A l'aéroport, Roxanne avait l'impression d'étouffer. En proie à un désespoir extrême, elle avait du mal à comprendre comment elle parvenait encore à rester debout.
Ca faisait mal. Terriblement mal.
Ca la broyait, ça la tuait.
Au moment de donner son passeport, Lucy hésita.
Elle avait peur. Pas un peu peur.
Nom, elle avait peur de la vraie peur : celle qui vous hérisse le poil et vous empêche de dormir alors que vous avez branché votre veilleuse en priant pour que personne ne sache que vous ne savez toujours pas dormir dans le noir à vingt-deux ans.
Elle tremblait un peu en remettant le bout de papier à la guichetière.
Pourtant, Roxanne avait toujours pensé qu'elles avaient était épargnées. Deux rescapées en quelque sorte.
James Sirius, Albus Severus et Lily Luna portaient les noms de leurs grand-parents morts au combat.
Dominique portait le nom de la meilleure amie de Fleur, décédée de la dragoncelle.
Victoire avait été nommée ainsi en raison de sa naissance le jour du plus grand massacre sorcier des temps modernes et Louis était le nom de tous les premiers garçons nés dans la famille Delacour depuis l'aube des temps.
Hugo portait le nom d'un auteur mort qui avait écrit les misérables - le comique du siècle.
Et Rose portait le nom de la soeur de sa marraine, une femme aussi aimable qu'une porte de prison.
Quand à Fred et Moly, le simple fait qu'on les surnomme les substituts auraient dû mettre la puce à l'oreille de n'importe qui.
Alors elle avait cru qu'elles étaient les chanceuses : les deux seules personnes de leur génération à ne pas avoir un prénom les condamnant à être quelqu'un d'autre.
Etre soi, et seulement soi, c'est une grande chance dans la vie.
Mais ses rêves d'unicité avaient été balayés en une soirée.
Ils avaient brûlé dans les feux d'une passion qui n'était ni la sienne, ni pour elle.
Et son coeur avait brûlé en même temps que ses rêves.
Par le hublot, Lucy voyait les nuages.
C'était beau comme dans le film Aladin, quand ils chantent ce rêve bleu.
Contrairement à ce que pensait sa mère, la nature n'avait pas besoin d'opération pour être belle. Elle l'était tout simplement.
Lucy imagina un tapis volant jaillir du nuage et, soudain, le ciel se teinta de bleu nuit dans son esprit. Le souvenir d'Aladin faillit la faire sourire.
Puis, elle se rappela qu'elle avait toujours eu peur du méchant perroquet Iago.
En fait, ce n'était pas beau. C'était terrifiant.
Et dans tous ces nuages, elle craignait à présent de voir apparaître des oiseaux inconnus dont au loin l'ombre aillée obscurcissaient son coeur.
Mais qu'allait-elle faire dans cette galère ?
En sortant de l'avion pour la quatrième fois, Roxanne s'étira. Ses muscles étaient endoloris par leur trois jours de voyage mais son esprit était toujours prisonnier de cette passion autre.
Trois jours de voyage.
Cinq jours depuis qu'elle avait mis le feu à sa dernière photo.
Son coeur cognait follement contre sa cage thoracique et il lui semblait entendre le son des tambours battre à ses oreilles.
Elle fuyait et souffrait et mourrait.
Tout n'était que fuite en avant.
Mais le feu de cet amour éteint la rattrapait toujours.
Existait-il un endroit sur cette île que le feu ne pouvait pas atteindre ?
Nouméa s'ouvrait devant eux et Lucy se sentait mal. Pourquoi avaient-elles choisi la Nouvelle Calédonie déjà ?
Ah oui....parce que Louis leur avait encore fait un exposé sur sa dernière marotte au dîner de famille. Comme d'habitude, il s'était mis à critiquer la France pour faire enrager sa mère et avait choisi, cette fois-ci, de s'attaquer au cas des Kanaks du jardin zoologique.
Et, quand Roxanne avait débarqué à six heures du matin chez elle, Lucy ne savait pas pourquoi, elle avait proposé de partir là-bas.
En oubliant momentanément qu'elle était une trouillarde de compétition et qu'elle parlait le français comme une nouille asiatique.
Quoi que, à la réflexion...les nouilles asiatiques parlaient certainement mieux le français qu'elle.
Roxanne posa son regard au loin. Le paysage était magnifique. La température ni trop froide, ni trop chaude. L'air était un peu humide.
Elle soupira. Que faisait-elle ici ?
Il lui semblait qu'elle n'avait pas sa place dans cette beauté, dans cette foule.
Le calme de l'océan contrastait de façon affreuse avec ce feu qui la dévorait à force de n'être pas partagé.
Quelque part, au loin, une voix l'appelait. Aurait-elle dû rentrer ?
Pourtant, c'était elle qui avait voulu partir...
Lucy avait souvent cru que l'anglais était une langue universelle. La faute aux films et aux séries où même les extra-terrestres parlaient sa langue, sûrement.
Manque de chance, elle était dans une ancienne colonie française, où ceux qui ne parlaient pas français, baragouinaient dans une langue qui ne ressemblait à rien de ce que ses oreilles avaient jamais entendu.
Lucy se prit la tête entre les mains.
Elle aurait voulu voler au-dessus des nuages pour retrouver son chemin. Ou pour se sentir libre.
Ne plus avoir peur tout le temps.
Mais elles étaient perdues et Roxanne était complètement à l'ouest et personne ne les comprenait et elle ne comprenait plus rien et elle avait peur...
Elle était partie pour prouver à sa mère et à elle-même qu'elle était capable d'autre chose que d'imiter les autres et de les suivre comme un petit toutou.
Elle était partie pour se prouver qu'elle était forte.
C'était raté.
Roxanne attrapa la main de Lucy et l'entraîna à sa suite.
« C'est par là. »
Pour être honnête, Roxanne ne savait pas ce qu'il y avait par là. Elle savait juste que c'était par là.
Elle n'était pas à sa place ici mais elle serait à sa place là-bas. Un son étrange lui emplissait l'esprit, occultant le reste. Et une langueur étonnante avait pris la place de ses doutes, de sa colère et de sa peine.
Son coeur n'était pas brûlé. Il était en attente.
Mais en attente de quoi ?
Lucy suivait Roxanne et commençait à se demander si c'était une bonne idée.
Sa cousine avait l'air de savoir où elle allait mais...pourquoi s'éloignaient-elles autant des habitations ?
Un oiseau passa à côté d'elle et Lucy sursauta. Il lui avait fait peur.
Râlant pour la forme, elle accéléra pour rester à côté de Roxanne.
Où allaient-elles ?
C'était là, Roxanne le sentait.
Devant l'arbre qui la dominait, Roxanne se sentait mieux.
Son coeur en cendres paraissait revivre.
Elle tourna autour de l'arbre et il lui semblait qu'il l'attendait.
L'oiseau les avait suivi. Et cela perturbait Lucy.
Bien sûr, dans l'ordre des choses, elle aurait dû être perturbée par Roxanne qui tournait autour de son arbre depuis une bonne demi-heure et oublier le piou-piou qui la regardait avec insistance.
Mais elle se contentait de regarder Roxanne faire - elle avait l'air un peu folle mais pas en danger immédiat - et se concentrait sur l'oiseau.
Pourquoi était-il là ?
Pourquoi ne bougeait-il pas ?
Pourquoi la regardait-il ?
Roxanne avait toujours pensé qu'elles étaient chanceuses de porter un prénom qui ne leur avait pas été donné pour honorer un mort.
Juste qu'à la semaine précédente.
Elle glissa ses mains sur son ventre.
Le chant qui lui vrillait les oreilles depuis le début de l'après-midi fut rejoint par un bruit sourd.
Un bruit de tambour, le son de son coeur.
Ses mains remontèrent et vinrent caresser son propre visage, d'abord doucement, puis de façon plus possessive, comme si elle découvrait ce nez, ce front, cette bouche, qu'elle portait depuis si longtemps sans vraiment les connaître.
Elle se découvrait. Elle se consumait.
Et les tambours battaient.
Fichu oiseau !
Lucy n'aimait pas les oiseaux. Ils lui faisaient peur.
La chose sautilla plus près d'elle.
Lucy s'assit sur une souche d'arbre, ramena ses genoux sous son menton et ferma les yeux.
Elle n'allait pas paniquer. Elle ne voulait pas paniquer.
Ce n'était pas la petite bête qui allait manger la grosse après tout...
Un, deux, trois.
Un, deux, trois.
Un, deux, trois.
Les yeux fermés, Lucy se sentait mieux.
Pourquoi avait-elle peur, déjà ?
Les paupières closes, elle se concentra sur sa respiration.
Un, deux, trois, inspirer.
Un, deux, trois, souffler.
Elle allait mieux.
Son corps se détendait.
Un, deux, trois. Roxanne leva la jambe.
Un, deux, trois. Elle ferma les yeux.
Un, deux, trois. Ses mains se tendirent vers le ciel.
Un, deux, trois. C'est tout son corps qui répondait à l'appel de la musique.
Un, deux, trois. Le temps n'existe plus.
Le noir est partout derrière ses paupières closes et le calme est omniprésent.
Dans cette nuit provoquée, elle est libérée de la peur qui l'oppresse depuis si longtemps.
Elle devrait ouvrir les yeux, récupérer Roxanne qui est devenue folle à cause d'un arbre et rentrer à la case.
Mais elle libre dans le noir.
Et la peur s'est enfuie...
La musique coule en elle et même les yeux ouverts, elle ne voit que du flou.
Le feu la fait vibrer et les tambours l'appellent.
Alors elle danse.
Et sa tête tourne, et son corps balance.
Est-ce son souffle qui se coupe ?
Il est rauque maintenant et ces inspirations, qui ne sont que fumée, sont autant de notes qui rejoignent la musique.
Elle danse contre l'arbre. Elle danse pour l'arbre.
Qu'importe l'arbre au fond. Et qu'importe la danse.
Mais le chant la possède...
Lucy est libre dans le noir. Elle n'a plus peur de lui.
Mais la lumière lui manque. Alors elle ouvre les yeux.
L'oiseau n'est plus là. Il lui manque.
Le monde est étonnamment lumineux.
Elle se lève, debout sur la souche, et respire.
Puis referme les yeux.
Son dos frappe le tronc.
Sa tête part en arrière.
Ses mains griffes l'écorce.
Ses muscles brûlent plus fort.
Et le cri jaillit.
C'est un hurlement.
C'est viscéral.
C'est son chant.
Perdue dans le noir, Lucy entend un cri.
Celui de Roxanne.
Mais elle n'a peur ni du cri, ni de Roxanne, ni d'être perdue.
Dans le noir, un second cri se mêle à celui de Roxanne.
C'est le chant de l'oiseau.
Et la mélodie, comme une vague scélérate, emporte tout sur son passage.
Collée le dos contre le tronc, elle lève les bras et ondule encore.
Elle veut danser, elle doit danser.
Faire danser son corps comme les flammes dansent dans les feux de l'enfer.
Mais la fatigue la guette et ses jambes et ses bras, mal habitués à brûler l'énergie, sont là pour lui rappeler que même les grandes bougie s'arrêtent de briller quand la mèche est au bout.
Alors elle s'appuie contre l'arbre, puise sa force en lui et reprend ses ondulations pour que danse encrore le feu qui l'habite.
En suivant la musique.
Au rythme des tambours.
Le chant l'appelle et Lucy chante.
Elle ne bouge pas Lucy. Elle n'ouvre pas les yeux. Elle n'ouvre pas les lèvres.
C'est sa magie qui chante et qui se répand partout.
Les deux cases qui ont toujours régi sa vie, divisant le monde en « dangereux » et « pas dangereux », explosent.
Les cases dans lesquelles son père range les gens, les cases qui servent à sa mère à la juger n'ont plus lieu d'être.
Et chante la magie...
Un, deux, trois. Elle n'y arrive plus et ses forces s'épuisent.
Elle tombe contre l'arbre.
Et le souffle coupé, les membres éteints, elle meure.
C'est une petite mort.
De celle qui vous ressuscite.
Un, deux, trois.
Et battent les tambours.
Sans quitter la souche, et toujours sans bouger, elle sent le chant élever son esprit.
Sa magie la transporte et soudain, elle voit.
Non pas avec ses yeux mais avec sa magie.
Elle voit l'océan et leur île perdue au milieu.
Elle voit les gens et les animaux.
Elle voit de petites flammes multicolores et elle comprend que ce sont les sorciers. Elle ne les pensaient pas si nombreux, elle qui n'en a rencontré aucun depuis son arrivée.
Elle voit la magie qui protège l'archipel de Cherstefield et les cagous qui y vivent.
Ces oiseaux l'appellent. Ils chantent pour elle.
Elle vole pour eux.
Effondrée contre l'arbre, Roxanne pleure.
Elle vide son âme de toute cette eau qu'elle retient depuis si longtemps.
Elle pleure pour son papa, qui a oublié comment vivre.
Elle pleure pour sa maman, qui ne s'en sort pas.
Elle pleure pour son frère, qui vit dans l'ombre d'un mort.
Elle pleure pour elle-même, qui croyait être unique.
Elle pleure pour ce bébé, qui naîtra sans papa et dont elle ne sait pas quoi faire.
Elle pleure.
Les oiseaux l’accueillent et elle se sent chez elle.
Elle ne restera pas. C'est un oiseau de passage.
Mais elle est venue des nuages, avec soleil et pluie comme simple bagage.
Alors ils la respectent et la laissent s'approcher.
Et Lucy se sent bien.
Autour d'elle l'arbre prend feu et ses larmes ne peuvent pas arrêter le brasier.
C'est sa douleur qui parle.
Elle brûle, elle noie, cette douleur.
Elle a mal pour les siens, elle a mal pour elle-même.
Elle qu'on disait de glace est une flamme vivante.
Tout brûle autour d'elle.
Sa famille n'est que cendres.
Ses amis sont un feu qui est passé du réconfortant au brûlant en entrant dans le monde de la compétitivité.
Son petit-ami, qu'elle croyait aimant, l'a choisie parce qu'elle avait le nom de son ex. Il a finit par repartir avec.
Et le feu de sa passion s'est transformé en flammes de l'enfer.
Le feu se propage et attaque le tronc et lèche les feuilles.
Rien ne résiste au feu.
Rien
Le temps passe et Lucy sent sa magie décliner.
Voler par l'esprit la fatigue.
Alors elle salue les oiseaux et repart au-delà des nuages.
Elle va retrouver les monde des voyants, qui la rendait aveugle.
Mais pour l'instant, ses paupières sont closes et son âme s'envole.
Au milieu du brasier, un animal s'avance.
Reptile allongé aux pattes fines, on dirait un lézard.
Il ne craint pas le feu car cet enfant des larmes l'éteindra sans problème.
C'est une salamandre.
Qui est là pour Roxanne.
De retour dans son corps, Lucy ne comprend pas.
Pourquoi est-elle si lourde ? Si pesante ?
Elle qui défiait le vent et l'océan, la voilà pataude.
Le monde est effrayant, oui.
Mais parce qu'elle est en bas.
Elle n'a plus peur de l'altitude. L'altitude lui manque.
Elle voit ce monde d'en haut alors qu'elle est en bas et cela la perturbe.
Le monde n'a pas changé mais son regard, si. Et elle ne comprend pas.
Où sont passés les chants ?
C'était son cri.
Roxanne le sait maintenant.
C'était le cri de la salamandre qu'elle entendait depuis le début.
Le cri qui l'appelait. Le chant qui la faisait danser.
Au milieu du brasier, elle est là. Elle l'attend.
Et Roxanne pleure.
Le monde recommence à tourner rond et Lucy reprend contact avec la réalité.
Elle ne sait pas exactement quelle genre de magie a pu l'entraîner ainsi à la poursuite des nuages mais elle est persuadée que ce n'est pas néfaste.
Elle voit le monde différemment à présent.
Elle a toujours peur. Et elle se demande un peu ce qu'elle fait là.
Mais le souvenir de là-haut est toujours en elle et tout va bien.
Quand Roxanne se réveille, le soleil a disparu et la lune brille doucement.
Lucy est assise près d'elle, sur une drôle de souche d'arbre. Elle est étrangement calme et ne paraît pas se soucier du fait qu'elle repose sur de l'écorce sale et qu'elle va tâcher ses vêtements.
Et là où se tenait l'arbre - son arbre, ne reste qu'un haut totem de bois cerné de cendres.
Sur lequel est gravé une salamandre.
Elles partiront bientôt. Dans quatre heures pour être exacte.
Elles n'ont pas rencontré les sorciers kanaks, finalement. Ils se cachent sûrement. Il paraît que les indonésiens sont très méfiants envers les européens.
Ça peut se comprendre.
Soudain, sur le bord de la fenêtre, un cri l'interpelle.
Roxanne a eu du mal à rétrécir le totem pour le faire rentrer dans sa valise. Pas parce qu'elle est mauvaise sorcière mais...elle ne pouvait pas.
La simple idée de toucher à cet objet sacré lui faisait mal au coeur.
Pourtant, elle l'a fait.
Parce qu'elle ne peut pas laisser la salamandre ici.
Qui veillerait sur son bébé, sinon ?
Un homme est venu lui donner des papiers pour une autorisation exceptionnelle d'export d'animaux sauvages ainsi qu'un certificat vétérinaire.
Apparemment, le Cajou qui la suivait le jour où elle a réussi à voler par l'esprit refuse d’obéir à la tribu depuis.
Et puis, il paraît que les arbres chanteurs ont décidés de les aider et qu'ils sont très respectés chez les Kanaks.
Alors ils ont décidé de lui offrir le cajou.
Et il rentrera avec elle.
Lucy remercie l'homme qui vient de lui donner l'oiseau.
Elle aura rencontré un Kanak, finalement.
Et voilà, c'est fini.
Roxanne pose ses valises et place le totem au centre de la maison, comme le font les Kanaks.
L'imbécile qui lui servait de petit-ami ne reviendra pas. Il préfère l'autre Roxanne.
Elle élèvera l'enfant seule.
Elle est une salamandre, née au coeur du brasier de ses peines.
Le feu ne lui fait pas mal.
La vie ne la brûlera pas.
Et voilà, c'est fini.
Lucy donne à manger à son Cagou tandis que sa mère plaisante en disant que si elle a guéri de sa peur des oiseaux en deux semaines, il faudrait peut-être qu'elle songe à y repartir un mois pour arrêter ses autres phobies.
Lucy ne répond pas. Demain, après-demain, elle aura mal et maudira sa mère.
Elle se rappellera pourquoi elle travaille aussi dur et pourquoi elle refuse de rester chez ses parents plus que le nécessaire.
Mais pour l'instant, la magie du pacifique l'accompagne toujours.
Elle n'est plus bloquée dans le passé. Le présent est son temps.
Le monde n'a pas changé et c'est dur à comprendre.
Parce qu'en fermant les yeux, là-bas, dans le pacifique, elle a appris à voir.
Et c'est dur de comprendre que si tout a changé et que rien n'a changé,
c'est que l'on a changé.