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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Quand on s'appelle Victoire par Asianchoose

[4 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Disclaimer : cet OS m’a été inspiré par ExtraaTerrestre et sa vision un peu inhabituelle de Victoire. Donc, merci à elle, parce que j'ai pas pondu un truc aussi long depuis des mois. Et… j’ai rien d’autre à dire (bizarre). Bonne lecture !

Je suis tirée du sommeil par le moteur de voiture qui gronde, sous le capot. Tout en me frottant les yeux, j’observe Louis. Il est sur les nerfs, ça se voit, ça se sent. Ses doigts tapotent nerveusement sur le volant et il n’arrête pas de regarder sa montre.

« Ralentis. »

Il soupire et appuie un peu plus sur l’accélérateur, provocateur.

« Je ne t’ai pas obligé à faire ça. Si tu veux rentrer, tu peux le faire. Sinon, ralentis.
— On est sur une route de campagne, ça ne craint rien. »

Je le fixe sévèrement jusqu’à ce qu’il s’exécute.

« Ça va, Mademoiselle Parfaite, mais si on arrive que demain, faudra pas te plaindre. »

C’est à mon tour de soupirer. Je ferme les yeux, lasse. On ne sait même pas où on va alors l’heure à laquelle on y arrivera, c’est pas de la première importance.


***



« Vous êtes parfaite, Miss Weasley ! »

Je déteste quand les gens disent ça. Comme s’ils me connaissaient, comme s’il savait le nombre de baffes que j’ai pu recevoir ou combien de râteaux j’ai pu me prendre. Aux premiers abords, les gens, ils voient surtout mes cheveux. Blonds, longs, raides. Lisses. Ce qui fait de moi une fille lisse, par extension. Ils ignorent les quelques tâches de rousseur sur mes joues et mon nez, ils préfèrent s’extasier sur mes jolies pommettes roses ou mes yeux en amande. Je les aime bien, ces tâches. J’ai toujours voulu être rousse ; je suis surement la seule Weasley à se dire ça.

Mrs Davies, la propriétaire de la boutique, regarde mon reflet dans le grand miroir plein de dorures et de tralalas et elle ne voit que le beau reflet de Victoire, la fille parfaite, à qui rien ne fait tâche. Je dois admettre qu’elle a raison, cette robe me va bien. Très bien, en fait, de là à parler de perfection…

« C’est vrai, Vick’ ! C’est ma préférée à moi aussi. »

Assise sur le canapé de velours, ma cousine Molly me regarde, pleine d’envie. Juste à côté d’elle, Tanya, ma meilleure amie, me lance un sourire entendu, bien qu’un peu mal à l’aise. Les trucs de filles, ça ne lui plait pas trop. Mais elle a tenu à m’accompagner, c’est un jour important, après tout.

« Je vais prendre celle-ci, Mrs Davies. »

Je ne peux m’empêcher de sourire. Je souris toujours, à tout le monde, même quand le monde m’énerve. Peut-être qu’au fond, je ne veux que ça, qu’on croit que je suis parfaite.

« Vous voulez choisir un voile aussi ? »

Je fais non de la tête. La cérémonie sera simple, juste lui et moi. Et la famille, les amis, les collègues. Finalement, après comptes et recomptes, nous avons envoyé plus de deux cent invitations. On n’a pas pu faire autrement, à croire que les Weasley connaissent toute l’Angleterre. Pour la simplicité, on repassera mais je suis restée ferme sur certains points : pas de voile, de fontaine de champagne ou d’orchestre français ennuyant.


***



Je rouvre les yeux après quelques minutes. La voiture vient de transplaner une nouvelle fois. Elle l’a fait tellement souvent que je me suis habituée à cette sensation d’étouffement, à chaque fois qu’on disparaît.

« Ou est-ce qu’on est ? »

J’ai l’impression que ça fait des heures qu’on roule. Louis regarde le paysage autour de lui, on dirait une vallée.

« On doit être dans les environs de Lyon. »

Mon frère ne s’est visiblement pas fait au transplanage incessant de la voiture. Il a abandonné ses airs de gosses blasés pour des sourcils froncés et un air préoccupé. Je me rends compte qu’il a grandi, notre petit Louis, qu’il a changé. Il a dix-neuf ans bientôt, ce n’est plus le petit garçon à qui je donnais des cours d’anglais, pendant les vacances. C’est mon frère, ça se voit parce qu’il lui ressemble beaucoup à la Victoire du reflet dans le miroir. Il porte encore son costume et lui aussi, d’apparence, il a l’air parfait. On est de la même famille, Louis et moi, c’est comme si j’en prenais conscience seulement aujourd’hui. Il n’a toujours été pour moi que le fils de ma mère, éloigné, retranché en France avec elle et Dominique. On ne peut pas dire qu’on soit vraiment proches.

« On arrive à un péage, t’as de l’argent ? »

Je fouille dans la boite à gants et en ressors quelques pièces moldues. Le péagiste observe nos tenues l'air de se demander qu'est-ce qu'on fait dans cette vieille voiture. Il nous dit finalement bonjour avec accent belge très prononcé, avant de prendre la monnaie.

« Lyon, tu disais ? »

Louis hausse les épaules, à peine gêné. Je commence à croire que je suis partie avec la mauvaise personne.


***



Assise à mon bureau, j’entends Big Ben sonner onze fois. Prenant conscience de l’heure tardive, je range rapidement les dossiers dans les tiroirs et me dirige vers la sortie.

« T’es encore là ? »

C’est la voix réprobatrice de Lizzie, ma collègue.

« Tu devrais déjà être en train de te reposer pour demain et toi, tu fais des heures sup’ ! »

Je bredouille quelques excuses et souhaite bonne nuit à Lizzie. Je suis restée au bureau pour être un peu seule, en fait. A la maison, on ne parle que de « demain ». Ils n’ont que ce mot à la bouche. Qu’est-ce qu’ils croient ? Qu’il va y avoir un imprévu ? Ma mère a pensé les moindres détails, jusqu’au pliage des serviettes, il ne peut rien se passer. La fête sera parfaite.

Je quitte le vieux bâtiment de pierre, siège du cabinet d’avocats pour lequel je travaille depuis déjà deux ans. En face, sur un banc, il y a un homme caché sous une capuche qui me regarde sortir, un peu trop intéressé. Je presse le pas pour rejoindre mon appartement au plus tôt.

« Je suis déçu que tu ne me reconnaisses pas. »

Je fais volte-face. L’homme à la capuche se tient devant moi, arborant une expression faussement dépitée.

« Teddy ? Qu’est-ce que tu fais là ? »

Il baisse sa capuche, ses cheveux presque fluos semblent éclairer toute la rue. Parfois, je déteste cette couleur bleue immonde. Il ne peut pas être brun ou blond, comme les gens normaux ? Ou roux, s’il y tient.

« Ça a l’air de te faire vraiment plaisir de me voir… »

Je ne réponds pas à ses sarcasmes et reprends mon chemin. Il me suit, nous remontons le long de la Tamise, dans un silence que je m’empresse de rompre.

« Tu n’es pas censé être à l’enterrement de vie de garçon ? »

Il a un rire ironique et regarde ailleurs.

« J’ai accepté de venir pour ne pas vexer Caleb, tu sais. Mais je ne crois pas qu’on soit vraiment ami. Dès qu’il a commencé à être un peu éméché, j’en ai profité pour… filer à l’anglaise. »

Je ris même si, au fond de moi, je suis un peu triste pour Teddy. Il n’a pas d’ami et si peu de famille. Il m’a, moi, c’est vrai. Mais je crois que ça fait longtemps qu’on a cessé d’être amis.

« Comment tu as su que je serai encore au bureau à une heure pareille ? »

Je n’ai pas pu me retenir de poser cette question.

« Je te connais trop bien, faut croire. »

C’est vrai, il me connait. Il sait comment je suis, imparfaite, tellement peureuse que j’ai été me cacher dans le travail pour ne pas avoir à penser à ce je m’apprête à faire. Il a toujours été là, Teddy. Heureusement, sinon, comment je ferai demain, sans lui ?

« Tu te sens prête ? »

Je garde le silence. Avec lui, je n’ai pas à faire de faux sourire, pas de faux semblant. Il regarde le sol, incessamment, au fil des pas, et on est déjà en bas de mon immeuble.

« Tu as déjà eu l’impression que ta propre vie t’échappait ? »

Ma question semble le surprendre. Il s’approche de moi et me fixe, un peu trop longtemps à mon gout.

« T’as des doutes ? Pour demain ? »

Je nie, je dis qu’il ne comprend pas, une fois puis deux. J’ai le besoin de me répéter, je tourne en rond alors je lui dis au revoir et ouvre la porte de l’immeuble.

« Non, j’ai jamais eu cette impression, Victoire. »

Je me retourne et plonge mon regard dans le sien. Il a l’air si sincère. Ça ne lui arrive jamais à lui de mentir, de se mentir ?

« Ma vie, c’est ce que j’en fais, je laisse pas les autres faire des choix à ma place. Et quand je veux la changer, je la change. C’est ma vie, je n’ai pas à jouer de rôle. Et tu devrais faire pareil. »

Pamphlet terminé, il lâche à un « à demain » sans sourire, juste un regard. Étrange, comme de la compassion. Puis, il s’en va et je rejoins mon appartement, le pas lourd, sachant que ma mère et mes cousines m’attendent pour régler les derniers détails.


***



Louis me demande si j’ai faim. On est arrêtés à une station service, quelque part en Ecosse, je pense.

« Non, je ne veux rien. »

Il dit qu’il va quand même me ramener un sandwich. Je crois que mes cours ne lui ont servi à rien : il comprend toujours aussi mal l’anglais.

Je reste dans la voiture pendant qu’il va chercher de quoi manger. C’est une Chevrolet Impala, un modèle de 1967. Selon Teddy, bien sur, je ne suis pas une fanatique de voiture. C’était la sienne avant qu’elle ne commence à transplaner où bon lui semble. Avant, il y avait un bouton sur le tableau de bord, lequel enclenché nous emmenait n’importe où. Il y a disparu aujourd’hui, il ne reste que des fils électriques multicolores, comme si quelqu’un l’avait arraché. Depuis que Teddy ne conduit plus cette voiture, elle est restée dans le garage du Terrier, moteur éteint. Jusqu’à aujourd’hui.

Mon frère revient, un sac en plastique dans la main.

« Il n’y avait que ça… je sais que tu ne manges pas de viande mais…
- Je t’ai dit que je ne voulais rien, Louis. »

J’ai été plus sèche que je ne le voulais. Il me toise un moment, puis pose ses achats sur la banquette arrière. Il redémarre, en silence, et il ne faut que quelques secondes à la voiture pour qu’on quitte l’Ecosse, en un claquement de doigts. Ce changement abrupt parait irriter mon frère, un peu plus. Nous sommes de retour sur une route de campagne mais je ne saurais dire si on est sur le continent. Toute l’Europe se ressemble. On s’enfonce dans un mutisme pesant ; je finis par faire semblant de me rendormir.


***



« Tu n’es toujours pas habillée ? »

Je soupire, exaspérée, et me réintéresse à mon livre.

« Il n’est qu’onze heure, maman. »

Ma mère m’arrache le livre des mains et le jette sur le lit. Elle parait épuisée, et elle non plus, elle n'est pas encore habillée.

« Ce qui te donne deux heures et demi pour te préparer. Ça va être « short », chérie. »

Elle mime des guillemets avec ses doigts, autour du mot anglais. Ça me fait rire, ces manies de Française.

« Raphaël va te coiffer et te maquiller, et… »

J’arrête de l’écouter et regarde le ciel par la fenêtre. On n’aurait pas pu rêver meilleur temps pour la fête. La robe est pendue contre le placard, elle semble si banale sur ce cintre. La porte de la chambre s’ouvre. Mes pensées et le monologue de ma mère sont avortés par l’entrée de ma grand-mère Apolline et de Gabrielle.

« Laisse cette pauvre fille tranquille, Fleur. »

Ma tante a toujours eu la même réaction face au caractère perfectionniste de ma mère. Tour à tour, elle et ma grand-mère me serrent dans leur bras, glissant à mon oreille quelques encouragement.

« Quelque chose de neuf… ta robe suffira. »

Je mets un moment pour comprendre de quoi Gabrielle parle. Je finis par me souvenir de la vieille tradition.

« Voilà quelque chose d’emprunté. »

Elle me glisse deux boucles d’oreilles dans la main. Je suis soulagée, elles n’ont pas l’air si vieillottes.

« Et quelque chose de vieux. »

Je prends le petit bout de tissu vieilli des mains de ma grand-mère.

« Mamie, c’est très gentil mais j’ai dit que je ne porterai pas de… »

Une fois de plus, je n’ai pas le courage de finir ma phrase. Ma grand-mère a eu l’air déçue, rien qu’une seconde, mais je n’aime pas décevoir les gens. C’était son voile, je crois. Je me force à sourire, encore, et pose le tissu blanc sur ma tête, pour lui montrer comme il me va bien.

« Comme il te va bien ! »

Rien de surprenant. Je suis toujours là où on m’attend, invariablement, il n’y pas de place pour la surprise.

« Il ne te reste plus que quelque chose de bleu à trouver. »

Je m’empresse de dire que j’ai ce qu’il faut, de peur qu’elles ne me sortent une autre relique. Dehors, sous ce beau soleil de mai, il y a quelque chose de bleu qui m’attend. Je souris, amèrement, mais pour moi-même, et ça, c’est plutôt rare.


***



Louis freine brusquement. Je le regarde, interdite, et lui demande ce qui lui prend.

« Qu’est-ce qu’on fout Victoire ? »

On fuit, j’ai envie de lui répondre, mais dire les choses aussi clairement, ça ferait vraiment tâche.

« A quoi ça rime ? Ça doit bien faire douze heures qu’on roule, j’ai pas dormi de la nuit et je ne sais même pas où on va.
- Tu as décidé de venir avec moi, Louis, je ne t’ai rien demandé !
- Si, tu m'as demandé, Victoire. Et je pensais vraiment que tu savais où aller. »

Je reste silencieuse, et fixe un point invisible, au loin. On est dans une petite rue calme, avec des maisons familiales et des jolis jardins. J’entends des gens parler anglais, c’est déjà ça, je sais dans quel pays on se trouve. Louis ne dit rien lui n’ont plus, il croit que je pleure, que je suis triste et il préfère faire comme s’il n’avait rien vu, cet attardé des sentiments. Mais je ne pleure pas, je ne suis même pas triste. Pour être honnête, je dois même avouer que je me sens bien. Ça ne m’est pas arrivé depuis des mois.

« Est-ce que tu t’attends à ce qu’il vienne te chercher ? »

Je me tourne vers mon frère et lui demande de qui il parle, mine de rien, comme si je ne sais pas exactement de qui il s’agit.

« Teddy. C’est pour ça que tu as pris son ancienne voiture, non ? »

J’ai le cœur qui se serre, malgré moi et mes efforts pour rester de glace.

« Contente-toi de rouler, Louis. »

Mon frère a un moment d’hésitation puis finit par redémarrer l’Impala. Mais la voiture n’avance pas : il y a quelqu’un devant, en plein milieu de la route. C’est un homme, comme mon frère il porte encore un costume de fête. Il nous regarde un moment et vient finalement taper à la vitre du conducteur. Mon frère abaisse la vitre, ni lui ni moi ne sommes surpris en le reconnaissant. L’homme n’ont plus ne parait pas surpris de nous trouver ici. Sa voix est calme quand il demande :

« Tu me laisses lui parler seul à seul, Louis ? »


***



Mon frère a toujours l’air de s’ennuyer. Il a toujours la même moue de gamin mal élevé sur le visage. Les deux filles du sénateur Johnson passent devant lui en gloussant et passant la main dans leurs cheveux. Il les ignore royalement mais je sais qu’il en joue un peu, de nos origines. Dominique, quant à elle, est assise sur un des fauteuils et discute avec mon père. Ils m’ont glissé un « tu es très jolie » timide quand je suis descendue de l’étage, sans prononcer le mot « parfait ». Simplement. Louis n’a rien dit, il ne parle pas beaucoup, peut-être parce qu’il n’est pas très doué en anglais. Molly et Tanya sont assises à même le sol, salissant leurs robes de demoiselles d’honneur sans le moindre remord. Elles s’ennuient. J’ai toujours rêvé à ce jour comme une grande fête où les gens s’amuseraient, sans manière ni façon, mais ce n’est pas le cas. Personne ne s’amuse.

« Tu ne vas pas tarder à faire ton entrée, Vicky. »

C’est ma grand-mère Molly. Elle me regarde affectueusement tout en tâtonnant mes bras comme une tâtonne une bête allant à l’abattoir. Je peux lire dans ses yeux qu’elle me trouve trop maigre.

« Tu es la première de mes petits-enfants à se marier. C’est un grand jour. »

Elle verse une larme, ou deux. Elle répète qu’on est une belle et grande famille malgré ce qu’on a perdu. Elle ne parle pas de feu notre oncle Fred mais j’ai l’impression de n’entendre que ce prénom. Mon père et Dominique ne parlent plus. Je me demande pourquoi les morts viennent hanter mon mariage. Qu’est-ce que je leur ai fait, moi ?

Ma grand-mère finit par arrêter de pleurer et rejoint le reste des invités, dans le jardin. Je jette un coup d’œil discret dehors, par la petite fenêtre du salon. J’aperçois le reste de la famille au premier rang, si peu de belle-famille, et les amis, beaucoup d’amis. Je ne m’attarde pas sur Caleb qui discute et rit, jovial comme à son habitude. Mon regard se porte sur mon « quelque chose de bleu », dans son costume mal taillé. Il parle avec Caleb, l’air de rien. Il fait beau, j’en ai de la chance. Le ciel est aussi bleu que le bleu de ses cheveux. Je souris avec sincérité, pour la première fois depuis longtemps.

« Tu es prête ? »

Ma mère tourne autour de moi en vérifiant que la robe ne fasse aucun pli. Je me rends compte qu’elle a tout organisé, je n’ai presque rien décidé. J’ai choisi la robe, elle me répète que c’est suffisant, que la mariée doit penser à son sourire, et à rien d’autre. Je ne lui en veux pas. Elle n’a jamais rien dit sur le sujet mais notre père nous a confessé que leur mariage avait été gâché par des Mangemorts, par la guerre. Dominique pense que c’est une excuse, que ça n’aurait pas duré entre eux, même s’ils n’avaient connu que la paix.

« Qu’est-ce que j’entends, maman ? »

On dirait un piano. C’est lent, c’est vieux, c’est guindé.

« Wagner, bien sur. C’est Jérôme, un musicien du conservatoire de Paris, qui joue. Caleb m’a dit que ça ne te dérangerait pas.
- On avait dit que le groupe des amis de James assuraient la musique.
- Ma chérie, c’est plus chic comme ça. Ce n’est qu’un détail, d’ailleurs, ça ne devrait pas…
- Je vais prendre l’air. »

Je les abandonne dans le salon et sors par la porte de derrière. J’inspire profondément et laisse le soleil me réchauffer une minute. En face de moi, le vieux garage du Terrier, véritable dépotoir, fait tâche dans ce décor de fête.

« T’es plutôt sur les nerfs pour quelqu’un qui s’apprête à vivre le plus beau moment de sa vie. »

C’est Louis, il a les mains dans ses poches, surement pour me faire comprendre clairement qu’il ne veut pas me prendre dans ses bras ou me consoler. Voyant que je ne réponds pas, il balbutie quelque mot en anglais.

« Caleb… je pense pas que ça soit… le mec parfait pour toi. »

Je fais volte face et lui jette mon bouquet en pleine figure. Il m’insulte dans sa langue natale et me demande quel est mon problème. Sans que je puisse m’en rendre compte je suis entrée dans le garage et je regarde l’Impala abandonnée, détraquée.

« C’est pas la voiture de…
- Tu sais conduire ? »

Louis me fixe, interloqué, mais il ne lui faut pas longtemps pour comprendre la situation et son visage s'illumine, comme si lui aussi, ne rêvait que de fuite. Nous montons dans la voiture ; les clés sont dans la boite à gants, comme si la voiture attendait patiemment qu’on la réveille. Le moteur met un moment à chauffer, c’est une vieille machine. A peine Louis a-t-il appuyé sur l’accélérateur que le garage s’efface et que nous réapparaissons dans une petite rue de Cambridge.


***



Louis attend sagement, adossé contre une barrière. Il essaye comme il peut de ne pas regarder dans notre direction, en vain. Il nous surveille ; il doit encore se demander si je pleure.

« Caleb avait l’air déçu. »

Teddy n’a jamais pris de pincettes avec moi, il n’a jamais cherché faire semblant avec qui que ce soit, en fait. On s’oppose en tout point. Il n’est pas parfait, il ne fait jamais ce que les autres attendent de lui. Il est un peu tragédien et carrément défaitiste. C’est ça qui m’a fait peur, il y a des années, ce fossé entre nous. Alors, il y a eu Caleb et ses sourires, à tout moment, à tout le monde. Il avait été de la même année que Teddy à Gryffondor, pendant nos études, mais on ne s’est jamais vraiment parlé. Ce n’est qu’il y a deux ans que je l’ai vraiment connu, au travail. Il était comme moi, accompli et apprécié de tous. Et les gens nous le disaient souvent : « vous formez le couple parfait ».

« Je pense que j’ai déçu tout le monde, hier. »

Teddy ne cherche pas à me contredire, il se mure dans un silence pensif. Après un long moment, je finis par lui demander comment il nous a retrouvés. Il sort un bouton doré de sa poche et le replace sur le tableau de bord, le refixant d’un sort rapide.

« J’ai retrouvé un bouton semblable l’année dernière, mais je l’ai jamais remis à sa place.»

Je sais très bien pourquoi il ne l’a pas fait. Cette voiture… c’est la fin d’une époque. Celle on partait ensemble en vacances, sans Caleb.

« Tu sais, Victoire, c’est pas grave de décevoir les gens. Cherche pas à être parfaite, tu l’es pas. »

Je n’ai plus de bouquet à lui lancer à la figure, c’est dommage. Alors je me contente de verser une larme, ou deux. Je tourne la tête pour qu’il ne me voie pas mais j’oublie qu’il n’est pas comme Louis, que les larmes, ça ne lui fait pas peur. Il prend ma main et me promets qu’il ne laissera plus jamais quelqu’un décider pour moi.

« On rentre à la maison ? »

Louis est à la fenêtre, du côté de Teddy, et il nous regarde, un peu gêné. J’acquiesce sans un mot. Je ne sais pas ce qu’il entend par la maison mais je sais qu’il est temps de rentrer. Je ne supporte plus la route.

Note de fin de chapitre :

Pour ceux qui se demandent, l’Impala, cette voiture qui transplane un peu n’ importe où, je l’avais déjà utilisée dans La Mauvaise Réputation . Je trouvais l’idée sympa alors je l’ai réchauffée. *sort sous les huées*
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