Dorcas Meadowes, 11 ans, s’était avancée vers sa table, un peu étonnée d’y échouer. Aucun Meadowes n’était allé à Serpentard depuis des générations. Mais dans un sens, ce n’était pas si étonnant que cela quand on connaissait Dorcas, celle qui parvenait toujours à obtenir ce qu’elle voulait d’une parole ou d’un sourire. La petite fille brune avait donc prise place en haussant les épaules et en souriant à son frère et sa sœur, installés à Serdaigle.
Poudlard était paisible du temps de Dorcas, tout comme le monde extérieur. Dorcas était entrée à Poudlard en 1958 au moment où ni Voldemort, ni Grindewall ne menaçait le monde.
Dorcas était une élève brillante, personne n’aurait pu dire le contraire. Elle obtenait tout ce qu’elle voulait, ce qui suscitait la jalousie de plusieurs autres. Elle avait tout pour être heureuse. Sauf peut-être une chose.
- Pourquoi?
- Qui aimerait sortir avec une fille de Serpentard? ricana Will Page.
- Alors… pourquoi tu me laissais croire que j’avais une chance? s’écria Dorcas, révoltée. Dis-moi pourquoi!
- Une chance? Toi? Le seul truc que je voulais de toi, c’était des bonnes notes. Tu pensais vraiment que j’aurai pu t’aimer? cracha Page. Tu es certaine de ne pas être un nuche de Poufsouffle?
- Au fond, tu es comme tous les Gryffondors! Tu déteste Serpentard!
- Comme tout le monde! répliqua Page.
Le visage de Dorcas s’empourpra et elle sentit les larmes lui monter aux yeux.
- Tu es juste un sale con, Page!
Elle lui jeta maléfice de Jambencoton avant de tourner les talons, en larmes. Peu importait qu’elle perde son titre de préfète, elle venait de se faire jeter d’une manière ridicule. Elle! Dorcas Meadowes, l’une des plus jolies filles de Poudlard!
Elle s’enferma dans les toilettes du premier étage, convaincue de pouvoir y pleurer de tout son saoul lorsqu’elle entendit une petite voix.
- Je peux t’aider?
Dorcas releva la tête pour voir une deuxième année de Serpentard.
- Laisse-moi, Andromeda!
- Mais…
- On est des Serpentards! Tu te rends compte! On ne vaut rien aux yeux des autres! Je croyais… je croyais…
Dorcas éclata en sanglot et se sentit honteuse de pleurer ainsi devant une Black.
- Je sais, avoua Andromeda. Je l’ai remarqué moi aussi.
- V-vraiment?
- Oui, c’est plutôt nul. J’aimerai leur montrer qu’on n’est pas tous à Serpentard parce qu’on déteste les nés-moldus. On est victime de beaucoup de préjugés.
- Oui, se calma Dorcas. C’est complètement injuste.
- Mais tu sais, Dorcas, je suis certaine que tu sais que tu vaux bien mieux que tous les Gryffondors réunis.
- Tu m’as vu parler avec Page? demanda la sixième année.
- Oui, couina Andromeda. Je suis désolée.
- Non, ça va. Tu as raison. Je vaux bien mieux que lui ou n’importe quel autre Gryffondor. Je vais leur montrer. Oui, je vais leur montrer.
Et Dorcas leur montra. Elle fit gagner la Coupe des Quatre Maisons à Serpentard l’année suivante, se montrant sévère et particulièrement intransigeante et finit avec les meilleurs résultats scolaire de son année. Mais cela ne suffisait pas encore pour elle.
Au lieu de se marier comme le souhaitait ses parents, Dorcas partit étudier un peu partout dans le monde. Elle revint 10 ans plus tard, seule, mais particulièrement instruite. Elle rejeta en bloc toutes les offres d’emplois du bureau des Aurors qui avaient entendu dire qu’elle avait étudié les duels magiques et qu’elle avait été élue meilleure duelliste des pays scandinaves. Ce qui était vrai.
Non, Dorcas avait une idée derrière la tête.
- Qui êtes-vous?
- Dorcas Meadowes, se présenta la jeune femme. J’aimerai un entretien avec le professeur Dumbledore.
- Comme beaucoup d’autres gens. Partez.
Le pauvre homme, le concierge probablement, n’eut pas le temps de fermer la porte qu’un sortilège de stupéfixion l’atteignit. Il tomba sur le sol en silence, amortit par un sortilège de coussinage.
- On entre ici comme on entre dans un moulin, grogna Dorcas. Heureusement que Voldemort n’a pas comme projet d’envahir Poudlard.
Elle regarda avec mépris l’homme au sol.
- Cracmol, j’imagine.
Et elle continua son chemin, se souciant peu des regards des élèves qu’elle croisa dans les couloirs. Elle trouva la gargouille qui gardait le bureau du directeur de l’école et donna un coup de baguette silencieux. Et un deuxième. Et un troisième.
- Vous essayez d’ouvrir mon bureau, Miss Meadowes? s’amusa une voix.
Dorcas se retourna pour voir Albus Dumbledore lui sourire.
- Monsieur, salua Dorcas.
- Nous serons plus à l’aise dans mon bureau. Et vous pourrez m’expliquer pourquoi vous avez stupéfixier mon concierge.
- Oui, fit Dorcas, pas le moins du monde mal à l’aise.
- Alors, Miss Meadowes, fit le professeur Dumbledore une fois assis et après lui avoir offert des bonbons au citron.
- J’aimerai travailler pour vous.
- Je ne savais pas qu’il y avait un poste de professeur de libre, remarqua Dumbledore. À moins que vous preniez de l’avance pour le poste de Défense contre les Forces du Mal.
- Vous savez ce que je veux dire.
Le visage du directeur se fit sérieux.
- Comment en avez-vous entendu parler?
- J’ai entendu parler d’une résistance. Et j’ai tout de suite pensé que vous en étiez le chef. Vous êtes le seul à pouvoir être l’homme derrière cela.
- Vous me flattez, Miss Meadowes. C’est toujours Miss Meadowes?
- Oui, monsieur.
- Et bien, pourquoi pas, Miss Meadowes. Je me souviens de vous à Poudlard. Serpentard…
- Serpentard ne change rien, assura aussitôt Dorcas.
- Vous risquez d’être confrontée à d’anciens camarades.
- Je sais. Ça ne change rien. Je veux faire partie de cette résistance. Je veux prouver qu’une personne de Serpentard vaut autant que les autres.
- Meadowes, tu devras faire le travail de McKinnon, annonça Maugrey le 31 août 1981. Les Prewett sont aux funérailles avec les autres. Tu seras avec Pettigrow. Ça ira?
- Oui, fit Dorcas, l’air sombre.
Elle quitta le QG et transplana au lieu où les Mangemorts apparaissaient. Ce soir, Voldemort serait avec eux. Peut-être… peut-être… ce soir, elle aurait sa chance…
Elle sera plus fort sa baguette. Les directives de Dumbledore étaient claires. Ne rien tentez Mais pourquoi? Dorcas se sentait parfaitement capable de battre ce monstre en puissance.
Pettigrow la regarda d’un drôle d’air. Probablement à cause de son visage plus renfermé qu’à l’habitude.
- Ce soir, Voldemort mourra, annonça clairement Dorcas pour se donner confiance.
- Quoi? couina Pettigrow. Dorcas, il ne faut pas rien tenter…
- Et pourquoi?
- Oui, pourquoi?
Un éclair violet fendit l’air. Pettigrow couina, mais Dorcas ne l’entendit presque pas.
Il était là, devant elle. Pour la première fois, Dorcas saisit l’ampleur de la puissance de Voldemort. Mais, étrangement, elle n’eut pas peur.
- J’ai entendu parler de toi, Meadowes, fit le sorcier, d’une voix douçâtre.
- Ah oui? Moi aussi, j’ai entendu parler de Lord Voldemort.
- Rejoins mon camp, Meadowes. Tu pourras montrer toute ta puissance au monde. Devenir l’un de mes plus fidèles serviteurs.
- Pas question. J’ai déjà choisi.
Un éclair rouge passa. Voldemort fit un geste et le sortilège fut dévié.
- Tu ne pourras pas m’achever, Meadowes. Pour cela, tu devrais le faire six fois!
- Intéressant. Horcruxes?
- Tu es plus maline que tu en as l’air, Meadowes. Tu étais à Serpentard d’après ce que m’a dit Peter.
Dorcas se figea, surprise pour la première fois depuis longtemps.
- Vraiment? Peter? C’est intéressant. Le dragon est dans l’écurie comme on dit, grogna Dorcas.
- Meurs, Meadowes.
- Je ne crois pas!
Dorcas pointa sa baguette derrière elle et stupéfixa Pettigrow avant de ramener sa baguette contre elle. Voldemort éclata de rire.
- Tu es forte, Meadowes. Mais je suis immortel!
- Personne ne l’est. Et surtout pas un sixième de personne!
Dorcas pointa sa baguette vers le sol et un craquement se fit entendre. Une fissure s’ouvrit derrière Voldemort et fit un cercle autour d’eux.
- Ce soir, je te tuerai une fois. Et je montrerai au monde qu’est-ce que je vaux.
- Typiquement Serpentard, ricana Voldemort.
Un éclair orangé se dirigea vers Dorcas qui l’évita. Elle pointa derrière Voldemort successivement et plusieurs arbres s’effondrèrent, mais ratant tous leur cible qui leur jeta un maléfice d’Entrave. Dorcas repartit de plus belle, jetant sorts sur sorts.
- JE VAIS T’AVOIR!
- Jamais, répondit Voldemort, parant, encore et encore.
Dorcas continua, sans s’épuiser. Elle était une habituée des longs combats.
- IMPEDIMENTA!
Dorcas eut un hoquet d’horreur, touchée par derrière. Le traître avait été libéré de son sortilège!
- Je crois que Meadowes a oublié ta présence, Peter, ricana Voldemort. ADAVA KEDAVRA!
Et la vie de Dorcas Meadowes se termina dans un éclair vert, le vert qu’elle avait si souvent contemplé dans sa salle commune lorsqu’elle était une jeune adolescente, le vert, cette couleur d’espoir.