Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K. Rowling, je ne fais que les mettre en scène.
"Le monde égoïste", je l'ai trouvé dans Fruits Basket, de Natsuki Takaya.
Salut :) Ce texte assez court répond donc au prompt #14 de la table 2, les livres mentent. Il est centré sur Gideon Prewett, j'espère qu'il vous plaira !
Fabian l’attend un peu plus loin, mais il n’a pas encore envie de partir. Il n’a pas envie de lui montrer ses larmes, c’est trop tôt. Il veut juste regarder l’horizon. Et, lorsque les souvenirs sont trop désagréables, il en cherche d’autres. Evidemment, son esprit ne le laisse pas oublier. Le répit qu’il prétend lui offrir avec d’autres pensées n’est que temporaire, qu’imaginaire, car le sujet est le même. La mort.
Lorsqu’il était petit, sa sœur leur lisait les contes de Beedle le Barde, tous les soirs. Et elle avait également une petite histoire, qu’elle avait trouvée dans un livre pour enfant qu’une voisine leur avait offert. Il s’agissait de l’histoire du monde, de la Terre. En son centre, son cœur battait depuis le début de sa vie. Un jour, elle créa les sorciers et les moldus, les animaux et les arbres, les chats et les poissons. Car la Terre se sentait très seule, perdue dans l’univers. Elle mit alors dans ses créations un souffle de vie, et leur permit de vivre une vie d’aventure, de bonheur, parfois ponctuée de tristesse. Mais elle disait que le soleil se levait chaque matin, et qu’il continuerait, quoi qu’il arrive, qu’il ne les laisserait pas tomber. Alors il fallait se relever après une chute, aussi dure soit-elle.
Gideon ne se souvient pas vraiment des détails, cela fait presque vingt ans qu’il ne l’a plus entendue. Mais il se souvient parfaitement du passage le plus triste, là où la morale est donnée. Un homme voulait se suicider, parce qu’il était si triste que pour lui, la vie ne valait plus la peine d’être vécue. Alors, la Terre s’est adressé à lui, et il l’a entendu parler dans tout son corps, comme s’ils ne faisaient qu’un. Elle lui a dit à quel point elle serait triste qu’il se donne la mort, car elle l’aimait, il était l’un de ses précieux enfants. Elle lui a expliqué qu’elle avait vraiment besoin de lui, comme elle avait besoin de tous les êtres qu’elle avait créés. Alors, l’homme décida de donner une deuxième chance à la vie, et il vécut plus heureux qu’avant, grâce aux propos de la Terre, sa créatrice.
Gideon a un sourire amer, en revenant à lui. Jamais il n’aurait pensé que les livres mentaient à ce point. Il a envie de hurler sa frustration, sa colère contre celui qui a écrit cette histoire idiote et moralisatrice à souhait ! Il a envie de faire part de sa tristesse, de montrer son cœur en miette, à cette Terre qui l’a créé. Il serre le point et la mâchoire, mais rien n’y fait, les sanglots le secouent, les larmes brûlent ses joues fouettées par le vent glacial de décembre. Marlene est morte. Marlene est morte, elle et sa famille ont été tuées deux jours plus tôt par les Mangemorts. Marlene est morte, et le livre a menti. Car le monde est égoïste, il n’a pas besoin des humains, il n’est pas triste d’en voir mourir tous les jours assassinés par des monstres créés par lui. Non, il n’a pas besoin d’eux. Sinon, pourquoi continuerait-il de tourner ? Pourquoi les oiseaux pourraient-il encore voler ? Comment les gens pourraient-il encore vivre, alors que Marlene est morte ? Alors que tant de personnes perdent la vie ainsi ?
Gideon sent la colère remplacer sa tristesse, un instant. Il voudrait tellement rencontrer le cœur de la Terre, lui faire comprendre sa cruauté. Car s’il n’était pas cruel, il n’engendrerait pas de tels monstres. Et Marlene ne serait pas morte.
Soudain, une main se pose sur son épaule. Gideon espère secrètement qu’il s’agisse d’un Mangemort, qu’il soit tué. Puis, en voyant Fabian lui lancer un regard empli d’une pitié dont il se passerait bien, Gideon se dit qu’il serait lui aussi un bel égoïste s’il partait maintenant. Alors, il prend sur lui. Il considère encore un instant les vagues, grave dans sa mémoire la couleur grise et triste que le ciel a, en ce jour de deuil, et tourne les talons, animé d’une détermination morbide. Il finira cette guerre, il finira ces Mangemorts, dût-il y laisser la vie.
Voilà, j'espère qu'il vous a plu ! A bientôt :)