Dudley se sentit stupide. Stupide et faible. Eugenia était partie à l’école de sorciers pour combattre le mage noir mégalomane et lui avait dû rester ici à attendre dans l’angoisse son retour. Il déglutit difficilement en pensant à l’autre option qui pouvait malheureusement arriver. Il secoua la tête. Cela n’arriverait pas ! Eugenia reviendrait. Il jeta un coup d’œil à ses parents. Assis à la table de la cuisine tout comme lui, Vernon Dursley lisait le journal comme-ci de rien était. Pétunia, elle, fixait un point en face d’elle et ne cessait de triturer le bouton de son chandail.

Il jeta un coup au jeune membre de l’Ordre du Phénix qui avait été assigné à leur sécurité pour ce soir fatidique. Lui n’arrivait pas à rester en place et ne cessait de faire les cent pas dans le salon. Ne pas pouvoir aller combattre avait l’air de lui peser. Dudley ne pouvait s’empêcher de le comprendre lorsqu’il songeait à sa petite amie au milieu du champ de bataille.

— Douglas ! Cessez donc de tourner ainsi en rond ! Vous allez finir par me rendre chèvre ! s’agaça Mr Dursley.

Pétunia Dursley sursauta avant de relever les yeux vers son époux tandis que Douglas lançait un regard noir au père de Dudley.

— Je ne crois pas que vous vous rendez bien compte de ce qu’il se passe, Mr Dursley, rétorqua Douglas sèchement.

— Oh si, je me rends parfaitement compte que votre peuple de dégénéré est en train de s’autodétruire, répliqua-t-il avant de retourner à son journal. Et cela ne fait que me rendre encore plus satisfait de la journée !

Dudley vit Douglas rougit violemment. Il n’avait visiblement pas apprécié la petite répartie de son père. Douglas serra sa baguette à s’en blanchir les jointures avant de quitter la pièce.

— Bon débarras ! lâcha Mr Dusley avant de tourner la page de son journal.

Dudley se leva brusquement excédé par le comportement de son père. Il fit mine de ne mas l’entendre le rappeler et se dirigea vers la chambre d’Eugenia. La pièce sentait son parfum, la violette. Le jeune homme s’assit sur le lit avant de s’y coucher. Il respira profondément l’odeur d’Eugenia avant de se trouver ridicule. Depuis quand était-il devenu si fleur bleue ?

Dudley se redressa et sortit de la chambre d’Eugenia. Il se décida à aller dans sa chambre où il alluma la télévision. Il changea de chaînes plusieurs fois avant de tomber sur une émission complètement stupide qui lui permettrait d’arrêter de réfléchir.

Dudley ne sut pas à quel moment il s’endormit. Tout ce dont il se rappela en se réveillant le lendemain matin, fut un cauchemar sanglant dans lequel il avait vu Eugenia mourir. Ceci l’avait d’ailleurs réveillé en sursaut. Dudley se frotta les yeux avant de jeter un coup d’œil à l’écran. L’émission avait changé, il se leva et éteignit la télévision avant d’aller voir ce qu’il se passait au salon.

Dudley retrouva sa mère en chemise de nuit assise sur le canapé. Il jeta un coup d’œil à la pendule. Il était quatre heures et demie. Pétunia releva son visage vers lui. Dudley la trouva particulièrement pâle. L’inquiétude la tenaillait. Il s’assit à côté d’elle.

— Papa est parti se coucher ? demanda-t-il.

— Il était fatigué, répondit sa mère.

— Toujours pas de nouvelles ?

Pétunia secoua la tête négativement.

— Tu sais Dudley. Cela ne semble pas inquiéter ton père mais, moi, je sais de quoi est capable ce monstre, déclara-t-elle. C’est à cause de lui que mes parents sont morts puis Lily. Je me rends compte maintenant que j’ai été stupide et injuste en imputant la mort de nos parents à Lily, souffla-t-elle sans pouvoir retenir ses sanglots.

— Ils vont le battre, maman. J’en suis certain ! Et on pourra vivre de nouveau normalement, essaya de la réconforter Dudley.

Pétunia esquissa un sourire tandis que son fils lui pressait doucement la main pour l’apaiser. Ils restèrent ainsi sans bouger jusqu’à sept heures du matin. Pétunia se leva alors pour préparer le petit-déjeuner. Dudley alla l’aider à mettre la table avant d’aller chercher Douglas qui ne dormait pas non plus. Ils mangèrent en silence.

Vernon sortit du lit vers huit heures. Il se servit en sifflotant totalement étranger à ce qui pouvait se passer chez les sorciers. Il lisait tranquillement le journal tout en grignotant un toast lorsqu’un pop sonore retenti dans le hall. Vernon sursauta laissant tomber sa tartine dans son café. Il s’apprètait à marmonner contre l’idiot qui l’avait surpris lorsque la voix d’Eugenia s’éleva dans le salon :

— On a gagné ! s’exclama-t-elle en se jetant au cou de Dudley.

Elle ne le laissa pas répondre posa ses lèvres sur les siennes en un rapide baiser. Elle s’éloigna de Dudley aussi rapidement qu’elle s’était rapprochée de lui.

— On a gagné ! répéta-t-elle en serrant Douglas dans ses bras.

— Harry est vivant ? questionna Pétunia.

— Il est vivant. Ils font tous la fête dans la Grande Salle. Il… Oh Merlin ! Je…

Dudley s’attendait à tout sauf à la voir fondre en larmes. Doucement, il l’a pris dans ses bras, la laissant marmonner des choses inintelligibles.

— Eugenia ! Tu crois que je peux aller à Poudlard ? questionna Douglas.

— Vas-y ! répondit-elle entre deux sanglots.

Dudley la serra un peu plus contre lui, la berçant doucement.

— Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? s’agaça Vernon. Ils ont gagné alors… Qu’est-ce que… ?

Dudley vit son père rougir violemment de colère. La veine sur sa tempe ressortait du fait de l’agacement.

— Ne me dis pas…

— Vernon ! le coupa Pétunia d’une voix sèche.

— Avoir rien qu’une fois une famille normale, c’est trop demandé, tonna Mr Dursley après quelques secondes de silence.

Il quitta la pièce en claquant la porte. Dudley continua à bercer Eugenia jusqu’à ce que ses pleurs se calment. La vie de Dudley ne serait sans doute plus jamais la même mais au moins elle continuait.