Elle n’avait jamais eu l’impression de voir le temps s’écouler aussi lentement. Jamais. Parce qu’auparavant, à aucun moment de sa vie elle n’avait eu à supporter une aussi longue attente.
Sa sœur venait tout juste d’être appelée. Elle s’était assise sur le tabouret il y a quelques instants à peine mais pour Parvati, une décennie s’était déjà écoulée. La peur, l’angoisse qui habitait bon nombre de première année l’avait jusqu’à présent épargnée et elle s’était même dit que, peut-être, elle était digne d’aller à Gryffondor. Mais maintenant que le Choixpeau s’était posé sur la tête de sa sœur, maintenant que Parvati se retrouvait seule au milieu d’une masse d’élèves à l’air angoissés dont elle ne connaissait pas un seul visage, maintenant qu’elle était au milieu de cette masse d’élèves qui elle-même était au milieu de la Grande Salle, remplie d’élèves plus grands et qui quand on y faisait attention, avait l’air un peu effrayants, maintenant qu’il y avait tous ces gens autour d’elle, Parvati avait peur. Peur de voir sa sœur partir sans elle, peur d’en être séparée, peur de ne pas aller dans la même maison. Padma n’était pas seulement sa sœur, elle était sa jumelle. Elle était elle sans être elle. Elle était tout.
-SERDAIGLE !
Des applaudissements s’élevèrent de la table aux couleurs bleu et bronze et Padma la rejoignit rapidement, les joues rougis, avant d’adresser un regard à sa sœur une fois installée. Visiblement, ça ne la dérangeait pas de ne pas aller à Gryffondor. Mais en la regardant dans les yeux, Parvati comprit qu’elle lui demandait de la rejoindre.
-Patil, Parvati, appela alors le professeur McGonagall.
La fillette sursauta légèrement et rejoignit l’estrade. Elle s’assit prudemment sur le tabouret, comme s’il risquait de s’enflammer d’un moment à un autre, et lorsque le Choixpeau tomba sur sa tête et l’empêcha de voir sa sœur, jamais son cœur n’avait battu aussi fort.
« Hum… fit une voix dans sa tête. Tu es différente de ta sœur, je vois d’autres qualités, d’autres défauts aussi… »
-Euh… murmura Parvati pour ne pas être entendu des autres élèves, vous… vous ne pourriez pas me…
« Tu devrais rejoindre ta sœur n’est-ce pas ? »
-Voilà, fit Parvati soulagée que le Choixpeau accepte sa requête.
« Tu vas être courageuse hein ? »
-Bien sûr que je vais être courageuse. Depuis le temps que je rêve d’aller à Poudlard ! répondit Parvati sans trop comprendre pourquoi le Choixpeau lui disait ça.
« Très bien. Dans ce cas je pense que le mieux pour toi c’est… »
-GRYFFONDOR !
Parvati avait déjà remarqué que les Gryffondor étaient ceux qui applaudissaient le plus fort lorsqu’un élève les rejoignait et c’est donc sous un tonnerre d’applaudissements qu’elle fila s’asseoir auprès des rouge et or, sans oser jeter un regard à sa sœur. Tandis qu’une certaine Pansy Parkinson montait à son tour sur l’estrade, Parvati sentait son cœur se serrer.
C’était la première fois qu’une attente lui avait paru aussi insoutenable. Et au final, elle n’avait servie à rien, cette attente. Elle n’était même pas avec sa sœur jumelle, avec Padma, avec celle qui était elle sans être elle. Elle n’était pas avec la seule personne qu’elle connaissait à Poudlard. Elle sentit ses yeux la piquer et elle se dit que le Choixpeau avait eu bien tort, de l’envoyer à Gryffondor. Elle n’était pas courageuse. Elle n’était pas courageuse du tout. Elle se ressaisit néanmoins et se tourna vers la table des Serdaigle d’où sa sœur la regardait, l’air peinée mais en même temps fière. Elle lui adressa un sourire resplendissant que fit oublier un instant à Parvati toute la peine qui l’habitait il y a encore quelques secondes. Elle aurait voulu ne jamais quitter sa sœur du regard, rester avec elle-même si elle n’était pas assise à la même table. Mais c’était sans compter sur la personne qui lui tapota légèrement l’épaule.
-Euh, salut. Je… je m’appelle Lavande, et toi ?