Amour. Amitié. Famille. Tendresse. Délicatesse. Sentiments. Affection.
Peur ?
Il y avait un grand vide autour de Louis. Louis, le petit garçon blond. Louis, le petit garçon dont étaient folles amoureuses toutes les filles de l’école Moldue qu’il fréquentait en attendant Poudlard. Louis, Louis Weasley-Delacour. Le frère de Dominique Weasley-Delacour. Mais surtout, le frère de Victoire Weasley-Delacour.
Victoire, sa Victoire. Et amour, et amitié. Et famille, et tendresse. Tous ces mots revenaient aux oreilles de Louis, ces mots qu’il avait entendu de nombreuses fois chacun. Pour avoir grandi au sein d’une famille heureuse, remplie d’amour, il ne connaissait que trop bien le sens de ces mots. On les lui répétait si souvent. Et lui, il les retenait. Il les retenait parce que c’était avec ces mots qu’il parvenait à comprendre ce qui le reliait aux siens.
Mais s’il était si facile de s’en aller, s’il était si facile pour la vie de reprendre ses droits, alors quel sens avait ces mots ?
Peur. Tristesse. Incompréhension. Douleur. Peine. Désarroi. Crainte.
Ces mots-là, Louis les connaissait aussi. C’était un petit garçon intelligent, il avait toujours de bonnes notes à l’école. Il lisait beaucoup de livres, et recherchait toujours avec avidité leur signification dans le dictionnaire lorsqu’il ne les comprenait pas. Alors oui, il les connaissait. D’autant plus que depuis quelques jours, il n’entendait pratiquement que ça à la maison. Que ça à l’école. Que ça chez ses grands-parents. Tout le monde lui demandait comment ça se passait. Mais Louis, Louis qui n’avait après tout que sept ans, Louis ne pouvait pas répondre. Il ne savait pas, Louis.
Et peur, et tristesse. Et incompréhension, et douleur. Encore une fois, Louis patientait calmement dans le couloir. Ses parents étaient assis en face de lui, serrés l’un contre l’autre. Dominique se reposait chez ses grands-parents. Elle était plus âgée que Louis, mais elle vivait physiquement moins bien que lui ce qui se passait dans leur famille. Alors aujourd’hui, elle se reposait. Et Louis attendait. Il attendait des nouvelles, il attendait la vie, il attendait que la porte s’ouvre. Il attendait Victoire.
Espoir. Confiance. Amour. Amitié. Optimisme. Relativisme. Attente.
Il comprenait moins les derniers mots, mais ses parents les lui répétaient beaucoup ces derniers jours. Il fallait attendre. Il fallait être optimiste. Il fallait relativiser. Et Louis, lui, n’osait pas aller chercher la signification de ces mots dans le dictionnaire, il lui faisait trop peur. Il ne les avait jamais entendus, avant. Il avait peur de découvrir leur sens, d’apprendre quelque chose de terrible. Alors il hochait gentiment la tête, disait à ses parents qu’il serait relativiste et optimiste. Mais il ne comprenait pas ce qu’on attendait de lui.
Victoire.
Victoire, il voulait juste voir Victoire. Victoire qui devait l’attendre derrière la porte blanche. Victoire qui s’était effondrée en plein milieu d’un repas de famille, comme ça, sans raisons. La belle Victoire, la grande Victoire, l’intelligente Victoire, la douce Victoire, l’impétueuse Victoire. Sa grande sœur Victoire. Elle n’avait jamais eu de problèmes auparavant. Alors pourquoi était-elle là, dans ce grand établissement, derrière cette porte blanche ? Qu’attendait-elle pour venir le retrouver avec son grand sourire ? Ce n’était pourtant pas son genre de faire attendre son frère. Louis ne comprenait plus rien. Il avait peur. Ses parents restaient bien trop vagues. Victoire, mais où es-tu Victoire ?
-Louis… Louis, tu veux voir Victoire ?
Victoire, voir Victoire. Louis relève les yeux. Ses parents le regardent, attendent une réponse. Leurs yeux brillent, mais ils sourient. Ils ont l’air heureux. Ils n’avaient pas l’air heureux les derniers jours. Le Médicomage est à côté d’eux. Il sourit lui aussi. Louis réalise alors qu’il s’est endormi. Il ne comprend pas ce qui se passe.
-Louis, tu veux voir Victoire ? lui répète doucement sa mère.
Oui. Oui, Louis veut voir Victoire. Mais Louis ne sait pas s’il peut encore parler, alors il hoche timidement la tête. Ses parents le tiennent par la main et poussent la porte blanche. Enfin, il peut entrer ! Victoire est là. Elle est dans un lit d’hôpital. Et elle est belle. Ses longs cheveux blonds forment un halo d’autour d’elle. Son visage plus pâle que d’ordinaire accentue sa beauté. Mais surtout, ses yeux sont ouverts et ses yeux le regardent lui, le petit frère.
Grande sœur. Grande sœur, grande sœur, grande sœur.
-Louis… je suis là maintenant, dit-elle.
Sa voix tremble légèrement, mais Louis y sent l’assurance. Victoire sourit.
-Tout va bien. Tout va mieux. Je serais toujours là Louis.
Louis a lâché la main de ses parents. Il n’a que sept ans, mais il sait que quelque chose de grave s’est passé. Victoire est dans un hôpital, elle est pâle. Mais Victoire sourit, elle est belle et Louis l’aime. Les questions, les explications, ça viendra. Pour l’instant, Louis n’est qu’un petit frère heureux de serrer sa grande sœur dans ses bras, heureux de l’embrasser sur la joue, heureux de lui raconter tout ce qu’elle a ratée durant son sommeil. Louis est avec sa grande sœur, et il l’aime. Le reste, c’est pas bien important.