« C’était Potterveille. Le mot de passe pour la prochaine émission est Phénix. Prenez garde à vous d’ici-là. »
Lee Jordan coupa la transmission. Remus Lupin retira son casque et se leva de son siège.
« Je ne reste pas ce soir. Dora n’était pas bien ce matin, je préfère rentrer.
- Tu veux que je demande à un Médicomage de passer la voir ? demanda Kingsley.
- Demain, si ça ne va pas mieux. On évite de se faire remarquer étant donné les circonstances… »
Fred ouvrit plusieurs bouteilles de bierraubeure.
« Tu es sur de ne pas vouloir rester Remus ? Pas de regrets ? »
L’interpellé fit un sourire en coin.
« Non, j’y vais. A demain. »
Il revêtit rapidement sa cape, attrapa sa serviette et quitta la chambre d’hôtel d’où l’émission Potterveille avait été émise ce soir-là. Remus Lupin transplana devant la maison des parents de Nymphadora.
Lorsqu’il franchit la limite des sortilèges anti-transplanage et la bulle de protection qui protégeait le cottage des regards étrangers, toutes les pièces du rez-de-chaussée étaient éclairées. Remus sentit l’angoisse lui serrer la gorge, ses mains devinrent moites, ses yeux d’ambre s’écarquillèrent.
Il ne pouvait pas s’agir d’une attaque, il n’y avait aucune trace de combat sur l’extérieur de la maison, les protections n’avaient pas été brisées et la Marque des Ténèbres ne flottait pas au-dessus du toit. C’était un bon début, mais ça ne voulait dire qu’une seule chose… Oh Merlin, Tonks allait plus mal.
Remus se mit à courir, déboula dans l’entrée et hurla le nom de sa femme dans la cage d’escalier. Andromeda apparut sur le palier.
« Dora a des contractions. »
Le futur père pâlit.
« M…Maintenant ? »
Elle hocha la tête, il monta les marches quatre à quatre.
Nymphadora était dans sa chambre, allongée sur le dos, couverte de sueur et tenant son ventre rebondi.
« Oh Merlin… Dora… Tu as mal ? »
Tonks leva les yeux au ciel.
« Tu as d’autres questions aussi subtiles à me poser dans un moment pareil ? »
Elle lui adressa un léger sourire et lui tendit la main, qu’il s’empressa de serrer.
« C’est trop tôt non ? Ca ne va pas vous faire de mal, à tous les deux, qu’il naisse ce soir ?
- Calme-toi Remus. Tout ira bien. »
Andromeda entra dans la chambre. Elle faisait léviter une grande bassine d’eau devant elle et portait quelques serviettes.
« Le bébé arrive ?
- Non, pas encore. Dora n’a même pas perdu les eaux.
- Elle va encore souffrir pendant longtemps alors ?
- Non, j’ai apporté un remède. »
La mère de Tonks plongea la main dans son tablier et en sortit une petite fiole. Elle vida une partie de la potion dans un verre et le tendit à sa fille.
« Ca atténue les douleurs. »
Nymphadora but d’un trait le liquide vert pâle et retrouva quelques couleurs.
« Nous avons écouté l’émission de ce soir. »
En effet, le poste de radio était posé sur le sol, à quelques mètres du lit de Tonks. Remus n’en revenait pas. Comment sa belle-mère pouvait-elle lui parler de ça à un moment pareil ? Alors que son fils ou sa fille allait venir au monde ?
Venir au monde… Il ressentit un léger vertige. Son fils ou sa fille… Voilà, le moment était arrivé, il allait être père. Père, lui, Remus Lupin, père. Oh Merlin…Cette association de mots lui semblait toujours aussi étrange. Père. A cause de sa maladie, il avait toujours cru qu’il lui serait impossible de fonder une famille, que ce n’était pas moral de songer à se marier et à avoir des enfants. Et là… Il y était.
« Oh, Merlin… »
Remus était blême. Il aurait même pu paraître encore plus mal que sa femme à cet instant précis.
« Remus, c’est pas le moment de faire un malaise… »
Tonks le regardait avec un petit sourire. Ses yeux brillaient d’une lueur tendre. La situation semblait amuser Andromeda.
« On ne devrait pas appeler un Médicomage ? Ce serait plus prudent et…
- Le bébé n’est pas encore là Remus. Fais-moi confiance. »
Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet. Comment Tonks et Andromeda faisaient-elles pour garder leur calme, pour ne pas s’angoisser, pour avoir cette certitude que tout se passerait bien ? Et s’il y avait un problème ? Si tout ne se passait pas bien ? Si le bébé tardait à venir ou si Tonks faisait une hémorragie ? Et si… Le bébé était comme lui ? S’il lui avait transmis sa maladie ?
Pour Remus, ce serait terrible. Oh Merlin…Comment pourrait-il se pardonner d’avoir donné sa malédiction en héritage à son enfant ? Comment lui expliquer que par pur égoïsme, il avait fait de lui un exclu, un paria dans le monde sorcier ?
Il ne restait plus qu’à espérer que tout aille bien, que l’accouchement serait rapide et que le bébé ne soit pas malade, ne soit pas maudit… ne soit pas comme lui.
Le visage de Nymphadora se contracta sous la douleur.
« Ca va, tout va bien ?
- C’était juste une contraction un peu plus forte que les autres, Remus. Ca va aller.
- Remus, je pense que tu devrais aller faire un tour » murmura Andromeda d’une voix douce en posant une main sur son épaule.
L’intéressé sursauta, comme à chaque fois qu’on le touchait sans prévenir.
« Mais… Je ne peux pas…
- Ne t’inquiètes pas, je reste avec elle. »
Remus interrogea Tonks du regard. Elle aussi semblait hésiter.
« Tu es sur les nerfs, va te dégourdir un peu les jambes. Tu verras, ça ira mieux après. »
Il regarda encore une fois sa femme.
« Ne t’inquiète pas, je reste avec elle. Et si le bébé arrive, je t’appellerai. »
Vaincu, il quitta la pièce et erra sans but dans la maison pendant une demi-heure. Pourquoi ne voulaient-elles pas qu’il reste ? Pourquoi le faire sortir ? Est-ce que ça voulait dire que quelque chose ne se passait pas bien ? Que le bébé ou Nymphadora étaient en danger ?
Tonks hurla à l’étage du dessus. Remus fonça dans l’escalier et déboula dans la chambre comme un beau diable.
« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi Dora a crié ? »
Les draps étaient trempés, comme si Andromeda avait renversé sa bassine sur le lit.
« J’ai perdu les eaux, haleta Nymphadora. »
Oh Merlin… Remus se jeta sur la main de sa femme. Et le regretta aussitôt. La jeune femme serrait si fort que le futur père avait l’impression que ses métacarpes allaient se briser en mille morceaux.
Oh Merlin… Andromeda comptait les minutes entre les contractions de sa fille. Le bébé allait bientôt arriver non ?
Oh Merlin…Pourquoi son esprit était resté coincé sur cette expression comme un disque rayé ?
Oh Merlin…Andromeda recommandait à sa fille d’imiter un petit chien. C’était censé faire moins mal. Remus n’était pas convaincu. Et, à en juger par son visage effaré, Nymphadora non plus n’y croyait pas. A la contraction suivante, elle se décida à obéir à sa mère. Son mari l’imita en respirant encore plus vite.
Oh Merlin…Et si l’enfant était comme lui, que ferait-il ? Que devait-il faire ?
Oh Merlin…Non, ne surtout pas penser à ça. Sinon, il ne tiendrait pas jusqu’au bout. Ce n’était pas le moment d’avoir peur, c’était le plus beau jour de sa vie. Il aimait sa femme, ils allaient avoir un enfant. Non, il n’avait aucune raison d’avoir peur.
Le corps de Tonks se souleva sous l’effet d’une contraction plus puissante. Son visage était rouge et baigné de sueur. Mais qu’est-ce qu’il avait fait ? Pourquoi est-ce qu’il l’avait mise enceinte ? Elle avait l’air de vraiment souffrir…
Oh Merlin… Faîtes que tout se passe bien.
Nymphadora s’accrocha à lui. Elle cria pour demander à sa mère quand le bébé allait arriver. Le col n’était pas encore assez dilaté.
« Est-ce que ça va aller ? » demanda Remus d’une voix hachée.
Le regard noir qu’il reçut en réponse le dissuada de poser à nouveau la question ultérieurement. Apparemment, dans les moments comme ça, on attendait du mari qu’il encourage sa femme, qu’il lui tienne la main et qu’il s’abstienne de tous commentaires. Du moins, de ceux qu’il avait fait jusqu’à maintenant.
Oh Merlin…L’enfant n’était pas encore arrivé qu’il faisait déjà tout de travers. Et si finalement, il n’était pas capable de l’élever ? S’il était malheureux ? S’il ne voulait pas de lui pour père ?
Oh Merlin…Remus se dit qu’il était vraiment stupide. Dire qu’il s’était promis de ne pas penser à tout ça avant que son enfant ne soit né. Et là, il n’avait pas encore poussé son premier cri qu’il commençait à paniquer.
Au bout d’un temps qui lui parut interminable, Andromeda annonça à sa fille qu’elle devait maintenant pousser à la contraction suivante.
Oh Merlin… Ca approchait. Le travail avait commencé. Le bébé allait bientôt venir au monde.
Tonks hurla en poussant de toutes ses forces. Remus se plaça derrière elle pour l’aider à se redresser, dans une position qui, d’après Andromeda, aidait la parturiente.
Oh Merlin… Ce que Nymphadora pouvait souffrir. Complètement avachie entre les bras de son mari, serrant une de ses mains et tordant son drap de l’autre, elle semblait lutter pour donner la vie.
« Vas-y Dora, pousse ! Vas-y ma chérie, pousse de toutes tes forces ! »
Sous les encouragements de sa mère, la jeune femme respira, bloqua son souffle et contracta ses muscles le plus possible.
Oh Merlin…Elle avait mal. Et il ne pouvait strictement rien faire pour la soulager. Cette impuissance le tuait. Remus savait que c’était ainsi que se déroulaient les accouchements. Mais c’était la première fois qu’il assistait à cet évènement. Et c’était sa propre femme qui hurlait pour donner la vie.
Pourquoi n’était-ce pas lui qui souffrait ? Pourquoi fallait-il que Nymphadora souffre autant pour que leur enfant vienne au monde ? Cela en valait-il vraiment la peine ?
Oh Merlin… Il eut soudainement envie de se donner une gifle. Comment pouvait-il parler ainsi ? Comment pouvait-il se demander si cela valait la peine de se donner tout ce mal ? Bien sur qu’il avait le droit de fonder leur famille, bien sur qu’ils avaient le droit d’être heureux, bien sur qu’ils pouvaient être parents. Non ?
Oh Merlin…Pourquoi ne pouvait-il pas se concentrer sur une idée précise ? Pourquoi se posait-il toutes ces questions au moment où Nymphadora avait besoin qu’il soit là pour la soutenir ?
« Je vois la tête ! Je vois la tête ! Vas-y ma chérie, pousse ! C’est bien, c’est bien… »
Riant et pleurant à la fois, Andromeda reçut le bébé dans ses bras deux contractions plus tard. Il pleura de toute la force de ses poumons et la jeune mère pleura également, de joie. Ils étaient parents.
Oh Merlin… Il était là, il était là ! Ca y était, ils étaient parents ! Bon sang, c’était pas possible il était là.
« C’est un garçon » annonça Andromeda.
Oh Merlin…Ce n’était pas ça qu’il voulait savoir ! Il s’en fichait que ce soit une fille ou un garçon ! Il voulait savoir si…
La désormais grand-mère enveloppa le nouveau-né dans une couverture et le déposa dans les bras de Nymphadora. Le jeune père retint sa respiration. Le moment de vérité était arrivé. Oh Merlin… L’enfant tourna la tête vers ses parents et ouvrit les yeux. Oh Merlin… Aucune trace de lycanthropie n’obscurcissait son regard.
Oh Merlin… Sain ! Son fils était sain !
Quelque chose se relâcha en lui et sans s’en rendre compte, Remus s’était mis à pleurer, embrassant sa femme et son fils, les serrant dans ses bras.
Oh Merlin… Neuf mois à se demander comment il serait, neuf mois avec l’angoisse d’avoir transmis son mal honteux à son fils. Et il n’avait rien, rien ! Rien !
Oh Merlin… Remus n’avait jamais été aussi heureux de toute sa vie. Il avait l’impression de flotter, comme s’il avait été touché par la grâce.
Son fils était sain. Il n’aurait jamais à subir la honte de sa condition, la peur de mordre quelqu’un, la douleur des transformations à chaque pleine lune. Il pourrait sans crainte avoir une femme, des enfants, fonder une famille, trouver un travail, vivre sa vie comme il l’entendait, sans entraves.
Oh Merlin… Merci, merci, merci, merci. Merci pour tout.
Nymphadora pleurait et riait à la fois.
« Remus… Comment on va l’appeler ? »
Oh Merlin… Tout obnubilé qu’il était par le fait de savoir si son fils portait son mal ou non, il avait complètement oublié qu’il allait falloir nommer le petit garçon. Et il n’avait aucune idée de prénom à lui donner.
« Je… Je voudrais lui donner le nom de mon père. Si tu es d’accord… »
Nymphadora l’interrogea du regard.
Oh Merlin… Ted Lupin. Ce nom sonnait si bien. Il l’aimait bien. Teddy. Oui, c’était un joli prénom pour son fils.
« Ted Lupin.
- Ted Remus Lupin » ajouta Tonks.
Remus acquiesça, les yeux brillants, et embrassa sa femme.
« Ted… »
Andromeda fondit en larmes.
« Oh Merlin… »
Incapable de parler, elle embrassa indistinctement sa fille, son gendre et ce petit-fils qui portait le nom de son mari. C’était la première fois qu’elle agissait spontanément, c’était comme si tous leurs doutes étaient partis, comme si tous les conflits s’étaient envolés.
Oh Merlin… Ce soir-là, on avait fait à Remus le plus beau cadeau de toute sa vie. Ted Remus Lupin était né, petit rayon de soleil dans une période noire, grande joie au milieu de tous ces malheurs.
Remus prit son fils dans ses bras. Maintenant, il ne se posait plus de questions. Parce qu’il savait qu’il aimait son fils, plus que tout. Et que c’était le plus important.
Note d'auteur :
Disclaimer: Les personnages et la monde d'Harry Potter appartiennent à JK Rowling. Je ne touche pas une seule noise pour ce que j'écris.
Note de chapitre:
Bonjour à tous. Ceci est une fic que j'avais écrite pour l'anniversaire d'un ami il y a quelques temps. Ces derniers temps, j'ai eu envie de la partager avec vous. J'espère qu'elle vous plaira.
En tout cas, bonne lecture à tous^^
Note de fin de chapitre :
Bon, j'espère que vous n'avez pas fait une indigestion de guimauve. Mais bon, en période de fêtes, c'est plutôt normal, donc vous allez me pardonner =)... N'est-ce pas?
En tout cas, n'hésitez pas à utiliser le cadre en bas de la page pour me laisser vos impressions positives (j'espère qu'elles seront nombreuses =p ), mais aussi toutes vos remarques négatives (ça fait toujours du bien de signaler ce qui ne va pas^^).
Bonne soirée et bonnes fêtes à tous^^
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