James était bien embêté avec son devoir. La maîtresse lui avait demandé d’écrire une dizaine de lignes sur le loup, mais que pouvait-il bien dire ? Il ne connaissait pas bien cet animal.
-Alors James, tu fais tes devoirs ? lui demanda la voix amicale de son père.
Le petit James se retourna vers Harry Potter, auror expérimenté qui profitait de son jour de repos pour s’occuper de ses enfants, sous l’œil attentif de Ginny qui allaitait Lily, la petite dernière.
-Mais moi je comprends rien aussi… soupira l’enfant.
Un sourire se dessina sur le visage de Ginny. Son aîné était un enfant adorable, mais il n’était pas le genre d’enfant à approfondir ses devoirs pour fournir le meilleur travail possible. S’il disait n’avoir rien compris, peut-être était-ce tout simplement parce qu’il n’avait rien cherché.
-Qu’est-ce que tu ne comprends pas mon grand ? demanda Harry en prenant James dans ses bras pour l’installer sur ses genoux.
-La maîtresse elle veut qu’on rédige un paragraphe sur le loup. Mais moi je le connais pas le loup. Pourquoi elle a pas demandé sur le hibou ?
Harry sourit. James allait dans une école Moldue, comme lui lorsqu’il était jeune, sauf que l’école de James était bien plus agréable et que son fils avait de nombreux camarades. Harry et Ginny avaient décidé de mettre leurs enfants dans des écoles Moldus jusqu’à leur entrée à Poudlard pour qu’ils connaissent également le monde non-magique, mais aussi, plus profondément, parce qu’après avoir connu des années de guerre où les Moldus étaient traités comme de la vermine, ils ne voulaient pas que leurs enfants aient cette vision du monde non-magique.
-Chez les Moldus, le hibou n’est pas un animal très connu, lui expliqua doucement Harry.
-Mais comment ils envoient leur courrier alors ? demanda innocemment James.
-Ils utilisent le système de la Poste, avec des lettres, des facteurs…
-Pfff, c’est trop compliqué…
-Bon, allez, fais-moi voir ça, dit Harry en prenant le livre que tenait son fils.
A la page que lui indiqua James, Harry lut une courte histoire dont le personnage principal était un loup, et quand James lui expliqua qu’il avait étudié cette histoire, il comprit pourquoi la maîtresse voulait qu’il fasse quelques recherches sur cet animal.
-Et bien, le loup… le loup c’est… c’est un mammifère, proposa Harry à son fils.
En réalité, sans aucun manuel sous les yeux, lui non plus n’était pas fichu d’en dire plus sur cet animal, et se surprit à maudire la maîtresse d’avoir donné un devoir pareil.
-Le loup est un animal qui vit en meute, lança alors la voix de Ginny du fond du salon. Il ne supporte pas la solitude, il a besoin d’être entouré des siens.
-Tout le monde a besoin d’être entouré des siens, objecta Harry.
-Non Harry, pas besoin. On peut s’en passer, même si ce n’est pas forcément agréable. Mais on peut même volontairement s’en passer. Le loup, lui, ne peut pas. Il a besoin de sa famille.
Harry n’approuvait pas tout à fait ce point de vue. Alors qu’il se creusait les méninges à essayer de comprendre en quoi le loup était différent de lui sur ce point là, il ne remarqua pas le sourire qui ornait le visage de sa femme. Le sourire qui ornait le visage de Ginny, qui elle était attendrie par la situation. Parce qu’elle avait compris quelque chose qu’Harry n’avait pas compris.
Harry pensait à son enfance. Il avait toujours été seul et ça ne l’avait pas empêché de vivre, certes. Mais il n’avait pas vraiment eu le choix. Et puis, une fois à Poudlard, quand il avait rencontré Ron et Hermione… Non, il ne pouvait mettre de mots sur l’amitié qui le liait à Ron et Hermione. Et il estimait avoir, autant que le loup, besoin de sa famille. Ron et Hermione n’était même plus des amis, peut-être même pas de la famille, c’était encore bien plus fort que ça. Indescriptible. Harry avait pu vivre seul avant Ron et Hermione, mais après ? Non, ce n’était plus possible, il ne saurait se passer d’eux. Même maintenant, même des années après le collège, même des années après toutes leurs aventures, même des années après la chute de Lord Voldemort, Ron et Hermione étaient toujours là, toujours les mêmes. Harry, Ron et Hermione formaient le Trio d’Or, chacun était un pilier aussi important qu’un autre, ils se valaient tous et avaient chacun besoin les uns des autres. Du moins c’était la vision que se faisait Harry.
Et puis, il y avait sa vraie famille. Si Lord Voldemort l’avait privé de famille, il avait su s’en reconstruire une. Il aimait Ginny par-dessus tout et n’aurait su se passer d’elle. Le simple fait de passer une journée à travailler sans elle le rendait déjà fou, et il était toujours fou de bonheur en rentrant chez lui à la simple idée de revoir sa femme. Et puis, il y avait ses enfants. James, Albus, Lily. Ses enfants qu’il chérissait tous, qu’il aimait, ses enfants qui étaient une partie de lui. Et au-delà de ça, il y avait les Weasley. Il y avait ses autres amis. Il y avait son neveu, le petit Teddy.
Non, vraiment, Harry estimait avoir besoin de sa famille, sa famille de cœur, celle qui s’était créé. Plus jamais il ne pourrait s’en passer désormais.
-Harry… lui dit doucement Ginny avec un grand sourire, ce sourire qu’il aimait tant.
-Je suis désolé Ginny, je ne comprends pas. Peut-être que tout le monde ne pense pas comme moi, mais quand même…
-Ce n’est pas le loup qui est comme tout le monde. C’est toi qui es comme le loup.
Harry ouvrit d’abord la bouche pour protester, mais la referma bien vite. En tant qu’auror, mais également durant son enfance, il avait connu de nombreuses situations qui montrent bien que l’homme n’a pas forcément toujours besoin des siens. Il avait connu des gens prêts à sacrifier leur famille pour leur pouvoir, il avait connu des gens qui assassinaient leurs propres enfants pour d’obscures raisons, il avait connu des gens qui ne supportaient pas la compagnie d’autrui. D’ailleurs, Lord Voldemort n’était-il pas le meilleur exemple de la haine et la solitude que recherchaient parfois les hommes ?
-Tu vois, lui dit gentiment Ginny.
Harry la regarda et sourit. Sur ses genoux, le petit James, lui, n’avait pas vraiment compris la situation. Il ne connaissait pas encore toute l’histoire de son père. Et surtout, il ne connaissait pas encore l’importance de la famille, des amis, pour Harry. Il ne savait pas tout ça, mais il aurait bien le temps de l’apprendre. Parce qu’Harry aime sa famille, aime ses amis, et le petit James aura donc de nombreuses fois l’occasion de les voir, de leur parler. Et un jour, de comprendre. De comprendre le sens de l’amitié de l’amour, et de comprendre le sens de l’amitié et de l’amour pour son père.
-Il y a un loup qui sommeille en toi, en nous, dit alors Ginny. Et crois-moi Harry, ce n’est pas une mauvaise chose.