Il pousse la couverture et laisse tomber ses jambes dans le vide. Il ne fait pas encore tout à fait jour et Albus est fatigué. Mais toute la fatigue du monde ne l'empêchera pas de se lever ce matin-là. Sur la pointe des pieds, il sort de sa chambre et une fois dans le couloir, retient sa respiration. La porte de Lily est fermée, elle doit dormir, au chaud dans ses draps roses. Celle de James est entrouverte et son frère doit être à l’affût depuis un moment car il passe sa tête par l'ouverture. Albus sourit en voyant la mine ébouriffée de James qui commence déjà à faire le pitre. Albus répond à ses grimaces en lui tirant la langue puis lui fait signe de faire silence.
Toujours à pas de loup, il s'approche de l'autre porte du couloir, celle de la chambre de ses parents. Retenant son souffle, les yeux écarquillés, il abaisse la poignée et pousse la porte doucement pour éviter qu’elle grince sur ses gonds. Il plisse les yeux pour apercevoir quelque chose dans la pénombre, après un instant il distingue enfin les silhouettes endormies de ses parents, collés l'un contre l'autre, les cheveux de sa mère faisant un halo rouge sur l'oreiller.
Il referme la porte et fait un signe du pouce à James pour lui signifier que tout est OK. Le garçon affiche un large sourire puis accueille son frère dans sa chambre. Une fois à l’abri derrière la porte close, les deux frères se tapent dans la main.
« Bon, on a du pain sur la planche ! » s'exclame James avec un air de chef.
Albus hausse les épaules et se laisse tomber sur un pouf de la chambre de son frère. Il lève les mains dans un geste d'apaisement.
« Doucement, doucement, on a le temps ! Et puis Lily est même pas levée encore ! »
James lève les yeux au ciel.
« Tant mieux, on peut jamais rien faire quand on l'a dans les pattes. »
Cette fois, Albus ne répond rien, de toute façon son frère est têtu, même leur mère le dit.
« Allez Albus ! Bouge tes fesses ! » gémit James.
« Mais pourquoi ? geint l'autre. Il est super tôt, on a trop le temps ! »
« Mais t'avais promis ! »
« Oui et je vais t'aider ! Mais on a le temps de se faire une partie de Bavbulles avant ? »
James relève la tête, un sourire aux lèvres. Son frère a toujours su comment l'amadouer et cette fois encore il se laisse avoir.
« Bon d'accord, mais une seule partie alors ! ».
**
Une tête rousse passe par l'encadrement de la porte, les faisant tous les deux sursauter.
« Lily ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? » s'exclame James sous le coup de la surprise.
« J'ai entendu du bruit, » explique la fillette en frottant son nez contre son hippogriffe en peluche.
Elle s'approche d'eux, ses pieds nus frottant contre la moquette.
« Je peux jouer avec vous ? » elle demande d'une petite voix.
« Nan ! Tu connais pas les règles et tu perds toujours ! » s'agace James.
« Mais James ! S'il te plaît ! » insiste-t-elle.
« Chut ! Fais moins de bruit tu vas réveiller papa et maman ! » siffle le garçon entre ses dents.
Elle hausse les épaules et vient se blottir contre Albus.
« Allez James ! Elle peut faire une partie avec nous, au moins une ! » déclare-t-il.
« Bon d'accord, mais juste une ! »
**
Il y a du bruit dans le couloir mais Lily, Albus et James n'y prêtent pas attention. Le jour est levé depuis un moment déjà et ils sont toujours là, à disputer une partie de Bavbulles enflammée.
« Mais Lily ! Tu peux pas mettre ton pion là ! C'est interdit ! » râle James.
« Mais pourquoi ? J'en ai marre je peux jamais rien faire avec toi ! »
Albus ne les écoute pas. Il a arrêté de jouer quand James a triché pour la vingtième fois. D'un geste las, il tourne les pages du catalogue de commande de la boutique d'oncle George. Soudain son regard est arrêté par un article.
« Oh Merlin ! Ça... Ça c'est trop génial ! » il s'exclame en se levant d'un bond.
Il pousse quelques cris hystériques en se précipitant vers James pour lui montrer.
« Arrête de bouger ! s'énerve ce dernier. J'arrive pas à voir. »
Albus se calme un instant et James regarde ce qu'il lui montre. Aussitôt son regard s'illumine et un sourire malicieux se dessine sur son visage.
« Non mais t'imagines un peu tout ce qu'on pourrait faire avec ça ! Maman deviendrait carrément dingue ! » dit-il en gloussant.
« J'peux voir ? » réclame Lily en tendant le bras.
« Non ! s'exclame James en le lui arrachant des mains. C'est pas pour les morveux ça ! »
« Je vais le dire à maman que vous voulez faire exploser la maison ! » crie-t-elle en lui jetant un regard noir.
« Me dire quoi ? » demande Ginny en passant la tête par la porte.
« Maman ! » s'écrie Albus.
« Oh euh rien du tout... » feint James en cachant le catalogue dans son dos.
La femme fait une moue suspicieuse puis leur sourit chaleureusement.
« Bon, venez plutôt prendre votre petit déjeuner ! »
Aussitôt Lily s'élance vers la porte sans un regard pour ses frères. Sa mère la prend dans ses bras et elles s'éloignent toutes les deux. Les deux garçons rangent le jeu en silence lorsque soudain, James attrape le bras d'Albus.
« Al, j'ai une drôle de sensation. »
« Quoi ? »
« J'sais pas. C'est viscéral... J'te jure. »
« Nan mais arrête, t'es pas drôle. »
« Oh non ! Je sais ! On a oublié... » gémit James en se frappant le front de la main.
« Quoi ? » demande Albus soudainement inquiet.
« Bah, la fête des mères ! »
Albus écarquille les yeux.
« Mais … mais... on s'est levés tôt exprès. On allait lui amener le petit déjeuner au lit... fait-il d'une voix étranglée. On a pas pu oublier ça quand même. »
« Tout ça à cause de ton stupide jeu ! »
« Ah ouais ? C'est toujours de ma faute de toute façon ! »
« Bah ouais ! »
« Bah nan ! T'es qu'un gros naze ! »
James lui jette un regard assassin et se laisse tomber par terre.
« Oh la honte ! Maman va trop nous en vouloir ! »
Soudain il se lève.
« J'ai une idée ! »
Il se dirige vers son bureau, attrape une plume et un rouleau de parchemin et commence à écrire.
« Qu'est-ce que tu fais ? » demande Albus.
« Un poème. »
« Un poème ? se moque l'autre. Tu t'es pris pour le Choixpeau ou quoi ? » ricane-t-il.
« Pff, t'y connais rien. Ca plait trop aux filles ça ! »
« N'importe quoi ! »
« Si, c'est Charles qui me l'a dit. » explique James en faisant référence à son meilleur ami.
« Charles il pue et il a une grosse verrue sur le front. »
« Peut-être, mais je suis sûr que Charles n'a pas oublié la fête des mères lui au moins ! Bon allez, viens m'aider au lieu de te moquer ! »
Maman chérie d'amour
Toi qui est aussi belle que le jour
Qui par magie fait sortir des gâteaux du four
On a envie de te faire des mamours.
Hé non, ne dit pas « Au secours ! » (même pour rigoler)
Aujourd'hui c'est ta journée
Alors on va te le souhaiter :
Bonne fête des mères maman !
Tu es la meilleure maman du monde
(même si tu sais pas faire de gâteaux au micro-onde) (C'est Albus ça!)
Tu sens bon comme la rose
Et tu es si forte que tu fais jamais de pause
Tu brilles comme un arc-en-ciel
Et tu as de magnifiques cheveux vermeils.
On t'aimera toute notre vie
Même quand vous serez vieux ou au paradis
A partir d'aujourd'hui promis
On essaie d'être plus gentils
On mettra nos chaussons et on embêtera plus Lily (c'est juste pour faire la rime)
On t'aime maman chérie !
Bonne fête !
Vive Gryffondor ! (C'est James)
Lorsqu'elle finit de lire, Ginny essuya ses yeux embués de sa manche et serra ses garçons contre elle.
« Merci les garçons ! C'est génial ! »
« Maman ! Maman ! fit Lily en tirant sur son tee-shirt. C'est quand même mon cadeaux le plus beau, hein ? » dit-elle en ouvrant ses mains sur un collier de pâtes très coloré.
« Oh ma chérie ! Il est magnifique, s'exclame Ginny en se penchant pour le passer autour de son cou. Merci beaucoup ! »
En voyant ça, James donna un coup de coude à Albus.
« T'as vu Lily ? »
« Ouais, c'est rien qu'une fayotte. »