Contraintes :
- Dans ce concours, votre personnage se trouvera dans une situation (quelle qu'elle soit) où il sera amené à se poser cette question. Il faudra bien entendu décrire la situation dans laquelle votre personnage se trouve, décrire l'événement auquel il repense (si vous le souhaitez, vous pouvez insérer un flashback) et décrire les conséquences de son acte/sa parole/son silence/son inaction (cela peut évidemment être inclus dans la description de la situation).
- Votre personnage peut se poser cette question peu de temps après l'événement (quelques heures, jours) ou longtemps après (plusieurs mois, années).
- Tous les personnages de HP sont autorisés de même que les OC. Veillez juste à ce que votre récit soit bien ancré dans le monde de Rowling.
- Le canon n'est pas obligatoire.
- Tous les genres et rating sont acceptés.
- Le texte devra comporter minimum 700 mots et maximum 7000 mots.
- Une seule participation par personne.
- Les mots « si c'était à refaire » doivent apparaître dans le texte.

rockingneverland sur DA
modifiée par Crystallina
J’espère être à la hauteur des autres textes.
Bonne lecture !
La jeune fille n'avait pas encore eu l'occasion de la voir de plus près. Sa mère la lui avait choisie dans un magazine de la boutique de couture la plus réputée et avait ensuite envoyé un Elfe de maison la chercher.
Elle aurait bien aimé avoir son mot à dire sur le choix de ses tenues de soirée, ou sur le choix de ses tenues tout court, mais jamais elle n'aurait osé faire part de cette pensée à sa mère.
A vrai dire, elles ne se parlaient que très rarement, lorsqu'il fallait planifier un évènement ou discuter de son futur.
Narcissa avait remarqué que c'était elle qu'on sollicitait pour aider à préparer une soirée, elle qu'on voulait présente pour accueillir les invités, elle qu'on entretenait sur le mariage et les devoirs d'une bonne fille et femme de sang-pur.
Pourtant, elle était la cadette.
Sa mère avait essayé pendant un temps avec Bellatrix. Puisqu'elle était l'ainée, c'était à elle d'être formée en priorité. Mais sa sœur n'avait rien d'une maîtresse de maison. Elle aimait la bagarre, les insultes et les coups par derrière. Bien qu'elle sache tout à fait donner le change lors des réceptions de leurs parents.
Druella ne l'aurait jamais laissé se détacher de ses devoirs si ça n'avait été pour rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres.
Elle avait ensuite essayé de faire mieux avec Andromeda, sa deuxième fille. Au début, cela s'était plutôt bien déroulé. La petite faisait tout son possible pour faire plaisir à sa mère et écoutait ses conseils d'une oreille attentive.
Puis elle avait grandi. Elle s'était fait des amis que ses parents n'auraient pas le moins du monde approuvés. Elle avait commencé à réfléchir. Un peu trop au goût de leur père. Elle avait fini par poser des questions. Puis elle avait rencontré quelqu’un.
Eut-il été un sorcier respectable, Druella et Cygnus lui aurait interdit de le voir. Son destin était d’épouser l'homme qu'ils choisiraient pour elle.
Mais c'était encore bien pire. Il se trouva que Ted Tonks était un né-moldu.
Narcissa se souviendrait toute sa vie des violentes disputes qui avaient secoué le manoir, des mots horribles qui s'étaient écoulés des bouches des uns et des autres.
Elle sursauta. Le piquement d'une épingle à cheveux la sortit de ses pensées. Elle entendit à peine l'elfe qui la coiffait depuis près d'une heure lui présenter ses plus plates excuses. Elle regarda d'un air absent son reflet dans le miroir.
Elle était jolie. Elle le savait. Ses longues mèches blondes, ses grands yeux bleus et son visage angélique retourneraient plus d'un cœur.
Elle avait toujours était fière de son physique. De son sang. De sa supériorité. Mais ce soir-là, elle n'avait que faire de son apparence.
Elle doutait.
Pour la première fois de sa vie, elle doutait d'avoir pris la bonne décision.
Elle doutait d'avoir eu raison de choisir une sœur plutôt que l'autre.
Bellatrix plutôt qu'Andromeda.
Sans même s'en rendre compte, elle se mit à jouer avec ses mains. Un mauvais tic qu'elle avait, petite, lorsqu'elle angoissait, et que sa mère s'était évertuée à lui faire perdre. « Vulgaire. »
Il n'y avait qu'un mois qu'Andromeda s'était enfuie avec son né-moldu, mais elle avait l'impression de ne l'avoir plus vue depuis des années. Elle lui manquait terriblement.
Narcissa avait toujours été plus proche de Meda que de Bella.
La première était toujours gentille, toujours présente, toujours attentionnée. Elle était là lorsque Narcissa avait peur, froid, lorsqu'elle n'arrivait pas à dormir, lorsqu'elle avait besoin d'une maman et que la sienne dormait loin, à l'autre bout du sombre manoir, dans une grande pièce froide.
La deuxième était toujours énervée. Elle l’aimait, pourtant, elle en était sure. Mais elle ne savait pas comment le montrer. Et plus elles grandissaient, moins Bella faisait d'efforts. Lorsque leur soeur avait été reniée et effacée de la tapisserie, elle avait déclaré que c'était bon débarras, qu'il y avait désormais un parasite en moins dans leur famille.
Narcissa, elle, n'était pas d'accord. Du haut de ses seize ans, elle pouvait comprendre Meda, bien qu'elle lui en voulait et la blâmait.
Personne ne contrôle l'amour.
Elle l'avait bien compris à travers les récits que sa sœur lui avait fait de son camarade de classe. Elle l'aimait, et c'était aux yeux de la jeune fille la seule excuse d'Andromeda.
Ça, et le besoin de s'échapper de cette cage dorée.
Jusqu'à présent, Narcissa n'avait jamais vraiment ressenti le désir d'être ailleurs. Son enfance au manoir, bien que marquée par l'absence de parents dignes de ce nom, avait été heureuse, grâce à ses deux grandes sœurs. Seule l'année qu'elle avait passé seule, Meda et Bella parties pour Poudlard, avait été longue et quelque peu triste.
Puis elle avait à son tour intégré l'école et elle n'avait plus eu la moindre seconde pour s'ennuyer. Les cours, les amis, les bals, les regards envieux de ses camarades, son nom presque sacré qui lui valait des remarques admiratives avaient remplis sa vie mieux que n'importe quel jeu.
Inconsciemment, elle avait tout fait pour ne pas penser à la fin de sa scolarité.
Mais le départ de Meda la forçait à voir les choses en face : dans deux ans, au même instant, elle serait mariée. Et dès lors, plus rien ne viendrait la sauver des longues journées solitaires à errer dans une autre demeure bien trop grande pour elle.
Il lui faudrait donner des enfants, également. Parviendrait-elle à les aimer ? Ou deviendrait-elle comme sa propre mère, distante, froide, aigrie ?
A cet instant plus qu'à n'importe quel autre, elle comprenait sa soeur.
Elle poussa un autre soupir et vérifia l'heure sur la vieille horloge soigneusement sculptée.
Elle avait encore une heure devant elle avant de devoir descendre les escaliers en bois, en prenant garde de ne pas abimer son habit, les talons de ses chaussures assorties s'enfonçant dangereusement dans le tapis brodé.
Elle se souvenait des innombrables leçons durant lesquelles sa mère s'efforçait de leur apprendre, à toute les trois, à marcher avec des chaussures toutes plus inconfortables les unes que les autres, à garder leur dos droit même lorsqu'il les faisait souffrir, à enchainer des pas gracieux sans se prendre les pieds dans leurs traînes. Elle les avait formées à l'art de la conversation, leur avait appris à répondre avec pertinence, sans paraitre trop idiotes ni trop intelligentes, leur avait montré comment tenir un verre avec grâce.
Narcissa savait qu'elles lui devaient d'avoir fait des entrées brillantes dans le monde, qu'elles lui devaient les regards admiratifs lorsqu'elles passaient la porte de la grande salle de réception, les remarques envieuses qu'on murmurait sur leur passage, les nombreuses danses qu'on leur demandait au cours des soirées.
C'est pour cela qu'elle avait pris cette décision. Celle de ne pas suivre Andromeda. Elle aimait cet univers. Les lumières étouffantes, les tenues époustouflantes, les prétendants impatients. Elle aimait être la reine du bal, la princesse inaccessible et tant désirée.
Elle savait que ça ne durerait pas. Un jour elle serait la maîtresse de maison, mariée et mère, simplement présente pour rendre son futur nom plus enviable encore et pour trouver à ses filles les meilleurs maris possibles.
C'est pourquoi elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour en profiter. Pour l'instant, elle était une magnifique jeune sang-pure à marier mais pas encore disponible, à l'abri entre les murs de Poudlard.
Mais depuis qu'Andromeda était partie, tout paraissait plus terne. Les bougies brillaient avec moins d'éclat. Les mets nourrissaient avec moins de saveur. Narcissa dansait avec moins d'enthousiasme.
Et elle en venait même, certaines nuits, enfouie sous de douces couvertures de soies, à regretter.
Elle regrettait d'être restée.
Elle regrettait de n'avoir pas dit oui, lorsqu'Andromeda s'était glissée dans sa chambre cette nuit-là, vêtue des habits les plus simples qu'elle avait pu trouver dans son armoire, pour lui murmurer à l'oreille qu'elle s'en allait.
Narcissa s'y attendait. Elle savait. Sa sœur s'était toujours confiée à elle, toujours. Sur Poudlard, sur ses amis, ses ennemis, ses amours, ses cours, ses déceptions, ses doutes et ses joies. Et Narcissa s'était toujours confiée à elle. Toujours.
Alors elle savait, sans que Meda n'ait eu besoin de le lui dire explicitement.
Elle avait hésité. Elle avait, du bout des doigts, caressé le sac de voyage caché sous un de ses nombreux oreillers. Elle avait presque dit oui.
Mais un petit quelque chose l'avait retenue. Le reflet d'un rayon de lune, qui venait frapper un des flacons délicatement alignés sur une commode. Le plus beau. Le plus cher.
Serait-elle encore capable de s'offrir de telles choses, une fois loin d'ici ? Pourrait-elle encore porter une jolie robe, une fois sortie de la demeure de son enfance ? Assisterait-elle encore à une réception, une fois passées les portes du vieux manoir ?
Non. Bien sûr que non.
Andromeda avait tout de suite compris. Il lui avait suffi de suivre le regard de sa sœur.
Elle avait été déçue, Narcissa le savait. Mais elle n'avait rien laissé paraître. Elle s'était contentée de la regarder, de lui sourire.
« Ma porte te sera toujours ouverte. Toujours, petite soeur. »
Quelque chose de froid et d'humide coula le long de la joue de Narcissa. Une larme.
Elle l'essuya avec rage. Elle se sentait tellement idiote ! Elle n'avait jamais été le genre de fille à pleurer pour un oui ou pour un non. Elle avait toujours été forte.
Mais cette fois, elle se sentait vaincue. Elle n'était plus belle, elle n'était plus admirable, elle n'était plus pure ou désirable.
Elle était seule. Juste seule.
Des coups impatients retentirent contre la porte et la voix de Bellatrix s'éleva.
Narcissa essuya hâtivement ses yeux rougis. Heureusement qu'elle ne s'était pas encore maquillée.
« Je ne suis pas prête. Je te rejoins avant le début », répondit-elle sans grande conviction à une question qu'elle n'avait pas écoutée.
Les pas pressés de sa sœur s'éloignèrent dans un autre couloir et elle laissa échapper un soupir de soulagement.
Il ne fallait pas qu'on la voit dans cet état. Elle ne pouvait pas se permettre qu'on la croit faible ou fragile, qu'on sache qu'elle doute et qu'elle ait ne serait-ce qu'imaginé partir d'ici.
Il ne fallait pas qu'on sache que sa sœur lui manquait.
Il ne fallait pas qu'on sache qu'elle l'aimait toujours.
Et, plus que tout, il ne fallait pas qu'on sache qu'elle avait des regrets.
Elle attrapa machinalement une poudrière en argent et l'ouvrit sans lui lancer un regard.
Il fallait qu'elle recouvre ses joues pâles pour qu'on ne voie pas à quel point cette histoire l'avait affectée.
Elle ne pouvait pas s’empêcher de repasser en boucle la scène dans sa tête.
Au moment du repas, en plein milieu d'une balade dans le parc, au détour d'une conversation, le souvenir de sa sœur l'assaillait à n'importe quel moment de la journée.
Mais le pire, c'était le soir, quelques minutes après avoir éteint sa chandelle, quand ses yeux se faisaient lourds et que son corps s'enfonçait doucement dans le matelas moelleux. Alors, le visage d'Andromeda surgissait derrière ses paupières closes. Elle revoyait son sourire, elle entendait sa voix, elle se souvenait des nuits d'orage passées sous les couvertures, serrée contre elle.
Elle se réveillait en sursaut et ne parvenait plus à s'endormir jusqu'au petit matin.
Une question tournait en boucle dans sa tête. Elle avait élu domicile dans ses pensées le lendemain de la fuite de sa sœur et ne semblait pas décidée à en sortir.
Et si c'était à refaire ?
Certaines nuits, elle trouvait une réponse.
Souvent, elle se disait qu'elle aurait ignoré ce maudit reflet sur le flacon, attrapé son sac, descendu pour la dernière fois les riches escaliers et se serait faufilée dehors, dans les ténèbres, sous les étoiles scintillantes, prête à prendre sa vie en main.
Parfois, elle se disait qu'elle avait pris la bonne décision. Qu'elle n'aurait pas supporté de changer d'univers, d'abandonner robes, soirées, richesses, reconnaissance et célébrité.
Cependant, la plupart du temps, elle ne parvenait pas à trancher et restait ainsi, allongée au milieu des draps, à penser, incapable de trouver le sommeil jusqu'à ce qu'un magnifique lever de soleil apparaisse dans le ciel et autorise quelques-uns de ses rayons à zigzaguer jusqu'à la fenêtre de sa chambre pour venir caresser ses paupières lourdes et gonflées.
Des toquements exaspérés et une voix sèche tirèrent Narcissa de ses pensées. Elle sursauta et se cogna violemment le poignet contre la petite table. Elle poussa un autre soupir.
« J'arrive », répondit-elle en appliquant une crème sur le bleu qui commençait à se former sur sa peau diaphane.
Elle se leva lentement et défit les attaches de son vêtement. L'Elfe s'empressa de déplier la robe qui l'attendait toujours sur le lit pour la lui apporter.
Narcissa l'enfila sans lui prêter grande attention. Elle sentit tout juste la texture délicate du tissu contre sa peau et l'agréable odeur de fleur qui s'en dégageait.
Elle jeta un coup d'œil rêveur à son reflet dans le miroir sur pied et en eut le souffle coupé. Elle était magnifique. Presque autant que la robe.
D'un bleu pâle, celle-ci s'accordait si bien avec ses yeux que la jeune fille soupçonna sa mère d'avoir passé une commande spéciale. Les formes du vêtement collaient parfaitement aux siennes. Elle avait une longueur impeccable.
Elle enfonça ses pieds dans les chaussures assorties. Elles étaient agréables à porter. Etrange. Ce n'était pas le genre de détails dont se préoccupait sa mère, habituellement.
La vérité frappa Narcissa de plein fouet, si fort que la jeune sang-pur recula d'un pas trébuchant.
Toutes ces attentions n'étaient prévues que dans un seul et unique but : montrer au monde que malgré une fille traîtresse, les deux autres jeunes filles de la maisonnée avaient tout pour devenir de parfaites épouses et n'avaient aucunement le sang sali ou contaminé.
Elle aurait dû s'en douter. Le scandale qui avait éclaté avait rendu folle Druella, bien plus que la perte de son enfant.
Et elle ? Comment allait-elle réagir ? Devrait-elle refuser cette mascarade, en souvenir de sa sœur ? Ou jouer le jeu ?
Elle avait déjà gâché sa chance de s'enfuir. Rien ne servait plus de gâcher sa vie ici, désormais. Car elle n'avait pas le choix. Si elle voulait survivre dans le monde qu'elle avait choisi, il lui faudrait être la plus belle. La plus forte. La plus sage. La plus désirable.
Elle n'avait plus droit aux doutes.
D'une main sûre, elle s’empara de la paire de boucles d'oreilles que son père lui avait offerte pour l'occasion.
Ce soir, elle devait impressionner.
« Port royal. »
Ce soir, elle devrait être exemplaire.
« Port royal. »
Ce soir, elle serait la princesse.
En ouvrant doucement la porte de sa chambre, en descendant délicatement les escaliers, en entrant voluptueusement dans la salle lumineuse, en rejoignant gracieusement sa sœur, elle ne pensait qu'à une chose. Le conseil le plus important de sa mère. Le dernier d'une longues série.
« Port royal. »
Pour réussir.
Ou plutôt pour empêcher une question interdite de parvenir jusqu'à son cerveau.
« Et si c’était à refaire ? »
Verdict ?