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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Se perdre en chemin par Dunne

[6 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Participation au projet pour les 10 ans du site.

Bon anniversaire HPF !
Note de chapitre:

Crédit photos :
(1) & (4) photos perso
(2) Kristine Brokstad
(3) shutterstock

Crédit texte : Phrases en italique simple piquées à JKR la magnifique, ainsi qu'à la team StarKid dans A Very Potter Sequel. Le Tardis appartient au Doctor et les spoilers à River Song.

Un grand merci à Erylia pour la bêta et à Sarah pour m'avoir supportée (dans les deux sens du terme x) et pour s'être un peu incrustée dans le texte.

Je sais que le texte est long, j'espère néanmoins que certains iront jusqu'au bout et je vous souhaite une bonne lecture !
Se perdre en chemin



2/VI/14 – 23h16
Déménagement ok, résultats ok, convention de stage ok.
On dirait bien que la vraie vie commence. Ou s’arrête, je suis pas vraiment décidée encore. Peu importe, il fait beau ici. J’irai à la mer demain. Regarde un peu la belle image que je t’envoie ! Comment ça c’est juste pour te rendre jalouse ? C’est tellement pas mon style ! Enfin bref, faut que je range tout mon bazar avant et, ça, c’est vraiment une autre paire de manches J’imagine que tu dors, on se parle demain.
A.



2/VI/14 – 23h27
Et la réflexion du jour, enfin de demain : « quatre sushis par tête de pipe ne font pas un repas mais fortifient l’amitié ».
On fera ça un jour, mais pas avec des sushis, tu sais bien que je n’aime pas le poisson.
A.


Je relevai mes cheveux en un chignon improvisé et maladroit. Un paquet de mèches s’échappa de l’élastique, je le fixai avec l’une des barrettes qui maintenait déjà ma crinière et je retroussai les manches de mon pull en maille. Je lançai la musique directement sur mon ordinateur et m’armai d’un cutter pour ouvrir les cartons qui s’étaient entassés là. Je déballai un bel amas d’inutilités en tout genre : des vêtements devenus trop grands, des livres trop souvent lus et des cours déjà oubliés.

C’est fou tout ce qu’on peut entasser en trois ans seulement. Toutes ces choses qui me semblaient si importantes à une époque finiront à la benne sans que je n’éprouve aucun regret, à peine un goût amer pour me rappeler tout ce que je laisse derrière. J’observai les petites bougies en forme de cœur qu’une amie m’avait offertes pour mon seizième ou dix-septième anniversaire. Jamais allumées, elles étaient devenues des éléments de décoration destinés à prendre la poussière sur le coin de bureau où je les avais toujours laissées. Peut-être devaient-elles leur survie à leur couleur rouge ? Dieu que j’étais faible à ce niveau-là. Ou peut-être était-ce ma détermination à ne pas grandir qui m’avait fait les garder tout ce temps.

— Eh beh ma fille, ça aurait été plus simple si tu avais fait ton tri avant.


2/VI/14 – 23h39
Hé mademoiselle ;)
Une balade nocturne pour fêter ton retour ?
J.

2/VI/14 – 23h44
Pas le temps, mais si tu veux passer pour m’aider à défaire mes cartons, tu es le bienvenu x)
On se voit demain plutôt.
A.

2/VI/14 – 23h46
Faut toujours que tu gâches mon plaisir, toi.
J.

2/VI/14 – 23h47
Continue et tu risques pas de me voir big boy !
A.

2/VI/14 – 23h49
Ok, ok ! On se voit demain alors :)
J.


J’envoyai valser mon téléphone sur le matelas qui trônait impérieusement au centre de la pièce et entreprit de faire un grand tri dans mes affaires. Je vidai un carton des fringues qu’il contenait pour y entasser toutes ces choses que j’aurais dû jeter depuis longtemps. Aucune pitié pour les petites bougies, pour les vieux vernis, le cadre photo sans photo ou le yack à monter trouvé dans un Kinder Surprise. Les différents objets s’entassèrent bien vite dans une pile maladroite faite de bric-à-brac complétement éclectique. Quelques livres virent faire fléchir l’édifice. Leurs tranches étaient abimées, leurs pages coloriées, déchirées. Je n’en voudrais plus aujourd’hui, mais à l’époque, ils avaient bien fait mon affaire quand la bibliothèque municipale avait décidé de s’en séparer.

Je coinçai les sept tomes de la série contre le bord du carton, je n’en avais plus besoin désormais, j’avais les miens. Je n’avais plus à partager ces pages avec tous les gamins de l’agglomération, à attendre des semaines qu’un tome se libère et enfin chopper la grippe… enfin savoir la suite, mais ça allait avec. Les miens, ils étaient là-bas quelque part, soigneusement rangés dans leur beau coffret. Quand on l’ouvrait, on voyait les tranches impeccables caractéristiques des livres neufs qui n’avaient jamais été ouverts. Ce n’était pas faute de les avoir relus pourtant, mais pas eux, pas ceux-là, pas les livres du coffret. Peut-être parce que les autres avec leurs gribouillages et leurs pages tordues respiraient l’enfance et qu’il fallait se rendre à l’évidence, moi j’avais grandi, et peut-être que sans la vie qui se dessinait entre les pages, peut-être qu’Harry Potter ne voudrait plus rien dire.

Ce coffret, il était lisse, aseptisé, ennuyeux comme la vie des adultes. C’était une de ces pièces que l’on expose comme pour dire « oui, je les ai lus », mais l’une de ces pièces que l’on refuse d’ouvrir par peur de ne plus y retrouver la magie que l’on y avait trouvée.

J’attrapai un tome au hasard dans mon carton, juste pour voir. Les pages de garde étaient couvertes des armoiries de l’école imaginaire, le serpent colorié en vert, et je me surpris à entamer la lecture : « Chapter One : The Riddle House » A voix haute bien sûr, pour entraîner ma prononciation misérable de l’anglais. Je me souviens encore du jour où j’ai découvert ce chapitre, j’avais quoi onze, douze ans ? On avait emménagé dans la grande maison, alors ça devait être douze. Il était tard, j’avais rabattu ma couette sur ma tête, baissé ma veilleuse pour faire croire que je dormais et j’avais laissé les mots m’envahir complètement. J’ai eu peur du serpent, peut-être encore plus qu’habituellement.

Mon Dieu, pourquoi je m’en souviens encore ?

Je m’avachis sur mon matelas, encore dépourvu de quelconque drap, appuyai mes jambes à la verticale sur le mur et calai ma tête sur un vieux pull. Un chapitre, me dis-je, histoire de voir.


3/VI/14 – 03h57
Faudra qu’on m’explique comment je me suis retrouvée à lire Harry Potter alors que je devais ranger mes cartons. Démanagement not that ok after all. Le discours de fin de Dumbledore me remue toujours autant. Tu parles d’un livre pour enfant !
A.

3/VI/14 – 09h23
Tu as réussi à dormir finalement ?
S.

3/VI/14 – 09h25
Non, pas vraiment x)
Pourtant, j’ai pas tout lu ! J’ai sauté les passages qui m’insupportent, relu directement la fin. J’ai repris au milieu, ouvert les œufs et j’ai abdiqué quelque part après la deuxième tâche. J’ai dû dormir deux heures à tout casser, j’ai rien rangé. M’en fiche ! Je vais aller m’écraser comme une crêpe sur la plage pour rattraper ma nuit. Je t’ai déjà dit à quel point j’aimais les vacances ?
A.


Il était encore tôt dehors, mais le soleil illuminait déjà toute la petite place du marché bruyante de l’agitation habituelle des mardis matins. Deux octogénaires se battaient en duel avec leurs déambulateurs respectifs pour bénéficier des faveurs d’une petite jeunette de soixante-treize ans seulement ! Perchée sur ma petite terrasse, je les entendais se quereller gentiment et j’esquissai un sourire ravi. Je m’étirai sur ma chaise longue tel un chat sur son rocher et pour la première fois j’eus l’impression de profiter d’une vie devenue plus simple.

Je vidai mon café en une gorgée, avalai d’un trait un vieux reste de flocons d’avoine et mordis dans un bout de pomme pour me caler l’estomac. Je n’avais pas très faim après cette longue nuit, j’étais encore en décalage et il me faudrait encore probablement quelques heures pour émerger réellement, mais ce n’était pas vraiment important.

Je troquai rapidement ma tenue de combat de la veille pour mon maillot de bain rose, récuperai un short dans un carton, une blouse dans un autre, j’enfilai ma veste en jean et improvisai un sac de plage avec une vieille serviette, une casquette, une bouteille d’eau et le livre qui trainait encore sur mon matelas. J’échangeai mes lentilles habituelles pour mes lunettes aux verres teintés et sortis tranquillement.

Sur la place, Muguette repoussait les assauts répétés de ses prétendants avec toute la gouaille propre à l’ancienne poissonnière qu’elle était. On s’attardait souvent en terrasse pour le simple plaisir de l’entendre râler, entre deux croissants et un jeu à gratter, on suivait les aventures de Muguette avec la même abnégation que celle accordée aux aventures de Victor et Nicky dans les Feux de l’Amour. A combien de mariages en étaient-ils d’ailleurs ? Trois ? Quatre ? J’ai arrêté de compter, et de suivre aussi. Il faut dire qu’au bout d’un moment, c’est bien d’avoir des loisirs de son âge.


3/VI/14 – 10h02
Je t’ai déjà parlé de Muguette ? C’est une vraie célébrité ici ! Elle a pas l’air comme ça, mais avec elle c’est plus Rock Hard Ride Free que gâteaux et cookies.
A.



Les premières boules de pétanque se firent entendre alors que je me rapprochais de la côte. Les espaces verts et les promenades étaient déjà envahis par les joueurs, et les retraités se promenaient de bon matin. Hormis les Anglais et quelques Danois, la grosse masse des touristes n’était pas encore arrivée et j’appréciais le calme de cette période. Pouvoir trainer au soleil, errer sans but dans les rues, sans aucun dragueur de seconde zone pour vous perturber, quoi de mieux ? Je n’avais qu’à profiter de la douce sérénité des personnes âgées, il n’y avait pas d’enfants dans les rues, pas d’ados, pas de cris. Ils étaient tous au collège ou au lycée, personne pour m’emmerder.

Pourtant, j’aurais juré en avoir vu qui me suivait tout à l’heure : un jeune d’une petite quinzaine d’années, pas très grand et les cheveux noirs. Je l’ai aperçu en tournant au coin de la rue. Bah il fait bien ce qu’il veut après tout. Si sécher les cours lui plait, qui suis-je pour lui refuser ce doux plaisir ?

Dix minutes de marche plus tard, j’étalai enfin ma serviette sur le sable fin. J’enchainai quelques grilles de mots croisés, force 2 (notez l’exploit !) et laissai le soleil me mordre gentiment la peau.


3/VI/14 – 11h24
Demain est aujourd’hui ! Comme le temps passe ! Je fais une vente sur le remblai, ça te dit qu’on s’y retrouve pour manger ?
J.

3/VI/14 – 11h26
Ok ! Je suis à la pendule, viens quand tu peux. Et apporte de la bouffe, j’ai oublié de prendre quoi que ce soit en partant --‘
Et non, te regarder manger n’est pas une option.
A.


Je rangeai mon téléphone au fond de mon sac, mis mes lunettes dans leur boitier et me dirigeai vers les vagues qui s’échouaient quelques mètres plus loin. L’eau n’était pas chaude et même avec beaucoup de volonté, je ne réussis pas à me mouiller au-dessus du nombril.

— C’est vrai, c’est début juin et c’est l’Atlantique. Fallait pas s’attendre à un miracle, ma fille !

Je sortis rapidement de l’eau, non sans manquer de percuter un nageur qui me coupa la route, et puis il faut admettre que sans lunettes sur le nez, je n’y voyais pas très clair. Pas clair du tout. C’est sûrement pour ça qu’il me fut si difficile de repérer l’endroit où j’avais laissé mes affaires. Je n’avais fait que barboter, mais le courant m’avait quand même fait dériver. Je m’orientai vers la pendule que je distinguais grâce à ses couleurs vives et j’aperçus finalement une grande tache rouge sur ma gauche.

— Ah te voilà ! Tu t’étais planquée ! lançai-je à ce qui devait probablement être ma serviette de plage.
— Euh, oui. Mais euh, non. Je… je crois que j’ai perdu mon livre, une voix masculine, encore incertaine de sa propre tonalité.

Je sursautai en voyant une forme bouger devant moi. Je devinai un corps d’enfant ou d’adolescent penché sur mes affaires et je me précipitai sur ma serviette comme si ma seule présence suffirait à faire fuir l’intrus.

— On t’a jamais appris à ne pas fouiller dans les affaires des gens ?! m’énervai-je brusquement.
— Je crois que j’ai perdu mon livre, répéta-t-il encore.
— Tu m’en vois désolée, mais je ne me souviens pas avoir pris quoi que ce soit à qui que ce soit.
— Mais, je suis sûr que…

Je plissai les yeux pour essayer de distinguer les traits du gamin qui me parlait, mais j’étais bien trop myope pour distinguer autre chose que ses cheveux en bruns qui semblaient voler dans tous les sens. Je tâtonnai à la recherche de mon sac dont la couleur se fondait sur celle de la serviette et finis par jurer comme toujours lorsque quelque chose ne fonctionnait pas comme je voulais :

— Fait chier ! Elles sont passées où ces lunettes ?
— Tu veux les miennes ?

Il me tendit une petite paire de vieilles binocles rondes, maintenues pour moitié par l’action divine du Saint Esprit et, pour moitié, par des morceaux de scotch collés sur les branches dépliées. Je les tournai entre mes doigts et étudiai attentivement l’équilibre précaire de la petite structure en acier. J’étais un peu étonnée qu’elles tiennent encore « debout » et, je dois l’admettre, un brin impressionnée. Le garçon sembla remarquer ma perplexité et reprit :

— J’ai une amie, Hermione, qui me les répare d’habitude Je peux le faire moi-même, lâcha-t-il quand même avec une pointe d’orgueil dans la voix, mais je n’ai pas le droit d’utiliser la magie en dehors de Poudlard. J’ai déjà eu des problèmes à cause de ça.
— Et, de toutes façons, on sait tous qu’Hermione est la meilleure pour ce genre de choses.
— Oui, c’est vrai.

Il avait dit ça avec une pointe de tristesse dans la voix, comme s’il croyait vraiment à cette blague que, moi, je trouvais un peu longue. Peut-être aurais-je dû couper court à la conversation en lui disant que pour un sorcier, il n’était pas très prudent quant à la divulgation du secret de la magie avec une non-initiée, une moldue, telle que moi mais il y avait quelque chose dans le ton de ce gamin qui me touchait.

Ses verres n’étaient pas assez puissants pour corriger totalement ma vue, mais je pus distinguer les formes avec plus de netteté. Je saisis mon sac, y pris mon boitier et échangeai ses lunettes rondes contre la monture carrée qui m’appartenait. Je lui tendis sa paire, le remerciai et remis rapidement mes affaires en place.

— Attends ! Tu étais en train de fouiller dans mes affaires et moi je te remercie, bonjour stupide…
— Je cherchai mon livre ! insista-t-il à nouveau. Je fouillai pas…
Je tournai brusquement la tête vers lui et l’observai pour la première fois. Presque automatiquement, je sentis mon front se plisser, mes rides gentiment grandissantes de jeune adulte se creuser et mes sourcils se froncer. C’était une blague, pas vrai ?

Harry Potter se tenait devant moi. Ou juste quelqu’un qui ressemblait traits pour traits à l’image que je m’étais toujours faite de lui. Ses cheveux bruns et ses grands yeux verts, sa cicatrice un peu rouge que je me plaisais à faire naître au niveau de son sourcil et le grain de beauté que j’avais fini par placer sur sa joue. C’était une parfaite copie du Harry que j’avais laissé vivre dans ma tête pendant toutes ces années, c’était mon Harry.

C’était mon Harry qui se tenait en face de moi, un jour de juin parmi tant d’autres, dans une ville trop insignifiante pour même figurer sur une carte et… et c’était impossible. Ma mâchoire se contracta dans un rictus forcé et je tournai vivement la tête à la recherche d’une quelconque caméra cachée. Je ne dis rien, mais pestai intérieurement, car s’il y avait bien quelque chose que je détestais par-dessus tout, c’était d’être et de me rendre ridicule.

— Okay, c’était très drôle, mais je crois que j’ai assez perdu mon temps.

Je me levai précipitamment, extirpai mes habits pour les passer par-dessus mon maillot à moitié trempé, fourrai ma serviette dans mon sac et partis en vitesse.


3/VI/14 – 12h02
Si je te dis que je viens de rencontrer un gars qui se prend pour Harry Potter, mais genre vraiment, tu me crois ou tu m’envoies direct chez les fous ? Non ? mais sérieusement, je sais pas si c’est une blague ou quoi, mais c’est trop bizarre. Il a même la cicatrice ! N’importe quoi !
A.


— Je veux mon livre ! cria-t-il.
— Je t’ai dit que je ne l’avais pas ton putain de bouquin ! criai-je à mon tour. Ca…

Je commençai à fouiller dans mon sac à la recherche du volume que j’avais emporté avec moi, l’attrapai et le lui agitai sous le nez. Je pensais que les coins cornés et l’usure de la couverture suffiraient à lui faire lâcher l’affaire.

— Ca, c’est mon livre. Tu vois quand on l’ouvre c’est magique, y a plein de notes et de gribouillages que j’ai faits quand j’étais ado. Je peux même te retrouver la déclaration d’amour que j’avais écrite pour Krum, tiens regarde…

J’ouvris grand le livre au hasard et je me tus brusquement en constatant que toutes les pages étaient blanches. Il y avait encore mes griffonnages, mais les mots imprimés s’étaient envolés.

— Mais qu’est-ce que cette blague ?
— C’est mon livre !

Le gamin m’arracha littéralement le volume des mains et le tourna dans tous les sens possibles et imaginables.

— Faut que j’y retourne ! lança-t-il en me regardant fixement.
— Dans le livre ? marmonnai-je sans vraiment comprendre.
— Oui !
— Tu es, tu es Harry Potter.

Je répétai la phrase à nouveau comme pour être sure de bien l’intégrer et il me regarda comme si j’étais une attardé et, sur ce point, je pouvais difficilement lui en vouloir.

— Mais, ce n’est pas possible, repris-je en détachant chaque mot avec une précaution particulière. Harry Potter est un personnage de fiction, il n’est pas réel.
— C’est… méchant de dire ! Je suis réel, je me suis juste perdu en chemin.

Je tournai à nouveau les pages blanches entre mes doigts et à mesure qu’elles défilaient entre mes phalanges, je sentais comme une irrépressible envie de vomir monter en moi. Ce n’était pas que de simples mots effacés, c’était une histoire et le fondement même de ma jeunesse. C’était des soirées passées à lire, des heures passées à écrire et tant d’amitiés nouées au fil du clavier. Et si tout cela n’avait été qu’un rêve ?


3/VI/14 – 12h17
Tu vas croire que je suis folle, mais je suis juste en train de baliser. Réponds-moi s’il-te-plaît. N’importe quoi, j’ai juste besoin d’être sûre qu’on s’est bien connues un jour entre deux bêtas et que je n’ai pas tout simplement halluciné.
A.


Et si elle ne répondait pas ? Si Harry n’était plus dans ses pages, si l’histoire n’avait pas été contée que restait-il encore de qui j’étais ? Moi, j’ai débarqué à Poudlard, un après-midi d’automne pluvieux, directement en deuxième année car on sait tous que faire les choses dans l’ordre c’est surfait. Mais, il ne m’a pas fallu longtemps pour rattraper les bases. Je suis une moldue, certes, mais j’ai connu Poudlard. J’y ai vécu longtemps, j’y ai étudié un peu, et j’y ai surtout beaucoup grandi. Le Choixpeau m’a répartie à Serpentard et je n’ai jamais ressenti le besoin de le contredire, même si ce sont les Gryffondors et leur chaleur réconfortante qui m’ont accueillie les premiers temps. J’étais le membre invisible du trio qu’Harry, Ron et Hermione formaient. J’ai découvert l’amitié et le frisson de l’aventure, j’ai…vécu.

Et à mesure que ce résumé prenait forme dans ma tête, ma bouche répondit toute seule :

— Oui, je sais que tu es réel.
— Tu vas m’aider ?
Et bien, à présent Harry, sortons dans la nuit noire à la poursuite de cette fantasque tentatrice, l’aventure.

Il me regarda d’un air perplexe et je réalisai que j’étais plus avancée dans l’histoire de sa vie qu’il ne l’était

— Oups, spoiler, marmonnai-je avant de reprendre un peu plus fort. Bon, on va trouver ce qui se passe, te renvoyer de là où tu viens pour que tu reprennes ta vie là où tu l’avais laissée. D’ailleurs, tu l’avais laissée où, ta vie ?
— Chez les Dursley, pour les vacances, je viens de finir ma troisième année, murmura-t-il platement.

Je secouai la tête et lui saisis le poignet, comme j’avais toujours rêvé de le faire, pour l’entraîner loin de la plage et je songeai que je préférai voir ce Harry-là que le même Harry un an plus tard.

— Attends, je… !

Il s’arrêta et se tourna vers la mer qui semblait l’hypnotiser. Il avait le regard émerveillé de ces gamins qui n’y avaient jamais mis les pieds et qu’on voyait tous les ans trainer par ici.

— Tu n’es jamais allé à la mer, Harry ?
— Une fois ou deux quand les Dursley ne trouvaient nulle part où me laisser, mais à chaque fois un désastre se produisait. Ce n’était pas si calme et si beau.

J’acquiesçai en silence et, au bout d’un moment, le pris par la main pour reprendre ma route.


3/VI/14 – 13h12
Où es-tu ? Je t’attends pour manger…
J.


Je sentis mon portable vibrer dans ma poche, mais choisis de l’ignorer à mesure que je remontai dans les petites rues de la ville. J’avais lâché la main de mon vieil ami qui me suivait sans piper mot et je marchai, je courrai dans les allées pavées à la recherche d’une idée, d’une solution. Je dévalai l’avenue Pivert, évitai la marche, invisible, mais que je savais exister dans les galets et continuai ma cavalcade quand j’entendis Harry tomber derrière moi. Un petit rire s’échappa de mes lèvres :

— Il n’y a pas qu’à Poudlard que les marches jouent des tours !

Je l’aidai à se relever et il me remercia rapidement. Nous déambulâmes à nouveau dans les rues, mais d’un pas plus tranquille, je ne voulais pas l’abimer.

— Qu’est-ce que c’est ?

Harry désigna la façade d’une maison entièrement recouverte de fresques en coquillages.

— Oh, ça, c’est un projet des écoles du coin, ça s’étend sur plusieurs rues. Les élèves de primaire réalisent des fresques et on les expose ici après. Regarde, ici, c’est celle de ma classe de CM2, fis-je fièrement en désignant un hippocampe élégant et si on va par là…

Je le guidai jusqu’au coin de la rue et à une petite cours ouverte et libre d’accès.

— Là, il y a du matériel à disposition pour que tout le monde puisse ajouter sa petite touche personnelle. Tu veux tester ?

Je lui tendis un bocal de coquillage, pris deux pinceaux et débouchai un pot de colle blanche. Nous nous installâmes dans un angle et, alors que je dessinais un éclair avec des coques de palourdes, Harry s’évertuait à accoler les trois lettres « RHH » avec des coquilles de bigorneaux.


3/VI/14 – 13h56
Sympa, le lapin, j’apprécie
J.


— Regarde, c’est toi ! fis-je gaiment en lui montrant mon œuvre. Et tu es là aussi et là, et encore là.

Je pointais du doigt les différentes têtes à lunettes, à éclair, les initiales HP caractéristiques, les balais, les baguettes et les tentatives de stades de Quidditch avortées que des gamins avaient laissés. Oh bien sûr, il y avait plus d’animaux marins laissés là à papillonner sur les murs que de petits sorciers en déperdition, mais ils étaient là quand même, comme l’empreinte indélébile que ces livres avaient eue sur toute une génération de gamins, même ici, même là. Là où la mer mangeait le papier et où l’appel des vagues était si fort que la lecture n’arrivait pas à laisser sa trace.

— Je comprends pas pourquoi…
You’re Harry freaking Potter, you don’t understand, you’re legend man to us all…, chantonnai-je en l’entrainant à nouveau dans les ruelles. Comment dire ? C’est la magie, une belle histoire.
— Il n’y a rien de beau ! me coupa-t-il sèchement.

Il n’épilogua pas, mais je me doutais bien de ce qu’il voulait dire. Sous prétexte qu’un peu de magie entourait la mort de ses parents et la première décennie de sa vie, je ne pouvais pas la qualifier de « belle ». Parce que si pour moi ce n’était qu’une ellipse que je n’apercevais qu’au coin des pages, lui n’avait jamais connu que ça, et les étincelles sortant de sa baguette ne suffisaient pas encore à effacer sa peine.

— Crois-moi, je t’ai tenu la main pendant assez longtemps pour le savoir.

Harry soupira. Nous passâmes devant une petite librairie de quartier et après une demi-seconde de réflexion, je me décidai à entrer. Je fondis sur le rayon jeunesse et attrapai le premier tome d’Harry Potter que je trouvai. Je tournai les pages et fixai les mots imprimés en noir et blanc.

— Mais comment est-ce que c’est possible ?! A croire que tu es vraiment sorti de mon livre, et de mon livre seulement ! m’esclamai-je en lui fourrant de rage le tome entre les mains.
— Je ne sais pas, murmura-t-il avant de s’étonner. C’est vraiment moi là sur la couverture ?

J’acquiescai et réalisai finalement mon erreur alors qu’il commençait à lire les premières pages d’une aventure qu’il n’avait pas encore vécue.

— Spoilers ! lâchai-je avant de lui retirer le tome des mains. C’est ton histoire là-dedans, tu ne peux pas commencer par la fin.
— Mais je pourrais, rien qu’un peu…. Y a sept tomes, soupira-t-il en pointant les tranches une à une, et encore combien de drames à venir ? Pas d’histoire sans, non ? J’imagine que je survivrai jusqu’à ma septième année, mais après ? Aujourd’hui pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression d’avoir une famille et un bout d’avenir, mais pour combien de temps ? Quels dangers m’attendent ? Les Dursley, Rogue, Malefoy, que vont-ils encore inventer pour me pourrir la vie ? Voldemort va-t-il… ?...

Il posa sur moi ses grands yeux verts et je déglutis difficilement. Il irait à Poudlard une année de plus, puis une autre encore et une autre et à mesure qu’il grandirait, les tomes grossiraient. Il n’osait pas les toucher, ces livres, mais même sans les ouvrir il était certain qu’ils lui promettaient des belles aventures mais au moins autant de souffrance. Il les observait et il avait beau essayer de voir les choses positivement, quelque part, il aurait aimé que cet auteur au drôle de nom n’ait rien à dire.

— C’est une belle histoire, tu sais, Harry, murmurai-je pour tenter de le consoler. Parfois, elle est dure, morne et triste, mais elle est aussi pleine de vie, de joie et d’amour. Tu dois te dire que c’est sûrement pas suffisant pour compenser toutes ces choses qui te sont arrivées et tu as raison, rien ne compense jamais vraiment la perte et l’absence, mais ça l’adoucit. Ca rend le reste plus beau et plus fort. Ca… c’est une belle histoire Harry, une belle histoire qui finit bien, souviens-toi juste de ça.


3/VI/14 – 14h59
Vois ce que tu perds…
Tu es passée où ? Je t’ai connue plus réactive.
J.



3/VI/14 – 15h40
Désolée, je prenais soin d’un vieil ami.
A.

3/VI/14 – 15h42
On se verra plus tard et, promis, je me refrapperai. Je te ferai des muffins, je sais que ces petites merveilles te manquent ;) et ça vaut bien mieux que ta malbouffe.
A.


— Il n’y en a que sept ?

Je secouai affirmativement la tête et préféra me taire plutôt que de lâcher une information capitale. Je pourrais le rassurer, lui dire qu’il survit, mais je ne crois pas que ce soit qu’il veuille m’entendre dire. Je me contentai de l’attirer vers moi et de le serrer fort dans mes bras. Il eut un mouvement de recul - fichue retenue britannique ! d’ailleurs comment pouvait-on seulement se comprendre ? Y avait-il un TARDIS caché dans le coin ?- et finit par se laisser aller peu à peu.

— Viens, on s’en va. On n’a plus rien à voir ici.

Nos pas nous conduisirent chez moi, après tout qu’avais-je bien à lui montrer ? Si j’avais un jour songé passer une journée avec Harry Potter, qu’aurais-je voulu faire ? Qu’aurais-je souhaité lui apporter et dont j’aurais aimé qu’il se souvienne ? Et si lui avait bien laissé une empreinte sur ma vie, avais-je la prétention de pouvoir en faire de même ? Les questions pouvaient bien tourner dans ma tête, je n’avais aucune réponse à leur donner. J’aurais bien aimé le remercier d’avoir été une belle personne et d’avoir fait de moi une adulte encore pleine de rêves et d’espoir, mais à quatorze ans que pouvait-il y comprendre ?

— Y a eu la guerre ici ? se moqua-t-il en pointant tous mes cartons entassés dans un joyeux fouillis.
— Ouais, on peut dire ça. Je viens de déménager. C’est surement pas la panacée niveau appartement, mais je trouve qu’il a un certain charme.
— C’est toujours mieux qu’un placard sous un escalier.
— Pas faux Harry, pas faux ! rigolai-je gentiment.


3/VI/14 – 16h27
J’attends les muffins alors. Chocolat, pomme et praline minimum si tu entends te faire pardonner.
J.


— Oh ! Des muffins, je suis sûre que j’ai tout ce qu’il faut pour… ! m’exclamai-je à nouveau en envoyant valser mon portable. Tu m’aides ?
— Et mon livre ? Il faut que j’y retourne !
— Oui, sauf qu’aucun de nous n’a d’idée sur le pourquoi du comment et encore moins sur la manière à suivre pour te renvoyer, donc on va se poser et arrêter de trop y penser pour un moment, ça ne nous avancera à rien de nous regarder dans le blanc des yeux pendant cinq ans !

Je marquai une pause et repris :

— J’ai tout ce qu’il nous faut là-dedans, dis-je en extirpant des saladiers, et une boite plastique pleine de produits de « première nécessité » tels que de la farine, du sucre, de la levure, du chocolat et d’autres douceurs. Une boite à gâteaux ordinaire, en l’occurrence…. Frigo, frigo, frigo ouh du lait, des oeufs et du beurre ! Miraculeux !

J’enchainai rapidement avec la préparation de cette recette que je connaissais presque par cœur depuis le temps. Les saladiers « liquide » et « solide » passaient de mains en mains dans une danse savamment improvisée. Je laissa Harry s’occuper du beurre qui fondait doucement sur le feu et déposais les moules sur une des plaques du four.

— Je dois faire quoi maintenant ? demanda-t-il en retirant la casserole du feu.
— Ajoute ça aux œufs et au lait, un peu de miel et après on mélange avec le reste.

Tandis que je l’observai du coin de l’œil, je découpai une pomme, une pêche, et sortis les pralines roses et autres pépites de chocolat à ajouter au mélange. Harry commença à mélanger le tout avec la première cuillère qu’il avait trouvée et semblait avoir quelques difficultés tout lier ensemble.

— A ce rythme-là, tu n’es pas prêt d’en voir le bout. Mets les mains ! lui conseillai-je.
— Les mains ? Je suis vraiment pas sûr que ce soit dans la recette. J’ai jamais vu tante Pétunia cuisiner ainsi.
— Et c’est ce qui fait que la cuisine devient une corvée, marmonnai-je en me lavant rapidement les mains.

Une fois épongées, je les enfonçai aussi sec dans la mixture encore mal mélangée.

— Tu vois, il suffit de pétrir avec les mains et tout se lie.

Il me regardait faire sans ciller et alors que j’éclatais des grumeaux entre mes doigts, je ne pus m’empêcher de lui envoyer un peu de pâte à la figure. Surpris, il esquissa un mouvement de retrait, mais ça ne lui prit pas très longtemps pour contrer l’attaque et m’envoyer de la farine au visage. Fair play, mais ça, j’irai surement pas l’avouer.

— Oh, alors comme ça tu veux jouer….

Un autre jet de pâte vola dans la pièce et sa réciproque suivi aussitôt. Le petit jeu dura un moment avant, qu’à bout de souffle, je décide, que le niveau de pâte devenait trop critique pour continuer. On versa ce qui restait dans les petits moules, non sans ajouter au passage des morceaux de fruits ou de chocolat et après les avoir enfournés j’essuyai un peu du mélange sucré qu’Harry avait encore sur la joue. Je me léchai rapidement les doigts avec pour seule excuse un « c’est moche de gaspiller » qui ne suffisait pas à masquer ma gourmandise. Il m’imita et j’eus l’impression de voir un vrai sourire se dessiner sur son visage pâle.


3/VI/14 – 18h34
Still hungry ?
A.




En vingt minutes, les petits cakes avaient bien dorés et étaient prêts à être dégustés. Le thé fumait dans les coupes que j’avais posées à même le sol autour de mon matelas et je fixai le plafond alors qu’Harry me racontait tout de son amitié avec Ron et Hermione. Les détails de Poudlard se dessinaient plus nettement dans mon esprit, l’atmosphère m’englobait à nouveau et c’est comme si elle ne m’avait jamais vraiment quittée. Un morceau de pomme ripa contre ma joue et alla s’échouer sur le sol, je m’amusai à le récupérer quand Harry se leva et saisit mon coffret de livre qui dépassait d’un carton.

— Mais tu en as combien des comme ça ? s’étonna-t-il.
— Trop pour être honnête, je crois ! Tu peux trouver ça stupide Harry, mais on est beaucoup à avoir grandi avec toi et beaucoup à ne pas vouloir oublier tout ce que tu nous as appris.
— J’suis qu’un gamin, je vois pas comment, je pourrais avoir appris quelque chose à quelqu’un.
— Sérieusement Harry, tu n’as pas encore compris ? demandai-je. Laisse-moi te montrer.

Je me relevai, ouvris ce coffret qui me faisait pourtant si peur et saisi le tome entre mes doigts. Je me rassis et entamai aussitôt la lecture de cette aventure qui était le premier fait d’œuvre d’un long chemin parcouru ensemble. Quand je relevai la tête, Harry l’orphelin était devenu Harry le sorcier, et le Harry assis à mes côtés m’écoutait patiemment. Il avait une tâche de chocolat au coin de la bouche qui faisait contraste avec son teint terne.

— Harry, murmurai-je.
— Hum ?
— Je crois que tu t’effaces.

J’attrapai le volume que j’avais emmené à la plage, les mots étaient en train de réapparaitre peu à peu sur le papier et je ne trouvais rien à y redire.

— Tu veux que j’arrête ? demandai-je.
— Non, il faut bien que j’y retourne, murmura-t-il doucement en mordant dans un nouveau muffin.

Je posai ma main sur sa joue et après un moment, j’essuyai le chocolat sur sa peau.

— Faudrait pas que ta tante te voit comme ça, eh ?

Il acquiesça et je m’attachai à graver son image dans ma mémoire avant de reprendre ma lecture là où je l’avais laissée. Les couleurs se ternissaient un peu plus, et j’aurais pu m’arrêter, le garder avec moi, mais les mots coulaient hors de ma bouche sans que je ne puisse rien y faire. Harry était mon enfance, et tant qu’il continuait à vivre quelque part entre ses pages de papier, elle ne disparaitrait jamais vraiment.

— Et n’oublie pas de dire à Ron, commençai-je alors que ses yeux finissaient de disparaitre, qu’on l’aime.

Trop tard, j’étais seule à nouveau et Harry était parti comme il était venu, en silence. J’observai le livre un instant et me décidai finalement à continuer. Il faisait nuit noire depuis longtemps lorsque je terminai. Ma voix résonna contre les murs et je la laissai trembler encore un peu avant de prononcer le mot « fin » fatidique.


3/VI/14 – 23h57
Désolée de te répondre si tard, j’étais occupée avec mon propre personnage. Gosh, que ce soit dans les livres ou dans la réalité, Draco is such an asshole !
S.
Note de fin de chapitre :

Un muffin pour vous féliciter d'avoir lu jusqu'au bout ? *.*
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