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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Bed and Breakfast par Ginnyw

[9 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Disclaimer: Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling, je ne fais que les mettre en scène.
Note de chapitre:

Bonjour à tous^^

J'ai commencé à écrire cet OS à Noël, il me trotte donc dans la tête depuis un moment. Depuis qu'avec quelques copines, on a regardé des prospectus de voyage, dont certains proposaient justement des formules Bed and Breakfast. L'un d'entre eux avait une photo d'une lande au Pays de Galles qui me donnait assez froid quand je la regardais mais qui donnait aussi l'impression d'être un excellent endroit pour faire le point. Et... Paf, ça a donné ça^^

J'espère que ça vous plaira, c'est un texte que j'aime bien (mais si vous avez des critiques, n'hésitez pas hein^^). Un grand merci à Saam, Violetykm et Eliah pour leurs conseils avisés et à Leeloo Lovegood qui a réalisé l'illustration de cet OS. Bonne lecture à tous^^
Pelotonnée sur un appui de fenêtre, Hermione regardait tomber la pluie. Sur son bureau, les dossiers s’entassaient, les parchemins attendaient d’être remplis et complétés, les plumes brûlaient d’être utilisées. Mais elle ne voulait pas bouger, juste rester calmement assise là et ne rien faire. Elle ne pouvait plus, n’avait plus d’énergie pour faire un seul mouvement, n’arrivait plus à se concentrer sur autre chose que ce qui s’était dit le matin-même.

Ron… Ce n’était pas la première fois qu’ils se disputaient, mais leur dernière incartade avait été particulièrement violente. Finalement, Hermione ne savait même plus pourquoi le ton était monté, ne se souvenait même plus de ce qui avait déclenché l’orage.

Certaines personnes pensent qu’il faut une liaison, un problème d’argent ou un désaccord à propos de l’éducation des enfants pour qu’un couple se déchire ainsi. Il n’en est rien. Un peu de fatigue, beaucoup de souffrances et de non-dits, un soupçon de mauvaise humeur assaisonnée de mauvais café et les piques verbales s’échappent, courent et blessent celui qu’on avait promis de chérir et d’aimer jusqu’à la fin de sa vie.

En dépit des épreuves traversées ensemble, malgré le mariage, les années de vie commune, les enfants, le chat, la maison de banlieue, il avait suffi que le pain manque sur la table du petit-déjeuner pour que le conflit larvé éclate comme une bombe à retardement, pour que les mots longuement retenus sortent et pour que leur solitude respective leur saute au visage.

Deux étrangers dans un même lit, occupant chacun leur côté, toujours le même, sans échanger aucune chaleur. Comment Ron et elle en étaient-ils arrivés là ? Depuis quand cette situation durait-elle sans qu’ils ne s’en rendent compte ? Combien de rancœurs et de blessures avaient été endormies avant de se révéler le matin-même ?

Quand Rose était partie à Poudlard, Hermione avait perdu une partie de son entrain, comme si le fait que sa fille s’éloigne d’elle lui avait ôté toute volonté. Elle vieillissait, ce départ n’en était que le témoin. Tous les matins devant son miroir, de nouveaux cheveux blancs faisaient leur apparition, de nouvelles rides venaient creuser son visage et la vie avait de moins en moins de saveur. La jeunesse s’était échappée à petits pas, sans qu’elle ne s’en aperçoive, et le temps impitoyable avait apposé sa marque sur son corps et son âme. Puis, Hugo avait à son tour quitté la maison.

A la naissance de leurs enfants, Ron et elle s’étaient juré de leur éviter toutes les épreuves qu’ils avaient eu à subir dans leur jeunesse. Ils avaient travaillé d’arrache-pied pour construire une société plus juste après la chute de Voldemort, rentraient épuisés chaque soir et souriaient devant Rose et Hugo.

Les années avaient passé, échappées comme les grains de sable d’un sablier cassé. Au fil des jours, ils passaient de moins en moins de temps ensemble, ne se confiaient plus l’un à l’autre, ne partageaient que les moments communs quand les enfants rentraient de Poudlard ou que la famille se réunissaient, assemblée d’anciens jeunes qui avaient vécu la guerre, comme si leur descendance amenait et emportait le soleil au gré des vacances scolaires.

Et maintenant… Le temps s’écoulait encore, morne. Les journées s’enchaînaient, comme une machine qui continuait à tourner par habitude, comme le soleil qui se levait chaque jour sur le monde, indifférent aux douleurs et aux blessures des hommes pour qui il diffusait sa lumière.

Un coup fut frappé à sa porte. Hermione secoua mollement la tête, se releva et donna l’autorisation d’entrer. Un nouveau dossier, un de plus. Un projet de loi qu’il faudrait étudier, mot par mot, dont il faudrait évaluer toutes les implications, qu’il fallait traiter avant une énième réunion. Quelques années plus tôt, elle l’aurait placé sur la pile des affaires en attente et s’en serait occupée au plus vite, infatigable. Aujourd’hui, elle n’avait plus la foi et ce différend avec son mari ne l’aidait pas à repartir du bon pied.

Epuisée de toujours ressasser la même chose, Hermione se leva, attrapa sa cape et sortit de son bureau.

« Mrs Weasley, vous vous absentez ? demanda la jeune secrétaire dont le bureau se trouvait au bout du couloir.
- Je prends ma journée, répondit-elle posément. »

La jeune femme écarquilla les yeux et ouvrit la bouche sous le coup de la surprise. Sa patronne était toujours la première arrivée et la dernière du service à partir. Elle n’avait jamais manqué une journée de travail malgré son mari Auror et ses deux enfants, elle était infatigable, imperturbable, inébranlable, elle avait fait la guerre et avait aidé le Survivant à vaincre Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, le mage noir qui faisait encore trembler même après vingt ans de paix. Alors, Hermione Weasley-Granger ne pouvait pas simplement prendre sa journée, il s’était passé quelque chose de grave.

« Tout va bien Madame ?
- Oui, oui, tout va bien, merci, répliqua l’héroïne agacée. Reportez tous mes rendez-vous d’aujourd’hui et trouvez-leur une autre date.
- Oui, Madame » répondit la jeune secrétaire, déconcertée.

Hermione traversa la volée de couloirs qui la séparait de l’ascenseur d’un pas pressé. On la saluait, elle répondait brièvement. Parler était la dernière chose dont elle avait envie ce jour-là. Se reposer, être en paix, ne plus être Hermione Weasley-Granger, la grande héroïne de guerre, la législatrice, la mère de famille, l’épouse modèle. Elle voulait être elle-même pour une fois, juste une fois.

Et le calme. Pas celui qui avait suivi le départ de ses enfants, ce calme semblable à celui des déserts, mais celui de ces jeunes années, celui qui permettait de se reposer avant de repartir travailler, le repos du guerrier en quelque sorte. Elle avait vraiment besoin de se ressourcer, reculer pour mieux sauter et repartir.

Hermione leva sa baguette et tourna sur elle-même avant de disparaître dans un pop sonore.

Le vent lui fouetta le visage, elle fut submergée par les odeurs de l’océan. Il y avait tant de souvenirs liés à cet endroit, tant de choses qui s’y étaient passées, des années auparavant. Ce serait l’endroit idéal pour faire le point, pour remettre ses idées en place et repartir du bon pied, prendre les décisions qu’il fallait.

Elle inspira profondément et s’avança le long de la plage battue par le vent et les embruns, devant la puissance des éléments. Hermione poussa la porte de la petite auberge de campagne. Une formule Bed and breakfast, comme autrefois, il y a bien longtemps. Chambre six. Des années auparavant, avec Ron, ils avaient logé dans la chambre quatre, au fond du couloir. Le mobilier n’avait pas changé. Dans cet endroit du bout du monde, le temps semblait enfin s’être arrêté.

Alors, Hermione laissa aller sa peine. Et, pour la première fois depuis le matin, elle parvint à pleurer.

~0~°~0~


Emmitouflé dans une cape miteuse, Ron observait les allées et venues sur l’Allée des Embrumes sans grande conviction. A côté de lui, le jeune aspirant Auror avec qui il faisait équipe lui décochait de temps à autre un regard intrigué. Son instructeur avait l’air complètement ailleurs.

« Monsieur, vous allez bien ? »

Ron fronça les sourcils.

« Bien sûr que ça va. Pourquoi ça n’irait pas, Smith ?
- Je ne sais pas, j’avais l’impression que…
- Surveille au lieu de te poser trop de questions. On risque de laisser passer notre suspect ! »

Smith s’exécuta rapidement. Les sorciers à la moralité douteuse faisaient leurs affaires tranquillement, la pluie tombait drue, le froid était pénétrant. Ron frissonna mais était-ce vraiment de froid ?

La dispute qui avait eu lieu le matin l’avait perturbé. Il ne s’attendait pas à cela en se levant, ne s’attendait pas à recevoir nombre de reproches, ne s’attendait pas à déverser sur son épouse autant de rage contenue, d’épuisement et de rancœurs. Il avait vraiment été nul, archi-nul. Il s’en voulait énormément.

Comment avait-il pu se mettre ainsi en colère contre la femme qu’il aimait ? Certes, il la sentait de plus en plus distante à mesure que le temps passait, à mesure que les enfants grandissaient et qu’ils quittaient la maison, à mesure que le travail prenait de plus en plus de place dans leurs vies.

Pourtant, il continuait à aimer Hermione, il continuait à vouloir voir son visage, à vouloir la prendre dans ses bras, se réveiller chaque matin à ses côtés, partager avec elle ses joies et ses peines. C’est vrai que depuis quelques temps, ils ne partageaient plus grand-chose, mais elle avait toujours été là, comme un phare rassurant lui permettant de retrouver son chemin dans l’océan du crime où il baignait chaque jour, petite lumière qui éclairait son cœur et le réchauffait de sa douce chaleur.

Quelques fois le soir, quand il rentrait du quartier général des Aurors, ce qu’il avait vu l’avait tellement dégoûté de la nature humaine qu’il n’avait même plus envie de se relever le lendemain, qu’accepter de revenir prendre son poste la journée suivante n’avait plus aucun intérêt. Pourquoi combattre sans cesse des criminels alors que les trafics ne s’arrêtaient jamais et que l’âme de ses suspects était à chaque fois plus noire que celle de ceux qui les avaient précédés ? Pourquoi continuer de former des jeunes gens qui s’engageaient dans ce fichu métier sans vraiment savoir où ils mettaient les pieds, sans avoir aucune idée des horreurs auxquelles ils seraient confrontés ? Et une parole, une étreinte, un sourire d’Hermione suffisait à lui rappeler pourquoi il fallait continuer à lutter, pourquoi il fallait se confronter chaque jour à ce que le monde sorcier comportait de plus abject.

Avec le temps, les quelques illusions qui lui restaient après la guerre s’étaient peu à peu effritées et son monde lui était alors apparu tel qu’il était : corrompu, vérolé, suspect de toutes parts. A peine un scandale était-il retombé qu’un autre prenait sa suite, à peine avait-on arrêté une bande de trafiquants qu’une autre commençait à agir et à prendre de l’ampleur. Le crime poussait comme poussent les champignons, apparaissant ça et là sans jamais un seul instant de répit. Les gens ne vivaient-ils donc que pour s’entretuer ou pour trafiquer ? Quand il pensait à toutes ces années de service, Ron ne pouvait s’empêcher de se demander si cela avait utile à quelque chose.

Finalement, il s’était battu toute sa vie et avait vu tellement de malheurs qu’il se demandait parfois s’il n’y avait pas perdu son âme. Le simple fait de sentir son cœur battre un peu plus fort quand sa femme se blottissait contre lui les jours de pluie le rassurait sur ce fait. Bien sur, les grandes effusions du début de leur relation avaient laissé place à un baiser timide, presque caché, préservé.

D’ailleurs, pour quelle raison ? Pourquoi, passé un certain âge et un certain nombre d’années de mariage, il devenait proprement indécent d’embrasser fougueusement sa femme en public ?

Ron en était là de ses réflexions nébuleuses quand passa un homme de petite taille et assez corpulent, le visage à moitié dissimulé sous un pan de sa cape. En examinant un peu plus ses pieds, on pouvait aisément se rendre compte qu’il boitait de la jambe droite.

Il fit un geste pour indiquer leur cible à Smith, les deux Aurors contournèrent l’homme et réussirent à le coincer dans une ruelle sombre.

« Bouge pas ! cria Ron. Laisse tomber ta baguette et suis-nous sans faire d’histoires.
- Je suis un honnête citoyen qui vient juste faire quelques courses ! De quel droit m’arrêtez-vous ? J’ai des relations, ça ne se passera pas comme ça !
- On t’a dit de baisser ta baguette ! hurla Smith en réponse.
- Pas question !
- Allez monsieur, répliqua Ron d’un ton las. Laissez-vous faire, vous allez vous attirer des ennuis… »

Soudain, un éclair jaune jaillit de la baguette de leur suspect. Ron eut à peine le temps de l’éviter, le sortilège lui entailla la joue avant de laisser une marque sur le mur qui se trouvait derrière lui.

« Stupéfix ! »

La riposte avait été immédiate. Deux éclairs rouges s’échappèrent à leur tour des baguettes des Aurors et frappèrent leur suspect à la poitrine. Neutralisé. Encore une fois, les réflexes de Ron l’avaient sauvé. Automatique. Comme l’était sa vie depuis quelques temps. Une vie qui commençait à ployer sous le poids des habitudes.

Ligoter leur suspect, le ramener au poste, faire un rapport avant de l’interroger afin qu’il perde sa confiance en lui pendant le temps écoulé, lui tirer les vers du nez et l’écouter vider son sac, vidanger son esprit de toute la pourriture qui s’y était accumulée au fils des ans et des trafics, l’écouter se confesser en attente de rédemption.

Se croyait-il unique ? Oui, probablement. Tous les criminels se croient originaux, sont intimement convaincus de la particularité de la flétrissure de leurs esprits tordus. Pour Ron, ils se ressemblaient tous. Tous identiques dans leur manière d’agir et de réfléchir, tous avec une histoire presque similaire, tous avec le même regard, au point où leurs visages et leurs méfaits se confondaient, se diluaient dans la mare de ses souvenirs.

Quand les aveux furent mis par écrit, que toute la paperasse fut remplie et leur homme mis en cellule, Ron frappa à la porte du bureau de son meilleur ami qui lui demanda d’entrer d’une voix morne.

Harry leva vers lui ses yeux cernés. Depuis la mort de Ginny, il s’était plongé corps et âme dans le travail et n’en sortait plus guère que pour répondre aux lettres que lui adressaient régulièrement ses trois enfants. Le cœur de Ron se serra. Que représentait sa dispute conjugale face au malheur qui touchait son ami ? Cela faisait presque deux ans, pourtant, aucun changement ne s’était opéré dans le comportement de Harry Potter. Comme un fantôme, il traquait les suspects, les enfermait, veillait à ce que le Bureau des Aurors fonctionne normalement. Une vieille machine aux rouages cassés, un automate au visage triste avait remplacé le garçon qu’il avait autrefois connu à Poudlard.

« L’affaire Carlton est résolue ?
- Oui, nous avons un suspect en cellule.
- Je n’ai pas de nouvelles affaires à vous confier pour l’instant. Angelina et Spencer ont saisi un important stock de potions au cours d’une perquisition. Tu veux bien leur donner un coup de main ?
- Pas de problèmes.
- Comment ça se passe avec Smith ?
- Pas trop mal.
- C’est bien. »

Un silence pesant suivit ces paroles, le silence de ceux qui ne savent plus quoi se dire, chacun emmuré dans sa propre douleur. Quelques années auparavant, Harry faisait régulièrement le tour des Aurors et s’enquérait de leur santé et de celle de leur famille. Il aurait tout de suite vu que quelque chose n’allait pas chez son ami, rien qu’à sa façon de répondre à son bonjour.

« Tu vas bien ? » demanda timidement Ron.

Cette simple question était lourde de sens. Il n’y avait qu’à regarder Harry pour se rendre compte que tout n’allait pas bien. Il n’aurait jamais dire cela, c’était stupide.

« Oui, ça va. »

Harry leva les yeux et sembla réellement voir son ami pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce.

« Tu as une mauvaise tête. Il y a un problème ? »

Quelques années auparavant, Ron se serait sans doute confié à Harry. Mais lui-même ressemblait tellement à une ombre qu’il n’osa pas l’accabler davantage.

« Tout va bien, ne t’en fais pas. »

Harry hocha la tête et tous deux repartirent travailler. Un stock de potions. Dans un sens, Ron préférait cela. Il partirait sans doute plus tôt ce soir-là, pourrait aller s’excuser auprès d’Hermione.

Les choses n’auraient pas du se passer de cette manière. Mais c’était ainsi. Il ne restait plus qu’à tenter de réparer leurs erreurs, à sauver ce qui pouvait l’être.

Harry avait perdu Ginny, mais Hermione était toujours là. Il l’aimait toujours, malgré tout. N’y tenant plus, il se leva et alla rejoindre Hermione à son bureau. Pour la première fois en plus de vingt ans, il était vide.

~0~°~0~


Hermione avait beaucoup pleuré. Beaucoup trop. Cela ne lui ressemblait pas, elle n’avait pas pu se transformer ainsi en fontaine. Se relever, faire face, voilà ce qu’elle aurait du faire. Depuis sa première année à Poudlard, elle savait que pleurer n’arrangeait jamais rien.

Elle se releva et gagna la fenêtre. Certaines choses semblaient être immuables. Dehors, le vent soufflait invariablement sur la lande, la mer faisait le gros dos. Des années auparavant, Hermione se tenait à la même place, Ron à ses côtés.

Un an. Un an s’était écoulé depuis leur victoire complète sur Voldemort. Et aujourd’hui, Ils étaient tous les deux vivants. Lui avait travaillé dans la boutique de Fred et Georges avant d’intégrer le bureau des Aurors. Elle avait passé ses ASPICs. Ils tentaient de se reconstruire.

L’anniversaire de la grande bataille avait été terrible à vivre pour tout le monde. Dans la famille Weasley, l’évènement avait réveillé beaucoup de vieilles douleurs. C’était elle qui avait eu l’idée de louer cette chambre. Dans le monde moldu, loin de tout, elle avait espéré que la douleur aurait été moins grande, moins vive.

Le premier jour, ils n’étaient pas beaucoup sortis. A peine avaient-ils pris la peine de faire une promenade sur la plage. Le souvenir de Fred et de tous les disparus continuaient de les hanter. Et même si les cauchemars s’étaient peu à peu espacés au fil des jours, ils étaient revenus en force et chaque nuit, ils se réveillaient aux sons des cris qui avaient résonné dans tout le château lors de cette nuit funeste. Alors, blottis l’un contre l’autre, ils se rassuraient, comme deux enfants plongés dans le noir, complices.

Et, à la fin de la semaine, alors qu’Hermione rangeait quelques robes dans sa valise, Ron l’avait enlacée et lui avait demandé si elle voulait bien vivre avec lui, partager leur quotidien. Elle avait accepté.


Hermione secoua la tête et sortit. Le vent lui fouetta à nouveau le visage. Les vagues allaient et venaient en un doux ressac. Reposant. Le temps avait passé. Au ministère, de grands changements avaient eu lieu. Kingsley avait réformé une grande partie des lois et lui avait confié le soin d’établir les propositions adéquates. Un vent nouveau soufflait sur la société sorcière.

Trois ans après qu’ils aient emménagé ensemble, Ron l’avait demandé en mariage. Elle avait accepté et se souvenait encore de sa joie à cet instant, elle était certaine de la solidité de son amour, elle avait confiance en l’avenir. Après tant de souffrances et de larmes, ils n’avaient plus qu’à vivre heureux. Et c’était ce qu’ils avaient l’intention de faire.

Il avait fallu dix ans pour que toutes les anciennes lois soient réformées et que les juges et aurors les appliquent comme ils le devaient. Dix ans de lutte parfois acharnée. Les habitudes sont parmi les choses les plus difficiles à bouleverser. Puis, elle s’était enfin lancée dans le projet qui lui tenait le plus à cœur, un projet qu’elle avait en tête depuis l’adolescence. Elle avait réussi à faire changer le statut des elfes de maison. Dans la rue, on avait commencé à l’interpeller, parfois assez violemment. C’en était arrivé au point où elle n’osait même plus sortir avec Rose, alors âgée de deux ans.

Alors, elle était revenue ici, le temps que la tempête passe.

Elle s’ennuyait. Si elle n’avait pas laissé Rose à Ginny et Harry, elle pourrait peut-être au moins s’occuper de sa petite fille. Seule dans cet endroit du bout du monde, elle se sentait comme exilée, exclue. Kingsley avait été intraitable. Il fallait qu’elle prenne des vacances, jusqu’à ce que les choses se tassent, qu’on ne la croise plus, pour sa propre sécurité et celle de sa famille.

Si elle n’avait pas craint pour Rose, Hermione n’aurait jamais accepté. Elle n’avait jamais été du genre à se défiler et ce n’était pas quelques traditionnalistes qui allaient lui faire peur. Ses choix étaient bons, elle agissait pour la justice, elle n’en avait pas honte. Mais quand on avait commencé à lui envoyer quelques lettres de menace et après avoir été légèrement blessée lors d’une incartade, elle avait cédé. C’était donc elle qui se cachait plus ou moins et ses ennemis qui la lynchaient au grand jour sans qu’elle ne puisse rien faire.

Ron était au moins aussi désemparé qu’elle. Personne n’aurait pu penser que les choses dégénéreraient ainsi. On avait l’impression que les esprits se fermaient petit à petit, perdu l’enthousiasme qui avait suivi la chute de Voldemort, effritée la confiance que l’on avait placé en la personne des vainqueurs. Alors, il fallait se cacher, calmer le jeu, être diplomates. Et malgré le soutien inconditionnel de son mari, Hermione s’en voulait de lui faire vivre tout cela. Et plus les jours passaient, plus l’injustice de cette situation l’irritait et plus sa culpabilité montait.

Un soir, une ombre s’était dessinée sur le sable. Hermione s’était vivement retournée, baguette en main. Ron avait ri en lui affirmant que les vieux réflexes ne les quittaient jamais. Puis il s’était simplement assis à côté d’elle et lui avait tenu la main. Elle avait éclaté en sanglots, s’était excusée. Il s’était tourné vers elle et lui avait demandé la raison de ses excuses. Elle n’avait pas à le faire, elle n’était coupable de rien et ne lui en voudrait jamais. Il l’aimait, tout simplement. Et ces seules paroles avaient réussi à lui redonner du courage. Bientôt, le calme succéderait à la tempête. Il suffisait d’être patient.

Quelques jours plus tard, Hermione revenait à son bureau. Les personnes qui avaient attenté à sa vie et à celle de sa famille avaient été retrouvées et arrêtées. Le danger était écarté.


Les années avaient encore passé. Hugo était né, la vie suivait son cours. Il y avait toujours des réformes à entreprendre, des textes à améliorer au fil des affaires, des jeunes gens qu’il fallait former à leur sortie de Poudlard. Les enfants avaient grandi, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Puis, le hibou était arrivé avec la lettre qu’ils attendaient tous. On lui avait arraché Rose, sa fille. Et même si elle souriait en lui achetant les fournitures pour l’école, elle avait envie de hurler. Jamais elle n’aurait pensé que la séparation serait aussi difficile. L’oiseau quittait le nid et c’était une déchirure.

Qu’y-a-t-il de plus triste et de plus éprouvant que de voir ce train partir, emmener au loin le bébé que l’on avait bercé, la petite fille que l’on avait veillé quand elle était malade et à qui l’on apprenait à lire et à écrire ? Et que dire au repas le soir quand la chaise de la fille tant chérie était vide ?

On ne pouvait rien dire, surtout pas gâcher le bonheur qu’on lisait dans les yeux de ses enfants. Alors, on se taisait et on attendait leur retour en laissant leurs lettres rythmer sa vie. Avec Ginny, Hermione avait trouvé la personne à qui confier ses plaintes. Toutes deux se racontait leur peine et l’allégeait quelque peu. C’était une manière de penser à autre chose. Puis, les plus jeunes avaient à leur tour pris leur envol, les laissant toutes deux face à face le soir avec leurs maris, dans un silence assourdissant.

La routine s’installait insidieusement, commençait à occuper toutes les pensées. On se confiait plus à son amie qu’à son mari, on partageait de moins en moins de choses, parce qu’il fallait bien les partager avec quelqu’un. Et à force de partager de moins en moins de choses, on en arrivait à ne plus connaître la personne avec qui l’on vivait.

Et Ginny était morte. Disparue dans un accident stupide. Comme piètre consolation, les médicomages ont dit qu’elle n’avait pas souffert, comme si cette phrase avait le pouvoir de soulager les esprits face à la triste réalité. Harry n’avait pas pleuré. Ni quand on lui avait annoncé la nouvelle, ni durant l’enterrement. Pas d’effusion, mais une peine silencieuse, plus poignante encore que la plus déchirante des plaintes. Et si d’autres s’y trompaient, Hermione avait bien vu que quelque chose en lui était mort. Ron l’avait probablement également compris, ils n’en avaient jamais parlé. Chacun avait porté sa douleur et ses souvenirs, seul.

Un an était passé, puis deux. Et ce matin, tout avait éclaté, mais rien n’avait été dit. Hermione aurait voulu hurler, demander à Ron pourquoi il était devenu cet inconnu en face d’elle à la table du petit-déjeuner et le secouer jusqu’à ce qu’elle ait la réponse, jusqu’à ce qu’elle sache pourquoi cette ancienne complicité avait fini par s’envoler, pourquoi elle se sentait si mal sans pouvoir trouver quelqu’un à qui confier sa peine.

Alors, elle se retrouvait là, dans cet endroit où Ron et elle s’était rendus avec leurs fantômes, là où elle s’était cachée, attendant le calme après la tempête.

~0~°~0~


Ron paniqua. Pourquoi Hermione n’était-elle plus à son bureau ? Où était-elle ? Il sortit en trombe pour demander à la secrétaire au bout du couloir si elle avait remarqué quoi que ce soit de particulier. Elle lui avait tout expliqué, comment sa patronne n’avait pas semblé dans son assiette et comment elle était partie quelques heures plus tard en remettant à plus tard tout ce qu’elle avait à faire. Bien sur, elle avait trouvé cela bizarre, mais elle avait fait ce qu’on lui avait demandé, c’était son travail après tout. Il fallait l’excuser, elle ne pouvait pas savoir.

Ron serra le poing. Bien sur qu’elle ne pouvait pas savoir, ce n’était pas de sa faute. C’était la sienne. Quand sa sœur était morte, il avait trop pensé à sa propre peine pour alléger la sienne. Ginny était sa meilleure amie. Son absence s’était fait ressentir, chaque jour un peu plus, chaque jour un peu plus fort. Et ce matin…

Ils auraient du parler de tout ça. Ils auraient du se confier leur chagrin, faire front ensemble au lieu de se pelotonner chacun dans son coin, comme des enfants perdus. Ils auraient du… Ron réalisait pour la première fois ce qu’il y avait de terrible à prononcer ces quelques mots. On aurait du, c’était le poids des regrets et du temps passé.

Pourtant, malgré tous ces doutes, malgré cette nostalgie qui lui collait à la peau, il y avait une chose dont il était sûr : il aimait toujours Hermione, passionnément. Et même si le temps avait émoussé leur complicité, l’amour était toujours présent. Et il ne voulait pas la perdre.

Après être passé par le bureau des Aurors pour signaler qu’il partait, Ron transplana chez lui. La grande maison était silencieuse et il eut beau visiter toutes les pièces, il ne trouva pas sa femme. Il transplana à nouveau, chez ses parents cette fois. Puis chez ses frères et les parents d’Hermione, chez Luna et chez Neville. Personne ne l’avait vue.

Et alors que l’angoisse montait, Harry lui demanda s’il n’avait vraiment aucune idée de l’endroit où elle aurait pu aller. Hermione voulait être seule. Si elle avait vraiment envie de faire le point, elle ne s’était surement pas rendue chez une de leurs connaissances. Il lui fallait un refuge.

C’est en entendant ce mot que Ron se souvint de l’auberge au bord de la mer où l’on pouvait prendre une formule Bed and Breakfast où Hermione s’était réfugiée lorsqu’on avait voulu lui nuire pendant la réforme du statut des elfes de maison, et encore avant, après le premier anniversaire de la bataille de Poudlard.

Il prit à peine le temps d’expliquer à son ami qu’il savait où elle se trouvait avant de transplaner. Le vent lui fouetta le visage et l’odeur des embruns lui assaillit les narines. Le cœur battant, il scruta la plage. Un immense soulagement l’envahit quand il reconnut la silhouette familière un peu plus loin au bord de l’eau.

Hermione le regarda s’approcher. Et au fur et à mesure qu’il se rapprochait, il ne cessait de se traiter mentalement d’idiot. Car il avait été assez stupide pour laisser la femme qu’il aimait s’éloigner lentement de lui, assez stupide pour lui en vouloir pour sa propre douleur, assez stupide pour ne pas voir à quel point elle-même souffrait.

« Je suis désolé Hermione. »

Devant son air interrogateur, il lui expliqua tout : la peine de voir Harry dépérir, celle d’avoir perdu sa sœur, l’horreur qu’il voyait chaque jour et qui finissait par le ronger de l’intérieur. C’était tout ce dont il n’avait pas voulu lui parler et tout ce qui l’avait détruit à petit feu, tout ce qui l’avait détaché d’elle. Hermione l’écouta, sans le couper. La tristesse de son mari était comme un miroir de la sienne, sa mélancolie était la sienne et ses réflexions amères auraient pu être composées à eux deux. Et à mesure qu’il se confiait, elle sentait les morceaux de son cœur se ressouder et une partie de sa foi revenir. Bien sur, il y aurait encore un long chemin à parcourir, encore beaucoup de choses à se dire et du temps à rattraper. Mais l’espoir revenait, comme une petite lumière qu’elle avait tant espéré pour éclairer l’obscurité de sa vie. Alors, elle se rapprocha de lui et appuya sa tête sur son épaule.

« Je t’aime. »

Trois mots par quoi tout avait commencé, trois mots qui avaient souvent le pouvoir d’alléger de grandes peines, pourtant trois mots qu’on prononçait si peu souvent, ensevelis sous le poids de l’habitude. Et trois mots qui avaient le pouvoir de tout recommencer.

Il y aurait encore des disputes, des deuils, des départs, des épreuves et du travail. Mais il y aurait l’autre, toujours. Ils le sentaient.

Et quand tout allait mal, quelques jours passés à l’auberge au bord de la mer, avec une formule Bed and Breakfast.
Note de fin de chapitre :

Voilà, voilà, j'espère que ça vous a plu (ou pas :D)^^

En tout cas, n'oubliez pas que la review est hautement nécessaire à la bonne santé mentale de l'auteur, alors n'hésitez pas^^
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