Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K. Rowling, je ne fais que les mettre en scène.
Salut :) aujourd'hui, je me suis enfin décidée à poster cet OS pour l'anniversaire d'Asian, même si je m'étais résolue à lui en offrir un autre ... J'espère qu'il te plaira, Asian, quand même un peu, ce n'est pas grand-chose, et puis que tu as passé un bon anniversaire :D
Je vous conseille The Background - Third Eye Blind
Une femme me serre la main. Qui est-elle ? Je n’en sais rien, je m’en fiche. Elle pense que je ne vois pas la pitié dans ses yeux, et le contentement de son cœur, parce qu’elle n’est pas à notre place. Elle s’imagine qu’elle peut comprendre la douleur d’un père, d’une mère, d’un frère, d’une sœur. Si elle avait perdu quelqu’un, elle saurait. Elle saurait qu’on n’a pas besoin du soutien d’étrangers. Et encore moins de leur pitié. Elle pense sûrement bien faire. Mais je lui en veux quand même, je n’arrive pas à imaginer qu’elle ne s’en rend pas compte. Que ses mots ne font que remuer un couteau dans la plaie béante de nos cœurs. Ca me tue. Littéralement, j’ai l’impression que je suis en train de mourir à petit feu, bouffée par cette douleur insupportable. Alors c’est ça, la mort d’un proche ? Je n’aurais jamais pu m’en rapprocher, même avec le plus gros chagrin d’amour, même avec la plus grosse fracture. C’est un mal tellement vicieux qu’il est à la fois moral et physique. Il agit partout où il peut se faufiler, comme un poison, et s’attaque à moi très lentement.
Un homme me lance un regard empli de ce qu’il voudrait être de la compassion. Mais encore une fois, je n’y lis que la plus profonde pitié. Ca me révolte. Me révulse. Je voudrais m’en aller. Courir le plus loin possible. M’éloigner de toute cette horreur, de toute cette douleur, des sanglots de ma mère, des larmes de mon père, des mâchoires crispées de mes frères, du George qui est mort avec Fred. M’enfuir. Tout quitter, tout oublier. Et recommencer. Je sais que ce n’est pas possible. Je ne suis pas capable de m’en aller, de les laisser seuls, ils souffrent autant que moi, et ne s’en sortiraient pas sans moi, comme je ne m’en sortirais pas sans eux. J’aimerais juste qu’on me laisse tranquille. En règle générale, je n’aime pas qu’on m’ignore. Être ignoré, c’est terriblement triste. Mais à présent, Fred est mort. Et j’aurais tellement aimé qu’on nous laisse, nous et notre tristesse. Qu’on nous permette de faire face à notre peine sans avoir à leur faire face à eux.
J’en ai assez de remercier les gens pour ces paroles qui me font mal. J’en ai assez de leur faire un pauvre sourire quand ils m’assurent que tout va s’arranger. Croient-ils que je suis idiote ? Croient-ils qu’avec quelques pauvres mots qui ne signifient rien, Fred nous reviendra ? J’ai envie de crier, de hurler, de me lever et de les renvoyer chez eux, bien au chaud dans leur maison avec toute leur famille encore en vie. D’envoyer le monde entier sur les roses, parce qu’il nous a abandonné, parce qu’il nous fait connaître cette souffrance sans nom et sans limite. Je ferme les yeux, ignore les tapes sur mon épaule, mets de côté cette colère qui me somme de retourner m’enfermer dans ma chambre, dans cette chambre qui me semble soudain trop belle, trop colorée. Trop joyeuse. Je tente de me concentrer sur le soleil qui filtre à travers les gros nuages gris, et dont les rayons caressent doucement mes joues. Mais même ce petit plaisir, celui qui me revigorait lorsque j’allais mal, même lui ne parvient pas à réchauffer mon cœur.
Soudain, alors que je sens les larmes couler à nouveau sur mes joues, traversant sans peine mes paupières closes, je sens quelqu’un s’asseoir à côté de moi. Je sais qu’Harry ne peut pas encore être revenu. J’ouvre les yeux et me tourne vivement. Mais si ma colère s’était ravivée, elle s’évanouit le temps d’un battement de paupières. A côté de moi, Luna observe le ciel, comme si elle le découvrait pour la première fois. Elle semble en détailler chaque parcelle, penche parfois la tête d’un côté, mais ne le quitte pas des yeux. Même quand elle sent mon regard sur elle, Luna ne se détourne pas de l’immensité au-dessus d’elle. Elle arbore un léger sourire. Pas heureux, ou moqueur, ou enjoué. Non, les coins de sa bouche sont juste assez relevés pour que je le remarque, mais je sais que ce sourire est celui d’une Luna paisible. Elle sait que nous avons de la peine. Elle sait aussi que nous irons mieux, que nous arriverons à avancer à nouveau, sans Fred à nos côtés, seulement dans nos cœurs. Elle veut me montrer qu’elle est forte et qu’elle me soutiendra. Qu’elle sera là pour moi.
Je souris. Pas physiquement, ma bouche ne s’étire pas. Mais je sais que si c’était possible, mon âme sourirait. Et alors que je lui prends la main pour le remercier, Luna se met à chantonner une douce mélodie qui résonne dans l’air plutôt frais pour un mois de mai. Je ferme à nouveau les yeux, me laisse berce par sa voix qui semble murmurer tant elle est faible, et pourtant, ce son qui en sort possède une force presque irréelle. Je sens une vague de chaleur parcourir mon corps, le réchauffant comme un bon feu de bois en hiver, et j’ai l’impression de revivre un peu. Je me sens légèrement plus sereine qu’avant. Ce n’est pas un grand changement, mais ça suffit à me permettre de respirer à nouveau. Je m’estime chanceuse d’avoir une amie aussi attentionnée. Dans un moment si difficile, elle ne dit rien, ne fait que rester à mes côtés, ne me regarde même pas. Elle me laisse l’espace nécessaire à la guérison de cette plaie qui entaille mon cœur. Oui, Luna le sait, le silence est d’or.
Voilà, j'ai voulu représenter un moment où on voit à quel point elles sont amies, depuis tout ce qu'il s'est passé, toussa toussa, j'espère avoir réussi, que ce n'était pas trop non plus :/ Fin bref, j'espère que ça vous a plu :)