Harry va arriver et je ne suis même pas capable de sortir de ma chambre. Je fais les cents pas, arpentant de long en large cette pièce où s’entassent les vestiges de ma jeunesse.
J’ai attendu ça tout l’été. Et pourtant j’en tremble. Je vais voir à nouveau Harry. Pouvoir être vraiment avec lui. Pas d’instants volés, pas de brefs courriers échangés au risque de me faire prendre. Etre son parrain. Enfin.
Et que vais-je lui apporter ? Vieille carcasse qui ne sait plus ce que vivre veut dire. J’ai lutté contre les Détraqueurs pour ne pas devenir fou, lutté pour me venger de Peter, lutté pour ne pas être pris et à nouveau jeté en prison et maintenant… Maintenant, je suis libre et cependant enfermé.
J’ai essayé pourtant, essayé de chasser ces idées noires, de chasser ces démons, ces fantômes, ces souvenirs qui me hantent, mais… Mais je suis brisé, au fond de moi je le sais. Et si je ne la savais pas encore, je le vois dans leurs regards…
De pitié, déception, peine mêlées de Remus. Triste de ne voir en moi que l’ombre de celui qu’il connaissait. De dégoût de la part des autres face à la loque que je suis. Je suis famélique, je le sais. Après douze années passées à me nourrir de ce que l’on voulait bien me donner à Azkaban puis de rats, comment pourrait-il en être autrement ? Mon estomac est incapable de supporter la nourriture dont Molly essaie de me gaver.
J’aimerai tant redevenir celui que j’étais… Je me regarde dans le miroir, tirant mes cheveux en arrière pour mieux distinguer mon visage, et n’y vois là que le reflet de la mort. Tout serait si simple si les sortilèges de soins de Poppy pouvaient réparer mon âme comme ils ont réparé mon corps.
Soigne-moi. Soigne-moi maintenant. Enlève ces vieilles cicatrices de mon âme. Aller soigne-moi ! Crie-je à mon reflet dans le miroir. Enlève cette peau sèche de mes os. Remplace là par un autre être. Je veux être quelqu’un d’autre, plus cette ombre, ce fantôme décharné que tous fuient. Et même si je ne peux pas oublier toutes les fois où j’ai pleuré. Et même si je ne peux pas pardonner toutes les fois où je suis mort…
Il faut que j’aille mieux. Pour Harry. C’est à lui qu’il faut que je pense, seulement à lui. Alors je vais aller mieux. Et je suis toujours en vie. Seulement un petit peu moins qu’avant…
Harry va arriver d’un instant à l’autre maintenant. Dois-je aller l’attendre au rez-de-chaussée ? Ou au contraire attendre qu’il vienne me voir ? Je jette encore un œil à mon reflet dans la glace et je soupire. Soigne-moi. Et enlève tous ses chemins déjà parcourus de ma route. Aller, soigne moi maintenant. J’entends la porte du rez-de-chaussée claquer et je décide aussitôt de transplaner dans la cuisine, pour mieux voir le visage de Harry quand il m’apercevra. Et je vais aller mieux, je le sais. J’essaye de retrouver mon chemin vers Harry, les autres, vers chez moi, vers moi... Et je suis toujours en vie…
Peut-être que je pleurerai. Et peut-être que je mourrai. Mais pour l’instant je suis en vie. Seulement un petit peu moins qu’avant. Seulement un petit peu moins qu’avant. Seulement un petit peu moins qu’avant. Seulement un petit peu moins.
Qu’avant.
Note d'auteur :
Le Potterverse appartient à JKR. Les paroles (en italique) de la chanson ayant donné son titre à cette fic appartiennent à Pain of Salvation.
Ce texte n'a rien à voir avec NJH pour ceux qui le lisent, merci^^
Note de fin de chapitre :
Surtout reviewez, que vous ayez apprécié ou non, c'est le seul retour que j'aurai sur ce texte, merci!!
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