Le 31 octobre était un jour qu'Arabella Figg n'appréciait pas vraiment. Pas à cause de la fête d'Halloween en elle-même, mais plutôt à cause des habitants de la rue voisine. Les Dursley venaient avec leur fils de deux ans, Dudley, frapper aux portes des voisins pour récolter des bonbons. Mrs. Figg avait trouvé cette idée choquante. Depuis qu'il était né, ses parents lui donnaient constamment des sucreries. «Une idée absolument absurde» pensait souvent Mrs. Figg. A peine sorti du ventre de sa mère qu'on le gavait déjà de choses vraiment mauvaises pour lui. De toute façon, ces personnes n'avaient aucune idée de comment élever correctement un enfant. Il était déjà tellement gros qu'on avait l'impression qu'il essayait de concurrencer son père, lui aussi un homme costaud. De plus, cette moustache lui donnait un air tellement... moche. C'était horrible. Arabella Figg ne comprenait absolument pas la logique de ces personnes. Ce n'était pas possible d'être aussi idiots ! Apparemment si, vu l'exemple.
De plus, les chats de Mrs. Figg étaient très nerveux à cause de la pleine lune qui montait dans le ciel étoilé. Ils miaulaient à mort, crachaient, griffaient tous les meubles de la maison et étaient tout simplement insupportables. Cette fête d'Halloween ne s'annonçait pas sous les meilleures auspices...
Donc, après avoir donné des bonbons au petit Dudley, la vieille femme s'assit devant sa fenêtre et commença à penser à tout et à rien, n'ayant pas la tête pour faire grand chose d'autre. Le jeune Dursley semblait avoir pris du poids, tout comme son père d'ailleurs. Tel père, tel fils. Dans aucune autre famille cette affirmation n'aurait pu être plus juste. Par contre, Pétunia semblait encore plus maigre et plus frêle que d'habitude. Mrs. Figg avait toujours pensé qu'elle s'affamait, ou peut-être que Dudley lui prenait sa nourriture ? Arabella n'en savait rien, et préféra abandonner l'idée de réfléchir à ce sujet. Comprendre ces personnes s'apparentait à de l'héroïsme. Il fallait avoir un cerveau comme Einstein en personne pour résoudre cette énigme, et peut-être que même lui n'y arriverait pas. Le meilleur des psychologues, en se penchant un an non-stop sur le problème, n'y arriverait pas. En tout cas, selon l'avis de la vieille dame. Alors qu'elle contemplait le paysage derrière la fenêtre, les chats sautèrent sur ses genoux, continuèrent de miauler à mort, puis s'endormirent. Mais Mrs. Figg n'avait pas envie de dormir. Elle sentait qu'il y avait quelque chose, quelque chose de mauvais dans l'air. Elle fronça les sourcils. C'était une intuition, mais une intuition très forte. Elle avait beau n'être qu'une Cracmol, elle possédait un petit savoir en ce qui concernait la magie. Quelque chose de très mauvais allait avoir lieu, ou s'était déjà produit. Arabella pria pour qu'aucune des personnes qu'elle connaisse ne soit blessée ou pire. Elle fut tirée de ses réflexions par le feu vert qui s'alluma soudainement dans la cheminée. Et quel ne fut pas l'étonnement de Mrs. Figg lorsqu'elle vit sortir de sa cheminée Albus Dumbledore.
Ce dernier se dépoussiéra un peu, gardant la tête basse. Légèrement inquiète, la vieille dame se leva de son fauteuil et s'approcha doucement de l'un des plus grand sorciers de tous les temps. Celui-ci releva finalement la tête et les yeux de Mrs. Figg s'écarquillèrent de stupeur.
Les yeux de Dumbledore étaient rougis et boursouflés, comme s'il avait longuement pleuré. Le sourire qui ornait habituellement son visage avait disparu, à sa place se trouvait une fine ligne dont les extrémités étaient courbées vers le bas. Il avait le visage grave, ce qui amplifia l'intuition de Mrs. Figg. Il abaissa la tête aussitôt.
- Bonsoir Arabella, dit Dumbledore d'une voix méconnaissable, une voix rauque qui confirma les soupçons de la vieille femme. Elle prit les épaules de son vieil ami et tenta de comprendre la raison de l'état de l'homme. Ce dernier releva la tête et planta ses deux abîmes bleus dans le marron profond de la femme. Il parla à nouveau, d'une voix tremblante, tandis que des larmes se remirent à couler librement sur ses joues.
- Ils sont morts, Arabella, ils sont morts... Il semblait au bord de l'hystérie.
- Qui est mort, Albus, qui ? demanda Mrs. Figg, vraiment inquiète à propos du comportement de son interlocuteur.
- James et Lily, Arabella, James et Lily Potter. Ils sont morts, morts, MORTS ! hurla-t-il.
Pour Arabella Figg, à ce moment-là, le monde cessa de tourner. Le temps s'arrêta. Ses yeux semblaient prêts à sortir de leur orbite, sa bouche était entrouverte. Cela aurait pu être drôle si la situation n'était pas aussi grave.
La nouvelle résonna dans la tête d'Arabella. Serait-ce donc pour cela qu'elle avait eu un mauvais pressentiment ? Et personne n'était blessé. La réalité était bien pire que cela. James et Lily... morts ? Arabella ne voulait pas y croire. C'était tout bonnement impossible. Mais Albus n'aurait jamais menti sur un sujet pareil, encore moins pleuré. La vieille dame n'arrivait plus à réfléchir correctement. James et Lily... morts... Pourquoi ? Comment ? N'étaient-ils donc pas protégés par le sortilège de Fidelitas ? Pourquoi a-t-il failli ? Qui les avait dénoncés ? Mais Arabella était dans l'incapacité de formuler oralement ses questions. De plus, elle ne voulait pas obliger Albus à tout lui raconter, pas maintenant... James et Lily...
Soudainement, Arabella eu l'impression de recevoir une gifle. La question la frappa en plein fouet, et celle-ci n'eut aucun mal à franchir les barrières de ses lèvres.
- Et le petit Harry, Albus, Harry ? demanda Arabella, hurlant presque, et secouant Dumbledore par les épaules.
- Il... Il est vivant, répondit-il. Le secouement violent de Mrs. Figg sembla lui remettre les idées en place.
- Mais où est-il ? hurla à nouveau la vieille femme, devenant à son tour hystérique.
- Hagrid est parti le chercher.
- Mais que va-t-il advenir de lui, Albus ? demanda Arabella, les yeux embués de larmes.
- Je... Je ne sais pas... murmura Dumbledore après un petit silence.
Ils restèrent tous les deux debout, sans bouger, Arabella agrippant toujours les épaules de Dumbledore.
- Je pense que je vais l'emmener à Poudlard jusqu'à ce que je décide de la suite, dit finalement le vieillard.
Arabella le regarda pendant un instant, puis, lentement, hocha la tête. Albus parti, Arabella retomba lourdement dans son fauteuil, les émotions de cette soirée lui pesant sur ses vieilles épaules frêles, et essaya de mettre de l'ordre dans ses pensées.
Ainsi Lily et James étaient morts, mais Harry avait survécu. Lily et James, ils étaient mariés depuis si peu de temps ! Arabella était venue à leur mariage. Une célébration bien modeste en somme, mais vraiment sentimentale. Cette union pendant ce temps de guerre avait réussi à détendre pendant un court instant tout le monde, même Albus. Et maintenant...
Jusqu'à ce que la Mort les sépare, mais même elle n'avait pas su les séparer. Ils étaient morts ensemble. Si jeunes... Arabella ne savait même pas qui les avait tués. Mais ce qui était sûr, c'était qu'elle irait à leur enterrement, pour leur rendre un dernier hommage.
Et Harry... Le cœur de la vieille femme se serra. Le pauvre enfant n'avait connu ses parents qu'une année, et il ne s'en souviendrait même pas. Orphelin, voilà ce qu'il était désormais. Un pauvre orphelin trahi par la vie, qui ne connaîtrait jamais ses parents, la joie que cela procurait de vivre dans une famille aimante. Jamais il ne saurait...
Et Arabella pleura. Elle pleura ses amis, elle pleura Lily Potter née Evans, elle pleura James Potter, et elle pleura Harry Potter. Elle pleura les jeunes mariés qui n'avaient pas vécu assez longtemps pour voir leur unique enfant grandir, devenir un homme, recevoir ses diplômes, obtenir un travail. Elle pleura l'orphelin, elle pleura son triste sort. Mais à travers les larmes, elle se fit une promesse. Elle se promit qu'importe ce qu'Albus déciderait de faire quant au bébé, elle serait là. Elle le protégerait, comme une mère, une grand-mère. Elle le regarderait grandir, devenir un homme, recevoir ses diplômes et obtenir un travail. Elle deviendrait sa grand-mère. Et elle le protégerait.
Car Arabella Figg n'était pas une simple vieille folle aux chats. Elle n'était pas juste une vieille femme qui habitait seule dans sa maison. Arabella Figg était infiniment plus. Elle connaissait un monde magnifique, avec des personnes pleines de bonté. Elle connaissait un monde magique. Le monde magique. Le monde auquel Harry appartenait. Son monde, et il en connaîtrait tout. Il saurait qui étaient ses parents, à quel point ils furent des personnes merveilleuses. Tous les sorciers qui avaient eu la chance de pouvoir les côtoyer personnellement lui affirmeraient que cela fut un honneur et un privilège pour eux. Une statue serait érigée à leur effigie, à la leur et à celle du petit Harry, Arabella y veillerait personnellement. Ils méritaient cela. Et elle ferait découvrir ce monde à celui qui deviendrait son petit protégé. Elle le regarderait, lui sourirait, l'aiderait, et le protégerait. C'était sa mission désormais. Elle était devenue la Protectrice.
Et jamais Arabella Figg n'avait eu tant raison.
Note d'auteur :
Voici donc ma réponse pour le concours "31 octobre 1981 : jour de fête" organisé par kiwxi. Les contraintes étaient:
- Le texte devra faire minimum 1 500 mots et ne doit pas excéder les 20 000 mots (ce qui devrait vous laisser de la marge).
- Le texte devra être tout public.
- Les OCs sont acceptés.
- En ce qui concerne les personnages canon, bien évidemment vous ne pourrez pas choisir un de la next génération, ni même de l'année de Harry bien sûr ! Tous personnages en âge à cette date là de se rendre compte de ce qu'il se passe et de s'en souvenir peut être choisi. (exemple : vous pouvez prendre Pery Weasley, mais évitez Neville). Les tableaux peuvent être utilisés aussi.
- L'action doit donc se dérouler durant la journée suivant la disparition de Voldemort (c'est-à-dire dès que l'information se répend le 31 octobre). Pour certains personnages, cela peut bien évidemment commencer avant (je pense là à par exemple Sirius Black, Dumbledore, ou encore Hagrid). Il se peut d'ailleurs que certains mangemorts furent au courant durant la nuit, allez savoir ...
- Une participation par personne.
- Vous avez jusqu'au 31 octobre 2013 minuit, ce qui vous fais environs quatre mois. Les votes commenceront le 7 novembre.
- Les participations en Hors-Concours sont bien évidemment acceptées
Voilà, bonne lecture!
Note de chapitre:
Disclaimer: Les personnages (malheureusement) ne m'appartiennent pas, ils appartiennent à JKR.
Je remercie tout spécialement Crystallina d'avoir corrigé mon texte et plus encore: de l'avoir amélioré!
Note de fin de chapitre :
Voilà, qu'est-ce que vous en pensez?
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