Ce n’est pas le grand luxe, loin de là, le repas de fête est frugal, les cadeaux ne seront pas nombreux demain. Reginald et Mary ne s’échangeront rien. Mais toute la famille Cattermole savoure ce noël depuis leur cachette. Ils sont heureux d’être ensemble, ils savent tous que Mary a échappé de peu à Azkaban. Ils ont eu un peu de mal à assembler les pièces de cette histoire rocambolesque au ministère, qui a d’ailleurs débouché sur l’évasion de Mary et de quelques autres nés-Moldus. Il faut dire que tout s’était passé si vite, ce jour-là.
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Bouleversée par son procès, Mary n’avait pas compris pourquoi Runcorn, pourtant partisan du nouveau régime, lui était venue en aide, à elle et aux autres nés-Moldus, les protégeant de ce majestueux Patronus, s’alliant par ailleurs à Mafalda Hopkrik. Puis son mari dans le hall agissant de manière si étrange, parlant comme si de rien était avec un homme qu’il exécrait au plus haut point, son mari qui était pourtant si rassurant, et cette autre version de son mari en face d’elle… Elle n’eut guère le temps de comprendre quoique ce soit, qu’elle se trouvait déjà dans l’entrée des toilettes. Reginald lui disant qu’il faudrait fuir au plus vite. Les trois personnes agissant si étrangement avaient rapidement transplané, la laissant seule et désemparée.
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Le sapin ne paye pas de mine, Reginald l’a décoré magiquement pour le plus grand plaisir des enfants qui admirent les décorations dansantes de leur père, des étoiles dans les yeux. Ils ont tous un seul cadeau, Reginald et Mary n’ont pu faire mieux. Ellie est malgré tout ravie de sa poupée d’occasion, Alfred de son puzzle et Maisie de ses crayons de couleurs. Les enfants se regardent, complices, et sourient, Ellie se lève et part chercher un paquet qu’elle tend à ses parents.
— C’est pas grand-chose mais avec les petits on vous a préparé un petit cadeau.
Mary et Reginald sont émus jusqu’aux larmes, sachant que ce noël a failli ne pas se faire.
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Reginald ne put repartir du Ministère, toutes les cheminées avaient été condamnées et un homme l’attrapa par le bras.
— Veuillez me suivre pour un interrogatoire !
Accusé d’avoir aidé sa femme à s’évader, il ne dû sa sauvegarde qu’à l’utilisation du Veritaserum. Les Aurors voulaient connaître ses complices pour l’évasion des voleurs de baguette, des voleurs de magie. La seule chose qu’il put dire, c’est que Mafalda avait été particulièrement étrange, insistant pour qu’il mange un chewing-gum qui l’avait rendu malade. Qu’il avait senti un tiraillement dans le cuir chevelu et qu’il avait compris en arrivant au ministère pour soutenir sa femme qu’un individu avait pris sa place.
Intérieurement il était ravi, il savait que Mary n’irait pas à Azkaban, il espérait de tout son cœur que grâce à ces personnes elle était libre, qu’elle allait partir loin. Mary était une femme intelligente, il avait foi en elle, il saurait la retrouver.
— Il semblerait que vous soyez innocent. Avez-vous la moindre idée de l’endroit où se trouve votre femme ?
— Non messieurs je l’ignore.
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L’après-midi, les enfants souhaitent faire une bataille de boules de neige, et toute la famille s’habille chaudement avant de sortir pour partager cet instant de joie. Reginald n’est pas le dernier pour ce genre de jeu, il a gardé son âme d’enfant et Mary ne résiste pas bien longtemps à la tentation de les rejoindre pour savourer ce moment en famille, lançant un projectile dans le dos de son mari. Le jardinet attenant à leur maison raisonne de rires. L’angoisse qu’ils avaient tous éprouvés à l’automne dernier est maintenant de l’histoire ancienne.
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Elle avait rejoint la maison de ses parents dans le Londres moldu, sans utiliser la moindre magie. De toute façon, sa baguette était toujours au ministère, entre les mains de Dolores Ombrage. Les enfants étaient là, serrés les uns contre les autres.
— Maman ! s’écria l’ainée. Je savais que tu rentrerais.
—Ce n’est pas tout à fait exact, ma chérie, on m’a aidé à m’évader. On va devoir partir loin, très loin pour qu’ils ne me retrouvent pas, d’accord ?
Alors qu’elle s’apprêtait à partir, la mère de Mary lui glissa dans la main une carte de crédit.
—Je ne roule pas sur l’or, mais prend cette carte, ils ne sauront pas remonter ta piste avec la technologie moldue.
— Merci maman.
Un long périple commença pour Mary et ses enfants, voyageant dans le monde moldu, se fondant dans la masse. Elle n’avait jamais autant béni ses parents d’avoir fait faire des papiers d’identités aux enfants, ils purent ainsi prendre un Ferry pour la France quelques jours après leur départ de Londres. En posant les pieds sur le sol français, Mary respira vraiment pour la première fois depuis son départ de Londres.
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Après deux heures à jouer dans la neige, la petite famille frigorifiée rentre dans la maisonnette. Reginald s’approche de la cheminée pour raviver les flammes d’un coup de baguette tandis que Mary prépare un chocolat chaud à la cannelle pour tout le monde, réchauffant les corps engourdis, profitant du moment présent. Loin de la tristesse des derniers mois.
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Reginald avait repris sa petite vie pendant un temps. Il se doutait que les hommes du ministère devaient le garder à l’œil, alors il avait décidé d’accomplir son travail non pas avec zèle, ce qui aurait attiré l’attention, mais à peine moins consciencieusement qu’avant, ce qui pouvait s’expliquer par son inquiétude. Mais il laissait trainer ses oreilles, mine de rien, rapportant discrètement des informations à Arthur lorsque le hasard de leurs fonctions respectives leur permettait de se croiser, dans l’ascenseur ou au détour d’un couloir.
Deux mois après les faits, il avait reçu un exemplaire de la Gazette, lui qui n’était pas abonné. Il attrapa le numéro, et éplucha minutieusement tous les articles. Au milieu des résultats sportifs il remarqua un mot imperceptiblement mis en relief. Grenoble. Reginald sourit. Il savait où ils étaient. Mais il n’allait pas précipiter son départ, afin d’être sûr qu’il ne serait pas suivit. Il se jura qu’il rejoindrait sa famille pour les fêtes de fin d’année.
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Le repas du soir est chaleureux, les enfants entonnent des chants de noël tant sorciers que moldus, réunissant leurs deux cultures. Les parents ravis, se joignent à eux.
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Mary avait eu un peu de mal à prendre contact avec la communauté sorcière française, elle savait qu’elle trouverait un quartier sorcier à Paris. Mais il était bien caché, surtout pour une sorcière dépourvue de baguette. cependant la chance fût avec elle, au bout d’une semaine à arpenter les rues de la capitale, elle aperçut une femme portant une cape. Elle la suivi, jusqu’à une porte magique. De là, elle put envoyer un hibou à Madame Maxime, elle avait entendu dire que la directrice de Beauxbâtons avaient été une alliée du professeur Dumbledore. Elle n’était pas sûre de sa source, mais elle n’avait pas d’autre idée.
Madame Maxime mit Mary en contact avec un groupe s’occupant de venir en aide aux nés-moldus en exil. Elle réalisa qu’elle n’était pas la plus à plaindre, que de nombreux enfants, parfois même des très jeunes, étaient coupés de leur famille. Certains avaient perdu leurs parents, d’autres avaient préféré fuguer pour protéger leurs proches. Mary avait décidé de leur venir en aide autant que possible. Elle ne voulait pas rester inactive, elle ne pouvait pas rester inactive ! Elle avait eu de la chance, elle voulait en faire profiter ceux qui avaient besoin d’aide, tant pis si pour cela elle devait vivre chichement. Lorsque Reginald l’eut rejoint, il s’impliqua autant que son épouse au sein de cette organisation. Même s’ils avaient l’impression de ne pas faire grand-chose, ils savaient que leur action était indispensable.
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Les enfants sont couchés, ils s’endorment rapidement, le sourire aux lèvres. Mary et Reginald s’installent sur le canapé devant la cheminée, tendrement enlacés, savourant leur bonheur égoïste d’être ensemble. Intérieurement, ils remercient les personnes qui avaient infiltré le Ministère, ce jour-là. Grâce à eux, ils ont pu être ensemble pour Noël. Ils espèrent que leurs sauveurs passent aussi de bonnes fêtes, où qu’ils soient.