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***Drago, est mon nom et pourtant je n’ai rien d’un dragon… Encore une idée originale et sans surprise de mon père qui avait un grand avenir pour son unique fils. Je tourne en rond dans ma chambre, je réfléchis. Oui la sang de bourbe me dirait qu’elle est étonnée, mais qu’en sait-elle et qu’en savent-ils tous Potter et ses pitoyables acolytes !
Ancien directeur de Poudlard, Dumbledore était mort depuis un mois. Potter devait être chez sa moldue de famille… Malheureusement celui-ci était intouchable dans cette maison protégée par une magie très ancienne. De toute manière le Lord ne voulait pas que je m’en occupe, j’avais une autre mission : les Weasleys. Ma punition pour l’échec que j’avais écumé l’année dernière. Ma lâcheté ou peut être le fait de ne pas vouloir me salir les mains m’avait valu la mort de mon père … Si j’en parle avec nonchalance vous le comprendrez. Il n’avait pas hésité à demander grâce au Seigneur des ténèbres en m’obligeant à me sacrifier pour lui. Cependant il y avait ma mère. Et elle était la seule personne qui comptait pour moi à ce jour, je ne pouvais pas me permettre de la faire assassinée par Lui.
Weasleys, ces traîtres à leur sang, les parents ont autant d’enfants que des animaux. Ils ne valent pas mieux ! Ce ne sera pas dur, enfin il le faut… Et je n’ai aujourd’hui plus d’autres choix…
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***J’aime l’été, le soleil et la chaleur… Harry m’a laissée, c’était juste une question de temps, je m’en doutais. Il veut ma protection plus que les autres. C’est sa raison, oui pourquoi pas, cependant ses meilleurs amis sont tout pour lui, ne veut-il pas leur protection aussi ? Le voile des illusions est simplement plus agréable pour nous.
Je marche dans un champ et laisse ces réflexions me porter dans une direction puis une autre un peu tel que le ferait le vent. J’arrache les premières feuilles que je touche et les déchiquètent, ces petits mouvements m’apaisent et me donnent une certaine consistance.
« Non, non, non », mais cela reste inutile de le crier, j’irai lui parler au mariage. Je relève la tête, je ne suis pas soumise et j’aime le soleil. Qu’il vienne me caressait le visage, il me donnera du réconfort pour cette fois.
J’approche d’un petit sentier qui m’est familier, je m’y engage et essaye de me souvenir où il mène. En proie aux doutes qui me rongent depuis des semaines je ne fais pas attention où je marche et glisse sur un objet. Une poupée moldue ayant quelques années, peut être plus en l’examinant de près. Je l’emmène avec moi et continue.
Je me rappelle enfin, la cabane… Celle-ci n’était pas hantée mais juste enchantée pour les enfants. Bill l’avait enchantée pour Ron et moi bien avant que l’on entre à Poudlard. Par Merlin cela fait dix ans qu’elle n’a plus été visitée. Je réexamine la poupée moldue. Se pourrait-il que quelques gamins moldus échappant à l’autorité de leurs parents aient voulu s’y aventurer ? La cabane n’était pas cachée avec des sortilèges et du repousse moldue mais Bill avait jeté un sort : seuls les enfants pouvaient y entrer. Elle aussi avait subi les ravages du temps, les peintures s’étaient estompées, la fenêtre cassée et notre petite barrière avec un portail de cinquante centimètres de haut n’était plus qu’un reliquat de notre enfance maintenant lointaine…
Cependant j’y entends des bruits, peut être des écureuils ou des rongeurs… Non une petite voix s’élève dans la forêt ;
« Voulez-vous une tasse de thé Miss Eliza ? » et la même voix répond avec un accent plus aigu et doux « Bien sûr Miss Georgia, avec un petit nuage de lait »
Une petite tête blonde jouant avec deux poupées s’agite sur un rondin de bois … Elle a laissé tous les dessins de jadis, je souris et me demande si elle comprend les peintures où tous les personnages sont sur des balais. Je me retire sans faire de bruit ne voulant pas lui faire peur, il s’agit d’une petite moldue du village Ste Loutry la Chapelle. Elle se met soudainement à chanter : « Promenons-nous dans les bois tant que le loup n’y est pas. Si le loup y était, il nous mangerait ! ». Pas de doute, je n’ai jamais entendu cette comptine, elle n’est sûrement pas sorcière.
Je suis peut être sortie trop tôt de l’enfance, pensais-je… Dès l’âge de dix ans je n’avais que des pensées pour Harry… Je l’ai attendu si longtemps, pourquoi ? Pour réaliser que je ne ferai jamais partie de ces grandes choses qu’il doit accomplir, parce qu’il supporte d’avoir Ron et Hermione à ses côtés mais pas moi… Il me croit frêle, fragile… faible ! Je tape dans un caillou avec mon pied, cette pensée me fait enrager! Ginevra Molly Weasley n’est pas une petite fille jouant avec ses poupées, la guerre nous a tous endurcis. Je sors de la forêt, il n’est pas bon de rester dans le noir, la joie et le bonheur n’y naissent jamais…
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*** Le Seigneur des ténèbres m’a appelé, j’ai froid. Sa voix me donne l’envie de me jeter dans la mer du Nord pour me réchauffer. Il me siffle qu’il n’est pas satisfait de notre famille, si je veux vivre il faudra que je tue … Il me donne un nom, une date et un endroit. Crabbe et Goyle peuvent m’assister, il ajoute qu’après tout il s’agit d’une affaire d’étudiants en me levant un regard insoutenable. Je ne peux le regarder, pire que le Basilic, son regard ne tue pas mais détruit l’âme. Il claque des doigts et Queudver, cet infâme rat puant traîne sa carcasse infirme vers son maître. Je dois encore faire mes preuves et pour ne pas rater ma prochaine mission, « majeure », selon ses termes, il m’a concocté un petit test de bravoure… Après m’avoir ordonné de suivre le rat, il me jette un doloris pour avoir un avant goût de la douleur que je subirais en cas d’échec. Je ne vois rien mais une main m’attrape et me tire, je ne suis plus au Manoir des Malefoy, le nouvel antre du Seigneur des ténèbres.
Je me relève non sans peine et demande où nous sommes. Queudver me lance un rictus en soufflant « Non loin de votre mission, jeune Malefoy », je regarde autour de moi et là je vois des arbres denses, un « pop » me fait détourner le regard. L’immonde, il ne veut pas assister à ça, il ne veut pas me voir tuer un moldu pour le plaisir du maître. Ma vie et celle de ma mère en dépendent, il faut que j’y arrive et de toute manière un moldu de plus ou de moins ça ne changera rien… Une maisonnette en bois est devant moi, ma baguette se fait plus lourde dans ma poche. Dumbledore, protecteur des moldus tu n’aurais rien pu faire pour moi. Tu vois bien, je suis un meurtrier !
C’est là qu’une vision m’horrifie, c’est une petite fille de 6 ans à peine… Je sens des auras de magie, ma baguette le sent mais elles ne viennent pas de la fillette qui ne m’a pas vu et continue à cueillir des fleurs. La cabane est magique, il faut que je l’éloigne. Non pas besoin elle s’approche de moi… Elle ne me craint pas et me regarde avec une petite moue.
« Tu veux que je te montre miss Eliza ? » Je ne comprends pas, je vais défaillir mais je sors ma baguette et lance le sort. Je sens un liquide chaud sur mes jambes. Je crois m’être fait dessus. C’est du sang. Celui de la fillette. Je me tourne, cours derrière un arbre et vomis.
Il voulait absolument un sectumsempra pour que les Weasleys comprennent qu’ils n’étaient pas à l’abri. Je maudis le Lord, me salir avec du sang de moldue ! J’enrage, je l’ai qu’en même tuée. Je retourne au manoir sans perdre de temps. Il rit et se dit étonné pensant que je ne l’aurais jamais fait, ajoutant par la même que mon ennemi devait bien être à ma hauteur. Je lui réponds que j’obéis lorsque le Seigneur me donne un ordre en essayant de ne pas faire grande attention de l’insulte, mon ego ne vaut plus rien. Je n’ai plus aucune difficulté à énoncer ce genre de phrase, Lucius est mort et la gloire des Malefoy avec lui. Nous ne sommes que les larbins du Seigneur. Je peux enfin aller dans ma chambre. Je m’y évanouis à peine arrivé. Dans une semi-conscience j’entends la voix bien aimée de ma mère. Je l’entends pleurer et se pencher sur mon front pour y déposer un baiser. Je n’ai pas la force de lui dire, mère c’est un assassin d’enfants que vous embrassez. Mais elle lit dans mes yeux l’horreur que j’ai fait subir… « Drago, tu l’as fait pour nos vies » En valent-elles la peine ? Nous sommes au dessus des moldus, finalement également en dessous d’un sorcier. Je sombre, ce que je ressens est alors bien pire qu’un doloris…
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