S'identifier | | Identifiants perdus | S'enregistrer |
Lien Facebook

En savoir plus sur cette bannière

News

Concours : Univers Alternatifs en folie !


Comment imaginez-vous Harry Potter dans l'univers des pirates ? ou dans un jeu de téléréalité ?

Fleur d'épine vous propose un nouveau concours "Univers alternatifs en folie" afin de répondre à ces questions. Vous aurez le choix entre plusieurs catégories d'univers alternatifs : Mafia AU, Pirates AU, Singer AU, University AU, TV Réalité AU et Fandom AU. Vous pourrez ensuite proposer un (ou plusieurs) texte(s) jusqu'au dimanche 26 juin à 23h59 . N'hésitez pas aller sur le topic du forum pour toutes informations supplémentaires ici.
A très bientôt !

De le 28/03/2023 18:47


Sélections du mois


Félicitations à Labige, Polock et Tiiki qui remportent la Sélection Hermione Granger !

Pour le mois de mars, venez lire la Sélection CrossOver ! Vous pouvez découvrir ces huit histoires et voter jusqu'au 31 mars ici.

Vous ne jurez que par HPF pour lire et écrire ? Venez en avril vous régaler avec une sélection de productions hpfiennes issues de nos Concours ! Vous avez jusqu'au 31 mars pour proposer des textes (vos deux fanfictions favorites, ou votre favorite si elle fait plus de 5000 mots) sur ce thème. Pour ce faire, rendez-vous ici ou bien répondez directement à cette news.


De L'équipe des Podiums le 14/03/2023 18:30


Sélections du mois


Félicitations à Tiiki et MissCitron, qui remportent la Sélection Remus Lupin !

Pour le mois de février, venez lire la Sélection Hermione Granger ! Vous pouvez découvrir ces huit histoires et voter jusqu'au 28 février ici.

Vous aimez trop de fandoms et ne savez où donner de la tête ? Pas de panique, le mois de mars vous permettra de lire sur deux fandoms pour le prix d’une histoire avec la Sélection CrossOver ! Vous avez jusqu'au 31 mars pour proposer des textes (vos deux fanfictions favorites, ou votre favorite si elle fait plus de 5000 mots) sur ce thème. Pour ce faire, rendez-vous ici ou bien répondez directement à cette news.


De L'équipe des Podiums le 14/02/2023 10:52


32ème Nuit Insolite


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 32e édition des Nuits Insolites se déroulera le samedi 18 février à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits en ce mois de Saint-Valentin. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic. A très bientôt !

 


De Les Nuits le 06/02/2023 15:45


128ème Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 128e édition des Nuits d'HPF se déroulera le vendredi 20 décembre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits comme bonne résolution pour 2023. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De Les Nuits le 12/01/2023 23:25


Sélections du mois


Félicitations à MadameMueller, Lossifovna, CacheCoeur et Juliette54qui remportent la Sélection Fanfictions Longues !

Et pour le mois de janvier, venez lire la Sélection Remus Lupin ! Vous pouvez découvrir ces cinq histoires et voter jusqu'au 31 janvier ici.

Persévérance, loyauté, courage… Les valeurs de Hermione Granger vous inspirent-elles ? Lors du mois de février mettez-les à l’honneur lors la Sélection Hermione Granger ! Vous avez jusqu'au 31 janvier pour proposer des textes (vos deux fanfictions favorites, ou votre favorite si elle fait plus de 5000 mots) sur ce thème. Pour ce faire, rendez-vous ici ou bien répondez directement à cette news.


De L'équipe des Podiums le 02/01/2023 19:18


Second Star to the Right par Violety

[9 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Voilà ma participation au concours d'Asianchoose lancé sur le forum, postée au dernier moment... L'idée était de réécrire un conte, une légende, une histoire connue de tous à la sauce Harry Potter (et non Scarface Jedusor :mg:). Je crois qu'on a tous compris des règles plus ou moins différentes, j'espère que ce texte y répondra ^^
Cette histoire a eu plusieurs versions différentes, plusieurs personnages différents, plusieurs fins alternatives... Mais finalement, toujours la même "légende", toujours le même moment-clé.

Quand j'ai vu l'intitulé du concours, je n'ai pu m'empêcher de penser à cette histoire que vous aurez sans doute reconnue rien qu'à l'image ^^ Donc voilà, je n'ai pas résisté, j'ai glissé mon très cher Peter Pan dans le monde de Harry Potter.
C'est la deuxième fois que j'écris (publie) avec Parvati, la deuxième fois que je la confronte à des romans moldus, et toujours à cause de/grâce à la même personne... Sur ces propos mystérieux (hahaha on y croit), voilà mon histoire...
Note de chapitre:

Les crédits vont à JKRowling, bien sûr, mais aussi au génial J. M. Barrie et à son Pays merveilleusement Imaginaire.

Je précise qu'il n'est pas bétâté, par manque de temps... J'essayerai de le faire au plus vite, mais n'hésitez pas à me signaler les fautes et incohérences.
Il y a dans ce texte quelques clins d'oeil plus ou moins discrets, voir les explications à la fin... Ainsi que des reprises telles quelles des mots de Barrie, parce qu'ils sont trop beaux pour être oubliés.


Merci encore à Asian d'avoir organisé ce concours, et bonne lecture !



Un grand auteur a un jour écrit que les enfants savent très vite qu’ils vont grandir. Que deux ans est le début de la fin. Pour Parvati Patil, le début de la fin fut le jour où elle montra ses premiers signes de magie. Elle avait cinq ans et jouait avec sa sœur dans le jardin de la propriété familiale sous l’œil attentif de sa mère et sa tante. C’était le début du printemps, et les fleurs n’étaient pas encore écloses, mais elle les trouvait tout de même très jolies, avec toutes leurs couleurs, et elle avait très envie de les montrer à sa maman. Elle courut vers elle avec les fleurs, et alors qu’elle les lui tendait, elles s’ouvrirent dans un léger bruissement pour laisser apparaître leurs belles couleurs printanières.
Passées les premières exclamations de la famille accourue dans le jardin quant à la manifestation de sa magie –elle était la première des deux sœurs- chacun retourna vaquer à ses occupations, la tante à sa peinture et Padma, la sœur de Parvati, à sa balançoire. Cette dernière resta cependant un moment immobile, toute étonnée de ce qu’elle avait fait. Les joues rougies par le petit vent, la bouche légèrement ouverte dans un « o » de surprise, quelques mèches de ses longs cheveux noirs s’échappant de ses petites tresses, elle devait avoir eu l’air particulièrement charmante car Mrs Patil ne put s’empêcher de s’écrier : « Comme j’aimerais que ma petite fille demeurât toujours ainsi ! »

Mais Parvati devait bientôt s’apercevoir qu’on ne fait pas de la magie spontanée toute sa vie. Quelques mois plus tard sa sœur jumelle se révéla elle aussi être une sorcière, et bientôt on leur fit comprendre qu’il fallait contrôler cette magie, ne pas la laisser voir à tout le monde car c’était quelque chose que certaines personnes ne comprendraient pas. A vrai dire, Parvati n’était pas bien sûre de comprendre elle-même. Mais c’était une petite fille obéissante, et elle fit ce qu’on lui demandait.



Parvati vécut une enfance plutôt heureuse. Elle était très proche de sa sœur jumelle Padma, avec qui elle passait des heures à se raconter des histoires, à inventer de nouveaux jeux et découvrir des mondes encore inconnus. Très souvent, ses nombreux cousins et cousines venaient leur rendre visite dans leur maison londonienne non loin de Hyde Park, dans un quartier très fréquenté par des sorciers. Car Parvati descendait d’une longue lignée de sorciers indiens, dont la plupart étaient installés en Angleterre. Une fois par an, au moins, avec sa sœur et ses parents elle allait en Inde rendre visite à ses grands-parents qui y vivaient encore. Là, leurs horizons s’ouvraient et les deux fillettes vivaient des aventures de plus en plus fabuleuses.

A Londres, elles fréquentaient d’autres enfants sorciers, comme elles, mais elles allaient aussi parfois dans le monde moldu. Elle aimait beaucoup les après-midi qu’elles passaient dans les Jardins de Kensington. Il fallait, bien sûr, faire attention à ne pas montrer de magie ; mais ça, elles savaient faire. Parfois, il leur arrivait, en parlant avec leurs camarades de jeu, de laisser échapper des mots qui étaient étrangers à toute personne non sorcière. Il fallait alors inventer une explication. Mais les enfants s’étonnent beaucoup moins que les adultes des choses qui sortent de l’ordinaire, car leur esprit est plus ouvert ; ce qui fait aussi qu’ils oublient plus vite. Le besoin de se justifier ne durait donc jamais très longtemps.



Peu après avoir manifesté ses premiers signes de magie, Parvati dut apprendre à lire. Elle aimait bien ça, lire, et Padma aussi. Elles apprirent à lire l’anglais, mais aussi l’hindi et le kannada, des deux régions d’Inde d’où leur famille venait. Elle n’aimait pas les gros grimoires de son père plein de formules qu’elle comprendrait « quand elle serait grande » ou les recettes de cuisine de sa tante, ou encore les textes de loi magique internationale que révisait sa cousine. Non, ça, c’était pour les grands. Elle, elle aimait les livres d’histoires, ceux qui la transportaient aussi loin que son imagination, et même plus encore. Les sorciers avaient écrit des livres pour enfants, des contes. Ainsi, tout le monde connaissait les Contes de Beedle le Barde, des contes tellement vieux qu’on ne savait plus d’où il venait. Mais Parvati préférait les livres moldus, parce qu’elle trouvait qu’ils avaient bien plus d’inventivité. Sans doute, comprit-elle assez vite, parce qu’ils n’avaient pas de magie : il fallait bien trouver autre chose, pour vivre de grandes aventures.



Deux fois par semaine sa tante, qui avait épousé un moldu, les emmenait elle et sa sœur à la bibliothèque du quartier où elles dévoraient les histoires qui remplissaient les étagères de la petite salle chaleureuse. Il y avait deux dames et un monsieur, tous trois charmants et plein d’attention envers leurs petits visiteurs. C’était le samedi après-midi qu’il y avait le plus de monde, parce que le samedi après-midi les enfants moldus n’avaient pas classe. A l’inverse, quand elles y allaient le mardi ou le jeudi matin, elles étaient quasiment toutes seules.
Parvati et Padma n’étaient pas exactement le même genre de lectrice. Parvati aimait les histoires d’amour ou d’aventures, avec des batailles, des pirates, des demoiselles en détresse, des espions, de la magie –il était très drôle de voir leur vision des fées ou des dragons. Padma préférait les livres qui lui apprenaient des choses, ou qui lui faisaient découvrir des contrées lointaines. Padma lisait lentement et pouvait rester des heures assise sans bouger, concentrée sur sa lecture, tandis que Parvati dévorait ses livres et ne cessait de se tortiller dans tous les sens pour trouver une position confortable. Cela faisait d’ailleurs beaucoup rire les bibliothécaires, comme la fois où sa tante, sortie faire une course un moment, revint pour la trouver assise à l’envers, la tête vers le sol et le livre porté à bout de bras.

En grandissant, Parvati délaissa les albums pour petits au profit de romans pour les plus grands. Mais elle préférait encore ceux qui débordaient de belles illustrations qui, même si elles ne bougeaient pas, étaient bien agréables à regarder.



Un jour une nouvelle bibliothécaire arriva. Parvati et Padma et tous les autres enfants la trouvaient délicieuse, bien qu’elle fût beaucoup plus âgée que les autres. Elle s’appelait Jane Darling, était tout aussi adorable que son nom, et avait des joues roses avec de jolis yeux et une bouche comme un baiser. Elle semblait connaître tous les livres de la bibliothèque et était de très bon conseil quand on ne savait pas quoi choisir. Parfois elle racontait elle-même les histoires, et elle le faisait si bien que tout le monde s’arrêtait de lire pour l’écouter. Elle avait, il faut le dire, une affection plus particulière pour Parvati, à qui elle confia un jour qu’elle avait tout à fait raison de lire dans des positions peu ordinaires, c’était meilleur pour laisser l’imagination s’emparer de soi. Quand la fillette raconta ceci à sa sœur, celle-ci lui rétorqua d’un ton amer que ce n’était que des bêtises et qu’elle avait tout inventé –bien plus tard, Parvati comprendrait que c’était de la jalousie.


Bien souvent, les deux sœurs se réfugiaient à la bibliothèque quand elles voulaient éviter la maison quand leur papa s’énervait, ce qui arrivait de plus en plus souvent au fil des années. C’était un papa très aimant, mais très soupe-au-lait. Parfois, elles y allaient pour échapper aux voisins qui venait prendre le thé et que seule leur maman pouvait supporter –dans ces cas-là, Mr Patil se faisait une joie d’aller « accompagner ses adorables filles pour voir leur bibliothèque ».
C’est aussi là que Parvati se rendit après leur première grosse dispute.



Ce jour-là, il ne faisait pas très beau, et elle avait très envie d’aller jouer dans le grenier avec sa sœur. Mais celle-ci lui dit qu’elle préférait aller chez les Brocklehurst, leurs nouveaux voisins, sorciers eux aussi, et qui avaient une fille de l’âge des jumelles. Elles l’avaient déjà rencontrée quelques fois, et Padma et Mandy s’entendaient très bien et aimaient bien discuter. Parvati aimait bien Mandy, aussi ; mais ce jour-là, elle voulait juste jouer avec sa sœur. Quand elle le lui dit, Padma s’exclama :
« Mais tu es bête ou quoi ? On ne peut pas passer notre vie à jouer ! On va aller à Poudlard dans presque un an, on est plus des enfants. Grandis, un peu, Patty ! » Et elle s’en alla rapidement, dévalant les escaliers pour rejoindre leur mère qui sortait déjà.


Parvati resta un long moment immobile, la bouche légèrement ouverte, reproduisant sans le savoir l’attitude qu’elle avait eu le jour où elle avait fait fleurir les bourgeons, cinq ans plus tôt.

Grandis, un peu.

Elle laissa les mots de sa sœur s’insinuer lentement en elle, les repassant en boucle, et en boucle, et en boucle dans sa tête. Et puis d’un coup, comme si quelque chose l’avait électrocutée, elle bondit, descendit les escaliers quatre à quatre, attrapa son manteau et sortit dans la rue pour courir jusqu’à la bibliothèque. C’était la première fois qu’elle s’y rendait sans sa sœur. Elle avait l’amère impression que ce ne serait pas la dernière. Une fois là-bas, elle passa en coup de vent devant les bibliothécaires –il n’y en avait que deux ce jour-là- attrapa le premier livre qu’elle trouvait et courut se pelotonner dans son fauteuil préféré, cachant ses larmes derrière la couverture de la bande dessinée qu’elle avait prise. Elle resta là un long moment, les épaules secouées par des sanglots silencieux.



Grandis, un peu.
Tu comprendras quand tu seras grande !
Comme j’aimerais que ma petite fille demeurât toujours ainsi !


Grandis, un peu.

On va aller à Poudlard dans presque un an !



Et si… Et si elle n’avait pas envie d’y aller à Poudlard, finalement ? Poudlard avait l’air merveilleux, on lui en parlait depuis qu’elle était toute petite, et elle s’était toujours plu à imaginer ce château qui semblait regorger de choses fantastiques et d’aventures qui n’attendaient que d’être vécues. Mais si aller à Poudlard voulait dire que sa sœur ne voudrait plus jouer avec elle… Et si elles étaient séparées ? Sa tante lui avait vaguement parlé des maisons, et elle entendait souvent les gens dire que c’était drôle comme leur caractère était différent malgré leur grande ressemblance… Peut-être qu’elles ne seraient pas dans les mêmes maisons ? Peut-être que Padma serait avec Mandy, et Parvati toute seule ? Et avec qui pourrait-elle vivre ses aventures ?
Plus elle y pensait, et plus aller à Poudlard lui semblait être une très mauvaise idée…



Alors que ses sanglots reprenaient de plus belle, elle sentit une main se poser sur son épaule. Ce n’était pas Miss Darling ou une autre bibliothécaire, c’était une bien trop petite main.
Elle releva lentement la tête, essuya ses larmes d’un coup de manche et enleva une mèche de cheveux de devant ses yeux pour voir devant elle une fillette d’environ son âge, aux cheveux bruns ébouriffés et aux dents légèrement en avant, qui lui souriait gentiment.


« Pourquoi tu pleures ?
- Je… Je ne pleure… pas… Je lis, répondit Parvati en tentant de reprendre contenance.
- Tu lis à l’envers ? fit remarquer l’autre fille d’un ton sceptique. »
Parvati se rendit compte qu’elle tenait effectivement le livre à l’envers… Piètre cachette. Elle le posa en soupirant.
« Bon, d’accord, je pleures. Mais ne le crie pas, s’il te plaît.
- Je n’ai pas crié. Et puis de toute façon, il n’y a personne avec nous. »

C’était vrai. On était en pleine semaine, les petits moldus étaient tous à l’école. Sauf la fille devant elle, apparemment. Elle ne put s’empêcher de lui demander :
« Tu n’es pas à l’école ?
- Et toi ? répondit l’autre du tac au tac.
- Je… Je ne vais pas à l’école… commença-t-elle en tentant de se souvenir de ce qu’il fallait dire quand on lui posait des questions. C’est ma mère qui m’apprend à la maison.
- Ah, je comprends.
- Et toi ?
- Moi ? Ma mère devait venir à Londres pour voir des amis, et je ne voulais pas aller à l’école, alors mes parents ont dit que je pouvais venir à condition que je fasse quelque chose d’utile. Alors je suis venue ici pour lire des livres de mathématiques. »

Parvati pensa que c’était une chose bizarre de venir lire des livres de mathématiques dans une bibliothèque avec de si belles histoires. Surtout qu’elle pouvait le faire à l’école.
« Pourquoi tu ne voulais pas aller à l’école ? Tu n’aimes pas ça ?
- Si, si… répondit l’autre en se tortillant, l’air gêné. J’aime beaucoup l’école mais… je m’ennuie un peu, là-bas, je sais déjà tout… »

Cette fille avait l’air un peu prétentieuse, se dit Parvati. Mais ce qu’elle dit ensuite lui fit éprouver un sentiment de pitié envers la petite brune.
« … Et puis les autres enfants ne sont pas très gentils avec moi. Maman dit que c’est parce qu’ils sont jaloux de mes bonnes notes, mais je crois que c’est à cause de mes dents. Et puis… Ils me trouvent bizarre… »

Parvati ne sut pas quoi répondre, et un silence s’installa, les deux fillettes perdues dans leurs pensées. Puis l’autre reprit :

« Tu ne m’as pas dit pourquoi tu pleurais.
- Je me suis disputée avec ma sœur, dit-elle sans comprendre pourquoi elle se confiait à cette fille qu’elle ne connaissait pas.
- Oh tu as une sœur ? C’est bien ça. Moi je n’en ai pas, mais j’aimerais bien. Ou non, je préfèrerais un frère, je crois, les garçons sont plus drôles. Mais, ajouta-t-elle devant l’air triste de Parvati, ce n’est pas si grave, si ? Je croyais que les sœurs ou les frères se disputaient souvent ?
- Oui mais… Là ce n’était pas une petite dispute. »

Toujours sans savoir pourquoi, elle lui raconta le sujet du conflit et ce que sa sœur lui avait dit, se rattrapant de justesse pour ne pas parler de Poudlard.

« Si je comprends bien, le problème c’est que ta sœur veut grandir et pas toi ?
- Non, pas vraiment, enfin…
- Tu n’as pas envie d’aller au collège ?
- Si, mais j’ai peur de ne plus pouvoir faire comme quand on était petites…
- Oui, donc tu ne veux pas grandir. »


Ce n’était pas une question et Parvati ne répondit rien ; elle était un peu exaspérante, avec son ton de celle qui a toujours raison. Cependant, son exaspération se transforma en colère quand elle vit la fille s’éloigner. Elle lui racontait sa vie, comme ça, se confiait à elle alors qu’elles ne se connaissaient pas, et elle s’en allait sans dire un mot ? Elle ne la laisserait pas faire ! Alors qu’elle s’apprêtait à se lever pour lui courir après et lui dire ce qu’elle pensait de son comportement, la brunette revint vers elle, un livre à la main.


« Tiens. Tu as lu ça ?
- Je ne crois pas… » répondit Parvati, ne reconnaissant pas la couverture. Elle feuilleta rapidement le livre. « Il n’y a pas beaucoup d’images, fit-elle remarquer.
- Et alors ? Tu ne lis que des livres avec des images ?
- Non, non, bien sûr que non ! rétorqua la fillette, blessée par son ton. Ça parle de quoi ?
- Ça parle de mondes merveilleux, de fées, de pirates, d’indiens, d’enfants qui volent, d’aventures dans la jungle, de trésors…
- Tout ça dans un seul livre ? s’exclama Parvati, les yeux brillants d’excitation. Il avait l’air parfait, ce livre !
- Oui. C’est sur des enfants qui ne veulent pas grandir. »


Elle retourna le livre et regarda la couverture. C’était une vieille édition, et au-dessus d’une image représentant des petites silhouettes volant au-dessus de ce qui lui semblait être Londres était écrit en lettres dorées Peter Pan. Elle releva la tête vers l’autre fille et lui adressa un sourire timide.

« Merci, c’est gentil. - De rien. Bon, je dois rentrer, Maman va s’inquiéter. Bonne lecture ! »


Parvati lui fit un petit signe de la main et retourna se pelotonner dans son fauteuil préféré, cette fois-ci de bien meilleure humeur, et se plongea dans sa lecture.



Ce n’est que deux heures plus tard qu’elle l’arrêta, lorsque la douce voix de Miss Darling la fit revenir à la réalité.
« Parvati ! Parvati ! Il fait bientôt nuit, on va fermer, tu devrais rentrer chez toi…
- Oh, pardon, Miss, je n’avais pas vu l’heure.
- Je vois ça, sourit la vieille femme. Qu’est-ce que tu lis ? »

Parvati lui tendit le livre tout en se redressant et en réunissant ses affaires. Levant les yeux vers Miss Darling, elle fut surprise de voir ses yeux briller, un petit sourire mélancolique flottant sur ses lèvres. Elle caressa doucement la couverture, comme si c’était un objet rare et précieux, puis regarda la fillette.
« Ça te plaît ?
- Oh, oui, beaucoup ! Il y a tout ce que j’aime dedans !
- Comment tu l’as trouvé ? Je ne savais même pas qu’on l’avait ici.
- C’est une autre fille, tout à l’heure, qui me l’a donné, elle s’appelle… »

Parvati s’interrompit, réalisant qu’elle n’avait même pas pensé à demander son nom à la petite brune.
« Je ne sais pas comment elle s’appelle. Elle n’est pas d’ici, elle m’a dit qu’elle venait juste avec ses parents.
- Mais comment a-t-elle trouvé le livre ? Je croyais qu’on ne l’avait pas, j’allais apporter le mien… A moins que…
- Vous l’avez aussi ? Vous l’avez lu ? Et vous aimez ? s’écria Parvati.
- Bien sûr, ma chérie, je l’ai lu. Et je l’aime beaucoup. Je crois même que c’est un de mes livres préférés. Mais regarde, je crois que tu t’es fait une amie bien généreuse…
- Ce n’est pas mon amie, protesta-t-elle sans savoir pourquoi.
- Peut-être pas, mais elle t’a fait un joli cadeau. C’est normal qu’elle n’ait pas pu le trouver ici, ça devait être à elle… »

Effectivement, à l’intérieur de la couverture on pouvait voir une écriture enfantine et pourtant assurée : Ce livre appartient à H. G.

« Alors… Elle me l’a donné ? Mais, pourquoi ? C’est un si beau livre !
- Peut-être qu’elle a décidé de grandir et qu’elle n’en a plus besoin autant que toi.
- Vous croyez ?
- Peut-être. Ou peut-être que c’est une autre raison, je n’en sais rien. Mais c’est un beau cadeau, j’espère que tu vas en prendre soin.
- Oh, oui, bien sûr ! Je vais rentrer chez moi pour le finir.
- A quel passage en es-tu ?
- Quand ils sont sur le bateau des pirates et que Peter vient les chercher. Il est très drôle !
- Ah oui, ça, sacré Peter… dit Miss Darling en souriant l’air absent, comme perdue dans des souvenirs. Allez, se reprit-elle, rentre chez toi ! »

Parvati lui sourit une dernière fois, enfila son manteau, et sortit de la bibliothèque, le livre serré contre sa poitrine, adressant un dernier salut au jeune homme qui allait fermer la porte.



Une fois arrivée chez elle, elle n’eut pas le temps de poser le pied à l’intérieur qu’une masse de cheveux noirs semblables aux siens l’aveugla soudainement. Sa sœur la serrait fort dans ses bras, et Parvati eut besoin d’un petit moment d’adaptation à son… environnement pour comprendre ce qu’elle lui disait.
« Oh, Patty, Patty, je suis désolée ! Je n’aurais jamais dû te dire ça, j’ai été vraiment méchante ! En plus, ce n’était même pas drôle avec Mandy, ce n’est pas drôle quand tu n’es plus là, j’aurais dû rester avec toi, je suis désolée, désolée, désolée, est-ce que tu pourras jamais me pardonner ?
- Il faudrait déjà que tu me laisses respirer…
- Oh, bien sûr, je suis désolée !
- Merci… Ne t’inquiète pas, bien sûr que je te pardonne, c’est pas grave… C’était qu’une petite dispute, pas vrai ? ajouta-t-elle avec un sourire timide.
- Bien sûr ! s'écria sa soeur d'un ton soulagé.»
Mais, inconsciemment, elles se doutaient toutes deux que ce n’était pas une petite dispute. Dès le moment où Padma lui avait demandé de grandir, un trou s’était creusé entre elles, et il ne cesserait de s’agrandir avec les années, jusqu’au jour où elles arriveraient à le contourner. Mais ça, elles ne le savaient pas encore.




Parvati dut endurer les reproches de sa mère d’être partie si longtemps sans dire où elle allait, d’être rentrée si tard, alors qu’il allait peut-être pleuvoir et qu’il faisait déjà presque nuit, et elle avait bien de la chance que son père ne soit pas encore là, d’ailleurs elle se demandait si elle n’allait pas lui raconter et on verrait bien si elle referait la même chose, ça lui apprendrait peut-être à être un peu plus responsable… Elle attendit que sa mère ait fini avant de lui adresser ses excuses, comme la petite fille bien élevée qu’on lui avait appris à être. Elle sourit encore à sa sœur en lui promettant qu’elle viendrait la retrouver dès qu’elle serait passée dans sa chambre.



Elle ne savait pas bien pourquoi elle ne leur avait montré le livre qu’elle serrait contre sa poitrine, sous son manteau, et pourquoi elle le cacha sous son oreiller au lieu de le mettre dans sa bibliothèque. Mais elle haussa les épaules et décida que ça n’avait pas beaucoup d’importance.

De la même façon, quand, beaucoup plus tard, seule dans sa chambre, elle eut finit le livre, elle pensa un moment que c’était drôle, que la délicieuse bibliothécaire eut le nom de la fille de Wendy, puis laissa cette pensée s’échapper avant de s’endormir, un léger sourire aux lèvres, pour plonger dans des rêves peuplés de pirates et d’enfants qui volent.





Elle fut réveillée quelques heures plus tard, sans savoir pourquoi. Il faisait toujours noir dehors, seule la lumière des réverbères et de la lune éclairait sa chambre. Elle se redressa doucement dans son lit mais n’alluma la lumière. Elle sortit de sa chambre pour se retrouver sur le palier. Tout était silencieux dans la maison. Elle prit un verre d’eau dans la salle de bain qu’elle partageait avec sa sœur, puis retourna dans sa chambre, fermant la porte derrière elle. Elle fut surprise de sentir un petit courant d’air, elle était pourtant certaine d’avoir fermé la fenêtre avant de se coucher. Elle se retourna pour le faire, et sursauta brusquement en voyant une silhouette se tenant sur le bord de la fenêtre.
Elle laissa échapper un cri de surprise, très vite couvert par une main sur sa bouche. La main en question semblait à moitié couverte de terre et appartenait à un garçon qui… Volait ? Tandis qu’il la retirait, elle secoua la tête.
Elle devait rêver.

Elle se pinça le bras droit, marcha sur son pied gauche et tira sur une mèche de cheveux.
Ce n’était pas un rêve.

Le garçon la regarda faire, sa tête aux cheveux bouclés penchée sur le côté, un air surpris sur le visage. Elle devait avoir l’air étrange, à se torturer ainsi. Elle se calma, lissa le devant de sa robe de nuit, ramena ses longs cheveux derrière ses épaules et se redressa, tentant de reprendre contenance. Elle s’approcha doucement de lui, il devait faire sa taille et se tenait droit, les mains sur les hanches et les jambes légèrement écartées. Exactement comme dans… Comme dans…

« Peter Pan ?
- C’est mon nom, répondit le garçon avec un hochement de la tête.
- C’est vraiment toi ? Le vrai toi ?
- Je crois que je suis vrai, oui… dit-il en fronçant les sourcils. Je ne m’étais jamais posé la question, à vrai dire. Mais pourquoi je serais là, sinon ? »
Dit comme ça, ça semblait logique. Mais quand même…
« Alors… Tu existes ?
- Et bien… Oui. Mais tu as fini de poser des questions idiotes ? Je suis là, c’est moi, j’existe, mon nom est Peter Pan, oui.
- Oh, ça va, hein. » grogna Parvati. Le garçon qui se tenait devant elle correspondait un peu trop au portrait qui était fait de lui dans le livre qu’elle venait de lire. Mais elle n’était pas Wendy, qui était, il faut le dire, un personnage un peu niais, et elle ne se laisserait pas faire, foi de Parvati Patil. « Je te signale que tu es un personnage de mon livre, là.
- Ah, oui, ça… Oui, on me le dit souvent, répondit-il sur un ton un peu trop prétentieux au goût de la fillette. C’est parce que je suis très malin, et que ma vie est très intéressante.
- Et je suis sûre que tu ne connais pas le mot « modestie », rétorqua la petite sorcière. Je ne sais pas ce que tu fais là, mais parler avec toi n’est pas très drôle, alors si ça ne te dérange pas je vais me coucher. »

Et sans ajouter un mot elle retourna dans son lit, et tournant le dos à Peter elle se pelotonna sous sa couette. Elle l’entendit approcher, et sentit qu’il s’était assis sur le lit comme le matelas se pliait sous le poids en plus.


« Oh, allez… Ne fais pas la tête… Viens, sors de ces couvertures…
- …
- Allez, Parvati… »
Celle-ci se retourna brusquement, manquant gifler Peter dans son élan. Elle n’y prit pas garde, après tout il l’avait bien mérité.

« Comment tu connais mon nom ?
- Tu connais bien le mien, dit-il avec un sourire en coin.
- Oui, ben il est écrit dans mon livre, c’est normal. Le mien n’est dans aucun livre. Enfin, que je sache, ajouta-t-elle après réflexion.
- Disons que… Une amie m’a parlé de toi.
- Une amie ? Qui ça ? Je connais une de tes amies ?
- Oh, oui, je crois même que vous vous connaissez assez bien… »

Dans sa curiosité, Parvati avait oublié l’arrogance de Peter et le fait qu’elle était énervée contre lui. Elle réalisa cependant qu’elle parlait un peu fort quand elle entendit sa sœur grogner de l’autre côté du mur, et fit taire le garçon d’un geste un peu brusque. Il marmonna quelques mots, vexé. Tant mieux, il était un peu trop vaniteux pour son propre bien.



Elle attendit un moment, mais Padma ne sembla pas se réveiller. Elle se tourna alors vers le garçon qui s’était levé et examinait la chambre.
« Qu’est-ce que tu fais là, alors ?
- Ben, je suis venu t’emmener, répondit-il sur le ton de l’évidence. Pourtant, ce n’était pas évident du tout.
- M’emmener où ?
- Deuxième étoile à droite, et tout droit jusqu’au matin, dit-il d’un ton fier.
- Tu veux dire… Au Pays Imaginaire ? s’écria-t-elle, les yeux écarquillés.
- Bien sûr, où veux-tu qu’on aille, sinon ?
- Mais… Mais… Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?
- Dis-donc, tu en poses des questions ! Toi, parce que tu connais des histoires et qu’on n’a pas eu de maman depuis un moment, au Pays Imaginaire. Et maintenant… C’est maintenant ou jamais ! Mais si tu ne veux pas venir…
- Si, si bien sûr mais… Ma sœur… Mes parents… »

Peter poussa un soupir exaspéré. Pourquoi les enfants avaient-ils toujours besoin de rester avec leurs frères et sœur ? Mais il ne devait pas la fâcher, alors il ajouta : « Tu peux emmener ta sœur, si tu veux. Allez, viens, ce sera merveilleux. Je vais t’apprendre à voler, et tu verras des Fées, des Sirènes, des Indiens…
- Des Pirates ? Est-ce qu’il y a des Pirates ?
- Bien sûr qu’il y a des Pirates ! Il y en a toujours eu, et il y en aura toujours ! »
Parvati tapa dans ses mains, toute excitée à la pensée de rencontrer des Pirates, des vrais. Et des Fées… Elle connaissait beaucoup de choses sur les fées… Mais si celles du Pays Imaginaire étaient telles qu’on les décrivait dans le livre, elles devaient être bien plus drôles. En parlant de Fées…


« Peter… Où est Clochette ?
- Qui ? répondit-il d’un air absent.
- Eh bien… Clochette, ta fée.
- Ma fée ? Je n’ai pas de fée. Du moins, pas que je sache.
- Mais, pourtant…
- Ecoute, je te dis que je n’ai pas de fée, je ne connais pas de Clochette.
- Alors, comment tu vas m’apprendre à voler ?
- J’ai toujours un peu de Poussière de Fée avec moi. Tu veux que je t’apprenne, alors ? »


Parvati hésitait… L’idée était terriblement tentante, mais Peter avait l’air tout de même très prétentieux. En même temps, il avait un livre à son nom, peut-être que c’était une bonne raison. Mais il ne se souvenait plus de Clochette, comme c’était écrit à la fin du livre. Il était aussi écrit qu’il avait oublié Wendy, un moment. S’il l’oubliait, elle ? S’il l’oubliait avant qu’ils arrivent au Pays Imaginaire ? Le voyage était très long… Pourtant, il était venu la chercher… Et si c’était comme dans le livre, c’était un endroit parfait pour elle. Un endroit parfait…


« On peut jouer, au Pays Imaginaire ?
- Bien sûr ! On ne fait que ça !
- Et inventer des histoires, et des jeux ?
- Mais oui ! Le Pays Imaginaire est fait de toutes les merveilles dont rêvent les enfants… Tu peux les créer toi-même… Il suffit d’y croire.
- Et les Garçons Perdus ? Ils existent, eux aussi ?
- Oui, les Garçons Perdus sont là, mais en ce moment ils ont besoin d’une maman, et je leur ai promis de leur en emmener une… C’est pour ça qu’il faut que tu viennes. Mais c’est maintenant… Après, tu vas grandir, et tu ne pourras plus t’envoler.
- Grandir… On ne grandit pas, au Pays Imaginaire, pas vrai ?
- Non. Tu vois bien, j’ai toujours… Je ne sais pas quel âge j’ai, mais ce n’est pas très important. Si tu viens avec moi, tu pourras vivre plein d’aventures, on jouera tout le temps, et tu n’auras jamais, jamais, à devenir comme eux.
- Eux ?
- Les adultes. Tu les oublieras, et tu ne deviendras jamais comme eux.
- Jamais, c’est horriblement long… murmura la fillette, plus pour elle-même, pensant à Padma, à ses parents.
- Tu n’auras pas besoin de faire des études, d’aller dans un bureau…
- Je n’irai pas à Poudlard ?
- Poudlard ? Qu’est-ce que c’est ? Ça se mange ? »

Parvati éclata de rire devant l’air perturbé du garçon, avant de reprendre plus doucement, pour ne pas réveiller les autres habitants de la maison.
« Non, bien sûr que non. Poudlard, c’est une école, une école pour les enfants comme moi, avec des pouvoirs magiques.
- Tu as des pouvoirs magiques ? s’étonna-t-il.
- Bien sûr, je suis une sorcière, répondit-elle d’un ton fière, contente de savoir quelque chose qu’il ne savait pas. Mais je ne sais pas encore bien m’en servir. Aucun enfant ne sait vraiment, sauf pour des sorts mineurs. Alors on va à Poudlard pour apprendre.
- Apprendre… Moi, j’apprends tout seul.
- Oui, mais toi, tu es parfait, rétorqua-t-elle d’un ton sarcastique.
- Presque, c’est vrai, acquiesça-t-il, ne semblant pas relever l’ironie de ses propos. Parfois, j’oublie des choses. Et je perds trop souvent mon épée. Mais sinon, oui, je suis plutôt parfait, ajouta-t-il tandis que la fillette levait les yeux au ciel. Et dis-moi, Poudlard, c’est comment ?
- Je n’y suis encore jamais allée mais je sais que c’est un grand château, très vieux, il a plus de mille ans. On y apprend la Métamorphose, les Potions, les Sortilèges, la Botanique, et plein de choses comme ça. On apprend à voler sur des balais, aussi. Les élèves sont répartis en quatre maisons, et chaque maison a sa partie du château. Il y a une Grande Salle, des tableaux qui se rendent visite, des passages secrets à explorer… Ma cousine m’a dit que les escaliers bougent et que les statues nous parlent, je ne sais pas si c’est vrai… Il y a toujours des aventures à vivre, à Poudlard, il se passe plein de choses. Il parait qu’on mange bien, aussi, toutes sortes de choses, toutes les choses qu’on aime bien.
- Chez moi aussi, on mange tout ce qu’on aime. Il suffit d’y croire très fort et on l’a dans son assiette.
- Oui, mais c’est pour de faux. A Poudlard, c’est du vrai de vrai.
- Et pourquoi utiliser des balais pour voler ? Vous n’avez pas de Poussière ?
- Non, mais le balai c’est drôle, on peut jouer au Quidditch, c’est un jeu avec des balles.
- Au Pays Imaginaire, il n’y a pas de passages secrets, mais il y a des souterrains secrets.
- A Poudlard aussi… On dit même que certains mènent dehors. Il y a des salles qui changent de place, aussi, ou que l’on voit une fois et plus jamais ensuite… Enfin, tout ça, c’est ce qu’on m’a dit, mais j’aurai bientôt l’occasion de vérifier si c’est vrai, j’y vais l’année prochaine.
- Tu y vas ? Alors tu ne viens pas avec moi.
- Je… Oh. »
Parvati ne savait plus quoi dire. Elle s’était laissé emporter par sa description des merveilles de Poudlard, et en avait oublié la proposition de Peter.

« Poudlard a l’air d’être un endroit merveilleux, dit celui-ci d’un ton presque… Amer. Je comprendrais que tu ne veuilles plus venir avec moi si c’est pour aller là-bas. Après tout, dans tous les cas tu pourras vivre des aventures. Et apprendre à voler. C’est ce qui compte, n’est-ce pas ? ajouta-t-il avec un petit sourire triste, déçu.
- Je suis désolée, Peter… murmura-t-elle en le lui rendant. Je crois que finalement… J’aimerais bien grandir pour aller à Poudlard.
- Tu n’as pas à l’être. Je vais nous trouver une autre maman. Il y a beaucoup d’autres enfants qui ne veulent pas grandir, tu sais ! dit-il, tentant de reprendre son allure fière.
- Oui, j’en suis sure… »



Mais, au fond, Parvati se doutait que non. Bien sûr, beaucoup d’enfants en rêvaient, à un moment ou à un autre, comme elle, ou comme Wendy. Mais il n’y en avait qu’un seul qui en était capable complètement, et les autres devaient toujours finir par le quitter ; il les remplaçait, éternellement, mais il était toujours celui qui restait. Et, à presque dix ans, la fillette comprit que c’était là toute la tragédie de Peter Pan. Il serait toujours seul, finalement, car tous les enfants grandissent.
Tous, sauf un.




Leurs adieux furent assez brefs. Parvati lui donna quelques chocolats de sa réserve secrète « pour la route » et lui souhaita bonne chance dans ses recherches. Il parut sur le point de dire quelque chose, mais se contenta d’un « Amuse-toi bien à Poudlard. » et d’un petite tape maladroite sur l’épaule. Elle ne put s’en empêcher : elle l’embrassa sur la joue. Surpris, il lui demanda si elle voulait elle aussi un dé. Elle ne comprit pas tout de suite, puis sourit et acquiesça et il l’embrassa à son tour, avant de s’envoler au-dessus des toits de Londres, passant au-delà de Big Ben dont la silhouette se découpait dans la lumière de la Lune.
Parvati resta un long moment à la fenêtre, le regardant disparaître, pensant qu’elle ne le reverrait sans doute jamais. Il lui sembla apercevoir la silhouette fantomatique d’un bateau, encore plus loin, derrière deux étoiles qui brillaient plus que les autres.

Deuxième étoile à droite, et tout droit jusqu’au matin.



Elle dut s’endormir là, car c’est agenouillée contre le bord de la fenêtre que Padma la trouva le lendemain, venue la réveiller pour aller à la bibliothèque avant d’aller dans les Jardins de Kensington : il faisait grand soleil. Elle se demanda si elle avait rêvé. Ce n’était pas la première fois qu’une de ses lectures s’insinuait dans ses rêves. Mais la feuille de chêne qu’elle trouva en faisant son lit, et le sourire de Miss Darling lui demandant si elle avait passé une bonne nuit avec un clin d’œil lui firent penser que cette fois-là était peut-être différente des autres.


Note de fin de chapitre :

Alors, avez-vous deviné qui pouvait être cette "amie commune" de Peter et Parvati ? ;) Jane Darling est ici vieille pour d'évidentes raison temporelles... Jane est la fille de Wendy, qui suivra Peter pour faire le nettoyage de printemps dans la petite maison une fois Wendy devenue trop grande. Dans ma première édition de Peter Pan, qui est une version adaptée pour les enfants, dans l'épilogue il est dit qu'après Wendy et Jane, c'est la fille de celle-ci, Marguerite (version française), qui le suit. Miss Darling devait donc d'abord être un peu plus jeune et s'appeler Margaret, mais je n'avais pas ma version originale sous la main pour vérifier qu'elle existait bien, alors Jane a pris sa place. Et elle s'appelle Darling parce que comme ça on la reconnaît, même si en vrai elle doit avoir le nom de son père ^^


Quant à la petite fille qui donne le livre à Parvati, je pense que vous l'aurez reconnue... ;) J'aime bien l'idée que ces personnages se rencontrent par hasard avant Poudlard. Et pour Padma, et bien... Je n'ai jamais trop réfléchi à Padma, mais écrire sur Parvati m'y force, alors voilà une ébauche.


J'espère n'avoir pas fait trop honte à mon histoire préférée... Oui, Peter Pan est bien un petit garçon vaniteux, mais j'ai peur d'en avoir fait un peu trop... A vous de me le dire. Allez, sur ce j'arrête mon blabla, et comme dirait l'autre, "C'est la fin".
Vous devez s'identifier (s'enregistrer) pour laisser une review.