Depuis qu’il avait obtenu le poste d’attrapeur, Cédric attendait cette confrontation avec impatience. Il avait eu le temps d’étudier le jeu de Potter. Les années passées il n’avait jamais laissé le vif d’or lui échapper, il serait intéressant de se mesurer à lui. Or, il était contrarié, il n’avait appris qu’il devait jouer cette rencontre que trois jours plus tôt. Il n’était pas prêt pour ce match contre Gryffondor, et par-dessus le marché il faisait un temps exécrable.

Dès le début du match il remarqua que son adversaire ne volait pas au mieux de ses capacités, il était plus lent et moins audacieux que d’habitude. Lorsqu’il le vit essuyer ses lunettes d’un geste rageur Cédric comprit que les gouttes de pluie sur ses verres devaient grandement gêner sa visibilité. Cette constatation le contraria, il ne voulait pas profiter d’un tel avantage, ce n’était pas juste… Ce n’était pas équitable.

Après le temps mort demandé par Gryffondor, Potter semblait avoir trouvé une solution, il était de nouveau plus vif, plus alerte, plus téméraire. Cédric sourit, il pouvait maintenant se donner à fond lui aussi, sentant qu’ils étaient à armes égales ou presque. Certes son adversaire était plus rapide, mais avec ce vent à décorner les licornes son propre poids était un atout, lui apportant une stabilité dont ne pouvait bénéficier le plus jeune.

Lorsque le vif d’or fit son apparition les deux joueurs réagirent simultanément, ils furent rapidement au coude à coude, personne dans les tribunes n’auraient pu dire lequel avait les meilleures chances, la rapidité de l’un face à la stabilité de l’autre. Cédric était ravi, depuis le temps qu’il espérer se mesurer à Harry Potter, le-garçon-qui-n’avait-jamais-perdu-le-vif-d’or, leur duel était à la hauteur de ses espérances.

Tout à sa joie, Cédric ne remarqua pas Potter perdre de la vitesse, il ne sentit pas le froid, il ne fut pas assailli par les mauvaises pensées. Il ne voyait que le vif d’or si près de ses doigts. Sa main se referma sur la balle, il entendit madame Bibine siffler la fin de la rencontre en même temps une clameur générale.

Il vit alors son adversaire tomber de son balai, la chute était vertigineuse. Après un instant de tétanie il prit la décision de descendre en piquet pour tenter de rattraper Potter, mais il avait beau libérer toute la vitesse de son balai, il n’arrivait pas à le rejoindre. La voix de Dumbledore retentit et la chute fut ralentit. Cédric vit Potter se poser un peu durement sur le sol, mais le choc fut moins violent que ce que l’on pouvait craindre. Cédric fut soulagé, il regagna lui aussi le sol, madame Bibine était déjà auprès de Potter, les joueurs de Gryffondor vinrent rapidement auprès du blessé. Il vit Olivier Dubois partir rapidement à l’infirmerie pour quérir madame Pomfresh.

Lui resta pantois, sa joie d’avoir gagné le match était refroidie par la blessure de son adversaire. Il pensait avoir gagné à la loyal, mais visiblement ne n’était pas le cas. Il n’avait fait que profiter de la faiblesse de son adversaire, du moins c’était le sentiment qui l’animait en cet instant. Ses équipiers arrivèrent auprès de lui. Ils comprirent rapidement ce qui contrariait leur capitaine, ils auraient tous eu le même sentiment. Cette victoire n’en était pas une pour leur cœur de Poufsouffle.

Lorsque madame Pomfresh arriva pour prendre soin de Potter, madame Bibine se recula pour ne pas gêner l’infirmière et intima aux autres joueurs de Gryffondor de faire la même chose.
Cédric s’approcha d’elle pour lui demander de rejouer le match, mais elle refusa, la victoire étant régulière. Cédric n’était pas de cet avis, il avait le sentiment d’avoir profité du malaise de son camarade, certes, il n’en avait pas eu conscience, mais le fait était là, s’il avait attrapé le vif ce n’était pas parce qu’il avait été meilleur que son adversaire, c’est par ce que son adversaire avait été affecté par les Détraqueurs. Cette victoire n’en était pas une, lui qui voulait se mesurer au meilleur attrapeur de Poudlard, ne savait toujours pas ce qu’il valait réellement. Sa victoire avait un goût amer.