Dudley ne savait même pas ce qu’il faisait dans cette chambre. Eugenia et lui n’avaient cessé de se lancer des piques depuis l’arrivée de sa famille il y avait de cela quatre mois. Mais ce jour-là tout était différent, Eugenia avait à peine répondu à ses attaques préférant se réfugier dans un silence à la fois triste et froid. Elle n’avait même pas daigné lui lancer un de ses regards noirs dont elle avait le secret. Dudley ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait.
Puis, l’après-midi, peu avant son émission de football préférée, il avait entendu des sanglots provenant de la chambre d’Eugenia. Il n’avait tout d’abord pas osé entrer. Après tout, qu’aurait-il pu lui dire ? Il ne savait même pas pourquoi elle pleurait.
Il s’était finalement dit qu’il ne pouvait pas la laisser ainsi. Eugenia, assise sur son lit, sanglotait. Elle ne releva même pas la tête en l’entendant pénétrer dans sa chambre et ne lança pas même une remarque désagréable. Mal à l’aise, Dudley s’assit à côté d’elle sur le lit.
Le jeune homme n’avait jamais été doué lorsqu’il s’agissait de réconforter les gens. Aussi, ne savait-il pas ce qu’il devait faire, ni comment le faire. Lentement, il leva le bras et tapota le dos de la sorcière. Dudley écarquilla les yeux en voyant Eugenia poser sa tête sur son épaule. Il n’avait jamais été encore aussi proche d’une fille et encore moins d’une sorcière. En songeant à cela, il ne put s’empêcher d’imaginer le visage horrifié de son père s’il les trouvait dans cette position. Il ne repoussa toutefois pas Eugenia allant même jusqu’à lui caresser l’épaule embarrassé.
Doucement, les pleurs d’Eugenia se calmèrent. Elle s’éloigna de lui lentement et plongea ses yeux dans les siens. Dudley vit les lèvres de la jeune femme s’étirer en sourire reconnaissant. Dudley en esquissa un, lui aussi.
La porte d’entrée claqua les faisait sursauter. La voix de Vernon Dursley s’élevait dans le hall de la maison. Eugenia et Dudley échangèrent un regard avant que ce dernier ne se lève et ne sorte de la chambre de la sorcière.
— Dudlynouchet ! s’exclama Pétunia Dusley. Viens voir ce que je t’ai acheté.
Dudley retrouva ses parents dans le salon. Pétunia avait acheté une veste en cuir à Dudley et voulut qu’il l’essaye dans la minute. Grant, le deuxième auror chargé de leur protection, regardait la scène appuyé contre le chambranle de la porte.
— Parfait ! Parfait ! déclara Pétunia lorsque Dudley eut enfilé sa veste. Tourne pour voir ! Parfait ! Tu es craquant mon Dudlynouchet, déclara-t-elle.
Dudley se sentit rosir mal à l’aise en voyant Eugenia sur le seuil du salon. Ses yeux rougis par les larmes quelques minutes plus tôt étaient redevenus normaux.
— Ah Eugenia ! J’ai pris ce que vous m’aviez demandé ! s’exclama Mrs Dusley sous le regard courroucé de son mari.
Sans doute, Mr Dursley aurait préféré que sa femme oublie la demande de la sorcière.
— Merci, Mrs Dursley, répliqua Eugenia en récupérant le livre que la femme lui tendait.
Elle le feuilleta rapidement avant de le mettre dans son sac.
— Je vais faire un tour, Grant, déclara-t-elle d’une voix éteinte.
— Je peux venir avec vous ? questionna Dudley. J’en ai marre de regarder la télé, expliqua-t-il.
Eugenia haussa les épaules, enfila son manteau et son écharpe avant de sortir de la maison. Dudley la suivit après que Mrs Dursley lui ait demandé de mettre une écharpe avec sa veste. Eugenia l’attendait devant le petit portillon du cottage. Il eut à peine le temps de la rattraper qu’elle repartait à grands pas vers la plage. Elle s’assit dans le sable et sortit un paquet de cigarette de sa poche. Elle en proposa une à Dudley, qui accepta, avant de les allumer d’un coup de baguette. Eugenia fixait l’horizon, les yeux dans le vague. Dudley l’imita ne voulant pas paraître insistant ou impoli en l’observant.
— C’était ma meilleure amie, lâcha-t-elle au bout de plusieurs minutes de silence. Elle est morte, il y a deux jours. Ses parents étaient moldus. Ils ont détruit la maison, un vrai carnage. Sarah était là. Ils en ont, sans doute, profité pour débarrasser le monde d’une Sang-de-Bourbe.
— Je suis désolé, souffla Dudley ne sachant que dire.
— Ce n’est pas de votre faute, répliqua Eugenia. On rentre ? proposa-t-elle à peine eut-elle terminé sa cigarette.
Dudley s’apprêtait à se lever lorsqu’il vit qu’Eugenia ne s’était pas relevée et s’était même remise à pleurer.
— Pardon, souffla-t-elle essayant d’arrêter ses larmes. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes de pleurer ainsi.
— Ce n’est pas grave, la rassura Dudley.
— Ne passe jamais pour une faible, n’arrêtait pas de me répéter mon père, déclara-t-elle. De là où il est, il doit bien avoir honte.
— Votre famille était très stricte ? demanda Dudley espérant lui changer les idées.
— Affreusement stricte. Je viens d’une famille de Sang Pur, disons-le franchement, assez psychorigide. Père voulait me voir épouser un de ces crétins de partisans de Vous-Savez-Qui. Mère vivait dans un conte de fées et mon frère croyait dur comme fer qu’il réussirait à épouser une Black. J’ai toujours eu l’impression d’être la seule personne normale dans cette famille, avoua-t-elle.
— Votre frère n’a pas épousé une Black ? questionna Dudley.
— Cela aurait été dur le nom Black s’est éteint avec la mort de Sirius Black, le parrain de votre cousin, expliqua-t-elle ne pouvant s’empêcher de sourire.
— Vous avez des nouvelles d’Harry, d’ailleurs ?
Cela faisait un moment que Dudley voulait poser la question mais il avait dû attendre que son père ne soit pas dans les parages pour le faire.
— Aucune ! Il a disparu ! Evaporé ! Mais je suis sûr qu’il va réapparaître, essaya-t-elle de le rassurer. Ne sommes-nous pas, après tout, des sorciers !
Elle esquissa un sourire auquel Dudley se crut obligé de répondre. Dudley n’avait jamais apprécié son cousin Harry ou du moins il avait toujours aimé en faire son souffre-douleur depuis l’enfance, mais avec ce qui s’était passé ces derniers temps, il n’arrivait plus à ne pas s’inquiéter pour lui.
— On rentre ? proposa Dudley en voyant Eugenia frissonner légèrement.
Il se leva, épousseta ses mains sur son pantalon avant de tendre la main à Eugenia pour l’aider à se relever. Elle lui atterrit presque dans les bras. Il la vit lancer un coup d’œil à ses lèvres et se sentit rougir. Eugenia sourit légèrement avant de se mettre sur la pointe des pieds et de déposer un franc baiser sur ses lèvres. Dudley lui lança un regard surpris alors qu’elle rompait le baiser. Dudley devina qu’elle allait s’éloigner de lui. Avant qu’elle n’ait pu le faire, il passa ses bras autour de sa taille et l’embrassa lui-même. Ce baiser n’était en rien comparable au premier. Dudley sentait le feu qui montait en lui alors qu’ils se découvraient avec ferveur.
Ce fut Eugenia qui mit fin à la tempête en s’éloignant subitement de Dudley. Ce dernier ouvrit les yeux surpris. Eugenia porta sa main à ses lèvres, stupéfaite.
— J’étais pas censée faire ça, déclara-t-elle presque horrifiée.
Dudley sentit son ventre se tordre en la voyant réagir ainsi. La dégoutait-il tant que ça ? Il fut soulagé en l’entendant marmonner des choses concernant son travail au sein de l’ordre et le manque de professionnalisme dont elle faisait preuve. Cela ne venait pas de lui.
— J’étais pas censé faire ça non plus si ça peut te rassurer, lança-t-il se rendant compte trop tard qu’il l’avait tutoyée. Je veux dire… Ne fais-je pas parti d’une famille qui déteste les personnes comme vous !
— Tu nous détestes ? questionna-t-elle en se rapprochant de lui.
— Je devrais, répliqua-t-il en souriant légèrement.
Il passa ses bras autour de la taille d’Eugenia qui se laissa faire.
— On va avoir des ennuis, souffla-t-elle.
— Sans doute, rétorqua Dudley avant de l’embrasser doucement.
Le cœur de Dudley fit un bond dans sa poitrine lorsqu'il vit qu’elle ne le repoussait pas. Les ennuis avaient du bon parfois.
Le Potterverse appartient à JK Rowling.
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