Lorsqu'il descendit dans la cuisine, Ron était présent, un bol de porridge devant lui.
« Tu es sûr de ne pas vouloir venir à la boutique 2-3 jours ? lança Ron, j'ai du mal à tout gérer tout seul. Je sais que Harry est censé m'aider, mais il est parti quelques temps à la Chaumière, Bill avait besoin de son aide...
- Ron, c'est très gentil de tenir ma boutique en mon absence, et je sais que je te dois beaucoup, mais non, je ne viendrai pas. Tu peux employer quelqu'un si tu as vraiment besoin d'aide.
- J'aurais préféré que ce soit toi, les gens sont un peu déçus de ne pas trouver beaucoup de nouveautés, je ne suis pas aussi inventif que toi...
- Te voilà à me flatter, Ronald,sourit George, c'est très touchant, pour peu, je t'embrasserais... Cependant, je n'ai plus rien inventé depuis presque un an, depuis que... enfin, depuis la guerre et pour l'instant, je ne me sens pas capable de reprendre.
- Mais ça fait un an maintenant, tu devrais reprendre du service, ça te changerait les idées, j'en suis sûr.
Ron insistait souvent pour que George revienne à la boutique. La gérer seul était pour lui un véritable challenge mais il ne s'en sortait pas trop mal et Harry venait donner un coup de main de temps en temps. Et puis Hermione aurait bientôt ses ASPICs et viendrait passer l'été à Londres, elle filerait donc un coup de main dans la gestion.
George lança un regard vers l'horloge de la cuisine, l'aiguille de Fred pointant «Perdu ». La sienne aussi d'ailleurs. Il poussa un soupir et passa la porte du jardin.
George avait réussit à sortir, enfin. Après 42 semaines à broyer du noir, il respirait enfin l'air frais. Il avait passé près de deux mois à Sainte Mangouste, pour pallier à son état de choc. La mort de Fred l'avait plongé dans un état second et il en ressortait seulement. Oui, 42 semaines que Fred était mort, mais il fallait continuer à avancer.
On était mi-Mars et les fleurs dans le jardin du Terrier commençaient à éclore. Ce début de matinée était clair et lumineux, l'air était doux et les gnomes bronzaient sur les cailloux. Avisant des grosses jardinières dégorgeant de terre, de mauvaises herbes et de plantes de toutes les couleurs, George se dirigea vers celles-ci. Malgré son léger rhume des foins, il prit doucement une des fleurs rempotées et la porta à son nez pour la sentir.
- Atchouille!
En plus de le faire éternuer, la plante lui mordit la joue.
- George, tu as pourtant eu une BUSE en botanique non? C'est un géranium dentu! Rit Molly. Repose donc cette plante et va me chercher du cresson dans l'étang s'il te plaît! Et n'embêtes pas Bénédicte, elle est fatiguée ses derniers jours.
- Bénédicte? Tu as donné un prénom à cette fichue grenouille?
Molly ne répondit pas, rougit et repartit en cuisine, cuillère en bouche, goûter sa ratatouille sur le feu.
George se dirigea vers le fond du jardin, traversa le champs de Quidditch et arriva à l'étang. Regardant l'heure sur sa montre, il constata qu'il pouvait s'accorder un petit temps de pause avant de ramener le cresson - ils ne mangeraient pas avant une heure - et se coucha dans l'herbe, l'effleurant du bout des doigts. Il n'avait plus toucher quelque chose de si doux depuis longtemps. Il ferma les yeux et inspira profondément. C'est alors qu'il se mit à rêver, bercé par le croassement de Bénédicte.
Il se vit étant plus jeune, au bord de cet étang. Il devait avoir une dizaine d'année. Mais il ne se reconnut pas. Il crut d'abord que c'était Percy, puis il avisa le G sur le pull rouge et or tricoté par sa mère. Il venait donc d'entrer à Poudlard. Il était en tailleur, un livre sur les genoux. Un vrai livre. Pas l'une de ces BD ou livre pour enfant. C'était son manuel de métamorphose à l'usage des débutants. Il n'était ni froissé, ni corné et semblait même neuf. Petit George sortit sa baguette et transforma une touffe d'herbe en une poignée d'allumettes. George ne se rappelait pas n'avoir jamais réussi ce sort. Puis le rêve se brouilla.
Il se vit à 13 ans, sur un balai au dessus du terrain de Quidditch. Il était apparemment poursuiveur, d'après les gants de protection qu'il portait. Il était un peu plus grand et plus musclé qu'il n'était vraiment à cet âge. Il récupéra le souaffle, qu'il repassa à Angelina qui marqua. Il lui fit un grand sourire et elle lui répondit d'un clin d’œil. George plus jeune rougit et partit dans un hurlement de joie quand son ami Lee annonça que Potter venait d'attraper le vif d'or et qu'ainsi, Gryffondor gagnait le match et la coupe de Quidditch, de surcroît. Atterrissant sur le sol meuble, George plus jeune entama une danse de la joie, enlaçant Harry qui tenait toujours le vif d'or dans son point, puis se tourna vers Angelina qui l'étreignit. McGonagall riait à pleine gorge devant l'air renfrogné de Rogue et madame Bibine apporta l'énorme coupe que toute l'équipe brandit avec force. Puis le rêve se troubla.
Il avait 15 ans et était assis en compagnie de Percy au bord du petit étang. On entendait les cris et les rires des autres sur le terrain vague où ils devaient probablement jouer au Quidditch. Mais George et Percy étaient mécontents du bruit qu'il faisaient. Ils étaient en train d'admirer quelque chose dans leurs mains, des enveloppes décachetées devant eux. George adulte eut un hoquet de surprise en observant ce qu'ils tenaient. Que Percy ait eu l'insigne de Préfet-en-chef semblait normal, mais que lui, George eut une insigne de Préfet était on ne peut plus aberrant ! Quelle personne saine d'esprit le choisirait lui, le farceur fou, pour faire respecter l'autorité ? Sûrement pas Dumbledore et McGonagall. Ce rêve est vraiment idiot, songea-t-il.
La vision se brouilla une fois encore et cette fois, George, âgé de 17 ans, arborait l'insigne de Préfet-en-Chef. Là, s'en est trop, dit à voix forte George. D'autant plus qu'il était dans la salle commune de Gryffondor, des fiches de révisions devant lui. George adulte jeta un œil sur les copies éparpillées sur la table et eut un mouvement de recul. Ce rêve était vraiment irréaliste. Comment aurait-il pu jamais prétendre à une note meilleure qu'un A ? Pourtant, sur les copies qu'il venait de regarder, étaient encerclés plus de O et de E que Fred, Ron et lui n'aurait pu prétendre à obtenir ensemble. Un O en métamorphose, un O en sortilège et même un E tracé d'une main énervée sur un parchemin de potion. Décidément, George restait atterré par ce rêve si bizarre.
Une dernière fois, le songe s'embruma et il se vit, âgé de la trentaine. Apparemment, c'était la veille de Noël, l'odeur de dinde aux marrons flottant dans l'air. Ils étaient tous attablés, sa famille, Angelina, Harry, Hermione et tous les enfants autour d'un table regorgeant de mets fins et délicats préparés par une Molly aux joues roses et au sourire béat. Elle leva un verre et porta un toast. Tout le monde suivit et trinqua. C'est alors que George remarqua ce qui n'allait pas. Pour en être sûr, il fit le tour des cadres sur le mur, regarda la grande Horloge et prit sur une étagère leur arbre généalogique. Tout le monde y était, même Hugo et Rose. Tout le monde sauf …
-FRED !
George se réveilla en sursaut et s'aspergea d'eau, sa main ayant trempée dans l'étang pendant qu'il dormait. Fred n'était pas présent dans ce rêve. Voilà, pourquoi cela lui semblait grotesque. Il venait de prendre conscience à quel point Fred avait rendu sa vie heureuse et amusante. Et qu'il fallait qu'il continue sur cette voie. Il ramassa plus de cresson que prévu, fila le donner à sa mère et courut dans sa chambre. Ron le regarda entrer d'un air étonné mais George ni prit pas garde. Il avait déjà sorti son chaudron et y avait fourré le cresson. Il allait de nouveau créer et inventer et cela le remplissait de joie. Le business était reparti. Et pour de bon.
Le bord de mer vous manque ? Meraboire est là pour vous.
En plus de vous procurer la sensation du vent dans les cheveux et du sable dans les yeux,
Meraboire vous fera donnera chaud comme la braise et remplira votre gorge d'eau salée.
Meraboire et la mer est à vous.