter des yeux le Survivant endormi - l'enfant serrait contre lui un serpent qui se lovait contre son ventre. Minerva poussa un hurlement qui fit sursauter le Gryffondor. Le serpent détala et Harry Potter se mit sur ses pieds immédiatement avant d'être pris d'un vertige. Dumbledore fut le premier à réagir et attrapa l'enfant par le bras.

oOo

Le cœur d'Harry tambourinait tellement fort dans sa cage thoracique qu'il crut un instant qu'il allait en sortir. Son ami serpent avait fuit à travers les fougères et il aurait aimé pouvoir faire de même. Quatre paires d'yeux le dévisageaient. McGonagall paraissait à la fois effrayée et soulagée, Hagrid était au bord des larmes tellement il semblait rassuré de le voir, Rogue le fusillait du regard et Dumbledore au contraire lui souriait.

- Harry nous étions inquiets.

Harry avait du mal à imaginer Rogue inquiet mais ne dit rien. Pour tout dire, il ne savait pas quoi penser ni comment réagir. Il avait mal partout. Son bras était encore dans la poigne douce mais ferme du directeur. Nul doute qu'il ne pourrait plus partir. Qu'est-ce qu'ils allaient faire de lui ? Le directeur le dévisageait, un sourire plein de douceur et Harry se sentit immédiatement en sécurité. Une boule atroce se logea au creux de sa gorge et il baissa les yeux, honteux.

- Pardon… murmura-t-il.

Hagrid hurla dans un pleur rauque et pressa Harry contre lui.

- Harry ne refait plus jamais ça ! cria-t-il à son oreille tandis qu'il l'écrasait contre son ventre rond. Qu'est-ce qui t'a pris enfin ?

Harry se sentit extrêmement coupable. Il ne savait plus pourquoi il avait fait ce geste de fuir. A l'instant où il avait pris sa cape, il avait réellement pensé que c'était une excellente idée mais il se rendait compte désormais à quel point c'était idiot.

- Hagrid, vous allez l'étouffer, résonna la voix de la directrice de Gryffondor.

Mais Harry aurait presque préféré cela plutôt que d'affronter le regard des adultes plus longtemps. A sa grande surprise, ce fut Rogue qui coupa court aux retrouvailles et le sauva de ce moment gênant.

- Peut-être pourrions-nous rentrer au chaud ?

Il traça un arc de cercle dans le ciel et quelques secondes plus tard, quatre balais apparurent dans un sifflement. Harry fronça les sourcils, se demandant s'il allait devoir monter derrière un des professeurs - et il pria un instant pour que ce ne soit surtout pas Rogue - mais Hagrid les salua en expliquant qu'il allait rendre visite à une vieille amie.

- On se retrouve à l'infirmerie, déclara Dumbledore avant de décoller.

Harry n'attendit pas plus longtemps et s'éleva dans les airs, la sensation grisante lui chatouillant les entrailles. Rogue était déjà loin devant. Harry aurait pu le dépasser mais il préféra rester à une bonne distance, tenant son balais à une main, l'autre étant probablement cassée. Il ne préféra pas s'en plaindre.

Pomfresh semblait avoir attendu Harry toute la journée et elle l'attrapa d'une main ferme pour le tirer sur un lit déjà préparé. Un pyjama l'attendait même au bout. Harry se mit à rougir, honteux et extrêmement mal à l'aise. Il tenta de protester qu'il n'avait rien de grave mais déjà Pomfresh hurlait à qui voulait l'entendre que c'était une catastrophe. Elle faisait des grands gestes avec sa baguette autour de lui et marmonnait des paroles incompréhensibles même si Harry entendit "inconscient", "repos" et "vont me tuer avant l'heure".

Harry comprit qu'il valait mieux attendre et se taire. De plus, Dumbledore, McGonagall et Rogue attendaient patiemment. Se tortillant nerveusement sur son lit, Harry garda ses yeux rivés sur ses genoux sachant qu'il valait mieux écraser plutôt que de faire le fier. Cependant, une fois que sa main fut réparée et que Pomfresh eut appliqué différents baumes sur ses plaies, Dumbledore s'adressa à Harry avec douceur.

- Nous avons prévenu ton oncle et ta tante que tu serais en retard.

Harry ignora le claquement de langue agacé du professeur de potion et releva la tête pour plonger son regard dans celui du directeur.

- Je parie qu'ils étaient ravis, dit-il de façon plus agressive qu'il ne l'aurait voulu.

- Potter !

- Minerva c'est bon, apaisa le directeur qui gardait un petit sourire. Je pense que tout le monde peut comprendre que tu préfères rester ici. Moi même j'ai eu du mal à quitter Poudlard le premier été.

- Cela n'a rien à voir, s'empressa de répondre Harry.

Il devait jouer franc-jeu dès à présent. Peut-être que cela marcherait. Il n'avait pas le choix, il n'avait pas fait tout cela pour rien et il n'avait plus grand chose à perdre. Il n'avait sûrement pas été assez clair la première fois avec Dumbledore.

- Je ne veux pas rester chez eux. C'est ici chez moi ! Poudlard est ma maison. Je ne veux pas repartir là-bas, je…

Mais plus Harry parlait, plus il avait la sensation que ses paroles ne seraient pas prises au sérieux. Harry sentait le regard du maître des potions plein de jugement sur sa nuque. Il aurait pu supplier mais seule la fierté l'en empêcha.

- Harry, tu ne peux pas aller ailleurs.

- Mais je peux rester ici ! coupa Harry avec fureur, désespéré. Vous n'avez pas le droit de m'obliger ! Je ne veux pas aller chez eux, vous… Vous ne comprenez pas ! Ce n'est pas chez moi là-bas ! Je ne peux pas !

Harry avait l'impression d'être Dudley qui piquait une crise mais il ne pouvait s'en empêcher. Des larmes de colère menaçaient de couler et il ferma les yeux pour les faire disparaître. Puis, il reprit plus calmement.

- Si vous m'envoyez là-bas, je fuirai à nouveau.

A l'instant où il prononça ses mots, un vide s'empara de lui. Il avait la sensation de tomber dans un puits sans fond et seul le regard de Dumbledore lui permit de rester accroché à la réalité. Il se sentit subitement tout seul. Il se rendit compte qu'il n'avait plus de chez lui. Que les Dursley n'étaient plus son foyer. C'était acté, c'était en lui. La solitude lui enserra la gorge. Sa respiration s'accéléra et il s'accrocha violemment aux draps du lit, ne comprenant pas trop ce qui lui arrivait et en même temps, se rendant compte que quelque chose se passait. Le regard de Dumbledore se fit sérieux. Il analysait Harry et le garçon se sentit oppressé.

- Si nous laissions Potter à sa petite crise existentielle ? Je suis certain qu'il aura retrouvé ses esprits plus tard.

La voix de Rogue rappela Harry à la surface de cet océan d'angoisse. Étonnement, Dumbledore se leva de sa chaise et hocha la tête. Harry entendit à peine Minerva lui souhaiter une bonne nuit. Bonne nuit… Harry savait qu'il ne dormirait certainement pas cette nuit, pas tant qu'il ne saurait pas ce qu'on ferait de lui.

oOo

Les silences de Dumbledore n'étaient jamais bons. Jamais. Severus Rogue voulait se coucher mais sa curiosité était piquée au vif. Ni lui ni McGonagall n'osaient déranger le directeur dans ses pensées. L'homme faisait les cent pas dans son bureau. Finalement, il s'installa dans sa chaise avec épuisement et fit apparaître trois tasses de thé avec un nuage de lait. L'heure était définitivement grave.

- Que se passe-t-il Albus ? demanda finalement Minerva avec courage.

L'homme se pencha en avant, porta la tasse à ses lèvres et Severus souhaita le secouer comme un prunier pour qu'il crache sa pastille et enfin expliquer quel était le problème -encore une fois- avec le Survivant.

- Il s'agit de la réaction qu'il a eu à l'infirmerie n'est-ce pas ? demanda finalement le maître des potions.

Il aurait pu dire que l'enfant n'était qu'un petit comédien qui voulait juste attirer l'attention sur lui et piquer sa crise de colère tel un enfant de deux ans. Sauf qu'il s'était mis à trembler comme une feuille, était devenu pâle comme un linge et semblait partir dans une attaque de panique avant qu'on le rappelle à la réalité. Même la mauvaise foi de Rogue avait des limites. Cependant, il ne pensait pas que cela méritait autant de tragédie de la part du directeur. Peut-être que finalement Potter avait simplement compris l'impact de son geste et qu'il savait qu'il avait été trop loin. Comme quoi, rien n'était jamais perdu. Si Potter avait des remords, cela pouvait vouloir dire qu'un jour Londubat serait capable de différencier un chaudron d'une casserole.

- Il s'agit de cela en effet, déclara Dumbledore avec un calme apparent mais dont les yeux trahissaient une angoisse sourde.

- Et alors ? demanda blasé le maître des potions.

- Alors mon cher Severus, cela signifie que Harry ne considère plus le foyer de Pétunia comme le sien. Cela signifie que les protections sont tombées. Cela signifie que Harry a besoin d'un nouveau foyer.

 

End Notes:

Que vous inspire ce début  ?

Partie 1 - Chapitre 2 by Isabelle Pearl

Chapitre 2

 

- Donc si je comprends bien, répéta Mcgonagall la voix tremblante, Harry devait considérer le foyer de son oncle et sa tante comme le sien afin que les protections restent. Ainsi, il était protégé jusqu'à sa majorité. Le lien du sang était également une barrière supplémentaire aux différentes attaques mais Harry ne considère plus Privet Drive comme son foyer ce qui rend la protection caduque.

- C'est cela, acquiesça Dumbledore le visage grave.

- Quelle est la solution Dumbledore ? demanda finalement Rogue qui avait suivi l'échange silencieusement.

La nuit était désormais très avancée et tout le monde voulait dormir. Habituellement, l'heure était aux derniers rangements et chacun rentrait chez soi pour des vacances bien méritées. Le maître des potions voyait donc tous ses plans chamboulés mais lorsqu'il avait émis l'idée de laisser la directrice de Gryffondor régler cette affaire, Dumbledore lui avait expressément demandé de rester.

Il avait suffit d'un seul regard.

Severus savait pertinemment où le directeur voulait en venir. Le vieux bonhomme l'avait toujours tenu comme ça. Le bleu de ses yeux avait hurlé comme à chaque fois "pour Lily". Et comme toujours, le directeur de Serpentard n'avait rien su faire d'autre que de maudire sa propre vie et le gamin qui ne lui causait que des problèmes. Ravalant son amertume, Severus avait plié. Comme toujours. Désormais, il fallait juste que Dumbledore annonce son plan.

- Le ministère saura tôt ou tard que Potter n'est plus chez les Dursley.

- Je le sais Severus mais je m'en occuperai.

Bien sûr, pensa le maître des potions avec amertume. Dumbledore savait toujours régler les questions fâcheuses, précisément lorsqu'elles étaient politiques et qu'elles concernaient le Survivant.

- Donc ? s'impatienta Rogue.

Le directeur se leva et observa la forêt à travers la fenêtre avant de reprendre la parole. Minerva semblait autant agacée que le professeur de potions et si cela continuait, elle allait certainement exploser.

- Donc il est évident que Harry ne peut que rester ici. Il l'a dit lui-même, Poudlard est sa maison.

- Mais l'école ferme.

Allait-on donc tout céder à cet enfant sous des prétextes aussi fallacieux ? Le ministère ne pouvait-il pas trouver un moyen de protéger le Survivant ?

- Je suis toujours là et Hagrid également, objecta lentement le directeur. Et puis, il me semble que vous demandez depuis des années de pouvoir mettre en place des classes d'été pour vos élèves doués en potion. Ce sera l'occasion pour Harry de…

- Attendez ! coupa le professeur de potions, à deux doigts de perdre son sang froid. Est-ce que vous êtes en train de me dire que je vais pouvoir ouvrir mes classes d'été parce que Potter a fait son caprice ?

- Ce n'est en rien un caprice Severus et Harry aura de la compagnie pendant quelques jours…

- Est-ce une blague ? Je demande depuis des années d'ouvrir cette classe et il faut que vous ayez besoin de moi pour que vous me l'autorisiez !

- Je vous en prie Severus, ne prenez pas les choses de cette manière.

- Justement, je les prends de cette manière ! Par ailleurs, cette demande était pour les élèves que je juge brillants. Pas pour faire la garderie du Survivant.

- Vous êtes le seul avec Minerva à pouvoir offrir une protection digne de ce nom à l'enfant lorsque je serai absent. J'aurai beaucoup de responsabilités à honorer avec le Magenmagot cet été. La discussion est close Severus. Vous restez au château.

Le maitre des potions se retint de hurler de fureur de justesse. ll serra sa mâchoire et s'adossa à son siège, attendant de pouvoir être congédié.

Cette histoire n'était qu'un cauchemar.

Il avait toujours rêvé de créer ses classes d'été avec des élèves triés sur le volet. Il aurait pu avoir une aide pour préparer ses potions et avancer avec des jeunes qui comprennent les choses rapidement et réagissent comme il faut.

Ô bien évidemment, il ne pouvait les compter que sur les doigts de la main mais Severus Rogue était de ceux qui pensaient que les dons devaient être exploités. Il aurait pu être ravi de pouvoir mener à bien son stage et malgré lui, une liste d'élèves de sa maison se figura dans sa tête. Tout allait être gâché par le Survivant qui serait incapable de ne pas faire exploser son chaudron à la moindre contrariété. Mais après tout... Il faudrait certainement mettre le gamin dans un coin et lui donner des choses simples à faire. Il suffirait juste qu'il n'aille pas pleurer dans les robes du directeur et que ce dernier ne lui demande pas plus que le strict minimum envers le Survivant. Satisfait de sa réflexion, le professeur se cala plus confortablement sur son siège et se concentra sur sa collègue qui pinçait les lèvres de façon compulsive.

- Je vous l'avais dit, lâcha-t-elle finalement à l'adresse du directeur. Ces moldus étaient affreux. Je vous l'avais dit dès le premier jour.

- C'était la seule solution, se défendit Dumbledore, peiné.

- Manifestement nous en avons trouvé une autre, comme quoi c'était possible. Par ailleurs, qu'allez-vous faire pour la tutelle de l'enfant ?

- Il est toujours sous celle de Pétunia Dursley pour le moment. N'ayant pas de parrain ou de marraine… habilités à répondre à une tutelle.

La directrice de Gryffondor soupira et Severus Rogue se demanda s'il pouvait partir discrètement. Ces histoires de garde ne le concernaient que peu et l'intéressaient encore moins. L'essentiel avait été dit, Potter resterait au château jusqu'à nouvel ordre.

- Nous verrons ceci en temps et en heure, ajouta le directeur. Je pense que nous avons tous besoin d'une bonne nuit de sommeil. Nous annoncerons tout cela à Harry dès demain.

Avec un dernier regard pour Severus, le directeur se leva pour accompagner ses collègues à la porte. La discussion était définitivement terminée et le directeur de Serpentard eut la désagréable sensation qu'il était impliqué désormais dans quelque chose qui le dépassait.

oOo

Harry n'avait pas pu lutter très longtemps contre la fatigue. Pourtant, il s'était réveillé un grand nombre de fois, l'angoisse lui sautant à la gorge. Il avait réfléchi au traitement qui allait lui être réservé et rien ne lui paraissait plus logique qu'il soit renvoyé de l'école. C'est donc épuisé que Harry se leva au petit matin.

Il attendait patiemment que Pomfresh lui donne une potion pimentine en prévention d'un rhume avant de pouvoir rejoindre la tour de Gryffondor quand Dumbledore entra dans l'infirmerie. La peur le prit au ventre mais il tenta de ne rien montrer et releva courageusement la tête. L'homme portait une longue robe violette où différentes constellations argentées se reflétaient à la lumière du soleil. Cette tenue aurait pu paraître ridicule sur n'importe qui mais pas sur le directeur. Au contraire, cela le rendait encore plus impressionnant. Le directeur le regarda de ses yeux pétillants puis entra directement dans le vif du sujet :

- Je ne vais pas te faire attendre plus longtemps, je sais à quel point tu es inquiet. Tout d'abord laisse moi te dire que ce que tu as fait hier était plutôt irresponsable mais nous t'avons retrouvé, n'en parlons plus. Je crois avoir remarqué que tu avais compris la portée de ton geste.

- Je suis désolé monsieur, déclara platement Harry, attendant qu'une sentence tombe.

- Tu vas rester ici.

Harry releva la tête avec une telle brusquerie que son cou craqua. Il ne put retenir un sourire ravi et étouffa un cri de joie. Dumbledore cacha son amusement dans un sourire poli mais Harry était certain d'avoir vu une lueur de joie partagée dans son regard.

- Je tenais à te présenter mes excuses Harry. Je ne savais pas à quel point tu ne voulais pas retourner à Privet Drive.

Harry ouvrit la bouche pour expliquer quelle vie l'attendait là-bas mais le directeur leva une main pour l'arrêter.

- Comme je te l'ai expliqué il y a un mois après ta mésaventure avec le professeur Quirrell, ta mère t'a laissé une protection et elle ne pouvait être efficace que s'il y avait ton total consentement. Il fallait que tu considères Privet Drive comme ton foyer.

- Mais Voldemort n'est plus là ? s'enquit Harry. Ce n'est pas si grave si je suis ici.

Harry était à deux doigts de demander s'il pouvait aller chez Ron pour les vacances mais il se doutait que c'était une requête un peu prématurée compte-tenu des évènements récents.

- En effet, pour le moment, ce n'est pas si grave. Cependant, il faudra un jour trouver une solution.

- Alors je reste ici ?

Harry aurait pu sauter au cou du directeur tellement il trépignait de joie et de soulagement. Il n'y aurait pas ses meilleurs amis mais Poudlard regorgeait de secrets et de magie. Tout était un terrain de jeu et puis il pourrait jouer au Quidditch, rendre visite à Hagrid ou encore utiliser sa baguette sans que personne ne lui dise rien. Mieux, il mangerait tous les jours d'excellents plats ! Aurait-il le temps de parler avec le directeur ? Pourrait-il lui apprendre des sortilèges de défenses contre les forces du mal ?

- Tu resteras ici et cela tombe bien car le professeur Rogue reste au château également, ajouta Dumbledore coupant court à ses pensées.

Harry sentit son sourire se figer et ses yeux s'écarquiller d'horreur. Pourquoi le directeur lui parlait du professeur qu'il détestait le plus à Poudlard ? D'ailleurs, la haine était réciproque et ce n'était pas réellement un secret.

- Ah ? demanda-t-il bêtement, ne sachant rien dire d'autre.

- En effet Harry. Je serai beaucoup occupé cet été et il se trouve que par un heureux hasard, le professeur Rogue va délivrer quelques cours spéciaux à ses élèves de prédilections. J'ai insisté pour que tu en fasses partie.

- Quoi ? soupira Harry totalement dépité. Mais je ne suis pas fait pour les potions, je vous assure que je n'ai aucune prédisposition ! Et le professeur ne voudra pas de moi de toute manière !

Ce n'était pas possible. Harry espérait que sa dernière phrase soit prémonitoire. Pourvu que la chauve-souris des cachots ne veuille pas de lui. Était-ce là sa punition pour avoir été dans la forêt interdite ?

- Oh il a déjà accepté, répondit Dumbledore dans un sourire amusé. Je pense que c'est la moindre des choses que tu puisses faire cet été. Je suis sûr que tu y trouveras tout un tas de richesses que tu ne soupçonnes pas encore. Fais moi confiance.

Le regard bleu perçant du directeur se posa sur celui d'Harry. Le garçon aurait rêvé faire confiance au directeur mais il savait déjà que c'était la pire idée qui soit. Des classes d'été… S'il avait su, il se serait caché dans la malle de Ron afin d'échapper aux Dursley plutôt que de fuir.

- Et le professeur McGonagall ne sera pas là ?

- Elle sera là, tu pourras aller la voir aussi souvent que tu le souhaites notamment si tu as besoin d'aide pour tes devoirs. Cependant, sache qu'elle part bientôt pour un séminaire sur la métamorphose.

Les épaules de Harry s'affaissèrent, évaporant par la même occasion la joie qu'il avait ressenti quelques instants plus tôt. Finalement, c'était peut-être pire que de rester chez les Dursley. Harry savait d'avance que les fameux élèves de Rogue ne seraient que des Serpentard même si Hermione aurait tout à fait eu sa place. Ses amis lui manquaient déjà. Mais c'était sûrement le prix à payer pour avoir eu ce comportement et Harry hocha simplement la tête bien qu'un sentiment d'injustice s'éveillait en lui. Dumbledore lui demanda s'il avait des questions puis s'en alla, proposant à Harry d'aller s'amuser un peu.

Pendant plusieurs heures, Harry arpenta les couloirs de l'école, échangea quelques mots avec Nick-quasi-sans-tête, évita Peeves et lorsqu'il arriva devant les portes du château, une chouette marron aux grands yeux jaune se posa sur son épaule avec une petite lettre dans sa patte. N'ayant pas de biscuit avec lui, la chouette poussa un cri outré et s'en alla sans demander son reste. S'asseyant sur les marches des escaliers, il déplia sa missive et son cœur fit un large bond lorsqu'il reconnut l'écriture de sa meilleure amie.

Harry,

Quelle idée as-tu eu de partir de cette façon ? Nous étions tous très inquiets. J'ai appris par Ron que tu avais été retrouvé dans la nuit, Dumbledore l'a dit à Mr Weasley. J'espère que tu réfléchiras à deux fois la prochaine fois car il aurait pu se passer quelque chose de grave. On sait que pour l'instant, tu restes à Poudlard. Ron a un plan pour venir te voir et même s'il ne m'a rien dit, j'ose espérer que cela restera dans les règles.

J'espère que l'on se verra bientôt. Reste tranquille jusqu'à la fin des vacances. De mon côté, je pars visiter le sud de la France avec mes parents. Savais-tu qu'il y avait une école de sorcellerie là-bas ? On ne sait pas trop où elle est située cependant… Je compte bien faire mes recherches !

Sois prudent.

Hermione

Bien qu'il était heureux d'avoir des nouvelles de son amie, Harry n'était qu'à moitié satisfait de ce courrier. Hermione ne pouvait pas comprendre et elle avait toujours cette tendance à dramatiser les choses. Mais un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'il pensa à cette passion qu'elle avait pour le savoir. Cela pouvait être agaçant mais c'était ainsi qu'était son amie et il l'appréciait comme elle l'était. En plus, elle lui avait glissé l'information que Ron comptait venir le voir. Harry imaginait déjà son meilleur ami débarquer dans les cachots pendant qu'il était coincé dans une leçon soporifique. Harry s'imagina trouver un plan avec son meilleur ami et mettre le laboratoire à feu et à sang avant de partir en courant, riant à gorge déployée. Un petit hibou débarqua en trombe, à deux doigts du malaise, sortant Harry de ses fantasmes de destruction.

Harry,

Je suis certain que tu as déjà reçu la lettre paniquée et moralisatrice d'Hermione… Ne fais pas attention à elle, tu sais à quel point elle peut être nerveuse pour un rien. Papa m'a dit que tu avais été retrouvé dans la forêt. JE VEUX TOUT SAVOIR ! As-tu vu des créatures ? Tu aurais pu me dire que tu t'échappais tout de même, je serai venu avec toi ! Dans tous les cas, j'essaye de faire le maximum pour venir te voir. Apparemment, tu restes à Poudlard, c'est vrai ? Réponds-moi vite !

Ps: le hibou que tu vois ici est Errol. Laisse-le se reposer avant de reprendre la route, il ne tient plus trop le coup.

Ronald

Harry éclata de rire et rangea son courrier dans sa poche, démarrant une course folle pour se rendre dans son dortoir et ainsi répondre à ses amis. Il dérapa au détour d'un couloir et percuta quelqu'un de plein fouet.

- Potter !

Harry grimaça. Il aurait préféré tomber sur Rusard plutôt que le professeur de potion qui semblait être d'une humeur exécrable. Harry releva la tête pour mieux observer l'homme qui le lorgnait avec colère. Ses yeux lançaient des éclairs et il époussetait sa cape noire d'un geste agacé.

- Si je pouvais vous retirer des points ce serait sans mal. On ne court pas dans les couloirs, prévint-il d'une voix qui ne tolérait aucune objection.

- Il n'y a plus personne dans le château, lâcha Harry dans un haussement d'épaule.

- Cessez votre arrogance immédiatement ! Avez-vous au moins conscience que vous n'êtes pas seul au monde Potter ou est-ce trop difficile à assimiler pour vous ?

Harry ne répondit rien, sachant pertinemment que l'homme n'attendait qu'une chose : le renvoyer définitivement de l'école. Et puis, seul dans les couloirs avec Rogue, mieux valait la jouer discret. Un mauvais sort pouvait très vite partir. Le professeur l'avait certes sauvé cette année mais Harry restait méfiant avec lui. Il suffisait de regarder les yeux noirs et le corps tendu du professeur pour comprendre que l'homme le tolérait à peine.

- Quand on est poli, on s'excuse ! cracha le professeur au bout d'un moment.

- Désolé monsieur, répondit Harry sans en penser une miette.

Si un simple regard pouvait tuer, nul doute qu'Harry serait déjà six pieds sous terre. A la place, le garçon soupira doucement en attendant que le professeur le laisse partir.

- N'oubliez pas de venir ce soir dans mon bureau après le dîner. Vous avez des potions à récupérer suite à votre… Petite escapade.

- Pourquoi je ne peux pas aller la prendre chez Madame Pomfresh ?

Harry avait l'impression d'avoir demandé la lune. Le professeur sembla hésiter à lui répondre, haussa un sourcil d'un air dédaigneux puis tourna les talons, laissant Harry en plan. Et bien, si lui était irrespectueux, Rogue était bien pire. Se rappelant l'objet de sa course, Harry repartit de plus belle - si ce n'est encore plus vite - jusqu'en haut de la tour des lions.

oOo

Severus avait tout un tas de choses à faire et certainement pas préparer de la potion pimentine pour un enfant mal-élevé et pourri gâté. Un rhume ne lui aurait certainement pas fait de mal pour lui remettre les idées en place. La prise de cette potion ce soir serait suffisante mais Pomfresh lui avait laissé un tas d'autres potions à préparer pour Potter. Évidemment, il fallait qu'elle soit appelée d'urgence à Ste Mangouste suite à une mission du service de détournement des objets moldus qui avait mal tourné. Habituellement, l'infirmière n'avait que peu de travail en juillet et août et elle était en détachement pour l'hôpital. Manifestement, un micro-ondes cachait en fait un nid d'épouvantards. Les employés étaient tombés sur l'objet et, enfermés dans la pièce, avaient succombé à des crises de paniques si intense que les collègues avaient mis du temps à les retrouver. Il avait fallu plus de cinq aurors pour mettre un terme à cette attaque. A priori, il ne restait plus que le père Weasley pour maintenir à flot le service. Il fallait donc sortir les autres employés de cet état de stress post-traumatique au plus vite.

Le ministère semblait mettre un point d'honneur à nettoyer les différentes maisons de sorciers abritant des choses peu légales. Cela risquait d'inquiéter certains de ses anciens collègues… Et il devrait continuer de jouer les espions à ce sujet. Dumbledore avait été clair là-dessus, un jour le mage noir reviendrait et toutes informations étaient bonnes à prendre. Ils en avaient eu un aperçu un mois plus tôt. Pire que tout, Potter était tombé dans le piège la tête la première. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer dans l'esprit du gamin pour qu'il entraine ses amis dans cette aventure si dangereuse ? Qu'est-ce qui avait bien pu se passer avec le professeur Quirrell exactement ? Et par-dessus tout, qu'est-ce qui avait bien pu se passer dans le crâne du directeur pour qu'il encourage ces enfants en leur donnant des points et ainsi faire perdre la coupe à Serpentard ?

A cette pensée, le maître des potions lança rageusement les feuilles d'eucalyptus dans l'eau bouillante qui se mit à fumer. L'homme jeta un coup d'œil à l'horloge. Si le gamin était en retard, il allait l'étriper. Il voulait envoyer des courriers aux familles dont les enfants avaient été sélectionnés pour son stage qui commencerait dans quelques jours en espérant que la moitié d'entre eux ne soient pas déjà à l'autre bout du monde en vacances. Il détestait faire les choses de la sorte, sans aucune organisation. Cela rendait le tout très amateur. Et Severus Rogue n'était pas un amateur.

Mais Dumbledore avait eu l'autorisation du ministère. Le vieillard obtenait toujours ce qu'il voulait. Quand Dumbledore avait une idée en tête, Salazar Serpentard s'agenouillait et prenait des notes. Trois coups secs contre sa porte le firent sortir de ses pensées. Miracle, Potter était à l'heure. Severus prit une fiole et ouvrit la porte. L'air ennuyé du gamin le faisait tellement ressembler à son père que cela dégouta le professeur. Il lui tendit la fiole d'un geste sec. L'enfant le remercia dans un murmure.

- Demain matin il vous faudra une autre potion que l'infirmière veut que vous preniez, dit-il de sa voix doucereuse.

- Devrais-je venir à votre bureau ou serez-vous au petit déjeuner ? s'enquit l'enfant d'une voix qui se voulait polie mais qui ne trompa pas le maître des potions.

- M'avez-vous vu au dîner ce soir Potter ?

Le Gryffondor dansa sur ses pieds, signe qu'il était mal à l'aise d'avoir posé une question aussi stupide. Tant mieux, pensa Severus.

- Non monsieur.

- Très bien. Votre brillant esprit saura déduire le reste. Ne traînez pas demain matin, j'ai un tas de potions à préparer. Si vous n'êtes pas là avant dix heures, tant pis pour vous.

Il s'apprêtait à refermer la porte pour que cet avorton disparaisse de sa vue mais le gamin ne semblait pas en avoir terminé.

- Le professeur Dumbledore m'a dit de vous demander de ne pas oublier de m'envoyer le planning de votre stage.

- Je n'y manquerais pas, susurra le professeur d'une voix froide qu'il espérait suffisamment effrayante pour faire fuir le Survivant.

- Est-ce que vous allez convier Hermione ? C'est elle la plus douée après tout !

Outré, le professeur plongea son regard noir dans celui de l'enfant. Les yeux verts de Potter brillaient d'espoir. C'était toujours le plus compliqué… Les yeux de Lily étaient exactement les mêmes. Mais il se reprit comme à son habitude et observa le visage de l'enfant, lui rappelant celui de James Potter et un sourire mauvais se dessina sur son visage.

- Je n'invite à ce stage les élèves que je juge doués. Pas des perroquets parlants. Par ailleurs, vous êtes la seule exception à cette règle et croyez-bien que je ne voulais absolument pas de votre présence.

- Vous n'avez pas le droit de parler d'Hermione comme ça ! s'emporta le Survivant rouge de colère. C'est elle la meilleure !

- Et bien demandez à votre propre directrice de faire le nécessaire si vous voulez des stages avec elle. Maintenant, dehors !

Rogue claqua la porte. Il entendit le Survivant assener un coup de pied dans la porte. Le maître des potions réfléchit un instant à sortir pour hurler sur le gamin mais décida qu'il économiserait son énergie. Il se remit alors au travail.

Bien évidemment que Granger était une élève brillante mais lui voulait travailler avec des enfants doués. Ceux qui avaient ça dans le sang, pour qui l'instinct prenait le dessus. Le travail acharné avait ses limites. Il n'était pas de ceux qui croyaient au mérite. Le mérite n'était qu'un leurre. Il y avait ceux qui avaient des dons et les autres. Et il n'avait jamais le temps de travailler avec les élèves doués. Par ailleurs, c'était un moment privilégié pour être avec ses serpents. Ses élèves, à lui, qu'il voyait évoluer et grandir. On ne faisait jamais de cadeaux aux Serpentard et s'il n'était pas là pour équilibrer un peu la balance, qui le ferait ? Ses élèves les plus prometteurs pourraient profiter de ses précieux conseils et sauraient les entendre. A cette pensée, une pointe d'excitation s'empara de lui. Si Potter pouvait se faire tout petit, cela aurait été parfait. Mais il ne fallait sûrement pas compter là-dessus…

oOo

Harry tremblait de rage. Il détestait quand le professeur s'en prenait à ses amis. Marchant d'un pas conquérant vers son dortoir, Harry balança d'un geste brusque sa fiole qui tomba du lit et se brisa dans une épaisse couche de fumée. Harry jura mais ne chercha pas à rattraper la potion. Il s'en fichait royalement. Il n'était pas malade et Pomfresh s'inquiétait de toute manière beaucoup trop. Il en avait déjà pris la veille et cela avait été bien suffisant. Il n'aimait pas vraiment cette sensation dans ses oreilles que provoquait la potion.

D'un geste rageur, l'enfant se mit en pyjama et se glissa dans son lit, croisant les bras sur son torse. Il avait pourtant passé une bonne journée. Il avait été voir Hagrid et l'avait aidé à planter des tomates, salades et autres légumes. Puis, il avait écouté le demi-géant lui parler de ses parents, James et Lily. Apparemment, Lily n'aimait pas beaucoup James au début car le garçon pouvait être parfois très maladroit. Puis Hagrid lui avait donné un merveilleux cadeau. Un album réunissant toutes les photos de ses parents. Harry avait eu la gorge si serrée à la vue de ses parents qu'il en oublia presque de remercier Hagrid. Enfin, Harry était remonté dans la tour de Gryffondor pour manger quelques bonbons en admirant les images de ses parents. Il y avait une photo de son père en plein match, riant à gorge déployée après un but. Cela lui avait donné envie de voler et il était parti sur le terrain pour s'amuser un peu dans les airs. Il n'avait eu aucun mal à s'imaginer à son tour en plein match. Puis, son ventre avait grogné et il était allé avec joie dans la Grande Salle pour manger un bon dîner en compagnie de Dumbledore et Minerva. A sa plus grande joie, le professeur de potions était absent.

Mais l'homme avait finalement gâché sa journée maintenant que Harry savait que Hermione ne serait pas convié au stage. Il n'y aurait que des élèves de Serpentard. Harry appréhendait plus que tout cette semaine de stage.

Dans un soupir, le garçon se tourna dans son lit et ferma les yeux. A son grand désarroi, les images du professeur Quirrell se mirent immédiatement à flotter dans son esprit. Gémissant avec agacement et se tournant dans son lit pour les faire fuir, Harry tenta de se concentrer sur le bruit de la pluie qui battait sur les carreaux. Il s'imagina sur son balais, la sensation vivifiante et les problèmes tout en bas qu'il pouvaient regarder de très loin sans que cela ne l'atteigne. Le son de la pluie se fit plus fort et le berça doucement jusqu'à ce qu'il tombe dans un sommeil tranquille.

Les jours qui suivirent passèrent à une vitesse folle aux yeux de Harry. Finalement, les moments les plus difficiles étaient lorsqu'il se rendait le matin dans le bureau du directeur de Serpentard. Généralement, Harry serrait des dents pour ne pas répliquer aux remarques acerbes du professeur. Il savait qu'il dérangeait l'homme dans ses affaires et le retardait probablement dans son travail. Harry n'était pas stupide au point de croire qu'il n'était pas responsable de la présence de l'homme à Poudlard. S'il n'avait pas fugué en premier lieu, tout cela ne serait pas arrivé. Mais il était tellement heureux le reste de la journée qu'il n'avait aucun regret.

Même Dumbledore n'avait pas vraiment de temps à lui accorder, même si Hagrid lui offrait des gâteaux où il manquait de se casser une dent, même si McGonagall l'observait souvent d'un œil inquiet quand elle pensait qu'Harry ne la voyait pas, Harry était heureux d'être à Poudlard. Il n'avait pas à faire la boniche ou taire le moindre mot en lien avec la magie sous peine d'être traité de monstre et recevoir une correction pour un oui ou pour un non. Cerise sur le gâteau, il mangeait à sa faim. Tout cela valait bien quelques déconvenues avec Rogue même s'il aurait préféré que cela se limite à une rencontre matinale plutôt qu'un stage d'une semaine entière.

Ainsi, lorsque Harry se leva en ce matin pluvieux de mi-juillet, une boule d'angoisse s'installa comme un poids au creux de son ventre. Il n'avait vraiment pas envie d'aller à ce stage. Sachant pertinemment qu'il ne pourrait échapper à ce malheureux destin, Harry descendit les marches jusqu'à la Grande Salle où la directrice de Gryffondor déjeunait avec Hagrid. Depuis plusieurs jours, Dumbledore était absent. Harry grogna une réponse à Hagrid lorsqu'il lui demanda s'il était heureux de revoir des camarades de classe et essaya tant bien que mal de grignoter quelque chose. Lorsque sa directrice de maison lui rappela qu'il ne fallait pas être en retard et que Hagrid se dirigeait vers les grilles du château pour aller chercher les élèves, Harry se leva et se dirigea vers les cachots comme s'il allait au pilori.

Qu'est-ce que Rogue allait faire de lui ? Appuyé contre le mur et attendant que ses camarades arrivent, les pensées d'Harry tournaient dans tous les sens. Il essaya tant bien que mal de les faire taire et il releva la tête lorsqu'il entendit des pas au bout du couloir. Le cœur battant, Harry resserra sa prise sur sa baguette par réflexe. Une fille blonde maigrichonne d'une quinzaine d'années qu'il n'avait jamais vue s'approcha. Elle lui adressa un regard surpris mais l'instant d'après, il semblait ne plus exister et elle gardait le regard fixé sur la porte. S'il pouvait tous être comme ça, ce serait parfait.

Quelques instants plus tard, deux garçons arrivèrent. Ils parlaient à voix basse. Ils étaient également plus âgés qu'Harry et si ce dernier s'inquiéta un instant pour son niveau, il fut soulagé de voir qu'il n'y avait personne de son année. Après tout, les choses pourraient bien se passer. Peut-être que Rogue ne lui donnerait pas grand chose à faire si ce n'est récurer les potions des petits génies qui lui jetaient des coups d'œil surpris mais ne lui posaient aucune question. Le poids de l'angoisse s'allégea et Harry s'appuya de façon bien plus décontractée sur le mur.

La porte s'ouvrit brusquement et Harry s'étonna de voir la joie briller dans les yeux des élèves. Cependant, personne ne semblait prompt à des effluves de sentiments et tout le monde entra silencieusement dans la salle.

- Déjà en train de paresser Potter ? cracha le professeur de potions.

Harry ne répondit rien et se redressa pour suivre le groupe. Les choses pouvaient bien se passer, se répéta-t-il. Puis, à peine s'installait il le plus loin possible du tableau qu'un bruit attira son attention vers la porte. Lorsqu'il observa la personne dans l'encadrement, son cœur tomba comme un poids dans son estomac. Finalement non, les choses ne pourraient pas plus mal se passer, pensa-t-il finalement.

 

 

Partie 1 - Chapitre 3 by Isabelle Pearl
Author's Notes:

 

 

Chapitre 3

Drago Malefoy dévisageait Harry, l'étonnement s'affichant clairement sur son visage. Le Serpentard semblait dépité de voir son pire ennemi dans les cachots de son professeur préféré. Harry adressa un regard noir au blond avant de se concentrer sur les chaudrons alignés au bout de la salle.

- Mr Malefoy, nous vous attendions pour commencer.

- Excusez-moi pour le retard, professeur. Mon père avait une affaire urgente au ministère, expliqua le blond d'une voix pompeuse.

Le professeur de potions balaya l'excuse d'un geste comme si de rien n'était et présenta une table au garçon. Il observa ensuite l'assemblée, son regard se posa sur Harry et ce dernier comprit avec dépit que la fin des vacances commençaient déjà. Le regard du professeur était si colérique envers lui que le Gryffondor comprit qu'il ferait mieux de se faire petit. Un rien aurait pu tout faire exploser. Se refermant sur lui-même, il écouta à peine le flot de paroles du professeur qui accueillait ses élèves.

Harry entendit que la chauve-souris allait leur donner des choses à faire et à améliorer selon leur niveau et leurs prédispositions en précisant de sa voix glaciale qu'une bibliothèque était à disposition au fond de la salle. Tout le monde y trouva un intérêt soudain sauf Harry qui voulait fuir le plus loin possible. Il s'agissait certainement de livres de magie noire probablement interdits. Pas étonnant que tous les Serpentard aient les yeux qui brillent à cet instant.

Rogue passa une bonne dizaine de minutes à échanger avec chacun des élèves. Les deux garçons, répondant au nom de Turpin et Court entraient en cinquième année à Serpentard. C'était le genre d'élèves qu'on n'avait pas envie de croiser seul dans les couloirs. Rogue leur donna un parchemin à chacun et parlait si bas qu'Harry ne distingua pas un traître mot de ce qu'il pouvait leur dire.

Est-ce que Dumbledore était au courant des exercices que le professeur allait donner aux élèves ? Harry se demanda s'il pouvait espionner discrètement au cours de la semaine. Un éclair de compréhension traversa son esprit. C'était pour cela que Dumbledore voulait qu'il soit présent ! Avec toutes ses préoccupations, il n'avait pas le temps de savoir ce que trafiquait le professeur. Jamais Dumbledore aurait laissé Harry dans la cage aux serpents pour rien et l'homme avait sûrement des doutes sur le professeur de potions... Dire qu'il avait mis autant de temps à comprendre ! Revigoré, il manqua d'éclater de rire tant c'était logique. Il avait une mission à accomplir et il la tiendrait.

Le professeur s'arrêta ensuite devant la jeune fille à qui il donna à nouveau un parchemin. Harry se maudit de s'être installé aussi loin car il ne pouvait rien entendre à nouveau. Enfin, le professeur se dirigea vers Malefoy. Le garçon lui donna un parchemin dans un sourire et le professeur hocha la tête en saisissant avec délicatesse le papier. Puis, il lui adressa à son tour un parchemin et lui montra du doigt la bibliothèque en murmurant des paroles inaudibles pour Harry. Harry était sûr que Drago lui avait donné un document confidentiel que son mage noir de père voulait faire passer. Le cœur d'Harry battait la chamade. Il faudrait qu'il écrive à Ron et Hermione aussitôt que possible. Il eut l'infime espoir que le professeur l'oublie mais après avoir discuté longuement avec Drago, le maître des potions s'approcha d'un pas rapide de la table du fond où Harry s'était installé.

- Potter, avez-vous terminé votre devoir de potions ? demanda-t-il d'une voix forte au point que toutes les têtes se tournèrent vers lui.

- Mon devoir de potions ? s'étonna Harry qui se retint à grande peine de dire que les vacances venaient à peine de commencer.

- Votre devoir de potions, répéta le professeur comme s'il s'adressait à une personne limitée intellectuellement. L'avez-vous au moins commencé ?

Harry sentit son visage chauffer sous le regard amusé que s'échangèrent les deux cinquième années. Drago ne cachait même pas son sourire narquois et la jeune fille le regardait d'un air mécontent. Comment aurait-il pu commencer son devoir ?

- Ce silence nous en dit long, susurra le professeur. Et bien vous avez jusqu'à la fin de la matinée pour le rendre. Dépêchez-vous, elle est déjà bien entamée. Il serait… dommage que vous ne puissiez pas être avec nous pour les travaux pratiques de cet après-midi. Vous devriez prendre exemple sur Mr Malefoy qui m'a déjà rendu son devoir.

Tout dans le ton du professeur indiquait à Harry que l'homme ne pensait pas du tout qu'il serait dommage qu'il ne participe pas aux travaux de l'après-midi. Humilié, Harry hocha simplement la tête, la rage bouillant en lui. Puis il prit un parchemin, ouvrit son livre et débuta son devoir. Il lu la première question qui traitait des ingrédients indispensables pour le remède contre les furoncles et soupira. Il n'aurait jamais terminé à temps.

Maudissant le professeur, Harry se pencha sur son devoir tout en se demandant s'il pouvait contacter Hermione pour qu'elle lui donne les réponses. Une heure plus tard, alors que le professeur se déplaçait pour aider la fille blonde, une certaine Puffett, Harry sentit un mouvement à ses côtés. Il se raidit instinctivement lorsqu'il vit passer Malefoy pour rejoindre la bibliothèque. Le blond lui adressa un sourire goguenard qui n'annonçait rien de bon.

Ignorant le Serpentard, Harry se pencha à nouveau sur son parchemin, une main tenant sa tête qui commençait à le faire souffrir. La chaleur et l'humidité des cachots le fatiguaient déjà. Il n'était pas fait pour être enfermé de cette façon et il ne rêvait que de fuir pour aller jouer au Quidditch. Il se motiva en se rappelant qu'il y avait une raison à tout cela et qu'il fallait qu'il découvre ce que le professeur pouvait bien manigancer lors de ce petit stage.

Perdu dans ses pensées, Harry ne vit pas Malefoy, un énorme livre à la main, qui le bouscula en repassant à ses côtés et son encre se renversa par terre dans un éclat de verre.

- Potter ! Faites un peu attention, claqua le professeur. Nettoyez-moi ça !

Harry adressa un regard noir à Malefoy mais sachant qu'il valait mieux faire profil bas, il obtempéra et alla chercher un chiffon. Ses joues chauffaient et il n'avait qu'une hâte : retourner à la grande salle pour manger avec Hagrid. Mais la journée avait mal débuté et rien n'indiquait qu'elle allait s'arranger.

C'est ainsi qu'exceptionnellement, le professeur se mêla aux élèves lors du déjeuner. Harry pensait pouvoir se mettre loin de tous ces serpents mais ni Dumbledore, ni Hagrid et ni McGonagall ne se présentèrent ce midi-là. Comme cela était le cas depuis le début de l'été, une table unique avait été dressée et Harry se positionna à la place la plus éloignée du professeur. Il garda les yeux rivés sur son repas, picorant dans son assiette. La fille blonde était assise à ses côtés et Malefoy trouva un malin plaisir à se mettre en face de lui. Les discussions étaient calmes et Harry n'entendit pas grand-chose d'intéressant. Il semblait que tout le monde se délectait de raconter ses différents projets après Poudlard. Rogue donnait des conseils à ses élèves et Harry songea à quitter discrètement la table quand Malefoy se mit à parader. Le blond plaçait des références à son père toutes les deux minutes, à croire qu'il allait mourir s'il ne le faisait pas.

- Tu veux des légumes ? demanda la fille blonde, lui tendant le plat.

- Euh oui, dit Harry surpris qu'on lui adresse la parole, merci.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? s'enquit-elle doucement en piquant dans sa pomme de terre. Tu n'as pas vraiment l'air passionné par les potions.

- Il est nul tu veux dire, précisa Malefoy dans un sourire moqueur. Mais Puffett a raison, c'est vrai que tout le monde se pose la question de ta présence ici Potter.

- Qu'est-ce que ça peut te faire, se défendit Harry en coupant rageusement sa cuisse de poulet.

- Fais attention Potter, tu es en terre Serpentard ici, menaça Malefoy en plissant les yeux.

- Et toi alors ? répliqua Harry. Pourquoi est-ce que tu es ici ? Il ne me semble pas que tu sois un génie des potions non plus.

- Y a-t-il un problème ? demanda le professeur de potions qui coupa court à sa discussion avec Turpin.

- Potter ne comprend pas pourquoi je suis ici professeur, rapporta immédiatement Malefoy d'un ton aimable et faussement blessé.

Harry posa sa fourchette, dégoûté par la situation. Sale petit rapporteur… Il regarda courageusement le professeur des potions qui avait haussé un sourcil.

- Mr Potter aurait-il quelque chose à redire concernant mes choix ? demanda-t-il d'une voix dangereuse.

- Non monsieur, répondit Harry les joues rouges de colère.

- Très bien alors cessez de harceler Mr Malefoy.

Le professeur semblait ravi de faire taire Harry et reprit sa discussion avec ses élèves. Le Gryffondor fusilla du regard le blond et quitta quelques secondes plus tard la table sous les ricanements du blond, certain que le professeur l'avait entendu.

Bien évidemment, Harry n'avait absolument pas terminé son devoir et il n'attendit pas une minute de plus pour se remettre au travail lorsqu'il arriva dans la salle de classe vide. A bien y réfléchir, il y avait là un moyen de fouiller un peu dans les travaux des serpents et peut-être découvrir quelque chose... Il s'approcha alors vers le bureau le plus proche du sien, celui de la jeune fille. Ses parchemins étaient consciencieusement rangés sur le coin de la table. Il s'en saisit d'un premier et tenta de déchiffrer l'écriture brouillon. A peine se saisissait-il d'un second parchemin qu'un bruit sourde résonna au fond de la salle de classe. Reposant avec rapidité ce qu'il avait dans les mains, il se retourna, le cœur battant, immobile, le souffle coupé.

Il manqua de peu de gémir de soulagement lorsqu'il comprit que ce n'était rien d'autre que le baron sanglant qui venait de traverser la bibliothèque. Ne faisant cependant pas confiance au ténébreux et austère fantôme, il préféra abandonner les recherches pour le moment et retourna à sa place pour débuter sa réponse à la question six : "où pouvons-nous trouver un bézoard ? Quelle est sa propriété ? Développez". Harry était sûr de connaître la réponse… Le garçon fut coupé dans ses réflexions lorsqu'il entendit des pas. Harry grogna lorsqu'il vit que Malefoy se dirigeait droit vers lui, le nez haut et son air snob habituel.

- Alors Potter, tu fais moins le fier maintenant que tu es seul n'est-ce pas ? lâcha-t-il en se positionnant face à lui.

Harry bondit sur ses pieds pour lui faire face, prêt à en découdre.

- Dégage Malefoy, cracha Harry.

- Oulah non je ne suis pas d'accord le balafré. Vois-tu, ici c'est mon terrain, pas le tiens alors tu vas faire tout ce que je te dis.

Harry éclata franchement de rire. Pour qui se prenait-il au juste ? Malgré ce ton hautain d'enfant qui voit ses rêves exhaussés à la moindre demande, Drago Malefoy n'était rien de plus qu'un énième Dudley. Rien qui ne puisse l'impressionner. La réaction d'Harry ne sembla pas faire plaisir au Serpentard qui fronça les sourcils, le regard dur.

- Ce n'est pas parce que tu vis ici car ta moldue de famille ne veut pas de toi que tu peux faire tout ce que tu veux, cracha le blond. D'ailleurs, tu restes ici tout l'été n'est-ce pas ? Remarque, qui voudrait de toi ? Je les comprends. J'aurais beaucoup trop peur de finir comme tes propres parents. Tu portes la mort avec toi.

Le sang d'Harry ne fit qu'un tour et des pots de verre sur l'étagère explosèrent d'un coup. Malefoy sursauta et saisit sa baguette. Harry ne prit pas la peine de sortir la sienne. Le coup de poing qu'il lui asséna fit chanceler le blondinet. Malefoy porta sa main à son nez, les yeux brillants de larmes. La colère explosa au creux de son ventre et il poussa avec force son ennemi de toujours qui recula de plusieurs pas, déséquilibré. Il voulait l'écraser et le faire taire une bonne fois pour toute. Le garçon bascula finalement en arrière dans un cri et Harry le rattrapa près à lui asséner un nouveau coup mais il fut projeté sans ménagement à travers la pièce. L'arrière de sa tête frappa un bureau et il grimaça de douleur.

- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez vous Potter ? aboya le professeur de potions qui rangeait sa baguette pour aider Malefoy à se relever.

Groggy, Harry se redressa sur ses jambes, la colère pulsant dans ses veines. Il observa le professeur et les autres élèves autour de Malefoy. Tous avaient un air inquiet pour le Serpentard. Harry leva les yeux au ciel.

- Filez dans mon bureau, cracha le professeur à l'adresse d'Harry. Venez avec moi Mr Malefoy.

Harry s'apprêta à protester que le garçon n'avait rien mais il vit le nez en sang du blond et se rendit compte qu'il était allé un peu loin. Les autres élèves le regardaient avec méfiance et Harry vit que la moitié de l'étagère dégoulinait de différentes substances qu'il avait fait exploser sans même s'en rendre compte. Harry suivit le professeur et Malefoy qui se dirigeaient vers le bureau tandis que le blond gémissait de douleur, des larmes coulant sur ses joues pâles. Malgré tout, Harry eut honte de lui même s'il se sentait soulagé d'avoir passé ses nerfs sur cet idiot.

- Restez ici, aboya le professeur lorsqu'ils entrèrent dans le bureau de l'homme. Suivez moi Mr. Malefoy, dit-il d'une voix beaucoup plus douce au garçon.

Ils disparurent dans une porte au fond du bureau ce qui laissa à Harry tout le loisir de découvrir les lieux. La pièce était sombre. Un épais tapis vert foncé habillait le sol de la pièce où trônait un bureau en bois massif. Deux chaises confortables invitaient à s'asseoir mais Harry préféra attendre debout.

Il était certain que le professeur allait le virer sur le champ de son stage. Si c'était le prix à payer, Harry en était satisfait. Quand il raconterait ça à Ron… L'enthousiasme se mêla à la culpabilité. Harry frotta l'arrière de son crâne, une bosse commençait à voir le jour. La colère se réveilla à nouveau en lui, repensant aux paroles de Malefoy mais le directeur de Serpentard réapparu, suivi du blond qui sortit sans demander son reste. Harry tenta tant bien que mal de maintenir le regard du professeur qui le dévisageait avec fureur. Il déglutit avec difficulté, attendant que le couperet tombe. Si le système de points était encore présent, nul doute que le professeur en aurait retiré une bonne cinquantaine.

- Qu'est-ce qui vous a pris ? demanda avec empressement et colère le professeur de potions.

- C'est de sa faute ! Il m'a provoqué, se défendit Harry avec agressivité.

- Pourtant c'est vous que j'ai dû dégager de Mr. Malefoy ! répliqua le professeur en s'approchant dangereusement d'Harry qui recula d'un pas par prudence. Êtes-vous incapable de vous contenir ?

- Si mais…

- Silence ! Vous n'avez aucune excuse pour avoir réagi de la sorte, aboya le professeur. Rien ne justifie ce genre de comportement. Le monde ne sera pas toujours à vos pieds pour vous pardonner.

Harry referma la bouche immédiatement et secoua la tête en signe de défaite. Que pouvait-il dire face à Rogue ? Jamais il ne le croirait, surtout s'il s'agissait de Malefoy. Harry se passa la main sur le visage, attendant que le professeur décide ce qu'il allait faire de lui.

- Vous continuerez votre devoir, je ne veux plus vous entendre jusqu'à la fin de la journée. Vous nettoierez également les dégâts que vous avez provoqué. Il serait temps de grandir Mr Potter, vous avez passé l'âge de faire de la magie accidentelle. Vous présenterez vos excuses à Mr. Malefoy ainsi qu'à la classe. N'oubliez pas, reprit le professeur d'une voix plus forte voyant que Harry s'apprêtait à protester, que vous êtes ici par la force des choses. Vous ne gâcherez pas ce stage par vos petits caprices. Cela marche avec le professeur Dumbledore mais pas avec moi.

- C'est Malefoy qui me provoque, c'est injuste ! argua-t-il à nouveau furieux. Dîtes-lui de me ficher la paix. Moi non plus je ne voulais pas être là ! s'emporta-t-il d'une voix forte.

- Oh mais ne vous inquiétez pas Mr Potter, vous allez réussir à vous faire oublier, répliqua le professeur de sa voix douceureuse. Si c'est cela pour que nous ayons la paix, j'en oublierai jusqu'à votre nom.

Rogue lui tourna le dos dans un mouvement ample, ses robes virevoltant autour de lui, signe que la discussion était terminée.

oOo

Potter était une terreur ambulante, à l'image de son père. Lorsque Drago avait quitté la table, le professeur s'était douté que quelque chose de fâcheux allait se produire. A peine arrivé dans le couloir, il avait entendu des bruits de verre brisé et il avait accéléré le pas rapidement. La rivalité entre les deux élèves était bien connue et il ne voulait pas avoir à expliquer à Malfoy sénior que son fils avait été abimé par le Survivant. Son sang n'avait fait qu'un tour lorsqu'il avait vu Potter sur le blond, le nez en sang et se débattant pour échapper au nouveau coup que s'apprêtait à asséner le Gryffondor. D'un geste de baguette brusque, il avait envoyé valser l'enfant à l'autre bout de la pièce. Son comportement devait être remis sur le droit chemin et il maudit à cet instant Dumbledore qui avait rendu ce gamin totalement hors de contrôle.

Quelques minutes plus tard, après avoir soigné Drago Malfoy et passé une soufflante à Potter, le maître des potions retrouva presque son entière sérénité lorsqu'il passa au cas pratique. Ses quatre élèves écoutaient attentivement ses instructions à son plus grand plaisir. Potter était au fond de la salle, travaillant sur son devoir, l'air renfrogné après avoir nettoyé ses bêtises. Severus remarqua tout de même que le Gryffondor levait régulièrement les yeux vers lui, jetant des coups d'œil de temps à autre au reste du groupe.

- Est-ce que quelqu'un hormis Miss Puffett qui a déjà vu cela avec moi cette année, peut supposer ce qu'il y a dans ce philtre de paix ? demanda-t-il à sa mini-assemblée.

Sans surprise, Turpin leva la main immédiatement. Ce gamin avait un don pour deviner les ingrédients d'une potion.

- Pour sûr, il y a du sirop d'ellébore ainsi que de la poudre rose et bleue, déclara-t-il une fois la parole accordée.

- Très bien, quoi d'autre ?

- Je pense qu'on pourrait y trouver de la pierre de lune ou de Venus, déclara d'une voix incertaine Court.

- Miss Puffett ? Pouvez-vous éclairer vos camarades ?

- C'est de la pierre de lune mais en poudre, précisa son élève.

- Il reste encore deux ingrédients, dit Rogue d'une voix mystérieuse.

Son regard balaya celui de ses élèves qui cherchaient une réponse. Drago Malefoy était bien trop jeune pour connaître toutes les propriétés de la potion mais il avait bon espoir en ses futurs élèves de cinquième année. Ils mirent plusieurs minutes avant de trouver le liquide brun et la mandragore mais ses élèves rayonnaient d'avoir été aussi bien challengés. C'était pour ce genre de moment qu'il appréciait être professeur. Bien malheureusement, ce genre d'évènement étaient plutôt rares.

- C'est une potion qui est régulièrement demandée lors de l'examen des BUSE. A votre avis Mr Malefoy, à quoi peut servir ce philtre de paix ?

- A apporter la paix ? demanda le garçon dans une moue contrite sous les sourires indulgents de ses camarades.

- C'est cela Mr Malefoy. La potion permet de calmer l'anxiété et l'agitation. Il peut vous aider à dormir ou calmer une attaque de panique.

A cet instant, il entendit Potter faire tomber un livre et, lui ayant promis de l'oublier, le professeur leva les yeux au ciel avant de reprendre son explication.

- Mal préparée, cette potion peut provoquer de fâcheux incidents comme endormir celui qui la boit pour une durée indéterminée. Je vous fais cependant suffisamment confiance pour m'aider à préparer des réserves qui serviront pour l'année en cours. Ne me décevez pas. Mr Malefoy, veuillez vous mettre avec Miss Puffett, elle vous donnera les indications à suivre.

Les élèves s'agitèrent et le professeur sentit un regard sur lui. Il jeta un coup d'œil à Potter qui le fixait avec intérêt mais se remit au travail lorsqu'il s'aperçut qu'il était pris sur le fait à lambiner.

Lorsque la journée toucha à sa fin, Severus Rogue fut ravi de voir que ses élèves avaient été excellents dans leur domaine. Sans hésitation, Miss Puffett ferait un jour un excellent professeure de potions. Elle avait guidé Mr. Malefoy avec beaucoup de pédagogie et avait su s'adapter à son niveau. Narcissa Malefoy serait ravie de savoir que son fils avait réussi à créer un philtre de paix ou tout du moins qu'il avait grandement participé à sa création. La mère du garçon lui avait écrit une longue lettre le suppliant de prendre son fils. Il ne pouvait refuser, les affaires étant ce qu'elles étaient…

Il nettoyait les derniers plans de travail d'un coup de baguette lorsqu'il vit que le Survivant discutait avec la Serpentard qui rangeait ses affaires. Fronçant les sourcils, le professeur de potions s'approcha du duo qui traînait encore. Lorsqu'il aperçut le maître des potions, le garçon se redressa et recula de quelques pas avant de partir.

- Tout va bien Miss Puffett ? s'enquit le professeur de potions.

- Oui tout va bien, Potter me posait des questions par rapport au philtre de paix, répondit la jeune fille en haussant les épaules.

- Il ne vous embêtait pas au moins ?

Severus connaissait les techniques de harcèlement basique, le père du gamin était un expert en la matière. Combien de fois était-il venu à la fin du cours pour le menacer ou l'insulter à l'abri des oreilles des professeurs ? La jeune fille mit son sac sur son épaule et le regarda d'un air ennuyé.

- Non, il voulait savoir si le philtre de paix pouvait s'acheter directement chez l'apothicaire. Je lui ai répondu qu'on ne pouvait pas avoir cette potion autrement que sur ordonnance, surtout lorsqu'on était mineur. C'est correct n'est-ce pas ?

- Vous avez bien répondu, répondit le professeur. La prochaine fois, dites-le moi lorsqu'il vous embête.

La jeune fille secoua la tête.

- Il ne m'embêtait pas, s'empressa-t-elle de répondre. Il est gentil ce petit.

Le professeur observa la jeune fille partir, ravalant une remarque sur sa naïveté. Pas étonnant que la moitié de sa famille ait été envoyée à Poufsouffle. Elle gardait les traces de cette éducation que les gens appelaient bienveillance quand le professeur traduisait cela par de la crédulité. La jeune fille était la seule à avoir été envoyée à Serpentard au sein de la famille. Il se souvenait encore de la fillette qu'elle était en première année, effrayée par la réaction des siens mais bien évidemment, en bon Poufsouffle, ces derniers avaient pris la chose avec philosophie.

Ses pensées dérivèrent vers Potter. Il était grand temps de discuter avec Dumbledore.

oOo

Il fallait trouver une solution pour échapper à ce stage. Harry ne pourrait pas rester une journée de plus là-bas avec un Rogue qui écoutait uniquement les revendications de Malefoy. Le traitement de faveur que pouvait avoir le garçon était presque autant révoltant que celui qu'avait Dudley avec sa tante Pétunia.

Grimpant les marches à toute vitesse sous les cris des tableaux offensés par son chahut, il se décida d'écrire à Ron. Il devait absolument lui raconter son horrible journée. Harry persistait à croire que Rogue avait une idée derrière la tête avec ce stage. Pourtant, la fille n'avait rien d'une mage noire en herbe et elle lui avait même répondu gentiment quand il lui avait demandé des informations sur le philtre de paix. Il était étrange que Rogue fasse travailler ses élèves sur cette potion. Rogue et paix n'étaient pas vraiment des éléments qu'Harry associaient ensemble.

Harry prit un morceau de parchemin, une plume et son encre et s'installa en face de la cheminée qui était éteinte par cette belle journée de juillet. Il commença son courrier à l'adresse de Ron car il savait que son meilleur ami saurait le comprendre plus que quiconque. Surtout, Ron allait le croire. Harry entreprit d'expliquer qu'il voyait dans ce stage une mission de la part de Dumbledore ou tout du moins, une façon de devoir garder à l'œil le professeur de potions. L'homme n'avait pris que des Serpentard dont au moins l'un d'entre eux avait un père partisan de Voldemort par le passé.

De plus, il était inconcevable que Rogue prenne Malefoy et pas Hermione qui était de loin la meilleure élève. Tout indiquait qu'il y avait quelque chose d'étrange. Relisant son courrier, Harry pensa à nouveau à ce philtre de paix que les élèves avaient préparé durant la journée. Il aurait tant aimé en obtenir pour s'endormir tranquillement le soir. L'idée de piquer une fiole émergea dans son esprit mais il la balaya. Même avec la cape d'invisibilité, Rogue s'en serait vite rendu compte.

Dans soupir Harry cacheta son courrier et entreprit d'écrire le second pour sa meilleure amie de façon beaucoup plus sommaire et omettant délibérément sa bagarre avec Malefoy.

Il avait eu assez de remontrances pour la journée.

oOo

- Je vous répète que je ne peux pas faire autrement Severus, répondit pour la troisième fois le professeur Dumbledore d'une voix calme. Il est préférable que Harry participe à votre stage plutôt qu'il reste seul à errer dans le château alors que certains de ses camarades sont là.

- Mais puisque je vous dis qu'il est intenable et empêche le bon déroulement de mon stage, grinça le maître des potions.

Voilà presque vingt minutes que Severus Rogue tentait de convaincre le directeur d'interdire à Potter l'accès au stage. Il ne voulait pas de ce gamin dans ses pattes. La preuve en avait été faite durant l'après-midi, Potter ne savait pas se contenir.

- Allons allons Severus, répondit le Directeur en poussant la boîte de suçacides vers Severus pour l'inviter à piquer dedans, vous n'allez quand même pas me faire croire que vous ne savez plus maîtriser une classe.

- Je sais maîtriser une classe, répliqua-t-il piqué au vif, simplement Potter me retarde.

- Ah il me semble pourtant que vous avez été tout à fait capable de fournir Pompom en philtre de paix, répondit le directeur en poussant encore un peu plus la boîte de bonbons, goûtez-en Severus.

- Non merci, répondit-il avec une lenteur excessive.

- Savez-vous que ces bonbons ont la particularité d'être acides au départ puis révèlent ensuite une douceur d'une saveur exceptionnelle ? C'est parce qu'il y a deux couches de…

- Pardonnez moi professeur mais avez-vous récemment acheté des parts de marchés chez Honeydukes ou avez-vous définitivement trop abusé de sucre ?

Le directeur ne s'offusqua pas de la remarque et se mit à rire doucement. Puis, il se leva et caressa son phénix qui dormait tranquillement dans sa cage. Lorsque les doigts du vieil homme caressèrent le sommet du crâne de l'animal, un doux chant résonna dans la pièce. Malgré lui, Severus Rogue se détendit et observa silencieusement la scène.

- Je voulais juste vous faire comprendre qu'il y a des choses qui vont au-delà des apparences et de la première impression, reprit doucement Dumbledore.

- Vous m'avez habitué à plus de raffinement, répondit stoïquement le maître des potions.

Le vieil homme s'amusa de la réplique et Severus soupira, comprenant que sa demande n'aboutirait pas.

- Et pour sa bagarre de cet après-midi ? Comptez-vous laisser faire une fois de plus ? demanda Severus en se levant, près à quitter le bureau.

- Je vous laisse régler cela, déclara Dumbledore après un moment de réflexion.

N'ayant plus rien à faire dans ce bureau, le professeur de potions prit congé.

oOo

C'est d'une humeur massacrante qu'Harry se pointa dans les cachots à la dernière minute le lendemain. La nuit avait été trop courte, réveillé par un cauchemar où Quirrell s'échappait avec la pierre philosophale, Harry n'avait réussi à s'endormir qu'au petit matin. Résultat, il s'était réveillé dans un sursaut, définitivement et officiellement en retard pour ce stage stupide et avait sauté dans ses vêtements avant de descendre en trombe dans l'antre des serpents.

Il ne cacha pas son air maussade lorsqu'il vit Malefoy discutant joyeusement avec ses camarades. Bien évidemment, première année ou non, le prince des Serpentard savait obtenir une cour attentive. La jeune fille le regardait d'un air attendri et les deux garçons écoutaient avec respect ce que le blond avait à leur rapporter.

Les yeux dans le vague, Harry resta à bonne distance des autres et lorsque Rogue ouvrit la porte en grand, le Gryffondor ne perdit pas une minute pour aller s'installer. Plus vite la journée passerait, plus vite il serait avec Hagrid pour prendre un thé et observer les pousses de tomates qu'il avait lui-même planté.

Sans attendre que Rogue ne lui saute à la gorge pour lui reprocher quoi que ce soit, Harry se remit à son travail de la veille, ouvrant son livre avec irritation. Il voulait dormir et devoir se lever en pleines vacances pour se retrouver enfermé avec des Serpentard et la chauve-souris des cachots faisait pulser en Harry une colère sourde pointée de questionnements. Aurait-il dû retourner à Privet Drive ? Était-ce pire de travailler son devoir de potions ou de devoir récurer la salle de bain des Dursley à la brosse à dents ? Être privé de repas à la moindre saute d'humeur d'Oncle Vernon équivaut-il à un Malefoy qui paradait sous son nez ? Après de longues minutes d'interrogations, le devoir de Harry n'avait pas avancé d'un iota.

- Je vous parle ! répéta le professeur agacé qui fit sortir Harry de ses pensées dans un sursaut.

- Je suis sur mon devoir, se défendit immédiatement le Gryffondor.

- Êtes-vous sourd ou avez-vous des problèmes de compréhension ?

- Je… de… quoi ? balbutia Harry qui se sentit parfaitement idiot.

Le professeur marmonna pour lui-même, frotta son front comme pour se donner du courage puis planta ses orbes noirs dans les yeux de Harry. Plus loin, Malefoy ricanait sous cape tandis que les autres élèves ne semblaient pas se préoccuper de la petite scène qui se déroulait entre le professeur et lui.

- Je vous disais, expliqua-t-il lentement comme s'il s'adressait à un enfant de quatre ans, que suite à votre comportement d'hier, le professeur Dumbledore m'a chargé de votre punition.

Le cœur d'Harry tomba comme une pierre dans son estomac et il sentit ses jambes se ramollir. Le Gryffondor déglutit. Il accusa à peine le coup mais il aurait préféré un aller-retour chez le directeur plutôt que d'être puni par le professeur de potions. Qu'allait-il lui faire faire ? Goûter les potions qu'ils allaient préparer ?

- Vous viendrez nettoyer les bocaux et chaudrons la semaine prochaine, dit le professeur coupant net aux spéculations de Harry, et puis je veux que vous présentiez vos excuses à la classe ainsi qu'à Drago Malefoy pour votre comportement impétueux. Cela, je n'aurais même pas eu à vous le dire si vous étiez autre chose qu'un gamin pourri gâté et mal élevé.

Harry en serait presque tombé de sa chaise. C'était tout bonnement humiliant et il n'avait pas à présenter ses excuses. Malefoy l'avait poussé à bout ! Le professeur attendait, les bras croisés sur son torse, un sourcil arqué. Le silence régnait dans la pièce. Harry savait qu'il n'y échapperait pas. Il était impossible de lire dans les pensées du maître des potions mais Harry devinait la menace sous-jacente… Plus il faisait perdre de temps à la classe, plus il allait le payer lors de sa punition. Harry serra les dents. Après tout, il avait vécu pire. Il se leva et balaya d'un regard le groupe qui le fixait sans s'attarder sur l'air narquois de Malefoy. Les joues chauffant devant la honte qui l'assaillait, il s'éclaircit la gorge. Son regard attrapa celui de Puffett qui semblait être la moins hostile.

- Je vous présente mes excuses pour hier, et plus particulièrement à toi Malefoy. Je n'aurais pas dû te frapper, ajouta-t-il en direction du Serpentard sans pour autant quitter Puffett du regard.

Il crut presque voir un sourire encourageant sur le visage de la blonde. Mais il était si furtif qu'Harry ne savait pas s'il l'avait imaginé. Le cœur battant, il regarda son professeur de potions qui affichait un air impénétrable. Puis, l'homme se retourna et s'afféra à ses conseils auprès de Puffett comme si de rien n'était. Harry s'installa doucement sur son tabouret, sentant le regard brûlant de Malefoy sur sa nuque.

La matinée se déroula sans encombre et Harry accueillit l'après-midi avec un espoir nouveau que tout se déroule rapidement pour enfin rejoindre Hagrid.

Le professeur l'ignora et cela convint parfaitement à Harry jusqu'à ce qu'il ait terminé son devoir. A cet instant, les élèves travaillaient tous sur différentes potions. Harry, n'ayant rien à faire d'autre, analysa les gestes de la sixième année. La fluidité des mouvement de la jeune fille hypnotisait tellement Harry qu'il en oublia presque de chercher à comprendre sur quelle potion elle travaillait.

- Tu veux venir voir ? demanda-t-elle finalement d'une voix qui ne perçait rien d'autre que du calme.

Méfiant, Harry l'observa quelques instants. La jeune fille lui adressa un clin d'œil rapide. Dire que Harry était déstabilisé était un euphémisme. Depuis quand les Serpentard étaient sympathiques ? Est-ce qu'il y avait anguille sous roche ? Peut-être que Malefoy avait dit des choses horribles sur lui et Puffett allait le piéger. Après tout, elle entrait en sixième année.

- Je ne vais pas te manger, dit-elle finalement comme si elle avait lu dans la tête du Gryffondor. Je m'en fiche de toutes vos histoires de premières années. Tu viens m'aider alors ? J'ai besoin de quelqu'un pour les araignées.

D'une autorité douce, Harry ne put qu'obéir et se leva lentement. Il jeta un coup d'œil au professeur de potions qui releva la tête de son chaudron. Harry vit distinctement l'échange silencieux qu'opéra Puffett et le professeur puis ce dernier retourna à son travail sans dire un mot. Harry prit cela pour un accord tacite et se déplaça jusqu'à la jeune fille. La potion frémissait, dégageant des vapeurs bleues. Sur la paillasse de la jeune fille, il y avait un tas d'ingrédients et tout était extrêmement bien organisé. Harry se figura Hermione qui aurait déjà pris tout un tas de notes. N'osant trop s'approcher, Harry resta à bonne distance.

- C'est une solution de force, expliqua-t-elle en ajoutant de la poudre brune qui fit siffler le liquide fumant. Je dois la préparer sur plusieurs jours.

Harry resta silencieux, analysant ce que lui disait la jeune fille. Il ne savait pas s'il devait lui faire confiance mais elle ne s'offusqua pas de son mutisme. Harry fit un pas de plus vers la paillasse et le sourire encourageant que lui adressa la jeune fille l'incita à regarder l'intérieur du chaudron puis le livre qui indiquait la recette de la solution.

- Est-ce que tu crois que tu pourrais m'aider ?

Harry haussa les épaules. En toute honnêteté, il le savait, son niveau était assez pitoyable et il ne voulait pas risquer de saboter le travail de Puffett.

- Moi je pense que tu es tout à fait capable de piler les pattes d'araignées juste à ta droite, ajouta-t-elle d'un geste du menton.

Harry observa autour de lui, Rogue ne lui avait toujours rien dit. Il jeta un coup d'œil à la sixième année qui inclina la tête. N'ayant rien de mieux à faire, Harry prit son pilon, attrapa les araignées séchées et commença silencieusement sa besogne.

Après tout, peut-être que le temps passerait plus vite.

 

Partie 1 - Chapitre 4 by Isabelle Pearl

Chapitre 4

 

Harry,

Je comprends que tout ceci soit embêtant pour toi mais sache qu'une semaine passe vite. Et je t'en supplie, sors toi cette histoire de la tête. Je ne pense pas que Rogue fasse quoique ce soit d'illégal avec des élèves sous le nez de Dumbledore. D'ailleurs, si le directeur avait des doutes, il ne t'aurait pas confié cette mission. Tu es beaucoup trop jeune… Et puis je te rappelle qu'on s'est totalement trompés cette année au sujet du professeur. Il a tenté de te sauver au match de Quidditch, rappelle-toi. Il a aussi protégé la pierre. Et j'ai réfléchi à tout cela, les apparences peuvent être trompeuses.

Je pense que tu devrais te concentrer sur ce que tu pourras apprendre avec le professeur et aussi sur tes camarades de fortunes. D'accord, Malefoy est vraiment qu'un idiot doublé d'un prétentieux mais je suis certaine que tu pourras en apprendre beaucoup avec les autres personnes. Ils sont plus vieux et je suis certaine que tous les Serpentard ne sont pas des personnes assoiffés de sang et de magie noire.

Quand tu m'as dit qu'il y avait une fille nommée Puffett, le nom m'a interpelé. Et bien sache qu'un de ses ancêtres est connu pour avoir créé l'éponge auto-nettoyante ! Et tu sais d'où venait cette personne ? De Poufsouffle ! Toute sa famille y a été d'ailleurs…

Ce que je veux dire par là Harry, c'est que tu ne dois pas être fermé d'esprit et saisir l'opportunité qui se présente à toi.

Je suis certaine qu'on pourra se voir très vite. Je t'ai pris des souvenirs de mon séjour en France, j'ai hâte de te les donner.

Amicalement,

Hermione

Harry relut le courrier de sa meilleure amie trois fois avant de le balancer négligemment sur son lit. Bien sûr, il était heureux d'avoir des nouvelles d'Hermione mais il aurait préféré qu'elle le soutienne dans son soupçon quant au professeur Rogue et ses plans machiavéliques. La sensation de malaise mêlée à de la solitude s'accentua quand Harry se rendit compte qu'il ne pouvait complètement réfuter les arguments d'Hermione. Après tout, il n'avait aucune preuve… Peut-être qu'il devenait juste fou.

Sur ces pensées pour le moins moroses, Harry se leva. Il était encore tôt, les rayons orangés du soleil perçaient à peine le ciel. Un temps magnifique pour voler mais à la place, il devait se rendre aux cachots. Il ne restait plus que quatre jours avant la fin de ce stupide stage, les élèves s'en allant le dimanche matin. Après cela, il serait libre de faire ce qu'il voulait - si on omettait qu'une punition l'attendait la semaine suivante. Bien que la fatigue lui piqua les yeux, Harry ne chercha cependant pas à s'endormir, ne voulant pas réitérer le réveil en urgence de la veille.

Au petit déjeuner, seul Dumbledore était présent. Il agita sa main d'un air enchanté en apercevant Harry. A son aise, Harry répondit par un grand sourire. Il n'avait eu guère de temps avec le professeur.

- Tu es bien matinal Harry, ça change d'hier où tu n'es pas venu, déclara le professeur de sa voix douce et espiègle. Un peu de jus de citrouille ?

- Merci, répondit Harry en tendant son verre.

- Alors, comment se passent ces leçons ? Le professeur Rogue m'a informé que tu avais travaillé avec Miss Puffett hier sur une solution de force.

Harry réprima de justesse un haussement d'épaule. Il n'avait pas fait grand-chose, Puffett avait fait l'essentiel du travail quand il s'était contenté d'écouter docilement les ordres de la Serpentard. Ce qui était étonnant en revanche, c'est que Rogue fasse un état des lieux au professeur Dumbledore. Le directeur croqua dans son toast, attendant visiblement qu'Harry réponde, l'œil amusé.

- C'est Puffett qui a tout fait, elle est.. pédagogue, dit finalement Harry avant de boire un coup.

- Oh oh, s'égaya le professeur. J'ai toujours su que cette jeune fille fera une relève excellente pour le professeur Rogue.

Harry grimaça, n'importe qui ferait une excellente relève en tant que professeur des potions à la place de Rogue. Même Neville.

- Alors, reprit le directeur, je suppose que ce stage va te servir à toi aussi.

- Je ne suis pas sûr, répondit honnêtement Harry. Je suis nul pour les potions. Mon truc à moi c'est la Défense et le Quidditch. Comme mon père, ajouta Harry plein de fierté.

Le directeur inclina la tête dans un sourire et le repas continua dans un silence agréable pendant plusieurs minutes. Puis Dumbledore reprit la parole. Ce qui suivit, Harry en tomba presque de sa chaise.

- Ta mère était douée en potions.

- Ma… mère ? demanda Harry pris au dépourvu.

On ne lui parlait que rarement des compétences de sa mère. Il savait qu'elle s'était sacrifiée pour lui, qu'elle avait bon cœur et qu'ils avaient les mêmes yeux. Du reste, ce qu'elle appréciait, si elle faisait partie d'un club à Poudlard et ce qu'elle aimait comme matières, personne ne lui avait jamais rien dit là-dessus. Cette partie-là était souvent réservée aux prouesses de son père.

- Ta mère était excellente en potions, affirma le directeur. Cela était même le ciment de l'amitié entre Severus Rogue et Lily Evans. Harry ?

Mais Harry était pris dans une quinte de toux. Il n'en croyait tout simplement pas ses oreilles. Il tenta de boire un coup mais sa quinte ne fit qu'augmenter, des larmes de douleurs perlant au coin de ses yeux ébahis.

Le professeur fit un geste sec de sa baguette et une goulée d'air entra dans la gorge d'Harry dont les mains s'accrochaient fermement à la table. Il avait la nette impression que le sol s'effondrait sous ses pieds et qu'il allait sombrer à la minute où il allait se lever. Si sa toux avait disparu, Harry n'arrivait toujours pas à contrôler sa respiration et les battements erratiques de son cœur. Il voulait demander au professeur de répéter afin d'être certain de ne pas halluciner mais il savait déjà que cela était inutile. Rogue et sa mère… Amis ? Mais alors pourquoi le professeur le détestait autant ? Harry balaya cette question aussi vite qu'elle était apparue. Tante Pétunia le détestait bien.

Tentant de se remettre de cette nouvelle - bon sang était-ce une blague de mauvais goût du directeur ? - Harry releva la tête et comprit avec stupeur que Dumbledore était on ne peut plus sérieux.

- Certains sont tombés du lit, résonna une voix derrière Harry.

Ok, s'il faut se réveiller, c'est maintenant, se dit Harry. Le Gryffondor ferma les yeux avec force et les ouvrit à nouveau mais rien n'avait changé. Manifestement, le directeur ne s'inquiéta pas de son état et entama une discussion joyeuse avec le professeur de potions. Professeur que Harry ne pouvait décemment pas regarder en face. Harry riva son regard sur son porridge bien que son estomac fut beaucoup trop noué pour avaler quoique ce soit.

Dans le brouillard de ses pensées désordonnées, Harry attendit simplement que le temps passe tandis que les mots du directeur tournaient en boucle dans sa tête. Sa mère était amie avec Rogue. Sa mère était douée en potions. Il n'y comprenait plus rien et en même temps, au fur et à mesure qu'Harry reprenait contenance, la curiosité s'insinua lentement en lui.

Harry leva les yeux d'une lenteur maladive vers Severus Rogue qui discutait doucement avec le directeur. Harry n'avait même pas vu que la directrice de Gryffondor ainsi que Puffett et Turpin étaient arrivés. Le Gryffondor observa cet homme au regard impénétrable et à la posture droite. Comment sa mère avait pu être amie avec cet homme ? Avait-il déjà été jeune ?! C'était une réflexion idiote mais Harry avait beaucoup de mal à imaginer Rogue jeune, rigolant - parce que jamais personne n'aurait été ami avec sa mère s'il n'était pas capable de rire, Harry le savait au plus profond de lui - et passant des heures avec elle comme lui pouvait le faire avec Hermione.

Puis, il se rappela à quel point le professeur n'hésitait pas à faire des réflexions concernant son père mais il n'avait jamais parlé de sa mère.

Le maître des potions sembla sentir le poids du regard d'Harry sur lui puisqu'il tourna la tête vers le Gryffondor. Rogue lui adressa son habituel regard noir et pour la première fois, Harry ressentit quelque chose au creux de son estomac. Se mordant la lèvre inférieure, il se leva d'un bond et courut jusqu'à la tour de Gryffondor sans s'arrêter une seule fois.

Il devait écrire à ses amis.

oOo

Severus Rogue se demandait depuis le début du mois quel était le plan exact de Dumbledore lorsqu'il avait accepté qu'Harry Potter reste à Poudlard. Bien sûr, si on mettait de côté la protection de Pétunia, Poudlard était de loin le lieux le plus sûr pour garder le Survivant. D'autant plus si Dumbledore, Minerva et lui-même étaient sur place.

Cependant, le maître des potions savait que quelque chose d'autre se tramait. Mais en observant le gamin cette matinée là, alors qu'il avait le regard dans le vague et qu'il se frottait régulièrement les yeux, Severus Rogue se demanda si l'objectif de Dumbledore n'était pas que le gamin craque et décide de lui-même de retourner chez son oncle et sa tante. Peut-être que dans toute cette machination de protection, cela avait un sens. Puis quoi de mieux que de mettre l'enfant une semaine dans un stage de potions afin qu'il demande à retourner dans les jupons de sa tante ? Feignant comme était ce gamin, nul doute qu'il allait craquer.

Cela aurait été une aubaine pour Severus mais une petite voix dans sa tête lui susurra de se méfier. Par ailleurs, c'était sans compter le caractère du Gryffondor. S'il avait hérité des yeux de Lily, il semblait aussi avoir pris de sa détermination. Une qualité que Salazar Serpentard prônait. Mais quand la détermination était mêlée à un caractère Gryffondorien, cela pouvait très vite tourner à la catastrophe. Rien n'était jamais certain avec les félins. Il suffisait de voir à quel point Potter avait été imprévisible tout au long de l'année scolaire.

Severus Rogue barra l'intégralité du paragraphe de la copie de Potter en grimaçant. Combien de fois avait-il répété que le bézoard était une petite pierre marron racornie, ressemblant à un rognon desséché ? Potter se contentait juste de dire que c'était une pierre. Pourquoi cette médiocrité constante ? Il jeta un regard agacé à l'enfant qui était plongé dans le devoir qu'il lui avait donné sans un mot, se tenant à sa promesse d'oublier l'enfant qui avait réclamé qu'on le laisse tranquille.

Bien évidemment, comme tous les mômes de cet âge, il ne lui avait pas fallu plus d'une journée pour chercher de la compagnie. Son regard dériva vers Puffett. La jeune fille était cachée derrière une pile immense de bouquins. Si tous les élèves pouvaient être comme elle, la vie de Severus Rogue aurait été un rêve. Puffett parlait lorsqu'on le lui demandait, comprenait tout du premier coup, posait des questions pertinentes et ne levait pas la main comme une insupportable miss-je-sais-tout.

Après avoir parcouru le parchemin du garçon et annoté ses dernières remarques, le professeur se leva prestement et se positionna devant le Survivant qui avait posé sa plume. Ses yeux verts brillaient mais pour la première fois, Rogue ne sut identifier ce qu'il y avait dans le regard de l'enfant. Il n'y avait ni dégoût, ni crainte, ni haine. C'était autre chose comme de la curiosité et peut-être… de l'espoir ? Il allait être servi dans ce cas le Survivant.

- Votre devoir, dit-il en posant la copie. Pitoyable. Si vous souhaitez être l'assistant de Puffett cet après-midi, vous avez intérêt à me rendre un devoir bien meilleur. Les réponses ne s'inventent pas. Vous les avez dans vos cours ainsi que dans la bibliothèque mise à disposition et dans laquelle vous n'avez pas mis les pieds. Encore une fois, prenez exemple sur Mr. Malefoy.

C'était une chose que le professeur avait remarqué : la concurrence qui se jouait entre les deux garçons. Il avait très vite remarqué que lorsque l'un faisait quelque chose, l'autre voulait mieux faire. Peut-être plus pour Malefoy. Severus Rogue comptait bien jouer de cette concurrence pour motiver et nourrir son serpent à se dépasser et grappiller des points pour sa maison. Un éclair de colère passa sur le visage du Gryffondor et Severus s'attendait à ce que le gamin explose comme à son habitude. Mais à son grand étonnement, il resta calme. Il se saisit de son devoir en hochant la tête et se plongea immédiatement dedans sans un mot.

Severus Rogue en resta interdit l'espace de quelques secondes. Reprenant rapidement contenance, le professeur se retourna et alla aider Malefoy sur le devoir supplémentaire qu'il lui avait donné, lui expliquant comment mieux développer ses réponses.

Au bout de plusieurs minutes, il entendit le Gryffondor se lever et se diriger vers les étagères de la bibliothèque. Le maître des potions ignorait quelle mouche avait piqué le gamin mais il se contenta de son obéissance tout en restant sur ses gardes.

A midi, il dut rester dans sa salle de classe pour surveiller son philtre de mort vivante. Alors qu'il croyait tout le monde parti depuis une bonne dizaine de minutes, il entendit une page se tourner et releva la tête immédiatement. Potter avait les yeux rivés sur son bouquin, cherchant apparemment du doigt une information précise.

- Qu'est-ce que vous faites encore ici ! s'exclama Severus Rogue, ce qui provoqua un sursaut immédiat du Survivant qui observa autour de lui.

- Je… Pardon, marmonna l'enfant en fermant et posant les livres sur le coin de son bureau.

- Vos camarades sont partis manger, dépêchez-vous de les rejoindre, je ne fais pas la nounou, lança le professeur espérant que le gamin comprenne le message.

Potter se leva sans demander son reste, prenant par la même occasion son parchemin. Puis il s'approcha du bureau de Rogue et déposa silencieusement sa copie.

- Avez-vous terminé ?

- Hum… Je pensais que vous pouviez voir les premières questions avant de vous rendre la suite.

Severus Rogue releva lentement ses yeux du chaudron. Le culot de ce gamin l'étonnerait toujours…

- C'est ce que vous avez proposé à Malefoy, expliqua le garçon avec précipitation, les yeux écarquillés.

Potter ne savait visiblement plus où se mettre et attendait, les épaules tendues, que le maître des potions lui offre une réponse.

- Il se trouve que Mr. Malefoy travaille sur un devoir supplémentaire, répondit d'une voix lente le professeur. Il se trouve également que j'ai proposé à Mr. Malefoy de faire ce devoir en plusieurs étapes pour que je l'accompagne. Quand vous aurez autant de motivation que lui, on pourra voir cela. Pour le moment, ne me rendez votre parchemin lorsque vous serez vous-même satisfait du rendu.

Potter eut le bon goût de baisser les yeux et de reprendre sa copie. Puis, toujours les yeux rivés au sol, il disparut aussi vite qu'un vif d'or. Il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond chez ce gamin.

oOo

Harry s'arrêta juste devant les portes de la Grande Salle. Il n'y avait que les Serpentard, déjeunant joyeusement. La bouche sèche, Harry passa la main sur son ventre. Depuis ce matin, il n'avait vraiment pas faim. Il pensait à sa mère.

Lorsque le professeur lui avait demandé de revoir son devoir, il n'avait pu s'empêcher d'imaginer sa mère déçue de lui. C'était stupide bien sûr mais personne ne se préoccupait de ses notes et parfois, il se plaisait à imaginer ce que ses parents auraient pensé. Pour sûr, puisque sa mère était si douée en potions, qu'elle aurait été attristée de son résultat.

Dans un autre monde où Voldemort n'existait pas, comme ils avaient été amis, Rogue aurait peut-être échangé avec sa mère. Peut-être que le professeur aurait fait comme pour Malefoy. Peut-être qu'il l'aurait laissé rendre le devoir en plusieurs parties. Harry avait bien vu comment le professeur procédait avec le Serpentard et de manière générale avec les autres élèves de son stage. Il leur montrait comment développer une réponse et où trouver les bonnes informations. Harry avait essayé de suivre les conseils du professeur qu'il entendait de loin. Lorsqu'il repensa au geste qu'il avait eu juste avant de se faire envoyer paître par Rogue, il se mit à rougir de honte et préféra sauter le déjeuner.

Il se dirigea alors vers le lac, il faisait beau, il pourrait profiter de faire quelques ricochets avant de retourner dans les sombres cachots. Quel idiot il faisait ! Croire que Rogue lui réserverait le même traitement sous prétexte que… Sous prétexte que quoi d'ailleurs ? Rogue ignorait que Harry savait pour sa mère et lui. Cela ne changeait rien. S'il ne l'aimait pas avant, pourquoi les choses changeraient-elles ? Harry posa ses affaires à même le sol et attrapa immédiatement un caillou pour le lancer dans le lac.

Et puis d'ailleurs, pourquoi Harry pensait-il que les choses changeraient ? En avait-il envie ? A cette question, il observa le second caillou faire cinq rebonds puis couler à pic. Une relation apaisée avec le professeur était tellement improbable qu'il s'insulta immédiatement d'imaginer ce genre de choses. Mais dans le fond, tout ce qu'il voulait c'était juste d'être en paix. Lorsqu'il avait pénétré pour la première fois dans les cachots lors de son premier cours de potions, il n'avait pas cherché à détester le professeur. C'était l'homme qui avait déversé son fiel et lancé les hostilités.

- Bah alors Potty, on veut maigrir et on ne vient pas manger ?

- Tu sais que tu as l'air bien seul sans tes deux gorilles qui t'accompagnent ? répliqua Harry les yeux toujours rivés sur le lac.

Une des tentacules du calamar se détacha de l'eau pour apporter aux pieds de Harry un des cailloux.

- Tu fais moins le fier toi aussi maintenant que tu es tout seul ici hein, lança Malefoy d'une voix trainante. Harry poussa un soupir d'exaspération et se tourna vers le garçon. En plus, tu as bien du mal à t'en sortir avec ce devoir, ajouta le blond dans un sourire moqueur.

Le cœur de Harry manqua un battement. Les yeux pétillants de malice, Malefoy agitait le parchemin sous le nez de Harry.

- Lâche ça, ordonna Harry d'une voix dangereuse.

Malefoy sembla très amusé et s'approcha un peu plus de Harry, toujours le devoir en main.

- Sinon quoi ? Il n'y a que toi et moi ici Potter et tu sais très bien que Rogue ne fera qu'une bouchée de toi. Surtout, il ne te croira jamais.

Harry serra les mâchoires. Que pouvait-il répondre ? Malefoy tenait avec amusement son devoir et si jamais il laissait une fois de plus la colère l'emporter, il serait bon pour une autre semaine de punition.

- On doit y aller, préféra dire Harry d'une voix forte, tendant la main pour récupérer son devoir. Lâche ça ! cria-t-il à nouveau.

- Ok.

Dans un dernier mouvement, Malefoy lâcha la feuille par terre. Harry vit avec horreur son parchemin tomber dans la boue.

-Plutôt minable pour un attrapeur, ricana Malefoy avant de s'en aller en courant.

Harry hurla une insulte à son encontre avant d'observer les dégâts sur son devoir. Il essaya d'essuyer au maximum son parchemin mais il était bon pour tout recommencer. En plus, il ne voyait plus très bien les remarques certes sarcastiques mais constructives de Rogue.

C'est avec fureur qu'Harry entra dans la salle de classe mais il tenta comme il pût de se calmer immédiatement, voyant que le professeur l'observait sérieusement. Le moindre faux pas aurait pu être fatal. Harry frotta son visage d'une main, tentant de remettre ses idées en place et s'installa à son bureau habituel où ses livres l'attendaient, sortit un nouveau parchemin et recommença à écrire. Pour se motiver, il se figura sa mère à ses côtés. Entrant dans la bulle qu'il avait quitté avant le déjeuner, l'apaisement s'empara de Harry sur-le-champ.

La fin de la journée touchait à sa fin lorsque Harry mit un point final à son devoir. Un sourire satisfait, il boucha précautionneusement son encre et trottina jusqu'au bureau du professeur. Celui-ci était occupé à échanger avec Turpin sur les propriétés de la mandragore dans les différents philtre de paix et autres dérivés. Philtre de paix… Ce que Harry aurait payé pour en avoir rien qu'un peu. Il était tellement fatigué. Harry avait même piqué du nez plusieurs fois sur son parchemin durant la journée.

Rogue remarqua enfin la présence de Harry et s'approcha de son bureau pour saisir le parchemin d'un geste sec. Harry joua avec ses doigts, les tordant dans tous les sens, un par un et attendant un verdict. Il avait vraiment tout donné cette fois-ci.

- Que vous avais-je dit pour la troisième question ? dit finalement Rogue au bout d'interminable secondes.

- Euh… que…, begaya Harry, la chaleur se promenant dans ses oreilles.

- Et bien apportez moi votre précédent devoir ! exigea Rogue.

Harry était mort. Quand il allait voir l'état du parchemin, ancien ou non, il savait très bien que Rogue allait imaginer qu'il avait délibérément abîmé son devoir dans un accès de colère. Harry dansa sur ses pieds, cherchant une issue de secours mais le regard du professeur était tellement oppressant qu'il se hâta pour répondre à la demande. Il rendit le devoir, dépité.

- Hé bien, dit le professeur d'une voix lente en prenant le parchemin du bout des doigts, je vois que vos accès de révolte continuent.

Et voilà, Harry en était sûr. Ses épaules s'affaissèrent, et malgré lui Harry jeta un regard furtif à Malefoy. Le garçon semblait contenir un fou-rire.

- Avez-vous une explication ? demanda Rogue un sourcil arqué.

Cette fois, Harry vit Malefoy se redresser, un brin curieux. Leur regard se croisèrent un court instant. " Tu sais très bien que Rogue ne fera qu'une bouchée de toi. Surtout, il ne te croira jamais."

- Je l'ai malencontreusement fait tomber professeur, inventa Harry les joues rouges avant de se racler la gorge.

- Voilà qui est fâcheux, répondit le professeur de sa voix doucereuse habituelle. Si vous n'êtes pas capable de prendre soin de vos affaires, je vous laisse utiliser votre brillant esprit pour faire exactement ce que je vous avais écrit. Visiblement Potter, vous êtes toujours sûr de votre petite personne.

Harry voulut crier à l'injustice mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge, l'ombre de sa mère planant autour de lui. Il se dit que Lily Potter n'aurait pas voulu que son fils réponde à son ami de façon colérique. Ravalant sa défense, il baissa simplement les yeux et retourna à sa place, comprenant qu'une après-midi pratique le lendemain avec Puffett était totalement exclue.

Harry n'écouta que d'une oreille les compliments que Rogue donnait à ses différents élèves, attendant qu'on le laisse quitter cette salle. Est-ce que Hermione et Ron avaient reçu sa lettre ? Peut-être aurait-il une réponse dans la nuit.

- Bien ! lança le professeur qui chassa les pensées de Harry. Comme vous le savez, il ne reste plus que quelques jours avant la fin de notre stage d'été. Je vais vous proposer un challenge.

L'ensemble de l'assemblée, y compris Harry, fut à l'écoute. Rogue ne sortait jamais des clous lorsqu'il s'agissait des cours.

- Vous aurez un problème ou plus précisément une mise en situation et je veux que vous trouviez la potion adéquate. Approchez, ordonna-t-il.

Harry ne sût réellement s'il devait bouger de son siège mais Puffett lui fit un signe de tête. Il resta cependant tout derrière. Sa petite taille le cachait inévitablement mais il vit suffisamment ce qu'il se passait. Devant Rogue était apparu un coffret d'un bois sombre. Le cœur de Harry se mit à battre la chamade. Et si après tout ce temps, il avait raison ? S'il allait leur montrer une abomination, une arme, un plan pour faire revenir Voldem…

Harry étouffa un cri d'étonnement. Dans la boîte se trouvait un magnifique ensemble de nécessaire de Quidditch. Harry l'avait vu dans Quidditch Magazine. C'était une édition limitée.

- De quoi vous motiver n'est-ce pas ? dit le professeur d'une voix égale même si Harry aurait pu jurer entendre une pointe d'amusement. Je vous dis donc à demain, on commencera dans la matinée. Le gagnant aura le droit à ce coffret.

Harry était abasourdi. Il savait évidemment que même s'il avait le droit de participer, il ne pourrait gagner ce nécessaire. Cependant, l'envie d'essayer s'immisça dans ses veines. En rangeant ses affaires, il ignora Malefoy qui lui rappela à voix basse que jamais il ne pourrait ne serait-ce que songer à avoir cette récompense. Harry répliqua alors que lui avait au moins un balai et un poste dans l'équipe de Quidditch avant de s'échapper de la salle de classe.

Trop de pensées se bousculaient dans la tête de Harry. Il n'avait qu'une envie : avoir la possibilité de vider son esprit - si cela était possible. Quand il ne pensait pas à sa mère et sa passion des potions, il pensait à l'amitié qu'elle avait eu avec Rogue et quand il essayait de sortir cette idée de sa tête, Harry voyait le magnifique nécessaire de Quidditch. Malgré lui, il se voyait avec. La tête que ferait Olivier ! Évidemment, il aurait partagé surtout avec les jumeaux Weasley qui n'avaient pas beaucoup d'argent. Le ventre de Harry émit un grognement. N'ayant rien avalé à part du jus de citrouille et un toast le matin même, il se leva, priant pour qu'au moins le professeur McGonagall soit présente au dîner.

La chance sembla enfin tourner en sa faveur car ce soir-là, ce ne fut pas uniquement McGonagall mais également Hagrid, Dumbledore et un professeur avec des lunettes en cul de bouteille que Harry ne voyait que rarement qui mangeaient avec entrain. Harry se mit le plus loin possible de Malefoy.

- Alors Mr. Potter ? J'ai entendu dire que le professeur Rogue avait prévu un prix ? demanda sa directrice de maison.

Harry avala sa purée, réfléchissant à une réponse appropriée. Il n'était déjà pas certain de pouvoir participer à ce petit challenge improvisé.

- Je ne pense pas pouvoir être le grand gagnant, répondit simplement Harry, lucide.

- Oh enfin, vous avez toutes les possibilités d'y arriver.

Harry ne répondit rien, son estomac se nouant à nouveau. Il se força cependant à manger. Il ne voulait pas décevoir sa directrice de maison, ferait du mieux qu'il pourrait et cela commencerait par convaincre Rogue de le laisser participer. A peine le professeur fut levé et s'échappait par les portes de la Grande Salle qu'Harry fut sur ses jambes pour aller à la poursuite du professeur de potions. Il le suivit quelques mètres derrière lui, préférant garder une bonne distance. Le professeur avait toujours cet air de chauve-souris géante lorsqu'il se déplaçait. Est-ce qu'il portait déjà ses grandes robes quand il était enfant comme lui à Poudlard ? Harry secoua la tête, chassant une vision horrifique d'un mini-Rogue avec de grandes robes noires et accéléra doucement le pas. Il crut perdre de vue le professeur quand une main l'attrapa par le bras.

- Puis-je savoir ce que vous fichez Potter ? demanda la voix dangereusement sèche du professeur.

Comment était-il apparu ? se demanda Harry. Il observa l'homme qui le regardait d'un œil noir, la main toujours agrippée fermement à son bras. Ferait-il du mal au fils de son amie ? Même s'il le détestait ? Non c'était impossible. Et Harry décida de faire confiance à son instinct et se détendit doucement, une pression s'échappant de ses épaules.

- Je voulais simplement vous demander si j'avais le droit de participer au challenge demain ? demanda Harry d'une voix précipitée de peur d'abandonner sa demande en cours de route.

- Participer au challenge ? demanda le professeur dans un ricanement moqueur et en lâchant le bras du Gryffondor qui se massa par réflexe. En quoi devrais-je vous laisser participer ?

- Parce que... , Harry chercha ses mots à toute vitesse, parce que ça donne plus de concurrence ?

- Votre niveau en potions est lamentable, vous n'êtes nullement une concurrence pour les autres. Prétentieux, ajouta-t-il pour lui-même.

- Mais.. Le professeur McGonagall m'a demandé de participer ! Et puis… Et puis…

- Parlez Potter ! s'impatienta le professeur.

- Je veux apprendre et je veux comprendre ! lâcha finalement Harry sous le regard franchement étonné de Rogue. Ma mère aimait les potions, c'est le professeur Dumbledore qui me l'a dit ! Je veux être comme elle. Mais vous le saviez non ? Vous êtiez am…

- Taisez-vous, coupa le professeur d'une voix qui ne laissait place qu'au silence.

Harry observa le maître des potions, pâle comme un linge. La colère dans les yeux de Rogue était telle que Harry crut qu'il allait le trucider sur place et vit sa mort arriver. Étrangement, il était à peine effrayé à cette perspective. Peut-être savait-il que les choses allaient se terminer de cette façon un jour. Mais d'un coup d'un seul, le professeur avait disparu.

Harry expira, se rendant subitement compte qu'il avait retenu sa respiration pendant tout ce temps.

 

Partie 1 - Chapitre 5 by Isabelle Pearl

Chapitre 5

Severus Rogue avait toujours eu un talent particulier pour soigner ses entrées.

Il savait que son nez beaucoup trop grand et ses cheveux désespérément gras étaient loin d'être des atouts mais Rogue avait appris avec le temps que tout était dans l'apparence. Un regard, une réplique, un geste. L'apparence et la prestance. De la prestance, Lily en avait. C'était un rayon de soleil. Pas seulement dans sa vie à lui, adolescent perdu et maltraité par son alcoolique de père, mais aussi pour n'importe quelle personne qui croisait la route de Lily Evans. Son sourire, sa joie de vivre et sa paix intérieure ne lui faisaient jamais défaut. Cela ne la rendait que plus belle, et Merlin ce qu'elle était belle.

Severus Rogue avait beaucoup appris d'elle. Il savait qu'il ne pourrait jamais avoir cette joie de vivre en lui que Lily possédait. En revanche, c'est avec elle qu'il avait appris à s'imposer. A sa façon. Le silence dans sa classe, l'écoute attentive des autres alors qu'il élevait à peine la voix et les regards effrayés dès qu'il haussait simplement un sourcil, c'est à Lily qu'il le devait. Il devait tout à Lily.

Même lorsqu'il commença à planter des couteaux dans le dos. Il avait trahi la seule personne qui avait de la valeur à ses yeux. Mais qui d'autre avait-il à trahir ? Là aussi, lorsqu'elle avait été blessée par ses mots affreux et qu'elle ne l'avait pas pardonné, elle respirait la lumière tandis que lui sombrait peu à peu dans les ténèbres. Comble de l'ironie, c'est ainsi que sa réputation s'était étoffée et que désormais le monde se retournait sur son passage comme il l'avait rêvé.

Ainsi, Rogue avait toujours eu un talent particulier pour soigner ses entrées.

Les portes se fracassèrent dans un brouhaha qui fit couiner de mécontentement le phénix perché sur l'épaule de son propriétaire. Albus Dumbledore ne sursauta pas, comme s'il s'attendait à l'arrivée du maître des potions et une bouffée de fureur alimenta la colère qui palpitait dans les veines de ce dernier.

- Severus, souhaitez-vous vous asseoir ? proposa le professeur en montrant le siège devant son bureau.

Oubliant sa baguette, Severus Rogue donna un coup de pied brutal dans le siège qui bascula dans un fracas. Le professeur observa le siège quelques instants puis replaça son regard bleu sur celui furieux du professeur.

- AVEZ-VOUS PERDU LA TÊTE ? explosa le professeur de potions dont la magie crépitait autour de lui, prête à exploser. Comment… COMMENT AVEZ-VOUS PU DIRE A POTTER QUE…

- Que quoi Severus ? coupa le directeur d'une voix calme. Je n'ai rien dit de compromettant. Votre secret est toujours bien gardé avec moi.

- Que lui avez-vous dit ? demanda le professeur d'une voix menaçante.

- Rien concernant l'amour que vous avez pu porter à Lily.

- NE DITES PAS LES CHOSES COMME CELA ! hurla à nouveau Rogue, le cœur battant à tout rompre.

Ô qu'il aurait pu étriper le directeur à l'instant même...

- Les choses étaient ce qu'elles étaient, vous éprouviez de l'amour et je vous le répète, il n'y a jamais rien eu de plus beau en vous.

- Arrgh ! balaya Severus d'un geste rageur. Vous aviez promis…

- J'ai promis de ne pas dévoiler cette partie de votre histoire et je l'ai fait, dit Dumbledore d'une voix douce.

- ALORS COMMENT SE FAIT-IL QUE POTTER ME SIGNALE QUE JE CONNAISSAIS SA MÈRE ? COMMENT SAIT-IL POUR LES POTIONS ! NE MENTEZ PAS ! s'écria avec impatience le maître des potions, tentant de contenir sa magie avec tant de mal qu'une douleur à la tête commença à le lancer.

- J'ai juste trouvé un moyen de le motiver pour le reste de la semaine, s'expliqua le professeur dans un sourire compatissant. Il ne sait rien de plus que ce que je lui ai dit à savoir que sa mère avait un don pour les potions et que vous étiez amis durant votre jeunesse. Rien de plus, ajouta le professeur en insistant sur les derniers mots.

Rien de plus, se répéta Severus la mâchoire tellement serrée qu'il en avait des contractions dans le cou. C'était une catastrophe. Pas seulement que le gamin soit au courant, cela, il pouvait toujours nier. Mais désormais, tout lui revenait en pleine face. En parler rendait les choses réelles. Ces choses enfouies depuis des années comme une vieille potion qu'on laisse mijoter et sur laquelle on met un couvercle. On sait qu'elle est là mais on ne la regarde pas et peu à peu, on n'y fait plus attention. Sauf que, indéniablement, la potion finit par refaire surface.

Ce moment était donc arrivé. Lui qui pensait révéler les secrets au moment de sa mort. Peut-être dans une mort pleine de rédemption où il aurait fourni toutes les informations au Survivant par exemple. Il aurait regardé ses yeux une dernière fois, juste pour que les yeux de Lily reste à jamais gravés en dernière image. Les choses auraient dû se passer de cette manière.

Cela lui apprendrait à vouloir se la jouer mélodramatique.

Et maintenant quoi ? Qu'allait-il pouvoir faire ? Le gamin allait lui poser tout un tas de questions auxquelles il n'avait pas envie de répondre. Son histoire avec Lily était la sienne. Et le vert des yeux de Lily pouvait être aussi chargé d'espoir, le Survivant n'obtiendrai rien. Il se le jura aussitôt. Tout cela expliquait le comportement étrange du gamin… Dumbledore ne rendait service à personne en distillant des informations de la sorte.

Une douleur lui pinça le thorax. Culpabilité, analysa-t-il. Cela faisait des années qu'il avait réussi à l'endormir pour qu'elle ne prenne pas toute la place. Quelques mots avaient suffit pour que le détonateur s'enclenche. Lily était morte par sa faute. Il y avait une prophétie. Un orphelin qui devrait affronter un jour le plus grand mage noir de tous les temps. Et c'était de sa faute.

Toutes ses émotions lui revinrent en pleine face comme un raz-de-marée.

Inspirant de grandes goulées d'air, le professeur prit sa tête dans ses mains, tentant de se reprendre le plus vite possible. La mort de Lily le submergeait à nouveau comme au premier jour où il avait appris sa disparition. La haine envers le gardien du secret des Potter, envers James qui n'avait pas su protéger Lily, envers le Seigneur des Ténèbres, envers Dumbledore qui habituellement maîtrisait tout, et surtout envers lui-même. Lui, Severus Tobias Rogue. Monstre, traître, Mangemort, à nouveau traître et enfin perdant. Puisque dans le fond, c'était de sa faute. La tristesse face au gouffre de solitude qui s'était emparé de lui sans crier gare lui revint en pleine face. Lui qui croyait s'en être sorti…

En septembre, lorsque Potter était arrivé, ses barrières mentales avaient vacillé mais juste un peu. Le gamin ressemblait beaucoup trop à feu Potter pour être totalement déstabilisé. Au contraire, la haine avait nourri et préservé sa santé mentale.

Et voilà que Dumbledore foutait tout en l'air avec ses conneries.

- Severus...

La voix du directeur semblait lointaine.

Le professeur des potions se dégagea de la main posée sur son épaule d'un mouvement brusque. Il inspira trois fois, ferma les yeux et les rouvrit. L'émotion qui l'avait traversé était maîtrisée. Pour le moment. Les apparences étaient plus ou moins sauvées. Un peu plus et il s'effondrait par terre, pleurant comme un petit enfant. Il s'échappa du bureau, vidé.

oOo

Salut Harry,

Je n'ai pas eu le temps de répondre à ta lettre plus rapidement, maman nous a obligé à dégnommer le jardin avec Ginny.

Cela paraît effectivement étrange cette histoire de classe d'été maintenant que tu en parles. Essaye de voir de plus près ce que traficote ce serpent. De mon côté, je fais tout pour te sortir de là. J'ai demandé à maman hier pour que papa puisse écrire au directeur afin que tu viennes à la maison. On attend une réponse au plus vite ! Peut-être que si papa croise Dumbledore au ministère, il pourra lui toucher deux mots. Mais en ce moment, il est très occupé avec tout un tas de perquisitions à faire. D'ailleurs tu sais quoi ?! Je l'ai entendu dire à maman qu'il allait bientôt perquisitionner les Malefoy ! Peut-être pour ça que son père a envoyé son fils ici à Poudlard, histoire de le protéger de toutes ses magouilles.

En parlant de Malefoy, vraiment navré pour votre bagarre. C'est vraiment un sale type. Mais l'idée de t'imaginer lui refaire le portrait me fait hurler de joie. J'aurais aimé être là pour voir ça !

Je te tiens au courant pour que tu viennes à la maison,

Ronald

Harry rangea soigneusement dans son tiroir le courrier de Ron qui était arrivé alors qu'il entrait à peine dans son dortoir. Hagrid devait certainement l'attendre pour le thé mais la motivation de Harry était au plus bas.

Trop de choses s'étaient déroulées durant cette simple journée et le Gryffondor était juste lessivé. Allongé sur son lit, le regard dans le vide, Harry réfléchissait. Le professeur de potions avait l'air hors de lui. Harry s'attendait presque à le voir débarquer d'une minute à l'autre pour le tuer. Visiblement, ce n'était pas une bonne idée de tenter de discuter avec le professeur. Harry soupira douloureusement et prit son oreiller pour hurler dedans. Qu'avait-il imaginé ? Parfois il ne réfléchissait vraiment pas… Le professeur allait sûrement lui en vouloir jusqu'à la fin de sa vie.

Au moins, le courrier de Ron lui avait un peu remonté le moral. Leurs derniers courriers avaient dû se croiser et Ron allait certainement lui répondre bien rapidement quand il découvrirait l'amitié de Rogue et la mère de Harry. Au moment d'écrire, Harry avait énormément douté quant à la pertinence de révéler ce secret à ses amis. Mais le Gryffondor ne pouvait pas garder cela pour lui. C'était beaucoup trop intense et choquant. Ron et Hermione étaient les deux seules personnes à qui il pouvait parler de tout.

Harry se tourna sur son flanc pour regarder le ciel à travers la fenêtre. La tour de Gryffondor possédait une ambiance bien spéciale lorsqu'il n'y avait plus personne. Plus calme mais dont la magie semblait pulser dans les parois des murs de pierre. Songeur, les pensées du garçon voguèrent vers ses parents. Il en savait si peu sur eux. Tante Pétunia ne lui disait jamais rien à leur sujet et il avait rapidement compris qu'il ne fallait pas poser de questions.

Le ciel gronda, prémisse d'un orage d'été et Harry sursauta, sortant momentanément de ses préoccupations. Au moins, il n'aurait pas besoin de justifier à Hagrid son absence. Peu à peu, alors que la pluie martelait les vitres et que le tonnerre jouait sa plus belle mélodie, Harry sentit ses paupières devenir lourdes. Son esprit erra vers sa mère. Il la voyait sourire, rire et danser autour de lui. Puis, il se retrouva subitement avec elle. Sa main était dans la sienne et elle l'obligeait à tourner avec lui.

- Allez tourne Harry, danse, danse ! Regarde comme tu es beau mon fils !

Une boule de chaleur se propageait dans le corps d'Harry. Un bien être comme il n'avait encore jamais connu. C'était doux, paisible et réconfortant. Amour. Harry voulait rester avec sa mère, dans ce songe, pour toujours. Et alors qu'il tournait avec elle, il savait que rien ne pouvait lui arriver. Sa gentillesse illuminait les traits de son visage et Harry se sentit sourire dans son sommeil.

- Reste près de moi maman, dit-il à sa mère.

- Toujours Harry, toujours, lui répondit-elle en s'arrêtant de tourner et en caressant doucement son visage.

oOo

A la mort de Lily, plus rien n'avait eu de sens pour Severus Rogue. Et à chaque fois qu'il pensait naïvement qu'il ne pourrait pas avoir plus mal, un nouvel événement arrivait, enfonçant le clou un peu plus.

D'abord, le jour où Lily avait refusé de lui pardonner, à juste titre, suite à l'insulte qu'il avait proféré à son encontre. A chaque fois qu'il y pensait, il se flagellait mentalement. Il avait eu assez d'années pour mariner. Lily était entièrement dans son droit de refuser ses piètres excuses égoïstes. Lorsqu'il sût qu'il l'avait perdu, il avait cru que son cœur ne fonctionnerait plus jamais correctement. Mais après tout, il se rassurait en se disant que le temps ferait les choses.

Avec une idiotie à faire pâlir les familles Crabbe et Goyle réunit, Severus Rogue avait cru que rejoindre le pouvoir montant permettrait à Lily de le remarquer à nouveau. Le Severus de quinze ans était un être hautement prétentieux et abruti. Combien de fois lui avait-elle dit qu'elle détestait la magie noire ?

Puis, Lily s'était mise avec James Potter. Son ennemi de toujours. Sur les milliards d'hommes de cette planète, il avait fallu que Lily tombe dans les bras de James Potter. La colère avait pris le pas sur la tristesse mais il avait vu Lily heureuse, il avait vu Lily sourire et rire. Même James l'avait abandonné à ses jeux puérils puisque ses yeux n'étaient portés que vers Lily. Alors il s'était consolé de cette manière, en gardant le sourire de Lily accroché à son esprit tout en voyant les choses évoluer pour lui, pour sa carrière et sa grandeur en devenir. Le mage noir était hautement impressionné par ses talents. Le monde entier le verrait un jour. Lily la première.

Ensuite, tout s'était accéléré. La prophétie qu'il avait rapporté au Seigneur des Ténèbres, l'horreur de découvrir que ce monstre avait vu en Harry Potter son égal, la peur de perdre la seule personne sur cette planète qui méritait de rester en vie. Honte supplémentaire lorsqu'il pensait à cette période de sa vie, il avait proposé de donner l'enfant en échange de la vie de Lily. Voyant que c'était chose perdue, il avait rampé vers Dumbledore. Il avait écrasé ses propres rêves de gloire et de grandeur.

Alors que jusqu'à cet instant tout valait le coup pour un peu de pouvoir, il s'était rendu compte que rien ne valait la vie de Lily. Ni la reconnaissance du plus grand maître de magie noire que Severus n'avait jamais rencontré, ni le pouvoir, ni les honneurs. Pour Lily, il mettait toutes ses chances à la poubelle. Son ambition l'avait perdu et l'avait entraîné dans la spirale infernale de l'obscurité. Et c'est Lily, aussi éloignée de lui qu'elle pouvait l'être, qui lui avait permis de retrouver la lumière. C'était toujours Lily.

Lily, Lily, Lily.

Il n'avait jamais été aussi minable et inquiet, aux pieds de Dumbledore. Mais il avait de l'espoir.

Espoir écrasé dans l'œuf. Lily était morte et il avait cru qu'il n'aurait jamais aussi mal de sa vie. Il pensait mourir d'une minute à l'autre. Le cœur pouvait-il s'arrêter de chagrin ? Il l'avait souvent souhaité. Et parfois, il voulait que cette douleur dure éternellement.

Parce que c'était un rappel à sa bêtise. Parce que ça lui permettait de ne jamais oublier Lily et à quel point il l'aimait.

Dumbledore avait brandit la protection du survivant sous le nez de Severus telle une bouée pour ne pas sombrer. Le directeur lui donnait une raison de rester ici. Le mage noir reviendrait un jour… Un leitmotiv qu'il avait tant entendu. Il avait fait jurer à Dumbledore de ne rien dire.

Et désormais, alors que tous ses souvenirs remontaient à la surface, Severus Rogue se sentait envahi et étouffait purement et simplement. Dumbledore avait ouvert cette vieille cicatrice avec une lame brûlante et il en sortait toutes ces émotions dégueulasses que Severus Rogue avaient tenté de garder à l'abri pendant toutes ces années.

Devant son verre de whisky-pur-feu, le maître des potions tournaient dans tous les sens les paroles et actes d'Albus Dumbledore ces derniers jours. Quel était son but ? Pourquoi révéler cette information au Survivant ? La gorgée de liquide ambré brûla la gorge du professeur mais il en prit une seconde rapidement. Une migraine lui martelait les tempes.

À la mort de Lily, Severus Rogue s'était mit à boire pour oublier. Il allait dans des bars à Inverness en plein cœur des quartiers moldus et buvait. Parfois, une femme accompagnait sa descente. Cela se terminait à chaque fois sur le capot d'une voiture, dans un hôtel miteux ou dans les toilettes mêmes du bar. Il déversait sa tristesse, sa hargne et son désespoir dans ses conquêtes d'un soir. Il faisait bien attention à ce que la femme ne ressemble pas à Lily. Mais c'était une précaution inutile. Lily était unique.

Ce soir-là, le professeur se contenta juste de boire. De boire et d'augmenter les doses.

oOo

Il faisait encore nuit lorsque Harry ouvrit les yeux. Pendant un instant, il avait presque oublié pourquoi une boule d'angoisse se logeait dans son estomac. Tout lui revint d'un coup. Sa mère, Rogue, l'amitié entre eux, la colère de Rogue quand il lui avait dit. Et puis toutes les questions qui tournaient dans sa tête au moment où il s'était endormi.

Harry se redressa dans son lit, encore groggy de sa nuit. Il s'était endormi tout habillé. Il jeta un coup d'œil à l'extérieur du château. La vue sur le parc était apaisante. Il ne pleuvait plus et le silence était déchiré uniquement par sa respiration. Jetant un coup d'œil à sa montre, Harry pesta. Il n'avait plus du tout envie de dormir mais il était beaucoup trop tôt pour se rendre au petit déjeuner.

Il décida de descendre dans la salle commune où il pourrait toujours feuilleter le dernier Quidditch Magazine. Mais c'était sans compter ses pensées qui se remirent à mouliner à l'instant même où il fut complètement et définitivement réveillé. Ce fut à nouveau le bal des questions : pourquoi sa mère et Rogue étaient amis ? Pourquoi Rogue n'avait jamais parlé de Lily à Harry ? Pourquoi Rogue détestait Harry ? Cela avait-il à voir avec la mort de Lily ? Est-ce que Rogue lui en voulait que Lily ce soit sacrifié pour lui ? Y avait-il un bouton pause dans le cerveau ?

Quand le ciel bleu s'éclaircit, en plus d'avoir mal au ventre, un douleur lui transperçait le crâne et les yeux. Un mal être grandissant en lui, Harry préféra s'allonger en chien de faïence sur le canapé, se demandant s'il allait être malade. Il devait sûrement avoir besoin de sommeil. Mais il ne devait pas dormir, le petit déjeuner commençait bientôt… Harry essaya de se concentrer sur ce qui habituellement l'empêchait de s'assoupir.

C'est cependant toujours lorsqu'on veut lutter contre le sommeil que l'on devient le plus gros dormeur de la terre.

- Potter levez-vous ! Vous avez un dortoir pour dormir ! Pas étonnant que vous vous réveillez aussi tard si vous prenez le canapé de votre salle commune pour votre lit !

Harry ouvrit les yeux avec difficulté. Il ne s'étonna même plus de ne pas être aussi paniqué d'entendre la voix de son professeur de potions. Si son mal de tête avait disparu, le nœud dans son estomac était toujours présent. Frottant ses yeux, Harry se redressa prudemment, n'osant pas regarder son professeur de potions.

- La séance a commencé depuis deux heures déjà, claqua le professeur, dépêchez vous de venir. Je ne suis pas censée être votre réveil matin ! Maudit Dumbledore qui ne peut pas venir de lui-même voir si son protégé est réveillé, bougonna-t-il pour lui-même.

Le professeur de potions était déjà loin et Harry resta assis quelques secondes, ses yeux dans le vague fixant la cheminée. Il aurait aimé rester dormir. Pour une fois qu'il avait un sommeil sans rêve… Harry s'étira et après un rapide passage à la salle de bain, descendit jusqu'aux cachots.

Cette histoire de challenge lui était totalement sortie de la tête. Maintenant, il savait que c'était fichu pour lui. Il n'avait jamais pu rendre son devoir de vacances comme Rogue l'exigeait puisque Malefoy lui avait saboté ses chances. Un élan de colère s'abattit en supplément de la fatigue sur les épaules de Harry. Il détestait Malefoy. Vivement la fin de la semaine.

- Excusez-moi pour le retard, dit Harry poliment en passant à côté du bureau de Rogue qui préparait une potion.

Harry se sentait lent et groggy ce matin-là et il resta plusieurs minutes à observer la salle. Tout le monde travaillait silencieusement. Les chaudrons n'étaient pas allumés. Le challenge avait-il été annulé ? Était-ce de sa faute ?

Le maître des potions coupa court à ses pensées et se posta devant son bureau.

- Avez-vous pu avancer sur votre devoir ? demanda-t-il.

- Non monsieur.

- Je suppose que nous n'obtiendrons rien de plus alors ?

Harry leva les yeux pour regarder le professeur. L'homme le regardait de son air sombre habituel. Rien n'avait changé, pensa Harry.

- Bien, dit le professeur en faisant apparaître un parchemin. Voici votre problématique, vous avez la même que Mr. Malefoy. Vous avez jusqu'à samedi matin.

Harry, les mains sous son bureau, observa longuement son parchemin sans parvenir à mobiliser son attention sur la problématique qui était sous ses yeux. Le professeur avait filé aussi vite qu'il était apparu.

Puffett écrivait frénétiquement, raturait et marmonnait toute seule. Elle semblait être prise dans une transe qui rappelait sans mal Hermione. Les deux garçons discutaient entre eux et semblaient s'apporter une aide mutuelle. Manifestement, cela ne semblait pas poser problème au professeur de potions. Ce dernier était penché vers Malefoy, pointant de son doigt fin des paragraphes du livre que le blond avait ouvert. Harry chassa rapidement ce pincement au cœur, de peur d'identifier d'où cela venait.

Harry relut cinq fois son problème imposé sans réussir à se concentrer. De façon tout à fait impulsive, Harry se dirigea vers Puffett. La jeune fille leva les yeux vers lui puis se remit à son travail. Harry resta planté à côté d'elle.

- As-tu besoin de quelque chose ? demanda-t-elle finalement d'un ton qui trahissait l'ennui.

Harry répondit par un simple grognement. Il avait juste besoin de se dégourdir les jambes.

- Charmant, répondit-elle. J'ai besoin de prendre ces araignées vivantes, dit-elle en pointant du menton le bocal qui grouillait d'araignées, tu seras gentil de m'en donner.

- T'as peur ? demanda Harry d'un ton moqueur.

Il eut en réponse un regard noir et Harry leva les yeux au ciel avant de se saisir du bocal et plonger la main dedans.

- T'en veux combien ? demanda-t-il.

- Trois, jette-les dans le chaudron quand je te le dirai.

Harry vit nettement le frisson de dégoût qui traversa la jeune fille. D'humeur taquine, Harry se mit à sourire.

- Pour quelqu'un qui veut être prof, tu risques d'avoir du mal si tu as peur des araignées.

- Eh bien j'aurais des assistants, répliqua-t-elle d'une voix sèche avant d'allumer son chaudron. Maintenant.

Elle se recula lorsque Harry s'approcha avec les araignées qui tentaient de s'échapper. Harry les observa se noyer dans l'eau brûlante.

- Pauvres bêtes, murmura-t-il.

- Tu plaisantes j'espère ? Ce sont des animaux du diable, grimaça-t-elle.

-Pourquoi tout le monde déteste autant les araignées ? demanda Harry les sourcils froncés. Ce sont des bêtes incomprises. Oh Merlin, je parle comme Hagrid !

A la grande surprise de Harry, Puffett éclata de rire. Ainsi, les Serpentard avaient un sens de l'humour… Harry resta les yeux ronds, observant la jeune fille se reprendre et secouer la tête pour se remettre à son travail.

- Ce que je déteste chez ces bêtes, c'est que tu les vois et l'instant d'après elles disparaissent. A croire que ça les amuse, reprit-elle le plus sérieusement du monde. Tiens, donne moi le veracrasse s'il te plaît. Pas avec les doigts comme ça ! Utilise la pince.

Harry roula des yeux et prit précautionneusement l'ustensile pour attraper le mucus.

- Je fais quoi ? demanda-t-il tenant la pince à deux mains.

- Dans le chaudron. Ensuite, j'imagine ces bestioles revenir pour m'attaquer dans mon sommeil ou pire entrer dans ma bouche alors que je dors.

Cette fois, ce fut Harry qui éclata de rire, secouant la tête devant tant d'imagination. La jeune fille lui adressa un regard dédaigneux. De toute évidence, la susceptibilité de la sixième année était assez développée. Ne souhaitant pas se faire une ennemie, Harry parla sans réfléchir.

- Les araignées ne peuvent rien te faire pendant ton sommeil, je peux te l'assurer. J'en avais trois dans mon placard chez mon oncle et ma tante.

- Oui mais quand elles sont dans le placard, elles y restent. Je te parle des araignées qui sont juste dans le coin de ta chambre et qui cinq minutes plus tard ont disparu.

Harry se sentit rougir violemment, le cœur faisant une embardée. Il avait vraiment parlé sans réfléchir. Personne ne savait pour son placard sous l'escalier dans lequel il avait vécu pendant des années. Personne à part Dumbledore. Voilà qu'il lâchait l'information à une parfaite inconnue, Serpentard de surcroît. La jeune fille avait visiblement le don de dénouer les langues sans que l'on s'en rende compte. Heureusement, elle était à nouveau concentrée sur ses notes et ne semblait pas constater le malaise de Harry.

- Bon...Euh, j'y vais, bafouilla Harry.

Harry descendit du tabouret sur lequel il s'était perché et retint un glapissement lorsqu'en se retournant il tomba sur le professeur. Les bras croisés sur le torse, ses longues capes lui donnant l'apparence d'une chauve-souris le toisant de haut, le professeur inspectait Harry d'un œil suspect.

- Je n'ai rien fait ! se précipita de dire Harry qui se rendit compte à l'instant où ses paroles franchissait ses lèvres qu'il avait tout l'air d'un coupable.

Un rictus mauvais habilla l'air sombre du professeur. Harry maintint son regard dans celui du maître des potions. Les billes noires du professeur semblait le sonder.

- Potter m'aidait à préparer ma potion, résonna la voix de Puffett qui coupa court au contact visuel entre le professeur et Harry.

- C'est ce que j'ai vu, répondit Rogue d'une voix lente. Retournez à votre place Potter.

Harry s'en alla sans un mot et le professeur se concentra sur son élève de sixième année. La boule au creux du ventre de Harry se réinstalla inconfortablement. Vivement la fin de ce stage, songea le Gryffondor en saisissant son parchemin. La volonté de réussir ce challenge était inexistante. Pas même l'espoir de McGonagall ni l'envie de gagner le coffret de Quidditch ne réussirent à motiver Harry.

Il y avait comme quelque chose de cassé à l'intérieur de lui depuis la veille. Toutes les questions qui tournaient dans sa tête l'empêchaient de se concentrer sur autre chose. Il était vidé de toute énergie. De toute manière, Rogue continuait son favoritisme envers les autres élèves.

Frottant son visage, Harry se saisit du papier que le professeur avait déposé plus tôt sur son bureau et lut la consigne :

Un enfant a avalé du poison. La potion anti-poison semble ne faire effet qu'à moitié. Trouvez une solution.

- Est-ce que c'est une blague ? ronchonna Harry d'un air bougon.

Il ne connaîtrait jamais la réponse. Harry croisa les bras sur son bureau, posa son menton sur ses mains. Il suffisait d'attendre que l'heure passe. Puffett lui lança un regard noir, l'intimant de se mettre au travail mais Harry lui tira la langue de façon totalement immature.

Cependant, il ne put lambiner bien longtemps, le professeur se dirigeait droit vers lui quelques minutes plus tard.

- Redressez-vous immédiatement, gronda Rogue. Pourquoi n'avez-vous rien commencé ?

- Je n'y arrive pas, répondit Harry entre ses dents.

- Vous n'avez même pas essayé. Cessez votre arrogance et votre fainéantise. Mr Malefoy a déjà une piste.

Évidemment vous l'aidez depuis tout à l'heure, fut tenté de répliquer Harry. Tenant tout de même à sa vie, Harry se dirigea vers la bibliothèque du fond de la classe d'un pas traînant et prit le premier bouquin qui lui tomba sous la main. Plantes et autres fleurs pour potions.

En ouvrant la première page, Harry regretta d'avoir choisi cet ouvrage. Le chapitre portait sur le Pétunia. Gé-nial. Il balaya la page et lut que la fleur était instable voire contradictoire et que l'intention du sorcier était plus importante que la fleur elle-même lorsqu'elle était utilisée dans une potion. Harry ricana sous cape. Cela ressemblait bien à sa tante. Tantôt adorable envers son mari et son fils, tantôt haineuse envers Harry. Il se rappelait encore des lèvres pincées de sa tante lorsqu'il s'approchait d'elle.

Sentant le regard de Rogue sur sa nuque, Harry se saisit de sa plume et prit des notes au hasard. Il n'aurait plus qu'à dire qu'il avait cherché dans cet ouvrage mais qu'il n'avait rien trouvé de plus et tant pis pour le coffret de Quidditch.

oOo

Si Potter n'avait pas été présent dans la pièce, le tableau aurait été parfait. Des élèves investis et motivés dans leur travail, des chaudrons qui commençaient à bouillir les uns après les autres et le silence. Que demander d'autre ?

De toute évidence, Potter faisait semblant de travailler. Severus l'avait vu piquer du nez plusieurs fois sur son livre puis reprendre des notes comme si de rien n'était. Si cet enfant avait passé une aussi mauvaise nuit que lui, c'était normal qu'il ne veuille que dormir. Mais un peu de tenue n'était pourtant pas si compliqué à avoir, non ?

On ne pouvait définitivement rien attendre des Gryffondors. Suffisait de voir comme le gamin s'était mis à son aise quelques minutes plutôt. Un vrai Potter ! Il discutait avec Puffett comme s'il avait été les meilleurs amis du monde. Un instant, le professeur eut crainte que le Survivant n'embête son élève et s'était approché discrètement, l'oreille tendue. Étonnamment, Potter discutait de façon tout à fait civilisée et ne semblait pas prompt à quelconques moqueries ou vantardises. Non pas qu'il en ait douté mais après tout, il était le fils de James Potter.

Cet enfant était tout de même étrange… Quelle était cette histoire de placard et d'araignées ? Pourquoi le gamin avait eu l'air subitement inquiet ? Quelle bêtise pouvait-il cacher ? Était-ce pour cela qu'il ne voulait pas se rendre à Privet Drive ?

Les pensées du maître des potions s'évaporèrent d'un coup lorsque des cris résonnèrent.

- C'est à moi ! Fiche moi la paix et dégage de là !

- Tu n'es pas censé tout garder pour toi Potter !

Dans un soupir exaspéré, le professeur de potions s'avança en deux enjambés vers le lieu du conflit. Drago Malefoy se tenait face à Harry Potter. Lorsqu'il pensait à tenue et prestance, Potter était à cet instant l'échantillon de ce qu'il ne fallait pas faire. Tremblant de tous ses membres, le gamin était rouge de colère et semblait sur le point d'exploser. Malefoy quant à lui, avait croisé les bras sur son torse et attendait visiblement la réaction et le soutien d'un adulte.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda finalement Severus.

- C'est lui ! s'écria Harry immédiatement. Il me pique mon livre sans même me demander !

- Tu ronflais sur ta table ! répliqua Malefoy.

- C'est faux !

- Ça suffit ! claqua la voix du professeur et les garçons la bouclèrent immédiatement.

Severus Rogue arracha des mains le livre que Potter tenait fermement contre lui. En voyant le titre, il ne put s'empêcher de froncer les sourcils.

- Tenez Mr Malfoy, vous retournerez cet ouvrage dès que vous aurez terminé.

Le Serpentard se saisit aussitôt du bouquin et s'en alla.

- J'étais en train de lire ! s'exclama Potter la voix tremblante de rage.

- Non, vous dormiez, répliqua le professeur.

- Mais juste avant je lisais !

Sérieusement ? Pensait-il pouvoir se défendre de cette façon ? Severus Rogue s'apprêtait à répliquer un sermon bien senti mais le Survivant le pris de cours.

- C'est injuste ! dit-il d'un ton accusateur en tapant du pied tel un enfant de deux ans. J'essaye de bien faire et Malefoy m'a arraché le livre.

- Je ne veux pas entendre vos pleurnicheries. Vous aviez ce bouquin depuis une heure, vous devez le partager. Je sais que c'est sûrement difficile à admettre dans votre petit monde où tout tourne autour de vous mais c'est ainsi.

Merlin merci, Severus Rogue avait d'excellents restes de son passé d'espion sinon il aurait certainement reculé de plusieurs pas en voyant l'expression du gamin. Des yeux verts lançant des éclairs de fureur, des pommettes rouges de colère et surtout cette moue désabusée. Le portrait craché de Lily.

- Je pense qu'une pause est de mise, finit par lâcher le maître des potions sans lâcher des yeux Potter qui semblait être en proie à une humeur dangereuse. Potter, reprenez-vous, je n'ai pas envie d'avoir la moitié de mon laboratoire en ruine.

 

A son grand étonnement, le Gryffondor chercha à contrôler ses émotions. Voilà qui était bien. Peu à peu, la magie qui émanait de Potter reflua doucement et Severus pût tourner le dos à l'enfant.

Partie 1 - Chapitre 6 by Isabelle Pearl
Author's Notes:

Bonjour tout le monde, voici deux nouveaux chapitres pour fêter la fin du weekend !

Bonne lecture !

Harry avait espéré que pour le dernier jour de sa classe d'été, Severus Rogue fasse preuve de lâcher-prise. C'était un espoir stupide et idiot. Manifestement, seul Harry semblait déçu puisque tout le monde travaillait d'arrache-pied.

Malefoy avait gardé le livre sur les plantes de façon possessive et Harry n'avait pas eu la force de réclamer l'ouvrage. Après tout, quand Malefoy le lui avait arraché, Harry était plongé dans la lecture du chapitre sur les plantes de guérison sans autre objectif réel que d'être épargné par Rogue.

Dessinant distraitement sur le coin de son parchemin, il n'entendit pas arriver le professeur.

- Puis-je savoir ce que vous faites Mr. Potter ? déclara Rogue d'une voix sèche.

Le professeur commençait réellement à lui taper sur les nerfs. Ne s'étaient-ils pas plus ou moins entendus sur le fait que le professeur ne s'occuperait pas de lui ? Sans pouvoir retenir un soupir, Harry releva les yeux vers Rogue. Cela ne sembla pas plaire au professeur dont le visage agacé se transforma en une haine non dissimulée. Harry perdit aussitôt son assurance. Comme il le faisait depuis plusieurs jours, il tenta de se figurer sa mère et d'essayer de lui faire honneur. Mais Merlin, ce que c'était compliqué avec Rogue…

- J'attends mon livre sur les plantes, répliqua Harry d'un ton aussi polie que possible.

- D'abord ce n'est pas votre livre. Ensuite, vous ne pouvez pas trouver l'unique solution dans ce bouquin donc je ne vois pas pourquoi vous restez obsédé par cette lecture.

Pense à maman, pense à maman, se répéta Harry dans sa tête comme un mantra.

- Bien monsieur, répondit Harry d'une voix calme en se levant pour se diriger vers la bibliothèque.

Le professeur Rogue fronça des sourcils et Harry crut apercevoir un voile d'incompréhension se dessiner sur son visage. Cependant, cela fut tellement rapide qu'il se demanda l'instant d'après s'il ne l'avait pas imaginé.

Observant les livres les uns après les autres, le Gryffondor se rendit compte que rien ne touchait à la magie noire. De toute évidence, Hermione avait raison. Bien qu'il n'y ait pas d'explications rationnelles aux yeux de Harry que Rogue ouvre une classe d'été, il n'y avait manifestement aucun plan de dévotion à la magie noire. Harry en était presque déçu. Un peu d'action n'aurait pas été de trop.

Rogue était retourné à son chaudron où des vapeurs grises s'élevait dans l'air dans un tourbillon de fumée. Prenant tout de même un ouvrage pour la forme, Harry repartit s'installer sur son tabouret tout en priant pour que le temps passe rapidement. Après tout, il était en vacances et n'avait jamais demandé à faire cette classe. D'un geste machinal, Harry se remit à griffonner sur le coin de son parchemin.

Plus que quelques heures et il serait libre de cette semaine infernale. Harry attendait avec impatience les courriers de Ron et d'Hermione mais le mauvais temps semblait ralentir les hiboux. Hedwige serait certainement présente d'ici quelques heures. Cette pensée remonta quelque peu le moral de Harry.

Fort heureusement, personne ne l'embêta jusqu'à la fin de la matinée. Hagrid était présent au déjeuner et Harry s'installa à ses côtés pour discuter avec lui.

- Où est le professeur McGonagall ?

- Elle est en séminaire en Ouganda sur les évolutions des animagi dans le monde sorcier, expliqua Hagrid de sa grosse voix avant de boire bruyamment.

Le demi-géant ne semblait pas s'apercevoir que le professeur Rogue l'observait avec dégoût.

- Elle sera bientôt de retour, déclara Hagrid.

- Et… Hum… Dumbledore ? demanda Harry à voix basse espérant qu'Hagrid prenne le même ton.

- Le professeur Dumbledore Harry, corrigea Hagrid dans un sourire bienveillant. Le directeur a beaucoup de choses à faire tu sais. Il ne faut pas que tu sois déçu de ne pas le voir souvent mais en ce moment il se passe tout un tas de choses au ministère. Le père de ton ami Ronald le sait bien.

- Quels genres de choses ? demanda Harry la curiosité piquée à vif.

- Des sales affaires si tu veux mon avis, se lança Hagrid, il s'agit d'objets détournés qui…

- Hagrid, pouvez-vous me passer le jus de citrouille ? trancha Rogue d'une voix sèche.

Harry serra les dents, le cerveau tournant à cent à l'heure. Rogue adressa un regard équivoque à Hagrid qui toussa et se redressa. La suspicion de Harry envers le professeur Rogue monta en flèche à nouveau.

Visiblement, il se passait des choses étranges au ministère et Rogue voulait le cacher à Harry. Soudain, il se rappela de la dernière lettre de Ron qui lui expliquait que Malefoy n'était peut-être pas à Poudlard par hasard. Il fallait absolument écrire à Hermione…

Hagrid avait désormais le nez dans son assiette et semblait avoir été intimidé par Rogue puisque le demi-géant changea de sujet lorsqu'il reprit la parole. Harry lança un regard noir au directeur de Serpentard mais ce dernier était plongé dans une conversation avec Puffett sur un célèbre concours de potions.

Le Gryffondor observa avec espoir le plafond magique toujours pluvieux, espérant voir apparaître une chouette avec une lettre à sa patte. Ses espérances furent entendues lorsqu'un magnifique grand duc transperça le ciel. Avec un petit sourire, Harry observa l'animal planer et atterrir… devant Malefoy. Harry se sentit extrêmement stupide d'avoir réellement pensé que cet hibou venait pour lui.

Malefoy repoussa son assiette pour prendre le colis que tenait de hibou puis caressa négligemment l'animal tandis qu'il lisait son courrier.

- Mes parents vous saluent professeur, dit-il à l'adresse de Rogue avant d'ouvrir doucement son colis.

Harry tendit imperceptiblement le cou pour voir ce que contenait la petite boîte. Malefoy semblait avoir été gâté de plusieurs confiseries. Le paquet débordait des célèbres chocogrenouilles, dragées surprises de Bertie Crochues ainsi que des Fizwizbiz. C'est Ron qui aurait été ravi de voir tous ces bonbons sous ses yeux ! Harry non plus n'aurait pas craché dessus ceci-dit.

- Hé Harry, tu viens me voir ce soir ? lança Hagrid en donnant un coup de coude à Harry qui faillit décoller de sa chaise.

- Avec plaisir Hagrid, répondit Harry en détachant ses yeux du Serpentard qui commençait à entamer une chocogrenouille tout en découvrant sa nouvelle carte.

L'après-midi se déroula presque sans encombre. Harry ne chercha pas à avancer un peu plus sur son travail, se laissant aller à ses pensées. Ces dernières tournaient sans relâche dans sa tête et étaient les mêmes depuis deux jours. Harry aurait aimé rencontrer le professeur Dumbledore et lui poser toutes les questions qui lui trottaient dans la tête mais il avait la désagréable sensation que le directeur l'évitait. Cela n'était peut-être qu'une impression stupide. Après tout, il y avait des soucis au ministère et il était normal que le directeur ne puisse accorder tout son temps à Harry.

Restait Rogue.

Harry observait l'homme sans relâche mais à chaque fois que son courage naissait, un évènement l'empêchait d'interroger le professeur. C'était trop compliqué. Si seulement Rogue lui avait tendu la main, Harry aurait su s'en saisir. Mais on parlait de Rogue, un homme froid, haineux et impénétrable. Harry préférait cent fois réaffronter un chien à trois têtes plutôt que de demander des informations sur sa mère à cet homme.

Finalement, le professeur claqua dans ses mains, annonçant la fin du défi. Une excitation grisante traversa Harry. La semaine touchait officiellement à sa fin ! Il se leva, rangeant tranquillement ses affaires et s'approcha du bureau de Rogue.

- Tu n'as même pas peur de ne rien avoir fait ? demanda Puffett le ton dur.

- Qu'est-ce que tu veux que ça change ? répondit Harry en haussant les épaules ce qui lui valut un regard noir de la part de la jeune fille.

Derrière cet air nonchalant, Harry sentit une pointe d'angoisse en lui lorsqu'il s'approcha du bureau et vit que tout le monde avait quelque chose dans les mains. Croisant les mains dans son dos, Harry écouta d'une oreille distraite les deux garçons de cinquième année exposer leurs travaux.

Harry contemplait son professeur de potions, se demandant une fois de plus ce que sa mère avait pu trouver chez Rogue pour être amie avec lui lorsque ce fut le tour de Puffett. La jeune fille expliqua à l'assemblée qu'elle avait pour challenge de reproduire une potion d'euphorie améliorée. Harry retenait un bâillement lorsque la jeune fille termina son exposé et posa son chaudron directement sur le bureau de Rogue. Puis elle se saisit d'une pincée de poudre rose avant de marmonner une incantation. Curieux, Harry attendit avec les autres ce qui allait se passer. Rogue affichait un air impénétrable mais un léger sourire en coin - qui ressemblait plus à une grimace selon Harry- avait pris naissance sur son visage.

Le chaudron se mit à bouillir puis un feu d'artifices de gerbes violettes et roses s'échappèrent d'un seul coup dans une danse féerique. C'était de la belle magie. Harry retint de justesse une exclamation d'admiration. La jeune fille semblait fière de son petit effet et affichait un petit sourire satisfait et hautain.

- La potion permet d'équilibrer l'euphorie tout en prolongeant le temps d'efficacité, ajouta-t-elle finalement.

- Bon travail Miss Puffett, déclara Rogue.

Rogue donnait si peu de compliments que cela devait être souligné lorsque c'était fait. Les joues de Puffett rosirent et elle se mordit la lèvre, manifestement gênée.

- Il faut cependant savoir que la poudre brune accélère la péremption de la potion, déclara le professeur. Ainsi, votre potion sera efficace mais vous ne pouvez en faire de grandes réserves.

La sixième année hocha la tête et reprit son chaudron tandis que le liquide laissait échapper des bulles colorées roses et violettes. Harry adressa un sourire de félicitations à la jeune fille avant de se rappeler qu'elle était issue de Serpentard. Échanger deux trois paroles, pourquoi pas. De là à faire preuve de joie pour l'autre comme s'ils avaient été les meilleurs amis du monde, il y avait un gouffre. C'est pourquoi la jeune fille ne répondit pas à son sourire et Harry ne s'en offusqua pas.

Apparemment, seulement Lily et Rogue avaient pu être amis au-delà des rivalités entre les maisons. Une prouesse qu'uniquement sa mère pouvait faire. Harry eut subitement honte de ne pas avoir travaillé sur le challenge. Qu'est-ce que sa mère aurait pensé ? Si elle pouvait le voir, était-elle déçue de lui ?

Son cœur se mit à battre la chamade et il entendit à peine le discours du professeur sur le travail qu'avait dû mener Malefoy et lui.

- Potter ! claqua la voix du professeur. Cessez de rêver et dîtes nous ce que vous avez préparé.

Harry vit Puffett croiser ses bras contre sa poitrine, le défiant de faire face à sa fainéantise. Elle semblait attendre avec joie les explications de Harry.

Le Gryffondor releva ses yeux vers Rogue, cherchant à toute vitesse quelque chose à répondre. Dire qu'il n'avait pas eu accès au livre que Malefoy lui avait pris la veille ne risquait certainement pas de l'aider. D'autant qu'il n'avait rien appris là-dedans. En s'amusant à lire les propriétés du pétunia, Harry avait pensé à sa mère. Il avait alors trouvé un intérêt à aller voir les propriétés de la fleur de Lys et même s'il n'avait jamais connu Lily Potter, Harry s'était plu à se dire que la fleur correspondait tout à fait à sa mère. Emblème d'amour, d'amitié, de la noblesse mais aussi de la pureté.

Pureté, poison, potions. Harry se redressa, la tête haute.

-Une fleur de Lys, déclara-t-il le cœur battant.

-Une fleur de Lys ? répéta doucement le professeur comme s'il était prêt à étrangler Harry sur le champ. Qu'est-ce que vous me chantez Potter ?

Malefoy ricana doucement et Harry perdit en assurance. N'ayant cependant plus rien à perdre, Harry concentra son regard sur le tableau, cherchant ce qu'il avait lu la veille entre deux siestes.

- La fleur de Lys permet de purifier un corps, expliqua-t-il lentement. Si la personne a été empoisonnée alors…

- Alors ? attendit le professeur d'une voix sèche et impatiente.

Mais Harry n'avait plus les mots. Il ne se souvenait plus de ce qu'il avait lu. Il préféra donc inventer.

- Alors combiné à la potion classique d'anti-poison, cela renforcera cette dernière et il y a une chance pour que l'enfant guérisse, inventa-t-il rapidement.

Il faisait subitement très chaud et Harry attendit que le courroux du professeur tombe.

- Quelle couleur ? demanda-t-il simplement, sa voix était à peine un chuchotement.

- Euh… Blanche ? répondit Harry, faisant marcher ses méninges à toute vitesse.

Le professeur croisa les bras sur son torse. Harry se força à ne pas rentrer sa tête dans ses épaules.

- Si vous aviez travaillé votre sujet Potter, vous sauriez que cela ne vaut que pour purifier les morts. Vous l'avez dit vous même, la fleur de Lys permet de purifier un corps. Ce terme est pourtant assez équivoque puisqu'on ne parle plus d'une personne vivante. Et bien sûr, tout le monde n'a pas la chance de vaincre la mort et de revenir de celle-ci. Essayez d'être un peu moins… Tourné sur vous même lorsque vous faites des recherches, si tant est que vous ne faites pas semblant.

Les mots claquèrent dans l'air comme une gifle. Harry n'était pas tourné sur lui-même. Il ne savait plus quoi dire et resta sidéré. Comme si de rien n'était, Rogue se tourna vers Malefoy. Le garçon tendit la main d'un geste sûr.

- Voilà qui est intelligent, répondit Rogue.

Malefoy tenait dans sa main une pierre racornie.

- Le bézoard permet d'éviter les empoisonnements, déclara-t-il de sa voix traînante.

- Parfait Mr. Malefoy, nous avons là notre gagnant.

La mâchoire d'Harry se décrocha. Il observa autour de lui pour voir jusqu'où pouvait bien aller la loyauté des serpents envers les leurs. Les deux garçons de cinquième année s'écrasaient et applaudissaient poliment Malefoy qui souriait de toutes ses dents. Puffett, en revanche, affichait une mine désappointée. Harry ne put que la comprendre. Il l'avait vu travailler pendant des heures d'arrache-pied et elle n'avait quasiment eu aucune aide de la part du professeur. La sixième année se mit à applaudir, bonne joueuse mais une lueur de déception dans les yeux.

- Ce n'est pas juste ! s'exclama Harry sans réfléchir tandis que Rogue offrait le coffret à Malefoy.

- Jaloux Potter ? ricana Malefoy.

- Y-a t il un souci Mr Potter ? demanda le professeur d'une voix qui défiait Harry de répondre.

- Les travaux de Puffett étaient bien meilleurs ! poursuivit Harry sans s'émouvoir du ton menaçant de Rogue.

Après tout, Malefoy n'avait fait que de prendre un cailloux dont les propriétés avaient été étudiées au début de leur première année.

- Allez-vous à chaque fois gâcher quelque chose dès que ça ne tourne pas autour de votre petite personne ? demanda le professeur dans un rictus furieux.

- Mais cela n'a rien à voir avec moi, je parle de Puffett et de l'injus…

- Je n'ai pas besoin qu'un première année me défendre Potter, lâcha Puffett qui coupa l'herbe sous le pied d'Harry.

Harry se tourna vers la jeune fille, voulant la secouer comme un prunier pour qu'elle comprenne l'injustice qui se passait. Fronçant les sourcils, Harry s'apprêtait à lui parler quand Malefoy prit la parole.

- Potter veut jouer le chevalier servant avec une Serpentard, elle est trop vieille pour toi tu sais, ricana-t-il.

Harry vira cramoisie devant le sous-entendu et fit volte-face vers Malefoy. Son sourire nonchalant, son air supérieur et sa main qui caressait le coffret de Quidditch comme nouvelle propriété rendit Harry fou de rage. Une bouffée de colère pour cet être vil et prétentieux s'empara d'Harry et il entendit à peine le bruit de chaudron qui explosait à côté de lui.

Un bras l'attrapa fermement et en un instant, Harry se trouvait dans le couloir des cachots. Rogue le regardait d'un air enragé mais Harry était trop agité pour se reprendre et il le défia du regard.

- Deux fois que vous faîtes preuve d'un manque de maîtrise de votre magie ! cracha-t-il. Quel âge avez-vous ? Arrêtez de vous comportez comme un enfant gâté.

- Vous n'avez que ce mot à la bouche ! coupa Harry et un voile de haine pure passa sur le visage du professeur. Je ne suis pas un enfant gâté. Malefoy ne méritait pas ce coffret. Puffett a bien mieux travaillé et méritait de gagner !

- Miss Puffett est assez grande pour savoir que ce coffret n'était qu'une source de motivation et qu'elle aura bien mieux à l'avenir, répliqua le professeur. C'est ce qu'on appelle avoir de l'ambition. Je ne supporte pas votre comportement Potter. Vous êtes comme votre père, feignant, arrogant et beaucoup trop gâté. Quand d'autres brillent à votre place, vous êtes obligé d'attirer la lumière sur vous. Cessez d'être jaloux de Malefoy de la sorte. Grandissez !

Harry éclata d'un rire sans joie. Lui jaloux de Malefoy ? C'était la meilleure blague de l'année qu'il fallait raconter à Ron et Hermione dès qu'il serait sorti de ce cauchemar. Le regard noir du professeur n'arrêta cependant pas Harry.

- Vous ne comprenez rien, accusa Harry qui regretta immédiatement ses paroles.

- Surveillez votre ton Mr. Potter ! tonna le professeur et Harry recula d'un pas par prudence. Je ne tolérerai pas votre manque de respect. Je peux toujours retirer des points à Gryffondor et vous expliquerez à vos camarades pourquoi ils commencent l'année avec des points négatifs. C'est ce que vous voulez ?

Harry se mordit les joues. S'il n'avait pas été dans un couloir, nul doute qu'Harry aurait encore fait éclater un autre chaudron. Il sentait sa magie en pleine ébullition affluer dans son corps. C'était la goutte de trop. Harry aurait aimé se tenir à carreaux jusqu'à la fin de ce stupide stage mais c'était plus fort que lui. Tout l'énervait et la fatigue n'aidait en rien. Seuls les repas lui rappelaient qu'il avait été bon de fuguer pour ne pas retourner chez les Dursley.

- Contrôlez-vous, par Merlin ! s'écria le professeur exaspéré. Vous n'êtes qu'un petit idiot qui ne sait pas se maîtriser. Faut-il que je vous mette dans ce cagibi pour que vous puissiez vous remettre de vos émotions d'enfant roi et ainsi ne pas risquer de faire exploser le château ? menaça-t-il en montrant du doigt la petite porte à sa droite.

Plus Rogue parlait, moins Harry arrivait à contrôler sa magie. Mais il n'avait vraiment pas envie de se retrouver dans un cagibi tout seul. Cela lui aurait trop rappelé son placard. La respiration erratique, Harry se rendit compte que ses mains tremblaient. Cette fois, Rogue le regarda d'un air dégoûté.

- Le portrait craché de votre père, marmonna-t-il. Aussi immature et impulsif que lui, débita le professeur d'un œil noir. C'est ce qui l'a perdu et c'est ce qui vous perdra si vous êtes si peu à même de vous modérer.

Les mots du professeur transpercèrent Harry comme un poignard chauffé à blanc. On ne lui parlait que rarement de la mort de son père et encore moins de cette façon.

Le puzzle se constituait doucement. Rogue tenait James Potter comme responsable de sa propre mort et probablement celle de Lily. Cela faisait sens sur la haine qu'il pouvait éprouver dès qu'il posait les yeux sur Harry. Rogue en voulait à Harry. Parce que sans Harry, Lily ne se serait pas mise entre Voldemort et lui. Tout s'expliquait. Une boule chargée d'angoisse, de tristesse et de désolation se logea dans la gorge de Harry. Sentant avec horreur des larmes monter à ses yeux, Harry se mordit la lèvre inférieure pour qu'elle arrête de trembler.

- Oh je vous en prie Potter, gardez vos larmes pour votre oreiller ! cracha le professeur. Maintenant disparaissez ! Ne revenez pas avant lundi soir. Vous avez une punition à honorer je vous rappelle. Et je vous annonce d'ores et déjà que compte-tenu de votre comportement, celle-ci vient de s'allonger pour une semaine de plus.

Harry réprima un cri de rage et tourna les talons avant de s'enfuir vers sa tour. Il courut aussi vite que possible. Se mordant les joues jusqu'au sang, Harry arriva à la tour totalement épuisé et ouvrit la porte de son dortoir avec grand fracas.

Le fait que tout soit vide et que seul le silence l'attendait ruina le reste de moral qu'Harry possédait. Si seulement Ron était là. Ils auraient insulté Rogue ensemble et son ami lui aurait proposé une partie d'échec ou de cartes explosives pour se changer les idées.

Harry se jeta sur son lit et plongea son visage dans son oreiller. Quoique dise Rogue, Harry n'était pas un enfant gâté.

Harry laissa trois sanglots s'échapper de sa gorge. Le premier pour évacuer sa colère, le second pour laisser place à la tristesse, le troisième pour se laisser le temps de se remettre. Trois sanglots. C'était le nombre qu'il s'autorisait depuis toujours. Cela faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Mais les habitudes revenaient vite.

A Privet Drive, il ne fallait pas se faire remarquer et encore moins avec les larmes. Harry s'autorisait trois sanglots. Suffisant pour être un peu soulagé. Assez pour ne pas dépasser une crise de larmes irrécupérable. Court pour ne pas éveiller l'oreille d'oncle Vernon.

Une fois sa besogne accomplie, Harry tourna la tête en observant le ciel bleu en reniflant. La respiration encore rapide, Harry pria intérieurement qu'un courrier de ses amis arrive enfin. Triturant sa taie d'oreiller négligemment, il se laissa aller à quelques consolations. Il ne pouvait pas contrôler ce que pensait Rogue. C'était ainsi. Par le biais de Dumbledore, Harry aurait des informations sur sa mère et Rogue plus tard. Il suffisait simplement d'être patient. Et surtout, il était officiellement en vacances. Cette stupide classe d'été était terminée. Harry se voyait déjà prendre son balais pour s'amuser sur le terrain de Quidditch. Il aurait enfin le temps d'aller voir Hagrid. Harry se rappela alors qu'Hagrid l'avait invité pour la soirée mais la fatigue l'écrasait tel un troll assit sur son dos. Les paupières lourdes, il ferma les yeux. Juste une petite sieste avant d'aller voir Hagrid, se dit-il avant de tomber dans les bras de Morphée.

oOo

Severus Rogue avait toujours considéré Rubeus Hagrid comme un gros balourd. Ainsi, lorsque le demi-géant débarqua dans son bureau bruyamment, il ne s'étonna pas réellement. Le demi-géant devait lui apporter du venin d'acromentule. Cependant, lorsque le maître des potions leva les yeux de son parchemin, il s'aperçut que l'homme était en proie à une lourde agitation. Haussant un sourcil, il attendit que le garde de chasse crache le morceau.

- Harry n'est pas venu au dîner, lâcha-t-il finalement.

- De toute évidence, répliqua Severus en omettant de dire que le gamin était parti dans la tour de Gryffondor après un conflit explosif. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'étais moi-même présent au dîner et j'ai aussi constaté son absence.

- Il n'est pas non plus venu prendre le thé ! Queq'chose ne va pas avec Harry c'est moi qui vous l'dis ! paniqua Hagrid.

- Pourquoi venez-vous précisément me voir ? s'agaça-t-il.

Après tout, il y avait tout un tas de bureau des pleurs autre que le sien. Celui de Dumbledore pour commencer et au pire celui de Minerva.

- Et si Harry avait fuit à nouveau ? explosa Hagrid. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de cet enfant mais il ne va pas bien professeur !

- Encore une fois, dit Severus de sa voix la plus calme bien que l'énervement montait de plus en plus, pourquoi venez-vous me voir ?

- Le directeur et le professeur McGonagall ne sont pas là ! Ils m'ont chargé de veiller sur Harry mais je suis incapable de le faire correctement.

Voyant que le garde de chasse maîtrisait de moins en moins son anxiété et qu'il était à deux doigts de faire une attaque, Severus se leva en soupirant. Décidément, on lui mettrait toujours le Survivant dans les jambes peu importe le jour et l'heure.

- Il est très certainement dans sa tour Hagrid, je m'en occupe.

- Oh merci professeur Rogue ! soupira Hagrid. Dumbledore ne rentre que dans la nuit et je n'aimerais pas lui dire que Harry a de nouveau disparu.

Severus préféra ne pas répondre à cela. Le Survivant allait-il lui laisser une journée de repos ? Il était presque certain qu'il était dans sa salle commune à bouder comme un enfant de trois ans. Tout le monde s'inquiétait beaucoup trop pour ce gamin et il en jouait constamment. Tout devait tourner autour de lui. Severus avait l'impression d'être le seul à le voir. Il en avait encore eu la preuve dans l'après-midi. Sa jalousie envers Malefoy était palpable. Il avait bien vu la façon dont Potter avait lorgné sur le colis de Malefoy lors du déjeuner. Sans doute aurait-il aimé ajouter ce colis à tous ceux qu'il avait dû recevoir de la part de sa famille tout au long de l'année.

Et même si Puffett méritait la récompense, il fallait reconnaître qu'elle n'en avait pas grand chose à faire. Malefoy était à Poudlard contre son gré et parce que sa mère avait supplié qu'il vienne. Contrairement à Potter, le garçon avait fait preuve de bonne volonté et travaillait durement. Non, il n'avait pas de talent particulier mais le blond avait su se montrer poli et respectueux. Tout le contraire de Potter en somme.

Franchissant les derniers mètres, Severus marmonna le mot de passe au tableau de Gryffondor et entra précipitamment dans la pièce. S'attendant à voir l'enfant sur le canapé comme la dernière fois, il fut frappé par le silence qui régnait. Le ciel commençait à s'assombrir mais il était encore tôt pour dormir.

Par acquis de conscience, le directeur de Serpentard grimpa dans les dortoirs et franchit la porte des premières années. L'obscurité ne lui permit pas de voir immédiatement que Potter était allongé sur son lit pensant au départ qu'il avait définitivement réitéré son acte de fugue.

En s'approchant, il vit le gamin allongé sur le ventre, le visage tourné vers la fenêtre. Ses joues étaient roses et sa respiration égale. Il dormait à poings fermés. Severus grimaça en voyant que l'enfant avait toujours ses chaussures aux pieds. Encore une attitude à revoir…

D'un geste de baguette agacée, Severus Rogue fit voler les chaussures de Potter pour les faire atterrir au pied du lit. Le gamin bougea à peine, se recroquevillant légèrement dans un soupir. Sans trop savoir pourquoi, Severus Rogue l'observa quelques instants. Le portrait de son père.

Vraiment ? Son nez était plus fin, à l'instar de celui de Lily, et ses joues plus rondes. Le front qui portait cette cicatrice en forme d'éclair était également plus carré que celui de James Potter. Cela, Severus Rogue ne savait pas de qui Potter pouvait bien le tenir. Toujours est-il que Lily n'aurait certainement pas été ravie de voir que son fils réagissait de façon aussi impulsive et méprisable. Si elle avait été là, les choses auraient été si différentes.

Cessant immédiatement cet élan mélancolique, Severus Rogue fit volte-face et s'en alla. Il avait encore un tas de choses à faire. Hagrid serait rassuré, l'enfant dormait, tout allait bien.

 

Partie 1 - Chapitre 7 by Isabelle Pearl

Severus Rogue comptait à voix basse. C'était un excellent exercice pour calmer ses nerfs. Observant sa potion bouillir, il ajouta du crin de licorne lorsqu'il atteignit les trente secondes. Le liquide prit aussitôt une couleur ambrée comme convenu. Satisfait de son génie naturel pour l'art des potions, il se calma quelque peu.

Sa dernière discussion avec le directeur l'avait mis en rage. L'homme était rentré tard dans la nuit mais Severus Rogue l'avait attendu de pied ferme. Maintenant qu'il avait eu sa classe d'été comme il le souhaitait, que la majorité des différentes potions étaient prêtes pour l'infirmerie, il devait trouver une solution pour rentrer chez lui à l'Impasse du Tisseur.

Hors de questions de faire la nounou de Potter.

Le professeur Rogue en était presque venu à supplier le vieil homme de renvoyer le gamin chez son oncle et sa tante ou l'envoyer chez les Weasley pour le reste de l'été. Un de plus ou un de moins dans cette famille ne changerait pas grand chose… Mais pour tout un tas de raisons obscures Dumbledore avait refusé.

Le maître des potions avait eu beau discuter, argumenter, tempêter, rien à faire pour convaincre le directeur. De plus, Dumbledore avait clôturé la discussion en rappelant que Harry avait une punition à honorer avec le professeur pendant deux semaines.

Comment cet homme était-il déjà au courant ? Severus Rogue n'en avait aucune fichtre idée mais cela lui avait coupé le sifflet. Il tenta de reporter cette punition à la rentrée sans grand espoir. Severus Rogue savait reconnaître lorsqu'il avait perdu. Dumbledore avait ensuite ajouté que le gamin resterait au moins jusqu'à la fin du mois de juillet à Poudlard. Bien évidemment, la présence de Severus Rogue était plus que souhaitable. Pour la sécurité du Survivant, cela allait sans dire. Pour enfoncer le clou, Minerva n'était pas de retour avant plusieurs jours. Severus devait donc garder un œil sur le Survivant. Non pas qu'il ne l'ait pas déjà fait durant l'année mais il espérait pouvoir profiter de sa solitude chérie et de ses potions.

Severus Rogue agita trois fois sa baguette au-dessus de son chaudron et la potion se mit à frétiller. Se passant une main sur le visage, il s'installa à son bureau. Le devoir de Potter reposait en évidence. Quelques efforts avaient été réalisés, il fallait l'admettre. Au bout de trois nouveaux essais, c'était la moindre des choses. On était cependant encore loin d'un niveau "effort exceptionnel". Il était temps que cet enfant sorte de sa bulle. Le brosser dans le sens du poil ne servirait à rien et Dumbledore ne semblait pas le comprendre. Pourtant, il connaissait tout aussi bien la prophétie concernant le Survivant.

La prophétie… Severus Rogue avait réussi à la ranger loin dans le fond de sa tête mais avec la révélation de l'amitié que le maître des potions avait entretenu avec Lily au Survivant, un tas de choses étaient revenues à la surface. Notamment la prophétie.

Un jour, Harry Potter devrait tuer le plus grand mage noir du monde sorcier.

Un rire nerveux s'échappa de la gorge du professeur. L'enfant allait droit vers la mort. Et ce n'était pas le comportement impétueux du garçon qui rassurait Rogue. Rayant une phrase mal construite qui trahissait un manque de maîtrise de la part du Gryffondor, Severus Rogue souffla. Ses ruminations se coupèrent au moment où la cheminée s'alluma dans des gerbes vertes. A l'intérieur des flammes se dessinait le visage d'Albus Dumbledore.

- Oh Severus, je me doutais que vous ne dormiez pas, dit le professeur Dumbledore. J'ai besoin de vous urgemment.

Severus Rogue réprima une réplique acerbe. Il comptait justement aller se coucher mais visiblement, cela devait attendre. Le bureau du professeur Dumbledore était tel que Severus Rogue l'avait quitté quelques heures plus tôt. Cependant, une personne se tenait en face d'Albus Dumbledore.

Arthur Weasley, l'air épuisé et les cheveux typiquement roux décoiffés, se tenait droit et adressa un sourire poli à Severus Rogue qui ne répondit pas.

- En quoi puis-je vous aider ? demanda le professeur de potions pressé d'aller dormir.

- Comme vous le savez Severus, commença le directeur sans préambule, Arthur Weasley doit mener plusieurs perquisitions concernant les objets moldus détournés. Les membres du Ministère ont trouvé ceci chez la famille Jugson.

Le professeur Dumbledore leva à l'aide de sa baguette une carafe en verre contenant un liquide bleu. Avant même que le directeur ne poursuive son discours, Severus Rogue sentit la magie noire pulser depuis la carafe. Pourtant, une âme non initiée pouvait rapidement tomber dans le piège qui se présentait là… Le liquide appelait à être bu. Il paraissait doux et sucré. Une odeur délectable s'échappait onctueusement de la carafe. Seul un nez comme celui de Severus Rogue était capable de sentir l'arrière odeur âcre et empoisonnée.

- Je reconnais ce regard, s'amusa Dumbledore. Nous avons besoin d'un expert en la matière tel que vous Severus. Il faudrait décomposer toute la potion pour prouver qu'il y avait intention de nuire.

- Avant la fin août si possible, ajouta Arthur Weasley dans un sourire contrit.

Ben voyons, pensa Severus Rogue avec amertume. Il pointa sa baguette vers la carafe et attira l'objet vers lui avant de l'entourer d'un sort de protection pour s'en saisir.

- Vous croyez que vous pourrez y arriver ? demanda Weasley père. Si besoin, je peux voir avec d'autres collègues qui…

- Aucun de vos collègues ou autres cornichons du Ministère n'est aussi doué que moi en potions Weasley, coupa Severus Rogue d'une voix froide. Je m'en charge.

Dumbledore eut un sourire amusé comme s'il assistait à une pièce de théâtre tandis que Weasley rougissait subitement. Ne souhaitant pas s'attarder plus longtemps, Severus retourna dans ses cachots. Avant de partir, il entendit distinctement le directeur assurer à Weasley qu'il allait adorer être challengé sur cette potion. Severus roula des yeux, agacé qu'Albus Dumbledore le connaisse aussi bien.

oOo

Harry se réveilla d'excellente humeur. Il était enfin en vacances et un weekend tranquille se présentait à lui. Les évènements de la veille étaient déjà loin dans son esprit et il descendit au déjeuner avec l'espoir de recevoir enfin un courrier de ses meilleurs amis.

- Fais gaffe à ne pas te faire renvoyer du seul foyer qui te reste Potter sinon tu seras bon pour l'orphelinat ! lança Malefoy en quittant la Grande Salle au moment où Harry arrivait.

- Ne t'abaisse pas à ça Drago, résonna une voix derrière eux alors que Harry était prêt à dégainer sa baguette.

Puffett se tenait contre un mur, l'air ennuyé. Ses affaires étaient déjà prêtes, une petite malle reposait à ses pieds.

- Eleonore, tu sais bien que c'est juste une petite taquinerie, lança Malefoy d'un air maladroitement charmeur qui fit grimacer Harry de gène.

- Non c'est immature, répliqua-t-elle.

Harry avait l'impression d'être soudainement devenu un pot de fleur assistant à une conversation entre Serpentard qu'il n'aurait jamais dû voir. Malefoy haussa les épaules et se dirigea vers les cachots. C'était la première fois que Harry voyait Malefoy s'adresser à quelqu'un sans avoir l'air excessivement hautain. Le fait que la jeune fille soit plus âgée et Serpentard devait indéniablement y jouer.

- Merci, dit Harry.

- Je n'ai rien fait, répondit-elle avant de se mettre à se ronger l'ongle de son pouce.

- Quand même…

- Bon qu'est-ce que tu veux Potter ? coupa-t-elle agacée. Mon père ne va pas tarder à arriver, je n'ai pas le temps de faire la conversation.

- Tu as été la plus gentille avec moi cette semaine. Sans toi ça aurait été encore plus nul, dit Harry.

- Je suppose que je dois bien le prendre, répondit-elle sarcastique. Bon allez, je vais déjà passer mes vacances avec toute ma famille qui prête littéralement serment à Helga Poufsouffle tous les soirs, ce n'est pas pour avoir des bons sentiments avant l'heure. Va manger, ordonna-t-elle d'un geste impatient de la main.

- Ta famille prête serment à Helga Poufsouffle ? demanda Harry les yeux ronds.

La jeune fille éclata d'un rire moqueur et Harry se sentit légèrement vexé. Les Serpentard étaient des personnes difficiles à suivre… Dire qu'il avait failli être envoyé là-bas… Heureusement, il était un Gryffondor, un vrai.

- Et puis je n'en démords pas, tu aurais du gagner ce stupide challenge, ajouta Harry en croisant les bras sur son torse.

- Je n'ai jamais eu besoin d'un chevalier servant Potter, répliqua-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Toi-même tu viens de le dire, ce challenge était stupide. Je connais ma valeur et je n'ai pas besoin de récompense pour le savoir. Tu comprendras quand tu seras plus grand.

- D'accord, d'accord, se rembrunit Harry.

Qu'est-ce qui lui passait par la tête de vouloir sympathiser avec une Serpentard ? Les membres de cette maison ne semblaient connaître que le sarcasme, les attaques et la méchanceté. Harry dansa sur ses pieds avant de finalement se diriger vers le petit déjeuner. A sa surprise, la voix de Puffett résonna à nouveau derrière lui.

- Si ça peut te rassurer, Rogue m'a offert un livre sur les grandes potions du VIIème siècle. Bien mieux qu'un nécessaire à balais si tu veux mon avis.

Harry se retourna brusquement à s'en faire un claquage, étonné. Puffett lui adressait un petit sourire satisfait d'avoir mouché Harry.

- Et même Turpin et Court ont reçu quelque chose de la part du professeur, ajouta-t-elle. Tu vois qu'il peut être juste. D'ailleurs la prochaine fois, évite de chouiner comme un enfant de trois ans que la vie est injuste. Ça décrédibilise ton image. Enfin, pour ce que les Gryffondor ont à faire de leur image…

- Wahou, le professeur Rogue est donc généreux ! se moqua Harry ignorant la pique sur sa colère de la veille. Faut faire gaffe, la générosité est plutôt une qualité chez les lions.

- C'est ça, dit-elle avec cette fois une véritable pointe d'amusement. Si demain Rogue t'offre un cadeau, tu pourras toujours appeler Ste Mangouste.

Bien que Harry n'avait aucune idée de ce qu'était Ste Mangouste, il éclata franchement de rire. Une vision de Rogue lui offrant un cadeau paraissait tout à coup hilarante. Pourquoi pas Rogue sourire et le consoler après un cauchemar aussi ?

- Bon allez le Survivant, va donc manger, ça ne te fera pas de mal, dit Puffett.

- Je m'appelle Harry, répondit-il. Je peux t'appeler Eleonore ?

- Certainement pas ! lança-t-elle outrée.

Le fou-rire d'Harry reprit de plus belle. Il était sûrement encore trop tôt pour faire ami-ami avec une personne de Serpentard mais Harry eut subitement l'infime espoir que rien n'était perdu avec Puffett.

Son moral monta à nouveau en flèche lorsqu'il vit Hedwige installée sur un banc, attendant visiblement son maître. Il l'appela d'une voix forte et la chouette fonça vers lui. Elle tenait à la patte une enveloppe. Harry reconnut immédiatement l'écriture de Ron. Débordant de joie, Harry s'installa devant son assiette et se saisit d'un toast qu'il enfourna dans sa bouche. Il déchira avec précipitation le papier pour lire la lettre de son ami. Allait-il juger l'amitié de Rogue et Lily ? Un peu inquiet, Harry débuta sa lecture en entamant un deuxième toast.

Harry,

Je n'en reviens pas… T'as dû être chamboulé. Ta mère et Rogue ? Alors qu'il a été un mangemort, un partisan de Tu-Sais-Qui ? C'est vraiment bizarre. En tout cas, s'ils ont été amis, il y a forcément un moment où ils ne l'ont plus été… Je veux dire, ta mère ne serait pas restée ami avec un mangemort !

Honnêtement, je ne pense pas que tu pourras obtenir des informations concernant ta mère auprès de Rogue. Enfin je veux dire… c'est Rogue quoi ! Mais je pense que si tu veux connaître des choses sur tes parents, il vaut mieux demander à Dumbledore.

De ce que j'ai compris, le directeur est très occupé. Si tu veux mon avis, je crois que le Ministère est débordé. Ils font de plus en plus de perquisitions car le ministre veut montrer qu'il maintient la paix (ça c'est mon frère Bill qui le dit). Moi tout ce que je sais, c'est que mon père est épuisé par le travail et malgré tout, on ne gagne pas plus d'argent !

J'ai tout de même une bonne nouvelle, mon père voit régulièrement le professeur Dumbledore et une surprise devrait bientôt arriver… Je n'en dis pas plus !

A bientôt,

Ronald

Le sourire jusqu'aux oreilles et soulagé comme jamais, Harry croqua dans un nouveau toast avant de relever la tête. Hagrid et Dumbledore discutaient joyeusement. Turpin et Court se levaient de table et Rogue le dévisageait froidement. Se rendant compte qu'il mâchait la bouche ouverte et qu'il était à moitié affalé sur sa table, Harry se redressa, la tête haute. Rogue prit une dernière gorgée de thé avant de prendre congé. Dumbledore lui marmonna quelque chose que seuls les deux hommes pouvaient entendre.

Harry promena son regard vers Hagrid et lui adressa un sourire. Le demi-géant se leva et s'approcha de Harry.

- Alors Harry, comment vas-tu ce matin ? J'étais inquiet que tu ne viennes pas hier soir ?

- Oh pardon Hagrid, s'excusa platement Harry qui avait totalement oublié son rendez-vous de la veille avec le demi-géant. Je suis désolé, je me suis endormi et…

- Ne t'inquiète pas va, coupa Hagrid en tapotant l'épaule de Harry qui faillit recracher son thé au même moment. J'étais inquiet que tu ne sois encore parti dans la forêt interdite. Mais le professeur Rogue s'est assuré que tu sois bien à l'intérieur du château.

Harry cligna des yeux plusieurs fois. Il espérait grandement que le professeur n'était pas venu dans la salle commune et encore moins dans son dortoir. Peut-être pouvait-il s'assurer que Harry était présent dans le château avec un sortilège ? Merlin, si le professeur l'avait vu dormir, la honte était totale. S'imaginer aussi vulnérable aux yeux de ce professeur n'était absolument pas rassurant.

- Alors Harry, que fais-tu aujourd'hui ?

Se sentant coupable des nombreuses fois où Harry ne s'était pas rendu chez Hagrid, le Gryffondor proposa d'aider son ami avec son potager. Le sourire du demi-géant valait tout l'or du monde et Harry se sentit revigoré pour le reste du weekend.

Ainsi, les deux amis se dirigèrent vers la cabane de Hagrid. L'homme lui donna des gants et un tablier pour qu'il évite de se salir. Puis, il lui donna un produit à asperger sur les plantes pour faire fuir les limaces.

- Surtout tu mets bien sur les racines ! expliqua-t-il.

Harry hocha la tête, s'empara du lourd pulvérisateur et commença son travail alors que le soleil montait haut dans le ciel.

- C'est une belle journée, lança Hagrid, j'espère que tes amis pourront venir à la fin du mois pour ton anniversaire et qu'il fera toujours aussi beau. Vous pourrez jouer au Quidditch !

Harry lâcha le pulvérisateur et se tourna avec précipitation vers Hagrid qui rempotait une plante.

- Mes amis vont venir pour mon anniversaire ? demanda Harry qui n'en croyait pas ses oreilles.

Les yeux écarquillés, Hagrid garda la bouche ouverte, signe qu'il avait fait une énième boulette .

- Je n'aurais pas dû dire ça...

Mais Harry explosa de bonheur, lançant son poing en l'air et éclata d'un rire ravi. Il débuta une danse de la joie avant que Hagrid ne se lève et se place devant lui. Harry ne voyait même plus le soleil et il releva la tête vers Hagrid. Le demi-géant avait un air sérieux sur le visage.

- Pour cela il faut que tu te tiennes à carreau ! Rien n'est sûr, prévint-il. Et puis… Hum… Si tu pouvais éviter de dire à Dumbledore que tu le savais déjà quand il annoncera la nouvelle…

- Ne vous inquiétez pas Hagrid, rassura Harry le sourire jusqu'aux oreilles.

- J'ai appris que Rogue t'a puni, continua-t-il faussement sévère, essaye de rester cordial et poli avec lui.

Harry grogna un semblant de réponse et retourna à ses pulvérisations. Sa joie était quelque peu retombée. S'imaginer tous les soirs de la semaine en punition comme s'il était en retenue avec Rogue n'avait rien de réjouissant. Harry hésitait franchement à aller voir Dumbledore pour lui demander si cela ne pouvait pas être reporté à la rentrée mais il savait que c'était perdu d'avance. De toute façon, Harry ne se sentait pas particulièrement en position de demander quoi que ce soit au directeur. L'homme était déjà bien gentil de laisser Harry rester au château et ne pas l'envoyer à l'orphelinat le plus proche.

Il faudrait prendre son mal en patience… Mais pour le moment, il était avec Hagrid et même si l'homme lui faisait attraper d'énormes vers pour fertiliser sa terre, Harry était le plus heureux du monde.

Plus tard dans le weekend, Harry reçut une réponse d'Hermione. Cette dernière était plus posée quant à la révélation que Harry lui avait faite concernant l'amitié entre le maître des potions et sa mère. Elle expliquait en long et en large à quel point les maisons étaient ridicules et qu'on passait sûrement à côté de belles rencontres. Aussi, elle ajoutait qu'il ne fallait pas être étonné que Lily Potter ait pu être amie avec Severus Rogue mais qu'il y avait une part de déterminisme social qui les avait séparé avec le temps. Harry n'était pas sûr de tout comprendre mais il était quasiment sûr que James Potter avait un rôle important dans cette histoire de fin d'amitié.

Cependant, depuis son dernier conflit avec le directeur de Serpentard, Harry savait pourquoi le professeur le haïssait. C'était toujours triste de savoir qu'on était la cause de la tristesse et la haine d'une personne mais c'était mieux que l'ignorance.

Harry profita de son premier jour de la semaine pour voler sur le terrain de Quidditch. Rusard hurla lorsqu'il mit de la terre séchée dans le hall et Peeves y ajouta son grain de sel en hurlant par-dessus la voix du concierge.

Déjà en retard pour sa punition, Harry monta rapidement à sa tour pour déposer ses affaires et redescendre dans les cachots. Détalant à toute vitesse dans les couloirs, Harry fit un dérapé lorsqu'il arriva devant la porte. Essuyant son front, le Gryffondor s'apprêtait à frapper à la porte lorsqu'il entendit la voix de Dumbledore. Posant doucement l'oreille contre le battant en bois, il tenta d'identifier la conversation.

- Il me faudra un peu plus de temps professeur, résonna la voix de Rogue.

- Je vous fais confiance, répondit Dumbledore. Faites cependant attention à vous, la magie noire est toujours surprenante.

- Ne vous inquiétez pas pour moi.

Même d'ici, Harry reconnut le sarcasme et l'irritation dans la voix de Rogue. Le directeur ne sembla pas s'en inquiéter puisqu'il poursuivit la conversation d'une voix trop basse pour que Harry ne distingue quoique ce soit.

Râlant intérieurement, Harry frappa trois coups secs. La porte s'ouvrit aussitôt et Harry comprit que Rogue venait de l'ouvrir d'un geste de la baguette qu'il rangeait à l'intérieur de sa robe. Harry avança lentement vers le duo qui continuait de parler à voix basse. Puis, Dumbledore se tourna finalement vers Harry, un grand sourire sur le visage.

- Harry ! Comment s'est passé ton week-end et ta journée ?

- Bien professeur, répondit le garçon gardant un œil sur un Rogue visiblement irrité.

- Très bien très bien, répondit-il. Et bien je vous laisse alors.

Harry aurait voulu demander à Dumbledore quand est-ce qu'il pourrait se voir mais le directeur avait déjà disparu. Rogue était penché sur ses notes, semblant avoir oublié Harry. Le Gryffondor ne tomba pas dans le piège de fuir à toutes jambes, le professeur saurait le retrouver et le pendre au lustre pour cet affront. Il observa alors les différents bocaux qui peuplaient l'étagère à sa droite. L'un d'eux contenait des pétales de Lys. Une mélancolie venue de nulle part frappa Harry de plein fouet. Ron avait raison, il était chamboulé par la découverte sur sa mère.

Harry leva finalement la tête lorsqu'il entendit le professeur se lever et planta son regard dans celui de Rogue.

- Alors Mr. Potter, dit-il d'une voix lente. Avez-vous quelque chose à dire en ce début de séance ?

Harry fronça les sourcils, ne comprenant pas où voulait en venir le professeur. Il se contenta alors juste de secouer la tête par la négative. Le professeur lui lança un regard noir et montra du menton une caisse rempli de bocaux qui se trouvait derrière Harry.

- Nettoyez-les, dit-il simplement.

La tension logée dans les épaules de Harry s'échappa immédiatement. Il y avait bien pire comme punition. Harry attrapa la caisse et se dirigea aussitôt vers les lavabos. Prenant soin de ne pas toucher les différents liquides suspicieux encore présents dans certains bocaux, Harry débuta sa tâche délicatement. C'était évidemment pénible. Harry aurait préféré être dans son dortoir lisant le dernier Quidditch Magazine ou remplissant les jeux en dernière page de la Gazette du sorcier mais il avait fait bien pire. Laver les draps de Dudley lorsqu'il avait bu trop de sodas la veille par exemple.

- Cela n'est ni fait ni à faire Potter, claqua la voix de Rogue derrière lui au bout d'une demi-heure.

Harry sursauta, il n'avait pas entendu l'homme arriver. Le mépris se dégageait tellement de Rogue que Harry suivit le regard du professeur. Les bocaux qui séchaient lui paraissaient pourtant correctement lavés. Harry avait fait comme Pétunia demandait à chaque fois. Laisser tremper avec de l'eau bien chaude, savonner et laisser sécher. Perdu, Harry chercha ce qu'il avait mal fait.

- Les bocaux doivent être essuyés, expliqua finalement le professeur Rogue comme si Harry était le dernier des idiots. Je vous ai mis des torchons ce n'était pas en guise de décoration !

Harry se saisit du torchon et se dépêcha de s'exécuter. Si jamais Rogue disait au professeur Dumbledore que son comportement laissait à désirer, la visite de Ron et d'Hermione allait tomber à l'eau. Reposant avec douceur les bocaux pour ne pas faire trop de bruit (Oncle Vernon détestait lorsque Harry faisait claquer la vaisselle), Harry continua sa tâche jusqu'à ce que tout soit parfait. Fier de lui, il se retourna, cherchant le professeur des yeux. L'homme était toujours absorbé par ses notes et cela éveilla sa curiosité.

- Puis-je savoir ce que vous trafiquez ? demanda le professeur sans lever les yeux de son parchemin.

- J'ai terminé.

Le professeur leva les yeux et reposa sa plume. Harry observa silencieusement Rogue inspecter les bocaux. En y réfléchissant, c'était tout bonnement ahurissant de l'imaginer ami avec sa mère. L'homme se retourna dans un mouvement ample, ses robes volant élégamment autour de lui. Le regard chargé de déplaisance, il inspecta Harry de haut en bas.

- Avez-vous quelque chose à dire ?

Comme au début de l'heure, Harry secoua à nouveau la tête. Que voulait donc le professeur à la fin ? Harry ne savait même pas s'il le menaçait ou s'il attendait réellement quelque chose de la part du Gryffondor. C'était un coup à tourner en bourrique. Il aurait l'air bien malin à la rentrée s'il perdait totalement la tête à cause de Rogue.

- Dans ce cas, disparaissez et revenez demain à la même heure ! claqua la voix dangereusement menaçante de Rogue.

Les jours qui suivirent se ressemblèrent en tout point. Harry passait son temps entre le terrain de Quidditch et le potager de Hagrid. Ensemble, les deux amis commencèrent à récolter les premières tomates de la saison. La chaleur se faisait de plus en plus sentir au fur et à mesure des jours et Harry hésita plus d'une fois à patauger dans le lac. Il préférait cependant attendre Ron et Hermione pour ce genre d'activités. Harry s'imaginait déjà avec ses amis à se noyer mutuellement et faire les meilleures batailles d'eau que Poudlard ait connu.

Harry commençait à rêver franchement de leur venue. Les retenues avec Rogue se déroulaient correctement. Malgré les piques régulières du professeur, Harry n'explosait jamais de colère et restait stoïque, frottant juste un peu plus rapidement les bocaux. Les deux derniers jours avaient été calmes, Rogue étant inspiré par ses notes.

Le vendredi soir, Harry fila comme à son habitude dans les cachots pour sa dernière punition de la semaine. La fraîcheur des lieux rendait l'endroit presque agréable. La chaleur avait été intense durant la journée, si bien que Harry était resté à l'intérieur de la Cabane de Hagrid à écouter des histoires incroyables de dragons des montagnes.

Les portes étaient déjà ouvertes lorsqu'il arriva. Par acquis de conscience, Harry frappa pour annoncer sa venue. Le professeur leva simplement les yeux de ses notes. A y regarder de plus près, Rogue semblait épuisé. Des cernes se dessinaient sous ses yeux noirs et sa peau paraissait encore plus pâle qu'à l'ordinaire. Harry souhaitait presque plaisanter en rappelant à l'homme que le soleil était radieux à l'extérieur et qu'il devrait y faire un tour mais il tenait à la vie. Se levant de sa chaise, Rogue recommença le même manège que les autres jours.

- Avez-vous quelque chose à dire ? demanda-t-il d'une voix qui transpirait l'agacement.

C'était à croire qu'il attendait que Harry dise quelque chose de mal pour le punir jusqu'à la fin de ses jours. Harry secoua la tête par la négative et Rogue haussa les sourcils d'un air las. Harry avait l'impression d'être un abruti fini et c'était probablement ce que pensait le professeur.

Sans plus attendre, le Gryffondor se dirigea vers les bocaux et débuta sa corvée. Seuls les bruits de plume et de vaisselles déchiraient le silence. Il s'appliqua à correctement essuyer les bocaux. Le professeur avait souvent quelque chose à redire à ce niveau là… Cette fois cependant, lorsque Harry eut terminé, Rogue se leva et ne fit aucune réflexion. Harry savoura cette victoire d'un sourire qu'il masqua par un visage neutre.

Puis Rogue recommença à nouveau cette litanie :

- Avez-vous quelque chose à dire ?

Le professeur observait Harry d'un air menaçant. Les lèvres pincées, l'homme semblait réellement attendre quelque chose mais Harry était incapable de comprendre quoi. A priori, il faudrait puiser en la force de Godric Gryffondor pour comprendre ce que voulait le serpent qui lui servait de professeur.

- Je ne sais pas, tenta finalement Harry.

La langue du professeur claqua et Harry sût que c'était une mauvaise réponse. Cette fois-ci, Rogue paraissait furieux. Harry ne comprenait vraiment pas ce qu'il avait pu dire ou faire. Il se contenta donc d'attendre que le courroux du professeur explose enfin, déçu de potentiellement voir ses retrouvailles avec ses meilleurs amis lui passer sous le nez.

- Plus arrogant que vous, on meurt, cracha le professeur.

Harry sentit ses joues rougir sous l'insulte. Pour une fois, il n'avait strictement rien fait. Totalement désorienté, Harry essaya de trouver ce que le professeur voulait. La dernière fois qu'il avait provoqué sa colère, le professeur lui avait dit de se tenir tranquille et… de présenter ses excuses.

Harry resta pantois quelques secondes. Le professeur le regardait avec dédain. Harry était à deux doigts de faire demi-tour. Cependant, il ne voulait pas que le professeur croit qu'il était complètement mal élevé car s'il le croyait alors il penserait que Lily l'avait mal élevé. Et Harry ne souhaitait pas qu'on pense du mal de sa mère. Se rappelant qu'il était un Gryffondor, Harry s'éclaircit la gorge.

- Je m'excuse…

- On ne s'excuse pas soi-même, coupa le professeur sèchement.

- Veuillez accepter mes excuses, se corrigea Harry aussitôt. Je n'aurais pas dû me comporter de la sorte après la remise du prix.

- Reconnaissez-vous que Mr Malefoy méritait cette récompense ?

- Oui, mentit Harry.

- Oui ? répéta Rogue qui ne semblait pas du tout le croire.

Harry soupira. Lily Potter méritait qu'on lui fasse honneur. Harry planta courageusement son regard dans celui de son professeur, rempli d'animosité.

- Il méritait puisqu'il a utilisé les connaissances de l'année passée, expliqua Harry d'une voix calme.

Le professeur Rogue observa Harry plusieurs secondes silencieusement. Bien évidemment, ce n'était pas assez. La véritable colère ne se situait pas réellement dans le soi-disant manque de fair-play d'Harry. Cette fois-ci, Harry baissa les yeux sur ses chaussures, ne pouvant garder la tête haute. Il avait beaucoup trop honte à chaque fois qu'il y pensait alors l'évoquer devant Rogue... Harry s'éclaircit à nouveau la gorge.

- Je vous demande pardon pour ma mère professeur, débita Harry d'une voix qui se chargea en émotion malgré lui. Je suis… Hum… désolé si elle n'a pas pu rester en vie. Vous avez perdu une amie à cause de moi et je sais que j'aurais beau laver tous les bocaux de Poudlard, cela ne la ramènera pas à la vie. Excusez-moi aussi d'avoir évoqué votre amitié avec elle, j'ai compris que vous ne souhaitez pas en parler et je ne le ferai plus. Je… Hum… suis désolé d'avoir provoqué sa mort.

Harry se rendit compte qu'il se tordait les doigts. Les oreilles bourdonnantes et n'entendant pas de réaction du professeur, Harry tourna les talons. Il faisait soudain très chaud et son cœur tambourinait à toute vitesse dans sa cage thoracique. Harry ne savait pas s'il avait bien fait mais voyant qu'on ne le rattrapait pas, Harry courut à toute vitesse jusqu'à sa salle commune.

Une fois à son dortoir, Harry soupira, soulagé.

 

End Notes:

Pas facile pour nos deux têtes de mûle ! 

A votre avis, comment va réagir Severus aux excuses de Harry ?

A bientôt !

 

Partie 1 - Chapitre 8 by Isabelle Pearl

De toute évidence, Harry Potter possédait le pouvoir caché de sidérer les gens. Severus Rogue était rarement pris de court mais le Survivant avait fait fort. Le regard rivé sur la porte qui avait engloutie le Survivant quelques secondes plus tôt, Severus demeurait cloué sur place.

Bien évidemment, il avait attendu depuis le début de la semaine que ce gamin arrogant présente ses excuses pour son comportement. En revanche, s'il avait été un tant soit peu soulagé que Potter finisse par comprendre ses attentes, il était abasourdi par ce qui s'en était suivi. Les mots tournaient à mille à l'heure dans son esprit sans qu'il ne parvienne à faire le tri.

Je suis… Hum… désolé si elle n'a pas pu rester en vie.

Le cœur de Severus tambourina furieusement contre ses tempes.

Vous avez perdu une amie à cause de moi.

Une douleur ancienne longtemps enfouie remonta à la surface et le frappa à l'estomac.

Je… Hum… suis désolé d'avoir provoqué sa mort.

Severus attrapa la chaise la plus proche et s'affala dessus, plongeant sa tête entre ses mains tremblantes. L'image que le gamin avait de lui-même était terrifiante. Par Merlin, Severus aurait aimé que les paroles de l'enfant ne soient qu'une tentative de manipulation. Mais il n'y avait rien de tout ça. Il était obligé de l'admettre. Les mots du garçon transpiraient l'honnêteté, la naïveté et la crainte. Et Severus était totalement ébranlé par les mots qui résonnaient encore dans sa tête.

...à cause de moi...à cause de moi...à cause de moi…

Cela n'aurait jamais dû se passer comme ça. Severus Rogue n'avait probablement jamais autant détesté Dumbledore qu'à cet instant. Si le directeur n'avait pas joué les grands divulgateurs, tout ceci ne se serait jamais produit.

Le maître des potions accusa le coup en se mordant les joues jusqu'au sang. Il n'avait pas envie de ressentir la moindre responsabilité envers le Survivant autre que celle de vérifier de loin qu'il restait en vie et ne prenait pas de risques inconsidérés.

Et maintenant quoi ? Devait-il expliquer à un enfant de même pas douze ans que la mort de ses parents et surtout celle de Lily n'était pas de sa faute ? Parce que Lily aurait voulu qu'il le fasse. Et Dumbledore savait que Severus aurait ce chemin de pensées. Dumbledore… Savait-il à quel point la culpabilité rongeait cet enfant ? Pire, en jouait-il délibérément afin de mettre un grand plan à exécution ?

Une bouffée de colère envahit Rogue. Que cherchait Dumbledore ? Était-ce une punition ? Le mettre face à ses responsabilités quant à la prophétie révélée quelques années plus tôt ? Severus souffrait déjà bien assez. Voulait-il que Severus accomplisse la besogne d'apprendre au gamin qu'il devrait un jour affronter le mage noir ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas aller directement au but plutôt que de passer par un tas de ruses ?

Le souffle court, le maître des potions rassembla sa concentration pour remettre ses idées en place. La perspective de se sentir mal pour le fils de James Potter rendait la situation totalement absurde.

Il commençait à voir clair dans le jeu de Dumbledore et il était hors de question de lui donner ce qu'il voulait. On ne pouvait pas forcer les gens à s'apprécier. Offrir une protection au fils de Lily, Severus pouvait le faire. Et il devait le faire. Pour sa conscience et se racheter. Rassurer le gamin sur ses doutes et ses angoisses que Dumbledore aurait déjà dû prendre en charge était un pas que Severus ne franchirait jamais. Plutôt mourir.

En bon Serpentard qui se respecte, Severus Rogue resta enfermé tout le weekend dans ses appartements afin de fuir toutes les émotions contraires qui le traversaient. La raison officielle reposait sur l'avancement de ses recherches concernant la potion récupérée chez les Jugson. Officieusement, il n'avait envie de croiser ni Dumbledore, ni Potter.

Malgré tout, il prit un réel plaisir - que Lily aurait jugé malsain - à découvrir les différentes nuances de magie noire qui avaient été imbriquées pour créer cette potion. Le maître des potions était encore loin d'avoir terminé son rapport et cela lui maintint l'esprit occupé.

Mais le lundi soir arriva bien trop vite à son goût et Potter se pointa à l'heure. Le langage corporel du garçon indiquait qu'il était tout aussi dépité de se trouver en présence du professeur. Habitué aux tâches de la semaine précédente, le gamin se dirigea automatiquement vers les caisses de bocaux.

- Pas ce soir Potter, s'entendit dire Severus.

L'enfant s'arrêta net, masquant difficilement une appréhension dans son regard.

- Je crois que vous avez plusieurs devoirs d'été à faire et il ne me semble pas que vous les ayez déjà commencé. Etant donné que vous semblez obstiné à baigner dans votre médiocrité et que je n'obtiendrai rien de plus de votre devoir de potions, je vous invite à débuter vos autres devoirs d'été.

Le Survivant ne cilla même pas sous l'insulte et resta les bras ballants, dévisageant le professeur comme s'il lui était poussé une deuxième tête.

- Vos cabrioles intempestives dans les airs ont-elles eu raison de vos derniers neurones Potter ?

Cela fit réagir l'enfant qui secoua la tête précipitamment. Puis, le regard fuyant, Potter dansa sur ses pieds. Severus détestait ce genre de comportement. Secouer le gamin pour qu'il se tienne droit et regarde dans les yeux traversa l'esprit du maître des potions qui se reprit à la dernière seconde. A la place, il haussa un sourcil de façon menaçante.

- Je n'ai pas mes affaires avec moi, lâcha finalement le Survivant.

- Hé bien allez les chercher ! s'agaça le professeur avant de retourner à ses notes. Et ne vous avisez pas de traîner en chemin.

Potter ne se le fit pas dire deux fois. A peine dix minutes plus tard, le Gryffondor était présent, son sac de cours avec lui et les joues rougies d'avoir visiblement couru. Severus n'eut pas la force de rappeler à ce garnement qu'on ne courait pas dans les couloirs et retourna à ses notes. Il entendit Potter s'installer à une table et dévisser son encrier. A son grand soulagement, le Gryffondor ne posa aucune question et se mit à travailler.

L'heure se déroula silencieusement. Lorsque Severus s'apprêta à congédier le Gryffondor, celui-ci le prit de cours en s'approchant avec hésitation vers son bureau. Severus Rogue lui adressa un regard l'intimant de fuir. Cela eut l'effet contraire -stupide Gryffondor- car l'enfant se redressa et s'avança d'une démarche plus assurée.

- Que voulez-vous ? pesta le professeur.

- J'ai terminé mon devoir de Défense contre les forces du mal, répondit Potter qui eut le bon goût de paraître gêné tout en tendant son parchemin.

Severus Rogue s'apprêtait à envoyer Potter paître chez les strangulots quand plusieurs questions se bousculèrent dans sa tête. D'abord, comment se faisait-il que le gamin avait un devoir de défense contre les forces du mal à rendre alors que le professeur Quirrell avait disparu de la circulation avant d'avoir le temps de donner des exercices à ses étudiants ? Ensuite, le gamin était-il aussi doué dans cette matière que ces collègues s'évertuaient à le dire ? Severus opta pour le pragmatisme.

- Il ne me semble pas que le professeur Quirrell vous ait donné un devoir de Défense contre les forces du mal.

- Le professeur McGonagall nous a donné des devoirs en bonus à ce sujet, expliqua le Survivant dans un haussement d'épaules qui irrita le maître des potions. Elle nous a demandé de travailler cette matière.

La petite vipère, pensa Rogue. C'était déloyal de faire avancer ses étudiants dans cette matière. On parlait souvent du manque de fair-play des Serpentard mais les autres maisons n'étaient pas en reste, exemple ici même. Les Serpentards assumaient davantage leur esprit compétitif. Mais tout le monde savait que Chourave laissait des plantes dans la salle commune des Poufsouffles afin que ses petits blaireaux puissent travailler et découvrir les joies de la botanique et que Filius Flitwick donnait des cours particuliers tous les samedis soirs à ses élèves. La directrice de Gryffondor voulait se la jouer plus maline que les autres mais c'était sans compter la naïveté de ses lionceaux.

A priori, Potter ne semblait pas voir où était le mal. Arrachant des mains le parchemin toujours en l'air, Severus Rogue se fit un plaisir de préparer une attaque bien senti sur le manque de rigueur du gamin. Il ne pouvait pas avoir terminé correctement en si peu de temps.

Le devoir consistait à répondre à des questions de niveau première année. Rien d'incroyable. Severus grimaça en observant à quel point les attentes étaient beaucoup trop basses concernant cette matière. Titulaire du poste, les premières années auraient déjà vu les sortilèges de désarmements et de protections basiques. Au moins théoriquement.

- Développez la question numéro sept, dit-il en lui rendant son devoir.

- C'est tout ? s'étonna sincèrement Potter.

- Étant donné le peu de choses qu'on vous a demandé cette année, oui c'est tout. Pas de quoi vous en vanter, ajouta Severus pour couper court au sourire du gamin. Si j'avais été à la place de Quirrell, vous auriez eu bien plus de parchemin à rendre.

Potter eut le bon goût de reprendre une expression sérieuse et de retourner à sa table pour se remettre au travail. Severus hésita à lui rappeler que l'heure était passée mais il ne pouvait se résoudre à arrêter un élève sur sa lancée. Pour une fois que Potter était studieux et silencieux… Malgré quelques bâillements que l'enfant dissimula avec difficulté, Severus ne put s'empêcher de constater que Potter savait faire preuve de rigueur. Comme quoi, il était capable de mieux faire. Les élèves comme lui étaient encore plus agaçants aux yeux de Severus. Les difficultés, il pouvait comprendre même s'il ne faisait pas dans la charité mais la fainéantise et les capacités gachées pouvaient mettre le directeur de Serpentard dans une colère noire.

Potter était affalée sur sa table, sa main tenant sa tête et sa bouche marmonnant pour lui-même lorsqu'il écrivait. Une chaleur désagréable se logea dans les entrailles de Severus, le propulsant vingt ans en arrière. L'image de Lily se superposa à celle du Survivant. Elle avait aussi ce tic de marmonner lorsqu'elle écrivait un mot compliqué ou qu'elle voulait être certaine de ce qu'elle écrivait. Cela avait tendance à importuner Severus, particulièrement lorsqu'il était plongé dans un livre. Son agacement ne demeurait jamais bien longtemps. Souvent, Lily relevait les yeux et lui adressait une moue contrite pleine d'excuses silencieuses. Son énervement fondait alors comme neige au soleil. Et merde… Le Survivant possédait aussi cette mimique.

Non, ce n'était pas exactement le même sourire. Celui-ci était pétri d'embarras. Mais le fantôme de Lily se reflétait sur son visage et Severus avait de plus en plus de mal à l'ignorer. Pourquoi ne pouvait-il pas juste voir James Potter, son ennemi de toujours ? Cela aurait été beaucoup, beaucoup plus simple.

- Euh... J'ai terminé monsieur, déclara Potter en tendant à nouveau son parchemin.

- C'est bon, coupa froidement Severus. Je ne suis pas votre professeur de défense. Vous le montrerez au remplaçant.

- Vous savez qui sera le nouveau professeur ? demanda avec curiosité Potter.

- Même si je le savais, je ne vous le dirai pas, rembarra Severus. Maintenant disparaissez !

Le Gryffondor hocha la tête, fourra ses affaires dans son sac qu'il passa sur son dos. Severus croyait être enfin tranquille lorsque l'enfant s'arrêta sur le pas de la porte et se retourna. Merlin…

- Merci de m'avoir aidé pour le devoir, lança Potter qui paraissait lui-même étonné des mots qui sortaient de sa bouche.

Au grand soulagement de Severus, le Gryffondor n'attendit pas de réponse et se sauva. Le monde ne tournait définitivement pas rond.

Le reste de la semaine se déroula de la même manière. Severus passait son temps dans son laboratoire pour avancer sur ses différents travaux aussi bien personnels et professionnels. Le soir, le Survivant s'installait docilement et silencieusement pour se mettre à travailler. Le garçon avait un don pour se faire oublier. Cela s'ajouta à la longue liste des évènements déstabilisants que Severus traversait.

Potter ne termina cependant pas ses autres devoirs aussi rapidement que celui de Défense contre les forces du mal. Par ailleurs, le Gryffondor ne semblait pas non plus avoir hérité des dons en sortilèges que sa mère possédait.

A la fin de la semaine, Severus intima au gamin de s'entrainer à lancer certains sortilèges. L'enfant avait la chance d'être à Poudlard, il pouvait utiliser la magie sans se faire repérer. Severus lui avait rappelé non sans froideur qu'il pouvait donc faire autre chose que de passer ses journées à voler sur un balais. Potter l'avait regardé d'un air blasé, le visage rougit par les coups de soleil. Le lendemain pourtant, Severus aperçut le gamin dans le parc, lançant des sortilèges de lévitation sur les rochers autour du lac.

Severus avait pour objectif de rester tout le week-end enfermé dans son laboratoire et d'aller faire un tour sur le chemin de traverse afin d'acheter différents ingrédients. Il aurait pu les faire livrer mais la perspective d'aller faire un tour à l'extérieur était plus que bienvenue.

Minerva - rentrée d'Ouganda la veille - passa l'intégralité du dîner à s'émerveiller de son voyage.

- Est-ce qu'il y a beaucoup d'autres écoles de sorciers dans le monde ? demanda Potter qui était tellement subjugué par le récit du professeur qu'il avait à peine touché à son repas.

- Il y a onze grandes écoles officielles, déclara Minerva.

- Dément ! lança Potter.

Minerva pinça des lèvres face à la familiarité de l'enfant mais Severus vit nettement l'amusement dans les yeux de sa collègue. Dumbledore, silencieux jusqu'alors, se pencha vers Severus pour échanger à voix basse.

- Pétunia a envoyé un courrier concernant la fin de tutelle de Harry, déclara-t-il solennellement.

- Que voulez-vous que j'y fasse ? demanda Severus qui s'était pourtant raidit de stupéfaction quelques secondes.

Alors Pétunia rompait réellement la tutelle ? En quel honneur ? Qu'est-ce que Potter avait bien pu faire pour se mettre autant à dos sa famille ? Certes, Pétunia était loin d'être une sainte, Severus en avait été témoin mais comment les choses avaient-elles pu aller aussi loin ? Avait-elle été à ce point vexée ? Etait-ce un test pour que le gamin revienne de lui-même ?

- J'aimerais que vous rendiez visite à Pétunia, répondit avec calme Dumbledore.

Seule la maîtrise parfaite de ses émotions permit à Severus de ne pas recracher son hydromel.

- Rendre visite à Pétunia ? répéta-t-il d'une voix qui se voulait égale. Pourquoi n'y allez vous pas vous-même ?

- Je pense que l'échange sera certainement plus concluant si vous y allez, expliqua mystérieusement Dumbledore.

- Je ne comprends pas votre objectif, lâcha finalement Severus d'une voix irritée. Minerva ne peut-elle pas y aller ? Après tout, elle est la directrice de Potter.

- En effet, mais vous connaissez Pétunia mieux que personne. Cette tourte est vraiment délicieuse, nos elfes se dépassent de jour en jour.

- Alors quoi ? s'agaça le maître des potions. Je suis censée la convaincre de récupérer Potter ?

- Vous verrez par vous-même, répondit simplement Dumbledore. Je suis certain que vous saurez faire le nécessaire. Un peu de tourte ? proposa le vieil homme en tendant le plat vers Severus qui répondit par un regard noir.

A son grand soulagement, Potter se leva pour certainement rejoindre le terrain de Quidditch. Il avait à peine touché à son plat. A croire que la nourriture était gratuite pour lui… Ingrat. Le maître des potions ne s'attarda pas sur ses ruminations et ne mâcha plus ses mots.

- Comptez-vous me donner un rôle qui n'est pas le mien Dumbledore ? Ma patience a des limites.

- Allons Severus, je souhaite le meilleur pour Harry. Faîtes moi confiance, ajouta le directeur en l'observant derrière ses lunettes en demi-lune.

Severus rongea son frein pour ne pas exploser. Il détestait être pris dans les machinations du directeur, quelque soit son plan. Que ce soit pour le plus grand bien ou celui du Survivant, il voulait rester loin de tout ça.

- Si vous souhaitez tant que cela le meilleur pour Potter, commencez déjà par vérifier qu'il aille au lit suffisamment tôt, botta en touche Severus avec hargne.

- Que dites-vous Severus ? se mêla Minerva qui reposa sa fourchette d'un air inquiet.

- Votre Survivant somnole la journée et même si travailler sur ses devoirs ne l'enchante pas, seul un aveugle ne verrait pas les cernes qui se dessinent sous ses yeux, débita Severus. Mais bien évidemment, rien n'est de trop pour Potter n'est-ce pas ? Après tout, si un enfant de onze ans veut veiller jusqu'à pas d'heure, je suppose qu'il est libre de le faire ?

- Je n'apprécie pas vos sous-entendus Severus, répondit Minerva d'un air sévère et Severus eut l'impression d'être de nouveau son élève mais n'en montra rien. Lorsque je suis ici, je m'assure tous les soirs que Potter soit au lit à une heure convenable.

- Vous semblez oublier que le garçon peut faire preuve d'une grande persuasion, répliqua Severus d'une voix un peu plus forte. Il peut vous tromper rien qu'en clignant des yeux !

- Severus ça suffit ! tonna Minerva. Cessez de confondre Harry avec James. Harry est un bon petit, respectueux et…

- Et qui fugue au point de bloquer la moitié du corps enseignant à Poudlard ? coupa Severus.

- Nous ne savons pas ce qui a pu se passer dans la tête de Harry ce jour-là mais n'oubliez pas ce qui s'est passé avec Quirrell il y a quelques mois, clama Minerva la tête haute.

- Oh mais nous pouvons parler de cela aussi, s'emballa Severus.

Désormais, tout ce qu'il avait à reprocher au gamin était prêt à se déverser droit sur Minerva. Comment se faisait-il que Potter ait pu entraîner ses amis à la recherche de la pierre philosophale sans que Minerva ne le voit ? S'il avait été un élève de sa maison… Non, Severus ne préféra pas s'engager sur ce terrain là.

- Vous n'allez rien faire du tout, coupa Dumbledore d'une voix calme mais non sans autorité. Harry a une très bonne capacité de résilience, c'est l'une de ses plus grandes qualités. Je vous demande aussi de vous reprendre Severus. Minerva a raison, il n'est pas James. Il est temps d'avancer à ce sujet. Il est pour le moment en sécurité ici. Cependant, j'ai besoin que vous vous rendiez chez les Dursley au plus vite afin de régler cette question de tutelle.

- Très bien, cracha Severus en se levant brusquement.

oOo

Alors que le mois de juillet mourrait, le professeur Dumbledore convia Harry dans son bureau. Le directeur l'accueilli avec des biscuits et du thé. Le sourire chaleureux du vieil homme l'apaisa. Ses yeux bleus le scrutaient et au bout d'une minute extrêmement longue, Dumbledore prit la parole.

- J'ai plusieurs choses à t'annoncer Harry, dit-il d'une voix douce.

Harry croqua dans un des biscuits et laissa le sucre fondre sur sa langue, attendant que le directeur poursuive.

- Il s'avère que tu es désormais sous la tutelle du service de la protection de l'enfance du Ministère de la magie. Tu ne seras plus obligé de retourner chez ton oncle et ta tante, expliqua Dumbledore avec douceur.

Harry avala tout rond son morceau de biscuit. Le sentiment de vide, propre à ce qu'il avait ressenti dans l'infirmerie après sa fugue, s'empara de lui. Bien sûr, il était soulagé de ne plus retourner chez les Dursley mais devenir une pupille du Ministère rappela à Harry à quel point il était seul.

Il eut l' impression étrange que Dumbledore sondait son esprit. Gêné, le Gryffondor gigota sur sa chaise et bu une gorgée de thé.

- Je te dois la vérité Harry, poursuivit Dumbledore. Comme je te l'ai déjà expliqué, ta tante a toujours été une protection pour toi. Aussi, le foyer des Dursley devait être à tes yeux ta maison et ton point d'ancrage. Cependant, lorsque tu es parti fin juin et les mots que tu as prononcés, tu t'es détaché de ce foyer. C'était de la magie puissante, ajouta-t-il avec tranquillité.

- J'ai ressenti quelque chose d'étrange dans l'infirmerie, dit finalement Harry. Comme si quelque chose s'arrachait de mon corps.

Dumbledore pointa du doigt Harry, le regard pétillant.

- C'est exactement cela Harry ! J'ai souhaité attendre la fin du mois avant de voir si tu pouvais changer d'avis mais de toute évidence, il est temps de passer à autre chose même si j'espère que tu pourras nouer une relation plus apaisée avec ta tante d'ici quelques années.

Harry haussa des épaules et reprit une gorgée de thé. Il se fichait d'avoir une relation apaisée avec sa tante. Il ne voulait plus rien à voir avec les Dursley.

- Qu'est-ce qu'ils ont dit ? Les Dursley, précisa Harry.

- Le professeur Rogue a été recueillir la signature de ta tante.

- Rogue ? s'exclama-t-il, un brin paniqué.

Imaginer Rogue chez son oncle et sa tante rendait la situation complètement irréelle. Qui avait été le plus antipathique ? Qui avait été pris d'une colère froide le premier ? Qui avait tué qui ? Par quel miracle aucun mort n'était à déplorer ?! Harry sentit le fou-rire nerveux pointer le bout de son nez et il se mordit les lèvres pour ne pas le laisser éclater.

- Le professeur Rogue, corrigea Dumbledore de sa voix calme. Il a pu échanger les différentes formalités et il a obtenu la signature de ta tante.

Sur ces mots, le directeur présenta un parchemin où Harry lu "abandon de tutelle" puis, plus bas, la signature de Pétunia, ainsi que celle de Severus Rogue et une représentante du Ministère. Tout le monde semblait avoir trouvé un terrain d'entente sans que ça tourne au meurtre.

- C'est marrant, dit Harry d'une voix pensive.

- Qu'est-ce qui est marrant Harry ? s'étonna le professeur Dumbledore sans se départir de son sourire.

- Pétunia déteste la magie et Rogue déteste… Et bien à peu près tout, répondit Harry après un instant de réflexion. Rien ne pourrait laisser imaginer qu'ils ont beaucoup de points communs et pourtant ils en ont au moins un.

- Ah ? encouragea Dumbledore.

- Les deux me détestent, expliqua Harry dans un sourire ironique. En plus, c'est exactement pour la même raison.

- Quelles raisons Harry ?

Cette fois, Dumbledore avait perdu son sourire et seule la curiosité crépitait dans ses yeux. Harry ne savait pas trop s'il devait répondre. En réalité, il n'y avait rien de grave - au contraire, l'ironie de la situation l'amusait plus qu'autre chose- et il ne voulait pas que le directeur s'inquiète pour lui. Cependant, le regard de Dumbledore était si intense qu'il ne put éviter la question.

- Ma mère, répondit finalement Harry de but en blanc. J'ai bien réfléchi et je sais aujourd'hui que Rogue me déteste car ma mère s'est sacrifiée pour moi. Il est certain que ma tante me déteste pour cette même raison.

- Oh Harry, soupira le directeur en secouant la tête.

- Monsieur, ce n'est rien, ajouta avec précipitation Harry.

Il ne voulait pas que le directeur commence à le consoler. Harry ne se sentait aucunement blessé. Il n'avait aucun attachement, ni pour sa tante, ni pour Rogue.

Fort heureusement, le directeur se redressa, son regard bleu rivé par-dessus l'épaule de Harry qui se retourna par curiosité. Le professeur Rogue se tenait dans l'encadrement de la porte. Harry avait l'impression d'être dans un de ces films d'horreur que Dudley adorait regarder en cachette. L'aspect fantomatique du professeur ne laissait en rien deviner s'il avait écouté la conversation entre Harry et Dumbledore. Priant pour que le professeur n'ait rien entendu, Harry se tourna vers Dumbledore, implorant silencieusement de prendre congé.

- Oh Severus, j'allais justement expliquer à Harry que ses amis allaient venir lui rendre visite demain, dit Dumbledore, un léger sourire accroché au visage.

La présence de Rogue empêcha Harry de sauter de joie. Il se contenta d'un sourire reconnaissant. Dumbledore hocha la tête avant de reprendre.

- Tes amis resteront quelques jours avec toi, expliqua-t-il. Je sais que tu souhaiterais te rendre chez ton ami Ronald immédiatement mais tu dois rester à Poudlard. Cependant, je suis certain que Mrs. Weasley sera ravie de t'accueillir quelques jours à la fin du mois d'août. Tu pourras y faire tes achats de rentrée. Maintenant si tu veux bien Harry, je dois m'entretenir avec le professeur Rogue.

Harry se leva et remercia le directeur avant de tourner les talons. Rogue dévisagea Harry de haut en bas lorsqu'il passa à côté de lui. Réprimant un frisson, Harry courut rendre visite à Hagrid pour lui annoncer la bonne nouvelle. Ron et Hermione seraient là pour son anniversaire ! Le jour de ses onze ans était jusqu'à maintenant le plus beau jour de sa vie mais son prochain anniversaire allait certainement le détrôner.

oOo

La veille, Severus transplannait à Privet Drive. Dumbledore lui avait donné toutes les informations nécessaires. Une employée du Ministère devait le retrouver. Il n'eut pas à la chercher bien longtemps.

Hestia Jones avait été une de ses camarades de Poudlard. Quelques années plus jeunes, elle avait évolué à Serdaigle. De Sang-Pur, la femme semblait avoir fait un effort surhumain pour s'accoutrer à la mode moldue. En vain. Elle portait une robe violette longue par-dessus un jean vert beaucoup trop grand. Surtout, elle devait mourir de chaud. Elle portait en plus un lourd manteau noir en laine.

Severus était à deux doigts de lui suggérer de le refermer. Au moins, elle n'aurait pas eu l'air d'une décérébrée. Severus s'était contenté d'un ensemble noir simple. Sans ses longues capes noires, il perdait assurément en prestance. C'est pourquoi il durcit immédiatement son regard et se composa d'un masque froid sur son visage.

Cela ne sembla pas émouvoir la petite sorcière qui s'approcha d'un pas assuré vers Severus, un sourire de convenance accroché au visage. Elle avait gardé les mêmes traits de l'époque de Poudlard. Ses yeux étaient d'un vert clair - pas aussi profonds que ceux de Lily - et ses cheveux bruns ondulaient sur ses épaules frêles.

- Bonjour Rogue, dit-elle une fois à sa hauteur. Êtes-vous prêts ? La famille est à l'intérieur, ajouta-t-elle en pointant du menton une des maisons.

Severus observa alors son environnement. Son enfance lui sauta à la gorge. C'était typiquement le même style de résidence où avait grandi Lily. Des maisons toutes plus semblables les unes aux autres. Seuls les jardins permettaient aux habitants d'exprimer leur identité. C'était le genre d'endroit où vivait les familles standards : un père donnant beaucoup trop d'importance à son travail pour ce que c'était mais qui avait un crédit à rembourser et une mère ménagère qui observait son monde derrière son rideau pour combler son ennui en attendant que ses enfants rentrent de l'école. Le rêve.

Les Dursley semblaient vouloir se distinguer des autres en faisant de leur devanture l'endroit le plus fleuri. Tout cet entretien donna presque la nausée à Severus. Cela paraissait si faux. Il se dégageait un sentiment d'hypocrisie, de secret et de mensonge. Un peu comme lorsque sa propre mère se rendait chez sa famille avec Severus et faisait comme si tout allait bien. Elle ne disait pas que son moldu de mari buvait comme un trou et les battait à la moindre contrariété. Elle ne disait pas qu'elle était malheureuse. Elle ne disait pas qu'elle n'en pouvait plus de la vie.

Severus durcit ses barrières mentales, ne souhaitant pas se faire happer aussi facilement par ses sentiments. Sans attendre, il avança vers la demeure des Dursley. Sa mission première était de convaincre la tante du gamin de revenir sur sa décision.

Pétunia n'avait pas changé. Les cheveux blonds, l'air hautain et le cou infiniment long, elle laissa entrer Severus et Jones sans un mot.

La maison était impeccable et cela confirma le sentiment premier de Severus.

- Il n'y a aucune photo de Harry Potter, chuchota Jones pour Severus alors qu'ils pénétraient dans le salon.

Force était de constater que la brune avait raison. Il y avait tout un tas de photos encadrées mais elles ne représentaient qu'un enfant qui semblait abuser de son pudding. Le gamin ressemblait à un cochon portant une perruque blonde. Réprimant une grimace, Severus attendit que Pétunia les invite à s'installer. En vain.

Elle entama la conversation sans préambule, droite et raide comme la justice.

- Dumbledore m'a dit que je dois signer des documents. J'aimerai ne pas perdre de temps.

Severus sentit Jones sortir un parchemin à ses côtés mais il l'arrêta d'un geste de la main.

- Il faut savoir que cette décision sera définitive, dit-il d'une voix extrêmement lente en espérant que la blonde imprime l'information. Il n'y aura plus aucun retour en arrière.

- J'ai bien lu les conséquences, Dumbledore m'a déjà tout envoyé, dit-elle d'une voix sèche.

L'air de Pétunia ne trompait pas. Severus entra à peine à la surface de l'esprit de la femme, juste pour s'assurer que la cause était déjà perdue. Il y vit alors la résolution et le soulagement de ne plus avoir Potter dans sa vie. L'échange visuel se rompit lorsque la porte d'entrée claqua.

- Pétunia ! résonna une voix d'homme. J'ai déposé Dud' chez son ami. Est-ce que les fous sont déjà arri…

L'homme ne termina pas sa phrase. C'était nul doute le mari de Pétunia. Il ressemblait au gamin sur les photos, en plus vieux et plus gros. Il semblait prêt à exploser (à cause de son obésité morbide ou de colère de voir des étrangers dans son salon, Severus n'aurait su le dire).

- Bonjour Mr. Dursley, lança Jones d'un air poli. Nous commencions tout juste à vous exposer les conditions.

- NOUS LES CONNAISSONS LES CONDITIONS ET NOUS NE VOULONS PLUS DE CE MONSTRE CHEZ NOUS ! IL A FINIT PAR COMPRENDRE QU'ON NE VOULAIT PAS DE LUI ALORS MAINTENANT VOUS VOUS CHARGEREZ DE CE MONSTRE ! IL S'ÉPANOUIRA PARFAITEMENT AVEC TOUS LES DÉGÉNÉRÉS DE VOTRE ESPÈCE ! explosa-t-il, le visage cramoisie de rage.

Hestia Jones affichait une mine outrée et il ne fallut pas plus d'un quart de seconde avant que Severus prenne le contrôle de la situation avant que cela tourne au vinaigre. Il sentait la magie emplie de colère rayonner autour de la représentante du ministère. Depuis quand était-il négociateur ?

- Je me doute que Potter a dû vous en faire voir des vertes et des pas mûres mais on se doit de vous faire signer les documents, dit-il d'une voix dangereusement calme.

Le cachalot qui servait d'oncle au Gryffondor se tourna vers lui. Il l'observa avec mépris mais il perdit de sa superbe dès que Severus accrocha son regard dans celui de l'homme. Severus jubila intérieurement. C'était toujours un plaisir d'écraser quelqu'un d'un simple coup d'œil. N'oubliant pas sa mission première de convaincre l'oncle et la tante de reprendre le gamin, Severus mit de côté la moralité et entra dans l'esprit de l'homme. S'il y avait une minuscule brèche pour les faire changer d'avis, Severus allait s'en saisir.

Cela dura à peine quelques secondes. La haine que ressentait Dursley pour son neveu frappa Rogue. Qu'avait donc fait le gamin ? Son arrogance avait-elle été jusqu'à un point de non-retour ? Il chercha alors des souvenirs se rapportant à Potter. Le gamin faisant la vaisselle et la cuisine, le fils Dursley coincé derrière une vitre au zoo à cause de Potter, c'était une première piste… Avait-il martyrisé le fils Dursley de la même manière que son père pouvait le faire avec les plus faibles à Poudlard ?

Severus chercha alors de ce côté. Mais le fils Dursley était loin d'être en reste. Le cousin qui frappe Potter, qui pique une colère pour manger le dessert de Harry et Dursley père qui ordonne à Potter - pâle comme un linge- de donner sa part, le cousin à son anniversaire et Harry qui se prend un coup de canne pour perdre au jeu de la chaise musicale. Et encore et toujours ce sentiment de fierté qui envahit Dursley père lorsque la gamin martyrise Potter.

Déstabilisé et déboussolé, Severus chercha désespérément quelque chose à reprocher à Potter. Il vit Potter, certainement un an plus tôt, demandant s'il allait avoir un uniforme. Son oncle et sa tante le rabaissant et lui rappelant qu'il prendrait les vieux vêtements de Dudley.

Potter avait toujours des vêtements trop grands. Severus pensait qu'il souhaitait se donner un style comme son père le faisait à l'époque avec ses cheveux.

Puis, il vit Potter sous la poigne de son oncle, jeté avec rage dans… Un placard ?! Le même placard sous l'escalier qu'il avait vu dans le couloir de la maison. L'homme lui hurlant qu'il n'aurait rien à manger.

Les araignées ne peuvent rien te faire pendant ton sommeil, je peux te l'assurer. J'en avais trois dans mon placard chez mon oncle et ma tante.

Oh non.

Merde.

Ce n'était pas possible.

Severus en avait assez vu. A peine sortie des pensées de l'oncle, le maître des potions le bouscula et se dirigea avec rapidité dans le couloir. ll ne pouvait pas y croire. Il entendit à peine la plainte de Dursley père et les appels étonnés de Jones. Se dirigeant vers l'escalier, il ouvrit la porte en dessous.

Avec horreur, il découvrit un matelas à peine plus épais qu'un gros tapis. Severus avait l'impression d'être dans un monde parallèle.

- On a donné la seconde chambre de Dudley ! dit Pétunia avec précipitation, manifestement effrayée.

Elle était moins stupide qu'elle en avait l'air. Pétunia semblait très bien se souvenir de ce dont Severus était capable.

- Que se passe-t-il ? demanda Jones les sourcils arqués d'incompréhension.

- Ils le faisaient dormir là-dessous, grogna Severus.

- ON A JAMAIS DEMANDÉ À L'AVOIR AVEC NOUS ! s'emporta à nouveau l'oncle de Potter.

Une colère sourde envahit le professeur de potions. Il avait envie d'étriper l'homme qui ressemblait soudainement beaucoup trop à son propre père. Un moldu sans valeur. Ses vieux démons refirent surface. Voilà pourquoi Severus avait voulu rejoindre un clan qui souhaitait mettre les sorciers au-dessus de tout. C'était une facilité dans laquelle il était tombée la tête la première. Cela avait causé sa perte. Et celle de Lily. Et Potter avait grandi ici.

Il ne pouvait pas l'accepter. Toutes ses certitudes éclataient en mille morceaux. Des pensées contradictoires et paradoxales envahirent son esprit et Severus les rangea au fond de son crâne.

- Je pense qu'il serait préférable de signer les papiers et s'en aller, déclara Jones d'un air dégoûté.

Severus hocha la tête, se concentrant pour ne pas tout envoyer bouler. Trop d'émotions le traversaient. Lui-même avait de la colère envers Potter qui ressemblait beaucoup trop à son père. Mais là, il ne savait plus quoi penser. Il n'avait qu'une envie : retourner dans ses cachots et travailler, travailler et travailler.

Il entendit à peine Jones lire à voix haute l'abandon de tutelle. Severus signa, l'esprit coupé du monde.

Hestia Jones tenta d'entamer la conversation avec lui lorsqu'ils sortirent. Il l'ignora et transplanna sans un mot. Serrant le parchemin contre lui, il le fournit à Dumbledore, toujours silencieusement.

Bien évidemment, le directeur ne dit rien, comme s'il s'y attendait. Les mots prononcés quelques jours plus tard refirent surface.

Je souhaite le meilleur pour Harry. Faîtes moi confiance…

Severus ne préféra pas creuser immédiatement ce sujet. Il vola presque jusque dans ses cachots et s'enferma à l'intérieur.

Il dormit à peine cette nuit-là. Dès qu'il fermait les yeux, Severus voyait le visage effrayé de Potter dans son placard. Dumbledore savait-il que l'enfant avait été traité de cette manière ? Comment avait-il pu laisser passer ça ? Lui qui favorisait tellement le Gryffondor à Poudlard. Severus se sentait impuissant face aux sentiments qui le tiraillaient. Lui-même avait bousculé Potter et ne lui avait fait aucun cadeau. Mais il pensait que tout cela était excusable. Potter semblait tellement ressembler à James Potter. Dumbledore avait tenté de lui dire plusieurs fois que c'était faux. Severus n'avait jamais pensé à quel point. Il voulait juste rétablir l'équilibre. Un enfant gâté ne donnait jamais rien de bon. Certes, Potter était arrogant, insolent mais il n'était pas gâté. Cette simple constatation remettait tout en cause. Et surtout, qu'aurait dit Lily en voyant son fils traité de la sorte par sa propre sœur ?

Le coup de grâce arriva le lendemain même.

Severus avait tous les éléments pour faire arrêter les Judson. Ces dernières découvertes l'avaient remis d'aplomb et avait boosté son égo. La potion n'était rien d'autre qu'un élixir poussant n'importe quel moldu à le boire puis le pousser à exécuter quiconque n'était pas sorcier. Fort heureusement, cette potion n'était jamais tombée entre des mains dangereuses. Souhaitant présenter ses résultats au directeur, Severus s'était pointé devant le bureau. La porte était ouverte et il surprit malgré lui Potter et le directeur échanger sur la fin de la tutelle.

Sa bonne humeur s'évapora en un instant.

La conversation était d'une intensité rare. Dumbledore ne semblait pas l'avoir remarqué. Il était à deux doigts de manifester sa présence lorsque son nom franchit les lèvres du Survivant.

- ...je sais aujourd'hui que Rogue me déteste car ma mère s'est sacrifiée pour moi. Il est certain que ma tante me déteste pour cette même raison.

La certitude de ce gamin était déconcertante. Severus n'entendit pas la réponse du directeur mais il vit clairement l'air triste derrière ses lunettes. Il aurait voulu insulter le Gryffondor et lui dire d'arrêter de vouloir faire pleurer dans les chaumières. Sauf que la franchise qui résonnait sur les murs du bureau ne put le résoudre à faire preuve de mauvaise foi. Potter était stupide. Comme si la mort de Lily était de sa faute… Le fautif était Voldemort. Et Severus.

Le directeur prononça son nom et Potter se retourna à s'en décrocher la nuque. Son regard était effrayé. Et pour la première fois, la toute première fois, Severus vit Potter d'une toute autre manière : un enfant. Il observa le garçon se lever et traverser la pièce.

Il sentit le regard brûlant de Dumbledore sur sa nuque. Pendant un instant, une conversation silencieuse s'opéra entre les deux hommes. Dumbledore prit finalement la parole :

- Harry est quelqu'un de profondément bon Severus, il ne mérite pas cela.

Severus resta muet. Harry ne mérite pas cela. Quoi donc ? D'être traité comme un paria par sa famille ? Des bâtons dans les roues que Severus s'était évertué à mettre en place pour endurcir ce gamin qu'il croyait pourri gâté ? D'être le Survivant ? D'être l'élu d'une prophétie qui le mènerait tout droit à la mort ?

Ces effluves de sentiments et de questionnements traversèrent Severus comme des coups de poing. Tous ses sens criaient au danger. Il n'avait plus du tout envie de parler. Le serpent voulait retourner dans son trou. Immédiatement. Il tourna alors les talons et s'échappa.

 

Partie 1 - Chapitre 9 by Isabelle Pearl

- Harry !

Une tempête brune se jeta tel un cognard dans les bras de Harry. Hermione Granger le serrait si fort contre elle qu'il faillit étouffer. Ron se bidonnait, peu enclin à venir en aide à son meilleur ami. La jeune fille sembla cependant se souvenir qu'elle était dans le bureau du directeur de Poudlard et relâcha précipitamment son étreinte.

Ron et Hermione venaient d'arriver par poudre de cheminette. Harry ne connaissait pas ce procédé mais trouva l'invention ingénieuse. Dumbledore lui expliquait qu'il suffisait de jeter un peu de poudre en prononçant la destination pour se rendre à un endroit quand Ron était apparu. Son ami avait encore grandi en l'espace d'un mois mais ses cheveux roux et son sourire amical restaient les mêmes. Une bouffée de joie s'était alors emparée de Harry quand Ron lui avait souhaité son anniversaire. Hermione était arrivée juste après.

Observant ses deux amis, Harry se rappela à quel point il avait de la chance de les avoir dans sa vie. Souriant au point d'en avoir mal aux joues, il écouta à peine les consignes de Dumbledore.

- Vous pouvez laisser vos affaires ici, dit le directeur à l'adresse de Ron et d'Hermione. Ils seront montés dans vos dortoirs.

Harry n'avait pas l'impression d'avoir quitté ses amis un mois plus tôt. Hermione raconta son voyage en France, une lueur passionnée dans les yeux. Harry et Ron échangèrent un regard amusé lorsqu'elle évoqua la plus grande bibliothèque d'Europe avec tellement d'entrain que sa voix vrillait dans les aigües.

Lorsqu'ils arrivèrent près du lac pour se prélasser au soleil, Ron raconta à son tour ses vacances dans sa famille.

- Ma vieille tante Murielle est venue, ronchona-t-il. Elle trouve toujours tout à redire. En plus, elle ne retient toujours pas mon prénom… Elle m'a appelée Donald la dernière fois !

Harry éclata de rire tandis qu'Hermione se contenta d'une moue amusée. La jeune fille se tourna alors vers Harry.

- Et toi alors ? demanda-t-elle l'air sérieux. Que s'est-il passé Harry ? Pourquoi es-tu parti tout à coup comme ça ?

Harry se sentit extrêmement gêné. Ron ne disait rien mais semblait aussi attendre une réponse. Ne pouvant y échapper, Harry haussa les épaules, cherchant les mots.

- Je ne voulais pas retourner à Privet Drive, dit-il simplement.

- D'accord mais tu as inquiété tout le monde, répliqua-t-elle d'un ton réprobateur. Tu aurais pu nous en parler au moins à nous, on aurait trouvé une solution. On aurait pu aller voir le professeur Dumbledore et…

- Le professeur Dumbledore voulait que je retourne là-bas, coupa Harry qui sentit l'agacement monter. Et puis je n'avais pas prévu de partir, c'est venu d'un coup.

Harry observa au loin le lac. Il n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qui l'avait poussé à fuir. C'était une réaction impulsive.

- C'est bon Hermione, fiche-lui la paix, lança Ron qu'Harry remercia d'un léger sourire. Une partie de cartes explosives ?

Hermione demeura quelques instants les lèvres pincées, observant tour à tour Ron et Harry. Ce dernier lui envoya un regard suppliant. Il ne souhaitait vraiment pas parler de sa fugue. C'était passé et désormais, il était sous la tutelle du ministère donc cela ne servait à rien d'en discuter. Finalement, Hermione hocha la tête et la première partie d'une longue liste débuta.

A eux trois, le trio semblait faire autant de bruit qu'une classe entière de première année. Explosant de rire, hurlant de joie et poussant des cris de défaite lorsqu'ils perdaient, Harry passa le plus bel après-midi d'anniversaire de sa vie.

- On devrait aller voir Hagrid, dit Hermione après sa troisième victoire consécutive.

- En parlant de Hagrid, il s'est passé des choses étranges pendant que j'étais ici, dit Harry soudainement.

Ron, affalé dans l'herbe, se redressa et Hermione hocha la tête, signe qu'elle donnait toute son attention.

- Le professeur Rogue a organisé une semaine de cours de potion pour les élèves qu'il avait sélectionné sur le volet. Comme vous le savez, j'ai été obligé d'y aller, grimaça Harry.

- Ce devait être passionnant Harry, si j'avais eu l'opportunité de…

- Chut Hermione ! coupa Ron.

- Donc j'y suis allé et Malefoy était là aussi, dit Harry avant qu'Hermione ouvre la bouche pour répliquer. Franchement, depuis quand Malefoy est un potionniste en devenir ? Je vous le demande !

- On sait que Rogue a toujours fait des préférences, dit Ron en haussant les épaules.

- Certes mais tout de même. Il se passe des choses étranges au Ministère de la magie. Cela a un lien avec ce que fait ton père Ron, Hagrid me l'a dit. Il y a beaucoup d'objets recelant de magie noire qui sont saisis.

- Ah oui, je peux te le dire, mon père travaille deux fois plus que d'habitude !

- Justement ! Hagrid essayait de m'en parler mais Rogue a coupé la conversation avant qu'il n'en dise trop. Je pense que tu as raison Ron. Le père de Malefoy cache sûrement quelque chose et il a envoyé son fils à l'abri le temps qu'il puisse faire toutes ses magouilles de magie noire. Je suis certain que Rogue est au courant.

Ron hocha immédiatement la tête tandis qu'Hermione réfléchissait, les lèvres pincées. Ses cheveux ébouriffés volaient sans cesse devant son visage mais elle ne semblait pas dérangée tant elle était dans ses pensées.

- Je pense qu'il y a effectivement des magouilles qui se font chez les sorciers pas très nets, commença-t-elle doucement. Le père de Malefoy est réputé pour ne pas avoir été très clair dans le passé. Cependant, je ne pense pas que le professeur Rogue soit de mèche.

- Pourquoi est-ce qu'il aurait envoyé Malefoy ici ? demanda Harry.

- Peut-être que Malefoy a un véritable don en potion, dit-elle à moitié convaincue.

- Oh n'importe quoi Hermione ! lança Ron. On sait très bien que tu es la meilleure en potions. Rogue fait comme d'habitude : il favorise les élèves de sa maison. Mais pourquoi prendre Malefoy ? Imagine un peu… Peut-être que c'était l'occasion parfaite pour Malefoy de cacher un objet dangereux ? Son père a beaucoup d'influence et même si Rogue n'est pas de mèche, il l'a peut-être fait venir juste parce que Malefoy sénior l'a demandé.

- N'oubliez pas que nous nous sommes trompés sur le cas de Rogue l'an dernier, tempéra Hermione. En plus, il a essayé de sauver Harry lors du match de Quidditch.

- Parce qu'il avait une dette envers mon père, c'est Dumbledore qui me l'a dit.

- Mais…

Hermione lança un regard à Ron, se tordant les mains. Visiblement, elle n'osait pas aborder un certain sujet. Harry observa tour à tour ses amis, les sourcils froncés.

- Mais quoi ? demanda-t-il finalement.

- Et s'il avait aussi fait ça pour ta mère ? demanda Hermione. Ils étaient amis après tout.

- Si amitié il y a eu, elle est bien loin désormais et ça ne change rien du tout, répliqua Harry dans un rire jaune. Rogue me déteste parce que ma mère est morte à cause de moi…

- Oh Harry non ne dit pas ça ! s'écria Hermione les larmes aux yeux.

- Si Hermione ! Et c'est pareil pour ma tante, expliqua Harry avec calme. C'est pour ça qu'elle a signé le papier pour la fin de la tutelle.

Cette fois-ci, Hermione éclata en sanglots. Harry sursauta face à cette réaction qu'il jugea disproportionnée et adressa un regard d'incompréhension à Ron. Pourquoi Hermione pleurait-elle ? Mais Ron affichait aussi un air triste. Déboussolé, Harry posa une main maladroite sur l'épaule d'Hermione afin qu'elle se calme et sèche ses larmes.

- Hermione…

- C'est complètement faux Harry, dit-elle en s'essuyant les yeux. Tu ne dois pas croire que ta mère est morte à cause de toi. ll n'y a qu'un seul responsable et c'est tu-sais-qui.

- Mais… Hermione… Je sais que Voldemort (Ron poussa un cri que Harry ignora) est celui qui a lancé le sort mais…

- Mais rien du tout ! coupa-t-elle avec fureur. Je ne veux plus jamais t'entendre dire ça ! Ce n'est pas de ta faute tu m'entends ? Jamais !

- Ok, ok, dit Harry pour apaiser la jeune fille. Bon, et si on allait manger ? Je suis certain que Hagrid sera présent.

La discussion était désormais close et le trio se leva d'un seul mouvement sans un mot de plus, chacun embarqué dans ses propres réflexions.

- Non mais est-ce que c'est une blague ? ragea Harry entre ses dents lorsqu'il pénétra dans la Grande Salle.

Hagrid était bien présent et discutait avec McGonagall, Dumbledore et… Rogue. L'homme allait-il lui pourrir ses journées jusqu'à la fin de sa vie ? Si seulement il pouvait s'en débarrasser comme les Dursley ! Harry savait pertinemment que le directeur de Serpentard allait tout faire pour gâcher sa journée d'anniversaire. Il le sentait au plus profond de lui.

- Venez, on se met le plus loin possible d'eux, proposa Harry.

Mais Hagrid appela Harry et le trio se dirigea vers les adultes par politesse. Ron semblait accaparé par son estomac et s'installa immédiatement en se servant une énorme portion de frites. Hermione jeta un coup d'œil à Harry avant de s'asseoir et de l'encourager à faire la même chose. Elle salua les professeurs et plusieurs questions paraissaient lui brûler les lèvres. Elle se retint jusqu'au dessert avant de déverser un flot de paroles sur le devoir de métamorphose.

- Miss Granger, je suis convaincue que vous allez me rendre un devoir excellent, dit le professeur McGonagall. Par ailleurs, il serait injuste que je vous fasse dores et déjà un retour alors que vos camarades ne peuvent bénéficier de mes conseils.

Harry fut certain d'entendre le professeur Rogue renifler avec dédain. Il ne préféra cependant pas regarder dans sa direction. Tout pouvait être source de conflit lorsque Rogue se trouvait dans les parages. Dumbledore prit alors la parole :

- Alors Harry, as-tu été gâté en cette journée d'anniversaire ?

- Oh et bien, commença prudemment Harry.

Pour tout dire, il n'avait rien reçu comme cadeau et ne voulait pas mettre ses meilleurs amis mal à l'aise. Leur présence suffisait amplement à son bonheur. Ron arriva heureusement à son secours.

- Ils sont dans nos valises, on n'a pas eu le temps de les donner.

- Ah bon ? Dans ce cas…

Dumbledore tapota trois fois avec sa baguette sur la table et deux gros paquets apparurent devant Harry. Les yeux ronds et embarrassé de toute cette attention, Harry resta figé.

- Et bien Harry, ouvre les ! lança Hagrid qui sortit à son tour un paquet depuis l'intérieur de sa poche.

Les mains tremblantes, Harry déballa le premier paquet où se trouvait tout un tas de friandises ainsi qu'un pull vert tricoté.

- Maman dit que l'hiver arrivera tôt cette année, elle a absolument tenu à te faire ce pull, dit Ron les oreilles rouges.

- Merci Ron, dit Harry avec gratitude. C'est génial ! Oh tu m'as pris des chocogrenouilles, il ne fallait pas !

- Je sais que tu rêves d'égaliser ta collection de cartes avec la mienne, déclara alors Ron d'un air nonchalant.

Ses oreilles trahissaient au contraire qu'il était touché par les remerciements de Harry.

Harry ouvrit ensuite le paquet d'Hermione qui souriait de toutes ses dents. Observant la reliure, Harry ouvrit la bouche d'étonnement, oubliant totalement la présence des professeurs.

- Oh non Hermione, tu n'as quand même pas offert un bouquin à Harry ! s'exclama Ron. On n'est pas comme toi nous… Par Merlin ! s'écria-t-il finalement après avoir compris ce que tenait Harry dans les mains. C'est le Quidditch à travers les âges nouvelle édition ! Avec une préface de Gwendolyn Morgan, l'ancienne capitaine des Harpies de Holyhead ! Ben ça alors Hermione, tu as vraiment eu une bonne idée !

- Et bien Mr Weasley, si votre mémoire était aussi efficace pour les leçons, ce serait bénéfique, s'amusa le professeur McGonagall d'un air faussement sévère.

Harry éclata d'un rire moqueur. Il n'avait jamais été aussi heureux. Il ouvrit le dernier paquet de Hagrid et y découvrit des gants de Quidditch en cuir de dragon.

- Merci beaucoup, je n'ai jamais été autant gâté, lança Harry en essayant ses nouveaux gants. Si on allait au terrain de Quidditch ?

Harry se leva d'un bond, attrapa ses colis contre lui, salua la tablée des professeurs et ses amis suivirent immédiatement. C'était certain, c'était le plus bel anniversaire de sa vie.

Le trio joua pendant de longues heures au soleil. Hermione les abandonna lorsque Ron et Harry entreprirent un concours de cascades. Elle revint quelques minutes plus tard, un livre à la main et s'installa dans les gradins. Elle en avait profité pour apporter des gourdes de jus de citrouille. Après une heure de cabrioles dans les airs, Harry et Ron s'accordèrent une pause. Ils en profitèrent pour dévorer la moitié des bonbons que Ron avait offerts à Harry.

- Vous allez être malades, dit Hermione d'un ton réprobateur.

- K'inquiète pa' pou' nous, dit Ron la bouche pleine.

Harry ouvrait une nouvelle boîte de chocogrenouille lorsqu'un crac soudain retentit. Hermione recula d'un bond sur son banc et Ron poussa un glapissement, la main sur le cœur. Harry quant à lui avait laissé échapper sa chocogrenouille.

Une petite créature possédant de grandes oreilles de chauve-souris et des yeux ronds comme des balles de tennis se tenait face à Harry. Le temps sembla s'arrêter quelques instants. La créature fixait Harry qui était de plus en plus mal à l'aise. Finalement, la créature s'inclina si bas que son nez toucha le sol. Elle portait une taie d'oreiller dans laquelle on semblait avoir découpé des trous pour laisser passer ses bras et ses jambes amaigris.

- Euh… Bonjour, dit Harry qui jeta ensuite un coup d'œil paniqué à ses amis.

Hermione fronçait les sourcils mais Ron, les yeux écarquillés, paraissait impressionné.

- Dobby est si heureux de rencontrer le Survivant, dit la petite créature d'une voix extrêmement aiguë. Cela faisait longtemps que Dobby voulait rencontrer Harry Potter.

Harry avala sa salive, cherchant ses mots. Il aurait aimé demander à Ron ce qu'était cette créature mais cela aurait été impoli.

- Qui êtes-vous ? demanda plutôt Harry.

- Je suis Dobby, monsieur Harry Potter. Je suis un elfe de maison.

Harry échangea un regard avec Ron qui acquiesça avec vigueur.

- Où est ta famille ? demanda alors Ron d'un ton que Harry jugea un peu grossier.

Les oreilles de l'elfe se plaquèrent contre sa tête, signe évident qu'il craignait de parler.

- Euh... Voici mes amis Ron Weasley et Hermione Granger, dit Harry précipitamment. Que faites-vous ici Dobby ? Êtes-vous perdu ? Avez-vous besoin d'aide ?

Sans comprendre pourquoi, les yeux de l'elfe se remplirent de larmes et il poussa un hurlement grossier avant de fondre en larmes. Harry envoya un regard horrifié à Ron qui grimaçait en secouant la tête.

- Excusez-moi Dobby, ne pleurez pas, je ne voulais pas vous offenser, dit-il.

- Asseyez-vous Dobby, vous devez être bouleversée, ajouta Hermione qui semblait reprendre ses esprits.

Les pleurs de l'elfe redoublèrent.

- Harry Potter et son amie Hermione Granger… Des grands sorciers, si bons avec Dobby…. Dobby savait que Harry était bon et il n'avait aucun doute sur le fait que ses amis étaient aussi gentils. La grandeur de Harry Potter rayonne sur les autres...

Harry et Hermione échangèrent un regard d'incompréhension avant de se tourner vers Ron qui affichait désormais un air mi-sidéré, mi-amusé.

- Il s'agit d'un elfe de maison Harry, les elfes servent les sorciers et ils n'ont pas l'habitude d'être bien traité, expliqua Ron d'une traite. Vous ne pouviez pas savoir mais maintenant il va avoir du mal à s'en remettre.

Ron avait raison. L'elfe termina finalement de sécher ses larmes pour se reprendre. Harry n'osa plus ouvrir la bouche, de peur que Dobby ne se mette de nouveau à pleurer. Hermione aussi semblait bouleversée.

- Harry et Hermione n'ont jamais rencontré d'elfe de maison, dit prudemment Ron. Pouvez-vous nous dire ce que vous faites ici ?

Dobby fixa Ron quelques instants et s'inclina à nouveau avant de parler. Cela semblait être une manie chez les elfes de maison.

- Je suis venue pour prévenir Harry Potter et ses amis. Vous avez aidé Harry Potter à affronter le Seigneur des Ténèbres il y a quelques semaines, n'est-ce pas ?

Harry hocha la tête et il crut que l'elfe allait se remettre à pleurer. Cependant, Dobby se redressa.

- Votre réputation est méritée monsieur Harry Potter, couina l'elfe. Mais Harry Potter doit se protéger. On raconte que vous êtes un trio qui a trouvé des solutions pour affronter un troll des montagnes et pour empêcher Vous-savez-qui de réapparaître. Harry Potter doit quitter Poudlard au plus vite.

- Quoi ? s'exclama Harry et Ron d'une même voix.

Dobby fit un bond en arrière, comme effrayé de prendre un coup.

- Dobby, je ne peux pas partir d'ici. C'est ici chez moi désormais.

- Il le faut ! couina l'elfe. Il y a un complot ! Des choses dangereuses vont se produire et Harry Potter sera en danger. Dobby avait un plan mais tout a changé depuis que Harry Potter a fugué. Il faut que ses amis l'aident. Il ne faut pas rester ici…

L'elfe semblait être à deux doigts de la crise d'hystérie. Harry s'approcha plus près de l'elfe pour lui parler doucement.

- Comment savez-vous tout cela Dobby ? Qui est à l'origine de ce complot ?

Mais l'elfe de maison s'étouffa dans ses mots et se mit à se frapper à coup de poing. Horrifié, Harry se tourna vers Ron.

- Les elfes de maison ne peuvent pas désobéir de la sorte, dit Ron choqué. C'est pour cela qu'il se frappe.

- Mais c'est horrible ! dit Hermione qui tenta de s'approcher de l'elfe qui recula d'un bond.

Un pressentiment désagréable vint à l'esprit d'Harry.

- Dobby, est-ce que ce complot a un rapport avec Vol… Tu-sais-qui ? Réponds d'un signe de tête seulement ! ordonna Harry avec précipitation.

La créature hocha la tête de droite à gauche mais son regard suggérait quelque chose d'important.

- Dans ce cas Dobby, votre venue est honorable mais je ne courre aucun risque.

- Honorable ? sanglota l'elfe.

- Je ne courre aucun risque, vous pouvez retourner dans votre famille et…

- Non non ! couina l'elfe. Vous êtes en danger.

- Dumbledore est le plus grand sorcier du monde et il protégera parfaitement cette école.

- Vous ne comprenez pas…Il y a des choses que même le grand Albus Dumbledore ne pourra affronter. Il ne pratique pas certaines magies qui…

Mais Dobby se frappa la tête contre le banc. Hermione poussa un hurlement et empêcha l'elfe de se cogner une fois de plus en lui agrippant le bras.

- Dobby ! cria Ron avant que Harry n'ait pu prendre la parole. On fera tout pour que Harry soit en sécurité. Il ne se passera rien. Et si un danger arrive, Harry quittera l'école.

Ron mentait comme un arracheur de dents et Harry se sentit extrêmement coupable lorsqu'il vit l'elfe soulagé. Hermione quant à elle semblait totalement bouleversée.

- Harry doit partir maintenant ! trépigna l'elfe. Il en va de sa sécurité.

- A la fin du mois d'août, il ne retournera pas à Poudlard, promit Ron en levant une main en l'air. Quand on ira chez moi, on fera en sorte qu'il s'enfuit. Pas vrai Harry ?

- Euh... , dit Harry, incertain de vouloir mentir de la sorte.

- Oh c'est merveilleux ! s'écria l'elfe en sautant de joie. Dobby fera tout pour protéger Harry Potter, tout. Dobby doit partir maintenant !

L'elfe s'inclina et en un rien de temps, disparut.

Harry, Ron et Hermione discutèrent longuement dans la salle commune après le dîner. La visite de Dobby laissait une sensation différente à chacun d'eux. Hermione était outrée de la façon dont étaient traités les elfes de maison, Ron assurait que c'était certainement une blague et Harry s'inquiétait de cette visite.

- Et s'il y avait réellement un complot ? demanda finalement Harry.

- Tu l'as dit toi-même, Dumbledore saura protéger l'école, dit Ron. En plus, il est impossible pour un elfe de désobéir de la sorte. Si ça se trouve, c'est l'elfe de Malefoy qui a été ordonné de te faire promettre de quitter l'école. Il est tellement jaloux de toi !

- C'est vraiment tiré par les cheveux, répondit Harry.

- Que Malefoy se comporte comme un abruti ? Je ne crois pas…

- On s'en fiche de Malefoy ! coupa Hermione. Vous avez vu ce qu'il portait ? C'est horrible !

- Les elfes sont nés pour servir les familles de sorciers chez lesquels ils sont Hermione, expliqua pour la troisième fois Ron. Ils ne vivent que pour ça et ils sont heureux.

- Preuve que non s'il a désobéi à sa famille pour prévenir Harry.

- Alors tu penses comme moi ! lança Harry.

- Qui se frapperait par plaisir ? répliqua Hermione en se frottant le visage. C'est horrible… Horrible.

- En attendant, il a eu ce qu'il voulait, répondit Ron.

- Mais s'il y avait vraiment un complot ? répéta Harry, plus inquiet que d'habitude.

- Il faudra rester vigilant, dit finalement Ron. Pour le moment, on ne peut rien faire de plus. Gardons l'œil ouvert et on verra bien.

Harry hocha la tête, pensif. Il allait rester vigilant. Rien ne servait d'affoler Dumbledore mais Harry préférait rester aux aguets.

- Je pense que je devrais garder un œil sur Rogue, dit finalement Harry. J'en aurais tout le temps ces prochaines semaines.

- Oh Harry je t'en prie, le professeur Rogue protège l'école et toi par la même occasion.

Harry grimaça. Rogue était loin de protéger Harry sauf quand il s'agissait de régler une dette…

- On fait une cabane ? dit Ron passant du coq à l'âne.

- Une cabane ? répéta Hermione.

- On est littéralement seul dans la salle commune. Faut en profiter !

Un air espiègle se dessina sur le visage de Ron et Harry se mit à sourire à son tour. Ils observèrent Hermione, le regard suppliant et taquin. Hermione roula finalement des yeux puis se leva d'un bond allant chercher des oreillers et autres draps.

Une demi-heure plus tard, après plusieurs fou-rires et tentatives de construction, des draps avaient été tirés au-dessus du canapé face à la cheminée de la salle commune de Gryffondor. Le trio s'était aidé des différents meubles et avait descendu leur matelas depuis leur dortoir. Ron s'était emmêlé les pieds et avait fait un roulé-boulé dans les escaliers et Harry luttait encore contre son hilarité plusieurs minutes plus tard.

Lorsque la nuit tomba, Hermione jeta un sort dans des bocaux où des petites lumières ressemblant à des lucioles apparurent. Le vent soufflait doucement à l'extérieur et les bruits de la nuit apaisaient Harry.

- Vous croyez à l'histoire du fantôme vengeur de Poudlard ? demanda soudain Ron.

- C'est quoi cette histoire ? demanda Harry.

- On l'appelle aussi Todd Barry, dit Ron la voix plus basse et mystérieuse. C'était un ancien professeur de Poudlard que les élèves ne respectaient pas. C'était toujours le foutoir dans sa classe et il arrivait souvent que le pauvre professeur craque complètement avant la fin de son cours. Depuis, il vient la nuit pour faire vivre les pires angoisses aux élèves indisciplinés.

- C'est n'importe quoi ! coupa Hermione d'une voix aiguë. Ce n'est qu'une légende, rien ne mentionne son existence dans l'histoire de Poudlard.

- C'est parce qu'il a le pouvoir de faire disparaître ses traces, chuchota Ron d'une voix menaçante.

Hermione claqua la langue d'un air supérieur mais les garçons savaient très bien que c'était pour cacher une certaine nervosité. Un sourire taquin s'afficha sur le visage de Harry et sans crier garde il imita un crie de frayeur. Hermione hurla à s'en déchirer la gorge. Immédiatement, tous trois explosèrent de rire. Hermione frappa Harry pour la forme.

Décidément, c'était sans aucun doute le meilleur anniversaire de sa vie.

oOo

Les trois garnements n'étaient pas venus au petit-déjeuner. Dumbledore suggéra de laisser les trois amis se retrouver. Severus n'était pas de cet avis. On ne laissait pas trois enfants sans surveillance. Encore moins quand à la tête de la bande se trouvait Potter. Le maître des potions maintint au strict minimum la conversation avec le corps professoral.

- Potter semblait ravi de son anniversaire, dit Minerva avant de tremper délicatement ses lèvres dans son thé.

- Oh je crois qu'il n'a jamais été autant gâté de sa vie, répondit le directeur avec amusement avant d'envoyer un regard débordant de sous-entendus à Severus.

Le directeur de Serpentard garda un air impénétrable. Depuis quelques semaines, les fondations mentales qui lui permettaient de garder la tête hors de l'eau vacillaient dangereusement. Tout ce qui lui permettait de se maîtriser reposait sur des certitudes. Des certitudes mises à rude épreuve et dont il était de plus en plus difficile de ne pas y faire face. Pourquoi Severus était resté lors du déjeuner la veille ? Il aurait pu rester dans son laboratoire, avançant sur ses différents travaux mais non, il avait eu besoin de se rassurer. Il voulait voir Potter couvert de présents comme son père l'était à l'époque. Il voulait voir l'ingratitude dans les yeux du gamin. Il voulait que sa visite chez les Dursley soit un malentendu.

Il voulait se mentir à lui-même.

Il ne voulait pas la vérité.

Et la réalité s'était alors amusée de lui comme une vieille amie qui débarque à nouveau dans votre vie dans un rire moqueur.

Potter avait rayonné avec trois malheureux cadeaux. Potter semblait gêné. Potter avait remercié ses amis. Potter avait eu le regard pétillant de Lily.

Et Dumbledore savait ce que ressentait Severus. Peut-être mieux que lui-même.

Le maître des potions s'enferma dans ses pensées noires, se persuadant que cela ne changeait rien. Potter restait un gamin arrogant et feignant. De cela il en avait eu la preuve plus d'une fois. Et il pourrait encore le prouver. Que faisait le trio à cette heure-ci ? Peut-être étaient-ils déjà en passe de préparer un mauvais coup pour la rentrée.

Rompant le contact visuel avec le directeur, Severus présenta ses excuses et quitta la table.

Comme la veille, il pria presque intérieurement pour prendre Potter sur le fait. D'un pas rapide, Severus se dirigea vers la tour des Gryffondor. Avant même d'être enseignant à Poudlard, Severus connaissait déjà le chemin par cœur...

A peine arrivé devant le tableau de la Grosse Dame, il sentit une certaine agitation se dégager de l'intérieur de la pièce. Marmonnant le mot de passe, Severus entra sans attendre. Ce qu'il découvrit à l'intérieur de la pièce fît monter sa tension en un quart de secondes.

Comment trois futurs deuxième années pouvaient faire autant de bruit ? Le trio ne l'avait pas encore aperçu. Les trois Gryffondor semblaient avoir construit une tanière à l'intérieur même de leur salle commune. Des matelas étaient éparpillés sur le sol, des draps étaient suspendus à l'aide des meubles qu'ils avaient déplacés et des paquets de bonbons jonchaient le plancher. Ceci expliquait leur absence au petit déjeuner.

Severus resta scié devant tant d'immaturité. Les enfants étaient en pleine bataille d'oreillers. A l'image de leur maison, les coups portées étaient d'une violence sans nom mais cela ne semblait pas les arrêter et provoquait au contraire leur hilarité. Même Granger ne ménageait pas ses coups et ses cris. Elle qui paraissait si studieuse habituellement donnait une tout autre image. Weasley était de loin le plus bruyant et bourrin mais Potter évitait les coups avec une agilité que Severus aurait presque pu saluer.

Granger fut la première à remarquer la présence du professeur. Elle s'arrêta nette et eut le bon goût de rougir violemment, le regard empli de crainte. Potter comprit rapidement que quelque chose clochait et suivit alors le regard de la jeune fille. Il lâcha immédiatement son oreiller. Son regard vert s'accrocha à celui de Severus comme s'il cherchait déjà à convaincre le professeur qu'il ne faisait rien de grave. Sale gosse. Seul Weasley criait encore et Potter ne réagit même pas lorsque le roux assena un énorme coup sur la tête du Survivant.

- Bah alors les gars, vous ne jouez…

Les derniers mots de Weasley moururent instantanément dans sa gorge lorsqu'il comprit enfin. Granger se mordait les lèvres et Weasley avait les oreilles rouges. Seul Potter garda la tête haute bien qu'une lueur effrayée brillait dans ses yeux.

- Excusez-nous professeur, nous allons ranger, dit finalement Granger la voix tremblante.

- Il vaudrait mieux pour vous, grinça Rogue de sa voix doucement dangereuse. Vous êtes à Poudlard ici, le règlement est toujours le même même lors des vacances scolaires. Encore un comportement déplacé comme celui-ci et vous rentrez chez vous.

Severus tourna les talons, profondément insatisfait. Il se ramollissait. En principe, Granger aurait dû finir en larmes et les garçons vert de rage.

Severus se dépêcha d'envoyer un message à la directrice des Gryffondor, lui informant que ses lions avaient mis un bazar incroyable dans leur salle commune. Minerva allait certainement leur passer un savon pour ne pas avoir dormi chacun dans leur lit. Sa collègue était très à cheval là-dessus. Merlin merci, le trio n'était pas encore en âge d'avoir les hormones en ébullition. Leurs jeux enfantins en étaient la preuve. Le message envoyé, Severus retourna à ses potions.

oOo

La semaine passa beaucoup trop rapidement au goût de Harry. Ses amis et lui avaient divisé leur temps entre le terrain de Quidditch, le potager de Hagrid et dans la tour de Gryffondor à terminer leurs devoirs. Hermione avait insisté, ajoutant que cela allait être passionnant de pouvoir pratiquer ensemble. La jeune fille avait été étonnée et fière de voir à quel point Harry avait avancé dans ses devoirs. Il n'osa pas lui préciser qu'il devait cela à sa retenue chez Rogue. Cela n'était vraiment pas loyal vis-à-vis de Ron qui n'avait rien commencé. Pour se rattraper, Harry lui glissa ses notes lorsque Hermione eut le dos tourné.

Avant de partir, Harry évoqua à nouveau la venue de Dobby qu'il avait totalement oublié. Ron promit de garder ses oreilles bien ouvertes s'il entendait des choses concernant les objets détournés et les Malefoy. Harry se résolut à passer ses prochains jours à garder un œil sur Rogue. Hermione quant à elle tenta de tempérer un peu les choses et fit promettre à Harry de ne pas se mettre en danger inutilement.

Lorsque Dumbledore lui-même alla chercher ses amis, Harry sentit un vide l'envahir dans le creux de son estomac. Hermione le serra dans ses bras et cela lui réchauffa les entrailles. Il n'osa plus parler jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans les flammes vertes de la cheminée.

 

End Notes:

Et voilà le retour du trio mais aussi d'une autre petite créature aimé de tous (enfin je crois !).

Qu'imaginez-vous pour la suite ?

 

Partie 1 - Chapitre 10 by Isabelle Pearl

Le départ de Ron et Hermione rendit Harry mélancolique. Il errait dans le château comme une âme en peine à tel point qu'il tomba deux fois dans les traquenards de Peeves.

Songeant à utiliser sa cape d'invisibilité pour piéger l'esprit frappeur, Harry se rendait dans la salle de bain pour nettoyer son corps couvert de bombabouse lorsqu'une idée lui traversa l'esprit. Il restait à peu près trois semaines à tuer avant de passer la fin des vacances chez les Weasley. Entre la visite de Dobby, les objets détournés et les informations que Rogue voulaient cacher à Harry, il y avait manifestement des choses à découvrir.

N'ayant pas une relation au beau fixe avec le professeur de potions, Harry avait la solution à portée de main. Il allait tout simplement espionner Rogue avec sa cape d'invisibilité. Harry éclata de rire tant c'était simple ! Il suffirait de le suivre un soir après le dîner. Pour une raison que Harry ignorait, le professeur était toujours présent lors des repas depuis quelque temps. Fort heureusement, il ne s'était jamais retrouvé en tête à tête avec Rogue lors d'un repas. Rien que de l'imaginer, il en avait des frissons tant cela serait étrange car même si le professeur ne lui adressait plus la parole depuis plusieurs jours, Harry avait l'impression que Rogue l'observait. Cependant, dès qu'il levait la tête, le professeur était plongé dans une conversation intense avec Dumbledore.

Harry prépara alors son plan tout en passant des vêtements propres, l'adrénaline pulsant dans ses veines. Il allait espionner Severus Rogue à l'aide de sa cape d'invisibilité dès ce soir.

Au dîner, il prit son temps pour manger. Pour cela, il suffisait de poser un tas de questions à Hagrid sur les dragons et la discussion était lancée. Harry désespérait de voir Rogue arriver. Finalement, l'homme apparut, l'air renfrogné. Il ne décrocha pas un mot et mangea sa soupe en silence. Dumbledore anima la soirée, comme à son habitude, avec une histoire abracadabrante sur la vie des salamandres de feu. Mcgonagall affichait un sourire tolérant, Hagrid un regard admiratif et Rogue un air impénétrable. Quand le professeur de potions prit enfin congé, Harry attendit quelques secondes avant de se lever à son tour. A peine franchissait-il les portes de la Grande Salle qu'il sortit sa cape d'invisibilité coincé contre son ventre. Une fois derrière une armure massive, il enfila la cape légère et soyeuse puis pressa le pas. Rogue se trouvait à quelques mètres de lui. Adoptant une démarche féline, le Gryffondor calma sa respiration pour ne pas se faire repérer.

Harry remercia son agilité naturelle lorsqu'il réussit à se glisser de justesse dans la salle de classe des cachots avant que la porte ne se referme. Miracle, Rogue ne semblait pas l'avoir entendu. Fier de lui, Harry resta à bonne distance du professeur mais fut assez proche pour l'observer. Un visage pâle et fatigué se dévoilait derrière le rideau des cheveux gras du professeur. L'homme paraissait presque humain. Comme s'il avait pu entendre les pensées de Harry, Rogue leva la tête, l'air dur et impénétrable. Prudent, Harry ralentit son pas et manqua presque de se faufiler à travers la porte qui menait au bureau privé de Rogue. Il était déjà entré une fois quelques semaines plus tôt lorsqu'il s'était battu avec Drago Malefoy mais il n'avait pas eu le temps de regarder plus en détail la pièce.

L'endroit était suffisamment large pour contenir un bureau, une paillasse où trônait plusieurs chaudrons. Une grande bibliothèque recouvrait le mur en face du bureau et un tapis confortable aux couleurs de Serpentard était posé en face d'un petit canapé en cuir de dragon. Harry ne pût s'empêcher de constater qu'il n'y avait pas de tableau et cela rendait la pièce austère. De plus, la lumière était assez réduite, seule une lampe trônait sur le bureau du professeur et une minuscule fenêtre donnait sur le lac de Poudlard. Le tout rendait l'ambiance sombre.

Harry s'installa prudemment dans un coin de la pièce tandis que l'homme s'asseyait devant son bureau. Un fouillis organisé de parchemins s'étendait devant lui et un chaudron, dont les vapeurs chaudes qui s'en échappaient rendait l'air humide et lourd, mijotait doucement à sa droite. Sous sa cape, Harry avait chaud et commençait à transpirer à grosses gouttes. Rogue agita sa baguette et une étagère sortit du mur.

Harry retint de justesse une exclamation impressionnée. Une multitude de fioles de différentes couleurs, formes et tailles habillaient le meuble. Le maître des potions se saisit habilement de l'une d'elles avant de verser le contenu dans la potion tout en marmonnant une litanie imperceptible. Soudain, le liquide explosa légèrement et Harry fit un bond en arrière. Pendant un instant, il crut que Rogue l'avait entendu mais l'homme était déjà à ses notes.

Harry observa le maître des potions sans voir l'heure passer, subjugué. Est-ce que sa mère faisait autant preuve d'adresse lorsqu'elle réalisait une potion ? Harry en oublia presque sa mission première avant de se ressaisir. Il tenta de s'approcher des notes de l'homme mais il se rendit vite compte que c'était impossible. Rogue se levait à chaque fois qu'il s'approchait. Le danger était trop présent. Et puis, commençant à sentir la fatigue pointer le bout de son nez et voyant que cela ne menait à rien, Harry préféra rebrousser chemin et revenir le lendemain. Il attendit que le professeur ait le nez dans ses fioles, le dos tourné à la porte, pour ouvrir cette dernière à la volée dans une imitation, qu'il jugea convaincante, de fantôme.

.

Harry recommença sa mission les jours qui suivirent. Il avait seulement appris que Rogue travaillait sur la même potion. Le maître des potions travaillait d'arrache pied et il y avait quelque chose d'envoûtant dans les gestes que répétait le professeur. Il ne parvenait jamais à mettre la main sur les notes du maître des potions. L'homme faisait toujours un mouvement qui obligeait Harry à reculer. Jusqu'au soir où un orage d'été éclata violemment sur le château, Harry réussit enfin une approche. Le professeur était penchée sur sa potion, tournant sa baguette dans les sens des aiguilles d'une montre. Le cœur battant, Harry réussit à lire les mots "Jugson" et "potion d'inhibition couplée à un dérivé d'imperium". Grisé, Harry se pencha un peu plus sur les notes du professeur mais il était difficile de lire à l'envers.

Discrètement, s'assurant que le professeur était toujours concentré sur son chaudron, Harry tendit doucement la main sur le parchemin et le fît glisser vers lui. Tout excité, Harry savoura d'avance sa victoire. Il allait sûrement découvrir un tas de choses là-dedans. Il avait déjà hâte d'en parler à Ron et Hermione !

La poigne ferme saisit aussi bien sa main que son cœur qui cessa de battre. Harry essaya vainement de se dégager mais il sentit que sa cape lui échappait. Avec horreur, il vit Rogue tenir la cape de son autre main, le regard furieux. Tremblant de tous ses membres, Harry ferma les yeux, attendant de se faire massacrer sur le champ.

- Regardez-moi Potter, siffla Rogue en secouant Harry qui obéit aussitôt. Croyez-vous que je n'avais pas remarqué votre petit manège ? Voilà plusieurs jours que vous me suivez. Je vais vous envoyer chez le directeur, ça ne va pas traîner ! Mais d'abord parlez, qu'est-ce qui vous autorise à m'espionner et fouiller dans mes documents ?

Harry cherchait ses mots en vain. Dumbledore allait le virer si Rogue ne le tuait pas avant. C'était une catastrophe, il allait finir à la rue. Comment avait-il été aussi stupide ? Au fil des soirées, il avait pris confiance et avait totalement baissé sa garde. Voilà où ça le menait. Les excuses se bousculèrent alors sur ses lèvres.

- Pardon… Je… Excusez… Moi… Voulais pas…

- Vous ne vouliez pas quoi exactement ? Paraître encore plus malpoli que vous ne l'êtes ? Qu'est-ce que vous trafiquez Potter ? J'exige une réponse ! dit le professeur avec fureur.

Terrorisé, Harry ne pouvait rien dire. Strictement rien. Il ne pouvait pas parler de Dobby, de complot, d'objets détournés et encore moins à Rogue. La respiration erratique, Harry sentit des fourmis pointer au bout de ses doigts.

- Vous vous ennuyez à ce point ici ? cracha finalement le professeur. Mais il fallait penser à cela avant de fuguer et de rompre le lien avec votre ancien foyer !

Une vague de tristesse venue de nulle part empoigna la gorge de Harry. Baissant alors les yeux, Harry arrêta de se débattre. Rogue relâcha alors immédiatement sa prise sur son bras.

- Excusez-moi monsieur, dit alors Harry. Je… ne sais pas ce qui m'a pris.

- C'est bien cela le problème Potter. Vous ne savez jamais ce qui vous prend. Il s'agirait de gérer cette impulsivité.

Harry dansa sur ses pieds et releva les yeux vers ceux du professeur. Son regard noir ne laissait rien transparaître.

- J'étais curieux, dit finalement Harry la voix chevrotante, ce qui était loin d'être un mensonge.

- Et bien sachez que c'est un vilain défaut, répliqua le professeur Rogue. Votre comportement est indécent. Souhaitez vous passer toute votre vie pour un garçon incapable de se contrôler mais en plus malpoli ?

- Non ! s'exclama Harry les joues rouges.

- Alors prouvez-le !

Ne sachant plus quoi dire, Harry baissa à nouveau les yeux. La honte le submergeait. Puis, il entendit la potion siffler et Rogue l'abandonna pour y retourner avec empressement. Harry aurait pu partir mais il s'approcha doucement du professeur, inquiet que la potion soit fichue car c'était la première fois qu'il l'entendait siffler de la sorte. Une douce mélodie résonnait et s'échappait des vapeurs bleues. Qu'était-ce donc cette étrangeté ? C'était si doux, si attirant et en même temps effrayant et sombre. Les yeux écarquillés, Harry s'approcha encore un peu plus, ses jambes le guidant automatiquement.

Rogue n'existait soudainement plus. Il n'y avait plus rien. Plus de honte, plus de peur, plus de tristesse. Harry s'approcha un peu plus et s'il entendit une voix menaçante au loin, Harry n'en tint pas rigueur. Il avait envie de boire la potion. Il devait la boire. Et puis, quelle était cette chose qui pulsait en lui ? Plus il s'approchait, plus la chose grossissait dans ses entrailles. Il se sentit sourire d'une joie incontrôlable. Sans réfléchir, il posa ses mains sur le chaudron brûlant. Il ressentit à peine la douleur et se pencha par-dessus le liquide prêt à y plonger sa tête.

- POTTER !

La voix de Rogue le sortit de sa transe. Tout alla très vite. Harry était à quelques centimètres du liquide quand une main le tira violemment vers l'arrière. La chose en lui se rebella et une vague de colère se diffusa dans ses veines. Rogue le regardait d'un air calculateur qui déplut à Harry. Il n'était pas une bête de foire. Sans crier gare, le chaudron se mit à bouillir de façon beaucoup trop forte.

- Calmez-vous ! rugit Rogue en se reculant vers Harry, levant sa baguette.

Mais il était trop tard. Harry, complètement apeuré, le savait déjà. L'explosion détonna à travers l'orage qui rugissait dehors. Les murs tremblèrent. Harry sentit un bras le déplacer puis un souffle le projeta en arrière. Le corps de Rogue fît bouclier et le protégea des projections. Sa tête frappa le mur et ce fut le trou noir.

oOo

Severus avait l'impression que son corps entier avait subi un doloris made in Seigneur des Ténèbres. Le matelas moelleux et les draps frais ne changeaient rien à ses courbatures qui perforaient ses membres. Il porta la main à sa tête et ouvrit les yeux. Il lui fallut un temps pour se souvenir de ce qui avait pu se passer pour qu'il se retrouve à l'infirmerie.

L'orage était passé mais la pluie battait sur les fenêtres qui laissaient apercevoir la lune. Se redressant doucement, Severus souhaita immédiatement rentrer dans ses appartements. Cette image de lui-même diminuée lui donna la nausée. Ou peut-être était-ce la migraine qui lui tambourinait le crâne…

- Restez où vous êtes mon cher Severus, intima une voix douce mais ferme qui ne trompa pas le maître des potions.

- Je vais assassiner Potter, grinça alors Severus tandis que des souvenirs revenaient par vague.

Le gamin le suivait depuis des jours. Comme le Gryffondor ne faisait rien d'autre que de l'observer, Severus l'avait ignoré, se moquant intérieurement de ses piètres capacités à être discrets. Mais lorsqu'il avait senti Potter trop fouiner, il avait vu rouge.

- Vous lui avez pourtant sauvé la vie, dit Dumbledore, un brin amusé.

Grave erreur, pensa-t-il fort à propos. Alors qu'il avait pensé que l'enfant était retourné dans sa salle commune, il l'avait vu pointer le bout de son nez comme pris dans une étrange extase. Potter avait été littéralement attiré par la potion des Jugson. Ce n'était absolument pas normal. La potion appâtait les moldus, jamais les sorciers. Elle avait été créée pour cela. Pour protéger le sang-sorcier et détruire les moldus. C'était une arme de destruction massive.

La seule autre raison possible pour que Potter se dirige droit vers l'élixir était invraisemblable. Lui-même avait ressenti cette attirance la première fois que la potion avait atteins les 130 degrés et s'était mise à siffler… La magie noire qui pulsait et qui appelait quiconque trempé dans le domaine à l'admirer pour mieux vous dévorer. Mais on parlait d'un enfant d'à peine douze ans. Il n'aurait jamais dû ressentir cette magie en premier lieu et surtout, le gamin n'avait jamais pratiqué la magie noire. Potter n'avait pas répondu à ses injonctions de reculer. Au contraire, un sourire à faire froid dans le dos s'était dessiné sur le visage du Gryffondor. L'œil brillant, il avait posé ses mains sur le cuivre bouillant mais n'avait pas cillé. C'est lorsqu'il avait plongé sa tête, prêt à y boire le breuvage que Rogue était intervenu.

Une angoisse sourde avait alors saisi Severus. Et en pensant à nouveau au regard de colère du gamin, Severus en était encore troublé. Cette fureur qui brillait dans les yeux verts… Cela avait glacé le sang de Severus. Il aurait pu reconnaître ce courroux parmi mille autres. Celui du Seigneur des Ténèbres. Était-ce la fatigue qui lui avait joué des tours ? Le regard vert chargé de violence avait disparu aussi vite qu'il était apparu pour laisser place à un regard terrorisé. Le chaudron avait frémi, fumé puis explosé. Severus avait tiré Harry derrière lui et lancé un bouclier de toutes ses forces. Le souffle de la détonation les avait projeté en arrière.

Oui, Severus s'était assuré que le gamin ne prenne aucun projectile. Non, il ne l'avouerait jamais, même sous la torture.

- Il s'agirait de garder ce gamin sous cloche, c'est une terreur ambulante, pesta Severus. Je retourne dans mes quartiers.

La main ferme de Dumbledore le cloua au lit. Manifestement, le vieillard en avait encore dans la manche.

- Vous avez jeté un bouclier d'une force incroyable Severus et la détonation vous a assommé, expliqua Dumbledore. Pompom souhaite que vous restiez en observation cette nuit.

- Je vais très bien, râla Severus qui ne tenta cependant plus de se lever.

Bien évidemment, la magie de Severus et celle, accidentelle, de Potter, n'avait pas pu faire bon ménage dans un espace aussi réduit. D'ailleurs, où était Potter ? Severus jeta un coup d'œil sur les autres lits. Plus loin, dans la rangée en face de Severus, Potter dormait du sommeil du juste.

- Il va bien, dit Dumbledore dans un sourire. Juste une petite commotion cérébrale qui a déjà été traitée par notre infirmière. Ses brûlures seront soignées rapidement.

- Je n'ai rien demandé ! siffla Severus.

- Severus... , commença Dumbledore d'un ton bienveillant qui n'annonçait rien qui vaille.

Instinctivement, le maître des potions se tendit. Il connaissait cette façon de procéder. Dumbledore allait sortir les violons afin de le retrancher dans ses questionnements. Bien évidemment, le vieux allait présenter les choses comme si tout était simple et normal.

- Il n'y a rien de mal à vouloir protéger Harry. Vous avez bien fait. Vous êtes quelqu'un de bon et vous l'avez prouvé à de nombreuses reprises lorsque vous faites rayonner la lumière qui est en vous.

Severus soupira d'agacement, se pinçant l'arrête du nez. En plus d'être faux, c'était embarrassant au possible. Le directeur paraissait grandement s'amuser.

- Au lieu de jouer les prêtres rédempteurs, ne voudriez pas remettre les pendules à l'heure chez Potter pour qu'il cesse ses manigances, dit Severus avec aigreur.

- Ah je ne crois pas, répondit simplement Dumbledore.

- Je vous demande pardon ?

Le directeur coula son regard vers Potter qui se retournait dans son sommeil pour se mettre sur le dos, un de ses bras au-dessus de sa tête. Ses mains avaient été bandées à cause des brûlures du chaudron. Le bruit ne semblait pas le déranger. Severus pariait que même en allumant les bougies, le gamin ne se réveillerait pas. Reportant son regard sur celui du directeur, Severus n'apprécia que moyennement le sourire qui pétillait dans ses yeux bleus.

- Je pense que Harry vous a suivi pour un tas de raisons qui lui sont propres. Cependant, il a juste cherché une bonne excuse.

- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

Dumbledore allait-il cesser de toujours trouver un tas d'excuses au gamin ?

- En fait, je pense que Harry ressent le besoin de se rapprocher de vous, dit calmement Dumbledore comme s'il parlait de la météo.

- Ridicule ! coupa Severus.

- Il a besoin de savoir qui était l'ami de sa mère, poursuivit Dumbledore comme s'il n'avait pas été coupé. Inconsciemment, vous êtes la seule personne qui le raccroche à sa famille et après sa rupture avec les Dursley…

- Épargnez-moi votre psychologie de comptoir, coupa à nouveau Severus.

Il n'avait vraiment pas envie d'entendre les élucubrations du directeur. Surtout quand elles résonnaient déjà trop fortement dans sa tête de cette manière.

- Je pense que cette visite chez les Dursley vous a aussi chamboulé Severus.

- Je ne suis pas chamboulé, grinça le maître des potions, le regard dangereux.

- Malgré tout ce que j'ai pu vous dire cette année, vous n'avez pas cru un seul instant au fait que Harry ressemble énormément à Lily, qu'il est loin de l'image que vous vous en faisiez. Et je crois que vous en avez eu la preuve ces derniers jours, surtout après votre visite chez Pétunia.

- Potter ne demeure pas moins colérique, impulsif et arrogant, répondit Severus.

- Certes, concéda Dumbledore. Mais vous savez aussi bien que moi que c'est souvent un moyen pour les enfants carencés de se protéger.

Le regard lourd de sens de Dumbledore donna à Severus l'envie de hurler. Sa fureur dut se lire sur son visage car Dumbledore se redressa, le regard débordant d'excuses. Le lit de Potter grinça à nouveau. Le gamin avait sans nul doute un sommeil agité. Dumbledore envoya un dernier regard mystérieux à Severus avant de prendre congé.

- Tout ira bien Severus, dit-il en posant une main réconfortante sur l'épaule du maître des potions qui sentit son corps se raidir.

Une chose que Severus n'arrivait toujours pas à gérer après toutes ces années auprès de Dumbledore était les élans tactiles. En bon lion qui se respectait, Dumbledore était adepte des gestes réconfortants. Merlin merci, il n'avait jamais passé le cap de serrer Severus dans ses bras comme il pouvait le faire avec McGonagall ou Chourave. Severus aurait pu frapper le directeur par pur réflexe défensif.

.

Severus ne se rendit compte qu'il dormait seulement au moment où il fut réveillé par des bruits d'agitation. Le Gryffondor avait-il des vers pour bouger autant dans son sommeil ? Il entendit d'abord la respiration saccadée du gamin et les grincements du lit avant d'ouvrir les yeux pour apercevoir Potter dans le reflet de la lune.

Les draps entortillés au bout des pieds, le gamin était redressé, cherchant vainement autour de lui.

- Il faut sortir ! cria-t-il dans le vide.

Severus fronça des sourcils et se redressa, cherchant à comprendre ce que disait l'enfant. Une lumière s'alluma au fond de l'infirmerie et Pomfresh apparut d'un pas rapide.

- Allons Potter, que se passe-t-il ? dit-elle en posant la main sur le front de l'enfant qui recula contre le mur pour échapper au contact de l'infirmière.

Severus se leva complètement, les sens en alerte. Potter avait les yeux grands ouverts et paraissait en proie à une agitation anormale. La potion ne l'avait pourtant pas touché, Severus en était sûr.

- Le professeur Quirrell ! s'exclama-t-il finalement, le souffle court. Il faut l'arrêter !

Qu'est-ce qui lui prenait ? Mais Pomfresh soupira de soulagement et agita sa baguette. Une fiole se matérialisa devant elle. Severus fronça les sourcils et s'approcha un peu plus du lit du Survivant. Le gamin regardait dans le vide et ne semblait pas apercevoir les adultes autour de lui.

- Les crises de somnambulisme sont fréquentes à cet âge, dit-elle pour Severus avant de poser la fiole sur les lèvres de Potter. Buvez Potter, dit-elle d'une voix douce mais ferme. Et avec tout ce qu'il a vécu ces derniers temps, rien d'étonnant. Le philtre de paix le calmera un peu. Allez Potter, recouchez-vous, ajouta-t-elle tandis que le gamin obéissait et qu'elle rabattait les draps sur lui. Encore heureux qu'il ne fasse pas de terreurs nocturnes. Il vous aurait réveillé.

- Il m'a réveillé, corrigea le professeur avec irritation.

- Cela parce que vous avez le sommeil aussi léger que moi, répliqua-t-elle. Cela n'empêche pas de vous recoucher ! ordonna-t-elle soudainement.

Mais Severus n'en fît qu'à sa tête. A peine avait-elle disparu derrière la porte dérobée de l'infirmerie que Severus se saisit de sa baguette et métamorphosa son pyjama en tenue de jour appropriée. Il pouvait parfaitement soigner sa tête lui-même. Par acquis de conscience, il jeta un coup d'œil à Potter. L'enfant dormait paisiblement, les traits parfaitement détendus.

Severus fit un pas, puis deux et au troisième le noir complet l'avala.

.

La lumière du soleil aveugla Severus quelques secondes. Il jura intérieurement, se souvenant qu'il avait voulu quitter l'infirmerie et qu'il s'était évanoui comme une groupie des Bizarr' Sisters. Mais il y avait pire encore que cette humiliation sans précédent et Severus était précisément en train de la vivre. Severus faillit crier lorsqu'il tomba sur une paire d'yeux qu'il ne connaissait que beaucoup trop bien. Le vert émeraude brillait d'anxiété et de crainte.

- Potter, grogna-t-il.

- Vous êtes tombé cette nuit monsieur, dit précipitamment Potter. Pardonnez-moi ! C'est de ma faute. Je suis désolé pour le chaudron, je ne sais pas ce qui a pu se passer. Je vous promets que j'irai tout nettoyer. Excusez-moi monsieur si je peux faire quoique ce soit...

- Ça suffit ! grinça-t-il. Vous allez me donner mal à la tête si vous continuez.

Potter se mordit les lèvres mais ne baissa pas son regard. Une vive inquiétude se reflétait dans ses yeux émeraudes et il semblait à deux doigts de recommencer sa litanie d'excuses.

A son grand soulagement, Severus avait encore sa tenue qu'il avait métamorphosé quelques heures plus tôt. Se retrouver en pyjama devant un élève - et qui plus est Potter- équivalait à se retrouver dans son plus simple appareil au milieu de la Grande Salle.

- Ah vous êtes réveillé ! s'écria Pomfresh qui débarqua avec un plateau repas. Vous êtes une tête de mule, je vous avais dit de rester ici pourtant. Mangez ! ordonna-t-elle en posant le petit déjeuner sur ses cuisses.

Se sentant rougir de colère, Severus fit quelques exercices de respiration et ferma son esprit. Potter restait assis sur sa chaise, le regard alarmé. Pomfresh toisa quelques instants Severus puis jeta un coup d'œil au Gryffondor.

- Surveillez qu'il mange bien, dit-elle à l'adresse de Potter avant de s'en aller.

Le garçon se mit à rougir jusqu'à la racine des cheveux. L'infirmière ne semblait pas savoir que Potter ne pourrait jamais donner un seul ordre au directeur de Serpentard. Severus savoura cette sensation de malaise chez le garçon et enfonça le clou en lui lançant un regard menaçant. Mais Potter était un Gryffondor et par conséquent, il ne savait pas quand s'arrêter.

- Est-ce que vous voulez du sucre pour votre thé ? demanda Potter d'une voix excessivement douce pour être complètement naturelle.

- Non.

- Un yaourt ? proposa-t-il alors la voix hésitante. Ça fait du bien les yaourts quand on a besoin de force..

- Non.

- Du jus de citrouille ?

- Potter fichez le camp ! grogna Severus.

- Mais… Pomfresh m'a demandé de…

- Je me fiche de ce qu'à dit Pomfresh ! cria Severus.

Potter se raidit sur sa chaise. La peur se lisait sur son visage. Severus fit disparaître d'un coup de baguette le plateau-repas et le gamin écarquilla les yeux.

- Monsieur… Je suis désolé pour hier, dit le gamin avec prudence. Je… Je vais nettoyer les dégâts et…

- Vous n'allez rien faire du tout Potter, coupa le professeur agacé.

Merlin, qu'il voulait retirer ce regard bourré de culpabilité chez Potter. Pourquoi restait-il malgré tout planté comme un anneau de Quidditch ?

- Au cas où vous ne le sauriez pas, la potion que vous avez fait exploser à cause de votre difficulté à vous contrôler est extrêmement dangereuse. Vous n'irez donc rien nettoyer, poursuivit le professeur en se levant de son lit après avoir fait apparaître ses chaussures.

S'il fut pris d'un léger vertige, il n'en montra rien. Le gamin se leva en même temps, le scrutant avec préoccupation. Il devait lever la tête pour regarder le professeur et son air déboussolé lui donnait une apparence encore plus jeune. Severus prit alors congé.

- Elle avait l'air importante cette potion. Comment est-ce que vous allez faire pour…

- Si vous aviez écouté les cours lors du dernier semestre plutôt que de vous intéresser à la pierre philosophale, vous sauriez qu'un bon potionniste garde des réserves de côté lorsqu'il analyse une potion. Il n'y a donc rien de dramatique. Maintenant, allez donc ennuyer quelqu'un d'autre !

- Mais j'ai une dette envers vous ! s'exclama alors le Survivant qui l'avait rattrapé.

Severus s'arrêta net. Qu'est-ce que lui chantait le gamin ? Qu'avait-il encore pu se passer dans sa tête ? Potter se mordait les lèvres mais maintenant son regard déterminé ancré dans le sien.

- Une dette ? dit-il d'une voix dangereusement lente.

- Vous m'avez sauvé la vie ! s'écria-t-il alors. Vous n'auriez pas dû ! Vous n'étiez pas obligé, c'était de ma faute. J'ai agi comme un monstre, ajouta-t-il la voix se brisant sous le coup de l'émotion.

Potter semblait lutter avec force contre les larmes. Son menton tremblait dangereusement et ses yeux commençaient à s'humidifier. Severus n'avait absolument pas envie de gérer une crise de larmes, encore moins celle du Survivant. De plus, il n'était pas du tout le genre d'adulte vers qui se tourner lorsqu'un élève était pris d'une mélancolie soudaine. C'était précisément le genre de chose qu'il ne savait pas faire. Il opta donc pour ce qu'il faisait de mieux : lancer un regard noir. Le gamin cilla pour chasser ses larmes avec succès.

- Vous n'avez aucune dette envers moi Potter, déclara-t-il sèchement. J'ai simplement fait mon travail. Il n'y a rien d'honorable à cela. Vous êtes un enfant, je suis un adulte et j'ai fait ce que j'avais à faire. Maintenant si vous voulez bien, j'ai du travail.

- Qu'est-ce que je peux faire ? demanda Potter et Severus retint un soupir.

Potter n'allait pas le lâcher. Il se tourna alors, prêt à lui hurler dessus pour le faire fuir une bonne fois pour toute mais quelque chose l'arrêta. Tout à coup, la discussion avec Dumbledore dans la nuit remonta à la surface. Le gamin allait le coller et trouver toutes les excuses du monde. Severus devait trouver un plan et vite. Dumbledore avait dit que Severus était la seule personne qui raccrochait Potter à sa famille. Un comble. Qu'il en soit ainsi. Une idée germa dans la tête de Severus. Puisque Potter était un feignant notoire, Severus allait jouer sur ce terrain afin que l'enfant aille faire sa crise identitaire loin de lui.

- Venez travailler vos cours de potions, ça ne sera jamais de trop étant donné votre niveau, ordonna-t-il d'une voix sèche.

Le Survivant hocha immédiatement la tête.

Le maître des potions se crut alors débarrassé du gamin pour de bon. Pourtant, à peine une heure plus tard, Potter se pointait dans la salle de classe. Maudite soit la détermination que lui avait transmis Lily.

Il ne fallait jamais sous-estimer la ruse d'un Serpentard. Severus n'avait pas lésiné sur la difficulté du devoir donné à Potter. Il avait ordonné au gamin de se taire et de ne rien demander tant qu'il n'aurait rien terminé. Avec quarante-cinq centimètres de parchemin sur les différentes potions anti-poisons, le gamin allait devoir lire la moitié de la bibliothèque de la salle de classe s'il voulait rendre quelque chose de convenable. Et pendant ce temps, Severus avait la paix.

Potter enchaînait les aller-retours vers la bibliothèque au fond de la salle et Severus pinça les lèvres pour ne pas lâcher un rire moqueur. Voir le fils Potter ramper de la sorte pour être dans ses bonnes grâces avait quelque chose de satisfaisant. Le Gryffondor transpirait la culpabilité. Le maître des potions aurait pu expliquer au gamin qu'il n'y était pour rien dans l'explosion de potion. Après tout, Severus aurait dû sévir dès que l'enfant s'était faufilé dans son bureau pour l'espionner mais il avait eu envie de jouer un peu avec lui afin de mieux le piéger. Evidemment, cela avait été une mauvaise idée puisque le garçon-qui-a-survécu était aussi le garçon-qui-ne-réagit-jamais-comme-un-enfant-de-son-âge.

Dumbledore devrait mieux garder l'œil sur le Gryffondor. D'abord parce qu'il n'était pas normal qu'à la moindre contrariété, l'enfant entre dans une colère noire au point de faire exploser n'importe quoi sur son passage, magie accidentelle ou non. Ensuite, parce qu'il y avait quelque chose d'étrange chez Potter. Severus repensait souvent à ce regard vert qui n'avait eu soudainement plus rien à voir avec celui de Lily. Et puis se sourire à glacer le sang... Il hésitait à en parler à Dumbledore. Cela n'avait duré qu'un quart de seconde. A peine le temps de ciller que c'était déjà parti.

Potter grattait sur son parchemin avec vigueur et s'en tenait à faire ses recherches sans rien demander. Sentant le regard du professeur sur lui, il releva les yeux mais n'ouvrit pas la bouche, semblant attendre que Severus parle. De toute évidence, le garçon avait retenu la consigne de se faire discret et ne parler que si on le lui demandait.

Severus retourna à ses notes. Il attendrait un peu pour discuter avec Dumbledore.

 

End Notes:

On se retrouve la semaine prochaine pour la suite ! D'ici là, portez vous bien et n'hésitez pas à laisser une petite trace de votre passage ;)

Partie 1 - Chapitre 11 by Isabelle Pearl

Trois jours durant, Harry s'évertua à travailler d'arrache pied afin de rendre un devoir plus que convenable à Rogue. Il ne savait pas d'où venait ce besoin de satisfaire le professeur à tout prix. Ron lui aurait certainement dit de laisser couler et attendre que la rentrée arrive mais Harry ressentait ce besoin dévorant de se faire pardonner pour l'explosion du chaudron.

Il savait pertinemment qu'il avait été trop loin et même s'il avait beau détester Rogue, Harry était submergé par la culpabilité. Vernon devait avoir raison après tout, Harry n'était qu'un monstre. Il avait été incapable de se contrôler, encore une fois, et tout avait explosé. Et puis, Rogue s'était interposé pour le protéger. C'était un geste courageux que Harry n'aurait jamais cru un jour pouvoir accorder au professeur. Rogue avait toujours été aux yeux de Harry un homme antipathique, aigri et vicieux mais il avait aidé Harry. Aucun adulte n'avait fait cela pour lui. Aucun adulte à part James et Lily Potter qui l'avaient payé de leur propre vie.

Dans un soupir, Harry relut pour la troisième fois la page sur les propriétés des algues dans la préparation des potions de soin. Installé au fond de la classe, le Gryffondor travaillait depuis le début de l'après-midi. Il pleuvait depuis le matin, apportant une fraîcheur bienvenue sur Poudlard. Harry n'avait pas eu le cœur à jouer au Quidditch. Sans Ron, c'était moins amusant. Dumbledore et McGonagall étant occupés quelque part dans le château et Hagrid auprès des animaux dans la forêt interdite, les pas de Harry l'avaient machinalement dirigé vers les cachots. Avant même qu'il s'aperçoive où il était, le professeur Rogue lui intimait de s'asseoir et de travailler silencieusement s'il voulait rester dans ses pattes.

Poussant un soupir, Harry repoussa son livre et reformula sa phrase sur son parchemin qui ressemblait désormais à un torchon. C'est précisément à ce moment-là que la chaise de Rogue racla le sol, annonçant qu'il se déplaçait vers Harry pour voir l'avancée de son travail. Harry conserva ses yeux sur sa copie, se persuadant que s'il ne regardait pas Rogue alors ce dernier l'oublierait. Cela aurait pu marcher s'il s'était trouvé dans une classe remplie d'élèves et surtout si le professeur avait été quelqu'un d'autre que Rogue.

- J'espère qu'il s'agit là d'un brouillon, lança le professeur de sa voix dangereusement lente.

Harry ne répondit rien, préférant attendre que la tempête passe. Il pouvait tout à fait encaisser les remarques désobligeantes sur son piètre niveau. Ce n'était un secret pour personne et Harry ne devait pas se laisser aller à la colère. Cela lui faisait peur. Il finissait par faire des choses mauvaises lorsqu'il était furieux. Il devenait méchant malgré lui. Réprimant un frisson, Harry se concentra sur sa respiration.

- On va passer à la pratique, dit le professeur avant de réaliser un mouvement sec du poignet.

Un chaudron lévita jusqu'au bureau de Harry qui écarquilla les yeux de terreur. Sa dernière expérience avec une potion avait été plutôt chaotique. Et si le sentiment bizarre dans son ventre lui reprenait ? Et s'il faisait n'importe quoi et blessait le professeur ?

Harry envoya un regard paniqué à Rogue et secoua la tête.

- Avez-vous perdu vos capacités de langage ? grinça le professeur.

- Je… Je ne crois pas que ce soit une bonne idée monsieur, dit Harry dans un souffle tandis que son cœur tambourinait dans ses tempes.

- De quel droit vous autorisez-vous à me dire ce que je dois faire ou non ?

Une vague de terreur s'empara de Harry. Le professeur n'allait pas le comprendre, ils allaient se mettre en colère et Harry referait un drame. Reculant de quelques pas, Harry chercha la porte de sortie du regard. Rogue, furieux, lui lança un regard noir.

- Vos engagements pour vous rattraper s'arrête donc ici je suppose. La porte est grande ouverte.

Harry cru voir l'ombre de la victoire briller dans le regard du professeur. S'humectant les lèvres, Harry faisait face à un dilemme et resta déboussolé quelques instants. Il voulait vraiment se rattraper et payer sa dette envers Rogue. Le professeur l'avait sauvé alors qu'il n'était pas obligé. Il devait faire ce qu'on lui disait mais Harry n'avait pas confiance en sa magie instable. Plongé dans ses réflexions, Harry ne savait plus où donner de la tête et il vit avec horreur le chaudron se mettre à trembler. Ou peut-être était-ce dans sa tête ?

Il recula à nouveau d'un pas en arrière, gémissant de terreur malgré lui. La panique le prit carrément à la gorge. Une bulle d'angoisse l'entoura, sa vision se mit à rétrécir. Les battements erratiques de son cœur résonnaient dans ses oreilles au point de ne plus rien entendre autour de lui. Harry ne pouvait plus penser normalement. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il allait à nouveau faire des dégâts.

Car il était incapable de se contrôler, car il avait déjà tué un professeur, car il était un monstre. Les Dursley avaient eu raison de l'abandonner.

Sans crier gare, un sanglot s'échappa de sa gorge et un torrent de larmes dévala brutalement ses joues. Affolé par sa propre réaction, Harry n'eut même plus la présence d'esprit d'avoir honte. Il voulait juste sortir de cet état de stress intense. Les oreilles bourdonnantes et les sanglots lui déchirant la gorge, Harry recula de plusieurs pas, se cachant le visage dans ses mains. Il voulait hurler, frapper et s'échapper de son propre corps si cela était possible. Un malaise qu'il n'avait encore jamais ressenti jusqu'ici lui dévorait les entrailles et Harry crut mourir.

Il sentit alors une main lui attraper l'épaule sans douceur et l'asseoir sur une chaise. Pendant un instant, il crut être à Privet Drive, prêt à recevoir une torgnole de Vernon. Cela aggrava sa panique et il chercha vainement à calmer ses larmes qui redoublaient tout en repoussant son assaillant avec ses mains. Soudain, une main glacée se saisit fermement de son menton pour le forcer à relever le visage. Le corps secoué de tremblements, Harry ancra son regard dans les billes noires qui cherchaient à le ramener à la réalité. Peu à peu, il distingua des bruits autres que sa respiration erratique, ses sanglots et les battements de son cœur.

Une voix, à peine un murmure, s'adressait à lui de façon sèche mais il y avait quelque chose d'étrangement rassurant. Harry s'y accrocha comme à une bouée de sauvetage et son cœur prit enfin un rythme normal.

La bulle d'anxiété s'évapora autour de lui et il se rappela alors qu'il était dans la salle de potions et que le professeur Rogue - qui tenait toujours fermement le menton d'Harry - lui parlait. Harry était si épuisé qu'il ressentit à peine une gêne. Rogue lui intimait de se concentrer sur sa respiration et Harry fît du mieux qu'il put pour s'exécuter. Mais Merlin que c'était compliqué avec ces sanglots qui secouaient son corps de façon incontrôlable.

Harry ne sût pas combien de temps cela dura mais au bout d'un moment, les larmes se calmèrent et Harry s'ancra enfin dans la réalité même si une tension demeurait à l'intérieur de son cœur. Rogue se leva alors pour se diriger vers son étagère. Harry ressentit un vide immense et une peur irrationnelle se loger à nouveau dans son estomac. Cependant, le professeur revint rapidement, lui collant une fiole dans les mains.

- Buvez, dit-il simplement.

En temps normal, Harry aurait refusé de peur de se faire empoisonner sauf qu'il n'y avait plus rien de normal depuis quelque temps. Il porta alors la potion à ses lèvres. C'était doux et sucré, on aurait dit un sirop de fraise. Aussitôt, Harry se sentit comme sur un nuage et le poids dans son ventre s'échappa, ses épaules se détendirent et ses sanglots s'arrêtèrent pour de bon.

- C'est un philtre de paix ? demanda alors Harry la voix rauque.

- Je ne vous pensais pas capable de reconnaître cela, dit Rogue sarcastique.

- Vous en avez parlé pendant la classe d'été, on apprend ça en cinquième année, récita Harry avant de renifler.

Rogue, qui avait pris place sur une chaise en face de lui, se redressa et observa Harry minutieusement.

- Donc il vous arrive d'écouter pendant mes cours.

- Pourquoi on n'apprend pas ce genre de potions plus tôt ? demanda-t-il. C'est quand même plus intéressant et utile...

- Bien que cette conversation puisse être passionnante, il me semble que nous devons discuter de certaines choses Potter, coupa Rogue dont l'agacement se reflétait dans sa voix.

Harry observa son professeur qui le dévisageait. Que pouvaient-ils se dire ?

- Je suis…

- Si vous dîtes "désolé" je vous envoie chez Pomfresh, menaça Rogue.

Harry ne voulait surtout pas aller à l'infirmerie. L'infirmière avait tendance à être oppressante. Harry pinça ses lèvres pour se taire.

- Très bien, dit Rogue d'un ton sec mais satisfait. Maintenant, j'aimerais vous dire deux trois choses. Pour commencer, les moldus qui vous servaient de famille ne vous ont dit que des bêtises. Vous n'êtes pas un monstre. Bien sûr, vous êtes arrogant, avez tendance à vous croire au-dessus des règles et êtes un peu trop impulsif mais vous n'êtes ni un monstre, ni une abomination, ni une erreur de la nature.

Harry écarquilla les yeux, abasourdi. Ce n'était pas la première fois qu'il avait l'impression que Rogue pouvait lire dans son esprit.

- Ensuite, continua-t-il d'une voix lente et égale, en ma présence, vous ne risquez rien lorsque vous faites une potion à partir du moment où je vous le demande. Il n'y a aucun risque d'une nouvelle explosion comme la dernière fois. C'était un accident qui s'est produit suite à de nombreuses erreurs, la première étant celle de ne pas vous avoir demandé de sortir lorsque j'avais repéré votre présence.

Cela demanda un effort surhumain à Harry pour ne pas se décrocher la mâchoire tant il n'en croyait pas ses oreilles. Rogue avait visiblement lu dans sa tête -il ne pouvait en être autrement- mais surtout le professeur reconnaissait sa part de responsabilité dans l'accident. On pouvait lui dire qu'il neigeait bien qu'on soit en août que cela aurait été la même chose : déroutant et invraisemblable.

Les mots de Rogue ne rassurèrent pas pour autant Harry. Il n'avait pas réussi à se contrôler et faisait encore de la magie accidentelle à son âge. Et puis, il avait ressenti cette attirance vers la potion des Jugson. Il était presque sûr que c'était de la magie noire.

- Vous avez beaucoup de puissance en vous, lâcha Rogue et cela sembla lui écorcher la bouche de l'admettre, c'est pour cela que vous avez ressenti la magie dans cette potion. C'est tout.

Harry fronça les sourcils, à deux doigts de demander si le professeur pouvait lire dans son esprit mais Rogue se redressa et posa ses mains sur ses hanches.

- On laisse tomber la potion pour le moment, déclara Rogue au grand soulagement de Harry. Vous avez assez travaillé pour aujourd'hui, vous pouvez aller vous détendre.

- Comment ça se fait que j'ai ressenti la magie ? demanda Harry de but en blanc. Poudlard est plein de magie et pourtant je ne ressens pas les choses de la même façon que pour la potion.

Si le philtre de paix n'était pas en train d'agir, le Gryffondor n'aurait jamais osé poser cette question et encore moins de cette manière. Il ne ressentait aucun danger et n'avait aucun souci à questionner le professeur de potion comme lorsqu'il s'adressait à Hagrid. Harry aurait pu paniquer mais encore une fois, les effets du philtre agissaient parfaitement. Rogue l'observa quelques instants, l'air implacable. Harry crut pendant un moment que le professeur allait l'ignorer voire lui hurler dessus.

- C'est simplement car c'était une magie exceptionnelle que vous n'avez pas l'habitude de ressentir, dit Rogue d'une voix blanche.

- Quand vous dites magie exceptionnelle… vous parlez de magie noire ?

Un éclair d'étonnement frappa le regard de Rogue. Cela fut si rapide que Harry crut l'avoir imaginé. Le silence de l'homme mena cependant Harry aux pires conclusions.

- J'ai ressenti de la magie noire… C'est parce qu'il y a un truc qui cloche en moi n'est-ce pas ?

- Absolument pas, claqua la voix agacée du professeur de Potions. Etes-vous avide de compliments au point de vouloir m'entendre dire à nouveau que c'était surtout le signe d'un grand potentiel magique ?

- Non monsieur, dit Harry en baissant les yeux.

Il était soudain très fatigué et retint de justesse un bâillement. Son ventre se mit également à gargouiller et s'il espérait que Rogue n'ait rien entendu c'était raté puisque l'homme affichait une moue sarcastique.

- Il serait temps d'aller nourrir votre appétit de moineau, déclara Rogue.

Le professeur se décala pour ouvrir la marche dans un mouvement ample. Son apparence de chauve-souris arracha un sourire discret à Harry. Sans aucun doute, les effets du philtre de paix. Harry ne s'attendait pas à ce que le professeur se rende dans la Grande Salle lui-aussi et il resta à bonne distance. Le chemin se déroula dans un silence religieux.

McGonagall affichait une mine surprise de voir Harry arriver en même temps que le professeur de potions, leurs rapports conflictuels étant connus de tous. Dumbledore en revanche avait un sourire accroché à ses lèvres et le regard pétillant comme si on lui avait annoncé noël à l'avance.

Lorsque Harry s'approcha, sa directrice de maison le dévisagea puis jeta un coup d'œil à Rogue avant de revenir vers Harry.

- Mr Potter tout va bien ? demanda-t-elle finalement alors que Harry se servait une portion de légumes.

- Oui madame, répondit Harry qui se rendit compte avec horreur que sa voix était encore rauque.

Avait-elle vu qu'il avait pleuré ? Se sentant rougir, Harry commença à manger silencieusement, espérant éviter un interrogatoire. C'était beaucoup trop embarrassant.

- Severus ? demanda-t-elle la voix menaçante. Est-ce que tout s'est bien déroulé cet après-midi ?

Harry leva les yeux vers Rogue, le suppliant intérieurement de ne strictement rien dire. Il ne savait pas trop pourquoi il espérait autant du maître des potions mais l'homme avait su le surprendre au cours des derniers jours.

- Rien d'anormal, répondit Rogue d'un air tout à fait convainquant. Potter a beaucoup travaillé cet après-midi, voilà pourquoi il a… les yeux si rouges. Il s'agirait d'ailleurs de vérifier que vos verres soient toujours à la hauteur de votre vue Mr. Potter. Vous risquez de vous abîmer les yeux.

Harry manqua de s'étouffer et s'il fut certain que McGonagall ne croyait pas entièrement aux paroles de Rogue, les adultes avaient trouvé un nouveau sujet de conversation : les lunettes. Harry profita donc de son dîner en paix et - de cela il ne s'en remettait pas - remerciant intérieurement Rogue de l'avoir sauvé pour la seconde fois en une semaine.

oOo

- Pourquoi avait-il les yeux rouges ? demanda pour la troisième fois Minerva, le regard furieux. Si vous l'avez fait pleurer…

- Alors quoi ? coupa Severus en posant sa fourchette, agacé. Vous allez le prendre sous votre aile entre deux conférences ? En attendant, c'est chez moi que votre petit lion préféré passe la majorité de ses vacances. Un comble ! cracha-t-il.

C'était petit, Severus le savait. Mais il en avait par-dessus la tête des accusations à peine voilées du professeur de métamorphose. Il savait très bien que Dumbledore demandait beaucoup à sa collègue et qu'elle n'avait effectivement que très peu de temps libre dans la journée. Cependant, il ne voulait pas parler de la crise d'angoisse qu'avait eu Potter plus tôt dans l'après-midi. Un philtre de paix, un bon repas et le gamin allait déjà mieux. Certes, il n'avait pas encore beaucoup mangé et était déjà reparti en compagnie de Hagrid mais le garçon allait bien. Et puis, Severus avait remarqué - sans avoir besoin de passer par la légilimencie cette-fois - que Potter ne voulait pas que sa directrice s'inquiète. Non pas qu'il veuille faire plaisir à Potter loin de là… Mais tout de même.

La légilimencie. L'art de lire dans les pensées. Severus n'hésitait jamais à l'utiliser pour parvenir à ses fins. Alors lorsque l'enfant s'était mis à paniquer sans aucune raison valable, le maître des potions n'avait pas attendu une seconde pour entrer dans cet esprit pour le moins torturé. La crise avait duré une bonne vingtaine de minutes et il avait fallu user de patience pour que Potter sorte la tête de l'océan d'angoisse dans lequel il se noyait. Severus avait d'abord cru qu'il allait voir le Seigneur des Ténèbres le soir dans la salle du miroir du Risèd où Potter s'était trouvé quelques semaines plus tôt. Quelle n'avait pas été sa surprise de voir que les angoisses de l'enfant étaient bien plus… terre à terre.

Et s'il ne le verbalisait pas ni même le conscientisait, Potter était touché par la fin de tutelle des Dursley et les mauvais traitements lui parvenaient en pleine face à la moindre contrariété. C'est ainsi que le gamin croyait être un horrible monstre pour le coup du chaudron. Surtout, à la grande surprise du maître des potions, Potter était moins stupide que Severus avait pu le penser. Il ne manquait pas de jugeote et avait fait le rapprochement avec la magie noire. Il avait eu l'intelligence sensorielle pour ressentir que cette magie n'était pas comme les autres. Bien évidemment, en digne héritier de Lily et James Potter, il en avait conclu que c'était de la mauvaise magie. Severus ne souhaitant pas lui expliquer les nuances de magie et sachant que le gamin était loin d'avoir la maturité nécessaire pour analyser les choses, avait préféré botter en touche.

- Je crois que Harry et Severus apprennent à se connaître intelligemment, déclara Dumbledore pour couper court au conflit.

- Potter a pleuré !

- Et si Harry ne vient pas vous en parler alors il serait sage de ne pas intervenir, répondit Dumbledore. Je crois que Severus gère parfaitement la situation, n'est-ce pas ?

Severus n'était pas vraiment certain de "gérer parfaitement la situation" mais hocha la tête pour avoir la paix.

.

Le lendemain, Severus cacha sa surprise de voir débarquer le Survivant par un masque d'indifférence. Potter affichait une mine déterminée et le maître des potions se tendit par réflexe. Le gamin s'approcha de son bureau et seul l'émeraude de son regard laissait briller une certaine inquiétude.

Haussant un sourcil pour l'inviter à parler, Severus attendit que le garçon vide son sac.

- Est-ce que vous pourriez m'apprendre à faire un bouclier comme vous l'avez fait la dernière fois ? lâcha Potter d'une voix rapide.

Heureusement que Severus était assis. S'il s'était attendu à ne pas voir le gamin suite aux évènements de la veille, Severus pensait que le Gryffondor venait simplement pour arrêter les leçons de potions sous couvert d'une excuse bidon.

Alors que le Gryffondor lui demande des leçons de défense contre les forces du mal… C'était stupéfiant. Encore quelques semaines plus tôt, il aurait soupçonné une quelconque manigance de la part du Gryffondor mais Severus avait appris à lire le langage corporel de l'enfant.

- Je ne suis pas professeur de Défense contre les forces du mal, répondit-il d'une voix sèche.

- Mais tout le monde sait que vous rêvez de ce poste, lâcha Potter qui se mordit les lèvres face au regard furibond que lui lança le maître des potions. Euh… Enfin je veux dire… C'était impressionnant ce que vous avez fait la dernière fois…

- Je n'ai pas besoin de vos flatteries Mr. Potter.

Qu'est-ce que le gamin croyait ? Qu'il allait lui enseigner ce qu'il savait ? A quel point était-il tombé si bas pour venir ramper dans les pattes de la chauve-souris des cachots ?

- S'il vous plaît monsieur, supplia Potter faisant briller ses yeux de chiots battus. Je veux pouvoir protéger les gens si jamais… ça se reproduit.

Le ça renvoyait évidemment à l'incapacité de Potter à se contrôler et donc faire exploser des chaudrons. Severus fut à deux doigts de répondre que le gamin devait surtout apprendre à maîtriser ses émotions, la meilleure façon de le faire étant d'apprendre l'occlumencie mais il était certain que le Gryffondor se révèlerait incompétent dans la matière. Beaucoup trop impulsif, beaucoup trop soumis à ses émotions et surtout beaucoup trop jeune.

Il observa l'enfant qui le regardait les yeux plein d'espoir. C'était une occasion de voir ce que le Survivant valait en pratique. Le niveau étant de piètre qualité à Poudlard, il y avait quelque chose de grisant d'apprendre des sorts défensifs au garçon-qui-a-survécu-et-qui-devrait-un-jour-affronter-le-seigneur-des-ténèbres. L'appel de l'orgueil associé à la curiosité titilla Severus. Et puis de toute manière, c'était juste pour une fois. Cela allait sûrement se transformer en catastrophe et il serait entièrement débarrassé de Potter.

- Très bien Mr. Potter mais au moindre comportement inapproprié, vous disparaissez de ma vue. Asseyez-vous.

Severus avait l'impression de l'avoir un peu trop répété ces derniers jours et pourtant, le Survivant se trouvait toujours dans ses pattes. Potter hocha la tête, n'arrivant visiblement pas à masquer son excitation dans un sourire proche de l'hystérie. Sous le regard menaçant du professeur, le garçon reprit son sérieux.

- Très bien, dit simplement Severus lorsqu'il vit que le gamin était prêt à écouter sérieusement. Tout d'abord, j'aimerais que vous me fassiez un résumé de ce que vous savez déjà concernant les sorts défensifs.

- Il y en a de plusieurs catégories, dit le Survivant d'une voix hésitante. Les plus utilisés sont les boucliers qu'on utilise majoritairement avec le sortilège protego. On peut aussi utiliser des boucliers avec notre environnement mais on apprend cela plus tard, ajouta-t-il d'une voix plus assurée.

- Que comprenez-vous lorsqu'on parle de bouclier avec notre environnement ?

Potter pinça les lèvres dans une moue concentrée. Severus ne s'y ferait jamais à cette mimique qui lui rappelait tant Lily…

- Je crois qu'on peut utiliser ces sortilèges si par exemple on est face à un sort qui projette des flammes par, hésita-t-il. Dans ce cas, on peut faire un bouclier d'eau.

- C'est l'idée oui, acquiesça Severus assez impressionné.

Il savait pertinemment qu'il n'avait pas vu cela en cours et que Potter avait déduit cela tout seul. Cependant, le professeur ne se laissa pas émouvoir pour si peu, restait à voir ce que Potter avait dans la baguette.

- A votre avis, quel genre de bouclier ai-je utilisé la dernière fois ?

- Justement, je n'arrive pas à savoir, dit Potter beaucoup plus détendu, le sujet le passionnait sans aucun doute. On aurait dit que c'était un protego mais c'était beaucoup plus puissant…

Si Potter n'avait pas été répartie à Gryffondor, Severus aurait presque vu le potentiel d'un bon Serpentard. Ses yeux s'illuminaient avec une détermination qu'on ne trouvait habituellement que chez ses serpents. Le gamin semblait même avoir oublié qu'il s'adressait à son professeur de potions.

- C'est exactement ce que j'ai fait Potter, expliqua-t-il d'une voix lente. Le sortilège protego a plusieurs variantes mais, comme tous les sortilèges, peut avoir des conséquences plus ou moins importantes selon la puissance mit dans le sortilège. Nous avons été projetés en arrière car j'y ai simplement mis beaucoup de force.

Severus passa sous silence que la magie de Potter et le lieu exigüe associés à sa propre magie avaient eu raison de leur vol plané. Allez savoir ce que le gamin aurait encore imaginé. A la fête foraine de l'angoisse, Potter avait tendance à essayer toutes les attractions. Il ne voulait pas se retrouver avec une nouvelle crise de larmes à gérer comme la veille.

- Et vous n'avez pas prononcé la formule, ajouta Potter les yeux brillants d'une admiration que Severus n'était pas certain de vouloir. Dumbledore fait régulièrement ça aussi. Un coup de baguette et pouf !

Le gamin associa le geste à la parole en mimant avec ses mains ce qui semblait être l'apparition de quelque chose.

- C'est du niveau sixième année, tempéra Severus de sa voix cassante habituelle. Vous allez d'abord vous contenter de réaliser un simple protego. Suivez-moi.

Méfiant, Potter mit quelques instants avant de suivre Severus qui était déjà sortie des cachots. A son grand soulagement, il ne posa aucune question et finit par le suivre. Severus détestait les discussions inutiles et les questions stupides, Potter semblait l'avoir compris.

Ils montèrent les marches et arrivèrent dans la salle de classe de Défense contre les forces du mal. Toutes les décorations avaient disparu et les quelques tables furent poussées au fond de la large salle d'un geste de baguette. Puis, sans crier gare, Severus se positionna à bonne distance de Potter qui semblait enfin comprendre dans quelle galère il s'était embarqué tout seul. Méfiant, le gamin sortit sa baguette. Il avait adopté naturellement la position de défense attendue lors des duels.

- Vous vous rappelez de la formule ? demanda Severus de sa voix lente.

- Oui mais…

Avant même qu'il ne puisse terminer sa phrase, Severus envoya un expelliarmus informulé. C'était un coup bas mais il n'y avait rien de mieux que de la pratique pour apprendre. Le gamin écarquilla les yeux sous la surprise et hurla la formule défensive. A la grande surprise du Survivant -et de Severus- , le sortilège ricocha mais le bouclier fit vaciller sa baguette qui trembla. Potter échappa sa baguette plus par surprise qu'autre chose.

Pour une première fois, ce n'était pas mal du tout. C'était même excellent. Sans compter que le gamin n'avait même pas encore débuté sa deuxième année d'étude.

- Vous auriez pu prévenir, bougonna le gamin vexé qui alla récupérer sa baguette.

- Premièrement, vous n'êtes pas obligé de hurler votre formule pour qu'elle soit efficace. Ensuite, dans la vraie vie, vous ne serez jamais prévenu avant d'être attaqué.

Severus observa l'enfant récupérer sa baguette. N'importe quel professeur aurait couvert le Survivant de compliments et de félicitations mais Severus se refusa à tomber dans ce piège. Il n'avait jamais été friand des compliments et encore moins pendant des séances d'apprentissage. Potter se positionna à nouveau, prêt à parer une attaque. Les jambes légèrement fléchies, le corps penché en avant dans un angle parfait et le bras gauche souple, légèrement relevé en arrière.

- Laissez votre instinct vous guider, ajouta-t-il.

Severus n'aurait jamais prodigué ce conseil à n'importe qui mais Potter était de ces élèves qui avaient un don dans la Défense contre les forces du mal. L'évidence lui arrachait le cœur de l'admettre mais le gamin était doué. Cela se voyait au premier coup d'œil.

Sa position dans l'espace, le mouvement naturel du poignet et la rapidité qu'il avait à dégainer la formule au bon moment n'étaient pas le fruit du hasard. C'était le genre de choses qui pouvaient prendre des années à maîtriser pour quiconque - soit la majorité des sorciers- n'avait pas cet or entre les mains. Potter était un diamant brut. Et de savoir que le gamin allait encore certainement être entraîné par le dernier des abrutis en Défense contre les forces du mal était une insulte à la magie.

Et subitement, avant même que Severus ne le conscientise, il n'y avait plus de James et Lily Potter. Il n'y avait plus de guerre Gryffondor contre Serpentard. Il n'y avait plus de concurrence malsaine. Il n'y avait plus d'animosité, plus d'amertume, plus de mensonges, plus de secrets.

Il y avait juste Harry Potter, douze ans et son envie de maîtriser l'art noble de la Défense contre les forces du mal.

Il y avait Harry Potter, douze ans, qui ne savait pas encore qu'un jour, il devrait vaincre le plus grand mage noir de l'histoire de la magie.

Il y avait Harry Potter, douze ans, qui possédait un talent vertigineux que lui-même ignorait.

Il y avait Harry Potter, douze ans, prêt à apprendre et à faire des miracles s'il avait le bon maître en face de lui.

Et il y avait Severus Rogue, intrigué, fasciné, passionné par les capacités de cet enfant et sa magie qui ne demandait juste qu'à se révéler.

Severus Rogue qui se sentait les épaules pour faire de Potter un sorcier à la hauteur des attentes du monde sorcier.

Severus Rogue qui pouvait enfin se rattraper vis-à-vis de la prophétie.

Severus Rogue qui aperçut enfin la lumière.

Severus Rogue qui ressentit enfin cette vague excitante d'ambition qu'il n'avait pas ressenti depuis des années.

Et cette fois, il savait au plus profond de ses entrailles que c'était le bon choix.

- Très bien Potter, en garde ! lança-t-il, enivré comme jamais.

 

Partie 1 - Chapitre 12 by Isabelle Pearl

A la grande surprise de Harry, Rogue avait accepté de lui apprendre à faire des boucliers défensifs. Bien sûr, le professeur avait toujours eu la réputation de vouloir le poste de professeur de Défense contre les forces du mal mais Harry était étonné de la tournure qu'avait pris les choses. En plus de cela, le Gryffondor nourrissait une certaine fierté à montrer au professeur qu'il réussissait à faire ce qu'on lui demandait. Quant à Rogue, il restait égal à lui-même : avare de compliments, impitoyable lorsqu'il devait répéter plus d'une fois la même chose et impénétrable dès que la leçon était terminée.

Après une semaine à pratiquer ces leçons privées, Harry savait désormais lancer un bouclier dès qu'il le souhaitait. Il lui fallait encore maîtriser la puissance. Parfois, il mettait tellement d'entrain dans sa formule que sa baguette finissait par dévier voire lui échapper des mains.

- Je vous ai déjà dit de ne pas hurler votre formule, grinça Rogue pour la troisième fois -ce qui était beaucoup trop. Et arrêtez vos grimaces !

- C'est parce que ça va vite, se justifia Harry essoufflé.

Le professeur lançait des sorts à toute vitesse et Harry devait les contrer. Rogue semblait s'ennuyer fermement et lançait les sorts de la même façon qu'il jetait les ingrédients par-dessus son chaudron : avec souplesse et sans difficulté. Cela renforçait l'impression d'Harry d'être maladroit et bourrin mais il faisait du mieux qu'il pouvait.

Se reposant quelques instants, les mains sur ses cuisses, Harry tentait de contrôler sa respiration. Il y avait un autre avantage à ses petites leçons : Harry n'avait jamais aussi bien dormi. Il se couchait de bonne heure et faisait des nuits complètes sans cauchemar. Son moral n'avait jamais été aussi haut et il n'aurait jamais cru que Rogue aurait pu participer au bien-être de sa santé mentale.

Il se doutait que le directeur de Serpentard voyait certainement un intérêt personnel dans ces leçons. Il ne pouvait pas faire cela par pure altruisme. Harry en était donc arrivé à la conclusion que le professeur ne voulait pas non plus d'une nouvelle explosion dans les cachots et qu'on n'était jamais trop prudent.

Il se redressa et se prépara à nouveau au combat mais le professeur rangea sa baguette dans sa manche.

- C'est terminé pour aujourd'hui, annonça-t-il.

- Oh, dit simplement Harry un peu dérouté, abaissant sa baguette.

Avait-il fait quelque chose de mal ? Le professeur jugeait-il son niveau insuffisant ?

- Il me semble que vous vous rendez chez les Weasley demain et je doute que votre valise soit déjà prête, dit Rogue d'une voix lente. Par ailleurs, vous savez comment réaliser un bouclier. Il ne reste plus qu'à vous entraîner lorsque vous serez de retour à Poudlard pour une maîtrise parfaite.

Harry s'apprêtait à répliquer mais le professeur avait déjà ouvert la marche, signe qu'il était inutile de discuter. Le professeur avait déjà été bien patient de lui apprendre à réaliser des boucliers. Si on avait dit à Harry au début des vacances que Rogue lui apprendrait à réaliser des boucliers, il aurait conseillé à cette personne d'aller voir un médecin au plus vite. Le Gryffondor avait plutôt pensé que Dumbledore aurait pu lui enseigner un tas de choses mais l'homme avait été occupé. Harry n'en voulait pas au directeur. Après tout, il n'aurait jamais dû rester à l'école.

Un soir, alors qu'il se rendait chez Hagrid, Harry avait surpris Dumbledore en train de discuter avec McGonagall. Un agent du ministère voulait rendre visite à Harry pour savoir comment il se portait et tout un tas d'autres choses qu'Harry n'avait pas vraiment saisies. Dumbledore avait assuré à McGonagall qu'il ne laisserait jamais Harry partir dans un orphelinat et une bouffée de reconnaissance pour Dumbledore avait envahi Harry. De loin, le directeur gardait un œil sur lui et il y avait quelque chose de rassurant et plaisant là-dedans.

Harry suivait distraitement le directeur de Serpentard. Généralement, la leçon durait jusqu'à l'heure du dîner et ils descendaient silencieusement dans la Grande Salle. Harry racontait alors sa journée à Dumbledore et McGonagall - lorsqu'ils étaient présents - ainsi qu'à Hagrid. Le professeur Rogue restait majoritairement silencieux ou échangeait quelques mots à voix basse avec directeur.

Cette fois-ci, il était encore tôt pour aller manger et Harry s'apprêtait à tourner au prochain couloir pour se rendre dans la salle commune de Gryffondor quand une question lui brûla les lèvres. Il s'arrêta brusquement et observa son professeur qui descendait les escaliers.

- Monsieur ?

Le professeur de potions se tourna lentement, visiblement irrité et impatient.

- Qu'y a-t-il Potter ?

- Est-ce que vous savez qui sera notre prochain professeur de Défense contre les forces du mal ? demanda Harry avec la légère inquiétude que le professeur l'envoie paître.

- Je vous ai déjà dit que je ne vous répondrai pas, rembarras Rogue d'un ton sec. Vous le saurez dans à peine une dizaine de jours. Je suppose que vous pouvez faire preuve de patience et survivre d'ici là.

- Mais si jamais j'ai des questions sur la Défense contre les forces du mal, est-ce que je pourrai venir vous les poser ?

Harry n'était pas sûr que sa demande soit très intelligente et il tortilla ses doigts machinalement, attendant que le professeur lui offre une réponse. Rogue savait faire beaucoup de choses. Harry avait appris bien plus en quelques jours qu'en une année scolaire.

- Vous pouvez toujours essayer, répondit Rogue d'une voix menaçante avant de lui tourner le dos et s'en aller d'un pas rapide.

Harry soupira. Les Serpentard étaient définitivement des êtres à part mais Harry se demanda si parfois, ils ne faisaient pas un peu exprès de faire peur...

.

Harry fourra son dernier pull dans sa malle avant de la refermer d'un geste sec. Il était fin prêt pour retrouver son meilleur ami et passer sa semaine chez les Weasley. Un mélange d'excitation et de crainte s'anima en Harry.

Toute son appréhension s'évapora lorsque le père de Ron, Mr Weasley, vint chercher Harry avant le dîner. L'homme avait le front dégarni, les cheveux roux et un air bienveillant qui mit immédiatement Harry en confiance. Pour la première fois, Harry allait découvrir où vivait Ron et il avait hâte d'y être. Après quelques échanges cordiaux entre Mr. Weasley et McGonagall, ils se dirigèrent vers le bureau d'Albus Dumbledore, absent en ce jour de grand départ. Excité comme une puce, Harry se saisit de la poudre de cheminette. Dumbledore lui avait déjà tout expliqué quelques semaines plus tôt et si Harry avait été impressionné, il avait encore plus hâte d'essayer.

- Qu'est-ce que je dois dire ? demanda Harry avant d'entrer dans l'antre de la cheminée.

- Le Terrier, c'est là où nous allons. N'oublie pas de parler bien fort mon grand, répondit Mr Weasley avec gentillesse. Sors au moment où tu verras Ron.

Harry hocha la tête, un peu inquiet et prononça la destination d'une voix forte. Le tourbillon qui l'aspira surprit Harry. Tournant sur lui-même dans un grondement assourdissant, Harry s'efforça d'ouvrir les yeux mais les flammes vertes qui dansaient autour de lui lui donnèrent mal au cœur… Continuant de tourner, tourner, tourner... Harry n'avait qu'une hâte, qu'il arrive à destination. Finalement, il atterrit la tête la première sur un sol en pierre froide, le cœur au bord des lèvres.

Deux paires de mains le saisirent sous les aisselles pour le relever et Harry mit un temps avant que sa tête ne cesse de tourner.

- Harry ! s'écria une voix qu'il aurait reconnu entre mille.

Ron Weasley se tenait devant lui, un sourire rayonnant et une mine amusée. Les personnes qui l'avaient aidé à se relever n'étaient autre que Fred et Georges, les frères aînés de Ron.

- Hé bah mon vieux, t'as une sale mine ! On pourrait croire que tu vas vomir l'intégralité de ton déjeuner…

- Enfin Fred, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de parler de nourriture à Harry dès maintenant, lança Georges taquin.

- C'est dommage maman avait préparé un magnifique poulet rôti.

- Taisez-vous tous les deux ! lança une voix féminine. Harry mon chéri viens ici, je suis si heureuse d'enfin te rencontrer !

Harry qui luttait contre la nausée se tourna vers Mrs Weasley et ne put échapper à l'embrassade qu'elle lui administra. De petite taille, les cheveux roux, la femme avait cependant une force qu'Harry n'aurait jamais soupçonné. Elle le pressa contre elle et, extrêmement gêné, il crut qu'il allait étouffer dans sa poitrine.

- Maman ! s'exclama Ron les oreilles rouges.

- Oh pardon ! Nous sommes heureux de te voir ici Harry. Bienvenue chez nous !

Au même moment, Mr Weasley apparut et Harry fut un brin vexé de voir qu'il était le seul à s'être totalement étalé sur le sol. Mrs Weasley se dirigea vers son mari tout en ordonnant à Fred et Georges de monter la malle de Harry dans la chambre de Ron. Harry était à deux doigts de refuser mais les garçons s'attelaient déjà à la tâche. Rouge d'embarras, Harry se tourna vers Ron qui lui souriait de toutes ses dents.

- Bienvenue ! Je te montre la maison ?

Harry opina du chef, heureux de se mettre en mouvement.

C'était la première fois qu'il entrait dans une maison de sorcier. Harry se rendit alors compte qu'il était dans la cuisine. Tante Pétunia aurait fait une attaque tant un joyeux désordre régnait dans la pièce. Petite et encombrée, une table et des chaises en bois brut occupaient le centre de la pièce. Une pendule accrochée au mur avait une seule aiguille et autour du cadran s'affichait diverses inscriptions comme "Heure de nourrir les poulets", "Tu es en retard" ou "Heure du thé". Une grande marmite chauffait et maintenant que sa nausée était apaisée, Harry se délectait de la bonne odeur de poulet. A côté de l'évier, un poste radio diffusait une émission nommée "Salut les sorciers".

Ron invita Harry à prendre les escaliers et à chaque porte, annonçait à qui appartenait la chambre. Au moment où ils arrivèrent au deuxième étage, une petite fille aux cheveux roux sortait de la salle de bain. Les cheveux encore humides et en robe de chambre, la fillette poussa un cri avant de se mettre à rougir violemment et s'en aller à la vitesse d'un vif d'or.

- C'est Ginny, elle a passé l'été à parler de toi, dit Ron. Juste ici c'est la chambre de Percy, il est resté enfermé là-dedans tout l'été. Fred et Georges essayent de percer le mystère de ce qu'il peut bien trafiquer. Au dernier étage, c'est ma chambre, viens !

Les garçons grimpèrent les marches à toute vitesse et Harry poussa un cri d'admiration lorsqu'il entra dans la chambre de Ron. C'était comme entrer à l'intérieur d'un volcan. Tout était orange, le plafond épousait la forme du toit et il fallait se baisser pour atteindre le lit de Ron. Un lit d'appoint avait été installé. Les murs de la chambre étaient habillés d'un tas d'affiches avec des sorcières et mages aux robes oranges et tenant des balais. Harry pût y lire "Canon de Chudley".

- C'est ton équipe de Quidditch préférée ?

- Oui ! Ils sont neuvième au championnat, dit Ron qui affichait un air anxieux.

Harry enjamba des cartes qui étaient éparpillées sur le sol et observa par la petite fenêtre le jardin qui s'étendait à perte de vue. Une bande de gnomes se battaient en contrebas.

- Bon c'est un peu petit mais on pourra aller jouer au Quidditch demain, dit Ron.

- C'est la plus belle maison que je n'ai jamais vue! s'exclama Harry.

A ces mots, Ron rougit jusqu'au sommet des oreilles.

.

Les vacances chez Ron passèrent à la vitesse de la lumière. Harry n'avait jamais aussi bien mangé, Mrs Weasley s'assurait toujours qu'il prenne deux fois de chaque plat. Un soir, Harry crut même qu'il allait être malade d'avoir trop mangé.

Mrs. Weasley avait exigé que les garçons dégnoment le jardin à l'exception de Percy qui travaillait énormément dans sa chambre.

- Tu parles ! avait lancé Fred. Il astique juste sa baguette pendant qu'on se tape tout le sale boulot et comme c'est un fayot, maman n'y voit que du feu.

Harry avait donc fait connaissance avec les gnomes, des petits êtres assez perfides qui revenaient sans cesse pourrir les légumes du jardin. La petite sœur de Ron, Ginny, passait son temps à éviter Harry qui essayait de faire bonne figure.

Quelques jours avant la rentrée, la liste des fournitures scolaires furent reçue. Hermione avait prévenu par courrier qu'elle se rendrait sur le chemin de traverse avec ses parents le mercredi qui arrivait et c'est ainsi que les Weasley s'accordèrent également sur cette date. Mr Weasley trépignait tellement d'impatience à l'idée de rencontrer les parents de la jeune fille afin de satisfaire sa soif pour le monde moldu que Mrs Weasley finit par élever la voix pour qu'il se calme. L'homme avait eu le bon goût de rentrer la tête dans les épaules mais dès qu'elle eut le dos tourné, Mr Weasley envoya un clin d'œil à Harry, le regard brillant de joie.

Ils prirent donc la poudre de cheminette et Harry confirma qu'il n'aimait pas du tout ce moyen de transport. Le chemin de traverse grouillait de monde et ils eurent le plus grand mal à trouver Hermione et ses parents.

Finalement, après de longues minutes de recherche, la jeune fille à la chevelure si particulière leur fît de grands gestes. Mr Weasley sautait presque de joie, ne lâcha plus les parents d'Hermione et leur proposa d'aller boire un verre. Une fois les présentations faites, le trio se décida à se rendre à Gringotts. Harry devait récupérer un peu d'argent pour acheter tous les livres nécessaires et quelques nouveaux vêtements.

- On se retrouve chez Fleury et Bott, lança Mrs Weasley, Ginny sur les talons.

- Je ne sais pas comment on va faire pour payer tous les nouveaux livres, dit Ron en observant à nouveau la liste des fournitures scolaires.

- Ne t'inquiète pas pour ça Ron, dit Georges. On se retrouve plus tard !

Les jumeaux disparurent dans la foule, rejoignant leur ami Lee Jordan. Une fois leur passage à Gringotts et les bourses pleines de gallions, le trio se dirigea vers Madame Guipure. Ils avaient tous grandi et avaient besoin de nouvelles tenues pour Poudlard. Tandis qu'ils faisaient la queue, Hermione ne cessait de s'enthousiasmer concernant les livres à acheter.

- Pour tout dire, j'ai déjà lu Randonnée avec les trolls et Voyages avec les vampires l'an dernier, dit Hermione, mais notre nouveau professeur à l'air d'être un grand admirateur ou admiratrice de Gilderoy Lockhart. Je le comprends, c'est un très grand sorcier qui a accompli des choses extraordinaires.

Harry échangea un regard perplexe avec Ron qui haussa les épaules d'un air nonchalant. Il était vrai que plus de la moitié des livres à acheter étaient écrits par ce fameux Gilderoy Lockhart mais Harry n'en avait jamais entendu parler.

- Tu n'aurais rien entendu pendant que tu étais à Poudlard sur notre nouveau professeur de Défense ? demanda Ron curieux.

- Non, j'ai demandé à Rogue mais il n'a pas voulu me répondre, lâcha Harry sans réfléchir.

- Rogue ? s'étonna son ami les sourcils levés. Tu voulais te faire assassiner sur place ou quoi ?

- Non, dit Harry qui sentit ses joues chauffer sans trop savoir pourquoi.

Il ne savait pas trop s'il voulait raconter ses séances avec le professeur et encore moins de quoi elles découlaient. Parler de l'explosion du chaudron suite à l'échec de sa mission, de sa crise de nerfs puis de ses supplications pour apprendre à faire un protego parfait auprès du professeur de potions avait quelque chose d'humiliant.

- D'ailleurs, il y a eu des choses suspectes chez lui ? ajouta Ron qui ne semblait pas s'apercevoir du malaise de Harry.

- Pas vraiment non.

Harry aurait aimé en parler à Ron et Hermione mais il avait peur d'être jugé, surtout par le premier. Ron était très arrêté sur ses idées et si Hermione aurait sans nul doute été ravie pour les leçons particulières, Ron aurait été moins enthousiaste. Pire, il allait sûrement lui dire des choses que Harry essayait de reléguer loin dans sa tête. Il n'avait pas envie d'entendre que Rogue se servait peut-être de lui. Pendant les après-midis, Harry avait presque trouvé un certain réconfort à apprendre des choses et ne pas être seul toute la journée. Il ne voulait pas que ce sentiment soit gâché par des choses moins plaisantes.

- Je crois qu'on devrait voir ce qu'il se passe cette année à Poudlard, dit Hermione. Je suis certaine que rien de grave n'arrivera et que ce pauvre petit elfe n'avait plus toute sa tête. Je me suis d'ailleurs renseignée sur les conditions des elfes de maison et…

Harry décrocha de la conversation, ses pensées voyageant sur les derniers jours qu'il avait passé à Poudlard et la visite de Dobby qu'il avait totalement oubliée. Le temps était passé très vite et comme il travaillait beaucoup sur ses boucliers, l'avertissement de Dobby était passé à la trappe. Rogue n'avait pas non plus eu un comportement qui puisse apporter le moindre soupçon à Harry.

Bien sûr, l'homme avait été froid avec lui, se contentant de lui donner des conseils de façon sèches et impatientes mais il n'avait rien fait pour attaquer Harry alors qu'il aurait eu tout le loisir de le faire. A cette pensée, Harry se rendit compte qu'il s'était donné tout entier au professeur et que si l'homme avait voulu l'assassiner, il n'aurait eu aucun mal à le faire.

Réprimant un frisson, Harry entra enfin dans la boutique et Mrs Guipure put enfin prendre ses mesures. Elle murmura qu'il n'avait pas beaucoup grandi. Harry se vexa légèrement à cette remarque et encore un peu plus quand elle lui suggéra de manger davantage.

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Une heure plus tard, la majorité des achats réalisés, le trio se dirigea chez Fleury et Bott. Une foule compacte attendait devant et une excitation palpable se faisait sentir.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Hermione.

Ron, le plus grand des trois, se leva sur la pointe des pieds afin de trouver la cause de cette agglutination. Ce fut cependant une sorcière à peine plus âgée qu'eux qui leur répondit.

- Gilderoy Lockhart est en dédicace pour son livre Moi le magicien !

La lueur fanatique dans ses yeux inquiéta Harry qui jeta un regard paniqué à Ron. Hermione poussa un glapissement de joie.

- Mais c'est fantastique ! On va pouvoir le rencontrer !

A bien y regarder, la foule était majoritairement composée de femmes et jeunes filles. Le sorcier-libraire à l'entrée tentait de calmer les ardeurs des admiratrices de plus en plus survoltées.

- Comment est-ce qu'on va faire pour entrer ? grogna Ron. On veut juste nos livres !

Harry ouvrit le chemin, se faufilant à travers la foule et ses amis le suivirent sur les talons. Ils réussirent à se glisser à l'intérieur de la librairie et Harry marmonna au libraire qu'ils attendaient leurs parents à l'intérieur. Il joua sans difficulté de son air enfantin pour faire craquer le libraire totalement débordé. Il y avait parfois des avantages à être petit.

A l'intérieur, une longue file s'étendait sur toute la longueur du magasin où au bout Gilderoy Lockhart signait ses bouquins. Saisissant à la va vite leurs livres, le trio joua des coudes pour rejoindre les parents de Ron et Hermione. Ginny Weasley se mit de nouveau à rougir violemment lorsque Harry lui adressa un sourire mais il fît comme s'il n'avait rien remarqué.

- Ah vous voilà ! C'est de la folie, dit Mrs Weasley. On va bientôt pouvoir le voir…

Mrs Weasley tapotait ses cheveux et affichait un sourire particulièrement niais. Ron paraissait embarrassé. Un brin amusé, Harry observa Gilderoy Lockhart tandis que la file d'attente se réduisait.

L'homme était entouré de ses propres photos qui adressaient des clins d'œil à la foule. Blond, le regard bleu myosotis, l'homme lançait des sourires plus charmeurs les uns que les autres.

Lorsque ce fut enfin leur tour, un petit homme qui photographiait Lockhart bouscula Ron en grognant de dégager.

- C'est pour la Gazette du Sorcier ! dit-il pour justifier son geste.

- Ce n'est n'est pas une raison pour bousculer les gens ! grinça le roux en frottant son pied.

Gilderoy Lockhart avait assisté à la scène et se redressa, les yeux ronds puis bondit de sa chaise :

- Harry Potter ! s'exclama-t-il.

Harry aurait aimé se réfugier dans un trou de souris. L'intégralité des regards étaient tournés vers lui et un silence régnait dans la pièce. Quelques chuchotements s'élevèrent puis l'homme attira Harry vers lui sans rien demander. Harry vira cramoisie lorsque Lockhart lui serra la main avec vigueur pour le photographe sous les applaudissements nourris de la foule.

- Fais un beau sourire Harry, toi et moi nous allons faire la une ! dit Lockhart, un sourire étincelant accroché au visage. Mesdames et messieurs, c'est un moment exceptionnel pour vous annoncer une grande nouvelle !

L'air théâtral du sorcier ne dit rien qui vaille à Harry qui lança un regard paniqué à ses amis. Ron semblait partagé entre le fou-rire et l'horreur tandis qu'Hermione souriait à pleines dents, visiblement ravie pour Harry.

- En effet, lorsque le jeune Harry est venu ici aujourd'hui chez Fleury et Bott, il ne se doutait pas qu'il repartirait avec la collection complète de mes ouvrages que je lui offre !

La foule se mit à applaudir à nouveau. Harry ne souhaitait absolument pas de traitement de faveur mais ne put rien dire et offrit un sourire gêné à l'homme.

- Par ailleurs, ajouta-t-il en demandant le silence avec sa main, j'en profite pour vous dire que Harry Potter et ses camarades auront le plaisir de partager les cours de Défense contre les forces du mal avec moi cette année ! Et oui, je vais découvrir les joies de l'enseignement cette année à l'école de sorcellerie Poudlard.

Tandis que les salves d'applaudissements reprirent de plus belle, Gilderoy Lockhart remit les livres dans les bras de Harry avant de lui donner une bourrade amicale dans son dos. Harry titubait sous le poids des livres et se dépêcha de s'échapper.

Il retrouva Ginny qui attendait dans un coin de la librairie, son nouveau chaudron à ses côtés. Harry mit tous les livres à l'intérieur.

- Tiens je te les donne, dit-il, j'achèterai mes propres exemplaires.

Avant même que la sœur de Ron ne puisse répondre, une voix résonna derrière lui.

- Ça a dû te faire plaisir hein Potter ! Le célèbre Harry Potter ! Il ne peut même pas entrer dans une librairie sans faire la une des journaux !

Drago Malefoy se tenait désormais devant lui, le regardant avec mépris et colère. Et pour la première fois, Ginny ouvrit la bouche en la présence de Harry. Se redressant de toute sa taille, elle envoya un regard assassin à Malefoy.

- Fiche-lui la paix ! dit-elle.

- Oh comme c'est mignon Potter, tu t'es trouvée une petite amie, se moqua-t-il de sa voix nasillarde. T'as choisi plus jeune cette fois-ci, dit-il dans un sous-entendu à peine dissimulé.

Ginny vira écarlate et Harry leva les yeux au ciel d'un air blasé tandis que Ron et Hermione arrivèrent au même moment.

- Tiens tiens, Malefoy, cracha Ron en l'observant comme s'il n'était qu'un vulgaire insecte. Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- C'est plutôt moi qui devrait poser cette question tu ne crois pas ? ironisa Malefoy. Vous avez assez d'argent pour vous payer tous ces bouquins ?

Ron lâcha ses livres dans le chaudron de Ginny, aussi écarlate que cette dernière, prêt à refaire le portrait de Malefoy. Harry et Hermione eurent le réflexe d'attraper Ron par la veste avant qu'un drame ne se produise dans la librairie. Harry avait déjà bien eu assez de photos pour la journée.

Au même moment, Mr Weasley apparut.

- Ron ! Ah vous êtes ici ! Les enfants on y va c'est de la folie ici !

- Tiens, tiens, tiens, Weasley père.

C'était Mr Malefoy, le père de Drago. Les cheveux longs et aussi blonds que son fils, Harry comprit de qui Drago tenait le sourire narquois et l'air hautain. L'homme observait Mr Weasley avec un tel mépris que ça en devenait embarrassant. Il avait posé la main sur l'épaule de son fils tandis que l'autre tenait une canne où une tête de serpent trônait en guise de pommeau.

- Lucius, dit Mr Weasley d'une voix froide en hochant la tête dans un salut.

- Vous avez beaucoup de travail au ministère Arthur, lança Mr Malefoy, avec toutes ses perquisitions...J'espère qu'ils vous paient vos heures supplémentaires au moins ? Mais si j'en juge par l'état de ceci, je dirai que non.

Mr Malefoy avait plongé sa main dans le chaudron de Ginny et avait saisi un ouvrage d'occasion, tout racornit.

- A quoi bon déshonorer la fonction de sorciers si on ne vous paye même pas bien pour ça ? demanda-t-il.

Cette fois-ci, Mr Weasley vira au rouge mais garda la tête haute.

- Nous n'avons pas la même notion de ce que doit être l'honneur d'un sorcier Malefoy.

- C'est certain, répliqua Mr Malefoy avant de se tourner vers Mr et Mrs Granger qui observaient la scène avec appréhension. Vous fréquentez de drôle de gens… Je ne pensais pas que votre famille pouvait tomber encore plus bas…

Harry ne vit rien venir. Mr Weasley avait bondi sur Mr Malefoy dans un grand bruit métallique. Un tas de bouquins tombèrent à la renverse. Fred et Georges encouragèrent leur père d'une voix forte tandis que le libraire appelait au calme. Ce ne fut que lorsque Mrs Weasley s'interposa que le père de Ron reprit contenance.

Mr Weasley avait la lèvre fendue tandis que Mr Malefoy arborait un œil au beurre noir. Furieux, il tenait encore le livre de Ginny entre ses doigts. Il lui jeta le volume avec hargne.

- Tiens jeune fille, prends ton livre ! Ton père ne pourra jamais rien t'offrir de mieux.

Il se redressa et attira Drago contre lui avant de partir d'un pas pressé.

.

Le soir venu au Terrier, tout le monde ne parlait plus que de la bagarre entre le père Weasley et le père Malefoy.

- C'était tellement drôle de voir ce livre lui tomber sur le coin de la tête, s'exclama Fred d'une voix amusée.

- Ce n'est absolument pas drôle, grinça Mrs Weasley en resservant une portion de purée à Harry. La famille Malefoy est très puissante, il n'est jamais bon de se mettre à dos ces gens-là. Ils ont beaucoup de pouvoir et peuvent faire beaucoup de dégâts.

- Mais tu as vu ce qu'il a dit sur les parents d'Hermione, dit Ron agacé.

- La violence contre la bêtise ce n'est pas une solution Ron, dit Mrs Weasley. Bravo Arthur, vraiment ! Qu'a dû penser Gilderoy Lockhart en voyant cette bagarre ?

- Tu plaisantes maman ! dit Fred. Il était très content, il a même demandé au journaliste de la Gazette du sorcier s'il pouvait parler de la bagarre dans son reportage. Il a dit que ça serait une très bonne publicité pour lui.

- Ça suffit, lança la matriarche.

Mr Weasley gardait le silence mais Harry fut certain de voir un sourire victorieux lorsque Ron évoqua pour la troisième fois de la soirée les blessures de Malefoy père.

La fin des vacances passèrent à la vitesse de la lumière. Harry et Ron jouèrent au Quidditch avec les jumeaux la majorité du temps lorsque Mrs Weasley ne leur demandait pas de faire quelques corvées.

Harry avait passé des vacances exceptionnelles et il ne put s'empêcher d'être jaloux de Ron. Il était entouré d'une famille joyeuse et aimante et même si Harry n'irait plus jamais chez les Dursley, jamais il ne pourrait goûter à la joie d'une famille. Désormais il était tout seul.

Le dernier soir avant la rentrée, Mrs Weasley prépara un repas digne des grands festins de Poudlard. Elle avait même préparé une tarte à la mélasse et Harry s'en servit trois fois pour la plus grande joie de Mrs Weasley. Les jumeaux avaient apporté des pétards et ils explosèrent dans un feu d'artifice de couleurs sous les applaudissements de la famille. Même Percy accorda un sourire face aux pitreries des jumeaux.

Le lendemain matin, tout le monde se leva aux aurores. Pourtant, entre les différents passages à la salle de bain, le petit déjeuner et descendre les malles, un retard monstre s'accumulait. Tout le monde se bousculait dans les escaliers et Mrs Weasley affichait une mine sévère, particulièrement après le conflit entre Fred et Ginny qui accusait ce dernier de lui avoir pris son journal intime. La jeune fille le retrouva sous son lit quelques instants plus tard. Mr Weasley chargeait les malles dans sa voiture dans un casse tête pour tout faire rentrer convenablement.

Harry se demanda un instant comment toutes les valises et l'intégralité des passagers pourraient rentrer mais Mr Weasley semblait avoir ensorcelé la voiture. Il fit promettre à Harry de ne rien dire à Mrs Weasley. Ravie d'être dans la confidence, Harry s'installa sur la banquette arrière tandis que Ginny et Mrs Weasley montait à l'avant.

Tout le monde était fin prêt à partir que Ginny cherchait frénétiquement dans son sac à dos.

- Mon journal intime !

- Encore ! s'agaça Mrs Weasley.

La fillette sortie en trombe et revint quelques instants plus tard, visiblement soulagée.

- Plus personne ne sort désormais et si vous avez oublié quelque chose, que vous avez envie de faire pipi ou que vous avez oublié de mettre votre pantalon, c'est trop tard ! cria Mrs Weasley. Arthur, en route !

Il était moins le quart lorsqu'ils arrivèrent à King's Cross. La troupe courait pour atteindre la voie 9 . Percy fut le premier à franchir les barrières suivi des jumeaux. Mr et Mrs Weasley, concentrés sur leur benjamine qui allait à Poudlard pour la première fois, traversèrent la barrière avec elle.

- Très bien, allons-y, dit Ron.

Harry et Ron se mirent à courir à toute vitesse. Les barrières se rapprochaient de plus en plus et Harry ferma les yeux.

- AAAARRRRGHHHH !

Ils s'écrasèrent droit devant, Harry tomba à la renverse tandis que Ron avait fait un soleil par-dessus son chariot. Hedwige poussa un cri de fureur et Croûtard couina de peur.

Par Merlin, pensa Harry, la barrière ne s'était pas ouverte.

 

End Notes:

Alooors ? Que pensez-vous de ce petit séjour au Terrier ?

Vont-ils faire la même bêtise que dans le canon où l'influence de Severus est-elle déjà présente dans la tête de Harry ou est-il encore un parfait Gryffondor ?

 

Partie 1 - Chapitre 13 by Isabelle Pearl
Author's Notes:

Bonjour tout le monde, 

 

Voici quelques chapitres pour vous accompagner dans cette rentrée scolaire ! Et si vous n'êtes plus à l'école, pour fêter l'été qui ne va pas tarder à s'achever ! 

 

Toutes les lignes de dialogues suivies d'un astérisque sont tirées de Harry Potter et la Chambre des Secrets, et sont la propriété de J. K. Rowling. Les lignes en gras sont issues du film Harry Potter et la Chambre des Secrets et sont la propriété de Wizarding Wolrd (Je suppose ?).

Enfin Severus était libre de toute contrainte.

Enfin Potter était parti loin de lui, au vert chez les Weasley.

Enfin Severus pouvait travailler sans avoir Potter dans les pattes.

Le directeur de Serpentard aurait pu rentrer chez lui à l'Impasse du Tisseur mais cela ne servait plus à rien puisqu'il ne restait à peine qu'une dizaine de jours avant la rentrée.

Il profitait alors de ces moments de liberté pour travailler sur ses cours de l'année d'autant plus qu'il devrait s'armer de courage puisque sa première journée commençait directement avec les premières années. Cela ne l'enchantait guère. Les premières années avaient des regards effrayés, posaient des questions inutiles et manquaient de se faire écraser par les plus grands à chaque détour de couloir.

Fort heureusement, Severus savait poser les bases élémentaires dès le début et les élèves prenaient très vite le rythme.

De la même manière que l'apprentissage qu'il avait prodigué à Potter lors de ces derniers jours avec les boucliers, il fallait être ferme et impitoyable. Les plus faibles resteraient sur le côté et ce n'était pas son problème. Il n'était pas là pour faire la charité mais pour enseigner.

Severus dut réorganiser ses après-midis. Quoiqu'il en dise, il avait pris une certaine habitude à apporter son savoir au Gryffondor lors de ces derniers jours. Aussi, il espérait que ce qu'il lui avait enseigné allait laisser des traces car avec le nouveau professeur de Défense contre les forces du mal que Dumbledore avait dégoté, Severus n'était pas sûr que les choses aillent pour le mieux.

Bien sûr, Gilderoy Lockhart était réputé pour ses exploits et seul un idiot aurait pu le contester. Severus avait été étonné de voir l'homme quelques jours plus tôt dans le château, sortant du bureau du directeur. Cependant, il avait fallu un seul repas pour que Severus déteste cet homme et cela n'avait strictement rien à voir avec une envie mal placée de vouloir le poste.

Lockhart était tellement imbu de sa personne qu'il était étonnant que sa tête passe encore les portes. Un homme comme celui-ci ne pouvait pas faire que du bien à des élèves et particulièrement pour l'un d'entre eux. Si Potter se mettait à prendre exemple sur cet homme… Et bien Severus se chargerait de rétablir l'équilibre. Non pas qu'il se sente d'une quelconque responsabilité envers le gamin mais tout de même, Potter avait besoin d'un cadre et d'être mis sur le droit chemin. Cela arrachait le cœur à Severus de l'admettre mais l'enfant possédait des capacités et c'était un crime de ne pas les exploiter.

Évidemment, il ne comptait absolument pas devenir un maître pour le gamin. L'idée même le répugnait. Mais il pouvait de temps en temps garder un œil sur lui, juste un peu plus que d'habitude. Et puis une leçon ou deux ne faisaient jamais de mal. Avec Severus, Potter s'était amélioré en à peine une semaine et malgré lui, le fantôme de Lily lui souriait lorsqu'il pensait à ce qu'il avait apporté au gamin. Ces connaissances basiques lui seraient utiles et compte-tenue de la capacité qu'avait cet enfant à se mettre dans les problèmes, savoir lancer un bouclier simple ne serait pas de trop.

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Étrangement, le temps sembla ralentir mais l'effervescence de la pré-rentrée avec le retour de tous les professeurs rappela au maître des potions à quel point il aimait la solitude.

En salle des professeurs, chacun y allait de son anecdote concernant ses vacances et rapidement, le cas Potter fut sur toutes les lèvres.

- Ce pauvre garçon, chougna Pomona, j'espère qu'une solution sera vite trouvée pour lui.

Severus retint de justesse un roulement d'yeux équivoque. C'était une chose qui l'agaçait particulièrement chez les Poufsouffle : leur envie que tout aille pour le mieux sans être leader dans une décision. Combien de fois il avait entendu les beaux discours de paix et de bienveillance ? Dans les faits, il ne se passait pas grand chose. La directrice des blaireaux avait-elle proposé une seule fois de venir pendant les vacances ? Avait-elle demandé des nouvelles de Potter ? Absolument pas. Et voilà maintenant qu'elle jouait les anxieuses. Le pire, c'est qu'elle était sincère.

Les Serpentard et les Poufsouffle n'avaient juste pas la même définition de ce que pouvait être la loyauté. Un Serpentard donne peu mais lorsqu'il vous tend la main, c'est à la vie, à la mort. Les Poufsouffle sont certainement moins dramatiques et plus pragmatiques. Leurs relations avec les autres sont donc sûrement plus saines mais même sous la torture, Severus ne l'aurait jamais avoué.

- Le Ministère ne devait-il pas faire une visite de contrôle ? demanda Filius avant de boire une gorgée de thé.

- Si bien sûr, répondit Minerva d'un air las, mais Dumbledore a repoussé l'échéance de la visite auprès d'Hestia Jones. Un référent devrait passer aux alentours de Noël.

- Cela nous laisse un peu de temps pour qu'il se sente bien, déclara Pomona.

- Il semble avoir passé de bonnes vacances, déclara Minerva. Certes il était un peu seul mais il a passé beaucoup de temps avec notre garde-de-chasse et Severus a été d'une patience exemplaire avec Potter. Je voulais d'ailleurs vous remercier en personne, ajouta-t-elle en se tournant vers Severus.

L'intégralité des regards se tournèrent vers lui et Severus eut envie de fuir le plus loin possible de cette salle. Être sous le feu des projecteurs après avoir inventé une potion ou un incroyable sort, il en rêvait mais alors ça… De plus, il n'avait strictement rien fait pour Potter si ce n'est de le punir les trois quarts du temps et s'assurer qu'il ne lambine pas pendant ses vacances scolaires. Rien d'extraordinaire !

Accablé par tous ces regards bienveillants et curieux, Severus lança un regard hautain à l'assemblée, défiant quiconque de parler. Personne ne se risqua à demander plus de détails et Albus Dumbledore fit enfin son entrée. Une nouvelle année allait commencer et Severus espéra qu'elle soit calme et apaisée.

Ce fut un échec cuisant et il eut tout le loisir de le savourer dès le lendemain.

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Severus bouillait de rage. Il allait étriper Potter.

En l'espace de dix jours, le gamin avait trouvé le moyen de faire une connerie plus grosse que lui et y entrainer Weasley par la même occasion. Tenant le journal de la Gazette du soir dans ses mains tremblantes, Severus relisait pour la troisième fois l'article.

Une voiture volante avait été aperçue par sept moldus au-dessus de King's Cross. Des aurors avaient été réquisitionnés pour effacer leur mémoire mais la voiture demeurait introuvable au même titre que Potter et Weasley qui n'avaient pas été aperçus dans le train. Le lien n'était pas difficile à faire. Qu'avait-il encore pu se passer dans la tête de ces garnements ? Où étaient-ils ? La rentrée n'avait même pas commencé qu'ils brillaient déjà par leur bêtise !

Les pensées meurtrières de Severus furent interrompues par l'arrivée de Rusard le concierge. Son regard flamboyait d'une lueur malsaine et à moins que Dumbledore ait annoncé le retour de la torture sur les élèves, cela signifiait que Potter et Weasley étaient arrivés.

- Ils sont ici professeur, annonça Rusard de sa voix grincheuse où pointait l'excitation. Ils attendent dans mon bureau. Ils se sont écrasés sur le saule cogneur.

Severus pressa le pas et entra dans le bureau en toisant les gamins de toute son autorité. Avant que Dumbledore et Minerva arrivent, il allait leur passer le savon de leur vie.

A sa vue, les garçons avaient violemment pâli et tremblaient de tous leurs membres. Severus se demanda un instant lequel des deux allaient mouiller son pantalon en premier tellement ils paraissaient effrayés. Une blessure barrait le front de Weasley et du sang avait coulé sur sa tempe. Potter, visiblement toujours entouré de cette chance insolente, paraissait en un seul morceau.

- Une entrée discrète était-elle trop compliquée pour vous Potter ? cracha Severus la voix pleine de colère. Il fallait que vous vous fassiez remarquer c'est cela ?

A sa grande surprise, Potter baissa les yeux. La lumière était faible dans ce petit cagibi mais il était certain d'avoir vu le gamin virer cramoisie.

- Regardez-moi dans les yeux ! siffla-t-il. Vous rendre à l'école en voiture volante et puis quoi encore ? Vous avez été aperçus par pas moins de sept moldus ! Vous rendez-vous compte, à quel point c'est grave ?

Weasley et Potter étaient totalement déconfits et Severus s'en délecta. Il était hors de question que les gamins s'en sortent sans qu'on ne leur dise rien.

- Sans compter les dégâts que vous avez causés à ce magnifique saule cogneur qui était là bien avant votre naissance ! ajouta-t-il.

- Honnêtement professeur, c'est plutôt lui qui nous a causé des dégâts, osa répondre Weasley.

- Silence ! Je puis vous assurer que si vous étiez dans la maison Serpentard et que votre sort était entre mes mains, je n'hésiterai pas à vous réexpédier chez vous dès ce soir ! Oui messieurs, ajouta-t-il en voyant Potter et Ron se décomposer.

Potter était devenu pâle comme un linge et Severus se demanda s'il n'avait pas été trop loin. Le Survivant allait-il lui faire le même genre de crise de nerfs que la dernière fois avec le chaudron ? Ce gamin était étonnant. Il manifestait toujours l'injustice que Severus faisait régner en faveur de Serpentard et il croyait réellement qu'il aurait renvoyé ses élèves de sa propre maison. Décidément, son intelligence se mettait parfois sur pause.

- Ce n'est pas le cas, Severus, lança une voix derrière eux.

Le maître des potions se tourna pour faire face à Minerva et Dumbledore. Eux-mêmes affichaient une mine grave et Severus crut que Potter allait s'effondrer en larmes. Le gamin était figé et baignait dans la honte, à deux doigts du point de rupture. L'espace d'un minuscule instant, il se demanda s'il n'y avait pas été trop fort. Mais il refoula ses pensées dégoulinants d'une bienveillance inattendue. Ces deux enfants auraient pu mourir, ils devaient être réprimandés.

- Qu'est-ce qu'il vous a pris de faire ça ? demanda Dumbledore d'une voix déçue*.

Severus se rendit compte de l'affection que Potter portait pour le directeur. Il avait baissé les yeux à nouveau et se triturait les doigts. Il fallait vraiment qu'il arrête avec ce tic…

- La barrière s'est fermée et nous n'avons pas pu nous rendre sur le quai, expliqua Harry d'une voix faible.*

- Pourquoi n'avez vous pas envoyé un hibou ? demanda Minerva d'une voix sèche*.

Elle fulminait de colère contre ses lions. Severus savoura cette image. Potter releva la tête brusquement et adressa un regard à son ami comme si la révélation de la création du monde venait de lui tomber dessus.

- On n'y a pas pensé, déclara simplement Potter qui semblait se rendre compte de la stupidité de son geste. On est désolés professeur.*

Evidemment, on agit et on réfléchit après. Telle est la devise des Gryffondor. Severus retint un soupir d'exaspération au même titre que Minerva qui semblait à deux doigts de leur hurler dessus.

- Il aurait pu se produire quelque chose de grave ! Je vais devoir sévir.*

- On va préparer nos affaires, couina Weasley.*

- De quoi parlez-vous Weasley ?*

- Vous allez nous renvoyer de l'école.*

A nouveau, Potter pâli et Severus fut presque certain de voir le gamin frissonner malgré la chaleur étouffante du bureau.

- Pas aujourd'hui Weasley, répondit Minerva déjà épuisée de cette année scolaire. Mais vous devez comprendre à quel point ce que vous avez fait est grave.

- Vous ne pouvez pas nous retirer de points, on n'était pas à l'école à ce moment-là, dit Potter la voix hésitante.*

Severus claqua sa langue face au culot de ce gamin. Minerva soupira mais il crut voir une pointe d'amusement dans le regard de sa collègue. Et voilà comment on faisait des pourris gâtés…

- Vous irez tout de même en retenue, répliqua-t-elle. Et pas de festin pour vous ce soir !*

Le maître des potions observa Potter à cet instant tandis que cet idiot de Weasley glapissait de tristesse. Sans étonnement, le gamin avait hoché la tête docilement. Les souvenirs que Severus avait puisé dans la tête de l'oncle de Potter revinrent à la surface. L'enfant avait l'habitude des privations de nourriture et il trouvait cela normal.

- Vous mangerez ici, ajouta-t-elle en agitant sa baguette.*

Aussitôt, un plat composé d'une montagne de sandwichs apparaissaient sur la petite table devant eux.

Weasley soupira de soulagement et Potter écarquilla les yeux avec reconnaissance. Un pincement au cœur attaqua Severus qui refoula cette émotion immédiatement.

- Je n'ai plus rien à faire ici, dit-il. Bonne soirée.

Il adressa un regard sévère aux enfants et salua Minerva d'un signe de tête. L'année allait être longue, il le sentait…

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Les jours passèrent sans évènements marquants. Weasley reçut une beuglante au beau milieu de la Grande Salle et seule l'autorité légendaire de Severus lui permit de maintenir le calme dans sa classe la journée qui suivit tant toute l'école parlait de ça.

Les élèves étaient toujours les mêmes. Tantôt effrayés pour les plus jeunes, tantôt amorphes à partir de la troisième année lorsque les hormones commençaient à avoir raison d'eux et tantôt surinvestis à partir de la sixième année d'études lorsqu'ils comprenaient qu'ils travaillaient avant tout pour eux.

Si Severus avait pu choisir, il n'aurait donné des cours qu'aux élèves ayant obtenu leur BUSE dans sa matière. Malheureusement, il devait se coltiner les plus jeunes et autres cornichons qui ne comprenaient rien à l'art noble des potions.

Toutefois, une nouvelle réjouissante avait embelli cette rentrée. Cette année, la coupe de Quidditch était pour Serpentard. Il se dirigeait vers la volière afin de répondre au merveilleux cadeau que Lucius Malefoy avait offert à l'équipe des serpents moyennant un petit arrangement lorsqu'il tomba sur Gilderoy Lockhart.

- Oh Severus ! Comment allez-vous ? demanda l'homme d'un air pompeux. Nous n'avons pas eu le temps de faire connaissance. J'ai ouïe dire que vous nourrissez une passion pour la Défense contre les forces du mal ! Vous auriez dû venir me voir !

Severus continuait de marcher en direction de la salle des professeurs, serrant la mâchoire. L'homme était parfumé plus que de raison et semblait éprouver un immense plaisir à s'entendre parler.

- Je suis vraiment ravi d'apporter mes connaissances à ces élèves et futurs sorciers en devenir, ajouta-t-il. Évidemment, nous avons une célébrité parmi nous mais il a encore beaucoup à apprendre. Comme je lui ai dit, c'est déjà un début d'avoir affronté le mage noir.

- Un début ? répéta Severus en s'arrêtant au milieu du couloir.

Lockhart mit un temps avant de comprendre qu'il continuait de marcher tout seul. Il se tourna vers Severus et lui adressa un sourire hypocritement charmeur.

- Oh et bien oui, en comparaison avec ce que j'ai pu faire évidemment.

- Évidemment, dit sarcastiquement Severus.

Lockhart eut un regard hésitant avant de se remettre à sourire joyeusement. Severus se remit en marche et Lockhart continua sa diarrhée verbale.

- En tout cas, j'ai hâte d'avoir ma classe avec lui. C'est un jeune homme à garder près de soi n'est-ce pas ? J'ai entendu dire qu'il avait décroché une retenue pour sa première semaine. Cette entrée en force qu'il a fait ! s'amusa Lockhart dans un rire alors que Severus luttait pour ne pas lever les yeux au ciel. J'ai expressément demandé à Minerva qu'on me le réserve pour cette punition. Ce serait l'occasion de me rapprocher de lui et d'en savoir plus ! D'ailleurs, comment est-il dans votre classe ?

- Un élève comme les autres, se contenta de répondre Severus qui n'avait vraiment pas envie de faire un exposé sur Potter.

- Ah ! dit Lockhart enchanté. Dans ce cas, je suppose que ce sera la même chose pour la Défense contre les forces du mal.

Severus se mordit les lèvres pour ne pas répondre. Si Lockhart ne voyait pas le potentiel en cet enfant alors cet homme ne valait pas toutes ses récompenses. Mais autre chose dérangeait Severus dans le comportement de Lockhart... Il nourrissait une sorte de fascination malsaine pour le Gryffondor, Severus le ressentait au plus profond de lui.

Potter n'avait pas besoin d'un adulte qui l'admire mais c'était encore plus que cela. Il y avait un intérêt suspect chez l'homme que Severus n'appréciait guère.

Finalement, un détour par la salle des professeurs ne ferait pas de mal. Severus pénétra dans la pièce, dépassant Lockhart. Il avait repéré Minerva d'un coup d'œil, toujours installée à sa place habituelle, assise à la table près de la fenêtre. La sous-directrice échangeait avec Filius mais Severus ne s'attarda pas sur les convenances et se précipita sur elle.

- Je veux que la retenue de Potter se fasse chez moi et loin de cet homme, ordonna-t-il en désignant Lockhart du menton.

- Mais enfin Severus, répondit Minerva les yeux ronds, Potter a-t-il eu un comportement inapproprié en classe cette semaine ?

- Il n'est jamais à la hauteur de mes attentes mais non, le problème vient d'ailleurs.

Severus lança un regard équivoque à sa collègue, espérant qu'elle ne pose pas plus de questions. La directrice de Gryffondor sembla étudier quelques instants les possibilités qui s'offraient à elle puis elle soupira.

- J'ai déjà donné mon accord pour que Potter fasse sa retenue avec Lockhart, dit-elle finalement.

- Avez-vous remarqué comme il parle de Potter ?

Filius se leva marmonnant qu'il allait chercher du thé. La réputation des joutes verbales entre Severus et Minerva étaient connues pour être houleuses et les personnes saines d'esprits finissaient toutes par se mettre aux abris dès lors que le ton montait.

- Oh je vous en prie Severus ! Vous n'allez tout de même pas vous immiscer dans le type de punition que Potter doit recevoir. Je suis certaine que Lockhart saura se montrer impartial.

Le maître des potions cilla plusieurs fois. Croyait-elle réellement que Severus cherchait à ce que la punition de Potter soit juste ? Severus se passa une main sur le visage cherchant désespérément à faire comprendre à sa collègue l'intérêt d'éloigner Potter de Lockhart sans qu'il ne paraisse trop inquiet pour le Survivant. Tirant la chaise en face de Minerva, il s'installa dessus avec gravité.

- Vous savez comme moi que Dumbledore engage des personnes à la dernière minute surtout lorsqu'il s'agit de professeur de Défense contre les forces du mal. Laissez-moi finir ! s'agaça-t-il en voyant qu'elle s'apprêtait à répliquer. Il ne m'a fallut que quelques minutes de discussion avec la starlette de l'année pour comprendre qu'il nourrit un intérêt malsain pour le gamin. Maintenant, c'est comme vous voulez. Potter peut tout aussi bien aller en retenue avec vous mais il me semblait que vous aviez un tas de choses à faire en cette rentrée et que Dumbledore ne vous laissait pas une minute. Reste Filius et Pomona mais vous savez aussi bien que moi qu'ils ne sont pas aussi efficaces que nous et qu'ils n'ont franchement pas envie d'assurer des retenues en cette première semaine de rentrée.

- Je pourrai très bien l'envoyer chez Hagrid, répondit-elle simplement par pur esprit de contradiction. Oh bon très bien ! craqua-t-elle sous le regard de Severus. Mais ne venez pas vous plaindre plus tard de son comportement. Quoique je ne m'inquiète plus vraiment à ce sujet. Vous avez su trouver un terrain d'entente il me semble pendant les vacances.

Le petit sourire de Minerva ne plût absolument pas à Severus qui préféra répondre par un air furibond. Les sous-entendus de ces Gryffondor avaient tendance à particulièrement l'irriter ces derniers temps.

oOo

Les premiers jours de la rentrée avaient commencé sur les chapeaux de roues. Hermione en voulait toujours à Harry et Ron d'avoir eu un comportement aussi stupide en ce début d'année. Elle leur avait fait une longue morale tout en leur précisant qu'ils méritaient bien plus qu'une retenue. Ron avait fini par lui crier dessus et Hermione s'était réfugiée dans son livre Voyage avec les vampires. Mais Ron avait remarqué les petits cœurs qu'elle avait dessiné autour du portrait du professeur et Harry et lui s'en étaient donné à cœur joie pour la taquiner.

Les garçons n'eurent pas l'occasion de rire très longtemps, particulièrement lorsque le courrier arriva. La beuglante que Ron reçut laissa l'intégralité de la Grande Salle dans un silence de mort avant que Malefoy ne se mette à exploser de rire et que la moitié de l'école le suive dans l'hilarité générale.

Harry en perdit l'appétit, la culpabilité lui broyant les entrailles. Mr Weasley risquait une enquête du Ministère. Après tout ce que la famille Weasley avait fait pour lui.

Mais les cours débutèrent et les professeurs avaient prévu tout un tas de choses pour les élèves. Chourave leur fit travailler sur les mandragores et Hermione rapporta dix points pour Gryffondor. Harry loupa quelques minutes de classe lorsque Lockhart s'imposa et demanda à le voir. Chourave n'eut pas le temps de répondre que le professeur de Défense avait déjà attrapé Harry par le bras.

La situation était très embarrassante. L'homme lui fit tout un discours sur le succès, lorgnant sur la cicatrice d'Harry avec une fascination curieuse qui le mit très mal à l'aise. Pire que tout, Lockhart croyait que Harry était venu à Poudlard en voiture volante afin d'obtenir plus de célébrité et ainsi lui ressembler ! Harry ne put jamais pu en placer une et le professeur était reparti aussi vite qu'il était arrivé.

En retournant en classe, Harry fit la connaissance de Justin Finch-Fletchley avec qui il travailla en compagnie de Ron et Hermione. Amical et volontaire, le garçon précisa qu'il venait d'une famille moldue. Lui aussi paraissait impressionné par Lockhart.

Une autre problématique survenue à la suite de leur virée en voiture, la baguette de Ron était cassée. Cela fut très embêtant lorsqu'ils se retrouvèrent en cours de métamorphose. McGonagall était encore plus exigeante que l'année précédente et le cours fut particulièrement difficile. Il fallait changer un scarabée en bouton. Hermione avait évidemment réussi du premier coup. Harry avait révisé pendant les vacances scolaires mais il dut s'y reprendre plusieurs fois avant de parvenir à produire un sortilège convenable. Ron éprouvait beaucoup de difficultés. Il avait tenté de rafistoler sa baguette avec du papier collant mais elle paraissait irréparable. Résultat, la baguette lançait des étincelles à n'importe quel moment et lorsqu'il tentait de lancer un sort, une fumée grise accompagnée d'une odeur d'œuf pourri se dégageait de cette dernière. Ron en fut tellement embarrassé qu'il écrasa le pauvre scarabée avec son coude. Cela fut tout aussi catastrophique pour les cours de sortilèges.

Lorsque le cours de potions débuta le mercredi matin, Harry éprouva un soulagement indescriptible quand Rogue leur annonça que ce début d'année s'ouvrirait sur les notions théoriques. Pas d'utilisation de baguette pour Ron, ni de risque d'explosion de chaudron pour Harry…

- Ce devoir sera noté et si par malheur certains d'entre-vous n'obtiennent pas la moyenne, vous aurez un devoir supplémentaire à me rendre la semaine prochaine.

Ron soupira de détresse lorsque le professeur posa le parchemin devant son nez et Harry s'attendit au pire. À sa grande surprise, les questions étaient faciles. Après cet examen surprise, Rogue récita son premier cours de l'année - les propriétés des racines dans les potions de soins- sous un silence de plomb. En comparaison avec le premier cours de première année, celui-ci était plutôt calme. Rogue ne retira aucun point à Gryffondor, en accorda quinze à Serpentard - pour une réponse pertinente de Nott - mais ne s'élança pas dans un discours élitiste et hautain. Cela aurait pu être pire.

- Bien évidemment ! Quand on révise suffisamment et correctement, il n'y a aucune raison d'échouer à un test comme celui-ci, répliqua Hermione froidement quand Harry exposa la facilité avec laquelle il avait réussi le devoir surprise de Rogue. J'espère que ça vous servira de leçon tous les deux, ajoute-t-elle.

- Qu'est-ce qu'elle est pénible quand elle s'y met ! pesta Ron qui avait bien moins réussi le devoir sur table malgré les réponses que lui avait soufflé Harry.

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Le lendemain, Harry sortait de la Grande Salle pour se rendre en cours de Défense contre les forces du mal lorsqu'un flash lui aveugla les yeux.

- Salut Harry ! Je m'appelle Colin Crivey et je suis aussi à Gryffondor ! Je suis très heureux de te rencontrer !*

- Euh bonjour, répondit Harry.*

Le garçon qui tenait un appareil photo moldu à la main rougit violemment lorsque Harry lui adressa la parole. Il avait les cheveux clairs, de petite taille et fixait Harry comme s'il était la huitième merveille du monde. Mal à l'aise, Harry toussota ce qui eut pour effet de faire sursauter le garçon.

- Je voulais savoir si tu voulais bien faire une photo avec moi et me la dédicacer ? demanda-t-il alors, un brin surexcité. Je sais tout sur toi, on m'a tout raconté. Comment tu as vaincu le plus grand mage noir de l'histoire. Je sais aussi que tu es doué au Quidditch et que tu es le plus jeune attrapeur depuis un siècle. Avant, je ne connaissais rien au monde de la magie. Mon père est livreur de lait et il se demandait souvent d'où venait mes bizarreries. Et puis, le professeur Mcgonagall est venu au cours de l'été pour annoncer que j'étais un sorcier. Mon père a eu peur au début, il pensait que j'étais fou !*

- Tu m'étonnes, marmonna Ron.*

- Peut-être que ton copain voudra bien prendre la photo comme ça je me mets à côté de toi et ensuite tu pourras me la dédicacer ?*

- Tu dédicaces des photos maintenant Potter ? lâcha une voix cinglante appartenant à nul autre que Drago Malefoy.*

Accompagné de ses deux acolytes Crabbe et Goyle, Malefoy affichait un sourire goguenard.

- Mesdames et messieurs, Potter fait une séance de dédicace ! cria-t-il à voix haute.*

- Arrête ! répondit Harry en se levant les joues rouges.

- Tu es juste jaloux ! s'écria Colin Crivey au plus grand désarroi de Harry.*

- Oh vraiment ? ricana Malefoy. Mais jaloux de quoi exactement ? D'être un balafré ? Je ne crois pas que c'est ce qui fait de lui un grand sorcier. A vrai dire, Potter n'a rien d'un grand sorcier.*

- La ferme Malefoy, grinça Ron qui s'était levé à son tour.*

Crabbe et Goyle commençait à frotter leur point, signe évident que les choses allaient finir par mal tourner. Plusieurs élèves s'étaient approchés pour observer la scène.

- Fais attention à toi Weasley, répondit Malefoy en plissant ses petits yeux, si tu fais la moindre bêtise, tu retournes tout de suite à la maison, singea-t-il en souvenir de la beuglante que Ron avait reçue.*

Un groupe de Serpentard de cinquième année s'esclaffèrent et Malefoy sembla ravie de son petit effet.

- Mais tu devrais peut-être vendre les photos dédicacées de Harry Potter, ça te permettrait de vivre ailleurs que dans le trou à rat dans lequel vous vivez !*

Une bouffée de colère envahit Harry mais Ron avait déjà sorti sa baguette rafistolée, vert de rage.

- Puis-je savoir ce qui se passe ici ? Qui dédicace des photos ? Oh Harry, Harry, Harry ! Evidemment !*

Le professeur Lockhart venait d'apparaître, les pans de sa robe turquoise flottant derrière lui. Il avait saisi Harry par les épaules.

- Non je ne dédicace…*

- Oh mais allez-y jeune-homme ! Deux célébrités pour le prix d'une !*

Colin prit la photo au moment où la cloche retentissait. Harry essaya vainement de se détacher de la poigne de l'homme. Les joues rouges de colère, Harry se jura d'apprendre un sort pour faire disparaître quelqu'un. Sourd aux protestations de Harry, Lockhart prit Harry par les épaules.

C'était préférable de prendre une photo avec moi Harry sinon les copains auraient cru que tu cherchais à te mettre en avant, dit-il d'un ton paternaliste. Et puis, tu es encore trop jeune dans ta carrière pour…

- Puis-je savoir ce qu'il se passe ici ?*

Harry sentit son sang se glacer. La voix du professeur de potions possédait une lenteur menaçante. Les élèves s'écartèrent pour laisser passer Rogue. Malefoy affichait un sourire radieux comme si on lui avait annoncé noël en avance.

- La cloche a sonné, disparaissez ! cingla-t-il à l'adresse des élèves sans détacher son regard de Harry et Lockhart.

- Harry goûtait aux plaisirs de la célébrité, expliqua Lockhart. Je lui donnais simplement mes conseils.*

Rogue lança un regard assassin à Lockhart et Harry se ratatina sur lui-même. Il n'essaya même plus d'échapper à la poigne du professeur, attendant que Rogue lâche sa colère.

- Il ne me semble pas que Potter ait besoin de quelconques conseils de la sorte, répliqua Rogue. C'est un élève comme les autres et vous risquez d'être déçu si vous mettez trop d'espoir en lui.*

Une boule désagréable se logea dans l'estomac de Harry et Malefoy qui ricanait au loin rendit l'ensemble de la situation cauchemardesque. Cherchant le soutien de ses amis dans un regard, il ne put constater que ces derniers étaient loin et ne pouvaient rien faire.

- Cela étant Potter, ajouta-t-il en plongeant son regard dans le sien, que vous avez une retenue à honorer samedi avec moi suite à votre petite escapade en voiture volante.

Harry tenta d'ignorer l'éclat de rire de Malefoy qui ne perdait rien de la scène. Harry hocha la tête en espérant qu'en parlant le moins possible, on le relâche. Il aurait aimé demander si Ron était conviée pour cette retenue mais il savait que c'était inutile de demander quoique ce soit.

- Bon et bien, allons en classe ! lâcha Lockhart qui broyait l'épaule de Harry comme s'il avait été sa propriété. Je crois que nous avons cours ensemble Potter ! Professeur Rogue, salua-t-il.*

- Bon courage, lâcha le professeur en retour avant de s'échapper.

La boule dans son ventre se serra encore un peu plus. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi mais le ton dédaigneux employé par Rogue vexait Harry plus que de raisons.

Lorsqu'ils avaient travaillé sur les boucliers pendant l'été, l'homme n'avait pas été particulièrement loquace mais Harry pensait avoir fait bonne impression. Lorsqu'il était chez Ron et qu'il avait pensé à ces petites leçons, Harry avait caressé l'espoir que les relations avec le professeur de potions puissent changer.

Se sentant extrêmement stupide, Harry se dégagea d'un mouvement brusque d'épaule de la poigne de Lockhart lorsqu'une foule de jeunes filles de quatrième année s'approchèrent de lui.

- Non non non mademoiselle, la cloche a sonné ! rigola-t-il. Plus tard !

- Ça va être l'occasion de voir ce qu'il vaut ce type, lança Ron lorsque Harry les rejoignit d'un pas rapide.

Ce fut le pire cours de Défense contre les forces du mal que Harry n'ait jamais connu.

oOo

Harry dévalait les escaliers qui menaient au bureau de Rogue, en nage. La journée avait été épuisante et il en avait presque oublié sa retenue. Malheureusement, ou heureusement, Ron devait exécuter sa retenue avec Rusard. Harry l'avait quitté quelques minutes plus tôt et il ne cessait de vomir des limaces même si l'espacement entre chaque renvoie s'était allongé.

Tout avait commencé en début de journée lorsque Dubois avait réveillé Harry alors que le soleil était à peine levé. Dubois voyait le Quidditch comme quelque chose d'extrêmement sérieux et il comptait démarrer les entraînements le plus tôt possible. Le garçon avait réalisé toute une stratégie qu'il présenta pendant près d'une heure et Ron et Hermione étaient finalement apparus dans les gradins. Lorsque Harry put enfin s'élever dans les airs, une joie furieuse s'empara de lui.

Mais tout s'arrêta lorsque l'équipe de Serpentard se pointa. Et pas avec n'importe qui. Drago Malefoy était le nouvel attrapeur de Serpentard. Et pas pour rien. Toute l'équipe s'était vue offrir des Nimbus 2001 par le père de Malefoy. Le blond n'avait pas hésité à parader et rappeler que son père pouvait s'acheter ce qu'il y avait de mieux. Puis il avait insulté Hermione de Sang-de-bourbe et le drame arriva lorsque Ron tenta d'attaquer Malefoy. Mal lui en était pris. Depuis il crachait des limaces.

- Vous êtes en retard Potter, cinq points en moins pour Gryffondor.

- Veuillez m'excuser, dit Harry naturellement.

Il savait que le professeur était à cheval sur la politesse et il avait pris une certaine habitude à se plier à cette règle lors des vacances d'été. Harry attendit que Rogue lui donne sa punition. En cette première semaine, Rogue avait appuyé l'aspect théorique et les élèves n'avaient pas encore réalisé de potions. Harry n'avait cependant plus peur de faire exploser un chaudron. Il savait réaliser un bouclier sans problème.

Rogue se leva et s'approcha de lui avant de l'analyser.

- J'ai entendu dire que vous et Weasley avez tenté d'attaquer Mr Malefoy sur le terrain de Quidditch ce matin, lâcha-t-il finalement d'une voix qui défiait Harry de nier.

- C'est Malefoy qui a commencé, dit finalement Harry qui ne souhaitait pas mettre Ron dans une situation délicate.

- Oh bien sûr, ce n'est jamais de votre faute Potter ! claqua le professeur avec fureur. Comment expliquez vous que votre camarade soit venu complètement effrayé après cette rencontre ?

Harry secoua la tête, n'en croyant pas ses oreilles. Malefoy n'était qu'un sale petit rat. Harry eut soudainement envie de le trouver afin de lui refaire le portrait.

- La jalousie vous étouffe est-ce cela ?

- Mais non…, tenta de se défendre Harry.

- Et quel était ce comportement avec Lockhart mercredi ? Vous voulez ouvrir un fan-club ?

- Je n'avais rien demandé ! se défendit Harry les joues tellement chaudes qu'il était certain qu'on aurait pu y cuire des œufs. Et Malefoy n'est qu'un menteur ! On s'est juste défendu après qu'il ait insulté les parents de Hermione ! Il l'a insulté de…, hésita Harry, de Sang-de-Bourbe.

Il prononça ces derniers mots dans un chuchotement. Harry avait compris à quel point ce mot était grossier et insultant et il avait peur que le professeur le punisse d'avoir prononcé cette injure. Mais le visage de Rogue se figea. Il eut soudainement l'impression que le professeur était ailleurs. Puis, l'homme ancra son regard dans celui de Harry.

- Très bien, je verrai cela avec Mr Malefoy, dit-il finalement d'une voix blanche. Cela ne justifie pas d'attaquer les autres.

- Même lorsque c'est pour se défendre ?

- Dans ce cas, vous venez voir un adulte. La violence contre la bêtise, ce n'est pas la solution, ajouta-t-il.

Harry se rappela que Mrs Weasley avait dit la même chose et Harry sentit un sourire nerveux monter à la surface. Cependant, Rogue avait fait apparaître d'un coup de baguette un carton où plusieurs fiches étaient à l'intérieur.

- Vous allez trier les différentes recettes de potions par ordre alphabétique, dit-il finalement.

- Bien monsieur, dit Harry.

Harry avait l'impression d'avoir voyagé dans le temps et d'être à nouveau projeté durant les vacances d'été. Il se rendait compte à quel point il avait passé beaucoup de temps avec le professeur de potions. Qu'en aurait pensé sa mère ? Et son père ?

Harry jeta un coup d'œil au professeur. L'homme était concentré sur ses parchemins, une ride barrant son front, signe d'une grande concentration. Le calme ambiant était presque apaisant mais peu distrayant. Le temps passa lentement et après avoir classé la première boîte, Rogue demanda à Harry d'en trier un autre.

Tout à coup le silence fut brisé par une voix que Harry distingua de loin. Relevant la tête, Harry tendit l'oreille et se figea. La voix était effrayante, à couper le souffle et chargée de venin.

Viens, viens à moi… Que je te déchire… Que je t'écorche… Que je te tue…

Harry sursauta si fort qu'il lâcha une des fiches qu'il avait en main. Cherchant autour de lui d'où venait la voix, Harry ne vit pas Rogue qui s'approchait de lui.

- Que se passe-t-il ? demanda le professeur.

- Vous n'avez pas entendu ? répondit Harry avec précipitation.

Rogue fronça les sourcils.

- Quoi donc ? dit-il une pointe de méfiance dans la voix. Si vous cherchez à écourter votre retenue…

- Non non ! dit Harry avec affolement. Il y avait une voix… Qui a dit… Vous n'avez pas entendu ?

Harry se rendit compte qu'il valait mieux se taire avant que le professeur ne décide de l'enfermer. Il tendait l'oreille pendant que Rogue s'agaçait.

- Je vois que vous vous êtes encore assoupis, dit Rogue. Il s'agirait de faire des nuits complètes Potter !

Harry ne chercha même pas à répliquer sous la critique. Il essayait juste de voir s'il entendait à nouveau la voix. Mais rien.

- Allez vous coucher ! claqua la voix de Rogue.

Groggy et inquiet, Harry se leva sans un mot et se précipita dans les dortoirs des Gryffondor. Il devait raconter cela à Ron et Hermione.

oOo

Pouvait-il y avoir une journée sans que Potter fasse quelque chose d'étrange ?

Severus se passa une main sur le visage, épuisé. Il devait parler à Drago Malefoy très rapidement. Le comportement qu'avait eu le garçon était intolérable. Pénétrant dans la salle commune des Serpentard, il repéra l'enfant installé près de la cheminée, tout à son aise.

- Mr Malefoy, dit-il, je dois vous parler un instant.

Le garçon le suivit dans un coin tranquille, à l'abri des oreilles indiscrètes. Il ne semblait pas inquiet et paraissait même pressé de savoir ce que Severus avait réservé à l'encontre de Potter.

- Je crois que vous ne m'avez pas tout dit Mr Malefoy.

Le sourire du garçon se figea et il adressa un regard d'incompréhension au professeur.

- Que l'on soit clair, le genre d'insultes que vous avez proféré vis-à-vis de Miss Granger est inacceptable. Vous savez aussi bien que moi que cette maison n'a pas la meilleure réputation concernant son passé. Je ne suis pas certain que votre père vous conseille d'afficher vos opinions concernant la pureté du sang à la vue de tous.

- Mais professeur…

- Je vais mettre cela sur le compte d'une envie de paraître rebelle, déclara Severus. En revanche, je ne veux plus entendre ces propos sortir de votre bouche sous peine de vous retrouver en retenue pour le reste du trimestre est-ce clair ? Ce sont des mots qui pourraient gâcher votre vie.

Et Severus en savait quelque chose… Dans ce genre de moment, il maudissait ce rôle de double espion. Particulièrement parce qu'il aurait aimé ajouter que ces propos étaient stupides et que la pureté du sang n'était qu'une invention grotesque. Mais il n'était pas suicidaire. Un jour, le Mage noir reviendrait. Un jour, il devrait assurer une couverture. Un jour, Drago Malefoy serait impliqué dans cette guerre, au côté de son père.

C'était d'ailleurs pour cela qu'il préservait un peu le garçon et la majorité de ses serpents. Ses élèves seraient un jour embarqués dans des choses sombres sans même qu'il n'ait le choix. Les serpents n'avaient pas le courage des lions et la plupart suivraient leur famille.

Le blond hocha la tête docilement de la même façon que l'avait fait Potter quelques heures plus tôt. Quittant la salle commune des Serpentard tout en rappelant à voix haute aux élèves de ne pas veiller trop tard, Severus s'attarda sur le comportement étrange qu'avait eu le Survivant.

Le gamin était-il malade ? Il était pâle comme un linge et ses propos incohérents avaient laissé penser qu'une fièvre le faisait délirer. Peu importe ! Potter n'était pas un élève de sa maison. Minerva saurait voir si quelque chose clochait chez Potter et sinon, l'enfant saurait trouver un adulte pour se plaindre.

Mais cette pensée qui rassurait habituellement facilement tant Severus sonnait terriblement faux.

 

Partie 1 - Chapitre 14 by Isabelle Pearl
Author's Notes:

Toutes les lignes de dialogues suivies d'un astérique sont tirées de Harry Potter et la Chambre des Secrets, et sont la propriété de J. K. Rowling / Warner Bros.

L’automne arriva sur le château sans prévenir et le froid surpris tout le monde. La plupart des élèves tombèrent malades en ce mois d’Octobre et une queue s’étendait devant l’infirmerie afin que les garnements qui tombent malades au premier coup de froid puissent prendre de la pimentine. Bien sûr, Severus avait été appelé au pas de charge afin d’aider Pomfresh dans ses réserves. 

Si seulement les directeurs de maison avaient été aussi précautionneux que lui, la moitié des élèves n’auraient pas eu les oreilles qui fument. Il avait expressément ordonné à ses préfets de veiller sur les plus jeunes afin qu’ils pensent à bien se couvrir.

Que ce soit pour des larmes ou un rhume, un Serpentard qui renifle ne faisait jamais bonne allure. On laissait le manque de grâce et d’élégance aux Gryffondor et aux Poufsouffle. 

La pluie torrentielle martelait les vitres du château et le maître des potions fut ravi de rester dans ses cachots bien à l’abri. L’humidité se faisait cependant sentir et il dut redoubler de sortilèges pour que ses serpents se sentent à leur aise. Manquerait plus de recevoir une masse de courriers scandalisés par ses… anciens camarades de combat se plaignant que leur progéniture avait froid. 

Ce mauvais temps était en phase avec le moral de Severus Rogue. Maussade, morne et gris. Ainsi, il affichait une mine mécontente et ne laissait rien passer auprès des élèves. Et plus Halloween arrivait, moins sa patience était solide. Une semaine avant la date fatidique de la fête des morts, douce ironie, Severus avait déjà fait pleurer une cinquième année de Serdaigle ainsi qu’un premier année de Poufsouffle. La force mentale était quelque chose qui se perdait…

S’installant à la table des professeurs, le maître des potions observa la Grande Salle. Halloween était la pire journée de l’année, surpassant Noël. Les Serpentard faisaient un peu trop de chahut à son goût mais ce n’était rien en comparaison avec les Gryffondor qui hurlaient littéralement de rire. Chaque année, Severus se demandait comment cela pouvait être possible de réussir à faire autant de boucan.

Manifestement, les jumeaux Weasley faisaient encore du grabuge et leur victime n’était autre que leur grand frère. Les décibels baissèrent légèrement - mais pas assez pour calmer la migraine qui pointait son nez - lorsque Minerva  courra vers eux afin de leur faire ranger leurs feux d’artifices en forme de citrouilles géantes.

Potter souriait, ses épaules se soulevant au rythme de son rire discret en comparaison au benjamin des Weasley qui était écroulé de rire sur sa table. 

- Ils vont me rendre dingue, se plaignit Minerva en revenant les joues rouges de colère. 

Severus ne releva pas, se contentant de manger ses œufs brouillés et maudissant le bruit que les élèves faisaient dès le matin. L’heure tourna rapidement et les étudiants commencèrent à se rendre à leurs différents cours. 

Severus ne put s’empêcher de constater encore une fois que Potter avait un appétit de moineau. Sous la pression du regard de Severus, le garçon leva la tête de son assiette. Ses yeux ne semblaient jamais avoir été aussi verts. Peut-être était-ce cet anniversaire funèbre qui éveillait des sentiments étranges. Toujours est-il que le sourire timide du gamin détabilisa totalement le maître des potions. Pourquoi fallait-il qu’il ressemble autant à Lily à cet instant ? La journée allait être longue…

.


Les minutes passaient à la lenteur d’un escargot. Severus aurait pu profiter de son samedi pour travailler sur ses prochains cours mais cela était impossible. Les élèves étaient de plus en plus surexcités de voir le festin arriver et on lui avait demandé de faire régulièrement des rondes dans le château. 

Severus dû retirer dix points à Serdaigle lorsqu’il aperçut deux élèves de septième année s’embrasser sans aucune pudeur derrière une tapisserie. Voilà pourquoi il détestait les ambiances de fête. Les jeunes ne pouvaient s’empêcher de parader et trouvaient visiblement l’occasion idéale de laisser s’exprimer leurs hormones bouillonnantes. 

Arrivé au dîner, Severus lâcha tout son venin sans se priver.

- Ils ne savent pas se tenir et si même les Serdaigle s’y mettent, grinça-t-il entre ses dents alors qu’il se servait une part de tarte au potiron le soir du festin. 

- C’est un moment idéal pour les élèves de relâcher la pression, déclara Dumbledore à ses côtés. 

- Quelle pression ? répliqua-t-il. Ils sont en classe depuis seulement deux mois ! 

Où était donc Potter ? se demanda par la même occasion Severus en jetant un coup d'œil à la table des Gryffondor. Le gamin et ses amis n’avaient toujours pas pointé leur nez et Severus avait un très mauvais sentiment. Un an plus tôt, le trio infernal avait trouvé le moyen de se trouver nez-à-nez avec un troll des montagnes. Qu’allaient-il réserver comme surprise pour cette année ? 

- Je sais que cette date ne vous rappelle pas que des bons souvenirs Severus, dit Dumbledore d’une voix basse. 

Oh non, il n’allait certainement pas parler de cela maintenant ! Le maître des potions jeta un regard menaçant au directeur et pour une fois, l’homme ne chercha pas à provoquer une conversation au sujet de Lily. Au contraire, il se tourna vers Minerva et engagea la conversation concernant les feux d’artifices des jumeaux Weasley. 

Severus soupira imperceptiblement de soulagement. Lily était décédée le soir d’Halloween et chaque année, à la même date, Severus se rendait compte à quel point il n’avait toujours pas fait son deuil. Toujours vive, la douleur lui enserrait la poitrine au point de suffoquer. Seule sa maîtrise pour l’Occlumencie lui permettait de garder une certaine prestance. Mais la culpabilité, la colère contre lui-même et le dégoût le rongeaient. Sans crier garde,  de cette nuit où il avait entendu et rapporté la prophétie au Seigneur des Ténèbres lui martelait le crâne dès qu’il réfléchissait un peu trop. S’il pouvait remonter le temps, il aurait lancé un sortilège à ce Severus jeune et arrogant afin de lui broyer les jambes et l’empêcher de commettre cet acte irréparable. 

L’ancien mangemort s’enferma dans un voile aussi noir que ses robes et quand le repas toucha à sa fin, il prit le temps pour quitter la Grande Salle. 

.

Severus sentit la lourdeur de l’air avant d’entendre les cris de Rusard. L’homme poussait des hurlements au point où il pressa le pas, suivant la majorité de ses collègues tout aussi inquiets. Seul Dumbledore semblait conserver un calme olympien.

Une foule était agglutinée dans le couloir. Quelque chose brillait sur le mur. Tracée en grosses lettres rouges, une inscription scintillait à la lueur des torches : 

LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L’HERITIER, PRENEZ GARDE. 

Son cœur tomba comme une pierre dans son estomac. Ce n’était pas possible. Cela ne pouvait être qu’une mauvaise blague. Mais ce qu’il vit en s’approchant un peu plus près tua dans l'œuf la théorie d’une mauvaise farce. Sous l’inscription gisait la chatte de Rusard. Voilà d’où venait la raison de ses hurlements. Dumbledore retira délicatement le chat tandis que Rusard, entre plusieurs sanglots, accusait - Severus suivit le doigt que pointait le concierge - Potter. Pour l’amour de Merlin, ce gamin allait-il passer une année sans être au milieu des problèmes ?!

Potter fixait le concierge avec crainte. Pâle et tremblant, le garçon semblait en proie à une angoisse palpable. 

- Argus s’il vous plaît ! coupa le directeur après que Rusard eut accusé à nouveau sur Potter. Suivez moi, ainsi que vous, Mr Potter, Mr Weasley et Miss Granger. 

Lockhart s’empressa de s’approcher, bousculant Severus par la même occasion. 

- Mon bureau est juste à côté, Monsieur le Directeur. Si vous souhaitez l’utiliser…

- Merci Gilderoy.

Quelle lèche botte, pensa Severus. On disait des Serpentard mais les Serdaigle n’étaient pas mal dans le genre… 

Sans hésiter un instant, Severus suivit Dumbledore et Minerva, la curiosité s’animant en lui. Dumbledore posa la chatte sur le bureau et tandis que Gilderoy Lockhart bavait des inepties sur la mort de l’animal, Severus observa Potter et ses amis. 

Weasley grimaçait comme s’il regrettait de ne pas s’être enfuis à temps, Miss Granger se mordait les lèvres dans une mimique inquiète et Potter était plus pâle que jamais. Il fixait Rusard avec tristesse. Était-ce un aveu de culpabilité ? Mais par quel moyen Potter aurait pu faire cet acte ? Cependant tout laissait à croire que le trio avait quelque chose à voir avec cette affaire.

- Elle n’est pas morte Argus*, dit finalement Dumbledore coupant court à la tirade de Lockhart que Severus assimilait de plus en plus à un imposteur, elle a été pétrifiée*.

- C’est bien ce que je pensais*, dit Lockhart.

Cet homme allait-il finir par la boucler ? 

- Mais de quelle manière, je l’ignore*, ajouta Dumbledore avec humilité.

- C’est à lui qu’il faut demander* ! hurla Rusard en pointant du doigt Potter. Vous avez vu ce qu’il a écrit sur le mur !*

- Aucun élève de deuxième année ne peut être capable de lancer ce genre de sortilège*, dit doucement le directeur. 

- Je vous dis que c’est lui !* insista Rusard, prêt à exploser. Il a vu… dans mon bureau… ce matin… Il sait que je suis un cracmol !* finit-il par dire.

- Ce n’est pas moi monsieur je le jure !* se défendit finalement Potter mal à l’aise. Je n’ai jamais touché à Miss Teigne et je ne sais même pas ce qu’est un cracmol !*

- Menteur ! cria Rusard. Il a vu ma lettre de Vitmagic ! C’est lui, il faut l’arrêter !*

Comment Potter s’était retrouvé dans le bureau du concierge, Severus l’ignorait et il y avait plus urgent. Il jugea que le moment était idéal pour intervenir. On tournait autour du pot et Potter en prenait plein la tête pour pas un rond.

- Si je peux me permettre Monsieur le directeur, je pense que Potter et ses amis se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment.*

Potter semblait avoir avalé un souaffle de travers tant ses yeux étaient écarquillés. De toute évidence, la prestance était quelque chose qui lui échappait. 

- Cependant, il ne me semble pas avoir vu Potter et ses amis au dîner, ajouta-t-il. Comment expliquez-vous cela ?*

Le trio raconta alors une histoire abracadabrante sur une invitation qu’ils avaient reçu de la part du fantôme de Gryffondor pour fêter son anniversaire de mort. 

Potter savait-il que cette date était aussi celle du décès de ses parents ? Visiblement non. Le gamin ne se comportait pas différement des autres jours. Non pas que Severus s’attendait à quoique ce soit. 

- Et pourquoi n’êtes-vous pas retourné dans la Grande Salle après cette fête ? demanda-t-il d’une voix veloutée. Que faisiez-vous dans ce couloir ?*

Weasley et Granger se tournèrent vers Potter. De toute évidence, quelque chose s’était passé.

- Parce que… Parce que…*, balbutia le garçon.

Le gamin était en proie à un dilemme. Il ancra son regard dans le sien comme s’il cherchait là la réponse à toutes ses questions. Severus n’eut malheureusement pas le temps de lire dans ses pensées. 

- Parce que nous étions fatigués et que nous voulions aller nous coucher*. 

- Sans avoir mangé ? Les fantômes servent-ils de la nourriture pour les vivants désormais ?* demanda Severus, poussant le gamin dans ses retranchements.

Mais Weasley vint au secours de Potter.

- Nous n’avions pas faim*, répondit-il alors que Severus pouvait entendre le ventre du garçon gargouiller.  

Potter mentait. Quelque chose s’était produit et Severus voulait savoir de quoi il en retournait. 

- De toute évidence, ils ne nous disent pas la vérité, dit lentement le maître des potions. Je suppose qu’une punition à la hauteur de vos mensonges pourrait vous délier la langue ? Monsieur le directeur, je pense que Potter ne devrait plus avoir le droit de jouer au Quidditch avant que…*

- Et en quel honneur Severus ?* demanda sèchement Minerva.

Il avait oublié que la directrice des lions était présente. C’était pourtant le seul moyen de faire avouer Potter et ses amis. Il suffisait de voir à quel point son regard brillait dès qu’il se dirigeait vers le terrain de Quidditch ou qu’une conversation tournait autour de ce sport. 

Bien sûr, Severus se doutait que Potter et ses amis ne pouvaient pétrifier un animal mais il devait comprendre ce qui avait pu les mener droit devant cette scène de crime. Les enfants devaient parler et il en allait de leur sécurité. Et puis oui, Severus n’avourait jamais même sous la torture, mais quitte à punir le gamin, autant que ce soit profitable pour Serpentard. Il avait encore reçu une lettre le matin même concernant le prochain match.

- Il n’a pas pétrifié ce chat à coup de balais à ce que je sache ! Et nous n’avons aucune preuve de sa culpabilité,* ajouta-t-elle.

Le directeur de Serpentard se tourna vers Dumbledore. Il fixait Potter avec intensité et seul Severus savait pertinemment ce que l’homme était en train de faire.

- Innocent tant qu’on n’a pas prouvé qu’il est coupable*, dit-il finalement. 

- Ma chatte a été pétrifiée* ! protesta Rusard. 

- Ne vous inquiétez pas, répondit Dumbledore d’une voix douce. Nous parviendrons à la guérir grâce aux plants de Mandragores que Mrs Chourave a réussi à obtenir. Dès qu’ils auront atteint la maturité, nous pourrons nous en servir pour préparer une potion qui ramènera Miss Teigne à la vie*.

- Je m’en chargerai Monsieur le directeur ! intervint Lockhart. Après tout, je l’ai fait tellement de fois…*

C’en était trop. Cet homme était imbuvable.

- Pardon mais il me semble que le maître des potions,ici, c’est moi*. 

Un silence gêné s’installa et Severus savoura l’instant.

- Vous pouvez partir*, lança Dumbledore au trio.

Les gamins détalèrent plus vite que leur ombre. 

- Albus, qu’est-ce que cela signifie ? demanda finalement Minerva.

Le directeur se mit à faire les cents pas, en proie à une réflexion.

- Je ne crois pas à la supercherie, dit finalement Dumbledore. Cependant, il est inutile de faire paniquer l’ensemble de la communauté sorcière à ce stade. Je pense que nous devons rester attentifs et précautionneux. Severus, ajouta-t-il en se tournant avec gravité vers le maître des potions, je pense qu’il serait sage de garder un œil sur Harry.

Severus s’apprêtait à contester mais il ravala ses mots à la dernière seconde. Il voulait savoir ce que Potter cachait et il allait saisir cette opportunité que Dumbledore lui offrait sur un plateau d’argent. 


oOo


Installé dans son lit, le regard dans le vide, Harry avait fui les conversations enivrées et surexcitées de la salle commune de Gryffondor. Ron et Hermione lui avaient assuré qu’il avait bien fait de ne pas dire pour la voix qu’il entendait.

Avant l’attaque, la même sensation oppressante s’était emparée de lui lorsque cette voix à glacer le sang était apparue. Elle se déplaçait. Cela ne pouvait pas être le résultat d’une hallucination, il en était sûr.

Harry soupira, au moins Ron et Hermione le croyaient. Cette soirée était catastrophique. Cette journée était catastrophique. Entre l’entraînement de Quidditch sous la pluie glaciale, la visite chez Rusard après avoir été pris la main dans le sac à mettre de la boue sur le sol et la lettre qu’il avait aperçut malencontreusement et qui le conduisait à être suspecté d’un crime qu’il n’avait pas commis, Harry accusa le coup. 

Dumbledore semblait le croire. 

Rogue également.

Harry en était sûr. Simplement, l’homme avait tenté de les piéger. Certainement juste pour avoir le plaisir de l’humilier, Harry ne voyait pas d’autres solutions. 

Mais qui pouvait bien avoir commis cet acte ? Harry et Ron avaient leur petite théorie… Drago Malefoy affirmait ses idées sur les Sang-Purs à qui voulaient l’entendre et n’hésitait pas à rabaisser tous ceux qui n’étaient pas de ces grandes familles. Hermione était un peu plus sur la réserve.

- Oh tu es là ! lança Ron en entrant dans la pièce, Croûtard tentant de s’échapper de sa poche. Fred et Georges nous ont apporté des sandwichs, tu en veux ? proposa son ami en tendant un petit sandwich au jambon.

- Pas faim, répondit Harry. C’est quoi un cracmol ? 

- Un sorcier qui ne peut pas avoir de pouvoir magique, expliqua-t-il en enfournant un sandwich entier dans sa bouche. Un peu comme les enfants sorciers nées de parents moldus mais de façon inverse. 

Un ricanement moqueur s’échappa des lèvres du roux.

- Ce n’est pas très gentil mais ça explique bien des choses, dit-il. On comprend pourquoi Rusard est aussi aigri maintenant. T’es sûr que tu ne veux pas descendre ? On a essayé d’amuser Ginny toute la soirée mais elle est très bouleversée par l’attaque. Elle a toujours aimé les chats. Si son idole vient la consoler, ça ira sûrement mieux. 

- Arrête tes bêtises ! s’agaça Harry.

Il détestait sa célébrité. Ginny était gentille, bien qu’Harry n’ait jamais réellement pu échanger avec elle, mais elle ne savait rien de lui. Surtout, il n’aurait jamais su comment la consoler quand lui-même se posait tout un tas de questions. 

- Tu n’as qu’à demander à Hermione, je suis certaine qu’elle est plus forte pour ce genre de choses, ajouta-t-il avant de se lever pour se mettre en pyjama.

- Tu parles ! Elle a fui dans son dortoir peu après toi disant qu’il fallait qu’elle lise quelque chose d’important. Elle avait cette lueur inquiétante dans les yeux, tu sais, quand elle devient complètement envahie par un sujet que le commun de mortel trouve ennuyeux à mourir.

Harry éclata de rire face à cette description. Il décida de ne plus penser à la voix pour ce soir. Il aurait bien le temps de s’en inquiéter plus tard…

.


Il fallut plusieurs jours avant qu’Hermione ne daigne sortir la tête de ses livres. Elle passait le plus clair de son temps à la bibliothèque au point où Harry s’inquiéta même de savoir si elle pensait au moins à manger.

- Ça te va bien de me demander ça, dit-elle sèchement. Tu n’as encore rien touché à ton petit déjeuner.

- Je me rattraperai ce midi, répliqua Harry, j’espère qu’il y aura de la tarte à la mélasse ! 

- Ce n’est pas ça qui t’apportera tous les nutriments dont tu as besoin ! 

- Oh Hermione ! soupira Harry - que lui avait-il pris de s’inquiéter sur le régime alimentaire de son amie ? Puisque c’est comme ça je ne dirai plus rien, se vexa-t-il.

- Bon, qu’est-ce que tu voulais nous dire ? demanda finalement Ron pour couper court à la discussion. 

- Est-ce que vous vous souvenez du cours de Binns lorsqu’il nous a expliqué pour la chambre des secrets ? 

- Bah évidemment, c’était la première fois qu’on pouvait entendre une mouche voler tellement tout le monde était attentif ! 

Harry sourit à ce souvenir. Les quatre fondateurs, la dispute avec Salazar Serpentard et sa vengeance fourbe de cacher un monstre dans la chambre des secrets pour que son héritier termine le travail. Evidemment, cela avait renforcé leur soupçon sur Drago Malefoy.

- J’ai trouvé un moyen de débusquer l’héritier de Serpentard, dit-elle à voix basse. Je vous en parle à la fin du cours, ajouta-t-elle lorsqu’ils arrivèrent près de la porte de la salle de classe.

- Non mais Hermione ! grinça Ron. Tu ne peux pas nous vendre un truc comme ça et ne pas terminer tes explications ! 

- Mr Weasley ça sera cinq points de moins pour ne pas savoir vous comporter convenablement dans une salle de classe, siffla la voix onctueusement dangereuse de Rogue. Nous ne sommes pas dans un zoo et je ne donne pas cours à des babouins. Maintenant ouvrez vos livres à la page… 394.

Tout au long de la leçon, Harry sentit le regard brûlant du professeur sur lui. Il resta concentré sur son travail mais cela ne l’empêcha pas d’oublier plusieurs fois des éléments importants dans sa préparation de philtre de confusion. Heureusement, Hermione aida Harry et sa potion eut la couleur attendue à la fin de l’heure. 

- Est-ce qu’on t’a déjà dit que tu étais une génie Hermione ? demanda Ron tandis qu’ils se rendaient au déjeuner. Sans toi, Neville, Harry et moi n’aurions pas pu rendre une potion convenable.

- Et autant vous dire que c’est plutôt rassurant pour ce qu’on s’apprête à faire. Suivez-moi ! ajouta-t-elle en se dirigeant vers une salle de classe abandonnée.

- Mais…

Harry fit un geste à Ron qui semblait dépité de retarder son déjeuner. Une fois la porte fermée, Hermione se tourna vers eux et s’installa sur une des tables. De la poussière vola autour d’eux et Ron fut pris d’une quinte de toux.

- Je n’avais pas prévu de manger de la poussière pour le déjeuner, râla-t-il.

- Est-ce que tu veux savoir mon plan oui ou non ? répliqua-t-elle d’une voix autoritaire. 

Ron eut l’intelligence de se taire. Après une année passée auprès d’Hermione, il avait appris à ne pas la pousser trop loin… Du moins la plupart du temps. 

- On t’écoute Hermione, ajouta Harry pour encourager son amie qui se radoucit immédiatement.

- Alors voilà, il y a fort à parier que l’héritier de Serpentard se trouve chez les serpents. Nous avons tous des doutes sur Malefoy et le meilleur moyen de lui sortir les vers du nez c’est de s’infiltrer chez eux.

- Avec la cape d’invisibilité ? demanda Ron qui tentait visiblement de faire bonne figure devant Hermione.

- Non Ron, pas avec la cape d’invisibilité, soupira Hermione un brin agacée. Il faut le faire parler. On va tout simplement se transformer en élève de Serpentard ! 

Ses yeux brillaient de joie mais ni Ron ni Harry ne semblaient convaincus.

- Comment faire ? demandèrent-t-ils d’une même voix.

- C’est là que mes compétences en potions vont entrer en jeu, répondit-elle en se penchant pour fouiller dans son sac et en sortir un énorme grimoire. Approchez ! 

Hermione tournait les pages tandis que les garçons s’installaient à ses côtés. Harry plissa les yeux pour lire le titre sur la page racornie.

- Polynectar, lut-il à voix haute. C’est une potion de transformation ? 

- Exactement, on se transformera en élèves de Serpentard. Le professeur Rogue en a parlé au début de l’année. J’ai déjà tout lu dessus. Cela va être compliqué mais je suis certaine de pouvoir y arriver. En revanche, je vais avoir besoin de vous pour les ingrédients à attraper.

Harry voyait bien que par “attraper”, Hermione voulait surtout dire “voler”. La complexité de la potion donna des sueurs froides à Harry. Mais Hermione allait y arriver, elle était la meilleure. Ils avaient besoin de connaître l'identité de l’héritier de Serpentard. C’était indispensable. Et il était quasiment sûr que Malefoy était le coupable. 

- On se fera passer pour Crabbe et Goyle, dit simplement Harry qui commençait à comprendre le plan.

- Exactement et je trouverai une fille à qui je peux piquer l’apparence.

- Pas Pansy Parkinson par pitié, grimaça Ron.

- Ce serait le plus logique, elle colle Malefoy comme une moule à son rocher. 

Ron ricana et Harry pencha sa tête sur la liste des ingrédients dans un sourire quand un élément le choqua.

- Mais Hermione, il est écrit qu’il faut un mois pour brasser la potion ! 

- Je le sais Harry, dit-elle dépitée, mais c’est le seul plan que nous ayons.

- Espérons alors qu’il n’y ait pas d’autres attaques d’ici là, soupira Ron qui ne rigolait plus du tout. Quand est-ce qu’on commence ? 

Hermione avait déjà réuni la plupart des ingrédients mais il manquait encore la branchiflore et  l’essence de murlap. Le plus rapide étant d’aller piocher directement dans la laboratoire de Rogue. Harry ressentit une pointe de culpabilité qu’il chassa immédiatement. Pourquoi se sentirait-il coupable ? En guise de réponse, l’ombre de sa mère plana autour de lui mais il préféra l’ignorer.

- Au fait Hermione, comment as-tu eu le bouquin ? demanda-t-il.

- Oh et bien…

Hermione avait soudainement rougi jusqu’à la racine des cheveux. Visiblement, elle ne souhaitait pas trop en parler mais sous le regard insistant de ses amis, elle capitula.

- Je suis allée flatter Lockhart pour qu’il me donne ce livre… 

- Ma parole Hermione ! Une vraie technique de Serpentard ! s’exclama Ron avant de rire à nouveau.

Hermione se détendit et sourit en retour avant de se mettre à marcher vers la sortie au plus grand plaisir de Harry qui sentait son estomac gargouiller.

- C’est important, dit-elle, et il aime beaucoup parler de lui. C’est très intéressant ! 

- Oh arrête Hermione ! soupira Ron d’un air dramatique. 

- Et puis d’ailleurs, le choixpeau a hésité avec Serdaigle, pas Serpentard ! ajouta-t-elle comme s’il était important de le préciser.

- Mais je sais Hermione, c’était juste pour te taquiner ! Je sais bien que tu n’as rien d’une Serpentard. C’était même très intelligent ! Un truc de Serdaigle quoi ! 

Harry n’avait plus du tout faim. Il repensait à sa répartition. Le choixpeau avait longuement réfléchi et contrairement à Ron et Hermione, il avait hésité à placer Harry à Serpentard. C’est seulement parce qu’il l’avait supplié de ne pas l’envoyer là-bas qu’il avait finalement été envoyé à Gryffondor. 

Qu’aurait-été sa vie à Serpentard ? Est-ce que malgré leur bonne entente dans le train, Ron serait resté ami avec lui ? Comment aurait-il fait dans le dortoir de Drago qui lui avait tant rappelé Dudley ce jour chez Madame Guipure ? Et surtout, comment aurait-il fait avec Severus Rogue comme directeur de maison ? Harry s’étrangla rien qu’à cette pensée et savoura encore plus sa présence chez les lions. Sa vie aurait été un enfer à Serpentard. 

- Puis-je savoir ce que vous faites dans les couloirs au lieu d’être au déjeuner comme tout le monde ? lança une voix veloutée que Harry aurait pu reconnaître entre mille.

Le trio se figea et se retourna lentement pour faire face à un Rogue extrêmement suspicieux. Machinalement, Harry baissa les yeux. 

- Nous nous rendions au déjeuner, répondit Ron. 

- Faites attention à ne pas traîner dans les couloirs, susurra Rogue. Il serait dommageable de vous trouver encore au mauvais endroit au mauvais moment. 

Harry planta son regard dans celui du professeur de potions. L’homme haussa un sourcil, attendant que Harry s'exécute. Il frissonna à nouveau en se figurant le professeur Rogue en tant que directeur de sa maison. Est-ce qu’il aurait eu un traitement de faveur comme tous les autres élèves de Serpentard ou sa haine aurait pris le dessus ? 

En arrivant dans la grande salle et alors que les délicieuses odeurs de nourritures ravivaient sa faim, Harry mit de côté toutes ses questions. Après tout, Rogue aurait sûrement été égal à lui-même. Peut-être un peu moins injuste. 

Jetant un regard au maître des potions, le souvenir des cours d’été se rappelèrent à lui. Plus particulièrement les “leçons” que le professeur lui avait donné lors des dernières semaines. Severus Rogue s’était montré dur et impitoyable. Pourtant, Harry avait réussi à former un bouclier. 

Alors certes, l’homme n’était pas sympathique avec lui mais Harry n’en demandait pas tant. Severus Rogue lui avait appris quelque chose après lui avoir sauvé la vie. 

Harry réalisa alors à quel point le professeur avait été bon avec lui. Une chaleur agréable se logea dans son ventre. C’était plaisant de savoir qu’un adulte puisse lui accorder de l’importance autrement que parce qu’il était le Survivant. 

- Est-ce que tu veux des pommes de terre  ? demanda Neville.

 

Sortant de ses pensées, Harry opina du chef dans un sourire. Finalement, il avait une faim de loup. 

 

Partie 1 - Chapitre 15 by Isabelle Pearl

Severus Rogue referma la porte de son bureau dans un soupir irrité. C'était la troisième fois en ce début de mois de novembre que des élèves de sa maison venaient se plaindre du professeur de Défense contre les forces du mal. Il avait déjà eu vent des catastrophes que les élèves des différentes années avaient subi les deux premiers mois. Désormais, Lockhart avait décidé de ne plus donner de cours pratiques et de se concentrer sur la théorie.

Outre le fait que Severus trouvait cela dommageable, il avait au moins espéré que le contenu soit solide. Malheureusement, ses serpents s'ennuyaient fermement et le lui faisaient savoir. A cela s'ajoutait les parents de ses élèves… Pour les fils Malefoy, Macnair ou encore Crabbe et Goyle, les parents portaient un intérêt particulier pour cette matière et il était indispensable que Severus les rassure à ce sujet - bien que pour les deux derniers, c'était surtout des effets néfastes de la consanguinité sur lequel il fallait se pencher.

Malheureusement, plus les jours passaient, plus Severus trouvait que Lockhart était un incompétent notoire. Et les évènements qui arrivèrent les jours suivants, ne purent que confirmer ses soupçons quant au supposé génie de Lockhart…

Les relations entre Serpentard étaient ce qu'il y avait de plus important, après la pureté du sang. Lorsque Lucius Malefoy se pointa au château afin d'admirer son fils pour le match de Quidditch, Severus ne put que mettre les petits plats dans les grands. D'abord parce qu'il était un ancien collègue et qu'il devait assurer son rôle d'espion jusqu'au jour où le Seigneur des Ténèbres reviendrait au pouvoir. Ensuite parce que, au-delà des idées arriérés de Malefoy, l'homme avait fait un merveilleux cadeau à la maison Serpentard à savoir acheter des Nimbus 2001 à toute l'équipe de Quidditch.

Les Serpentard ne pouvaient compter que les uns sur les autres. La plupart du temps. Le réseau était indispensable pour s'en sortir car hormis les personnages comme Dumbledore ou les parents de Puffett, beaucoup de sorciers avaient des préjugés sur les élèves sortant de cette maison. Fort heureusement, de nombreux membres de l'élite sorcière avaient fait leurs classes dans la maison du noble Salazar.

Lucius Malefoy était issu d'une puissante famille avec un poids politique indéniable. Seul un idiot aurait refusé d'être dans les bonnes grâces de cet homme.

Ainsi, après un déjeuner en bonne et due forme avec Malefoy père, Severus se rendit au stade de Quidditch avec son compagnon du jour.

- Potter est-il toujours l'attrapeur de Gryffondor ? demanda l'homme l'air de rien.

- J'ai tout fait pour que ce gamin arrogant en soit privé mais cela n'a pas fonctionné, expliqua Severus. Vous savez comme il peut être protégé.

L'attaque sur Miss Teigne avait été un coup de poker à tenter. Pour l'avoir plus ou moins suggéré à Severus, Lucius Malefoy aurait été enchanté de savoir Potter suspendu de Quidditch. Le maître des potions avait hésité à lui dire de simplement croire en Drago pour vaincre Potter sur le terrain de Quidditch mais on ne répondait pas ainsi à un Malefoy.

- Et bien, il ne reste plus qu'à faire confiance à Drago et les merveilleux Nimbus 2001, déclara Malefoy père.

Severus hocha la tête, cachant son inquiétude. Potter était bien plus doué que Drago et son père allait certainement mal le vivre. Seul un énorme coup de chance pouvait faire gagner le petit blond.

Les deux hommes s'installèrent dans la tribune réservée aux professeurs après un passage rapide dans les vestiaires afin d'encourager son équipe. Le maître des potions grimaça lorsqu'il vit l'assurance excessive de ses élèves. Trop de confiance ne donnait jamais rien de bon.

La foule commençait à arriver et un joyeux brouhaha s'éleva dans les airs. Enfin, quand les deux équipes entrèrent sur le terrain, la foule explosa en même temps que la pluie.

Depuis la tribune, la différence d’ambiance entre les deux équipes était palpable. Alors que les Serpentard affichaient un sourire certain et mettaient en évidence leurs nouveaux balais, les membres de Gryffondor avaient le visage fermé. Severus accrocha son regard sur Potter.

Le garçon était pâle comme un linge. Avait-il suffisamment mangé ce matin ? Lui qui picorait si souvent dans son assiette comme si cela était un supplice. Il paraissait si petit à côté des autres élèves... Severus observa Potter s'envoler. Ses petits poignets tenaient fermement le manche et il prit de la hauteur à une vitesse vertigineuse.

Par Merlin, Lily en aurait fait une crise cardiaque ! Elle qui n'aimait pas la hauteur, elle aurait eu des sueurs froides de voir son fils enchaîner les cabrioles à trente mètres du sol surtout quand le fils en question avait failli chuter violemment un an plus tôt à cause d'un professeur qui hébergeait le Seigneur des Ténèbres à l'arrière de son crâne.

Est-ce que Lily serait venue voir son fils comme le faisait actuellement Lucius Malefoy ?

Nul doute qu'elle aurait hurlé à son enfant de faire attention au cognard qui arrivait droit sur lui. La voix de Lily aurait supplanté celle de la foule qui criait de soulagement en voyant le gamin s'échapper de justesse.

Serpentard marquait un nouveau but et Severus entendit à peine Lucius Malefoy qui se vantait des balais de l'équipe. Sa concentration était tournée vers Potter qui fonçait à toute vitesse pour échapper au cognard qui s'acharnait à nouveau sur lui.

Ce n'était pas normal.

L'enfant fonçait dans les airs aussi vite qu'il le pouvait et le cœur de Severus rata un battement lorsque Potter vira subitement à quatre-vingt-dix degrés.

- Potter semble avoir un problème, déclara inutilement Malefoy dans un sourire satisfait.

- Potter a toujours un problème, grinça Severus.

Le cognard continuait de poursuivre le gamin. Pas besoin d'être Merlin pour comprendre que l'objet avait été ensorcelé. Qui avait fait ça ? Comment ? Pourquoi ?!

Une peur que Severus jugea irrationnelle s'agita dans ses veines comme un vers dans une pomme.

Le capitaine de Gryffondor demanda un temps mort. Tout le monde avait compris de quoi il en retournait. Les professeurs parlaient à toute vitesse dans les gradins.

- Cela va encore être pour nous, marmonna Malefoy à l'oreille de Severus. Mais nous n'avons rien à voir avec ce cognard, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que non ! Un élève ne serait pas capable de faire une telle chose.

- Pourvu que Drago attrape rapidement le vif d'or.

Severus ne répondit rien, balayant le stade du regard afin de trouver qui avait ensorcelé ce cognard. A vrai dire, il espérait surtout que Potter ne se fasse pas exploser le crâne par la balle. Pour Lily. Bien évidemment, rien que pour Lily. Il n'y avait aucune autre raison valable qu'il soit si inquiet.

Le match reprit et Potter semblait déterminé à attraper le vif d'or. La pluie se mit à tomber à grosses gouttes et l'ambiance se fit soudainement bien plus intense. Le cognard reprit son objectif de détruire Potter. Le gamin s'éleva encore plus haut dans les airs et Severus sortit discrètement sa baguette, prêt à amortir une chute de plus de 50 mètres.

Le voilà maintenant qui enchaînait les cabrioles ! Voulait-il sa mort ? Ce gamin avait-il une notion du danger ? La foule rigolait et le cognard frôla la tête du gamin.

Severus était à deux doigts de se lever pour faire arrêter le match tant cela devenait ridiculement dangereux. Jetant un coup d'œil à Dumbledore, l'homme semblait beaucoup s'amuser et ne semblait pas juger l'importance d'arrêter le match pour arrêter ce cognard fou.

Une rage sourde bouillonnait en lui. Drago Malefoy ne semblait pas non plus prêt à attraper le vif d'or puisque cet idiot rigolait à gorge déployée tout en discutant avec Potter.

- Derrière toi Drago! cria Malefoy sénior.

Le vif d'or était effectivement derrière le blond mais celui-ci semblait trop occupé à échanger avec Potter dans un sourire narquois. Quel abruti de gosse pourri gâté.

Potter semblait bien avoir remarqué la petite balle dorée mais resta planté sur son balais une seconde de trop. L'estomac de Severus se tordit lorsqu'il vit le cognard atteindre de plein fouet le bras de Potter. Le gamin grimaçait et paraissait étourdi par la douleur.

Le cognard attaquait une seconde fois, droit vers le visage du Survivant. Et bien… Ce ne serait qu'un séjour de plus à l'infirmerie, se rassura Severus avec philosophie.

Mais à sa grande surprise et un brin impressionné, il vit Potter se redresser pour foncer droit vers Malefoy qui n'avait toujours pas compris que le vif d'or était à ses côtés. En un instant, Potter avait attrapé la petite balle.

La foule explosa de joie. Malefoy sénior pesta et Severus laissa échapper un soupir. Cela passait sans nul doute pour de la frustration mais Severus était juste soulagé bien qu'un peu inquiet de l'intérêt qu'il avait eu pour la vie de Potter.

Ce n'était pourtant pas terminé, le gamin avait chuté et était étendu dans la boue, visiblement inconscient.

- J'y vais ! cria Lockhart en bousculant Filius Flitwick qui couina, outré.

- Cet enfant fait visiblement tout pour se rendre intéressant, siffla Malefoy avec une haine non dissimulée.

Le maître des potions crevait d'envie d'aller empêcher Lockhart de faire n'importe quoi avec Potter. Il était capable de le rendre encore plus mal en point qu'il ne l'était déjà. Mais il fallait faire bonne figure auprès de Malefoy. Un simple regard à Dumbledore qui quittait les gradins lui rappela qu'il était un espion et qu'il devait garder sa couverture le plus longtemps possible.

Il échangea quelques mots avec Malefoy alors qu'il accompagnait l'homme jusqu'aux vestiaires. Oui, son gamin était bien meilleur que Potter. Oui, les dés étaient pipés. Oui, il y avait du favoritisme. Oui, ils mettraient une raclée à Serdaigle et Poufsouffle et la coupe serait à eux. Oui, Malefoy pouvait rester avec son fils aussi longtemps qu'il le voulait afin de le consoler.

Après avoir échangé quelques mots avec l'équipe de Serpentard, leur rappelant qu'ils avaient encore deux matchs pour montrer leur valeur, Severus Rogue quitta le terrain désormais vide.

Sans réfléchir, Severus se dirigea vers l'infirmerie. Naturellement, il ne s'inquiétait pas pour Potter, il voulait juste savoir si Lockhart avait fait correctement son travail. Le gamin avait sûrement le bras cassé mais la starlette pouvait réserver des surprises quant à ses capacités pour les sortilèges…

Devant l'infirmerie, un petit blond de première année attendait devant la porte. Ses yeux étaient rouges et il semblait en proie à un dilemme. Il sursauta lorsqu'il vit Severus.

- Crivey, que faites-vous ici ?

- Je… Je voulais présenter mes excuses à Harry monsieur, bégaya-t-il. Il n'a pas apprécié que je le prenne en photo alors qu'il venait de s'évanouir.

Severus se passa une main sur le visage. En temps normal, il aurait soupiré quelque chose comme le fait que le Survivant faisait des caprices de star mais il n'avait pas la tête à cela.

- Vous pourrez voir Potter demain, il a certainement besoin de se reposer.

- C'est certain monsieur, le professeur Lockhart a retiré tous les os du bras de Harry au lieu de les consolider. Madame Pomfresh ne fait que hurler depuis tout à l'heure…

Severus n'écoutait plus Crivey. Sans réfléchir, il entra en trombe dans l'infirmerie. La foule autour de Potter sursauta. Pomfresh, les joues rouges de colère, tenait dans sa main un flacon que Severus connaissait bien. Poussos. Ainsi cela était vrai. Cet abruti de Lockhart n'avait même pas été capable de réparer un simple bras cassé et avait fait disparaitre l'intégralité des os du bras du gamin ! Son sang ne fit qu'un tour et une colère sourde résonna en lui.

Potter était blanc, à deux doigts de l'évanouissement.

- Tout le monde dehors, dit Severus d'une voix menaçante.

Le groupe s'exécuta à l'exception de Weasley et Granger. Réprimant de justesse un soupir d'exaspération, le maître des potions observa les deux amis.

Pire que les maraudeurs, pensa-t-il.

Ces enfants faisaient tellement bloc que cela pouvait en déstabiliser plus d'un. Mais pas Severus. Il haussa un sourcil. Weasley qui possédait le plus de courage ouvrit la bouche immédiatement.

- Nous souhaitions aider Harry pour…

- Potter a besoin de repos, Mr Weasley. Vous lui rendrez visite dès demain. Maintenant déguerpissez avant que je ne retire dix points à votre maison si vous n'obéissez pas dans la minute.

Weasley rougit de colère et Granger baissa les yeux immédiatement. Ils saluèrent cependant Potter qui avait encore plus pâlit.

Avait-il peur de Severus ? A cette idée, une sensation désagréable se logea dans l'estomac du maître des potions.

- Avez-vous besoin de quelque chose Severus ?

- Le professeur Dumbledore m'a demandé de venir voir s’il était nécessaire que je prépare une quelconque potion, mentit-il sans vergogne.

- Il me reste du poussos, allez Potter !

Elle tendit d'un geste sec le flacon et le gamin-qui-finissait-toujours-à-l'infirmerie attrapa la bouteille d'une main tremblante. Il semblait souffrir le martyr mais il ne savait pas encore ce qui l’attendait cette nuit… Des os qui repoussent étaient une véritable épreuve. Il avala la potion sans rien dire mais toussa plusieurs fois. Severus s'attendait à le voir chougner et refuser de boire le reste. La potion brûlait la gorge et était loin d'avoir un goût agréable. Pourtant, le Gryffondor ne dit rien.

Surpris, Severus continua d'observer Potter et d'écouter Pomfresh qui pestait contre les sports dangereux avant de lancer au gamin un pyjama pour la nuit.

- Si vous voulez bien l'aider, vous avez fait peur à ses amis ! dit-elle à l'adresse de Severus qui leva les yeux au ciel.

Il s'approcha de Potter et saisit le pyjama.

- Je peux me débrouiller tout seul ! se précipita de dire le gamin les joues rouges.

- Très bien, répliqua le maître des potions, amusé de voir comment Potter allait s'en sortir avec un bras en caoutchouc et une potion qui commençait à faire effet.

Il ferma d'un geste sec le rideau pour laisser à Potter un peu d'intimité. Les secondes passèrent et il entendit le gamin gémir de douleur à plusieurs reprises. Au bout de plusieurs minutes, Severus ouvrit le rideau d'un geste sec.

- Bon cela suffit !

- Hé !

Potter avait réussi à enfiler son bas de pyjama mais luttait visiblement pour mettre le haut. Il portait encore son tee-shirt de Quidditch et la sueur perlait sur son front.

- Ni vous ni moi ne souhaitons être étripés par Pomfresh alors laissez-moi vous aider.

- Mais j'y arrive très bien, ronchonna le gamin sans conviction.

Il était à bout de force et ses yeux papillonnaient de plus en plus. La potion commençait à faire effet. Severus s'approcha et se saisit du tee-shirt de l'enfant pour le passer sans douceur par-dessus ses épaules tout en aidant son bras invalide.

Severus eut un moment d'arrêt. Le gamin avait la peau sur les os à tel point qu'on pouvait voir ses côtes. Bon sang, qu'est-ce que Minerva et Dumbledore fichaient ?! Vérifiaient-ils si le gamin s'alimentait suffisamment ? Une rage teintée d'inquiétude gronda en lui.

- Allez, enfilez ça.

Il attrapa le haut de pyjama et tendit la première manche pour que Potter passe son bras valide. Potter serrait des dents mais Severus entendit distinctement son soupir de douleur. Le gamin était de plus en plus faible et ne chercha même plus à protester.

Lily aurait détesté voir son fils dans cet état à cause du Quidditch…

- Ça va aller, dit Severus d'une voix beaucoup plus sèche qu'il ne l'aurait voulu. L'autre bras maintenant, je vais vous aider d'accord ?

Le gamin hocha la tête faiblement et Severus se saisit du bras invalide pour le mettre dans la manche.

- Aïe, souffla Potter dans un tremblement.

Severus tenta un regard vers lui. L'enfant se mordait les lèvres mais continuait l'effort pour enfiler son pyjama le plus vite possible sans pleurer.

Impressionnant.

Autrefois, le Lord Noir s'amusait à faire disparaître les os de ses serviteurs lorsqu'il était mécontent. C'était une punition basique. Severus était toujours appelé à la rescousse et il en avait vu plus d'un craquer. Mais Potter ne cria même pas une seule fois.

La chemise de pyjama sur ses épaules, le gamin s'affaisça dans son lit. On aurait dit une poupée de chiffon.

- J'ai la tête qui tourne, murmura-t-il.

- C'est normal, dit simplement Severus.

Mais l'enfant s'était endormi sous l'effort et les effets de la potion. Severus passa une main sur son front afin de confirmer sa pensée. Il était fiévreux.

Il lui boutonna sa chemise de pyjama et rabattit la couverture sur lui.

- Bonne nuit Harry, marmonna-t-il.

oOo

La lune se reflétait sur le lac. L'eau clapotait sur la berge tel un métronome réglé à la perfection. Le maître des potions attendait de trouver les mots convenables et Dumbledore maintenait ce silence bienvenue.

- Cet homme est dangereux, finit par dire Severus. Cela aurait pu tourner de façon beaucoup plus dramatique pour le garçon.

- Pensez-vous qu'il soit un partisan de Voldemort ? demanda Dumbledore l'air de rien. Croyez-vous à une répétition des événements qui se sont produits l'an dernier ?

- Vous savez autant que moi que le Seigneur de Ténèbres ne trouverait rien d'intéressant chez cet homme, répondit Severus d'une voix sèche sans quitter le lac des yeux. Mais l'incompétence peut faire d'énormes dégâts. Pourquoi avez-vous engagé cet homme ? Vous le voyez aussi bien que moi qu'il ment sur son parcours ! Je ne sais pas comment il a pu se faire cette réputation de sauveur mais quelque chose cloche. Vous avez vu ce qu'il a fait à Harry !

Le maître des potions faisait désormais face à Dumbledore, furieux malgré lui. Que Lockhart soit un mauvais professeur était une chose mais qu'il mette la vie des élèves en danger était bien plus problématique.

- Severus, calmez-vous, dit le directeur d'une voix douce. Harry s'en remettra rapidement, les potions de Pompom sont efficaces et il aura un bras tout neuf dès demain matin.

- Mais enfin Dumbledore, quand bien même ! Cela aurait pu être bien plus grave ! Et ce cognard ? Allez-vous faire une enquête à ce sujet ?

- Vous n'allez tout de même pas me dire que vous éprouvez de l'affection pour cet enfant ?

Severus claqua sa langue sèchement et reporta son regard vers le lac. De l'affection ? Dumbledore n'avait-il que ce mot à la bouche ?

Il n'avait pas d'affection pour Potter ! Il s'assurait juste qu'il soit en bonne santé et entier avant que le fantôme de Lily ne vienne lui tirer les pieds dans son sommeil ! Rien de plus.

- Le problème n'est pas là, répliqua Severus. Les élèves de ma maison se plaignent également de Lockhart. Comment les préparer au monde de demain si rien n'est fait pour les former correctement ? Par ailleurs, vous savez aussi bien que moi comment les choses tournent lorsque des élèves sont livrés à eux-mêmes. Surtout dans ma maison… Certains iront chercher des informations ailleurs.

- Vous avez raison, reconnut Dumbledore en caressant sa barbe. Dans ce cas, il serait sûrement bon pour nos élèves d'avoir quelques cours en plus… Je suppose que vous ne verrez aucun souci à ce que je vous confie cette tâche ?

Severus inclina légèrement la tête en guise de réponse.

- Lockhart est très imbu de sa personne, n'oubliez pas de composer avec, ajouta Dumbledore dans un sourire amusé.

- J'ai l'habitude de ce genre de personnage, répondit Severus dans une moue ironique.

Dumbledore s'apprêtait à poser sa main sur l'épaule de son protégé dans un geste d'affection lorsqu'un chat argenté apparu devant eux.

- Minerva, souffla Dumbledore.

- Il y a eu une nouvelle attaque, dit le patronus. Je vous attends à l'infirmerie.

Sans même se concerter, les deux hommes se précipitèrent vers le château.

.

Dans le couloir du troisième étage, l'atmosphère était pesante. Minerva affichait un air grave et tendu, Pomona avait les lèvres pincées, Filius faisait les cent pas et Lockhart se pavanait comme à son habitude. Le maître des potions était à deux doigts de lancer un sort bien placé à cet imbécile heureux pour qu'il se la boucle quand Dumbledore, accroupis près du corps de l'enfant, se redressa.

- Mr Crivey a bien été pétrifié, emmenons-le à l'infirmerie Minerva.

L'ordre était tout à fait clair et tous les autres professeurs regardèrent les deux collègues s'éloigner, le corps de Colin Crivey flottant à leur côté.

- Si seulement j'avais été là… Si seulement…

- Vous auriez fait des miracles sans aucun doute, lâcha Severus d'un air sarcastique.

L'homme sembla surpris un instant, écarquilla les yeux puis redressa finalement la tête pour adresser un sourire charmeur au maître des potions qui réprima un haut-le-corps de dégoût.

- Je pense que votre savoir devrait être mis au profit des élèves de façon beaucoup plus significative professeur Lockhart, susurra Severus dans un rictus mauvais. De toute évidence, les récents évènements prouvent que les élèves de cette école doivent apprendre à se battre.

A présent, Lockhart regardait partout autour de lui comme si son cerveau était en ébullition. Severus conserva un masque de calme apparent. Les égos surdimensionnés de ce genre étaient facilement manipulables.

- Vous avez tout à fait raison Severus !

Le maître des potions tiqua face à l'emploi de son prénom mais n'en montra rien. Seuls Filius et Pomona levèrent la tête d'un air inquiet. Lockhart se mit à faire les cents pas, marmonnant dans sa barbe quand il s'arrêta finalement face à Severus, un sourire digne des plus belles publicités de dentifrice.

- Je vais créer un club de duel ! s'exclama-t-il.

- C'est une bonne idée, suggéra Pomona. Il y a encore quelques années, ce genre de club était courant.

- Oh mais mon club sera bien meilleur ! se vanta le professeur de Défense contre les forces du mal. Les élèves auront un professeur digne des plus grands.

- Il y aura foule pour participer j'en suis sûre, continua la directrice de Poufsouffle.

Que Merlin préserve les blaireaux, pensa Severus. Pomona lui déroulait le tapis rouge sans même s'en rendre compte.

-Vos combats sont effectivement légendaires, susurra le maître des potions. Il y aura sûrement beaucoup d'élèves. Si vous avez besoin d'une quelconque aide pour maintenir l'ordre…

- Excellente suggestion ! coupa Lockhart d'une voix enjouée. Nous pourrions également leur montrer quelques tours de passe-passe ! Ne vous inquiétez pas Severus, je ne vous ferai aucun mal, ajouta-t-il avec un coup de coude.

Severus se raidit franchement et il fut certain que son sourire ne pouvait ressembler à autre chose qu'à une grimace de constipé.

Lockhart disparut immédiatement, proclamant qu'il allait annoncer la nouvelle à Dumbledore. Filius salua ses collègues, une ride d'inquiétude barrant son front. Pomona quant à elle fixa le maître des potions, lui adressa un sourire bienveillant chargé de sous-entendus et s'en alla à son tour.

Severus  fixa quelques instants  le couloir sombre où la petite femme avait disparu. La bonté d'Helga Poufsouffle avait-elle une once de malice ?

Dans un mouvement élégant, le maître des potions fit tournoyer ses robes pour se diriger vers son bureau. Si ses calculs étaient justes, Potter n'allait pas tarder à se réveiller, terrassé par la fièvre et la douleur.

oOo

Harry tremblait de tous ses membres sans savoir si cela était dû à la douleur dans son bras ou la peur. Sûrement un mélange des deux.

D'abord, il avait été réveillé par cet elfe de maison, Dobby. Encore une fois, il lui avait demandé de quitter Poudlard et surtout Harry savait enfin que c'était cette créature qui lui avait envoyé le cognard ! Quand il allait raconter ça à Ron et Hermione, ils n'en reviendraient pas !

Apparemment, l'elfe voulait lui sauver la vie tout en l'assassinant. Pourquoi ce genre de problèmes devaient-ils toujours tomber sur lui ?

Ensuite, alors que Dobby l’informait que les choses allaient être de pire en pire, les portes de l'infirmerie s'étaient ouvertes et Harry avait à peine eu le temps de faire semblant de dormir.

Un frisson glacé le traversa, rien que d’y penser à nouveau.

Colin Crivey avait été pétrifié. C'était comme si les avertissements de Dobby prenaient sens.

Harry entendit à nouveau la porte de l'infirmerie s'ouvrir. Une nouvelle attaque ?

Ouvrant à peine les yeux, le cœur battant à toute vitesse, Harry retint un cri de surprise et referma immédiatement les yeux à la vue de la silhouette virevoltante qui s'approchait de lui.

- Potter, arrêtez de faire semblant de dormir et ouvrez les yeux.

Sachant pertinemment qu'il ne servait à rien de feindre le sommeil, il obéit et se redressa. Rogue avait allumé la petite lampe de chevet et examinait Harry d'un œil chirurgical.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? demanda Harry de plus en plus mal à l'aise.

- Langage ! reprit Rogue avec autorité. Vous avez l'air d'avoir une fièvre du diable. Je vous apporte une potion antidouleur pour votre bras.

Harry en resta coi. Cela faisait plusieurs fois que Rogue l'aidait. Et cette fois, l'homme battait tous les records car il avait pourtant déjà fait sa bonne action quelques heures plus tôt en l'aidant à se mettre au lit !

- Est-ce que vous allez regarder la potion pendant des heures où dois-je vous la mettre moi-même de force dans votre gosier ?

Dans un sursaut, Harry se saisit du flacon et vida la fiole d'une traite. Quelques mois plus tôt, il aurait eu peur que ce soit du poison mais il savait désormais qu'il pouvait faire confiance en l'homme. Après tout, il avait été ami avec sa mère…

- Très bien, est-ce que vous pouvez bouger vos doigts ?

Harry tenta mais seule une douleur fulgurante le traversa et il maudit Rogue sur l'instant. L'homme avait fait exprès ! Il envoya un regard sombre au maître des potions.

- Pourquoi est-ce que ce n'est pas Mrs Pomfresh qui vient me voir ?

- Parce qu'elle suit les recommandations du conseil de médicomagie à la lettre tandis que mes compétences vont plus loin, répondit d'une voix impénétrable le maître des potions nuancée par une pointe de vantardise. Et je vous ai déjà dit de surveiller votre ton.

Harry s'empêcha de répliquer qu'à moins d'être muet, rien ne convenait au professeur.

- De mon côté, je sais quelles sont les complications qu'il peut y avoir, ajouta le maître des potions en se saisissant du bras invalide de Harry.

Étonnamment, les doigts de l'homme étaient délicats et Harry se décontracta quelque peu. Il observa les gestes du professeur qui marmonnait quelques incantations et passait la paume de sa main sur l'avant bras de Harry.

- Tout guérit correctement et la fièvre devrait disparaître d'ici quelques instants, dit-il au bout d'un moment.

Déduisant que l'homme parlait davantage pour lui-même, Harry ne répondit rien et laissa son regard vaquer vers le lit, désormais masqué par un rideau, de Colin. Une vague de tristesse et d'inquiétude submergea Harry.

- Potter ?

- Hein ? répondit Harry dans un sursaut.

Le maître des potions leva les yeux au ciel mais ne sembla pas en colère.

- Je vous demande si tout ira bien ?

- Ah… Euh… Oui bien sûr, merci professeur, répondit Harry encore un peu ailleurs.

Rogue ne bougea pas d'un pouce et observa autour de lui avant que son regard ne se dirige vers le lit de Colin.

- Mr Crivey aura une potion prochainement et il reviendra à lui.

Rogue avait parlé d'une voix sèche et Harry hocha immédiatement la tête. Il ne voulait pas mettre l'homme en colère.

- Que se passe-t-il Potter ?

Harry tenta un regard vers l'homme. Sa voix était autoritaire mais elle était calme. Un peu comme lorsque Rogue lui avait appris à faire des boucliers.

- Il ne se passe rien monsieur.

- Je vois bien qu'il y a quelque chose. Est-ce en rapport avec l'attaque de Crivey ?

Harry frissonna dans une grimace. Il n'en savait rien. Entre le match de Quidditch, Dobby, l'attaque de Colin et Rogue qui prenait soin de lui, plus rien ne tournait rond.

- Je suis juste fatigué monsieur.

Ce n'était pas un mensonge. C'était la réponse qui résumait parfaitement la situation. Pendant un instant, Harry cru qu'il n'allait jamais s'en sortir mais l'homme finit par se lever et éteindre les lumières.

- Dans ce cas, bonne nuit Potter.

Étrangement, une boule se forma au creux de son ventre. Harry aurait aimé parler de ses soucis à un adulte. Si sa mère avait été là, elle l'aurait écouté et rassuré comme pouvait faire Mrs Weasley avec Ginny lorsqu'elle s'était inquiétée pour sa rentrée. Pendant les vacances d'été, Harry avait surpris une conversation entre la mère et la fille alors qu'il allait chercher de la limonade pour Ron et lui.

Mais il n'y avait personne pour lui. Et ce n'est pas parce que Rogue avait été ami avec Lily Potter qu'il pouvait prendre une place particulière. C'était stupide et Harry n'était pas sûr de pouvoir lui faire entièrement confiance.

Et puis de toute façon, Rogue n'aurait jamais été en capacité de le rassurer.

.

Le lendemain matin, le bras de Harry fonctionnait à la perfection et il n'avait plus aucune douleur. Joyeux, il engloutit son petit-déjeuner avant de se diriger vers la salle commune de Gryffondor.

Il devait tout raconter à Ron et Hermione. Cependant, il ne les vit pas dans la Grande Salle mais Neville lui donna un mot écrit de la main d'Hermione.

Harry,

Rejoins nous dans les toilettes des filles du 5ème étage. La mission a commencé !

Hermione

Dans un rire, Harry prit ses jambes à son cou et se dépêcha de grimper les premières marches des escaliers lorsque la voix de la directrice des Gryffondor résonna dans son dos.

- Mr Potter ! On ne court pas dans les escaliers.

- Excusez-moi professeur, répondit Harry rouge de honte tandis qu'un groupe de filles de troisième année ricanaient.

La femme au chignon serré et chapeau pointu attendit que la foule se disperse pour reprendre la parole. Harry s'attendait à ce qu'elle lui retire des points.

- Mr Potter, je voulais vous féliciter pour votre victoire au Quidditch.

- Oh, merci professeur, répondit Harry surpris.

- Je tenais aussi à vous informer que vous allez recevoir la visite d'une travailleuse de la protection de l'enfance du Ministère de la magie.

Harry sentit un poids tomber dans son estomac. Qu'avait-il fait de mal ? Pourquoi une personne devait-elle le voir ? Qu'allait-on lui faire ? L'envoyer dans un orphelinat l'été ? Dumbledore avait pourtant promis de faire son possible pour qu'il ne finisse pas en orphelinat , il ne pouvait pas échouer !

- Elle viendra la semaine prochaine et vous posera quelques questions, rien de très compliqué, ajouta-t-elle en voyant visiblement que la panique gagnait Harry.

- Mais je n'ai rien fait de mal ! finit par dire Harry.

- Bien sûr que non, rassura la professeure dans un de ses rares sourires. Elle vient juste pour s'assurer que tout va bien pour vous. C'est juste son travail puisque vous êtes sous la tutelle du Ministère.

Harry dansa sur ses pieds, mal à l'aise. Il n'aimait pas qu'on lui rappelle qu'il était seul. Certes, il avait fait le premier pas pour partir mais il était toujours confus lorsqu'il pensait à l'abandon de tutelle. Il préférait juste ne pas y réfléchir et profiter de Poudlard et de ses amis.

- Vous pouvez y aller Mr Potter, profitez bien de votre dimanche.

Harry opina du chef. McGonagall prit les escaliers et Harry put apercevoir Rogue qui attendait au loin, adossé contre le mur de la Grande Salle. A son regard, Harry était sûr que l'homme savait déjà le contenu de la discussion qu'il avait eu avec sa directrice de maison.

Le directeur de Serpentard, le regard impénétrable, ne se cachait même pas pour le dévisager. Qu'attendait-il de lui ?

Fronçant les sourcils, l'air fier et le menton haut, Harry tourna le dos à l'homme. Il avait des amis à voir.

 

Partie 1 - Chapitre 16 by Isabelle Pearl

Chapitre 16

- Alors tu crois que Rogue finira un jour par t'offrir des bonbons?

- Ne sois pas stupide Ron ! s'énerva Hermione. Le professeur Rogue a toujours pris soin de Harry seulement il le montre de façon un peu étrange.

- Tu parles ! Il n'a fait que s'acharner sur lui en première année !

- Et il est plutôt gentil cette année, répliqua Hermione.

Harry laissa ses deux amis se disputer concernant Rogue. Adossé contre la paroi d'une des cabines des toilettes des filles, il se demandait sérieusement s'il avait bien fait de parler de la visite de Dobby et de Rogue la nuit dernière.

Hermione jeta quelques ingrédients à la volée dans la potion de polynectar tout en arguant auprès de Ron que Rogue était bienveillant avec Harry.

- Bienveillant ! s'exclama Ron les yeux ronds. Non mais est-ce que tu t'entends parler Hermione ? Cet homme est peut-être un peu moins horrible avec Harry cette année mais il n'est pas non plus du genre à le chouchouter comme il peut le faire avec Malefoy et tous les Serpentard !

- Arrêtez de vous disputer, soupira Harry. Je pense juste que Rogue est plus gentil avec moi depuis qu'il sait que je sais pour ma mère. Il a dû se passer quelque chose dans sa tête comme un sentiment de culpabilité…

- C'est une piste, murmura Hermione. Après tout, s'ils ont été amis, les souvenirs sont sûrement réapparus.

- Moi je pense qu'il faut rester méfiant, dit Ron.

Harry hocha la tête. De toute façon, ce n'était pas seulement pour ça qu'il était inquiet. Après tout, un adulte qui prenait soin de lui, Rogue ou non, était toujours agréable. En revanche, les choses risquaient de mal tourner pour lui d'ici quelques jours.

- Le professeur McGonagall est venue me parler avant que je vous rejoigne, lâcha-t-il d'une voix qu'il souhaitait la plus détachée possible. Une personne du Ministère de la Magie va venir me voir. Je n'ai pas trop compris mais comme je n'ai plus de tuteur, c'est à eux de faire le travail de savoir si je vais bien.

Hermione arrêta son geste et abaissa sa main sur sa cuisse, observant Harry d'un air grave. Ron cessa de jouer avec sa baguette cassée, attendant la suite.

- McGonagall m'a dit que la personne sera là pour s'assurer que tout va bien pour moi, ajouta-t-il face au silence de ses amis.

- Tout se passera bien, dit Hermione en reprenant son geste. Chez les moldus, des agents du gouvernement s'assurent que les enfants sans parent grandissent correctement. Ce doit être la même chose dans le monde des sorciers. J'irai me renseigner.

Harry haussa les épaules d'un air nonchalant. Il savait bien cela, ces personnes étaient venues deux fois quand il vivait chez les Dursley. La première personne avait posé beaucoup de questions à Harry lorsqu'il avait six ans. Il avait eu tellement peur de dire une bêtise qu'il en avait fait des cauchemars la veille. Mais Tante Pétunia l'avait tellement briefé qu'il connaissait encore par coeur le discours qu'il devait réciter. La seconde fois, il avait huit ans et l'agent du gouvernement avait préféré discuter du merveilleux jardin de sa tante plutôt que de s'inquiéter de Harry. Elle avait conclu que des gens comme les Dursley ne pouvaient pas maltraiter un enfant.

Mais qu'en était-il des sorciers ?

Et surtout, qu'allaient-ils décider pour l'été prochain ? Si seulement les Weasley pouvaient l'adopter, tout cela aurait été plus simple… Les deux semaines au Terrier avaient été les plus belles vacances de sa vie !

- Je pense qu'ils vont vouloir me mettre à l'orphelinat, lâcha Harry.

- Mais non Harry ! Il y a un tas de famille qui voudraient t'adopter !

- Ils veulent juste m'adopter parce que je suis le Survivant comme ils disent, répondit-il dans une grimace.

- Et si tu venais vivre à la maison ? proposa Ron d'une voix excitée d'avoir trouvé  cette idée.

Le cœur de Harry s'emballa aussitôt et il répondit dans un grand sourire que ce serait génial. Merlin qu'il était soulagé que Ron veuille bien de lui comme un frère. Tandis que les garçons rêvaient d'une vie fraternelle au Terrier et préparaient déjà des plans pour piéger Fred et Georges, Hermione leur signala qu'il fallait retourner à la salle commune avant qu'on ne s'inquiète de leur absence.

- La potion doit reposer trois heures, j'y retournerai tout à l'heure, dit-elle alors qu'ils empruntaient les escaliers menant à la tour de Gryffondor.

- Cette Mimi Geignarde fait froid dans le dos, dit Ron.

Harry éclata de rire, se souvenant comment le fantôme était apparu alors qu'ils rangeaient le matériel de potion. Hermione expliquait pourquoi personne ne se rendait dans ces toilettes. Et pour cause ! Un fantôme ayant la particularité de pleurer excessivement et d'être un peu trop sensible hantait les lieux. Tout le monde la nommait Mimi Geignarde.

Harry ne pensait plus du tout à la visite du Ministère de la magie quand il pénétra dans la tour de Gryffondor.

- Mais c'est quoi cette foule ? s'exclama Ron.

Un attroupement d'élèves s'était formé devant le panneau des annonces. Une excitation palpable se faisait sentir. Le trio chercha à en savoir plus mais il était impossible de voir l'objet de cet enthousiasme.

Ron, le plus grand des trois, se mit sur la pointe des pieds mais ce fut vain. Finalement, agacé, Harry se faufila à travers la foule presque accroupie. Il y avait du bon à ne pas être grand. Un couple de sixième année recula, laissant enfin la visibilité à Harry.

Club de Duel par Gilderoy Lockhart

Première leçon ce vendredi

Venez nombreux !

Il joua des coudes pour retrouver Ron et Hermione.

- Je ne sais pas si cela sera une bonne chose étant donné le contenu de ses cours, dit Ron.

Harry s'apprêtait à entendre Hermione répliquer que Lockhart était un sorcier incroyable mais il s'aperçut que cette dernière fronçait les sourcils, observant quelqu'un au loin. Suivant son regard, il vit Ginny assise près de la fenêtre, les yeux rougis.

Hermione prit la main de Harry et de Ron afin de s'approcher de la fillette qui sursauta en les voyant arriver.

- Ginny, est-ce que tout va bien ? demanda maladroitement Ron.

Ginny secoua la tête avec vigueur. Harry comprit qu'elle faisait tout pour éviter son regard et il hésita à partir. Seule la main ferme d'Hermione dans la sienne l'en empêcha.

- C'est à cause de Colin n'est-ce pas ? demanda Hermione d'une voix douce. Je sais que vous êtes ami, moi aussi je serai mal à ta place mais il ne faut pas que tu t'inquiètes, il reviendra rapidement à lui.

Ginny gardait les lèvres hermétiquement closes, au bord des larmes. Légèrement mal à l'aise, Harry regarda au loin. Plusieurs personnes s'apercevaient que la jeune Weasley était bouleversée et quelques curieux s'approchaient de plus en plus. En tête, Parvati Patil et Lavande Brown.

- Est-ce que ça va Ginny ? demanda la première. Si jamais tu as des cauchemars ou que tu souhaites te protéger des attaques, il y a des sixièmes années qui vendent différentes amulettes.

Mais l'agglutination autour de la benjamine des Weasley ne semblait rien arranger. Elle s'était mise à se frotter les tempes comme pour chasser une migraine et Harry comprit qu'elle essayait de gérer sa respiration qui devenait de plus en plus difficile.

- Ok ça suffit maintenant, Ginny a besoin d'air, dit Harry d'une voix ferme.

La rousse eut un hoquet de surprise et Harry tourna les talons afin de ne pas la mettre encore plus mal à l'aise.

- Je te laisse gérer, murmura-t-il à Hermione qui le laissa partir, tu es bien plus douée.

Quelques minutes plus tard, les deux jeunes filles montaient ensemble dans leur dortoir. Ron proposa une partie d'échec avec Harry qui accepta volontiers. C'était bien plus facile que de consoler une fille bouleversée.

.

La semaine se déroula normalement si ce n'est qu'un nombre grandissant d'élèves achetaient des amulettes et autres gri-gris pour se protéger. Neville portait sur lui un oignon vert malodorant depuis plusieurs jours au point où certains élèves ne voulaient plus s'asseoir à côté de lui en classe.

- Les gens ne comprennent pas que j'ai autant de risque que les autres d'être attaqué, expliqua le garçon au visage lunaire lors du dîner.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? demanda Ron. Ta famille rassemble des sorciers depuis des centaines d'années ! Tu es un Sang-pur !

- La chatte de Rusard a été attaquée car Rusard est un Cracmol et tout le monde sait que j'en suis presque un, dit-il inquiet.

- Non c'est faux Neville, tu es un bon sorcier, dit Hermione.

Le garçon rougit jusqu'à la racine de ses cheveux. Il essaya maladroitement de répondre des remerciements.

- De toute façon, on a tous un peu de sang moldu en nous, compléta Ron. C'est vraiment stupide ces histoires de Sang-pur ! Et puis c'est pas comme si la consanguinité posait de sérieux problèmes... On a l'exemple parfait avec Crabbe et Goyle !

Les deux garçons étaient effectivement en train de manger leur plat comme des gorets à tel point que Crabbe ne tarda pas à s'étouffer avec un os de poulet. Violet, il ne dut son salut qu'à l'aide d'un garçon brun de deuxième année à l'air toujours sombre,Théodore Nott, qui lança un sort sur la gorge de son camarade.

L'intégralité des deuxièmes années de Gryffondor étaient écroulés de rire. Seule Hermione haussa un sourcil de dépit et se replongea dans ses notes de cours.

Cette même journée, le professeur Mcgonagall vint rappeler aux élèves de s'inscrire sur la liste pour ceux qui restaient pour Noël.

Quelques heures plus tard, Hermione apparaissait dans la salle commune, les joues rougies par l'effort d'avoir couru.

- Un problème avec la potion ? demanda Harry soudain inquiet.

Hermione secoua la tête par la négative.

- Je revenais des toilettes des filles lorsque j'ai entendu Parvati et sa sœur Padma discuter des vacances de Noël. J'ai écouté et devinez qui reste ici pour les vacances ? Malefoy !

- Ça se confirme alors ! Malefoy est plutôt du genre à rentrer chez lui pour les vacances de Noël, dit Ron qui nourrissait Croûtard avec des restes de gâteaux.

- Tout à fait et si on arrive à lui faire avouer pendant les vacances de Noël, ce sera tout gagné pour nous.

- La potion sera bientôt prête ? demanda Harry qui sentait l'excitation le gagner.

- Il manque encore la branchiflore et…

- On a cours de potions demain ! coupa Ron, impatient. On doit jouer le tout pour le tout !

Harry opina du chef soudain inquiet et coupable de voler dans la réserve du professeur. Lui qui avait été plutôt bon avec lui. S'il se faisait prendre, leur relation allait en pâtir violemment. Mais c'était un risque à prendre.

Ainsi, le lendemain matin, le trio élabora un plan. Hermione se proposa pour aller fouiller dans la réserve de Rogue pendant que Ron et Harry feraient exploser un pétard dans un chaudron.

Comme à son habitude, Harry s'installa à côté de Ron et ils commencèrent à travailler silencieusement sur leur potion d'enflure. Ron serrait dans son poing un pétard posé sur sa table, prêt à attaquer.

Lorsque Rogue se leva pour inspecter les chaudrons, Harry donna un coup de coude à son ami qui s'exécuta immédiatement et balança le pétard dans le chaudron de Goyle. La détonation provoqua un tumulte qui souleva la poussière de tout le cachot. Harry se baissa sous sa table afin d'éviter de justesse le liquide qui explosa à travers la pièce. Le cri d'effroi de Pansy Parkinson rivalisa avec celui de Lavande Brown qui tentait de se cacher le visage dont le front gonflait de plus en plus.

- SILENCE ! ÇA SUFFIT ! rugit Rogue tout en agitant sa baguette pour réparer les dégâts.

Harry tenta de ne pas éclater de rire lorsqu'il vit que le nez de Malefoy avait tellement gonflé qu'il en était courbé par le poids. 

En un rien de temps, Rogue se dirigea vers le chaudron de Goyle et en sortit le pétard.

- Si je découvre qui a fait ça, je le renvoie de Poudlard sur le champ !

Harry se retint de lever les yeux au ciel face à cette menace mais lorsque le professeur passa à côté de lui, il baissa le regard, prétextant fouiller dans son sac. Il sentit Hermione revenir à sa table et lorsqu'il releva la tête, elle lui adressa un clin d'œil.

- Le cours est terminé ! Ceux qui ont été éclaboussés, approchez que je vous donne un antidote.

Harry ramassa ses affaires à la vitesse de la lumière, pressé de s'échapper des cachots.

Le trio marcha dans un silence suspect plusieurs minutes avant que Ron se mette à ricaner doucement. Soudain, ce ne fut plus tenable et Harry pouffa de rire à son tour.

- T'as vu la tronche de Malefoy ? demanda Ron.

Harry explosa de rire. Bientôt, ils étaient tous les trois adossés sur le mur de la cour, se tenant les côtes à force de rigoler.

- Dans quelques jours, la potion sera prête et on pourra tout faire avouer à Malefoy, dit finalement Hermione en s'essuyant les yeux.

- Si Rogue réussit à lui réparer son énorme nez, répliqua Ron.

Harry repartit aussitôt dans son fou-rire, incapable de garder son sérieux.

- Qu'est-ce qui est si drôle ici ?

Harry se retourna et échappa un cri de surprise. Puffet se tenait droite comme un i, l'air impassible. Ses cheveux blonds encadraient son visage maigre et froid.

- On n'a plus le droit de rire maintenant ? s'emporta Ron sur la défensive. Même en récréation il faut que les serpents viennent nous embêter !

- Méfies-toi du ton que tu emploies, Weasley, répliqua Puffet en plissant des yeux.

- On se détend avant notre prochain cours tout simplement, tempéra Harry. Comment vas-tu Eléonore ?

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler par mon prénom, dit Puffet d'une voix plus calme tandis que Ron était pris d'une quinte de toux. En tout cas, je voulais te dire qu'il y a une Gryffondor de première année qui pleure dans la serre. Je crois que c'est ta sœur Weasley.

Sans un mot, Ron se dirigea vers la serre. Hermione remercia Puffett avant de suivre Ron qui était déjà loin.

- Tu n'y vas pas ? demanda finalement Puffet en voyant qu'Harry n'avait pas bougé.

- Je pense que Ron et Hermione sont plus aptes à faire parler Ginny si elle a un problème, déclara Harry.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas, elle est toujours gênée en ma présence et n'ose jamais me parler. Je pense que je la mets mal à l'aise. Pourquoi est-ce que tu rigoles ?

- Pour rien, répondit Puffett avec un geste nonchalant de la main. Même si elle ne te parle pas, je suis certaine qu'elle sera contente de te voir. Fais-moi confiance, ajouta-t-elle avec une assurance telle que Harry fut sur le point de s'exécuter immédiatement. Mais avant que tu y ailles, je voulais savoir comment tu allais Potter ?

Harry eut la soudaine impression d'avoir reçu un cognard en pleine tête. Il n'était pas sûr d'avoir entendu correctement la question tant le ton employé par Eléonore était détaché et froid.

- Bah je vais bien, répondit Harry sur la défensive. Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ?

- Parce que tu t'es pris un cognard à ton dernier match de Quidditch et que personne ne fugue par plaisir. C'est au mieux un besoin d'attention, au pire un appel à l'aide. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis préfète, expliqua-t-elle en pointant son doigt sur son écusson accroché à sa poitrine d'un air fier. C'est mon rôle de m'assurer du bien-être de mes camarades.

- Mais…

- Peu importe, coupa-t-elle alors que Harry s'apprêtait à argumenter qu'il n'était pas un élève de Serpentard. Tu sais que tu peux venir me voir si tu as besoin.

Sur ces paroles, la jeune fille tourna les talons laissant un Harry légèrement déboussolé. Secouant la tête pour remettre ses idées en place, Harry courut jusqu'aux serres. Il n'eut pas à chercher bien longtemps, Hermione et Ron sortaient de la serre en présence de Ginny et d'une autre élève qu'Harry n'avait jamais vu.

A peine plus grande que Ginny, la jeune fille était coiffée de deux nattes d'un blond sale. Elle avait accroché sa cravate aux couleurs de Serdaigle à l'intérieur de ses cheveux. Ses yeux étaient écarquillés et elle semblait totalement ailleurs. C'était pourtant elle qui s’adressait à Ginny d'une voix rêveuse.

- Ne t'inquiète pas, il y a en ce moment des invasions de nargoles et c'est pour cela que tu es toute chamboulée.

- Oh Harry ! s'exclama Hermione, visiblement enchantée de le voir. On te cherchait.

Arrivant à leur hauteur, Harry s'aperçut que la jeune fille le fixait sans retenue tandis que Ginny gardait les yeux rivés sur le sol.

- Est-ce que ça va aller Ginny ? demanda Ron. Tu es avec ton amie… Euh ?

- Luna Lovegood, répondit-elle alors que la dénommée Luna continuait de fixer Harry. Oui ça va aller, ajouta-t-elle.

- Toi tu es Harry Potter, lâcha la blonde.

- Je sais, répondit Harry un brin agacé qu'on le fixe de la sorte.

Ron s'apprêtait à éclater de rire mais Hermione lui donna un violent coup de coude dans les côtes afin de l'arrêter immédiatement.

- On va y aller, dit Hermione avec douceur à l'attention de Ginny. Merci Luna pour ton aide.

Hermione semblait tout aussi mal à l'aise en présence de la blonde mais elle lui adressa un sourire poli. Luna fixa Hermione comme s'il lui était poussé une deuxième tête puis posa sa main sur le bras de Ginny.

- Bon allons-y, dit finalement Hermione.

- Un peu bizarre cette Luna, dit Ron une fois qu'ils furent suffisamment loin. C'est étrange que les autres Gryffondor ne soient pas avec ma sœur et que seule une Serdaigle l'aide.

- Si elle est capable de faire du bien à Ginny, c'est le principal et peu importe la maison à laquelle elle appartient, dit Hermione.

Harry ne put être que plus d'accord et ses pensées voguèrent vers Puffett et Rogue.

oOo

Lorsqu'arriva la journée d'ouverture du Club de Duel, les élèves furent intenables. Les Serpentard habituellement dociles n'avaient pas hésité à poser un tas de questions.

Severus avait feint de ne rien savoir. Qu'elle allait être leur surprise quand ils verraient leur directeur de maison débarquer en tant qu'assistant !

En réalité, le maître des potions était tout autant impatient que les élèves. Merlin qu'il avait hâte de désarmer Lockhart comme l'ignare qu'il était. Il n'en ferait qu'une bouchée…

Et plus que tout, il avait hâte de voir Potter à l'œuvre. Les petites leçons qu'il avait données au gamin quelques mois plus tôt manquaient presque à Severu, particulièrement lorsqu'il se retrouvait face à des élèves incompétents comme Londubat.

Dumbledore avait demandé à ce qu'il garde un œil sur l'enfant mais cela était particulièrement difficile ces derniers jours. Avec la nouvelle attaque, les professeurs devaient passer leur temps à surveiller les couloirs, renforcer régulièrement les défenses de l'école -alors que tout le monde savait que si le monstre existait, celui-ci demeurait dans l'enceinte de l'école-, gérer les plaintes et inquiétudes des parents et bien évidemment continuer à faire tout ce qu'ils faisaient déjà auparavant. Severus n'avait pas le temps de veiller sur Potter.

Bien sûr, il l'observait beaucoup dès qu'il en avait l'occasion et depuis quelques jours, le maître des potions était certain que le gamin-qui-fouine-partout avait monté un plan avec ses deux acolytes.

Severus connaissait particulièrement ce regard et cette attitude. Par dessus tout, Weasley-benjamin ne restait jamais plus d'une demi-heure à table et sautait parfois même le dessert. Quelque chose se tramait… Et Severus sentait que les ambitions de ces garnements étaient loin d'être innocentes.

Plus que cela, le maître des potions était quasiment sûr que le coup de l'explosion du chaudron de Goyle venait de ce trio infernal.

.

La Grande Salle grouillait d'élèves. Les grandes tables avaient disparu et une grande estrade était installée au milieu de la salle. Severus avait installé plusieurs sorts autour de cette dernière tandis que Lockhart paradait comme à son habitude. La sécurité des gamins lui importait peu.

Le suivant de près, le directeur de Serpentard put savourer les regards tantôt fiers des élèves de Serpentard et tantôt effrayés des autres. Potter avait une expression qui combinait les deux émotions mélangées.

L'impatience le gagna pendant tout le discours inutile de Lockhart. Lorsqu'ils se mirent enfin en position, Severus retroussa ses lèvres et il put sentir frémir l'assistance. Merlin que c'était galvanisant…

Il leva sa baguette, ce pantin cochait au moins quatre erreurs de positionnement, prit sa respiration, il allait ne faire qu'une bouchée de cet imposteur :

- Expelliarmus !

Il y avait été un peu fort. Lockhart voltigea à travers la salle et atterrit lourdement au bout de l'estrade. Severus inclina la tête, remerciant ses élèves qui l'applaudissaient avec vigueur.

- Bravo professeur Rogue ! lança Lockhart qui avait réussi à se relever, la coiffure soudainement bien moins parfaite. C'était un excellent sortilège de défense. Je savais que vous alliez le lancer ! Si je l'avais voulu, j'aurais pu vu contrer aussitôt !

Severus fusilla l’homme du regard et pour une fois, Lockhart perdit de sa superbe et proposa de passer au duel d'élèves.

- Très bien, de la pratique.

Il se dirigea rapidement pour former les binômes. Il allait être intéressant de voir comment Puffett, si douée en sortilèges et dont la baguette contenait une combinaison intéressante de ventricule de dragon et de bois de houx, allait se débrouiller face à Giselle Dumont cette élève de Poufsouffle possédant une baguette au bois de Séquoia.

Severus s'amusait comme un fou à combiner les différents duos mais il garda à l'œil Potter. Il voulait stimuler le gamin. Rien de mieux que de le confronter à son pire ennemi.

Après tout, n'avait-il pas lui-même inventé ses meilleurs sortilèges lorsqu'il s'imaginait les utiliser sur James Potter ?

Dans un sourire glacial qui prévenait Potter de ne pas le contredire, il appela Malefoy.

- Mr Malefoy, vous vous mettrez avec Potter. Voyons voir si vous êtes aussi doué qu'on le raconte. Vous Granger, vous irez avec Bulstrode.

Potter se décomposa. Visiblement, il avait du mal avec la motivation made in Serpentard. Pouvait-il arrêter de tout prendre mal ?

Rogue passa à côté de lui et hésita un court instant. Puis finalement :

- Faites comme cet été et vous n'en ferez qu'une bouchée.

Potter trébucha sous la surprise et manqua presque le top départ du duel.

Severus ne put détacher ses yeux du gamin. Comme toujours, il avait une position impeccable. Malefoy manquait de loyauté et démarra avant mais Potter roula sur le côté pour éviter le sortilège.

Le maître des potions ressentit une certaine frustration de voir le gamin éviter les sortilèges ou lancer uniquement des sorts d'attaque que Severus levait à chaque fois que le duo était bloqué. A croire qu'il ne lui avait rien appris !

Finalement Potter lança enfin un bouclier. Et quel bouclier ! Certes, le gamin avait hurlé le sortilège à tel point que les groupes autour avaient cessé de se battre. Le sort de Malefoy ricocha et lui revint en pleine face. Le gamin fut frappé d'un sortilège de rire et il s'écroula au sol, incapable de respirer.

Severus aida Malefoy à se débarrasser du maléfice puis observa autour de lui. C'était le chaos complet. Un nuage vert avait explosé au loin, Finnigan crachait du sang tandis que Weasley s'excusait penaud et pire que tout : Granger et Bulstrode se battaient à même le sol.

Lockhart arriva en premier pour séparer les jeunes filles.

- Jeunes gens s'il vous plaît ! Nous sommes ici pour apprendre à se défendre. Je vous demande d'uniquement désarmer votre adversaire. Par ailleurs Potter… Quel bouclier vous nous avez fait là ! Je parie que vous avez puisé dans mes livres.

Potter était aussi rouge qu'un souaffle. Son regard s'ancra dans celui de Severus qui comprit immédiatement ce que le gamin-qui-ouvre-trop-sa-bouche allait dire.

- Nous sommes ravis de savoir que vos apprentissages sont assimilés par les élèves, déclara-t-il d'une voix sèche. Maintenant, reprenons.

Les duels recommencèrent. Par souci d'équité, Severus fit le tour des élèves. Il avait parfois honte des élèves de sa maison… Comment se faisait-il que Crabbe et Goyle aient pu atterrir à Serpentard ? Ces gamins ne savaient rien faire de leur dix doigts et n'avaient strictement rien dans le crâne.

Soudain, le silence tomba dans la salle. Des élèves silencieux ? Jamais bon signe.

Un goutte de sueur glacée roula le long de sa colonne vertébrale lorsqu'il entendit un sifflement qu'il aurait reconnu entre mille. Lentement, il se retourna pour être sûr d'entendre correctement.

Il vit d'abord le serpent qui ondulait délicatement sur le sol, droit vers un élève de Poufsouffle, Finch-Fletchley. Levant lentement les yeux, son regard s'arrêta sur Potter.

Le gamin parlait au serpent. Sa langue roulait naturellement sur son palais d'un ton glacial. L'assistance était pétrifiée. Potter s'approchait du serpent qui lui s'approchait encore plus de Finch-Fletchley. Que faisait-il ? Était-ce encore un épisode bis de ce qui s'était passé dans son bureau avec la potion des Jugson ?

La voix de Potter se fit encore plus polaire et Severus frissonna à nouveau avant de reprendre contenance.

Il pointa sa baguette sur le serpent afin de le faire disparaître. Il s'apprêtait à revoir le regard froid et hostile de l'été mais il tomba face à un gamin complètement perdu.

Il voulait le prendre avec lui, là tout de suite et lui poser un tas de questions mais cela ne pouvait pas se faire.

- La leçon est terminée.

Personne ne chercha à le contredire et la salle se vida rapidement sous les murmures des élèves. La rumeur commençait à enfler… Évidemment, tout le monde allait croire que Potter était l'héritier de Serpentard.

Mais cela était impossible. Potter ne partageait absolument pas les idées de Salazar Serpentard. Ce n'était qu'un enfant même pas encore adolescent.

- Lockhart, je vous laisse remettre les tables en place, dit-il sans se retourner.

Il suivit le trio de loin. Il entendait des mots. Weasley particulièrement… Ainsi, Potter ne savait même pas qu'il parlait une autre langue.

- Potter ! lâcha-t-il d'une voix sèche. Avec moi !

Le gamin s'apprêtait à répliquer mais il lui attrapa le bras afin de le traîner jusque dans une salle de classe vide.

- Arrêtez donc de trembler comme cela je ne vais pas vous manger !

- Je n'ai pas fait exprès ! s'emballa-t-il aussitôt.

- Je sais.

Cette réponse eut le mérite de faire taire Potter.

- Félicitations pour votre bouclier.

Il fallait l'amadouer pour commencer. Mais tenace, Potter eut pour seule réaction un froncement de sourcil. Soupirant, Severus proposa une chaise à Potter et il s'installa en face de lui.

- Depuis quand parlez-vous aux serpents ? Potter répondez-moi ! ajouta-t-il en voyant que le gamin baissait les yeux.

- J'en sais rien ! Depuis toujours ! Une fois j'étais au zoo et j'ai lâché un python sur mon cousin Dudley.

Le self-control du maître des potions le sauva d'un éclat de rire nerveux. Merlin, il se ramollissait !

Mais au moins c'était une bonne chose, le gamin n'était pas possédé. Encore une fois, il attirait juste les ennuis comme un aimant… Restait à savoir de quelle façon ce gosse réussissait à parler aux serpents... Certainement un don d'un lointain ancêtre. James Potter devait certainement se retourner dans sa tombe.

- Comment va votre bras ?

- Mieux, ronchonna Potter.

Décidément, ce gosse était intenable.

- Vous pourriez vous montrer un minimum courtois lorsque votre professeur s'adresse à vous, siffla Severus.

- Pourquoi est-ce que vous m'avez mis contre Malefoy ! explosa finalement Potter les joues rouges. C'est lui qui a lancé le serpent et maintenant tout le monde va croire que je suis l'héritier de Serpentard !

- Est-ce si grave ? demanda Severus dans un haussement de sourcil moqueur.

- Pour vous certainement pas mais pour moi oui !

- Ah bon et pourquoi ?

- Parce que c'est faux ! Et puis vous vous seriez heureux d'être l'héritier de Serpentard puisque vous appartenez à cette maison alors que moi non. C'est logique !

- Weasley et Granger semblaient pourtant savoir que vous ne l'êtes pas, poursuivit Severus qui eut la soudaine impression d'être Albus Dumbledore tant son ton était calme.

- Et les autres élèves alors ? Ils vont encore parler sur moi !

- En quoi l'avis des autres est important ?

- Mais… Mais…

Potter se tortillait sur sa chaise, incapable de répondre.

- Vous savez que vous êtes innocents, ce doit être suffisant pour vous. Les bruits de couloir ne doivent pas vous atteindre. Vous valez mieux que ça. Dans quelques années, vous serez certainement l'un des plus grands sorciers de tous les temps quand ils seront à se demander s'ils réussiront leurs ASPIC. Alors peu importe le regard des gens. Et si vous avez le pouvoir de parler aux serpents, n'ayez pas honte. C'est un don que peu de sorciers possèdent. Il n'y a rien de mal à être extraordinaire, bien au contraire.

- C'est facile à dire, marmonna Harry.

- Mais tu comprendras un jour.

Le tutoiement et le ton paternel étaient passés tout seul et Severus se raidit immédiatement prêt à nier qu'il avait été aussi familier avec l'enfant. Mais Potter était bien trop concentré sur ce qu'il venait de se passer lors du Club de Duel pour s'en rendre compte.

- C'est vrai que j'ai pu parler avec des serpents. Pendant l'été… Quand je suis partie dans la forêt… Un serpent m'a aidé à me cacher.

Le gamin leva les yeux dans une lenteur excessive, presque effrayé.

- Il était gentil avec moi. A vrai dire, tous les serpents qui m'ont approchés sont gentils avec moi.

Sans un mot de plus, Potter se leva pour sortir. Il s'arrêta, la main sur la poignée de la porte.

- Il suffit d'apprendre à les connaître.

Le gamin sortit de la pièce mais Severus le rattrapa rapidement.

- Harry !

L'enfant se retourna doucement. Severus soupira de soulagement en voyant que personne ne l'avait vu appeler le gamin par son prénom. Ne savait-il plus mettre les distances ? Particulièrement avec le fils de James Potter ! Mais voilà le problème. C'est que l'enfant devenait de plus en plus le fils de Lily à ses yeux. Encore plus troublant, il était de plus en plus juste Harry.

- Méfie toi quand même, certains serpents peuvent être vénéneux.

- Ne vous inquiétez pas professeur, je sais repérer ceux qui ont bon cœur.

Le sourire entendu du gamin scia le maître des potions sur place.

 

Comment en était-il arrivé là ?

End Notes:

Et voilà pour ce chapitre ! Je me suis régalée à l'écrire, imaginant aisément comment les choses auraient pu être "plus simple" pour Harry s'il avait été à Serpentard au moment où il aurait découvert son don. 

 

 

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