Contraintes :
- Écrire sur un moment du canon, dans les livres, du point de vue d'un personnage autre que Harry, Ron et Hermione.
- Ce moment doit être décrit en 500 mots minimum, dans une participation qui en fera 1000 minimum.
- Vous devez aussi insérer une description (un peu plus longue qu'une simple évocation), libre, d'un des personnages du trio.
- Vous devez utiliser 3 des 10 mots suivants : éclore - mètre - port - exclusif - poil - converser - étoiler - chlorophylle - arachide - fiole. Vous pouvez changer le genre et le nombre, du moment qu'ils sont présents.
- Votre fanfiction devra être terminée le 16 octobre au plus tard.
ladypumpkinseed sur DA
modifiée par Labige
Disclaimer : Les dialogues en italiques sont tirés de Harry Potter et les Reliques de la Mort.
Jeune fille, il lui était arrivé de nombreuses fois de s’accouder à sa coiffeuse, en chemise de nuit, ses longs cheveux blonds enfin libres de tomber sur ses épaules, son regard perdu dans le ciel qui prenait doucement une teinte rouge orangée. Elle voyait les étoiles naître enfin, et la lune éclore dans son décor d’obscurité. C’était l’un des rares moments où elle pouvait être seule, exclusivement seule, et laisser ses pensées s’évader.
Le Seigneur des Ténèbres lui avait pris cela aussi.
Il avait transformé cet instant de repos en une attente insupportable.
Le temps était bientôt écoulé. Si Potter ne se montrait pas dans les prochaines minutes, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom passerait à l’action. Et Narcissa savait que Poudlard et ses défenseurs n’auraient pas la moindre chance.
Elle ne souhaitait pas voir le château détruit par la folie meurtrière du Maitre, comme s’obstinait encore à l’appeler son mari. Elle avait grandi dans son enceinte, elle avait pris ses repas dans la Grande Salle, elle avait même été heureuse, pendant un temps, à l’abri du monde, à l’intérieur de ses majestueux murs de pierre.
Elle ne voulait pas voir les lits dans les dortoirs éventrés, les salles de classe détruites, les livres et les fioles étalés en morceaux sur le sol. Les tableaux brûlés, les belles plantes du parc massacrées.
Elle ne voulait plus regarder les corps sans vie des élèves entassés. Si jeunes. Si innocents. Certains sangs-de-bourbe, d’autres sangs-purs, elle en était sûre. Des sang-mêlés aussi, comme le Seigneur lui-même. Comme Severus, qui n’était pas parmi eux. Narcissa avait peur de ce que le Maitre avait pu lui faire. Elle ne le considérait pas tout à fait comme un ami, mais il avait aidé Drago, et pour cela elle lui serait éternellement reconnaissante. Il avait empêché son fils de devenir un assassin.
Son fils.
Certain de ceux qui se battaient dehors n’étaient pas plus âgés que son fils, ou même plus jeunes. Narcissa se demandait ce qu’il allait leur arriver, à tous, à chacun. Deviendraient-ils des meurtriers, en l’espace d’une nuit seulement ? Des veufs, des orphelins de parents, de frères, de soeurs ? Ou simplement des cadavres parmi tant d’autres ? Rassemblés sûrement par leurs amis pour leur rendre un dernier hommage, allongés les uns à côté des autre, peut-être sur le sol froid de la Grande Salle, les yeux vides, le corps figé.
Etrangement, elle pensa à sa soeur. Andromeda avait-elle elle aussi peur pour la vie de sa fille ? La petite Nymphadora attendait-elle entre les murs du château que la bataille reprenne ?
Que ferait-elle si elle se retrouvait face à Meda, ou face à sa nièce ? Que ferait Bellatrix ? Narcissa avait essayé d’amener le sujet, au début de la guerre, et elles avaient rapidement conversé à ce propos. Bella était catégorique. Tonks, comme elle l’appelait désormais, était une traitre à son sang. Sa fille était une vulgaire sang-mêlée.
Par moment, elle aurait aimé être aussi insensible que sa soeur. Ainsi, elle n’aurait pas tant pleuré quand Andromeda s’était enfuie, elle n’aurait pas eu tant peur quand Lucius s’était fait capturer, elle ne se serait pas tant inquiétée pour Bella.
Mais elle savait, au fond d’elle, qu’elle ne pourrait jamais blesser aucune des deux femmes. Pendant des années, Andromeda avait été sa grande soeur préférée. Celle qui la rassurait lorsqu’elle s’inquiétait, celle qui venait dans sa chambre quand un orage faisait rage au dehors, celle qui la consolait lorsqu’elle se sentait triste. Celle qui lui avait lu ses premières histoires, celle qui l’avait aidé à supporter les interminables leçons de leur mère. Celle qui lui avait appris la signification des mots inconnus à ses oreilles de petite fille, comme ceux que les grandes personnes prononçaient sans se soucier d’elle : chlorophylle, liminaire, apologie, arachide, sanctuaire. Elle se souvenait de chaque explication, de chaque conte et de chaque parole.
Elle sentit Lucius s’agiter nerveusement à ses côtés et sortit lentement de ses pensées. La nuit était noire, trop noire. La lumière du feu de camp qui brûlait au milieu de la clairière ne parvenait pas à déchirer les ténèbres qui les entouraient. Le long serpent qui flottait non loin derrière son Maitre, entouré d’un halo de protection étoilé, la mettait profondément mal à l’aise.
Personne ne bougeait, personne ne parlait. Narcissa avait même l’impression que plus personne n’osait respirer. Tous attendaient. Et au devant d’eux, la tête penchée en avant, la baguette de Sureau entre ses longs doigts fins, le Seigneur des Ténèbres semblait compter, lentement, dans sa tête, les secondes qui s’égrenaient.
Yaxley et Dolohov n’étaient toujours pas revenus. Narcissa pouvait sentir la tension monter doucement dans les rangs des mangemorts, rassemblés à la lisière de la clairière ou derrière leur Maitre. Seul Fenrir osait briser le climat qui s’était installé, rôdant furtivement, presque invisible parmi les ombres de la forêt.
S’ils ne revenaient pas avec le garçon, la bataille commencerait. La dernière bataille.
La guerre prendrait fin ce soir. D’une manière ou d’une autre.
Un bruit de pas et de brindilles qui craquent lui firent tourner la tête.
Yaxley et Dolohov étaient de retour. Seuls.
« Aucun signe de lui, Maitre. » Annonça Dolohov.
Fenrir s’immobilisa soudainement. Narcissa, le souffle court, attendait que le Mage Noir réagisse.
« Maître… »
C’était Bellatrix qui avait osé briser le silence pesant, elle était la seule à pouvoir se le permettre.
Narcissa jeta un regard angoissé au Seigneur des Ténèbres, qui fit taire Bella d’un simple signe de main.
« Je pensais qu’il viendrait, dit-il d’une voix aigue, et Narcissa frissonna. Il semble que je me sois… trompé. »
Elle sentit son coeur tambouriner douloureusement contre sa poitrine. Et maintenant ?
« Non, vous ne vous êtes pas trompé. »
Si Narcissa n’avait pas été aussi lasse, aussi apeurée, elle aurait sans doute poussé un cri de surprise. Au lieu de quoi, elle regarda avec stupeur le jeune Potter apparaitre de nulle part, au son des exclamations, des rires et des rugissements des êtres qui l’entouraient.
Le garçon s’avança sans la moindre hésitation en direction de Voldemort, le dos droit, le regard fixe. Sa voix n’avait même pas tremblé.
Il était courageux. Plus courageux que n’importe quelle autre personne dans cette clairière. Plus courageux qu’elle ne l’avait jamais été.
Un hurlement la fit sursauter. C’était Hagrid, toujours attaché à l’arbre. Elle l’avait presque oublié. Elle le regarda se débattre pour se défaire de ses liens, elle regarda Rowl lui lancer un sortilège qui le fit taire, elle vit dans ses yeux le désespoir de ne pouvoir sauver son ami.
Elle se rappelait de lui, à l’époque où elle n’était encore qu’une élève. Elle ne lui prêtait pas grande attention, mais elle le revoyait trainer les sapins dans la neige pour les amener dans la Grande Salle, à la période de Noël. Elle le revoyait marcher à grandes enjambées dans le parc, son molosse à ses côtés. Elle se souvenait encore de ce jour où l’animal avait voulu se blottir contre ses jambes, lors de sa sixième année. Sa jolie robe crème s’était retrouvée couverte de poils épais et drus. Dans une brume de conscience, elle se demanda ce qui allait arriver à son chien s’il mourrait ce soir.
Les cris des mangemorts étaient retombés. Bellatrix s’était levée d’un bond, avide. Le silence recouvrait la clairière comme une ombre menaçante. Loin au dessus, les Détraqueurs glissaient dans l’air, apportant jusqu’à eux des ondes de froid désespoir.
« Harry Potter, siffla Voldemort. Le Survivant. »
Puis Narcissa n’entendit plus que le silence. Un éclair de lumière verte déchira la nuit.
Harry Potter s’écroula sur le sol.
Le Seigneur des Ténèbres vacilla. Puis il tomba à terre telle une vulgaire poupée de chiffon.
Autour de Narcissa, les mangemorts se précipitèrent vers leur Maître allongé dans l’herbe. Leur Maître qui ne donnait aucun signe de vie. Elle sentit Lucius chanceler à ses côtés. Lentement, elle tourna la tête vers lui. Ses yeux brillaient comme elle ne l’avait vu depuis longtemps. Fébrile, il attendait.
Le coeur battant, Narcissa se demanda ce qui se passerait si Voldemort était mort.
Une seule chose. Une seule chose qui importe.
La guerre serait finie. Elle pourrait aller chercher Drago, et l’emmener loin de cette folie sans nom.
Si le Maître était mort, son fils lui serait rendu.
« Maître… Maître… »
Seul le silence répondit à sa soeur.
« Maître…
« Ça suffit. »
Narcissa sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Il était vivant. Bien sûr qu’il était vivant, qu’avait-elle cru ? Qu’avait-elle espéré ?
La lueur qui s’était allumée dans les yeux de son mari s’éteignit quand il vit son Seigneur se relever lentement.
« Maître, permettez-moi…
- Je n’ai pas besoin qu’on m’aide. »
Narcissa regarda sa soeur faire un pas en arrière, s’éloigner de quelques mètres, tremblante de la tête au pied. Elle avait eu peur. Elle avait eu peur pour la vie de son Maître. Alors qu’elle n’avait même pas cillé quand Drago, son neveu, s’était vu assigner une tâche qui aurait pu -qui aurait dû- le mener à sa perte.
Peut-être Andromeda avait-elle eu raison, finalement. Peut-être avait-elle vu juste en lui disant que Bella était aveuglée par la puissance et les pouvoirs du Seigneur des Ténèbres.
« Le garçon… Est-il mort ? »
Narcissa laissa glisser son regard jusqu’au corps immobile du jeune Potter. Si le garçon était mort, c’était fini. La guerre était finie. Son garçon à elle lui serait rendu.
« Toi. »
Narcissa sursauta. C’était à elle que Voldemort s’adressait. Toi. Après tout ce que son mari avait fait pour lui, après ce qu’elle avait fait et ce que son fils avait été prêt à faire. Toi.
Lentement, elle s’avança. Elle savait que Lucius suivait sa marche vers le feu de camp d'un regard paniqué.
« Va regarder de plus près. Dis-moi s’il est mort. »
Sans un mot, Narcissa obéit. Sa longue cape grise trainant dans l’herbe mouillée, elle s’approcha du garçon, la tête haute, le port toujours aussi royal, la démarche fière. Elle pouvait sentir dans sa nuque les regards impatients des autres et celui, brûlant, de leur chef.
Elle s’accroupit. Les lunettes du jeune homme avaient glissé lorsqu’il s’était effondré, et une coupure s’étalait sur sa tempe. Ses cheveux en bataille étaient parsemés de feuilles humides, ses vêtements recouverts de terre.
Elle tendit une main légèrement tremblante vers son visage. Il était encore chaud. Ses joues étaient encore rouges d’émotion. Délicatement, elle souleva une de ses paupières. Le garçon ne réagit pas.
Ses yeux étaient aussi beaux qu’on le prétendait. Elle n’y avait pas fait attention les rares fois où elle l’avait vu, mais ils étaient exactement du même vert que ceux de la jeune Evans. Il lui était arrivé de la croiser dans les couloirs, à l’époque, ou de l’apercevoir à la bibliothèque. Elle l’avait toujours méprisée. Trop sérieuse, trop aimée, trop préfète. Trop moldue.
Le souffle court, elle passa une main sous la chemise du garçon, cherchant à percevoir le rythme d’un coeur qui bat.
Narcissa ne saurait jamais expliquer le léger soulagement qui l’avait prise quand elle avait senti un mouvement dans sa poitrine.
Peut-être parce que malgré tout, il n’était encore qu’un enfant. Ou peut-être parce qu’il était un fils, lui aussi, et que même si elle ne portait pas sa mère dans son coeur, elle ne comprenait que trop bien son sacrifice, durant cette autre nuit d’octobre.
Ou peut-être parce qu’elle avait enfin une chance de savoir ce qui était arrivé à Drago.
Elle se pencha encore un peu plus en avant, ses cheveux venant frôler la joue du garçon.
« Est-ce que Drago est vivant ? Est-ce qu’il est au château ?
- Oui. »
Narcissa se retint à grand peine de laisser échapper un rire soulagé. Elle ferma les yeux quelques secondes, tout son corps se détendit d’un coup. Elle retira sa main et se releva. Puis elle tourna sur ses talons.
Le Maître et ses serviteurs attendaient une réponse. Et elle en avait une à leur donner.
« Il est mort. »
Des hurlements d’allégresse retentirent dans la clairière, des étincelles rouges et argentées s’élevèrent dans les airs.
Le visage fermé, Narcissa reprit sa place.
A présent, l’armée de mangemorts allait se diriger droit sur l’école. Et parmi eux, elle allait se diriger droit là où son fils se trouvait.
Elle regarda sans émotions Voldemort jouer avec le corps de son ennemi. Et enfin, les bourreaux se mirent en marche.
Narcissa, bousculée et malmenée, trébuchant sur les racines qui dépassaient sournoisement du sol, restait impassible et froide.
« Chantez, pensait-elle, chantez et dansez. Mais l’aube portera votre mort, et avec le lever du soleil ressuscitera ma liberté. »
Voilà pour ma modeste participation !
N'hésitez pas à me laisser votre avis, parce que je ne sais vraiment pas quoi penser de ce texte :mg: