La Nature est en fête aujourd’hui. Du plus haut des arbres au plus petit brin d’herbe, chacun respire la joie de vivre. La maison farfelue qui surplombe le village de Loutry Ste Chaspoule s’est même parée d’or et d’argent pour l’occasion. Les bosquets en fleur exhalent leur parfum d’été, auquel se mêlent les effluves de pain d’épice tout chaud qui s’échappent de la cuisine. Des guirlandes de fleurs serpentent dans l’air autour du chapiteau qu’on a dressé sous l’arbre à prunes dirigeables. La gaieté règne dans les cœurs, et une musique légère, joyeuse et bondissante, enchante les invités présents.
La fête est à l’image de la jeune femme dont on célèbre aujourd’hui le bonheur : douce, rêveuse et enjouée.
La voici justement, la princesse du jour. Elle virevolte au centre du jardin dans les bras d’un jeune homme qui la couve d’un regard tendre. Elle est exquise dans sa jolie robe, d’une couleur pâle qui rappelle le blond discret de sa chevelure. Quand certains mouvements font remonter légèrement le bas du vêtement, on peut apercevoir ses petits pieds nus caresser l’herbe. Elle a abandonné ses chaussures de dame quelque part sous un arbuste, préférant la liberté enfantine à l’élégance féminine. Une fine couronne de fleurs tressées cercle sa tête, et quelques rubans s’en échappent pour courir dans ses longs cheveux défaits. Ses grands yeux clairs rient de bonheur tandis que le jeune homme la porte haut dans le ciel à bout de bras. Elle penche la tête en arrière pour voir les nuages, comme quand sa mère donnait de l’élan à sa balançoire d’enfant. Elle a l’impression qu’elle vole. Si elle fermait les yeux, elle pourrait presque sentir le souffle qu’elle chérissait tant derrière elle. Mais le jeune homme la ramène bien vite contre lui. Il la connaît bien, et il sait que s’il ne lui faisait pas regagner Terre de temps en temps, elle finirait par s’envoler pour de bon. Oh, bien sûr, il aime la voir comme ça, essayant d’attraper toute l’immensité du ciel dans ses yeux. Il sait qu’elle a besoin de ces moments, où elle cherche des traces de sa mère dans une odeur portée par le vent, dans le détail d’une peinture, dans les murmures de la tombée du jour. Il comprend.
Mais aujourd’hui, il voudrait qu’elle soit là, toute entière, et qu’elle ne pense qu’à lui.
Aujourd’hui, il a envie d’être un tout petit peu égoïste.
Parce que c’est leur jour à tous les deux, après tout.
Alors il plonge ses yeux dans les siens jusqu’à accrocher sa conscience, et doucement il la rappelle à lui. Quand il est certain qu’elle est bien de retour, il la serre fort comme on serrerait une poupée, tout petite dans ses bras d’homme. Elle respire son odeur de grand, elle observe l’ombre timide d’une barbe naissante sur son visage, elle noue ses mains derrière sa nuque et elle pousse un petit soupir.
Elle n’a plus tellement envie de danser, maintenant. Elle veut juste rester là, comme ça, dans les bras de l’homme qu’elle vient d’épouser. Elle est si bien qu’elle se dit que c’est un peu trop de bonheur pour elle toute seule, et qu’on va venir le lui reprendre.
Elle ne peut pas s’en empêcher : après ce qu’elle a vécu pendant la guerre, une partie d’elle-même s’est fanée. Et même si des sourires fleurissent encore souvent sur ses lèvres, ils ne sont plus qu’éphémères. La saison de l’innocence est finie.
Maintenant, les côtés sombres de la vie, ceux qui font peur et qui font mal, elle les voit aussi.
Et elle sait qu’ils reviendront toujours la hanter. Même si elle a son mari auprès d’elle, son mari grand et fort qui la protège, et qui les chasse de son regard.
Alors, à la place, il l’emmène poursuivre les chimères qu’elle aime tant, et dissipe pour un temps les nuages au fond de ses yeux.
Parce qu’il pense que les petits instants de joie, si on les met bout à bout, ça peut faire une vie de bonheur.
Les invités continuent de danser, rire, et chanter autour d’eux, mais les jeunes mariés restent dans leur bulle.
Une bulle de bonheur de toutes les couleurs, comme les bulles de savon aux reflets rose et bleu et vert, une bulle qui garde en elle encore un peu de leur enfance.
Note d'auteur :
Bonjour !
Hier, je sais pas pourquoi, ni comment, l'Inspiration m'est tombée dessus. Et bien sûr, c'est pour un projet encore différent de mes 15 000 histoires déjà en cours...
En fait, à la base, je voulais participer au concours de Selsynn "Merlin ! Mon enfant se marie". Mais finalement, j'ai été incapable de respecter les délais (pour changer), et mon histoire s'est bien éloignée des contraintes.
Mais finalement, je l'aime bien ce petit texte. Et si j'y arrive (j'y crois à mort), j'en écrirai plusieurs autres, pour tenter d'expliquer ma vision de Luna "adulte", qui n'est peut-être pas la même pour tout le monde. Je promets rien, mais je vais essayer =)
Ah, au fait, je sais, le titre est juste hyper facile. Mais je n'avais pas franchement d'idée...
Note de chapitre:
Merci beaucoup beaucoup beaucoup à Aya pour ses corrections et son avis, même si finalement je n'en fais qu'à ma tête ^^ !
Bonne lecture ! :)
Note de fin de chapitre :
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