" Crabbe, va me chercher mon sac, dans la salle commune !"
" J'ai oublié ma plume, Crabbe, donne-moi donc la tienne."
" Qu'est-ce que tu attends pour me suivre, Crabbe ?"
A vos ordres, petit prince Malefoy. Que vos moindres souhaits soient exaucés, je m'en porte garant. Fidèle serviteur que je suis.
Il se pavane dans les couloirs de Poudlard, le menton relevé, le regard méprisant, le cheveu bien plaqué sur son crâne. Attitude hautement étudiée.
Et moi, et Goyle.
Derrière ce monument d'égocentrisme et de fierté assumés, malgré notre imposante stature, nous ne sommes rien d'autre que ses esclaves dévoués. Il avance en tête, nous suivons. Il parle, nous nous taisons. Il foudroie de son regard gris, nous baissons le nôtre.
Pourtant, avant, nous étions fiers de pouvoir nous montrer en sa compagnie. Père avait été si fier lorsqu'il avait appris que son fils avait des relations avec le fils de Lucius Malefoy ! Je nous voyais comme le trio maître de tout Poudard, imposant sa loi partout. Il n'en a jamais été ainsi. C'était toujours lui, seul, qui attirait tous les regards, tandis que Goyle et moi jouions le rôle des brutes épaisses. Gardes du corps idiots. Molosses sans cervelle.
Accablés dès la première année par les remarques acerbes des professeurs. Terrifiant les élèves plus petits. Méprisés par les plus âgés. Seuls.
A deux, et pourtant... La compagnie de Goyle a toujours eu quelque chose d'étrange. Sans Malefoy, il a l'air d'un gamin qui a perdu sa mère. C'est désolant, mais je ne ressens aucune pitié pour lui. Pas de compassion. Je le comprends, et c'est bien pire.
Je ne veux pas me dire que je lui ressemble. C'est pourtant le cas. D'ailleurs, les autres ne nous différencient pas.
C'est Crabbe-et-Goyle. Tout attaché. Pas de distinction.
On nous voit comme une sorte de créature à deux visages. Ils ne savent pas à quel point nous sommes distants. Les gens ne savent jamais rien, mais ils parlent et ne se soucient jamais de ce que ça fait quand moi, je les entends.
Goyle devient de plus en plus agressif. Il ne réfléchit pas.
Moi, c'est peut-être bien la première fois, mais j'ai réfléchis. Ils vont bien voir, tous, de quoi Vincent Crabbe est capable.
Père aura le bec cloué.
Malefoy sera fou de rage.
Goyle ne saura pas quoi dire, comme d'hab.
Le Seigneur des Ténèbres sera conquis.
Je vais tuer Harry Potter.
Les sorts pleuvent de tous côtés. Une clameur à la fois effrayante et stimulante s'élève des murailles du château en proie aux flammes.
- Crabbe, Goyle, ici ! Suivez-moi ! hurle Malefoy, le visage déformé par la peur.
Je le suis, Goyle aussi. Lorsque nous arrivons à son niveau, il nous souffle :
- J'ai vu Potter ! Il allait dans la Salle sur Demande, on va l'avoir !
Il nous mène vers un couloir presque épargné par les combats. Je crois que c'est le sixième étage, mais il y a une immense porte entrouverte que je 'avait encore jamais remarquée. Malefoy s'y engouffre à toute vitesse. Il est dans un état halluciné, hors de contrôle, assez inhabituel.
Moi, je suis calme.
Nous nous faufilons silencieusement dans cette drôle de pièce, entre des montagnes d'objets entassés.
Goyle percute une lourde balance en étain qui s'écrase sur le sol avec un bruit de cymbale. Malefoy le fusille du regard.
" Imbécile, tu ne peux pas faire attention ? Le plan va rater !"
Le plan va rater. Le tien peut-être, petit prince, mais pas le mien.
Puis tout s'enchaîne très vite. Trop.
Au détour d'une allée, nous nous retrouvons nez à nez avec Weasley. Il est mal en point. Ses vêtements sont calcinés par endroits, là où les sorts l'ont frolés de justesse. Un combat débute entre lui et Goyle.
Mais j'ai déjà repéré ce que je cherchais. Le reste est brouillé. Il est là. Malefoy le provoque, mais je n'entends même pas ce qu'ils se disent.
Je sors ma baguette. La pointe sur Potter.
Ça y est, Vincent, on y est. Tu es un héros, et tout le monde le saura.
- Feudeymon !
Le souffle de l'explosion de projette en arrière. J'entends quelqu'un crier. Je ne vois plus que le feu, partout. Partout.
La chaleur me tombe dessus comme un drap épais et me paralyse. Ma baguette a disparu et je la cherche à tâtons sur le sol, en vain.
Un second hurlement strident. J'espère que c'est Potter. Ou Malefoy. Je ne sais même plus lequel des deux j'avais le plus envie de buter ce soir.
Une brûlure intense s'empare de chaque parcelle de ma peau, je ne cherche même plus ma baguette. Je vais mourir.
En héros.
Oui, je suis un héros.
J'ai tué Harry Potter.
Petit OS sur un personnage oublié et peu engageant, il faut bien l'avouer.
Bonne lecture :D
J'espère que ce court OS vous plaira !J'espère que ça vous a plu, n'hésitez surtout pas à me laisser une review, ça me ferait vraiment plaisir !