Myrtle Warren était une fillette de douze ans tout juste. Elle était un peu grassouillette, ce qui lui valait les moqueries de ses camarades, car on sait tous qu'à cet âge les enfants sont cruels et particulièrement immatures. Moqueries qui avaient fini par la rendre aigrie, et à cause desquelles elle pleurait beaucoup. Olive Hornby, la pire des petites pestes, finit par lui donner un joli surnom, Mimi Geignarde.
A présent, cette fille doit sans doute vous dire quelque chose ?
Myrtle marchait dans les couloirs du château, les larmes aux yeux. Une fois de plus, on avait ri d'elle. A la bibliothèque, Olive Hornby avait trouvé drôle de lui dire "Avec tes lunettes, on dirait une taupe !", et cela, devant tous les élèves qui travaillaient. Elle était donc partie en courant, et se retrouvait seule, à déambuler dans les couloirs de pierre du deuxième étage, incapable de supporter une minute de plus les rires, et railleries de tous.
Ses pleurs y résonnaient. Elle s'assit alors, à même le sol, et enfouit son visage contre ses genoux. Elle voulait rentrer chez elle, et abandonner Poudlard, même si elle savait que ses parents n'accepteraient jamais. Chaque jour, elle se levait avec la peur au ventre, que pourrait-on encore lui dire pour l'humilier ? C'était la question qu'elle se posait tous les matins, en se préparant.
Pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé d'être discrète et invisible aux yeux des autres, mais non, Myrtle finissait toujours par faire une maladresse, qui faisait que tout le monde la remarquait. En fait, c'était un cercle vicieux, plus on la ridiculisait, moins elle avait confiance en elle, et plus elle se faisait remarquer.
Myrtle se leva, pour aller se rafraîchir le visage aux toilettes. C'est en songeant à son triste sort et en se maudissant elle, et cette peste de Olive Hornby qu'elle avançait.
Distraite par toutes ses malheureuses pensées, elle ne vit pas un élève déboulait d'un tournant. Ils se rentrèrent violemment l'un dans l'autre, et Myrtle tomba à la renverse. Elle se cogna brutalement la tête contre le sol, et ses lunettes se brisèrent sous le choc.
Difficilement, elle réussit à se redresser, en se massant la tempe droite, endolorie. Elle vit une main, tendue vers elle, en guise d'aide. Elle leva alors la tête, et reconnut immédiatement le protagoniste.
C"était un élève de cinquième année, que Myrtle connaissait peu, puisqu'elle était en deuxième année. Il avait la réputation d'être l'élève le plus brillant, intelligent, et beau de Poudlard. Ses cheveux noirs de jais contrastaient magnifiquement avec sa peau parfaite et claire. Il avait littéralement le visage d'un dieu, pensa-t-elle amèrement. Et comme si la nature n'était pas assez injuste avec elle, elle lui avait aussi donné une politesse exemplaire. Mais son nom lui échappait.
Il s'agissait de Tom Jedusor.
Elle attrapa donc la main qu'il lui tendait gentiment, et se leva, manquant cruellement de grâce. Elle n'osa pas le regarder dans les yeux, et sentit son visage s'empourprer.
-Euh... Merci... Pardon, bredouilla-t-elle, intimidée par ce beau garçon aux allures élégantes et impressionnantes, comme toute fille de douze ans qui se respecte.
-Non, c'est moi, j'étais un peu pressé, dit-il, d'une voix charmeuse, et polie. Mais avec ce qui se passe en ce moment, tu ne devrais pas traîner seule dans les couloirs. Myrtle, c'est bien cela ?
Myrtle rougit de plus belle. Il connaissait son prénom, c'était sans doute ridicule de sa part, mais elle en fut flattée. Elle hocha la tête, se sentant incapable de prononcer un mot sans bégayer. Avec toutes ses histoires, elle en avait presque oublié que des élèves se faisaient agresser, sans que personne ne sache pourquoi, des enfants de moldus.
Puis elle remarqua ses lunettes, gisant en milles morceaux.
-Oh non ! Gémit-elle.
Elle les attrapa vivement, et se coupa avec un bout de verre. Elle sursauta sous la douleur, et se mit à pleurer. Il lui semblait que le ciel lui tombait sur la tête aujourd'hui - elle ne croyait pas si bien dire. Tom lui prit le poignet.
-Il ne fallait pas l'attraper avec les mains ! Laisse-moi, je vais les réparer, dit-il, levant les yeux au ciel, et en sortant sa baguette.
Vexée de s'être humiliée une fois de plus, et ayant un caractère relativement susceptible, Myrtle le repoussa.
-Laisse-moi ! Je n'ai pas besoin de toi !
Elle savait qu'il avait voulu être gentil, mais elle avait honte d'être aussi sotte devant lui. Elle se mit à rassembler piteusement les bouts de verre, en veillant à ne pas se couper cette fois-ci. Trop occupée par cela, Myrtle ne remarqua pas le regard foudroyant de Tom lui vriller le dos.
Comme si tous ses malheurs ne suffisaient pas, Myrtle Warren venait de s'attirer les foudres de Tom Jedusor.
Celui-ci, le regard toujours aussi sombre, déclara d'un ton calme, la mâchoire serrée :
-Cela ne m'étonne pas que tu sois si détestée. Tu n'es pas fichue t'adresser correctement aux gens qui t'aident. Et utilise ta baguette, tu paraîtras sans doute moins idiote.
Sur ces paroles blessantes, il partit. Son égo ayant prit un coup, et par fierté, Myrtle s'étonna devant sa propre audace :
-Pauvre con !
Elle pleurait de rage à présent. Elle balança les bouts brisés à travers le couloir brusquement, et courut en direction des toilettes.
Tom Jedusor avançait rapidement, tenant fermement le livre qui lui était si précieux contre sa poitrine. Il se retourna un instant vers la gamine, et la vit partir en courant, dans la direction opposée. Quelle sotte ! Qu'elle ose lui parler ainsi ! Une sang-de-bourbe en plus, il l'avait lu dans son esprit.
Dépité, qu'il continua à avancer. Il songea à tout ce qu'il venait de faire. Il avait réussi à trouver une salle de classe vide et isolée, et s'était entraîné suffisamment, chaque jour, pour passer à l'acte. Se sentait-il prêt ?
Bien sûr ! Rugit-il, contre lui-même. Il ne fallait plus qu'il doute, c'était le seul moyen. S'il avait été capable de pousser le basilic à pétrifier ces nés-moldus, il devait être capable de cela. Le seul problème était de trouver une personne qui...
Tom se figea. Elle ! Il se retourna.
Bien entendu, elle était déjà partie. Sans doute pleurnichait-elle dans un coin à présent. Tom eut un rictus mauvais, et se remit en route, à sa recherche.
Myrtle Warren, tu n'aurais jamais dû m'insulter, pensa-t-il.
Myrtle s'était enfermée dans une cabine de toilette, et pleurait à chaude larme. Elle frappa la porte de la cabine dans un excès de colère. La vie était injuste !
Elle sentit sa main la lancer. Elle avait mal à l'endroit où elle s'était coupée deux minutes plus tôt. Elle s'accroupit, et tenta de se calmer. Tout était la faute de Olive Hornby !
Elle resta là, sans vraiment savoir combien de temps.
Puis elle entendit une voix. Cela n'avait rien d'humain, et jamais auparavant, elle n'avait entendu un son si aigu et désagréable. Myrtle se figea, s'empêchant de respirer. Elle plaqua sa main devant sa bouche de peur d'être entendue. Elle tendit l'oreille un instant. Rien.
Ce devait sans doute être quelqu'un qui voulait l'effrayer. Elle en avait l'habitude en fin de compte. Myrtle souffla.
Des bruits de pas.
Cette fois Myrtle soupira, et se leva.
-Sortez ! Vous ne me faites pas peur !
Hésitante, elle resta là encore quelque seconde. Elle préférait attendre que la personne se lasse et s'en aille.
Quand tout lui sembla assez calme, Myrtle posa sa main sur le loquet et le tourna. Elle ouvrit doucement et silencieusement la porte. Elle voulait avoir l'inconnu à son propre jeu.
Elle sortit la tête dans entrebâillement de la porte.
Ce qu'elle vit à ce moment là fut la dernière chose de sa triste vie. Elle eut à peine le temps de distinguer deux grands yeux jaunes, prés des lavabos, qu'elle tomba.
Myrtle Warren était morte.
De sa mort, un journal intime hors du commun venait de naître. Celui de Tom Elvis Jedusor.
Le premier Horcruxe.