Préambule : ce texte et tous les autres issus des défis de A vos claviers n'auront rien à voir avec NJH. Cette fic est finie, merci!
Défi 1
Le thème est au bord de l'eau.
•Dans votre texte le nombre 42 a une signification particulière
•Vous devez faire apparaître les 5 sens
•Vous devez faire apparaître les 4 éléments
•Votre texte devra faire entre 1500 mots et 2300 mots
Salle commune des Serdaigles - Mot imposé : détaché
Elle avait fait bonne figure durant tout le repas, riant même des blagues de Georges et parvenant à mener conversation avec Charlie, mais le vin qu’on n’avait cessé de lui resservir avait fini par fissurer quelques-uns des remparts qu’elle s’était efforcée de maintenir et elle sentait le spleen inexorablement l’envahir.
La soirée d’anniversaire de Harry avait été particulièrement formidable cette année, entre les cadeaux exceptionnels reçus pour ce si spécial trentième anniversaire et l’annonce de la grossesse de Ginny, il ne semblait pas pouvoir descendre de son nuage de félicité.
Mais tout ce bonheur, qu’elle aurait pourtant tellement souhaité partager pleinement, ne faisait que renvoyer un peu plus Hermione à sa solitude.
Plutôt que de se joindre aux autres qui avaient soudain décidé de faire un feu de camp au fond de l’immense jardin du Terrier pour y faire griller des marshmallows (coutume que Ron et Harry avaient rapportée d’un de leur séjour chez les Aurors américains), Hermione préféra s’isoler un peu.
Elle ôta ses chaussures, se repaissant du contact si particulier et rassurant de la terre et de l’herbe grasse sous ses pieds puis laissa tranquillement ses pas la guider jusqu’à la petite mare dans laquelle ils s’étaient tous baignés, un peu plus tôt dans la soirée.
Elle s’assit et comme le fond de l’air était un peu froid, elle se pelotonna dans son gilet, l’étirant tout autour d’elle avant de poser son menton sur ses genoux. Elle laissa ses pensées divaguer, emportées par les discrets clapotis de l’eau qui lui caressait les orteils, rejouant sans cesse dans son esprit la conversation qu’elle avait eu durant l’après-midi avec Sirius. Elle n’avait pas été déraisonnable que de vouloir qu’ils sortent de l’ombre, elle ne comprenait pas pourquoi il était aussi véhément dans son refus. Est-ce que quelque chose clochait ? Elle d’habitude si perspicace n’avait rien vu venir…
Elle ne savait que trop bien qu’il pouvait d’un geste de la main voir les femmes les plus belles du monde sorcier se pâmer à ses pieds. Entre son statut de riche héritier d’une des plus anciennes familles sorcières et celui d’ancien détenu accusé à tort, il n’avait qu’à choisir entre les croqueuses de diamants et celles qui se rêvaient en Florence Nightingale… Mais c’était elle, Hermione, qu’il avait choisi… Pas les autres, alors pourquoi vouloir cacher leur relation ?
L’insidieux doute ne cessait de s’insinuer en elle… L’avait-il réellement choisie ? Ou n’était-elle qu’une sorte de passade, un rebond, un attrait vers la première femme un tant soit peu proche de lui et qui lui avait témoigné un peu d’affection depuis son retour d’entre les morts ?
Elle qui pouvait être si confiante, si sûre d’elle, se retrouvait tellement désarmée quand il s’agissait de Sirius. Quand ils étaient ensemble, tout lui semblait possible, comme si les autres n’existaient pas. Mais parfois, elle avait l’impression qu’elle ne le comprenait pas, qu’elle ne savait plus qui il était.
Elle était bien consciente que si leur couple devenait public, ils auraient à faire face à la rumeur voire à la réprobation de certains… Skeeter en ferait ses gros titres et se délecterait de traîner Hermione dans la boue, mais elle s’en fichait.
Elle ne comprenait pas pourquoi lorsqu’elle avait évoqué le fait de profiter de l’anniversaire de Harry pour annoncer à leurs amis qu’ils étaient ensemble, Sirius avait semblé comme révolté… Et elle ne savait même plus comment ils en avaient fini par se jeter au visage des paquets d’insultes pour finir par un Sirius enragé, claquant la porte en lui disant d’aller au diable.
Elle resta là pendant ce qui lui sembla à la fois des heures et seulement quelques secondes lorsque soudain, un bruissement dans les ajoncs la fit se retourner brusquement, tombant presque nez à nez avec l’immense chien noir qu’elle aurait reconnu entre mille. Elle se doutait bien qu’elle s’était isolée certainement un peu trop longtemps au goût de Mrs Weasley, mais elle aurait préféré que ce ne soit pas Sirius qui vienne la chercher… Elle avait essayé d’afficher l’air le plus détaché possible durant la soirée, comme si leur dispute ne l’avait pas atteinte… Avaient-ils rompu durant leur querelle ? Peut-être… Certainement. Elle ne le savait même plus, mais elle savait qu’elle ne pourrait plus jouer la comédie plus longtemps.
Malgré elle, Hermione ne put retenir un petit sourire lorsqu’elle vit que l’immense chien noir tenait dans sa gueule, un petit bâton au bout duquel un marshmallow grésillait encore. Elle s’empara du petit pic, en croqua un morceau, se délectant du goût caramélisé de la guimauve grillée et espérant secrètement que l’ivresse qui la mettait à fleur de peau serait quelque peu atténuée par le sucre de la friandise.
- « Merci Padfoot, ce marshmallow était délicieux. » éluda-t-elle en se relevant. Elle se sentait trop fragile pour rester près de lui à cet instant. Elle préférait rejoindre les autres pour leur dire au revoir avant de transplaner chez elle.
- « Reste un peu s’il te plait, Hermione, je voudrais… » commença-t-il en passant une main dans ses cheveux, cherchant visiblement ses mots. « Je voudrais qu’on parle. »
Hermione soupira mais acquiesça tout en se rasseyant. Il voulait certainement tenter de sauver un peu d’amitié entre eux, pour éviter une certaine gêne peut-être. Elle aurait préféré qu’ils aient cette conversation ailleurs, à un autre moment, voire peut-être jamais. Mais visiblement, Sirius en avait décidé autrement et il s’installa à côté d’elle, fixant la voûte céleste, comme si ce qu’il voulait dire était écrit dans les étoiles.
Ils restèrent ainsi en silence pendant ce qui aurait pu être une éternité, puis prenant une brusque inspiration, Sirius déclara :
- « Je suis désolé, Hermione. Je me suis comporté comme un imbécile. » Hermione écarquilla les yeux sous le coup de la surprise, elle s’était attendu à bien des choses, sauf à cela. « La vérité, c’est que tu m’as pris de court et… Et j’ai réagi comme un idiot. » Il passa à nouveau la main dans ses cheveux, comme pour trouver ses mots, avant d’ajouter : « Je sais pas, quand tu m’as dit que tu voulais en parler aux autres... J’ai eu comme un… Un moment de lucidité et je n’ai pas aimé ce que j’ai vu… Tout à coup, j’ai réalisé que j’avais 42 ans et toi seulement 30. Que j’avais passé presque la moitié de ma vie en prison, que j’avais été comme mort pendant 7 ans, alors que… Alors que toi, tu as ta vie devant toi, une carrière… Et moi, je n’ai rien à t’apporter. Je me suis senti… Egoïste de te retenir, je me suis fait l’effet d’un vampire qui se délecte de ta jeunesse… Je me suis dégoûté. Et c’est sur toi que j’ai passé ma colère. Pardon. »
Hermione était atterrée. Jamais elle n’avait imaginé que Sirius ait pu avoir des sentiments aussi conflictuels à l’égard de leur relation. Elle qui pensait qu’elle était la seule à douter, à penser aux regards des autres, à leur différence d’âge, elle se rendait soudain compte que Sirius aussi avait des doutes, plus personnels, plus intimement douloureux encore que les siens.
- « Pour ce que cela vaut, j’accepte tes excuses. » concéda-t-elle en préambule. Puis, elle ajouta : « Tu sais, je me fiche réellement de notre différence d’âge… Et je me fiche aussi du qu’en dira-t-on. Je comprends tes… Réserves, et j’ai les miennes… » C’était leur moment de vérité, Hermione le sentait. Sirius avait ouvert son cœur, si elle ne lui ouvrait pas le sien, autant renoncer… Hermione ferma un instant les yeux, comme pour ignorer le vertige qui lui faisait tourner la tête, et sauta dans l’inconnu, se dévoilant à Sirius comme elle ne l’avait encore jamais fait : « J’ai peur qu’un jour, tu te rendes compte qu’il y a tant de femmes qui gravitent autour de toi, attendant de te séduire, et que tu te demandes ce que tu fais avec moi parce que tu me trouves banale, ennuyeuse, autoritaire, trop sérieuse, trop concentrée sur ma carrière- »
Soudain, les lèvres de Sirius furent sur les siennes, la faisant taire de la façon la plus douce qui soit. Elle goûta à travers leur baiser le sel des larmes qu’elle n’avait même pas eu conscience de verser et il lui sembla soudain que tout était plus clair, plus simple mais surtout plus beau.
Elle sentit la main de Sirius passer le long de son dos, remonter jusqu’à sa nuque, qu’il saisit afin de l’attirer encore plus près de lui, la plaquant contre son torse, comme s’il voulait ne faire qu’un avec elle.
A bout de souffle, ils se séparèrent et plantant ses yeux d’un gris d’orage dans ceux d’Hermione, Sirius lui murmura :
- « Il n’y a que toi, Hermione. Et si tu veux de moi, il n’y aura jamais que toi. »
La gorge nouée d’émotion, elle ne put qu’acquiescer et, ne se préoccupant ni de leurs amis ou ni de ce qui pourrait se passait et qui n’était pas eux, ils transplanèrent.
Et voilà ma participation au premier défi, ou comment je me remets doucettement à l'écriture...
NB : A la lecture des reviews, je précise : la différence d'âge entre Sirius et Hermione est bien de 19 ans, je n'ai pas bousculé le canon (sinon les parents de Harry l'auraient effectivement eu très jeunes ^^°°). Je suis partie du principe que Sirius était resté plusieurs années derrière le Voile (ici 7) et que ces années avaient été comme en stase pour lui, il n'a pas vieilli, pas changé, comme si le temps était suspendu seulement pour lui. Il a donc physiquement seulement 12 ans d'écart avec Harry suite à ces 7 années " de pause". Voilà ^^