Juste une ptite histoire écrite pour Noël pour Aaurora... C'est pas très long, c'est un long drabble.
J'espère que vous aimerez, bonne lecture !
C'est bizarre, les chemins. Il y a des pierres, des pavés. Ils ont des tailles irrégulières, inattendues. Parfois, les chemins sont évidents, tracés, et la route à suivre est si facile qu'elle en paraît truquée. Les arbres bordent une route claire et ensoleillée, des fleurs percent entre le tout dallé, et ça la rend agréable, la route. Tu marches, tu marches, et tu ne vois pas que tu avances. Un jour, tu te retournes, et Dieu que tu as parcouru de chemin. Tu as mal aux jambes, aux articulations d'avoir tant progressé, tu te rends compte que tu es un peu fatigué. Et puis les chemins de traverse t'ont fait mal, aussi ; ah, les chemins de traverse. Ils sont sombres, ils sont inattendus. Tu te tords les chevilles, dedans, tu te tords le cœur, parfois. Ça fait mal, mais tu as appris à ne plus tomber dans les trous et autres nids-de-poule. Tu ne t'y trompes plus, et on ne t'y prend plus. Et lorsque tu arrives à ce fameux instant où tu regardes en arrière, tu vois les cheveux qui se sont amassés sur la terre. Tu vois tout ce que tu as pu y laisser, tout ce que tu as pu y abandonner. Il y a des cheveux sur la terre, et il y a de l'amertume dans ton esprit. Tu as vieilli.
Severus parfois, se retourne. Il est là, en haut de la Tour d'Astronomie, il regarde le vide, il regarde les arbres, il regarde l'empire de leurs cimes. Le vert, partout, l'Ecosse, si magistrale. Il perd son regard sur les toits du monde, et il perd sa vie dans les méandres d'un songe. C'est dur, n'est-ce pas, Severus, c'est dur d'être là, et de contempler Poudlard ? Surtout lorsque le crépuscule arrive, s'empare de l'horizon, et poudroie de soleil le long de ta ligne de vue. Lorsque le ciel tombe, explose, et devient d'un orange bientôt rouge, et que tout ne te paraît que plus en feu. C'est dur quand le vert et l'orange se mêlent, et qu'à tes yeux se substitue celle qui est toujours dans tes pensées.
Tu sais que tu ne devrais pas trop penser à elle. Tu sais que tu devrais, peut-être pas l'oublier, mais qu'elle ne t'obsède plus nuit et jour. Tu marches ton chemin, et tu vois les mêmes fleurs, les mêmes arbres border ta route, même s'ils ne sont plus là. Avance, Severus, par Merlin, avance. Je sais, que c'est Noël, et que chaque fois à Noël tu ne peux t'empêcher de te remémorer le seul que vous ayez passé ensemble. Le seul qu'elle ait fait à Poudlard, ce jour où tu t'es réveillé, et où tu es allé la voir si tôt le matin. Qu'elle avait allumé toutes les lumières du monde, comme elle seule savait le faire. Tant de gens l'ont comparée au soleil, tu sais toi qu'elle est plus que ça. Elle est l'aube sur ta vie, et elle en a été le crépuscule. Tu es né avec elle, tu es mort avec elle. Elle a illuminé ta nuit.
Tu réussis à vivre, tout de même. À passer un peu à autre chose. À penser à d'autres qu'elle. Tu protèges les sorciers, parce que tu ne sais faire que ça, et parce que c'est ce qu'elle aurait voulu. Parce que tu as tant à expier. Mais que ta culpabilité s'allège, parce que tu n'es pas responsable de tout. Tu as souffert, souvent. Tu t'es trompé, quelque fois. Mais tu as aimé. C'est toi qui a vécu et non pas un être factice. *
Severus descend. Il tait la douleur en lui, comme il a toujours su faire. Il oublie les yeux verts, et soupire un peu. Il croise des élèves, ses élèves. Il n'est pas si vieux, mais il a un peu trop marché. Les chemins de traverse, sur sa route, ont été un peu trop nombreux, et il s'est fatigué à parcourir plus de trajet que beaucoup. Mais en ce soir de Noël, il va un peu mieux. L'heure est la plus sombre, et le Seigneur des Ténèbres ne va plus tarder à revenir sérieusement. Mais il y a Harry Potter, et il y a Albus Dumbledore.
Et bientôt, la fin du chemin. Enfin.
*Adaptation des mots de Musset, dans Confession d'un enfant du siècle.