Hi!
J'avoue, je confesse, j'ai toujours eu du mal avec les textes qui dépassent les 100 mots. Mes drabbles et ma poésie me suffisent pour être heureuse. o/
Mais là, c'est spécial, c'est Noël, c'est faire plaisir et j'espère que c'est le cas pour cette OSounet sur Regulus.
Enjoy and Merry Christmas!
Il ne lui restait plus qu'à se faire une nouvelle tasse...
Avec un soupir agacé, Regulus referma son livre de magie et descendit les marches des escaliers deux à deux. Kreattur était avec son père jusqu'à ce soir, avant de devoir repartir. Avant de repartir...
Inconsciemment, il s'était crispé à la rambarde. Ce soir, le Seigneur des Ténèbres emmènerait avec lui un elfe de maison, dans le plus grand des secrets. Pourquoi cela le perturbait-il autant? Pourquoi avait-il ce mauvais pressentiment qui lui glaçait l'échine?
Une fois dans la cuisine, il réalisa qu'il n'avait strictement aucune idée de comment on pouvait bien faire du café. Kreattur lui en avait préparé un avant de partir, comme toujours. Bon, s'il n'avait plus le choix, il n'avait qu'à sortir.
Sur le chemin inverse, il croisa sa mère, qui le salua sèchement.
- Regulus Arcturus.
- Mère.
Une vague grimace agita les plis de son visage pincé. Peut-être essayait-elle de sourire? Lorsque Walburga Black souriait, Regulus le savait, ce n'était jamais de bon augure.
- Regulus, votre père et moi-même tenions à ce que vous sachiez à quel point nous sommes fiers de vous. Vous investir ainsi contre ces Sangs-de-Bourbe et ces... animaux qu'ils défendent représente un grand honneur pour notre famille.
- Bien, Mère. Je ferais mon possible pour faire la fierté des Black.
Elle le scruta encore un instant de ses petits yeux froids, puis se détourna et continua son chemin. Tant mieux. Regulus ne se sentait pas vraiment l'envie de subir le discours hautain de la vieille Walburga, à propos de toutes ces créatures inférieures qu'il fallait éliminer de la surface de la terre. Pas maintenant.
Il récupéra sa veste, ordonna un peu sa chambre d'un coup de baguette et ferma à clé en sortant. Puis réalisa qu'il n'avait nul part où aller sur le Chemin de Traverse, où tout avait fermé. A cause de la guerre. Quelque part, c'était un peu de sa faute à lui aussi.
Mais il en avait besoin, il fallait qu'il se réveille un peu, qu'il réfléchisse! Tout s'embrouillait dans sa tête ces derniers jours, entre ses remords, le discours extrémiste de ses parents et ses cauchemars. C'était ça, le pire. Se réveiller en sueur la nuit à cause de ces visages désespérés, ces paroles suppliantes qui tournaient en boucle dans sa mémoire. Bien sûr qu'il aurait pu les aider.
Seulement, Regulus ne voulait pas mourir. Il avait choisi de rejoindre le Seigneur des Ténèbres, il devait en subir les conséquences. Cela ne lui déplaisait pas, au début. Il se sentait à l'égal d'un dieu. Il avait le droit de vie et de mort, il décidait de ce qui était juste et droit.
Mais un jour, on avait tenté de le tuer. Regulus se souvenait encore de la pression du pied sur sa gorge, sa baguette désespérément hors de portée tandis qu'on prononçait le début de la formule de mort. Il avait compris ce que ressentaient ses victimes. La peur, la peur absolue de mourir, si forte qu'il aurait voulu en pleurer.
Il était si jeune. Trop. Comme tous les autres.
Tant pis pour les nobles valeurs et le sang pur. Il n'allait qu'à aller du coté Moldu. De toute façon, c'était déjà trop tard, il avait déjà fauté et le Seigneur des Ténèbres doutait déjà de sa fidélité.
Il avait cette idée fixe qui chassait toutes les autres. Peut-être aussi parce que ça lui évitait de penser. Ca faisait taire les voix des Black dans sa tête qui lui répétaient que les Moldus n'étaient rien de plus que des rats, ça faisait taire le rire de Sirius et ça faisait taire Bellatrix qui chantait encore "Tue-le" dans ses rêves.
Regulus oubliait, pendant quelques instants, pourquoi sa tête lui faisait si mal et il savourait l'amertume de son café.
Parfois, il oubliait aussi que c'était la guerre, et cela le rendait heureux.
Mais dans le café moldu, là, il y avait son frère. Il entendait sa voix, il aurait pu la reconnaître entre mille.
Et Sirius riait, cet imbécile. Il se moquait éperdument du danger qui planait au dessus de sa tête, des Mangemorts qui le recherchaient pour lui faire payer tous ses affronts. Avery, Mulciber, Rosier, Macnair et tous les autres. Ils étaient ses amis, autrefois, et ils avaient fait les frais de la bande de Potter. Un peu, qu'ils voulaient se venger!
Pourtant, Sirius se croyait au dessus des autres, comme toujours, lui était intouchable, immortel, évidemment, il fallait bien cela.
Pendant un court moment, Regulus se demanda ce qu'il se passerait si jamais il venait à affronter son frère en face à face. Il ne pourrait pas le tuer, c'était certain. Quelqu'un d'autre le ferait à sa place et on le traiterait de lâche. Bien sûr qu'il était lâche. Mais il avait beau haïr Sirius, il restait son frère, et son frère n'était pas n'importe qui.
Enfin, une serveuse déposa le café sur la table avec un joli sourire. Elle était bien brave, elle, à lui sourire alors qu'il avait l'air d'être presque mort. Des jours que Regulus ne dormait plus, la tête dans l'oreiller pour étouffer les cris à l'intérieur de son crâne. Lorsque, épuisé, il somnolait enfin, ses rêves étaient remplis de monstres et de visages pleins de pitié.
Il avait peur de dormir.
Mais là, ça irait mieux, maintenant qu'il avait son café. Il n'avait plus qu'à le boire, profiter de la saveur amère sur sa langue qui le tiendrait éveillé encore quelques heures. Peu importait Sirius, tant qu'il ne le remarquait pas, là, à quelques tables de lui. Regulus s'appuya contre le dossier de sa chaise et avala une gorgée.
"Ça ira mieux demain", il se répétait en boucle. Du moins, il l'espérait, parce que c'était déjà ce qu'il s'était dit hier.
- Regulus?
Quelque part, il s'y était un peu attendu. Evidemment que son frère n'allait pas pouvoir passer sans le voir. C'était comme ça, une sorte de malédiction. Plus il détestait quelqu'un, plus il le croisait, c'était inévitable. Un peu comme un aimant.
Regulus leva lentement les yeux et reposa sa tasse sur la table.
- Sirius.
- Mais qu'est-ce que tu fiches ici? De ce côté de la ville?
Après un rapide coup d'œil, il ajouta un peu moins fort:
- Chez les Moldus?
Regulus ne répondit pas, buvant une autre gorgée de café.
- Qu'est-ce que tu viens faire là, Reg? Tu viens chercher une victime pour tes copains Mangemorts? Un autre innocent à torturer?
- Tu ne sais rien, répliqua t-il avec férocité. Mais tu fais quand même le fier, comme toujours! Tu veux qu'ils viennent se battre avec toi parce que le grand Sirius gagne à chaque fois!
- Alors c'est moi que tu veux? C'est mon tour, c'est ça?
Sirius attrapa son frère par le col de sa veste, le visage à quelques centimètres de Regulus.
- Allez, viens m'attraper, Reg, je sais que tu n'attends que ça!
Il se dégagea de l'emprise de Sirius et lui lança son regard le plus noir.
- Pauvre crétin! Si le Seigneur des Ténèbres en a après toi, tu n'as aucune chance! Tu devrais fuir pendant que tu le peux encore!
- Ah ouais? Mais moi, je ne suis pas un trouillard, je ne m'enfuis pas pendant que les autres sont en danger! Quel genre de personne pourrait bien faire ça, Reg? Je me demande!
Regulus balança son poing dans la figure de son frère. Il avait dépassé les bornes. Il n'avait pas le droit de lui dire ça, il ne savait pas, il ne savait rien de ce qu'il vivait. Sirius se tourna vers lui, la main sur sa joue endolorie et répliqua avec violence.
Alors que Regulus se redressait, pressant son nez qui avait émis un vilain craquement, un homme à l'air mauvais les empoigna par le bras et les mit à la porte en beuglant des phrases incompréhensibles, mais probablement peu amicales.
Sirius eût un drôle de sourire, qui disparut lorsqu'il vit que son frère le regardait fixement. Il détourna les yeux et rajusta sa vieille veste élimée.
- Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas chamaillés comme ça!
Regulus ne répondit pas, le regard dans le vide.
- Salue les vieux de ma part, mon petit Reg, et n'oublie pas d'aller faire une bise à ton Lord pour moi!
Il lui mit une grande claque dans le dos, lui lança un dernier regard un peu triste et lui tourna le dos. Regulus soupira et regagna une petite ruelle pour pouvoir transplaner. Il n'avait jamais compris son frère, et ce n'était pas maintenant que cela allait arriver.
Chassant ce moment désagréable et son café gâché de son esprit, Regulus se concentra sur sa préoccupation première: Kreattur allait partir ce soir avec le Seigneur des Ténèbres. Il ne voulait même pas imaginer ce que son elfe allait subir, et ce que lui-même allait subir si jamais Kreattur échouait.
Cela faisait un moment qu'il pensait à s'enfuir, mais maintenant était venu le bon moment. Il avait déjà tout prévu, le bateau, son sac, où aller pour ne pas être retrouvé. Son maître avait des doutes à propos de sa fidélité, les autres Mangemorts le considéraient avec méfiance et il allait sûrement finir tué dans les prochaines semaines.
Regulus n'avait jamais été brave, courageux ou prêt à mourir pour une cause qui en valait la peine à ses yeux. Non, il était un Serpentard, il avait peur de mourir et il voulait être libre. Il détestait la guerre et la mort; tout ce qu'il voulait, c'était sa magie, ses livres et son café.
Son dernier café.
Merci bien d'avoir lu!