Disclaimer : Les personnages appartiennent à JK Rowling. Les phrases en italique sont tirées de la musique "Alter ego" de Jean-Louis Aubert.
"Alter ego", c'est une chanson qui m'a toujours énormément touchée et Jean-Louis Aubert est un auteur que j'admire. Sa musique, sa mélodie et surtout ses paroles m'ont inspirée ce texte qui j'espère vous plaira. Les phrases en italique lui appartiennent entièrement ;)
Merci à Fleur d'épine de savoir me motiver quand j'ai du mal à aligner les mots.
Bonne lecture !
J'ai cherché les mots pendant longtemps mais ils n'existent pas. Il n'y en a aucun d'assez fort pour expliquer ce que je ressens, pour décrire ce vide qui m'engloutit toujours un peu plus à mesure que le temps passe. J'ai l'impression que le monde continue de tourner alors que moi, je suis resté figé à l'époque où tu étais encore là. On avait vingt ans ; je vieillis sans toi, à contre-coeur. Fêter une année de plus est un supplice. J'essaie de faire plaisir à maman, de manger un morceau de son gâteau et d'ouvrir mes cadeaux comme un gamin mais ça n'a pas la même saveur. Parce que tu n'es pas là, parce que tu n'es plus là et que tu ne le seras jamais plus pour le faire avec moi. Alors, j'ai toujours vingt ans. Comme toi.
Tu m'as laissé seul ici, comme un orphelin, comme une âme en peine parce que j'ai beau essayer de faire illusion, personne ne me croit. Leurs regards me transpercent, ils voient tous que je porte encore ta disparition sur mes épaules. Papa désespère me voir rire de nouveau un jour, Ron m'aide à la boutique au détriment de sa carrière d'Auror. Maman essaie tant bien que mal de faire face à mon chagrin mais elle n'en mène pas large non plus. On a tous du mal à remonter la pente. Pourtant, je me sens plus seul que jamais avec cette douleur qui ne cesse de me taillader, toujours plus fort.
Tu m'as laissé seul ici mais partout, tu me suis. Mon ombre, mon reflet, les vêtements que je porte, c'est toi. C'est nous. Tu es moi, je suis toi ; cette ressemblance qui faisait notre force est maintenant insupportable. Je ne me regarde plus dans les yeux parce que je n'y vois que toi, Fred, je ne vois que toi dans ce que je suis. On était un tout, on était "nous". Moi sans toi, je deviens "je" et j'déteste ça.
Il y a ce "nous" qui flotte dans l'air chaque fois que la famille se réunit, il y a ce toi dans moi toujours aussi ancré même s'il ne fait plus rire personne. A quoi bon faire des blagues puisque tu n'es pas là pour compléter mes phrases. C'est une sale habitude qu'on a prise, tu le sais, ça ?
Finir les phrases l'un de l'autre, je me demande lequel de nous deux en a eu l'idée. Mais c'était stupide, Fred. C'est tellement difficile aujourd'hui de commencer à parler et de se confronter à ce blanc infini, ce blanc qui devrait être comblé par ta voix... Mais il continue, interminable. Ca fait cinq ans que tu m'as quitté et je me bats toujours autant pour aller bien. Pour afficher un sourire parfois bien trop dur à esquisser, pour ne pas montrer que tout se brise en moi chaque fois que je me regarde dans un miroir.
J'ai la sensation d'être bancal sans toi, de perdre l'équilibre et de tomber tous les trois pas. J'ai l'impression de devoir me relever avec un poids sur le coeur, le temps qui passe ne fait que l'alourdir. J'aurais aimé le contraire. J'aurais voulu être en paix avec ta mort, avec la guerre que tu as combattue mais on m'a arraché la moitié de mon corps et je saigne encore. Essayer de panser mes plaies, à quoi ça sert ? On était deux pour ne faire qu'un. Je ne suis qu'un mensonge, une imposture sans toi.
Où tu es ? Je te cherche et je me perds dans notre ressemblance qui n'a plus aucun sens à présent. T'es sûrement baie des anges, cet endroit que maman aimait nous raconter quand on était encore assez sages pour l'écouter. Oui, t'es sûrement là-bas...
J'ai rencontré quelqu'un, Fred. Elle m'aide, tu sais. Elle m'aide à mettre un pas devant l'autre quand je n'y arrive pas. Elle me dit doucement de continuer mon chemin sans me demander de le faire sans toi. Elle essaie de me soutenir quand le poids de ta mort est trop lourd à porter. Je n'arrive toujours pas à parler de toi, ni à elle, ni à personne d'autre, mais elle me comprend d'une autre façon. C'est probablement pour ça que je m'en sens si proche. Et je crois que ça me fait du bien.
J'aurais voulu que tu sois là pour le voir. Peut-être que tu me regardes de là où tu te caches mais rien ne pourra jamais remplacer ta présence. J'aurais aimé qu'on en invente des farces, que tu te foutes de moi avec mes manières maladroites de l'aborder, que tu tentes ta chance aussi parce qu'après tout, elle aurait pu être amoureuse de toi. Angelina.
Il y a ce vide que tu as laissé, impossible à combler. Il y a ces larmes que tu ne peux pas sécher, cette tristesse que tu ne peux pas soigner. Il y a ces mots que tu ne diras jamais, ces moments que tu ne vivras pas. Il y a cette guerre qui m'a estropié, amputé de ma moitié. Il manque un temps à ma vie. Il manque ton rire, je m'ennuie. Il me manque toi.
Mon alter ego.
Merci d'avoir lu ! J'espère que vous avez aimé ! :)))