Alors que Dolores Ombrage arrivait devant son bureau, elle soupira longuement en sortant sa baguette pour déverrouiller la porte. Le concierge avait beau l’aider de tout son cœur – elle était ravie d’avoir pu l’amadouer, celui-là, même s’il n’était pas très aimable, il détestait les élèves au moins autant qu’elle-même –, l’école faisait tout de même les quatre cent coups depuis la fuite des jumeaux Weasley, ces immondes bagarreurs. Oh, elle n’était pas fâchée qu’ils aient quitté les lieux, mais elle devait avouer que leur départ retentissant avait eu une influence très néfaste sur la discipline au sein de Poudlard. Elle ne pouvait même pas compter sur les professeurs qui se faisaient un malin plaisir de la regarder batailler à chaque instant. Elle voyait bien dans leurs yeux qu’ils se moquaient d’elle, ils ne prenaient même pas la peine de le cacher.

Aujourd’hui n’était que le quatrième jour depuis la fuite des deux sixième année, mais elle n’avait pas arrêté ! Elle avait mis en retenue toute la classe de troisième année de Poufsouffle sans réussir à découvrir pourquoi ils se mettaient tous brusquement à saigner du nez ou à s’évanouir. Puis elle avait dû écouter les plaintes d’Argus à propos de cet abominable esprit frappeur, celui-ci ayant enfermé la chatte du concierge dans une armure. Enfin, en quittant sa classe après sa dernière leçon, elle s’était aperçue que l’esprit frappeur avait jeté toutes sortes de choses dégoûtantes – elle ne voulait pas savoir ce qu’étaient ces petits tas mous verdâtres – dans le couloir de sa salle de cours.

Elle prononça le sortilège de déverrouillage dans un nouveau soupir. Elle avait bien mérité un bon thé bien chaud avant d’affronter la nuit, qui serait tout aussi éprouvante que la journée, elle n’en doutait pas. Elle ouvrit la porte, apaisée de retrouver enfin ses quartiers. Puis elle poussa un cri en portant la main à sa bouche, sous le choc.

Tout son bureau était complètement dévasté. Le sol était couvert d’un mélange de parchemins déchirés et de plumes brisées, les meubles étaient renversés et, pire que tout, certaines de ses assiettes ornementales étaient ébréchées. Elle n’eut cependant pas le temps de se rendre compte des autres dégâts potentiels, car une chose noire et velue venait de se jeter à son visage, la faisant chuter lourdement sur la pierre. Elle hurla de peur en tentant de repousser l’animal mais celui-ci continuait d’essayer de la dévorer.
- A l’aide ! Au secours !
Dans sa lutte, elle se fit la remarque incongrue qu’elle ignorait pourquoi elle criait, à bien y réfléchir. Personne ne viendrait l’aider, elle le savait bien. L’animal finit par arracher une des plus belles bagues qu’elle portait et se réfugia dans un coin du bureau pour renifler son butin. Dolores se releva péniblement, attentive au moindre mouvement de la bestiole. Mais celle-ci ne lui prêtait plus aucune attention.

Une fois sur ses deux jambes courtaudes, Dolores Ombrage put enfin reconnaître son agresseur. C’était un Niffleur. Et la directrice illégitime comprit. Ces créatures étaient fascinés par les objets brillants, c’était pour ça que celle-ci s’était jetée sur elle.
Dolores se gonfla de colère. C’était sans aucun doute cet hybride répugnant qui avait introduit la bête dans son bureau ! Ce professeur – elle renifla de mépris – était bien placé pour savoir que les Niffleurs ne devaient surtout pas être enfermés à l’intérieur, sous peine de tout saccager comme des drogués en manque. Cette attaque contre elle ne resterait pas impunie, elle pouvait le jurer sur Merlin et tous les autres ! Elle s’époumona, toute seule dans son bureau.
- Je ferai régner l’ordre !
Mais elle n’était pas si seule que ça, car une voix caquetante lui répondit :
- Compte là-dessus !