Ses doigts effleurent le papier comme s’il n’était pas certain que ce qu’il tenait entre les mains était réellement là. Ses yeux passaient de phrase en phrase, de lettre en lettre, de mot en mot avec une avidité évidente, cherchant à retrouver dans ces mots épars celle qui les a écris, son cœur, sa personnalité. Ce sont les mots de celle qu’il aime, de Lily, celle qu’il a perdue il y a maintenant seize ans. Il ne trouve pas dans ses propos des mots sur lui comme il aurait tant souhaité, mais il suffit que ce soit d’elle. Juste d’elle.
Elle y a glissé quelques mots sur son destinataire, sujet qui ne l’enthousiasme pas, mais si peu car Lily n’écrirait pas à quelqu’un pour lui parler de lui mais davantage pour lui parler des autres. Il y avait quelques mots sur LUI, son adversaire honni qui avait réussi à ravir le cœur de sa belle. Il se serait bien passé d’en entendre parler. Il y avait aussi quelques mots encore sur le petit espion, à l’époque encore leur ami et pourtant déjà un traître. Et puis, il y avait Harry, des lignes sur Harry, des paragraphes sur Harry, Harry, le centre de sa vie, cet enfant qu’il avait détesté, mais pourtant protégé.
Il a toujours pensé qu’il le protégeait en hommage à Lily, qu’il veillait ainsi sur ce qui était le plus cher au cœur de sa belle. Mais pour comble de son malheur, il a appris juste avant que Dumbledore ne meure de sa main qu’il se trompait et qu’il n’est là que pour veiller que le garçon meure au bon moment, au bon endroit et de la bonne façon. Il n’a été qu’une pièce dans le jeu d’échec magistral que se jouaient les deux mages. Harry lui aussi n’est qu’une pièce de l’échiquier, une pièce importante, un fou, un cavalier, peut-être même une reine, mais juste une pièce, une pièce qu’on peut sacrifier.
Lord Voldemort, le Seigneur des Ténèbres justifie ces sacrifices du fait qu’il était l’Héritier de Serpentard. Mais quelle excuse Dumbledore se donnait-il quand il était en vie ? Pour le plus grand bien ? Il faisait tout ce qui était nécessaire pour le plus grand bien ? Même si cela consistait à sacrifier le héros de tous les sorciers et à flouer les sentiments d’un homme qui avait tout sacrifié pour être son espion particulier. Il continua de lire et de relire la lettre qu’il avait devant les yeux en suppliant intérieurement Lily de lui pardonner. Les larmes coulèrent soudainement le long de ses joues tandis qu’il pensait à Lily, tandis qu’il pensait aux erreurs du passé que rien ne pouvait changer. Précipitamment, il prend la fin de la lettre sur laquelle elle a signé de son nom et il s’en va. Il lui a dit au revoir une dernière fois.
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