Les paroles en italique viennent de la chanson La baie des fourmis de Souchon et Voulzy
Un grand merci à Eanna qui a trouvé je ne sais où le temps de m'aider !
Et merci à toi lecteur qui lit ces mots :-)
Joyeux anniversaire ma belle Lucette ♥
Car demain il lui faut partir, s’éloigner de cette mer et de cette plage qu’elle aime tant. S’envoler au-dessus des vagues, oui, s’envoler au-dessus des terres. Demain, elle part retrouver ses parents et cela la terrifie, plus encore que l’immensité qui s’étend devant elle.
L’eau est encore trop fraiche pour qu’elle se laisse engloutir par la mer, alors elle reste ici, assise sur le mur de pierre, ce mur immense sur lequel veille la Chaumière aux coquillages. Ron dort encore, elle n’a pas voulu le réveiller, elle n’a pas voulu relancer leur vieux débat. Cela fait des mois qu’elle sait qu’elle doit partir, ils en ont déjà parlé, et il essaye chaque fois de la convaincre de le laisser l’accompagner. Mais Hermione se dérobe, elle détourne les yeux, danse d’un pied sur l’autre et change maladroitement de sujet.
Elle veut savourer ce voyage seule. Plus que simplement retrouver ses parents et recréer un lien avec eux, elle veut se retrouver. En attendant, elle s’offre à une autre immensité, celle de la baie des souvenirs. Hermione l’appelle comme ça car la première fois qu’elle est venue ici son corps entier la brûlait, la dévorait, la rongeait. Elle effleure encore parfois la fine cicatrice sur son bras qui ne disparaitra pas. Un frisson remonte le long de son dos, elle croise un peu plus les bras autour de son ventre, elle cache ce mot dont elle a honte.
Ici, sur cette plage et sur ce mur de pierre, elle a laissé l’enfant, la petite Hermione. Ici, sur cette plage, elle cherche la femme qu’elle veut devenir. Regarder la mer, ne pas avoir d’autres envies que regarder la mer…
Ron est venu la rejoindre, il a mis un bras dans son dos, l’autre caresse sa joue. Il ne comprend pas pourquoi elle choisit de rester, rester sur le mur de pierre. Il murmure des mots qui s’effacent comme les empreintes dans le sable, et Hermione s’en veut de rester impassible face à sa douceur.
Etre seule, solitaire, devant la baie des souvenirs, c’est un peu commencer ce voyage. Elle sait qu’elle lui fait mal en restant ici mais il doit la laisser avec ses souvenirs et son avenir, là où le soleil s’est mis. Regarder la mer l’apaise, elle découvre un autre monde, celui de la tranquillité. Elle appelle cet endroit la baie des souvenirs car plus que son enfance, elle y trouve l’apaisement, le même sentiment qu’à l’enterrement de Dobby. Elle sait qu’il est lui aussi assis sur ce mur de pierre, et qu’aujourd’hui il ne sait plus ce que c’est, d’avoir d’autres envies que regarder la mer.
Après la guerre, quand elle a demandé à Bill et Fleur de passer ici quelques semaines avec eux pendant l’été, ils ont tous été surpris. Mais la guerre les a tous perdus, alors pourquoi ne pas la laisser regarder la mer… Ron est venu la rejoindre mi-juin, il est tout aussi perdu et s’accroche à elle, il l’ancre sur la terre ferme. Elle veut pourtant s’envoler, et laisser la douceur l’envahir, lui donner des ailes.
Elle veut laisser le temps s’en aller là, elle veut que les jours se déroulent et ne finissent jamais car les vagues n’ont pas encore emporté la peur qui l’habite. Alors elle prend la main de Ron et lève les yeux vers lui.
« On ne peut pas continuer. »
Il la regarde et ne dit rien. Elle sent la pression de sa main, elle aimerait qu’il se confie et la réconforte. Mais elle est déjà tellement loin, elle sait qu’elle doit laisser aller les voiles rouges, laisser sur l’eau transparente glisser les soucis de la vie. Et elle ne se sent pas la force de construire ce qui ne serait qu’un château de sable avec Ron, un château que la première vague emporterait. Elle ne lui donne pas la confiance en lui dont il a tant besoin, et elle est trop mélancolique pour être l’épaule qui le soutiendra. Ils ont essayé, mais les semaines s’égrènent et avec elle disparait l’espoir de réussir à marcher main dans la main.
« Je sais. »
Terrible aveu qu’il lui fait. Ron ne cherche plus à la retenir, il sait qu’elle appartient à un autre monde. Regarder la mer pour lui, c’est laisser glisser les jolies sirènes aussi. Il la tient au creux de sa main, il peut sentir le parfum qu’elle met le matin et partager la brise qui soulève sa robe. Mais il laisse partir.
Ron est parti depuis quelques temps, il est remonté sur le mur, peut-être même a-t-il quitté la Chaumière. Hermione entend au loin les rires portés par le vent, elle entend danser les gens, y a une fête à Saint Jean. Elle n’ira pas ce soir-là car ce serait étreindre encore une fois le souvenir de Ron, les pas joyeux qu’ils ont esquissé les semaines précédentes pour fêter l’été. Ce serait entretenir l’illusion. Elle reste là à regarder la mer, sur le mur de pierre.
Les ombres s’étirent et amènent avec elles la fraicheur du soir, celle qui court sur la peau. Hermione remonte le chemin vers le haut du mur de pierre sans regarder derrière elle car elle n’a pas d’autres envies que regarder la mer, mais elle sait qu’elle s’y perd. Finalement, elle n’a pas besoin de plus pour se laisser engloutir. Elle laisse tellement derrière elle que son cœur se serre, il comprime sa poitrine. Alors elle inspire, expire, et ferme les yeux pour imaginer que la caresse du vent est une main qui effleure son visage, une main qu’elle aime mais qu’elle ne peut retenir.
Sans un dernier regard, elle confie à la baie ses souvenirs. Demain son avion décolle et, loin au-dessus du mouvement des vagues, elle imaginera les nouveaux avenirs et ne se perdra plus à regarder la mer.
J'aime les Hermione/Ron, vraiment, mais parfois il faut sortir un peu du canon hélas...
Merci d'avoir lu :-)