C’était les vacances de Noël et Roxanne avait décidé d’en profiter pour aller acheter des cadeaux sur le Chemin de Traverse. Fred, son frère jumeau, et Lucy, sa cousine germaine d’un an son aînée, la suivaient un peu en arrière en discutant de quidditch. Roxanne n’écoutait pas, elle détestait le sport sous toutes ses formes. Elle se baissa de justesse pour éviter une boule de neige lancée par une des statuettes de glace en forme de lutin qui avaient fleuries sur les toits des boutiques. Fred derrière elle, très grand, la prit en pleine figure.
Roxanne sourit et passa sous une lucarne recouverte par la neige. Son attention fut attirée par une autre rue perpendiculaire où la pancarte d’une boutique indiquait « Tatouages magiques ». Elle s’y dirigea, curieuse, ayant déjà entendu parler des tatouages moldus par sa tante Hermione.
- Roxie ! l’appela Fred. Où tu vas ? C’est l’Allée des Embrumes par là.
- Ah bon, lâcha distraitement Roxanne. Ca ne fait rien je vais juste jeter un coup d’œil à cette boutique. Je vous rejoins devant la boutique de papa.
Son jumeau leva les yeux au ciel. Roxanne l’ignora et marcha rapidement vers la boutique l’intéressant. L’enseigne était recouverte de neige et de petites flammes étaient enfermées dans des bocaux au-dessus de la porte, éclairant l’entrée. Elle poussa la porte grinçante et pénétra timidement dans la pièce. Elle s’attendait à une ambiance plutôt feutrée avec des bougies mais au lieu de cela il s’agissait d’une jolie pièce blanche avec une multitude de fleurs tapissant les murs et le plafond. Une très belle femme était au fond de la pièce et arrosait à coups de baguette magique.
Roxanne s’avança, contournant les fauteuils.
- Bonjour, lança-t-elle pour signaler sa présence.
- Ah bonjour, s’exclama la dame. Un instant je vais appeler mon mari, il doit être dans la pièce d’à côté.
Elle ouvrit une porte blanche qui se confondait avec le mur et que Roxanne n’avait pas aperçue au premier coup d’œil.
- Blaise ! Une cliente.
Elle sourit à Roxanne et se remit à arroser ses fleurs. Un homme surgit quelques secondes après, grand et de peau mâte. Il marqua un temps d’arrêt en la dévisageant, visiblement surpris, mais se reprit très vite.
- Bonjour mademoiselle, je peux vous aider ?
- Et bien… j’ai aperçu votre enseigne et j’aurai voulu en savoir plus.
L’homme l’invita à s’asseoir dans un fauteuil et lui expliqua patiemment le concept des tatouages. Ils étaient appliqués sur la peau à l’aide d’un sortilège, pouvaient changer de couleur et se déplacer sur le corps à l’aide de sortilèges très simples.
- Lors de l’enchantement initial, on peut dire que le tatouage est programmé, exposa le tatoueur. Les sorts servent juste à activer telle ou telle séquence. J’ai écrit un manuel avec tout ce qu’il y a à savoir et tous les sorts référencés.
- Et c’est définitif ? questionna Roxanne.
- Non, un contre-enchantement permet de le retirer. Je sais que certains clients l’ont fait tous seuls mais je le déconseille. Aucun d’eux ne s’est retrouvé à Ste-Mangouste, sinon il m’aurait sans doute rapidement collé un procès, mais à moins que vous ayez des connaissances très pointues en enchantements, c’est risqué. Il vaut mieux venir me voir pour que je vous l’ôte.
- D’accord, acquiesça la jeune fille de la tête.
Elle lui acheta un livre, le remercia et partit en lui indiquant qu’elle allait y réfléchir. Elle était plutôt ravie et enthousiaste mais à peine avait-elle fait quelques pas qu’une petite vieille l’aborda, lui attrapant le poignet et la tirant vers elle.
- Je t’ai vu sortir de chez Zabini, lui dit-elle. Une jolie fille comme toi ne devrait pas fréquenter des gens comme ça. Ses tatouages, ils puent la magie noire.
Elle la lâcha et s’éloignant en maugréant. Douchée, Roxanne resta un moment immobile, sans rien faire.
- Maman, tu ne connaîtrais pas un Zabini ? Blaise Zabini ? demanda Roxanne en rentrant chez elle.
Angelina lui retourna un regard étonné.
- Je crois qu’il y avait un Zabini à Serpentard, mais plus jeune que ton père et moi.
- Il avait l’âge de Ron, non ? intervint George en sortant de la cuisine. Pourquoi cette question ?
Roxanne hésita avant de se lancer.
- Il tient une boutique sur le Chemin de Traverse. Elle m’a fait une bonne impression mais j’ai entendu des rumeurs, donc je voulais m’informer.
- Une boutique ? s’étonna George. Etrange, j’en aurai entendu parler si tel était le cas.
- Enfin, pas vraiment le Chemin de Traverse, dans une rue annexe, rectifia Roxanne.
Son père lui lança un coup d’œil soupçonneux.
- Qu’est-ce que tu nous caches ?
- Rien, rien du tout, dit très vite Roxanne.
- J’en connais un rayon question mensonge, si tu crois que…
- Laisse tomber, intervint Angelina. Tu vois bien qu’elle ne veut pas en parler. Tu devrais appeler ton oncle par cheminette, reprit-elle à l’attention de sa fille, il pourra peut-être répondre à tes questions.
Roxanne acquiesça avec un sourire, remerciant sa mère du regard, puis fila vers la cheminée en ignorant le visage vexé de son père. Fred lui fit une grimace en traversant le salon auquel elle répondit en tirant la langue. Ils avaient beau être tous deux en cinquième année à Poudlard, ils restaient des enfants.
La jeune fille lança la poudre dans l’âtre de cheminée et y avança sa tête.
- Le Cerisier, annonça-t-elle à voix haute.
Tout tourbillonna autour d’elle et elle ferma les yeux le temps que la nausée qui montait en elle cesse.
- Roxanne ?
La jeune fille leva les yeux vers Hugo qui la regardait de haut avec une expression bizarre.
- Bonjour Hugo, le salua-t-elle. Je voudrais parler à ton père, il est là ?
Son cousin lui lança un regard dédaigneux avant de sortir de la pièce le chercher. De tous ses cousins, il était celui qui était le plus désagréable, associable et antipathique, et paradoxalement celui qu’elle aimait le plus car elle voyait au travers de la carapace qu’il s’était construit depuis la mort de sa sœur.
- Salut Roxanne, ça va ? lança joyeusement Ron. Tu veux venir partager un goûter avec nous ?
Roxanne n’hésita pas longtemps et traversa totalement le passage entre les deux cheminées. Elle toussa un peu et prit la main secourable que lui tendit son oncle pour l’aider à se relever.
- Il y a du gâteau au chocolat. Tu vas voir, c’est un délice !
- Tante Hermione a cuisiné ? demanda Roxanne bien qu’elle devine déjà la réponse.
- Non, c’est Erbie. Et heureusement, ajouta-t-il à voix basse, ce qui la fit rire.
Ils allèrent à la cuisine où Hermione et Erbie étaient assis. Hugo n’était nulle part en vue, sans doute était-il allé s’enfermer dans sa chambre comme il en avait l’habitude. D’après ce que lui avait dit Angelina, Hugo ne voulait pas rentrer pour les fêtes de Noël mais Hermione avait insisté en prétextant que Noël avait toujours été passé en famille et que cela ne changerait pas. En réalité, elle s’inquiétant que son fils ait été envoyé à Serpentard au début de l’année. Ca avait surpris une grande partie de la famille, mais pas Roxanne. Elle s’y attendait un peu.
- Miss Roxanne ! lança Erbie à son entrée.
Ses grands yeux comme des billes semblèrent s’allumer, vite cachés par l’énorme bonnet tricoté par Hermione qui venait de glisser et lui recouvrir tout le visage. Roxanne sourit en allant les embrasser, lui et sa tante. Erbie était un elfe de maison travaillant depuis six ans pour Ron et Hermione qui lui avaient construit une petite cabane très confortable dans le jardin pour le loger et qui le payaient sans doute mieux que tous les elfes d’Angleterre. Roxanne se rappelait qu’elle avait trouvé étrange qu’Hermione insiste pour qu’il ne dorme pas dans la maison.
- C’est une personne indépendante, disait-elle. S’il veut inviter des amis, se marier ou tout autre, il faut qu’il ait sa propre demeure et ne soit pas dépendant de nous.
A la place d’Erbie, Roxanne aurait préféré dormir sous le même toit que le reste de la famille mais visiblement la situation allait très bien à l’elfe. De plus, il était sans doute le seul avec qui Hugo se montrait agréable et conciliant, tout conciliant qu’il puisse être.
Roxanne s’assit à table et se servit une part de gâteau. Dehors il neigeait à gros flocons et elle se réjouissait d’être au chaud à l’intérieur.
- Alors, qu’est-ce qui t’amène ? lui demanda Ron.
La jeune fille parla sans réserve de la boutique de tatouages dans l’allée des embrumes, n’ayant pas les mêmes scrupules avec son oncle et sa tante qu’avec ses parents. Elle raconta précisément sa visite ainsi que l’intervention de la vieille femme dans la rue qui l’avait déstabilisée.
- Ce vieux botruc t’a raconté n’importe quoi, lâcha Ron acide dès qu’elle se tut. Blaise n’a jamais touché à la magie noire, même lors de la guerre, du moins d’après ce qu’il nous a dit.
- J’aurai dû vous apporter le livre, regretta Roxanne.
- Je dois l’avoir, un instant je reviens, s’exclama soudain Hermione en quittant précipitamment la pièce.
- Vous l’avez ? s’étonna sa nièce.
Ron soupira.
- Les Zabini sont nos voisins et ils ont un fils du même âge qu’Hugo. On ne s’est jamais parlé à Poudlard mais on a eu quelques contacts depuis qu’ils ont emménagé. Ce sont des gens…
- Charmants, acheva à sa place Hermione en revenant. Voici l’ouvrage, ajouta-t-elle en posant l’ouvrage devant Roxanne. Je l’ai déjà lu de long en large, il n’y a pas une seule trace de magie noire, je peux te le garantir. Blaise est quelqu’un d’excellent en enchantements et de particulièrement brillant pour avoir conçu le principe des tatouages magiques. Il a dû penser à…
- C’est bon Hermione, on connaît le refrain, coupa Ron, excédé. Blaise est brillant, Blaise est doué et patati patata.
- Mais c’est vrai, s’offusqua Hermione.
Ron leva les yeux au ciel et sa femme referma le livre sèchement, vexée. Roxanne tenta tant bien que mal de ravaler son rire.
- Alors tu voudrais te faire un tatouage, reprit Ron. Tu sais déjà quelle forme tu veux ?
- Rien n’est sûr et je n’ai pas encore choisi, j’étais plutôt dans la phase « information », exposa Roxanne.
- Et tes parents ? demanda Hermione.
Le silence éloquent de sa nièce voulait tout dire.
Ses parents n’avaient pas questionné Roxanne à son retour du Cerisier, comprenant que cette affaire ne les concernait pas, mais quelques jours plus tard son père lui sauta dessus en rentrant du travail.
- Il est hors de question que tu te fasses faire un tatouage, tu entends ! s’exclama-t-il.
- Et pourquoi ? brava Roxanne.
- Parce que, se buta George.
- De la part d’un vendeur de farces et attrape, je m’attendais à un peu plus d’ouverture d’esprit en matière d’extravagance, fit-elle sèchement.
- Roxanne ! s’offusqua sa mère depuis l’escalier. Ne parle pas comme ça à ton père.
Roxanne secoua la tête et alla rageusement s’enfermer dans sa chambre, la rage au cœur. Elle n’était même pas sûre de vouloir un tatouage, elle avait juste trouvé le concept sympa. Mais quoiqu’il en soit, elle était révoltée à l’idée que son père put le lui interdire. Qu’importe, elle ferait ce qu’elle souhaite.
Son regard fut attiré par le livre qu’elle feuilleta rapidement. Elle arriva rapidement à la fin où s’étalaient des images colorées et animées avec les différents motifs de tatouages possibles. Il y en avait pour tous les goûts. Des bateaux, des carrosses, des châteaux, des balais, des chaudrons, des baguettes magiques, des dragons, des hypogriffes, des phénix, des licornes, des bonhommes de neige, des chapeaux pointus, des livres volants (Roxanne pensa à sa tante Hermione), des étoiles… Deux pages entières étaient consacrées aux différentes étoffes et symboles des équipes de quidditch les plus réputées ; Roxanne les sauta sans les regarder. Elle retomba sur des fleurs, des arbres, des mandragores et autres plantes de toutes sortes. Ces pages devraient ravir le professeur Londubat, son enseignant en botanique.
Elle tourna une page supplémentaire et s’arrêta sur un magnifique papillon vert qui voletait sur le papier. Elle passa plusieurs minutes à le regarder, incapable d’en détacher son regard. Sa décision était prise.
Dans dix jours, ce serait la rentrée de septembre. Roxanne faisait ses courses sur le Chemin de Traverse, achetant ses livres de sixième année et réapprovisionnant son nécessaire à potions. Lucy la surveillait du coin de l’œil, sans doute chargée par son père de l’empêcher de se rendre dans une certaine boutique. Roxanne chercha le regard de son jumeau qu’elle trouva rapidement. Un sourire complice passa brièvement sur leurs lèvres avant qu’ils ne détournent la tête.
- Alors Lucy ? Tu as été nommée Préfète-en-Chef pour cette année ? lança Fred.
- Non, et heureusement, soupira sa cousine. Les Préfets-en-Chef ont beaucoup plus de travail que les préfets normaux. Je suis contente mais je crois que mon père était déçu que l’insigne ne se soit pas trouvé dans l’enveloppe.
- Oncle Percy tout craché, rit Fred.
Pendant que son frère distrayait Lucy, Roxanne se glissa derrière deux sorciers qui discutaient avec animation, s’éloigna et se fondit dans la foule. Le temps que Lucy s’aperçoive qu’elle avait disparu, ce serait trop tard.
D’un pas léger Roxanne se dirigea vers « Tatouages magiques », toute excitée. Elle poussa la porte avec ravissement, un grand sourire qu’elle n’arrivait pas à ôter étirant ses lèvres. Son père pouvait dire tout ce qu’il voulait, elle l’aurait, son tatouage papillon.
Note de chapitre:
Voici donc une nouvelle fiction, épisode tout simple s'inscrivant dans la série "Le Cerisier". J'espère que vous aimerez :)
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