Hermione Granger poussa un soupir de soulagement en sortant de la salle de réunion où elle avait passé quatre heures avec les représentants de la justice magique du Congo pour déterminer les conditions détaillées de la nouvelle loi concernant l’extradition des prisonniers sorciers entre les deux pays. Elle n’en pouvait plus et n’espérait qu’à prendre un délicieux déjeuner dans un petit restaurant typique du coin et à occuper l’après-midi à une petite sieste puis à lire. Ce serait parfait après avoir eu la satisfaction d’avoir bien travaillé.
Mais en revenant au petit bureau qui lui avait été attribuée, elle comprit que ce ne serait pas aujourd’hui qu’elle vivrait son moment de rêve en constatant la présence d’un hibou dans une cage de fortune visiblement installée là par son assistante, Viviane, une personne très compétente qui avait accepté de l’accompagner pour ce voyage. Elle se trouvait assise à consulter des dossiers et releva la tête quand Hermione entra dans la pièce. Fronçant les sourcils, elle se tourna vers la cage.
- Ce hibou est arrivé pendant la réunion. Comme vous avez demandé à ne pas être dérangée, j’ai préféré le mettre dans cette cage pour éviter qu’il ne s’énerve et abîme quelque chose.
- Vous avez bien fait, Viviane, merci beaucoup.
Hermione alla voir le hibou pour prendre la lettre et s’aperçut qu’il ne repartait pas. Il attendait visiblement une réponse. Ne s’offusquant pas de la conduite de la créature, Hermione alla s’asseoir au bureau devant Viviane et commença la lecture de sa lettre, pâlissant de plus en plus au fur et à mesure qu’elle avançait dans sa lecture. Les nouvelles que la missive lui portait étaient loin d’être excellentes. En fait, c’était totalement le contraire. Elles étaient plus qu’alarmantes.
Chère Miss Granger,
J’espère que ma missive vous trouvera en bonne santé. Je me dois de vous avertir que ma fille, Elisha, est mourante. Enceinte, elle est sur le point d’accoucher et a demandé à vous voir. Je vous prie d’arriver le plus vite possible car je crains qu’elle ne passât pas encore beaucoup de temps parmi nous.
Bien à vous.
Lenelia Gryver.
Hermione porta une main à sa bouche. Elle connaissait très bien Elisha. Quand elle était sortie de Poudlard, Hermione avait tout-de-suite intégré le Département de Justice Magique du Ministère de la Magie. Pendant un temps, Ron et elle avaient profité de leur amour naissant. Et tout doucement, tout aussi tranquillement que leur idylle était venue, elle s’était envolée. Quand ils avaient compris qu’ils s’ennuyaient ensemble et que continuer ne leur apporterait pas le bonheur, ils avaient décidé de se séparer.
Au début, ça n’avait pas changé grand-chose. Les Weasley, et Ron lui-même, étaient toujours charmants avec Hermione qui ne loupait aucun évènement familial. Harry et elle étaient toujours aussi amis. Néanmoins, la proximité de Ron n’était pas facile et quand son travail lui offrit la possibilité de devenir ambassadrice du Département de la Justice Magique à-travers le monde, elle n’avait pas hésité une seule seconde. Sa première affectation avait été en France où elle avait rencontré Elisha Gryver.
Elysha avait deux ans de moins que Hermione et avait, elle aussi, effectué sa scolarité à Poudlard, mais à Serdaigle. Elle avait décidé ensuite d’aller travailler en France afin de devenir bilingue et s’était ainsi retrouvée dans le Département de la Justice Magique Français. Hermione avait apprécié le côté simple et studieux d’Elisha et elles étaient devenues de grandes amies. Durant ses passages en Angleterre où elle rendait visite à tout le monde, Hermione fit également la connaissance de Lenelia, la mère d’Elisha et de Jenson, son père. Quand Jenson mourut, Elisha demanda à être mutée en Angleterre afin de pouvoir veiller sur sa mère et Hermione et elles ne se virent plus qu’aux trop rares passages de la jeune femme en Angleterre. Hermione ne savait même pas que la jeune sorcière allait avoir un bébé.
- Viviane, je dois rentrer en Angleterre de toute urgence. Pourriez-vous me réserver un Portoloin ?
- Bien entendu, je m’en occupe tout-de-suite.
Tandis qu’elle se préparait au départ, Hermione ne pouvait s’empêcher de songer à son amie, de se demander si elle allait bien, dans quel état elle se trouvait et si elle survivrait jusqu’à son arrivée. Elle griffonna une réponse rapide pour le hibou qu’elle renvoya, attention bien inutile selon elle car elle arriverait probablement avant le hibou. Dès que Viviane lui annonça que le Portoloin était prêt, Hermione la suivit à l’extérieur.
En sortant de la zone de Portoloin de Londres, Hermione se précipita vers Sainte-Mangouste en priant Merlin pour que le pire ne fût pas arrivé. Malheureusement, l’air attristé avec lequel l’accueillit Lenelia lui fit aussitôt comprendre qu’Elisha était partie.
- Elle est partie il y a seulement dix minutes. Je suis désolée.
Mais Hermione secoua la tête.
- Vous n’avez aucune excuse à formuler. Le hibou n’aurait pu arriver plus rapidement. Et moi non plus.
- Elle m’a dis ce qu’elle souhaitait… avant de mourir. Elle voulait que vous l’adoptiez, Hermione. Son bébé. Est-ce que… vous le feriez ? Pour Elisha ?
- Bien… bien-sûr ! Puis-je la voir ?
Hermione ne réfléchit même pas. Elisha était sa meilleure amie. Lenelia lui apprit aussi qu’elle l’avait désignée marraine de l’enfant. Hermione était déterminée à assurer la responsabilité que la morte lui avait confiée. Lenelia entraîna Hermione vers la salle où elle put apercevoir le bébé, une petite fille.
- Elle est magnifique. Comment l’a-t-elle appelée ?
- Aquaria.
- Aquaria, Aquaria, n’essaie pas d’arracher la tête de James, s’il te plaît, il risque d’en avoir encore besoin !
Hermione sourit à la fillette qui se trouvait avec son meilleur ami James Potter, entouré de leurs camarades, en train d’essayer de s’étriper. Aquaria lâcha James et se tourna vers sa mère.
- Mais, Maman, tu comprends, James et moi on est des catcheurs. Il faut bien qu’on se batte.
- Et qu’en dit Oncle Harry ?
Les enfants éclatèrent soudain de rire et Hermione regarda derrière eux pour en comprendre la cause. Elle vit rapidement de quoi il était question. Dans l’immense bac à sable qu’elle avait installée au fond de son jardin, son chat, Pattenrond reniflait avec curiosité la tête de Harry, allongé et complètement immobilisé par la quantité de sable que les enfants avaient placé sur lui. Arrêtant momentanément de suçoter son doigt couvert de sauce préparée pour les pâtes et légèrement trop salée, Hermione se tourna vers Ginny Potter, occupée à les faire cuire.
- Tu accepterais d’aller délivrer ton mari ? Je peux parfaitement surveiller la sauce et les pâtes en même temps, mais je ne peux dans le même temps aller le secourir.
- Je m’en occupe, répondit Ginny en riant.
Harry arriva un instant plus tard en annonçant qu’il allait prendre une douche à l’étage. Heureusement, en prévision d’un évènement du style, qui n’avait rien d’étonnant quand on avait affaire à une bande d’enfants de cinq ans, Harry avait prévu des vêtements de rechange. Hermione sourit à Ginny et retourna à la cuisine. Elle était en train de mettre les pâtes dans un saladier avant d’y verser la sauce quand la sonnerie de la porte retentit. Hermione se tourna vers Ginny.
- Tu veux bien nourrir les enfants ? J’arrive.
- Bien-sûr.
Hermione s’avança vers la porte d’entrée en se demandant qui pouvait bien lui rendre visite. Le Département de la Justice Magique lui envoyait parfois des personnes à domicile pour des entretiens, mais elle avait bien expliqué qu’aujourd’hui était l’anniversaire d’Aquaria et qu’elle ne voulait voir personne. Mais il y avait parfois des urgences. Toutefois, elle avait l’intention d’expliquer poliment à l’arrivant la situation en lui demandant de repasser le lendemain. Une petite journée ne ferait sûrement pas de différence. Ses pensées s’interrompirent soudainement quand elle reconnut la personne qu’elle avait devant elle.
- Malefoy !
- Salut, Granger, répondit Drago Malefoy sans aucune émotion.
Hermione fit un effort pour combattre sa stupéfaction et reprendre le contrôle. Que la personne qu’on lui avait envoyée fût un ancien camarade d’école, que par ailleurs, elle détestait particulièrement, ne devait avoir aucune conséquence sur son professionnalisme.
- Ecoute, je ne sais pas pour quelle raison le Ministère t’a envoyé ici aujourd’hui, mais…
- Ce n’est pas le Ministère qui m’envoie, coupa Drago.
Un sentiment de malaise envahit soudainement Hermione, sans qu’elle pût parvenir à en déterminer la cause. Sur ce, Aquaria surgit derrière elle, provoquant un sentiment de panique dans le cœur de l’ancienne Gryffondor, en particulier quand elle observa le regard de Malefoy en présence d’Aquaria.
- Maman, Tante Ginny dit que tes pâtes vont refroidir.
- Entendu. Va dire à Tante Ginny que j’arrive.
- Mais…
- Maintenant, s’il-te-plaît, Aquaria.
Alors qu’Aquaria repartait en courant, Hermione rencontra de nouveau le regard de Malefoy qui la suivait du regard.
- Elle est mignonne, dit-il pensivement.
- Va-t-en d’ici, Malefoy ! s’écria Hermione, dans un début de panique.
- Non, je ne m’en irai pas maintenant. Je suis venu voir Aquaria et je ne repartirai pas avant de lui avoir parlé.
- Non ! Je refuse.
- Pourtant, c’est mon droit !
- Non, s’exclama encore Hermione.
- Je suis…
- Non, répéta Hermione de façon plus suppliante.
- Le père d’Aquaria.
- Drago ! Drago !
Drago Malefoy releva la tête et croisa le regard de Pansy Parkinson, sa meilleure amie et son assistante au Département des transports magiques. Pansy était sa confidente depuis longtemps et elle avait été la première à apprendre l’existence d’Aquaria après le détective privé et lui-même. Elle lui avait également choisi un avocat.
- Désolé, Pansy, je pensais à autre chose.
- Tu pensais à Aquaria.
- Je suis… je suis allée la voir chez Granger.
- Tu es allée la voir ? Alors que l’avocat t’avait bien conseillé de le laisser faire ?
- Je n’ai pas pu résister.
Drago s’attendait à ce que Pansy se fâche. Elle avait toujours été d’excellent conseil et elle lui avait précisément suggéré de suivre la procédure entreprise par l’avocat. Or, il n’en avait rien fait. Après lui avoir signifié sa façon de penser, elle passa soudainement de la colère au sourire.
- Alors, comment elle est ?
- Adorable. Elle a les yeux de ma mère. Et puis mes oreilles. Mais pour le reste, c’est Elisha. C’est tellement Elisha.
- C’est chouette. Et Granger, comment elle a réagi ?
- Elle était affolée, tu parles. Cette fille, elle panique tellement vite. Elle a apparemment très peur que je lui prenne sa fille. Mais c’est la mienne. Elle est d’un ridicule, elle ne pourra pas gagner.
- Tu es bien cynique.
- Parce que tu crois que je vais avoir pitié de cette fille ?
- C’est la femme qui a élevé ta fille. Tu te rends quand-même compte que tu ne vas pas pouvoir l’éloigner définitivement.
Drago ne dit rien, mais il regarda dans le vide en songeant à Hermione Granger. Il ne comprenait pas vraiment comment Elisha avait pu la choisir comme marraine. Il secoua la tête et se tourna de nouveau vers son amie.
- Je ferai annuler l’adoption, c’est décidé.
- Alors Drago Malefoy est le vrai père d’Aquaria.
Après la visite de Malefoy, Hermione avait assuré comme elle l’avait pu la fin de l’anniversaire, puis elle avait demandé à Harry de prendre Aquaria chez lui pour pouvoir discuter de tout cela tranquillement avec Ginny.
- Oui. Il semblerait que oui.
- C’est bizarre qu’il ait attendu autant de temps pour revendiquer sa paternité.
- Il n’était pas au courant. Il semblerait que Lenelia ait bloqué le hibou que Elisha lui destinait, probablement pour que j’adopte Aquaria. J’imagine que Lenelia ne devait pas l’aimer beaucoup.
- Lenelia ? La grand-mère d’Aquaria ?
- Oui, elle est morte il y a quelques semaines et en faisant le tri de ses affaires, les gens des pompes funèbres ont trouvé la lettre et l’ont envoyé à Malefoy. Il a engagé un détective privé et nous a retrouvées. Et maintenant, il veut récupérer Aquaria.
Ginny tenta de réconforter Hermione en lui démontrant tout à la fois la légitimité des revendications de Drago et l’improbabilité que d’éventuels juges retirent une enfant à la femme qui l’a élevée pendant cinq ans. Mais Hermione était terriblement inquiète pour sa petite fille. Si Drago obtenait ne serait-ce qu’un droit de visite, il allait pouvoir lui inculquer toutes sortes de pensées racistes et pro Sang-Pur qu’elle détestait, elle qui avait pris soin d’élever sa fille dans une pensée de tolérance absolue.
- Je refuse de laisser Malefoy s’approcher de ma fille !
Dans les jours qui suivirent, Hermione, comme Drago, avait pris un avocat pour défendre ses intérêts concernant la petite fille. Hermione eut par ailleurs la désagréable surprise de croiser Drago Malefoy plusieurs fois quand elle était avec sa fille, ce qui eut pour conséquence des questions sur la raison de sa présence dans les parages et principalement, elle se demanda s’il la suivait. Après avoir accepté de présenter Aquaria au jeune homme en le présentant comme un ancien camarade de classe, elle avait refusé que l’enfant eût le moindre contact avec elle, ignorant les avertissements de Harry, Ginny et de son avocat. Elle se montra même méprisante avec le jeune homme.
Drago, de son côté, n’était pas non plus très aimable envers la jeune Gryffondor. Après qu’elle eût éloigné Aquaria, la première fois qu’ils s’étaient revus, il lui avait singulièrement conseillé de ne pas se mettre en travers de son chemin, car il avait l’intention de faire annuler l’adoption. Elle l’avait regardé de haut et avait fait comme si la menace ne la touchait pas. Le Serpentard, ambitieux et fier, ne put supporter d’être ainsi pris de haut par cette gamine et le résultat ne se fit pas attendre.
- Il a obtenu de voir Aquaria deux heures par semaine, tous les samedis, je n’ai rien pu faire, c’est une décision du juge, expliquait l’avocat d’Hermione au téléphone.
- Il n’est pas question que je laisse ce Serpentard de malheur seul deux heures avec Aquaria ! Dieu seul sait ce qu’il pourrait lui mettre dans la tête !
- Je vais essayer d’obtenir que tu puisses être présente, mais je ne peux pas l’imposer, tu le sais.
Et quelques heures plus tard, la sentence tomba. Un refus.L’avocat de Drago Malefoy avait signifié très clairement à celui d’Hermione qu’il était tout à fait inenvisageable qu’elle impose sa présence au père et à la fille. Résignée, Hermione appréhenda avec encore plus de frayeur l’arrivée prochaine du samedi.
Hermione avait décidé d’avouer à Aquaria la vérité à-propos de Drago Malefoy avant qu’elle restât seule avec lui pendant deux heures. La fillette n’aurait pas pu comprendre que sa mère la laissât seule avec un parfait inconnu, car elle n’avait, jusque là, jamais rien fait de tel. Aussi, alors qu’elle était en train d’habiller sa fille avec sa jolie petite robe du dimanche, entama-t-elle la conversation.
- Tu sais, Aquaria, aujourd’hui, tu vas aller te promer avec Drago Malefoy, tu sais, mon ancien camarade de classe.
- Ah oui ! Il est gentil, on dirait.
- Oui, eh bien, s’il va passer du temps avec toi, dorénavant, c’est pour une bonne raison.
- Ah oui, pourquoi ?
- Parce que… Eh bien parce que… Parce que c’est ton papa, Aquaria !
Hermione observa sa fille attentivement qui était devenue toute pensive après sa révélation. Mais la question que lui posa la fillette ne fut pas une de celles auxquelles elle s’attendait.
- Alors, il va venir vivre avec nous ?
- Heu… pas tout de suite, ma chérie. Mais tu vas le voir tous les samedis, et vous ferez connaissance. Et puis après, on verra !
Aquaria parut alors particulièrement enchantée que sa maman lui ai mis sa plus jolie robe pour sortir et elle était impatiente d’aller se promener avec son papa. Quand Drago sonna à la porte, Hermione alla ouvrir, un peu gênée.
- Bonjour, Drago, dit-elle en laissant passer Aquaria.
Elle se forçait à l’appeler par son prénom devant Aquaria pour ne pas laisser soupçonner leurs divergences d’opinions.
- Bonjour, Hermione, répondit Drago pour la même raison. Bonjour, Aquaria. Je ne sais pas si ta maman t’a expliqué…
- Oui, je sais. Tu es mon papa et tu vas m’emmener me promener. Je sens qu’on va bien s’amuser. Et puis, je vais t’aimer fort.
- Ah oui, répondit Drago en souriant, reconnaissant envers Hermione Granger d’avoir dit la vérité à sa fille. Et comment peux-tu en être si certaine ?
- Toutes les petites filles aiment leur papa.
- Tu as raison ! Et bien, nous y allons, je comptais t’emmener déjeuner au Chemin de Traverse.
- Chouette !
- Veux-tu nous accompagner ? interrogea alors Drago en levant la tête vers la jeune maman.
- Mais… ton avocat avait dit que ce n’était pas une option…
- En l’occurrence, j’étais absent et n’ai pas été consulté. Tu peux venir, tu es la bienvenue.
Drago espérait surtout qu’Aquaria serait plus à l’aise en présence de sa mère et puis, il tenait également à rassurer Hermione qui devait encore le prendre pour un Mangemort, à sa façon.
- Heu… d’accord. Je file me changer, j’en ai pour une minute.
Un peu plus tard, Drago, Hermione et Aquaria étaient attablés à la table d’un restaurant et discutaient de tout et de rien. Ou plus exactement, Aquaria et Drago faisaient connaissance et Hermione les écoutait, un peu mal à l’aise.
- Tu aimes le Quidditch ? Je pourrais t’apprendre à y jouer.
- Mon parrain m’en a déjà parlé mais…, s’interrompit Aquaria en jetant un coup d’œil à sa mère.
- Je ne veux pas qu’Aquaria monte sur un balai avant d’être assez âgée. Au moins huit ou neuf ans. Elle pourrait se blesser, déclara Hermione.
Drago leva un sourcil, Hermione était bien angoissée pour pas grand-chose. Mais il était vrai que ça avait toujours été un trait caractéristique de la Miss Je-Sais-Tout. Ils passèrent donc à un autre sujet puis allèrent faire le tour des boutiques, ce qui plus particulièrement à Aquaria.
Le temps passa et Hermione appréhendait de plus en plus les sorties de la fillette avec son père. Aquaria en revenait la tête remplie d’idées et de projets. Il fallait avouer que Malefoy était riche et que Hermione, sans être pauvre, ne l’était pas. Elle n’approuvait pas les cadeaux et les promesses du père de sa fille. Et quand elle tenta de lui en parler, il fit la sourde oreille. Hermione ne savait plus quoi faire. Par esprit de contradiction, elle décida d’emmener Aquaria dans un parc Moldu en insistant bien sur la nature Moldue de ces fantastiques créations. Elle vit à la tête de Drago quand il ramena Aquaria le samedi suivant que son initiative ne lui avait pas plu du tout.
Ils continuèrent à jouer l’un avec l’autre au travers d’Aquaria qui profitait pleinement de la culture et des idéaux de ses deux parents sans en paraître gênée. En fait, Harry fit un jour remarquer à Hermione que la fillette semblait s’épanouir avec le temps et que sa relation avec son père la nourrissait. Pour Harry, qui avait toujours détesté Drago, cette remarque était étonnante et donna à réfléchir à la jeune sorcière. Ce fut aux alentours de Noël qu’elle put enfin savoir où étaient les limites de Drago Malefoy concernant le respect de son autorité vis-à-vis d’Aquaria. Il vint la voir un jour d’école.
- Salut, Granger !
- Aquaria n’est pas là…
- Je sais bien, j’ai fait exprès de venir quand elle n’était pas là, car je voulais voir avec toi quel modèle de balai lui conviendrait le mieux. Elle le trouvera sous le sapin au matin de Noël.
- Drago ! protesta Hermione, oubliant de l’appeler par son nom de famille. J’avais dit, pas de balai avant ses huit ans !
- Du calme, je parlais d’un balai-jouet.
Hermione resta interdite devant la calme évidence de Drago. Il avait réussi à la moucher, elle devait bien le reconnaître. Se retrouvant quelque peu perturbée devant le père de sa fille, elle tenta rapidement de se reprendre.
- Oh… Eh bien, si tu as cinq minutes, je mets une tenue plus confortable et on va voir en magasin.
- J’ai tout mon temps, répondit Drago avec tact.
Les mois suivants se passèrent entre disputes et compréhension. Par moments, Drago oubliait tout des recommandations de Hermione concernant Aquaria et promettait et offrait plein de choses à sa fille, l’emmenait au bureau ou lui vantait les mérites des grandes familles de sorciers, et à d’autres moments, il étonnait la sorcière par sa bienséance. Néanmoins, ils eurent un jour une dispute monstrueuse parce qu’Aquaria avait signifié à sa mère que, de la définition de Drago, elle était une Sang-de-Bourbe. Entendre cette insulte dans la bouche de sa fille qui l’avait prononcé si innocemment fut la goutte de trop et Hermione décida d’éloigner définitivement sa fille de Drago en passant devant un juge. Lorsqu’ils eurent tous deux exprimé leur volonté, qui était pour chacun d’avoir la garde exclusive de la petite, le juge les examina, doucement, l’un après l’autre.
- Miss Granger, vous vous rendez compte qu’aucun tribunal ne saurait empêcher un père de voir sa fille.
- Mais… il…
- Et vous Monsieur Malefoy, vous vous rendez bien compte que pas un tribunal n’annulera l’adoption d’Aquaria.
- Mais, je suis son père biologique !
- Vous avez des intérêts communs, et bien entendu, on pourrait envisager la garde partagée. Mais je crois que ce ne serait pas le mieux pour Aquaria. Vous n’avez pas envisagé…
- Quoi ? s’écrièrent en même temps Drago et Hermione.
- La solution résiderait peut-être dans un mariage de convenance.