J’étais si jeune à l’époque, si innocente…je ne me rendais pas compte de tout, mais je parvenais en tout cas à percevoir les sentiments de mes parents, mais cela était un secret.
Je n’avais que deux ans et demi, vous savez ? Cet âge ou votre père ne s’intéresse pas encore à vous, ou seule votre mère reste auprès de vous ? Cet âge ou vous pouvez percevoir les sentiments d’une personne chère, ou vous savez ce que signifient les larmes et inconsciemment, êtes transportés dans les cœurs peinés et ressentez la même chose.
Je n’avais que deux frères à l’époque : Sirius et Phineas. Sirius se comportait comme le devait ce père qui ne s’intéressait pas à nous et Phineas comme mon confident. Nous passions beaucoup de temps ensemble tous les trois malgré l’autorité de Sirius.
Bien souvent, mère nous passait de temps à autre dans nos chambres pour nous surveiller. Elle s’approchait de nous, lissait les rideaux que nous avions désordoné, nous souriait puis tournait les talons, remettant ce masque de froideur qu’elle se devait de porter en tant qu’épouse Black. Moi, je savais que mère nous aimait, cela était le principal à mes yeux, qu’importe son déguisement.
Ce jour sera à tout jamais gravé en moi. Il faisait déjà nuit, Sirius s’amusait à faire léviter les jouets avec lesquels je me divertissais et contrariée, je décidais de rester aux côtés de mère. Tout de même, je fus inquiète que père ne soit toujours pas rentré en cette heure tardive.
« -Mère ? »
Elle ne répondait pas. Je parcourais chaque pièce du palier mais ne la trouvais toujours pas. Tant bien que mal, je montais les escaliers avec difficulté. Je continuais de l’appeler, mais encore une fois, je n’entendis pas sa voix.
Brusquement, je m’arrêtais de marcher et aux aguets, m’aperçus qu’elle n’était plus bien loin.
Elle sanglotait dans le bureau de père.
Mère m’avais toujours dit que les larmes étaient inutiles, que cela était une preuve de faiblesse. Nous les Black, nous n’étions pas faibles. Mais ce jour-là, mère était misérable.
Je toquais à la porte, j’attendis puis m’aperçus qu’elle ne prêta pas attention de mon geste. Alors je poussais la porte entre-ouverte, entrais et l’aperçu assise dans le voltaire de père, ses si beau yeux bleus que je ne portais pas, devenus rouges tandis qu’elle m’ignora.
Je l’observais durant quelques instants. Elle avait posé une main sur son ventre tandis qu’avec l’autre, elle prit soudainement un seau se trouvant près d’elle et rendit.
« -Mère, seriez-vous malade ? »
Elle me fixa un long moment de ses yeux rougit, comme si elle souhaitait que je prenne peur et m’en aille avant qu’elle m’ait répondu. Elle y renonça en adoucissant son regard et ajouta d’une voix faible.
« -Oui Elladora, je suis malade.
-Pourquoi n’allez-vous pas vous reposer sur votre lit ?
-Je ne souhaite pas regagner ma suite pour l’instant. »
Elle détourna le regard, se leva et descendit les escaliers sans même me prendre dans ses bras pour m’aider dans cette si difficile descente. Elle s’appuyait contre la main courante et descendit avec aussi peu d’élégance qu’une impure moldu.
Ses derniers temps, mère était pâlotte, plus aussi énergique que d’habitude. Jamais je n’aurais pensé l’apercevoir dans un tel état.
Elle s’allongea, las sur le canapé non loin de la cheminée puis soupira avant d’éclater une nouvelle fois en sanglot.
Timidement, je m’approchais d’elle et lui murmurais :
« -Mère…
-Vas jouer avec tes frères Elladora, je ne souhaite pas rester en ta compagnie pour le moment. »
Jamais encore mère m’avais demandé de la quitter, moi, sa fille unique ! Elle m’aimait pourtant, mais elle ne souhaitait pas que je reste à son chevet.
Je m’apprêtais donc à poser mon premier pied sur la marche lorsque j’entendis Phineas parcourant à toute vitesse les escaliers du deuxième étage et Sirius s’exclamant d’une voix forte :
« -Phineas ! Tu n’es pas autorisé à courir dans les escaliers ! Père nous l’a interdit ! »
Contrarié, le jeune frère se figea puis fusilla son aîné du regard tandis que je les rejoins, affolée au palier du premier étage. Inquiet, Sirius me questionna :
« -Eh bien que t’arrive-t-il Elladora ? Et prends ton temps dans les escaliers, je ne souhaite pas que tu te blesses…
-Mère est désespérée Sirius !
- Que dis-tu petite sœur ? Demanda Phineas.
-Elle est malade, et elle pleure en plus de cela.
-En es-tu sûre, questionna à nouveau Sirius. Cela n’est pas dans ses habitudes pourtant.
-Peut être qu’elle est triste que père ne soit toujours pas rentré du travail, supposa Phineas. »
Nous nous interrompions lorsque nous entendîmes un homme transplaner dans l’entrée, puis Sirius reconnu le son que produisaient les chaussures de père. Notre aîné nous fit signe de le suivre silencieusement en descendant les marches. Nous aperçûmes père se diriger vers le séjour ou mère s’était allongée.
« -Eh bien que vous arrive-t-il très chère ? »
Elle s’interrompis quelques instants puis répondit faiblement.
« -J’en attends un autre… »
Nous ne sûmes pas à quoi mère faisait allusion, et pas immédiatement ce que père en pensait. Cela nous agaçait car nous souhaitions tout savoir.
« -Ne vous en faites pas Ella, il n’est pas nécessaire vous vous mettiez dans de tels états… »
Elle devait être furieuse car lorsqu’elle prit la parole, je ressentais la haine en elle, semblable à un poids qu’elle portait douloureusement
« -Je ne souhaitais pas porter d’autres enfant vous le savez très bien mais vous avez quand même…
-Ella nous en reparlerons lorsque les enfants seront profondément endormis.
-Et moi je ne souhaite pas reporter cette conversation m’entendez-vous ?! Vous n’êtes qu’un être égoïste et…
-Vous n’aviez pas l’air contrarié ce soir-là chérie, ajouta-t-il d’un ton moqueur.
-Comment osez-vous ?! Et si ma vie en dépendait ? Qui s’occuperaient donc de nos enfants ? »
Mère s’interrompis brusquement et nous entendîmes un « Bam » tandis que père, affolé s’écria :
« -Ella ! »
Nous ne nous cachions pas un instant de plus lorsque Sirius couru vers père, au risque de se faire réprimander. J’aperçu horrifiée, mère, allongé à même le sol froid et père agenouillé à ses côtés tandis que Phineas demanda calmement :
« -Mère aurait-elle le corset trop serré ?
-Probablement, murmura père. Montez jouer en haut mes enfants. »
Sirius et Phineas obéirent, mais j’étais bien trop anxieuse pour partir m’amuser alors que mère, ma très chère mère ne se sentait pas bien.
« -Allez viens jouer Elladora, ordonna Sirius.
-Je souhaiterais rester auprès de mère !
-Ton frère a raison, déclara père. Allez montes ! »
Pas vraiment convaincu, j’obéis et rejoint mes frères au deuxième étage, laissant ma pauvre mère étalée sur le sol.