Ceci est théoriquement l'avant-dernier chapitre. Vous avez vu, il n'a pas tardé hein ? :D Bref, j'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture à tous !
- Dis papa, intervint Harmonie alors que le dessert était servi par deux elfes de maison sous les crissements de dents de sa mère. Quand est-ce que je rencontrerai papi ?
Hermione jeta un regard à Draco, se demandant comment il allait pouvoir se tirer de cette situation délicate. La fillette avait été enchantée de se trouver un papi et deux mamies, mais l’absence de son grand-père paternel la troublait.
- Je pense dans à peu près une semaine, lui répondit le jeune homme.
- Youpi ! s’exclama l’enfant avant de planter sa petite cuillère dans une crème au chocolat alors que sa mère adressait au maître des lieux un regard interrogatif.
- Il est autorisé à sortir d’Azkaban sous surveillance relative, expliqua Draco. Notre mariage à tous deux fera preuve de sa bonne foi, et même si ça ne lui plaît pas, mais alors absolument pas, il a bien fallu qu’il se range à cette solution pour être libre.
Hermione crut qu’elle allait l’étrangler sur place, et c’est sûrement ce qu’elle aurait fait si elle n’était pas occupée à essayer de ne pas s’étouffer avec l’eau avalée de travers.
- Depuis quand suis-je censée t’épouser ? demanda-t-elle à mi-voix.
- Mais depuis que je l’ai décidé, répondit Draco avec désinvolture en se servant une cuillerée de crème anglaise.
La jeune femme le dévisagea avec horreur, cherchant le sourire narquois qui lui prouverait qu’il se moquait d’elle, et qu’aucune de ses paroles n’était fondée. Elle ne le trouva pas.
- Quoi ? s’exclama-t-elle en se levant brusquement. Ca fait à peine un mois que je vis ici et toi, d’un coup, tu décides que l’on va se marier. Je ne me rappelle pas que tu me l’ais demandé.
- Tu n’as pas ton mot à dire, répliqua froidement Draco.
- Bien sûr que si, j’ai mon mot à dire, cria Hermione, ses phalanges blanchissant alors qu’elle serrait le bord de la table.
- Un riche héritier d’une longue famille de sang-pur comme moi te fait l’honneur de t’épouser, toi misérable s… née-moldue, se reprit-il de justesse en se rappelant la présence d’Harmonie. Je ne vois pas de quoi tu te plains, alors ne pousse pas trop ta chance.
- Harmonie, coupa brusquement Narcissa en interrompant Hermione qui s’apprêtait à riposter furieusement, va te coucher.
- D’accord mamie, répondit sagement la fillette en faisant grincer des dents la maîtresse des lieux qui détestait cette appellation.
Hermione attendit que sa fille soit sortie pour reprendre.
- De quel droit est-ce que tu diriges ma vie ? jeta-t-elle à Draco.
- Depuis que je te nourris, répondit le jeune homme d’une voix glaciale en lui lançant un regard pénétrant. Et je le répète, tu n’as pas ton mot à dire.
Chacune de ses syllabes, détachées, fut comme une lame passée au travers du corps d’Hermione. Elle quitta la table d’un pas furieux, tremblante de rage.
Draco poussa la porte de la chambre de sa fille pour venir lui souhaiter la bonne nuit. Il se glissa dans la chambre et nota d’un froncement de sourcils que les rideaux n’étaient pas tirés, éclairant la pièce du clair de lune. Il penserait à punir ses elfes de maison pour ce manque flagrant de méticulosité.
A pas de loups, il s’approcha du lit, s’assit sur le bord et se pencha pour découvrir avec désappointement que les draps étaient vides. Eclairant les lieux d’un lumos agacé, il alla voir dans la salle de bain qui jouxtait la chambre et étouffa un grognement en comprenant que la fillette devait être avec sa mère. Cependant, décidé à ne pas empêcher cette dernière de souhaiter le bonsoir à Harmonie, il quitta la pièce et se dirigea à grands pas vers la chambre d’Hermione.
Il hésita avant de frapper, mais finit par s’y résigner pour ne pas attiser davantage la colère de l’ancienne Gryffondor. N’obtenant pas de réponse et étant légèrement agacé, il ouvrit la porte, et se figea. La pièce était totalement déserte, propre, rangée, vide. Il ouvrit les placards à la volée pour découvrir les étagères absentes de tout vêtement. Tiroirs, coffres, rideaux, salle de bain… Il retourna chaque endroit de la pièce pour découvrir avec horreur qu’il ne restait rien pour témoigner du passage d’Hermione dans la pièce. Et aucun indice pour lui dire là où elle était partie, en osant lui ravir sa fille sous le nez.
Rageur, il sortit sa baguette et éventra les oreillers, renversa les armoires, brisa les miroirs et déchira les rideaux. Un cri de rage jaillit de sa gorge alors qu’il donnait un violent coup de poing contre un mur, se faisant saigner.
- Sale garce, marmonna-t-il, ses cheveux en sueur tombant en partie sur son visage et collant à son front.
***
Hermione regarda son calepin. Elle avait pris rendez-vous avec un médicomage le lendemain, tout se passerait bien.
Quelqu’un toqua à la porte. Hermione se raidit, redoutant la présence, et surtout la colère de Draco. Courageuse, elle força Harmonie à s’allonger et à dormir alors qu’elle descendait au salon. Son père traversa le hall d’entrée en grognant qu’il y avait des heures où on ne dérangeait pas les gens. Il ouvrit, et dévisagea de haut en bas l’inconnu qui se tenait dans l’embrasure de la porte. A son visage qu’elle apercevait de profil, Hermione pouvait parfaitement deviner ce qu’il pensait. La veille, c’était sa fille qui venait frapper à sa porte à une heure incongrue, et maintenant un drôle de bonhomme que la jeune femme ne pouvait pas apercevoir de là où elle se tenait.
- Hermione, c’est pour toi, l’appela inutilement son père.
- Si c’est Malfoy je ne veux pas le voir, trancha sèchement la jeune femme.
Elle était désolée de mettre son père dans l’embarras, mais elle savait qu’il saurait expulser le prétentieux avec fermeté, ce dont elle se savait incapable.
- Je suis bien Mr Malfoy, éclaira le visiteur Mr Granger, mais je ne pense pas être celui que votre fille évoque.
Hermione se figea sur place en reconnaissant la voix du père de Draco. Un frisson lui parcourut l’échine quand elle se rendit compte que l’ex-Mangemort se tenait à quelques pas seulement de son père, un moldu.
- C’est bon papa, je m’en occupe, intervint-elle rapidement en rassurant son père du regard.
Ce dernier s’éclipsa avec un haussement d’épaules pour retourner voir son match de football.
- Puis-je entrer ? demanda Lucius Malfoy d’une voix glaciale.
Hermione acquiesça de la tête en le laissant passer, la gorge nouée d’appréhension. Qu’est-ce qu’il fichait ici ? Il était sensé être à Azkaban ! A moins qu’il n’ait trouvé un quelconque moyen de s’évader. Et maintenant, il venait se venger de l’humiliation qu’elle avait fait subir à son fils et éliminer l’élément compromettant qu’était Harmonie. Instinctivement, la jeune mère se plaça devant l’escalier, interdisant à Lucius l’accès à la chambre de sa fille.
- Je n’aurai jamais cru qu’une fille comme vous puisse mettre ma famille dans un tel état, jeta l’ancien Mangemort avec mépris en lançant un regard dégoûté aux objets moldus étant dans le hall. Ma femme a beaucoup de mal à garder mon fils à la maison, il semble totalement fou.
- De rage ou juste de folie ? s’enquit poliment Hermione, ne sachant sur quel pied danser.
- Vous faites bien de ne pas supposer de tristesse, répondit son interlocuteur en la toisant froidement du regard. De rage, ajouta-t-il. Si on le laissait faire, il viendrait ici sur le champ pour commettre je ne sais acte des plus répréhensibles.
Hermione se força à garder une respiration calme alors que Lucius parlait. Elle n’avait pas besoin de beaucoup l’observer pour constater que le simple fait d’être ici le révulsait profondément et qu’il aurait donné beaucoup de choses pour faire autrement que lui parler. D’ailleurs, sa main gauche s’agitait nerveusement près de la poche contenant sa baguette alors que l’autre était crispée sur le pommeau de sa canne.
- Et puis-je vous demander la raison de votre visite ? questionna-t-elle.
- C’est pourtant évident, répondit sèchement l’homme. A cause de votre soudaine fuite, je vais devoir retourner à Azkaban, et vous aurez compris que c’est quelque chose qui ne fait pas vraiment partie de mes projets. Peut-on savoir ce qui vous prend de rejeter la chance de votre misérable vie ?
- Sachez Mr Malfoy que chez moi, on se marie pas à cet âge, se raidit Hermione.
- En effet, approuva Lucius. A cet âge, on est plus porté à être mère en détresse que femme bien placée.
Son interlocutrice ne répondit pas, forcée d’admettre qu’il marquait un point. Elle ne baissa cependant pas le regard, les pupilles ancrés dans celle de l’homme qui lui faisait face.
- Chez la haute-société par contre, dont nous faisons bien évidemment parti, continua l’ex-Mangemort d’un ton froid, un mariage ne se prend pas à la légère. C’est un engagement à vie dont on ne peut pas se défaire, qui demande mûre réflexion et dans lequel il faut un minimum d’entente entre les deux époux, même s’il est arrangé.
- Avez-vous également beaucoup l’habitude de vous marier sans que l’un des deux partis ne soit même prévenu, ou n’est donné son accord ? demanda Hermione en contenant sa colère et en essayant de ne pas réfléchir à ce qu’essayait de lui dire Lucius.
- Quand il s’agit d’une personne issue des bas-fonds de la société sorcière, il est tellement évident que la réponse sera une acceptation que l’on peut se permettre de ne pas le demander. Il ne manquerait plus qu’on vous laisse la possibilité de refuser. J’espère que vous ne croyez pas que mon fils se traînerait à vos pieds pour quémander votre main, attaqua le visiteur dont les yeux étaient désormais animés d’un éclat meurtrier. Le simple fait qu’il ait posé les yeux sur vous est une absurdité. Et croyez bien que si votre mariage ne me permettait pas d’être libéré d’Azkaban, il y aurait longtemps que vous auriez goûté à ma colère.
Les pupilles de Lucius rougeoyèrent soudain et Hermione ne put s’empêcher de trembler, en gardant cependant ses yeux plantés dans ceux de son adversaire en signe de défi. Elle ne devait pas lui montrer que ses menaces avaient une emprise sur elle.
- Moldu, né-moldu, sang-mêlé ou sang-pur, nous sommes tous sur un pied d’égalité, déclara-t-elle d’une voix blanche. Alors inutile de prendre vos grands airs ici. Je décide de ma vie comme je l’entends, et je suis une personne à part entière qui prend ses décisions toute seule.
Le sorcier la fixa intensément, passablement énervé.
- C’est bien ce qu’on m’avait fait comprendre, lâcha-t-il d’une voix maîtrisée avant de tourner les talons.
Il sortit sans ajouter un mot, mais Hermione savait bien que derrière le « on » se cachait « Draco ». Ainsi il avait parlé d’elle à son père ? Qu’il fasse ce qu’il lui chante. Cette discussion l’avait fatiguée, un affreux mal de crâne commençait à poindre et elle n’avait qu’une envie : aller se coucher.