L'univers n'est pas mien. Il est à J.K Rowling (oh comment? Vous n'êtes pas surpris?)
Bon, allez je l'avoue en partant, le titre de ce défi est sortie d'une chanson de Jérôme Couture.
Voici ma participation au défi 1 d'À vos claviers 2014:
- Le thème est Au bord de l'eau
- Le chiffre 42 doit avoir une signification particulière
- Présence des 5 sens (vue, goût, ouïe, odorat et toucher) et des 4 éléments (eau, air, feu et terre)
- Le texte doit faire entre 1500 et 2300 mots
Un gros merci à ma bêta, la charmante Eliah (à qui j'ai piqué les corrections!)
Pourtant, elle n’avait pas toujours été aussi sensible aux froids de l’hiver. Non, à vrai dire, sa haine pour l’hiver avait débuté avec son admission à Poudlard. Elle se souviendrait toute sa vie de la température des cachots durant ses cours de potions. Elle se souvenait des paris et des petites guerres qu’elle faisait avec Susan lorsque la potion demandait à ce qu’elles touchent à n’importe quel liquide. De leur étonnement aussi. Pourquoi n’était-il pas encore devenu de la glace? Elle se souvenait de combien elle redoutait les retenues, à cette période plus que jamais, de peur de devoir goûter plus que nécessaire à la morsure du froid des cachots. Et aussi de combien elle était heureuse d’appartenir à la maison de Poufsouffle, car la température de leur salle commune était bien plus clémente que dans le restant du château. Elle se souvenait de toutes ses fois où elle avait feint d’être mal pour que l’infirmière ou, encore, sa directrice lui signe une autorisation à s’absenter des cours de potions pour rester au chaud dans son lit. Et bien que, d’une année à l’autre, elle s’habituait au château – mais pas aux cachots! – Sa haine du froid restait. Puis elle avait quitté le château, mais l’animosité était restée.
Mais, chaque an, Hannah avait gardé une tradition. Une tradition qu’avait instauré sa mère et qui avait, sans aucun doute, grandement contribué à son amour d’enfance pour cette saison. C’était pour conserver cette tradition, aujourd’hui, qu’elle était en ces lieux et qu’elle s’était fait remplacer au Chaudron Baveur. Chaque an, Hannah revenait sur le bord de ce même lac à la même date soit 42 jours avant son anniversaire. 42 jours avant l’arrivée du printemps. C’était, généralement, le point culminant de l’hiver. Un moment où la mauvaise saison semblait avoir gagné pour de bon, où la terre semblait décéder et où les arbres et les plantes semblaient avoir rendu les armes face à l’intrusion de la neige. Il n’y avait plus de couleur. Tout était gris, tout était blanc. On aurait dit un vieux film moldu sans couleur. Les animaux étaient tous cachés, comme s’ils avouaient leur défaite, et, sous l’épaisse couche de glace qui recouvrait le lac, elle avait pitié pour les habitants qui n’avaient pas d’autre choix que de subir les caprices de la nature. Ils n’étaient peut-être pas victimes des rafales de vent comme elle l’était, mais ils étaient dans l’eau. Une eau dont la température était probablement de moins sept cent mille degrés. Il aurait fallu payer Hannah un un joli petit tas de Gallions pour qu’elle y entre. La vie semblait avoir abandonné, avoir quitté pour un monde meilleur et les hommes n’y avaient pas été invités. Il était même fréquent qu’une tempête fasse rage durant cette journée.
Hannah se souvenait de ce que lui disait sa mère lorsque la tempête faisait rage durant cette journée. C’était bon augure. L’hiver s’épuiserait plus rapidement et dans 42 jours, il serait derrière elle. Il fallait en profiter. Alors, elle fermait les yeux pour mieux écouter le cri de victoire de l’hiver. À l’époque, lorsqu’elle se concentrait bien, elle avait même l’impression de comprendre les chants victorieux de l’hiver, mais cela ne lui faisait pas peur. Une fois ou deux, elle s’était même risquée à chanter avec eux. Comme une façon d’endormir leur méfiance et de leur dire qu’elle leur accordait la victoire pour ainsi aider le printemps à remporter la manche.
« Souviens-toi Hannah. C’est toujours lorsque les gens sont persuadés d’avoir gagné qu’ils s’affaiblissent et plient les genoux. La partie n’est jamais terminée. »
Elle avait aimé y croire. C’était une belle façon de garder espoir. C’était de cette façon qu’elle avait gardé courage après le meurtre de sa mère et lorsque Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom était revenu plus fort que jamais. Elle avait risqué sa vie pour revenir, ne serait-ce que deux secondes, sur la rive de ce lac gelé afin pour perpétuer la tradition.
Parce que dans 42 jours, ce serait le retour de la vie, la victoire de la nature, son anniversaire, le printemps. Alors, le lac près duquel elle reviendrait encore une fois aurait perdu son immense couche de glace. Alors la terre aurait laissé la place à la renaissance de l’herbe et des plantes. Le blanc et le gris auraient commencé à faire place à des couleurs plus joyeuses. L’odeur de la nature reprendrait le dessus sur cette absence d’odeur qu’entrainait l’hiver et Hannah aurait l’impression que sa mère était encore avec elle. En plus, depuis quelques années, l’arrivée du printemps entrainait un nouveau décompte qui prenait son départ alors qu’elle fixait le large pour la seconde fois. Celui qui la séparait des vacances de Pâques et de la semaine que Neville passerait avec elle. Hannah le voyait que très peu durant la saison froide. Une autre raison pour la détester celle-là, tiens.
Il y avait des années où la victoire de la nature avait été plus difficile. Il y avait des années où Hannah avait carrément eu peur que la victoire n’ait jamais lieu. Peut-être qu’un jour le Royaume-Uni allait devenir comme ces portions du globe où l’hiver avait gagné et où l’été n’était jamais revenu, de la même façon que sa mère n’était elle-même jamais revenue. Peut-être qu’un jour, la froideur des cachots de Poudlard allait la poursuivre à tout jamais, jusque chez elle ou jusqu’ici, près de cette étendue d’eau où elle se sentait si bien malgré tout. Peut-être que les habitants du lac allaient rester pris à tout jamais sous cette immonde couche de glace à subir les morsures du froid sans que personne ne puisse rien pour eux. À vrai dire, et bien qu’elle avait honte de l’avouer, même si elle avait pu faire quelque chose pour eux, Hannah n’aurait sûrement rien fait. Cela aurait inévitablement impliqué qu’elle entre en contact avec ce courant glacial et elle ne tenait pas à terminer sa vie en glaçon géant. Mais non, l’hiver avait toujours fini par repartir et l’été par prendre le dessus. Le lac avait toujours fini par redevenir liquide et probablement plus agréable pour les habitants des profondeurs. Hannah avait toujours pu chanter, à son tour, les chants de la victoire.
Dans 42 jours, ce serait l’anniversaire d’Hannah. L’hiver serait souvenir du passé, la neige aurait laissé sa place à la pluie et aux couleurs que celle-ci entraînait. La jeune femme pourrait recommencer à rêver d’une victoire définitive contre son ennemi, contre ses mauvais souvenirs des cachots et que le lac reste pour toujours liquide. Il y avait bien des endroits, sur la planète, où l’hiver avait abandonné toute tentative d’assaut, pourquoi pas chez elle aussi? Juste une seule petite année où elle pourrait se baigner dans cette étendue d’eau 42 jours avant son anniversaire, fixer le ciel en flottant sur le dos et faire un sourire à dame nature. Un sourire qui voudrait dire « Tu vois bien que les bons finissent toujours par l’emporter? Ça aura été long, mais il a enfin compris qu’on ne voulait pas de lui ici. »
Mais l’ancienne élève de la maison de Poufsouffle n’était pas naïve. Elle savait très bien qu’il s’agissait là d’un rêve d’enfant, d’un faux espoir qui n’arriverait jamais. Elle savait bien que, dans un an, elle serait de retour sur les berges gelées à fixer l’horizon grisâtre, à écouter le chant de victoire de l’ennemi froid et à subir les assauts du vent sur ses pauvres os. Elle savait bien que, dans un an, elle serait de retour sur les berges glacées à réfléchir à tous les souvenirs qu’elles retournaient chaque année dans sa tête. Chaque année, il y en avait toujours des nouveaux qui s’ajoutaient, ce qui rallongeait son calvaire face aux caprices de la température qui semblait, chaque année, redoubler d’ardeur. Peut-être qu’à force de toujours revenir, l’hiver avait fini par comprendre qu’elle ne lui concédait pas réellement la victoire et que c’était une tactique. C’était peut-être une revanche. Peut-être que, dans quelques années, le vent allait devenir assez puissant pour la jeter sur la glace et alors, elle entendrait le vent siffler un nouveau chant de la victoire, car il se serait vengé de la traitresse qui s’était bien jouée de lui tant d’années.
Ou peut-être pas, non plus…
Mais chose certaine, dans un an, elle serait de retour à ce point d’observation et sa mère serait de nouveau avec elle.
J'espère que vous avez passé un bon moment.