La température a bien baissé ces derniers jours, la neige est tombée plusieurs fois, surtout pendant la nuit, et surtout, ma grande sœur Apolline est rentrée de Poudlard pour les vacances. Ça ne signifie qu’une seule chose : dans quelques jours, c’est Noël. J’adore les fêtes de fin d’année, parce que Papa et Maman invitent nos grands-parents à la maison, qu’on se réunit tous autour d’une table remplie de bons petits plats que Maman et Mamie Fleur passent des heures à préparer dans la cuisine, et surtout parce qu’à Noël j’ai toujours plein de cadeaux. Ils sont soigneusement emballés par Papa, dans son bureau lorsqu’il croit être à l’abri de nos regards curieux… Mais moi je sais tout, parce que Harry, le parrain de Papa, m’a prêté sa cape d’invisibilité, et je l’utilise depuis deux jours pour l’espionner et savoir à l’avance les cadeaux de tout le monde…
Papa utilise du vieux papier journal pour emballer chacun des paquets, puis il change le journal en papier doré ou argenté… Il est très fort en métamorphose, et pas que pour changer de couleur de cheveux. Ensuite, à l’aide de sa baguette, il entoure les paquets de rubans dont les bouts en tire-bouchon sont vraiment très longs, puis il va mettre les cadeaux au pied du sapin, et place le bout des rubans dans les petits chaussons des destinataires…
Le lendemain matin, je suis le premier réveillé. Apolline ne veut pas se lever malgré mes protestations et celles de notre petit frère Gabriel. Mais lorsque maman passe la tête par la porte de sa chambre en lui disant qu’il y a un paquet pour elle qui ressemble étrangement à ce qu’elle a demandé, elle bondit de son lit et utilise même un sortilège pour passer devant Gabriel et moi. Nous ne disons rien, parce que nous adorons voir notre sœur faire de la magie, même si c’est contre nous. De toute façon, elle ne pourra pas ouvrir son cadeau avant que tout le monde arrive au salon. Et puis, Papa a toujours dit que c’est au plus jeune de commencer à ouvrir les paquets…
Gabriel déballe un hélicoptère, acheté par Papa avec Harry dans un magasin Moldu, et je sais qu’ils ont passé des heures et des heures à parvenir à l’ensorceler de façon à ce qu’on puisse le faire voler avec la magie. Apolline a reçu ses crayons en couleur, ce qu’elle voulait depuis longtemps : elle qui rêve d’apprendre à dessiner est plutôt ravie de ce cadeau, elle dit qu’elle va s’entraîner à Poudlard.
Mamie Fleur reçoit des bigoudis, c’est une farce de Papa qui dit qu’elle est toujours très bien coiffée. Quant à papy Bill, Gabriel lui tend un paquet en disant que c’est lui qui l’a fait, et personne n’était au courant : c’est une toupie, et en jugeant la façon dont ça a été sculpté, tout le monde s’exclame du fait que mon frère a fait son premier sortilège. Il va pouvoir aller à Poudlard, mais pas avant longtemps, en tous cas pas avant moi, quand même !
Un peu plus tard dans la matinée, je surprends Papa et Maman dans la cuisine en train de déballer de nouveaux paquets : Maman a reçu un collier avec plein de petites pierres qui brillent comme des diamants. Ce sont peut-être des vrais après tout, et elle s’empresse de l’accrocher autour de son cou, arborant fièrement son bijou. Papa la regarde de façon bizarre, comme si elle était un morceau de chocolat qu’il voulait dévorer tout cru. Il le fait souvent, mais je n’ai jamais compris pourquoi. En tous cas, Maman lui tend un cadeau, sans doute pour l’empêcher de la manger : c’est un harmonica. Papa adore la musique, et elle lui dit qu’il est peut-être temps qu’il s’y mette sérieusement, en tant que musicien, et non plus en tant qu’auditeur…
Avec tout ça, moi, je n’ai pas eu mon cadeau. Je suis vraiment triste, parce que Papa m’a oublié. Il était trop occupé à emballer les cadeaux des autres pour penser à moi.
Maman appelle tout le monde à table, mais moi, je retourne dans ma chambre en essayant de ne pas pleurer. L’an prochain, je vais à Poudlard, et je dis tout haut, en montant les escaliers, que je ferais mieux de rester à l’école pour Noël, parce que ça ne changera rien pour ma famille que je sois là ou pas.
« David. »
Papa m’appelle mais je continue à monter. S’il veut me parler, il n’a qu’à essayer de me rattraper. Malheureusement, il court vite, et m’empêcher de refermer la porte de ma chambre derrière moi.
« Quel est ton cadeau, David ? » insiste-t-il.
« Je n’sais pas ! » je m’exclame. « Je m’en fiche. »
Alors il pousse à nouveau la porte et entre dans ma chambre. Il s’assoit sur mon lit et pousse un soupir avant d’expliquer :
« Tu ne l’as pas encore eu, parce que j’ai dû le cacher dans un endroit très secret, pour que toi et la cape d’invisibilité de Harry ne le trouvent pas. »
Je rougis, confus, tandis que Papa met la main dans la poche intérieure de sa robe de sorcier et en sort un petit paquet qu’il me tend. J’ai les mains qui tremblent, mais je prends le cadeau et le déballe. C’est une petite peluche, et lorsque je touche son museau, elle s’anime et se met à fredonner des chants de Noël que Papa et moi reprenons en chœur.
Papier doré ou argenté
Rubans en tire-bouchon
Dans les petits chaussons
Et de très joyeuses fêtes de fin d’année
A une adorable petite Elfe passionnée…