S'identifier | | Identifiants perdus | S'enregistrer |
Lien Facebook

En savoir plus sur cette bannière

News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Le temps de trois secondes par Realgya

[7 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note de chapitre:

Vous vous rappelez d'Amphraldie ? J'ai toujours aimé les histoires de voyage temporel un peu... compliquées. J'ai eu cette idée, comme ça. Alors que je ne devrais pas "perdre de temps" à écrire. Mais c'est plus fort que moi, qu'y voulez-vous ?
Bonne lecture à tous :)
- Ah Auror Patil, je suis contente de vous voir, déclara Aurora Smith, directrice du Département des Mystères. On a trouvé ce gredin dans nos salles et il nous a tout mis sens dessus dessous avant qu’on ne parvienne à l’attraper.

Ses deux subalternes dans son dos acquiescèrent vigoureusement, l’un affichant un bel œil au beurre noir et l’autre des boursouflures sur tout le visage qui commençaient seulement à s’effacer. Ils encadraient un jeune garçon qui se cachait derrière ses longs cheveux noirs, fuyant le regard de l’auror venant d’arriver.

- Sens dessus dessous, vraiment ? demanda l’auror.

La vieille femme pinça des lèvres sans répondre, se contentant de donner à Patil la baguette de l’intrus. Ce n’était pas pour rien que les gens travaillant au Département des Mystères étaient surnommés les Langues-de-Plomb.

- Je suppose que ça ne sert à rien de vous demander dans quelle salle vous l’avez trouvé et à quelle activité, déclara l’Auror Patil.

Le silence lui confirma ses dires. Derrière lui, Harry Potter, auror débutant encore en formation, suivait l’échange avec curiosité. Contrairement à son mentor, il avait déjà pénétré dans le Département des Mystères et se demandait ce que l’intrus attrapé avait bien pu y faire. Etait-il dans la salle des cerveaux ? Celle des horloges ? Celle des prophéties ? Celle de l’arche ?

Les souvenirs se firent douloureux et Harry secoua légèrement la tête sous le regard réprobateur de Mrs Smith. Il n’avait jamais été pardonné d’avoir « violé » le sanctuaire des Langues-de-Plomb, quelques soient les raisons qui l’y aient poussé.

- Je ne vous le remets pas pour l’interroger mais pour le tenir sous surveillance en attendant que nous trouvions du temps pour lui. Tout cela nous a mis affreusement en retard, déclara Smith en jetant un bref coup d’œil à sa montre.

- Bien sûr, comme d’habitude, répondit Patil, acide.

Il y eut un duel de regard silencieux et Harry se fit discret, reculant d’un pas ou deux.

- Nous ne le questionnerons que sur son effraction au Ministère, lâcha enfin son mentor.

- Parfait, répondit sèchement Smith avant de faire signe à ses hommes.

Ils remirent le garçon aux mains des deux aurors et retournèrent à leurs occupations. Sans un mot, Patil prit les devants et l’intrus le suivit, le regard fuyant. Harry ferma la marche. Il avait l’étrange impression d’avoir déjà rencontré ce jeune homme mais n’aurait su dire où. A Poudlard peut-être. Il paraissait relativement jeune et lui-même n’avait pas quitté l’école depuis longtemps.

Les deux aurors atteignirent rapidement l’ascenseur et remontèrent de quelques étages, serrant leur prisonnier de près au milieu de la dizaine de personnes qui occupaient l’ascenseur.

Ils se dégagèrent avec soulagement à leur étage, précédés d’une demi-douzaine de notes de service. Ils prirent la première porte à droite menant dans une grande salle vide et se dirigèrent vers la deuxième porte à l’autre extrémité de la pièce. Et soudain ce fut le chaos. Surgirent tout autour de Patil et Harry des dizaines de répliques de leur prisonnier, toutes les yeux mi-clos, les mains sur leur poitrine. La salle était bondée.

- Un… Deux… Trois… Psalmodièrent les clones en chœur.

Les deux aurors sortirent instantanément leurs baguettes mais avant d’avoir pu lancer le moindre sort l’étrange phénomène s’était dissipé. Sans un bruit, toutes les répliques avaient disparues. Leur prisonnier aussi.
Patil ouvrit immédiatement la porte devant lui.

- Retourne voir dans le couloir ! cria-t-il à Harry.

Ce dernier s’exécuta mais les lieux étaient déserts.

- Rien, lança-t-il à son mentor.

Celui-ci, après avoir estimé qu’il n’y avait personne de son côté non plus, murmurait toutes sortes de sorts en agitant faiblement sa baguette.

- Rien à faire, ragea-t-il après un moment, il n’y a personne dans la pièce.

- On aurait entendu un « pop » s’il avait transplané, fit remarquer Harry.

- On ne peut pas transplaner dans l’enceinte du Ministère.

Dans sa tête, Harry entendait une voix féminine lui répéter la même phrase mais en citant Poudlard à la place du Ministère.

- Du moins depuis la chute de Tu-Sais-qui, ajouta Patil machinalement. Je refuse de croire qu’un gamin puisse nous filer dans les pattes. Il est forcément encore au Ministère. On va boucler les lieux le plus vite possible et surveiller chaque personne qui part.
Les directives de l’auror Patil furent appliquées à la lettre mais il était déjà trop tard. Leur prisonnier avait filé.

- Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement ? leur demanda leur chef, Malcom, qui avait succédé à Kingsley lorsque celui-ci était devenu Ministre de la Magie.

- Clonage, répondit Patil.

- Je croyais qu’on lui avait confisqué sa baguette, répondit Malcom en fronçant ses sourcils broussailleux. Si ce n’est un sort, ce serait une potion ?

- Non, nous nous en serions aperçus s’il avait bu quelque chose. Et l’action s’est déroulée à un moment trop favorable pour que ce soit le fruit du hasard engendré par une potion ingurgitée à l’avance.

Harry hocha de la tête pour approuver son mentor.

- Un objet qu’il avait sur lui alors.

- Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose, confia Patil.

- Un tour de farces et attrapes ? proposa Harry.

Patil grimaça. L’idée qu’ils s’étaient faits piégé par une bizarrerie de chez les Weasley, Zonko ou tout autre ne devait pas lui plaire.

- A vérifier, acquiesça Malcolm. Des recherches vont être nécessaires. Demandez à une autre équipe de vous aider s’il le faut. Vous leur avez lancé des sorts ?

- Aucun, les faux ont disparu avant, répondit Patil.

- Et le vrai aussi, fit sombrement son chef. Nous n’avons même aucune idée de son identité. Il va falloir dresser un portrait robot.

- A condition qu’il n’ait pas été sous polynectar ou un sortilège de métamorphose, même partiel, à ce moment-là, souffla Patil.

- Bonne chance pour votre enquête, déclara Malcom en se levant, les invitant à prendre congé.



***



3 mois plus tôt

- Dennis ! On mange !

Guenièvre Crivey, constatant que son fils ne prenait pas la peine de descendre et, s’il le fallait, ne l’avait même pas entendu, poussa la porte de la chambre de son fils. Elle soupira en le voyant allongé sur son lit, le nez dans un bouquin.

- Dennis !

Son fils sursauta, marqua sa page et se dépêcha de se laver les mains pour pouvoir passer à table.

- Quand ta mère appelle ce serait bien que tu sois à l’heure, fit remarquer son père en faisant discrètement disparaître le couvert de trop.

Un jour, quand il mettrait la table, il cesserait de sortir quatre assiettes, quatre couteaux, quatre fourchettes… Un jour, son corps imprimerait qu’ils n’étaient désormais plus que trois à vivre dans cette maison. Un jour, il ne pousserait plus la porte de son aîné en pensant qu’il se trouvait dans sa chambre. Un jour… Mais pas aujourd’hui.

- Il était encore en train de lire, déclara Guenièvre.

Thomas Crivey soupira.

- Mais vous ne vous rendez pas compte ! Ce livre est juste… génialissime !

- Oui, on sait, coupa rapidement Guenièvre, tu nous l’as déjà dit des centaines de fois.

- Il a été écrit par Dumbledore et…

- Stop ! Par pitié arrête de te répéter ! quémanda son père. Tu as déjà lu au moins cent fois ce fichu livre et tu nous l’as déjà présenté le double de fois, ça suffit.

- Vous ne vous rendez pas compte, maugréa Dennis.

- Pas vraiment non, concéda sa mère. Mange tes carottes.



Dès la table débarrassée, Dennis se hâta de retourner lire dans sa chambre. Il s’assit en tailleur sur son lit, attrapa le Traité sur le temps d’Albus Dumbledore et se replongea fébrilement dans les pages. Il pourrait le lire des milliers de fois qu’il trouverait encore et toujours quelque chose de nouveau et de palpitant dans cet ouvrage. Dennis avait un but et il était persuadé que dans ce texte se trouvait la solution pour y parvenir.

- Ecoute ça, avait-il un jour expliqué à son ami Kevin Whitby, réparti à Poufsouffle la même année que lui, il est dit ici que les fantômes peuvent ressusciter. Sous certaines conditions bien sûr. S’ils utilisent un retourneur de temps….

- Dennis, l’avait interrompu son camarade, non seulement Colin n’est pas un fantôme mais en plus tu n’as pas de retourneur de temps. Tu devrais laisser tomber. Il ne reviendra pas, on ne peut pas ramener les morts.

- On est dans un monde magique, tout est possible ! avait rétorqué Dennis.

Certes il admettait que nombreuses de ses recherches n’avaient pas abouti. En particulier la pierre de résurrection mentionnée dans le conte des trois frères. Après de nombreuses heures il avait fini par croire les dires de Kevin, soit que cette pierre ne ramenait pas vraiment les gens à la vie.

- Tu ne crois pas que s’il existait un quelconque moyen de ressusciter, un grand sorcier ne l’aurait pas déjà trouvé ? lui demandait souvent Kevin.

- Moi je chercherai mieux que les autres, rétorquait Dennis.

Il était convaincu qu’il finirait par y arriver. Il ramènerait son frère d’entre les morts. L’ouvrage de Dumbledore mentionnait que c’était possible. Certes Colin n’était pas un fantôme, mais en manipulant le temps de manière différente, il devait bien y avoir un moyen. Si un phénomène aussi rare et incroyable que celui d’Amphraldie existait, il n’y avait aucune raison pour que ressusciter Colin soit impossible.

Peut-être même que certains avaient déjà la réponse mais la tenaient ignorée de tous. Peut-être qu’Albus Dumbledore avait une solution. « Mais dans ce cas, lui disait son subconscient, pourquoi Dumbledore n’a-t-il pas été ressuscité ? »

Lorsqu’elle le tourmentait, Dennis chassait vigoureusement cette idée et se re-concentrait sur sa lecture. Il était déterminé à trouver.
Il avait pensé à un moment à faire peindre un portrait de Colin, mais toutes ses recherches sur les tableaux s’étaient avérées décevantes. Les gens n’étaient pas vraiment ressuscités, ils n’étaient que des images, des souvenirs emprisonnés et animés.

Un jour Dennis avait rencontré une personne dont l’amour décédé était peint sur une toile. Cette pauvre femme vivait recluse, toute seule au fin fond des montagnes près de Pré-au-Lard, et parlait au tableau toute la journée, lui racontant tout et n’importe quoi. Et le tableau répondait toujours les mêmes phrases, si bien que le temps passait sans que rien ne se passe. Ils semblaient déconnectés de la réalité, tous deux perdus dans un monde de folies. Enfin, elle perdue. Le tableau n’est pas une personne.



Cela faisait plus d’un an que Dennis menait des recherches infructueuses. Mais désormais qu’il avait ses B.U.S.E. en poche et que les vacances d’été étaient là, il aurait beaucoup plus de temps pour approfondir la question et ne serait plus obligé de sécher quelques heures de cours pour pouvoir lire tranquille.

La chance se présenta à lui sur le Chemin des Traverses, ou plutôt l’Allée des Embrumes. Il y avait nombre d’individus suspects dans la ruelle et Dennis était persuadé que certains pourraient l’aider dans sa quête. Il ne se trompait pas car en une matinée à peine il parvint à mettre la main sur un certain Mondingus Fletcher qui se proposait de lui vendre du sable du temps.

- De quoi s’agit-il exactement ? questionna Dennis.

- Sable du temps. C’est celui contenu dans les retourneurs de remps. Tu sais ce qu’est un retourneur de remps ?

Dennis hocha la tête, tout excité mais se forçant au calme.

- Et vous l’avez eu comment ?

- Il y a quelques années quand Potter s’est introduit au Département des Mystères et a tout détruit lors de son combat contre les Mangemorts, il y a eu une courte période où dans l’affolement il n’était guère difficile d’entrer au Département. Un contact y est allé. Et tu sais ce qu’il y a vu ?

Dennis fit « non » de la tête, incitant Mondingus à poursuivre.

- Une salle entière remplie de sable. Les retourneurs de temps s’étaient tous brisés et il suffisait de se baisser pour en récolter quelques grains. Alors forcément il l’a fait et j’ai réussi à… le lui subtiliser, déclara-t-il après un temps de réflexion. Ca t’intéresse ?

- Combien ?

Ils négocièrent le prix un moment mais Dennis finit par récupérer les quelques grains. Dans sa tête les informations tournaient. Harry Potter avait réussi à s’introduire au Département des Mystères, donc c’était faisable. Et là-bas, il y avait plein de retourneurs de temps différents. Etait-il possible qu’avec l’un d’eux…

Dennis secoua la tête. Surtout il ne fallait pas que l’enthousiasme lui donne de fausses idées. Les fausses idées étaient sournoises, terribles, cruelles. C’était pour en protéger ses parents qu’il ne leur avait jamais parlé de son projet fou de ramener Colin à la vie, bien qu’il en ait eu plusieurs fois envie.

Ces quelques grains qu’il tenait dans leur étui… Ils n’avaient pas de prix. Il fallait les utiliser à bon escient, réfléchir calmement. Il était tentant de remonter le temps jusqu’à la Bataille de Poudlard pour empêcher Colin de mourir mais ce n’était pas possible. Le temps était bouclé. Remonter le temps permettait de changer le futur, pas le passé. Le traité de Dumbledore était formel là-dessus.

A moins qu’après avoir sauvé son frère ils planifient tous deux une mise en scène. Qu’ils réussissent à faire croire pendant plus d’un an à tout le monde que Colin était bel et bien mort et enterré. Ainsi lui-même, Dennis, remonterait le temps pour le sauver. Une fois ce Dennis parti, Colin pourrait se révéler au grand jour. Mais cela signifiait aussi que le Dennis ayant remonté le temps devrait se cacher du Dennis faisant ses recherches. Etait-il possible de vivre pendant un an « en double » ? Existait-il des retourneurs de temps pouvant le ramener aussi loin ? Parviendrait-il à sauver Colin ? A faire croire à sa mort ? A vivre cachés tous les deux ?

Dennis avait beaucoup de courage mais restait réaliste. C’était impossible.



Elle se nommait Amy Blood. Quand Dennis alla la trouver sur les conseils de certains clients du bar le plus nauséabond de l’Allée des Embrumes, il découvrit la dame la plus âgée qu’il n’avait jamais vue. Son visage, sa gorge et ses mains n’étaient que rides. Le peu de cheveux qui lui restait était d’un blanc crémeux, ses yeux vitreux, ses habits miteux.

- Bonjour, salua Dennis avec aplomb.

La vieille dame se tourna vers lui.

- Que puis-je pour toi ?

Dennis lui tendit l’étui acheté à Mondingus. Il eut soudain peur que le receleur se soit moqué de lui et que ce sable ne soit rien d’autre que du sable ordinaire. Cependant, quand elle découvrit le contenu de l’étui, le visage d’Amy sembla s’animer.

- Tu veux un sablier ? questionna-t-elle.

Dennis hocha la tête.

- J’espère que tu n’as pas été suivi en venant, je t’en voudrais si j’étais rattrapée par le Ministère maintenant, après avoir passé ma vie à me cacher de lui.

- Je ne pense pas, déclara Dennis, la gorge sèche.

- Il ne suffit pas de le penser, déclara Amy d’une voix à la fois tranchante et faible.

Elle se leva de sa chaise et s’éloigna près de la cheminée.

- Repasse demain à la même heure, souffla-t-elle.

L’idée de laisser la dame seule avec son bien n’enchantait pas Dennis mais il conclut ne pas avoir le choix et obtempéra.

Malgré ses craintes Amy Blood ne s’était pas enfuie pendant la nuit et, quand il se présenta à sa porte le lendemain avec une petite heure d’avance, elle l’accueillit avec un mince sourire. De ses mains tremblantes elle lui passa une fine chaîne d’or autour du coup. Eberlué, Dennis saisit précautionneusement entre ses doigts le minuscule sablier et les quelques grains à l’intérieur.

- Trois secondes.

- Je vous demande pardon ? demanda Dennis.

- Trois secondes. C’est le temps d’un tour.

Un tour, trois secondes, enregistra Dennis au ralentit. Cela signifiait que pour remonter le temps d’une minute, il devrait tourner vingt fois le sablier. Pour une heure, mille-deux-cent fois. Il ferma les yeux. Trois secondes, c’était vraiment peu.

- J’ai fait avec les quelques grains que tu m’as donné, commenta Amy Blood.

- Combien vous dois-je ? s’enquit poliment Dennis.

- Rien du tout.

Dennis voulut protester mais elle l’arrêta en levant lentement une main fatiguée.

- Il s’agit sans aucun doute du dernier sablier que je ne concevrais jamais. C’est à moi de te remercier pour m’avoir donné de l’ouvrage. J’y ai pris plus de plaisir que tu n’en auras à utiliser cet objet.

Ses lèvres s’étirèrent en un mince sourire et Dennis s’inclina.

- Je vous remercie.

Elle le congédia de la main et ferma les yeux, son visage détendu. Le jeune homme quitta les lieux.



La nuit il n’y avait personne au Ministère. Du moins la nuit peu avant l’aube, quand le garde de l’atrium était sur le point de s’endormir. Dennis s’était glissé sans bruit dans le hall en arrivant par la cheminée. Il s’était rendu sur les lieux plusieurs fois les jours d’avant pour repérer les lieux, évaluer ses chances. Avant cela il avait réussi à voir Ron Weasley qui s’était fait un plaisir de lui raconter leur escapade au Ministère, du moins dans les grandes lignes, avant que les choses ne s’assombrissent.

Il crut bien se faire repérer au moment où l’ascenseur arriva en grinçant mais le garde tournait plus loin, somnolent. En quelques minutes il atteignit le Département des Mystères et y pénétra. L’intérieur était impressionnant. Il soupçonnait s’être perdu à cause des portes tournantes mais il essaierait de trouver comment sortir plus tard. Dès le deuxième essai il tomba sur la salle du temps et aussitôt ses yeux s’écarquillèrent.

Il y avait beaucoup d’emplacements vides laissant supposer qu’autrefois s’y tenaient des horloges et des sabliers, mais ceux-ci avaient dû être détruits. Cependant ceux qui restaient suffisaient à fasciner Dennis. Trouverait-il ses réponses ici ? « Non » pensa-t-il immédiatement. Mais il n’aurait su expliquer pourquoi.

Les rouages du temps étaient nébuleux, mystérieux, mais il n’était pas sûr que ce soit la bonne solution. Dans ce Département, ils avaient forcément dû trouver ou mettre au point quelque chose de particulier, de spécifiquement conçu pour la résurrection ou pour revoir les morts. La vie, la mort… C’était un sujet qui avait toujours fasciné. S’il avait une chance de découvrir quelque chose c’était ici, mais son instinct lui soufflait que ce n’était pas la bonne salle.

Dennis ressortit, les portes tournèrent, il ouvrit la première qui se présenta à lui. Il se tenait en haut de gradins circulaires taillés dans la pierre et faisant le tour de la salle. Au centre de la fosse se dressait une arcade sur un socle et, sous elle, comme une rivière noire, un voile déchiré. Il n’y avait pas de vent, mais pourtant, Dennis avait l’impression que ce voile se soulevait et s’abaissait, comme s’il respirait. Comme si quelqu’un derrière l’arcade soufflait.

Fasciné, il descendit les gradins un à un, manquant de se tordre deux fois la cheville sur les marches escarpées. Il fit le tour de l’arcade quand il l’eut atteinte, cherchant la provenance du souffle qui faisait onduler le voile. En tendant l’oreille, il était persuadé d’entendre un souffle, un murmure.

- Il y a quelqu’un ? demanda-t-il tout bas, n’osant pas élever la voix.

Ces quelques mots résonnèrent sur les parois tout autour de la salle. Dennis grimpa sur le socle, comme hypnotisé, et s’accroupit près du voile. Il se releva très lentement, essayant de retenir sa respiration pour mieux distinguer les autres sons. Cette fois-ci il en était sûr, il y avait quelqu’un d’autre. Une autre présence se faisait sentir.

- Colin, souffla-t-il.

Etait-ce les morts qui se tenaient derrière ce voile ? Son frère était-il là ? Si c’était le cas, il fallait qu’il aille le chercher. Tout de suite.

Il tendit la main et soudain fut immobilisé. Il avait beau essayer de toucher le voile il n’y arrivait pas, son corps figé refusait de lui obéir. Il voulut crier mais sa bouche refusa de s’ouvrir pour délivrer le moindre son. En testant une à une chaque partie de son corps, il se rendit compte que seuls ses yeux pouvaient encore bouger et sentit la panique le gagner. Etait-ce le fruit d’un sortilège ? Une protection de l’arcade ?

Puis il tendit l’oreille, à la recherche des murmures, et entendit toute autre chose.

- Qu’est-ce qu’il fiche ici celui-là ? ronchonna une voix. Tu veux mourir mon garçon ? Si c’est le cas n’hésite pas, traverse ! Tu ne seras ni le premier, ni le dernier.

Il aperçut du coin de l’œil quelqu’un venir près de lui mais ne pouvait le distinguer, toujours figé. L’homme agita sa baguette et Dennis se sentit aussitôt libre.

- Maintenant…

Dennis ne lui laissa pas le temps de parler. Il se jeta par terre, roula, s’empara de sa baguette, lança un sort, s’enfuit en courant. Le reste est très vague dans son esprit. Des cris, d’autres personnes, des sorts qui fusent. Il se rappelle s’être débattu et que son poing a heurté quelque chose de chaud. Un visage peut-être. Tout est confus. Il ne comprend pas qu’on l’agresse, ne se rappelle plus où il est. Son instinct de survie reprend le dessus mais ça ne suffit pas. Ils sont adultes et trop nombreux.



Le premier souvenir net qu’a Dennis, c’est celui de cette femme, Aurora Smith, qui le foudroie du regard et semble avoir envie de le réduire en bouillie.

- J’ai fini l’inventaire des pièces dans lesquelles il semble être passé, il ne manque rien, indiqua une voix dans le dos de Dennis.

- Les aurors sont prévenus ?

- Ils arrivent Mrs Smith.

Quelques minutes plus tard Dennis baissa la tête en réprimant une envie de rougir. Se faire arrêter par les aurors pour s’être introduit ici était une chose qu’il avait envisagée et à laquelle il s’était préparé à faire face. Se faire arrêter par Harry Potter en personne, il en était mort de honte. Colin et lui avaient toujours révérés Harry et l’idée de le décevoir était insupportable.

Il y eut un bref échange entre les aurors et la dénommée Smith avant que Dennis ne doive les suivre. Tout ce temps, il prit bien soin d’éviter le regard d’Harry et réfléchit. Il avait son sablier, il devait pouvoir trouver une parade. Trois secondes pouvaient suffire, si elles étaient bien employées.

Dennis avait passé des nuits à y réfléchir pour essayer de monter une stratégie. Il fallait se concentrer, choisir le bon moment, se concentrer, bien visualiser les choses, se concentrer, compter et encore se concentrer. Il pouvait le faire !

Quand ils atteignirent le fond d’une salle vide Dennis sut qu’il tenait sa chance. Sa seule et unique chance.

Il attrapa le sablier dans ses mains, se décala d’un pas, le tourna.

Un… Il se décale derechef. Deux… Il ferme les yeux… Trois… Il tourne.

Un… Se décaler… Deux… Attendre… Trois… Tourner.

Un. Deux. Trois. Se décaler et tourner.

Un. Deux. Trois. Se décaler et tourner.

Compter. Se décaler. Tourner.

Encore et encore. Toujours. Jusqu’à atteindre la porte par laquelle il venait d’entrer. Jusqu’à ce qu’à travers ces paupières à moitié entrouvertes, il voit autour de lui une foule de lui. Lui avant.

Un deux trois. Décale et tourne.

Surtout ne pas oublier de se décaler pour ne pas se re-matérialiser là où il était déjà trois secondes auparavant.

Un deux trois. Décale et tourne.

Surtout ne pas se tromper en comptant pour que l’illusion soit parfaite.

Un deux trois. Décale et tourne.

Surtout prier pour qu’aucun des deux aurors ne lui lance de sort. S’il ne peut plus tourner, c’est tout le processus qui s’arrête.

Un deux trois. Décale et tourne.

Tourner, tourner, tourner… La porte, les « lui » passés, les aurors qu’il ne peut plus distinguer.

Il baisse la poignée, ouvre, sort, referme, court. Le tout en moins de trois secondes.

Elles sont passées, là-bas il a disparu.

Il appelle l’ascenseur, se cache dans l’encadrement d’une porte. Son salut est tout près.

- Rien.

C’est la voix d’Harry qui résonne dans le couloir. Les grilles de l’ascenseur s’ouvrent. Il y entre, affiche un visage impassible, calme son rythme cardiaque. Les grilles se referment et la machine se met en branle. Il a chaud, il a mal au ventre, il a le cœur qui bat beaucoup trop vite, il a le sang qui lui monte à la tête. Une de ses mains est toujours crispée sur son sablier et il doit déplier lentement ses doigts. Ca fait mal.

Enfin l’atrium. Dennis se fond dans la foule d’un pas pressé, atteint les cheminées, se volatilise dans les flammes vertes. Il passera au Chemin de Traverse puis à l’Allée des Embrumes avant de rentrer chez lui.



***



Deux aurors se sont présentés chez les Crivey. C’était six jours après son intrusion au Ministère.

- Mon fils n’a rien fait de mal ! s’était exclamé Guenièvre.

Elle et son mari furent invités à se rendre également à Londres, comme Dennis n’était pas majeur. Il n’avait rien dit. Ni à ses parents qui lui réclamaient des explications du regard, ni aux aurors qui le questionnaient. Il avait tenu à emporter son livre avec lui et les aurors ne le lui avaient pas refusé. Aussi, quand il se retrouva dans cette salle vide, assis à une table vide, sous les regards invisibles des aurors et de ses parents, il serra le Traité sur le temps contre sa poitrine comme s’il s’agissait d’un trésor.

Colin… Il avait échoué. Il ne pourrait jamais le ramener maintenant. Pourtant à travers cette arcade, il avait été si près de le revoir.

Il avait décidé de ne pas parler. Il ne dirait rien, rien de rien. Rien au sujet de Mondingus, rien au sujet d’Amy, rien au sujet de Colin. Les aurors ne tireraient rien de lui. Et les deux qui s’y étaient essayés l’avaient bien compris. Dennis ne les avait écoutés que d’une oreille distraite.

- Nous allons être obligés de vous donner du sérum de vérité, menaça l’un d’eux.

Avant qu’ils aient le droit d’en utiliser sur l’adolescent qu’il était, plusieurs mois s’écouleraient, et Dennis le savait.

- Bon courage Apprenti Auror Potter, il est tenace, fit l’un d’eux avec amertume en quittant la salle.

Dennis tendit l’oreille au nom. Harry Potter s’installa sur la chaise en face de lui. Dennis avait dit qu’il ne soufflerait pas un mot aux aurors, mais Harry n’était pas un auror. Harry c’était Harry.

Alors sans qu’il ne sache pas très bien quand, pourquoi et comment, il se met à raconter. A raconter qu’il veut faire revenir Colin. A raconter qu’il a lu, lu et relu l’ouvrage de Dumbledore en quête d’une solution. A raconter qu’il a cherché la pierre de résurrection. A raconter qu’il a cherché le fantôme de Colin. A raconter qu’il a étudié les photos, les peintures, les dessins. A raconter qu’il a cherché dans les potions et les sorts. Mais pas la magie noire, jamais la magie noire.

Il raconte qu’il a voulu voir de ses propres yeux un retourneur de temps. Pas qu’il en possède un. Il ne veut pas qu’Amy ait des ennuis à cause de lui.

Il raconte qu’il a découvert l’arcade. Harry le comprend, Harry l’écoute.

Et quand il se tait, Harry lui parle.

Harry dit que Voldemort cherchait à survivre à la mort. Harry dit que le portrait de Dumbledore n’est pas Dumbledore lui-même. Harry dit que Nick-Quasi-Sans-Tête regrette de ne pas s’être aventuré plus loin dans la mort. Harry dit qu’il a revu ses parents grâce au Priori Incantatum. Harry dit qu’il a tenu dans sa main la pierre de résurrection. Harry dit qu’il a utilisé un retourneur de temps pour empêcher la mort d’un hypogriffe avant qu’elle ait lieu. Harry dit qu’il a vu son parrain traverser le voile. Et mourir.

Harry parle d’une voix douce. Harry ne dit que la vérité.

- Colin ne reviendra pas Dennis.

Alors Dennis pleure.



***



- Il a parlé.

Ce sont les premiers mots que prononce Patil en revoyant Harry. Ce ne sont pas des félicitations.

- Oui.

C’est ce que répond Harry. Ce n’est pas de la satisfaction.

Les parents de Dennis se tiennent en retrait. Ils ne disent rien. Le père observe son fils à travers la vitre, la mère regarde Harry. Elle ne prononce pas un mot mais elle n’en a pas besoin pour lui faire passer son message, ses yeux parlent d’eux-mêmes. Elle le remercie d’avoir pu libérer leur fils du fantôme de son frère.

- C’est du propre ces histoires d’hypogriffe et de retourneur de temps ?

Harry fait non de la tête.

- Williamson a trouvé un truc chez les Weasley qui crée un clone temporaire.

- Tu veux que je retourne lui poser la question ?

- Pas la peine.

Un court silence s’installe, durant lequel les deux aurors fixent Dennis depuis leur poste d’observation.

- Personne n’a besoin d’entendre tout ça, murmure Patil. Ca va forcément en passer par Malcolm et Kingsley mais je vais voir si ensuite toute cette histoire ne peut pas… disparaître. Avec le contenu de cet interrogatoire.

- Merci Patil.

- Ne me remercie pas, c’est normal.



***



Le vent souffle fort ce jour-là. Dennis est dans le cimetière consacré aux héros tombés lors de la Bataille de Poudlard. Son frère est là, sous ses pieds. Il ne reviendra pas. C’est une idée à laquelle le jeune homme a fini par se faire. Grâce à Harry.

- Tu sais quoi Colin, Harry Potter est vraiment un gars super, sourit-il.

Il s’accroupit devant la tombe, creuse un peu la terre et y enfouit son retourneur de temps. Par-dessus il remet terre, herbe et cailloux. Et les lilas qu’il a apportés.

- T’as vu je me suis souvenu que t’aimais pas les chrysanthèmes, déclare fièrement Dennis.

Il se remémore les gâteaux qu’il partageait avec son frère, leurs excursions, leurs bêtises. Et puis le jour où il l’a rejoint à Poudlard, le jour où Colin lui a présenté Harry Potter. Il en vint à leur dernière rencontre, au cours de laquelle Harry lui avait expliqué qu’aucune sanction ne serait appliqué à son égard. Qu’il y aurait un petit procès mais que la Défense invoquerait des « problèmes psychologiques dus à un traumatisme de guerre » ou quelque chose comme ça, et que désormais le problème était résolu. Apparemment le chef des aurors avait fait pression pour que ce soit un procès en tout petit comité. Il était mineur, ce serait fermé au public.

Tout s’était déroulé exactement de cette façon là, de manière conforme aux paroles d’Harry.

Désormais cette histoire était derrière lui.

- Je vais te laisser y aller, j’ai cours de métamorphoses, sortit soudain de ses pensées Dennis en regardant sa montre. Si j’avais encore mon sablier, je te dirais « encore trois secondes » et je tournerai le sable, mais c’est fini ce jeu du temps. Et tu connais McGonagall, elle n’a jamais aimé les retards. A la prochaine !

Dennis se lève, réajuste son écharpe, s’en va d’un pas guilleret en sifflotant. L’automne approche, c’est sa sixième rentrée à Poudlard. Le passé est derrière lui.
Vous devez s'identifier (s'enregistrer) pour laisser une review.